(9 octobre 2012 - Déclaration Commune CGT Air France Aéroports

Déclaration des syndicats CGT
Ugict Air France - Sictam Aéroports de Paris
LA CGT APPELLE A LA MOBILISATION LE 9 OCTOBRE
La multiplication des "plans sociaux" annoncés par les actionnaires et dirigeants des groupes du
CAC 40, ceux du transport rien et autres entreprises cotées en bourse, vise à engager un bras de fer
avec les salariés mais aussi avec la République.
Au nom de la baisse du "coût" du travail et des "charges dites patronales", le chantage est clair. Soit les
salariés et le gouvernement acceptent la réduction des effectifs, la mise en concurrence des salariés au
niveau national et international ; soit les "investisseurs", c'est-à-dire les spéculateurs de la finance, s'en
vont ailleurs faire des profits.
Cette offensive téléguidée par le MEDEF poursuit deux objectifs majeurs :
1. En finir durablement avec la part socialisée de notre salaire, c'est-à-dire, notre "Sécu" et notre
système de retraite. En effet, les actionnaires considèrent que l'heure est venue d'en finir avec le
principe actuel de la cotisation sociale par la suppression de la part des cotisations dites patronales.
Dès lors, le financement serait à la charge exclusive des salariés par une augmentation de leurs
cotisations, de l'impôt et/ou de la CSG pour garantir son équilibre; voire par un système de protection
par capitalisation, de type anglo-saxon, inaccessible à la majorité des salariés.
2. Imposer des accords "compétitivité-emplois" par entreprise, chers au précédent Président, avec des
suppressions massives d'emplois et une flexibilisation totale des conditions de travail En bref, la casse
du code du travail et du Contrat à Durée Indéterminée. Les négociations sont en cours.
Pour nos syndicats CGT, céder à ce chantage déclencherait un séisme social pour les salariés dans les
mois à venir.
Alors que les prévisions de trafic sont toujours à la hausse, les actionnaires et les directions d'Air
France (AF) et d'Aéroports de Paris (ADP), s'inscrivent dans cette logique : répondre aux exigences
de rentabilité définies par les marchés financiers. Air France (plan Transform 2015) annonce la
suppression de 5122 emplois et se désengage sur plusieurs aéroports. ADP priorise, par acquisition, une
"croissance externe" dans plusieurs aéroports internationaux et réduit l'emploi dans nos aéroports.
La logique actionnariale a un bilan : la contrainte, l’inefficacité, la régression.
Les actionnaires, la finance et les gouvernements successifs, de part la place qui est la leur, portent la
totale responsabilité de ces crises systémiques à répétition lorsqu'ils se sont engagés sans retenue dans
une stratégie économique mondialisée, sans règles ni barrières commerciales et financières, porteuse
d'une logique du "moins disant et moins coûtant". C'est pourquoi, la politique menée par les deux
entreprises AF et ADP depuis leur privatisation, est basée sur le renoncement vis-à-vis de l’intérêt
public et l’abandon d’une vision de complémentarité.
Dès lors, Air France et ADP, engagés dans un positionnement de leadership mondial, se sont engouffrés
dans des pratiques de concurrence effrénée avec les autres grands groupes aériens européens. Leurs
seules «variables d'ajustement" : l'emploi, les salaires et les droits sociaux des salariés. Aujourd’hui, les
exigences des actionnaires pilotent dangereusement toutes les missions de l’encadrement.
Le bilan de cette logique: une réduction massive d’emplois, une remise en cause des statuts des
personnels, un accroissement sans précédent de la sous-traitance et un sous-développement social.
C'est la naissance du "low cost", envahissant le ciel et les aéroports. L'émergence actuelle des
compagnies régulières protégées du Moyen-Orient mais dépourvues de protection sociale sérieuse pour
leurs salariés découle aussi de cette concurrence commerciale à tout prix.
Dans cette recherche obsessionnelle de leadership mondial voulue par les actionnaires et les
gouvernements, le bilan social et économique de la stratégie d'alliance franco-néerlandaise, comme
celle de la fusion entre la compagnie néerlandaise KLM et AF ou celle de la prise de participation
actionnariale croisée d'ADP/ Schiphol, doit être fait.
En finir avec la mise en concurrence des salariés au niveau national et
international !
Les dirigeants d'Air France, avec leur plan " low cost", ont beau jeu de présenter des chiffres pour
dramatiser la situation tout en dédouanant les actionnaires et le gouvernement, ils doivent tous
répondre à des questions.
Comment ont-ils pu procéder à cette fusion alors qu'Air France avait un taux d’endettement de 71% et
que celui de la KLM atteignait les 195%, et ce, avec deux systèmes de protection sociale totalement
antagoniques ? Ainsi, à ce jour, le poids des fonds de pensions du système de retraite néerlandais, dont
la valeur s’est effondrée avec la crise financière de 2008, pèse lourd sur les comptes de l'entreprise.
A propos du gouvernement, pourquoi n'a-t-il pas engagé des actions politiques d'envergure au niveau
national et européen contre la fièvre spéculative des marchés financiers sur les produits énergétiques
qui plombe la note sur les carburants des compagnies aériennes? De plus, pourquoi l'actionnaire
principal ne pose t-il pas son veto sur le projet imminent de pilotage du groupe AF/KLM par une
holding financière apatride voulu par la finance?
Concernant Aéroports de Paris, les questions ne manquent pas non plus.
Quel est le bilan des objectifs annoncés de l'alliance d'ADP/ Schiphol qui devaient permettre des
coopérations et des synergies? Que penser des résultats financiers de cette alliance actionnariale croisée
qui, loin d'être donnant-donnant, fait la part belle aux actionnaires, principalement à ceux de Schiphol
sur la répartition des dividendes versés, au détriment des investissements opérationnels utiles ?
L'Etat peut-il annoncer vouloir faire une politique en faveur de l'emploi et exiger chaque année une
réduction des emplois de la maison mère et du Groupe qui vient encore de se débarrasser de 5,4% de ses
effectifs en 2011, alors que les dividendes versés aux actionnaires (l'Etat compris) pour la même année
ont encore progressé de 15,9% ?
N'est-il pas temps de s'interroger sur le fait contradictoire que l'Etat s'arroge le droit d'être, à la fois un
actionnaire sans scrupule (droit privé) et vouloir représenter les intérêts publics de la Nation?
La politique destructrice du "moins disant et moins coûtant", de la mise en concurrence des salariés,
menée dans nos entreprises, avec comme credo, la « compétitivité », est sans fin.
En réalité, le seul coût qui pèse sur les entreprises et l’économie c'est la contrainte actionnariale et ses
pratiques financières. Il faut en sortir.
Il n'y a pas d'issue économique positive sans progrès social.
C'est pourquoi, au cœur de l’indispensable riposte des salariés, nous réaffirmons les principales
positions de nos organisations CGT:
1.
Le transport est un élément structurant de l'économie nationale. Dès lors, la maîtrise publique
doit reprendre la main sur la stratégie économique, financière et sociale de la compagnie Air France
mais aussi sur celle d'Aéroports de Paris et de tous les aéroports régionaux. C'est une question de
souveraineté : préserver les intérêts sociaux et économiques de notre pays.
2.
A l'expérience, les salariés apparaissent bien comme les seuls défenseurs de leur
entreprise, dans la mesure ils n'ont pas vocation à "se tirer un balle dans le pied". Il y a urgence à
retirer le pouvoir décisionnel à des actionnaires "sans frontière et sans conscience". Nous posons
clairement la question d'une maîtrise sociale et de la place concrète des salariés dans les choix
stratégiques de nos entreprises.
3.
Enfin, face aux arguments qui sont martelés, jour après jour, par les actionnaires, les dirigeants et le
MEDEF sur la nécessité de baisser "le coût du travail", nous posons une question de bon sens.
Qui crée toute la richesse dans les entreprises ? La réponse est simple: le Travail et uniquement
le travail des salariés! Il ne peut donc être un coût puisqu'il crée la richesse. Ainsi, le salaire, et sa part
socialisée (Sécu et retraite), n'est pas un coût mais il a un prix (trop bas).
Nous réaffirmons la supériorité du système français de la Sécurité Sociale, financé par la cotisation
prélevée sur les richesses créées par le seul Travail, face au système par capitalisation boursière (fonds
de pensions, assurances) dont la valeur peut s'effondrer à tout moment en cas de crise (voir nos
collègues hollandais). De fait, notre système, basé sur la cotisation et débarrassé de la prédation du
capital - et autres taxes - est un stabilisateur économique et social moderne.
Comme l’a indiqué le Secrétaire Général de notre Confédération, la balle est maintenant dans le camp
du gouvernement à qui il revient de "trancher entre les revendications contradictoires du patronat et
celles des salariés".
Paris, le 19 septembre 2012
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