Un opéra tout en originalité et en intensité tragique

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Fribourg
La Gruyère / Mardi 5 janvier 2016 / www.lagruyere.ch
L’opéra privilégie un déroulement continu de l’intrigue, dans laquelle la musique souligne le texte. PHOTOS RÉGINE GAPANY
Un opéra tout en originalité
et en intensité tragique
En ce début d’année, l’Opéra de Fribourg présente
Carlotta ou la Vaticane, une création ambitieuse
qui n’a pas peur de surprendre son public par ses
harmonies modernes et sa mise en scène sobre.
SIMON ROSSIER
SALLE ÉQUILIBRE. Interrogateur,
complexe, déroutant même,
sont peut-être les premiers
mots qui viennent à l’esprit du
spectateur après avoir assisté à
l’opéra Carlotta ou la Vaticane.
Quelle expérience! Composée
par Dominique Gesseney
Rappo, l’œuvre repose principalement sur un traditionnel
triangle amoureux: la belle et insouciante Carlotta aime Tibère,
soldat de la Garde suisse. Ce
dernier rêve d’une promotion
que son chef Konrad pourrait
lui octroyer, s’il n’aimait pas, lui
aussi, jalousement Carlotta. Un
nœud dramatique certes clas-
sique, mais qui, grâce à la patte
du compositeur et au travail effectué par le metteur en scène
Denis Maillefer, se pare d’une
grande originalité, et d’une intensité tragique que chanteurs
et musiciens savent mettre en
évidence.
Ce qui frappe dès le début,
c’est, bien sûr, la musique foncièrement moderne et dissonante que Dominique Gesseney-Rappo associe au chant
des protagonistes, souvent
proche du récitatif. La surprise
est d’autant plus grande que le
premier acte ne comporte pas
d’ouverture, plongeant le spectateur directement dans l’action. L’opéra privilégie un dé-
roulement continu de l’intrigue, filée sans interruption,
dans laquelle la musique souligne le texte.
Même si ce traitement musical du discours n’échappe parfois pas à une certaine monotonie, il fait souvent preuve d’un
lyrisme saisissant, en insistant
par exemple sur le registre des
cordes dans la scène d’amour
de l’acte I entre Carlotta et son
amant Tibère, ou alors en faisant résonner les cuivres
lorsque les personnages rêvent
de carrière et de gloire.
Le compositeur va même
jusqu’à réutiliser subtilement
des mélodies à résonances régionales dans le chœur des
gardes de l’acte II (n’y a-t-il pas
une réminiscence bovétienne?), afin de chanter solennellement leur amour pour la patrie, et leur mal du pays.
De manière générale enfin, le
discours musical bénéficie de la
précision et de l’assurance de
l’Orchestre de chambre fribourgeois et de son directeur Laurent Gendre, garants d’une interprétation intense et dramatique.
Le pari de la sobriété
Du côté des chanteurs, leurs
envolées lyriques, comme celles de Carlotta (Claudia Moulin) et celles de Tibère (Julien
Dran), sont toujours justes et
précises, ce qui donne de la
force à leurs paroles.
Leur diction pourrait néanmoins être plus nette, à l’image
de celle de Don Eliseo (Christophe Crapez), qui offre une
déclamation savamment accentuée, et renforce ainsi l’expressivité de son personnage.
Cette expressivité est d’ailleurs peu marquée chez tous
les chanteurs au niveau scénique. La mise en scène de
Denis Maillefer semble privilégier la musique et sa puissance
CRITIQUE
évocatrice plutôt que
les jeux d’acteurs. Il
revient donc aux protagonistes, aidés par la musique qui les accompagnent, de
capter toute l’attention par ce
qu’ils chantent. Un pari risqué,
mais plutôt réussi par les personnages, qui assument pleinement leur rôle, comme le méprisable et fier commandant de
la garde Konrad, interprété par
Sébastien Lemoine.
Les décors épurés facilitent
également cette focalisation
sur la musique, en nous présentant dans les deux derniers
actes un Vatican austère et sobre, presque symbolique de
par sa simplicité (de grandes
structures massives grises).
Cette mise en évidence de la
musique nous amène aussi à
nous concentrer sur les propos
des personnages, et donc sur le
livret réalisé par Christophe
Passer. Ce dernier parvient
souvent à trouver les
mots de circonstances, et à les accentuer par la ligne musicale. Certaines expressions ne manquent d’ailleurs pas de poésie
et d’originalité, au risque de paraître parfois incongrues, voire
absconses.
Des sonorités particulières
Même si l’intrigue laisse un
peu le spectateur sur sa faim,
notamment dans la tentative
de problématiser la vision féminine au sein de la religion dans
le conflit entre le perfide Don
Eliseo et Carlotta, Carlotta ou la
Vaticane ne manque pas de séduire par ses sonorités particulières pleines de tension, par sa
mise en scène épurée allant à
l’essentiel, et par l’habilité que
montrent les chanteurs, avec
l’aide des musiciens, à exprimer les passions qui les habitent. ■
En bref
Le glyphosate, avec parcimonie
HERBICIDES. Oui, le Conseil d’Etat encourage les alternatives à l’utilisation du glyphosate. Une molécule présente dans les
désherbants, classée par l’OMS dans la catégorie des «pesticides cancérogènes probables pour l’homme». L’agriculture y a
recours, comme les communes et les particuliers.
A la députée Verte Sylvie BonvinSansonnens (Rueyres-les-Prés) qui souhaitait connaître la position du canton face à
«ce problème environnemental et de santé
publique», le Gouvernement répond que
«le principe de précaution doit inciter à réduire l’utilisation de cette substance aux
seules situations où elle n’a pas d’alternative, en adoptant les précautions nécessaires». Rappelant que «le glyphosate n’est
classé dans les substances cancérogènes
ni en Suisse ni en Europe.»
Au niveau de l’agriculture, l’encouragement aux alternatives a lieu par le biais de
l’Institut agricole de Grangeneuve (IAG) et
sa parcelle de démonstration ou ses prestations de formation et de conseils. Et le
Conseil d’Etat de préciser que l’IAG recommande explicitement le recours au glyphosate uniquement dans la lutte ciblée contre
les adventices vivaces (chardon des
champs, chiendent rampant ou liseron),
dans les situations où les méthodes mécaniques sont insuffisantes.
Mieux que les CFF
Concernant le domaine public, outre les
campagnes d’information ou les cours de
sensibilisation des employés communaux,
l’Exécutif cantonal rappelle que le Service
des ponts et chaussées a «fortement
abaissé sa consommation d’herbicides
dont notamment le glyphosate». Il en
consomme actuellement 0,06 litre par kilomètre. «A titre de comparaison, les CFF
consomment 0,66 litre de glyphosate par
kilomètre.»
La consommation actuelle est donc
«l’option optimale entre les enjeux d’efficacité et ceux de l’environnement, souligne le
Conseil d’Etat. L’option zéro glyphosate serait économiquement disproportionnée
car elle augmenterait la charge de travail
des cantonniers de manière considérable
et nécessiterait des ressources supplémentaires dont le canton ne dispose pas.» PR
CANTON
Infractions routières à répétition
Durant ce week-end, plusieurs automobilistes se sont vu saisir
leur permis de conduire. Ils circulaient sous l’influence de l’alcool,
de produits stupéfiants ou n’avaient pas le droit de conduire
sans être accompagnés. Dimanche, vers 4 h 30, un conducteur
de 21 ans a été contrôlé alors qu’il circulait à Bulle. Il se trouvait
sous l’influence de produits stupéfiants et de l’alcool. Au petit
matin du 3 janvier, un automobiliste de 31 ans a été contrôlé
à Vaulruz, alors qu’il circulait sur l’autoroute A12. Il avait
consommé des produits stupéfiants. Le même jour, dans l’après-midi,
un homme de 55 ans circulait de manière hésitante à Bulle.
Les agents ont constaté qu’il était en état d’ébriété. De plus,
il circulait alors qu’il fait l’objet d’un retrait de permis. Dans la nuit
de lundi à mardi, c’est une femme de 40 ans qui a été contrôlée
à Fribourg. Titulaire d’un permis d’élève conductrice, elle n’était pas
accompagnée. Vers 3 h 30, à l’occasion d’un contrôle à Domdidier,
un automobiliste de 21 ans a été appréhendé. Son véhicule
n’était pas immatriculé et non couvert par une assurance RC.
De plus, le conducteur n’était titulaire que du permis d’élève
et n’était pas accompagné. Les permis de conduire de ces conducteurs ont été saisis.
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