La toilette répond également à des
critères d’hygiène, de sécurité, de
confort et d’ergonomie pour le soi-
gnant. Même avec des patients
lourds, l’infirmière doit apprendre à
ménager son dos. Le lit à hauteur
variable doit lui permettre d’installer
le patient comme il faut, ce dernier,
bien installé devant alors être
tourné “en bloc”.
La toilette comporte de nombreux
petits soins d’yeux, d’oreilles, de
bouche et de prothèse dentaire, de
nez, d’ongles et de sondes. Des
shampooings peuvent être effectués
au lavabo. Ils peuvent être faits au lit,
à l’aide d’une bouée munie d’un
fond et d’un tuyau, que l’on installe à
la tête du lit. Des bains de pieds peu-
vent être faits au fauteuil ou au lit.
Les soins de visage sont prodigués
dans le respect des produits que
préfère le patient. On utilisera le lait
pour le visage qu’il a l’habitude d’uti-
liser. Il faut adapter la toilette aux dif-
ficultés. Certaines personnes âgées
présentent des hydrocéphalies. Une
personne atteinte de cette affection
démentielle ne voit pas la nécessité
de certains gestes comme la toilette.
Elle n’en comprend pas le sens.
Les tumeurs cérébrales provo-
quent, elles, des déficits moteurs.
Elles peuvent susciter des hémorra-
gies méningées. Un anévrisme
peut ressaigner. C’est la raison pour
laquelle il faut éviter tout effort à ce
type de patients durant la toilette.
La toilette permet d’appréhender
également le déficit neurologique
au niveau des quatre membres.
Elle permet au soignant de noter si
la personne est réceptive au chaud,
au froid, au massage. Un gant et de
l’eau froide permettent de tester les
réactions et d’enregistrer les pro-
grès. L’observation de la pupille met
en évidence la souffrance neurolo-
gique, à travers l’inégalité pupillaire.
Le travail en binôme aide-soignante
et infirmière est précieux. Et l’évalua-
tion est facilitée si le même binôme
a l’habitude de travailler ensemble.
Elle permet d’envisager une progres-
sion. Si le patient ressent de fortes
douleurs à la mobilisation, il faut
veiller à faire une injection de mor-
phine une heure avant la toilette. Par
ailleurs, il faut aussi rester attentif aux
risques de chutes chez les patients
tétraplégiques ou paraplégiques.
L’attitude psychologique de la per-
sonne compte et interfère avec
l’évolution physiologique. Certains
peuvent faire, dans leur lit, bien plus
qu’ils ne le pensent, s’ils sont encou-
ragés. A l’opposé, d’autres patients
semblent se laisser aller et en font le
minimum. Dans bien des cas, c’est
aux soignants de créer les conditions
d’un progrès et de leur rappeler que
plus vite ils seront autonomes, plus
leur qualité de vie progressera.
Respecter la pudeur
La toilette doit respecter la pudeur
de la personne, même si le corps
est mis à nu et si elle se déroule à
domicile. Certaines zones restent
toujours couvertes. Quand la toilette
porte sur la zone du tronc, seul le
haut du corps est dévêtu. S’il s’agit
de la toilette intime, on lui laisse
quelque chose sur le haut du corps.
Un rasage attentionné, comme un
coup de peigne, participent à l’es-
time de soi que les soignants doi-
vent privilégier pour aider la per-
sonne à accepter son altération.
La toilette donne, au-delà de l’aide à
une activité quotidienne, l’occasion
de découvrir les inquiétudes du
malade dépressif ou anxieux. C’est
un moment privilégié pour évaluer
la souffrance psychique. Elle appa-
raît quand les patients pleurent ou
gémissent. Leur faciès permet aussi
de noter la souffrance psychique.
C’est une donnée importante pour
les soignants. Il peut être utile d’en
informer le médecin.
Faire face à l’agressivité
Le travail avec une aide-soignante
permet de mieux élaborer l’attitude
juste face à un patient agressif, vis-à-
vis duquel on ne sait pas toujours
quel comportement adopter. Il faut
essayer de rester calme et de ne pas
manifester à son tour d’agressivité. Il
peut être judicieux de ne pas se
montrer autoritaire avec une per-
sonne qui s’en irrite de façon systé-
matique. En maison de retraite par
exemple, les soignants préfèrent ne
pas rentrer seuls dans la chambre de
certains pensionnaires très agités.
Pour certains patients la contention
est nécessaire mais doit être réser-
vée à des cas extrêmes et bien défi-
nis. Il s’agit notamment de patients
présentant des troubles psychia-
triques associés à des troubles neu-
rologiques, ayant un comportement
agité après un AVC, ou souffrant de
maladie d’Alzheimer. Ces personnes
ressentent de manière exacerbée la
moindre des attitudes des soignants.
Certaines personnes se sentent par-
fois agressées quand elles sont sim-
plement incitées à réaliser une
tâche et peuvent être agressives à
leur tour. Être deux lors de la toilette
permet de réagir, et surtout, d’élabo-
rer ce qu’il est souhaitable de faire.
Le soignant agressé n’est pas tou-
jours le plus à même de réaliser où
se situe le problème. L’autre peut
plus facilement voir la raison pour
laquelle le patient est agressif. En
débattre avec le collègue permet de
mieux gérer ce type situation. Enfin,
le collègue peut aussi servir de
témoin, si le patient va se plaindre.
Si l’on ne fait pas l’économie de la
toilette elle doit être faite à l’écono-
mie. Car la toilette obéit également à
des critères d’efficacité et de rapidité
d’exécution. Avant la fin de la toilette,
il importe de prévenir les escarres. Il
faut repérer tout point de pression
ou de frottement. Puis il faut opter
pour une posture pour chaque
patient : position allongée, assise, le
haut du lit élevé à 30 °. Tous ces
soins relèvent de la qualification des
infirmières dans la mesure où ils
constituent des soins préventifs
d’une complication découlant d’une
perte d’autonomie, curatifs des
conséquences d’une maladie entraî-
nant une perte d’autonomie, ou pal-
liatifs en ce qu’ils visent à accompa-
gner une personne en fin de vie.
Lucie Galion
Professions Santé Infirmier Infirmière N° 63 • mai 2005
Soins Libéraux 39
Infos ...
Les aides à
domicile
L’aide humaine
apportée aux
personnes
dépendantes est
accomplie par les
aides à domicile dont
la formation est
définie par l’arrêté du
28 juillet 1995. Il est
modifié par le Décret
N° 2002 – 410 du
26 mars 2002 qui
crée un Diplôme
d’État d’Auxiliaire de
Vie Sociale. Les
auxiliaires de vie
sociale interviennent
auprès des familles,
des enfants, des
personnes âgées, des
personnes malades,
des personnes
handicapées pour
une aide à la vie
quotidienne, le
maintien à domicile.