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ne parvient pas à établir une fonction de prix d’offre du travail, face à sa fonction de demande. Il
s’agit plutôt pour lui, selon nous, de comprendre les conditions dans lesquelles s’accroît une
offre (quantité et qualité) de travailleurs adaptée aux besoins rentables des entreprises (signalés
par les prix de demande, ou de marché, du travail), que de comprendre la quantité de travail
offerte, pour une population donnée, selon le taux de salaire réel. En effet :
“[...] an increase of wages [...], almost always increases the strength, physical, mental and even moral of the
coming generation; and that, [...] an increase in the earnings that are to be got by labour increases its rate of growth;
or in other words, a rise in its demand-price increases the supply of it. If the state of knowledge, and of social and
domestic habits be given; then the vigour of the people as a whole if not their numbers, and both the number and
vigour of any trade in particular, may be said to have a supply-price in this sense, that there is a certain level of the
demand-price which will keep them stationary; that a higher price would cause them to increase, and that a lower
price would cause them to decrease.”5
C’est donc, semble-t-il, le salaire (d’équilibre ou en tous cas de marché ) qui détermine
la force , la vigueur, de la génération à venir ; c’est lui qui détermine le taux de croissance du
travail. Notons l’hésitation de Marshall entre l’effet des salaires effectivement perçus, et l’effet
du prix de demande du travail. Tout se passe comme si le prix de demande était confondu avec le
prix de marché. Or on est loin ici d’un prix de marché d’équilibre de l’offre et de la demande
puisque c’est le travail qui croît en nombre et en vigueur en fonction d’un salaire apparemment
donné : le salaire détermine quantité et qualité du travail futur ; ces variables ne sont pas fixées
par les travailleurs en fonction de différents prix possibles, mais déterminées par un prix donné.
D’où l’expression “ a supply price in this sense”.
Ce qui n’empêche pas Marshall de conclure à une symétrie de l’offre et de la demande
dans la détermination du salaire, bien que, selon lui, la relation entre le salaire et le “ coût de
production ” du travail soit “ indirect and intricate ”6
Or Marshall va proposer une représentation curieuse de l’équilibre normal. Il fait
intervenir les revenus courants et les revenus anticipés pour l’avenir qui influencent l’offre de
travail. On ne peut imaginer qu’après une période stationnaire suffisamment longue, la
population, dont les anticipations sont ainsi aisées, a pu adapter son effort en termes d’offres de
4 A. Marshall, op. cit., p. 519.
5 A. Marshall, op. cit., p 532. Souligné par nous.
6 A. Marshall, op. cit., p 532.