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On voit que la notion de gain (ce qu’on gagne) et celle de travail sont finalement liées : gagner c’est acquérir un bien
matériel ou symbolique (gagner de l’argent, mais aussi gagner la confiance ou l’admiration de quelqu’un par exemple).
On peut aussi gagner contre quelqu’un, remporter une victoire : il faudra se demander si, quand l’homme travaille, il ne
mène pas une sorte de combat qu’il pourrait perdre, par exemple contre la nature, ou contre une autre force (sociale par
exemple, selon le modèle de la « lutte » des classes) qui s’oppose à lui.
Il y a une relation complexe entre le gain et l’échange : quand j’échange quelque chose, je « gagne » l’équivalent de ce
que je perds, ce gain existe (si je n’y avais aucun avantage, je n’échangerais pas, donc j’y gagne quelque chose) mais il
est contrebalancé par la perte. Quand je gagne au loto, il n’y a que du gain : je n’ai rien perdu, pas même ce que j’ai
misé !
Ce qu’on gagne à agir, ou à ne pas agir, cela permet de déterminer l’intérêt d’un acte, et de mesurer cet intérêt. Le sujet
de ce point de vue nous invite à interroger l’intérêt du travail pour l’homme.
La question « que gagne-t-on en travaillant ? » suppose qu’on gagne quelque chose, la question porte plutôt sur : quoi ?
Peut-être qu’on ne gagne pas seulement ce qu’on croit (le salaire). Il s’agit alors de mettre en question cette idée
commune selon laquelle, si on pouvait vivre sans travailler, on ne travaillerait pas, pour envisager la possibilité que le
travail nous apporte autre chose, et comporte un autre intérêt.
Mais on peut aussi remettre en question le présupposé du sujet, et s’interroger, à un moment de la réflexion : il se
pourrait qu’on ne gagne rien à travailler !
La problématique
Idée la plus commune : on « gagne sa vie » ! Si on travaille c’est d’ailleurs pour cela, c’est-à-dire qu’on travaille en
échange du salaire qui nous permet de nous procurer de quoi vivre plus ou moins confortablement (et au delà du salaire,
c’est bien le but de tout travail : se procurer la nourriture et le logis). Ce qui implique que sans la nécessité de gagner sa
vie on ne travaillerait pas, on serait oisif.
Or cette idée rencontre une objection évidente : il arrive qu’on travaille sans salaire, bénévolement, et ceux qui vivent
sans exercer un métier ne travaillent-ils pas toujours, finalement ? Dans des œuvres, par exemple. Enfin comment
expliquer le travail acharné des amateurs de sport ou d’art, qui peuvent passer des heures à s’entraîner ou à apprendre
à maîtriser des techniques picturales ? Qu’y gagnent-ils ? D’autres préfèrent travailler même si ça leur rapporte moins
que de rester chômeurs. Pourquoi ? Ils y trouvent manifestement un intérêt qui est souvent ramené au besoin de
reconnaissance sociale, d’insertion, de donner du sens à sa vie, etc. Le salaire n’est donc pas la seule chose qu’on
gagne à travailler, et peut-être pas ce qui a le plus de valeur…
Il faut donc se demander où est l’intérêt véritable du travail, quel en est le gain, et pour qui c’est un gain. Car en effet, si
le travailleur donne un sens à sa vie en se rendant utile aux autres, et à la société, n’est-ce pas la société qui y gagne ?
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corrigé bac 2012
Examen : Bac L
Epreuve : Philosophie
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