En finir avec la mise en concurrence des salariés au niveau national et
international !
Les dirigeants d'Air France, avec leur plan " low cost", ont beau jeu de présenter des chiffres pour
dramatiser la situation tout en dédouanant les actionnaires et le gouvernement, ils doivent tous
répondre à des questions.
Comment ont-ils pu procéder à cette fusion alors qu'Air France avait un taux d’endettement de 71% et
que celui de la KLM atteignait les 195%, et ce, avec deux systèmes de protection sociale totalement
antagoniques ? Ainsi, à ce jour, le poids des fonds de pensions du système de retraite néerlandais, dont
la valeur s’est effondrée avec la crise financière de 2008, pèse lourd sur les comptes de l'entreprise.
A propos du gouvernement, pourquoi n'a-t-il pas engagé des actions politiques d'envergure au niveau
national et européen contre la fièvre spéculative des marchés financiers sur les produits énergétiques
qui plombe la note sur les carburants des compagnies aériennes? De plus, pourquoi l'actionnaire
principal ne pose t-il pas son veto sur le projet imminent de pilotage du groupe AF/KLM par une
holding financière apatride voulu par la finance?
Concernant Aéroports de Paris, les questions ne manquent pas non plus.
Quel est le bilan des objectifs annoncés de l'alliance d'ADP/ Schiphol qui devaient permettre des
coopérations et des synergies? Que penser des résultats financiers de cette alliance actionnariale croisée
qui, loin d'être donnant-donnant, fait la part belle aux actionnaires, principalement à ceux de Schiphol
sur la répartition des dividendes versés, au détriment des investissements opérationnels utiles ?
L'Etat peut-il annoncer vouloir faire une politique en faveur de l'emploi et exiger chaque année une
réduction des emplois de la maison mère et du Groupe qui vient encore de se débarrasser de 5,4% de ses
effectifs en 2011, alors que les dividendes versés aux actionnaires (l'Etat compris) pour la même année
ont encore progressé de 15,9% ?
N'est-il pas temps de s'interroger sur le fait contradictoire que l'Etat s'arroge le droit d'être, à la fois un
actionnaire sans scrupule (droit privé) et vouloir représenter les intérêts publics de la Nation?
La politique destructrice du "moins disant et moins coûtant", de la mise en concurrence des salariés,
menée dans nos entreprises, avec comme credo, la « compétitivité », est sans fin.
En réalité, le seul coût qui pèse sur les entreprises et l’économie c'est la contrainte actionnariale et ses
pratiques financières. Il faut en sortir.
Il n'y a pas d'issue économique positive sans progrès social.
C'est pourquoi, au cœur de l’indispensable riposte des salariés, nous réaffirmons les principales
positions de nos organisations CGT:
1.
Le transport est un élément structurant de l'économie nationale. Dès lors, la maîtrise publique
doit reprendre la main sur la stratégie économique, financière et sociale de la compagnie Air France
mais aussi sur celle d'Aéroports de Paris et de tous les aéroports régionaux. C'est une question de
souveraineté : préserver les intérêts sociaux et économiques de notre pays.
2.
A l'expérience, les salariés apparaissent bien comme les seuls défenseurs de leur
entreprise, dans la mesure où ils n'ont pas vocation à "se tirer un balle dans le pied". Il y a urgence à
retirer le pouvoir décisionnel à des actionnaires "sans frontière et sans conscience". Nous posons
clairement la question d'une maîtrise sociale et de la place concrète des salariés dans les choix
stratégiques de nos entreprises.
3.
Enfin, face aux arguments qui sont martelés, jour après jour, par les actionnaires, les dirigeants et le
MEDEF sur la nécessité de baisser "le coût du travail", nous posons une question de bon sens.
Qui crée toute la richesse dans les entreprises ? La réponse est simple: le Travail et uniquement
le travail des salariés! Il ne peut donc être un coût puisqu'il crée la richesse. Ainsi, le salaire, et sa part
socialisée (Sécu et retraite), n'est pas un coût mais il a un prix (trop bas).
Nous réaffirmons la supériorité du système français de la Sécurité Sociale, financé par la cotisation
prélevée sur les richesses créées par le seul Travail, face au système par capitalisation boursière (fonds
de pensions, assurances) dont la valeur peut s'effondrer à tout moment en cas de crise (voir nos
collègues hollandais). De fait, notre système, basé sur la cotisation et débarrassé de la prédation du
capital - et autres taxes - est un stabilisateur économique et social moderne.
Comme l’a indiqué le Secrétaire Général de notre Confédération, la balle est maintenant dans le camp
du gouvernement à qui il revient de "trancher entre les revendications contradictoires du patronat et
celles des salariés".
Paris, le 19 septembre 2012