URL : http://www.sciencesetavenir.fr/ PAYS : France TYPE : Web Grand Public 20 avril 2016 - 13:38 Cliquez ici pour accéder à la version en ligne Instent, des artères sous contrôle électronique CASSE-TETE. De l’aérospatial au biomédical. C’est le parcours a priori surprenant de Franz Bozsak, jeune ingénieur allemand formé à l’université de Stuttgart. A l’occasion d’une dernière année passée à l’université de Californie à Davis, il rencontre Abdul Barakat, directeur de la chaire ingénierie cellulaire cardiovasculaire de l’école Polytechnique. « C’est lui qui m’a dévié de ma voie aérospatiale. Il m’a demandé de faire avec lui une thèse sur les stents. » Ne sachant au départ pas même ce qu’est un stent, Franz Bozsak se renseigne et découvre un genre de casse-tête lié à la pose de ce dispositif médical (appelé aussi endoprothèse artérielle) destiné à écarter des artères qui ont été bouchées par des maladies cardio-vasculaires. La pose a pour effet indésirable de blesser le vaisseau et de causer, en réaction, une coagulation du sang à l’intérieur. L'artère risque alors à nouveau de se boucher. Les patients sont donc soumis à un traitement anti-coagulant. Mais il est difficile de savoir combien de temps prescrire cette médication, le médecin est forcé de s’appuyer sur des recommandations générales standardisées. » Mais voilà : si le patient est sous traitement anti-plaquettaire trop longtemps, il s’expose à un risque d’hémorragie et une bonne partie des interventions chirurgicales ou dentaires deviennent problématiques, sinon impossibles. « A l’inverse, si on arrête le traitement trop tôt, et que la cicatrisation de l’artère n’est pas terminée, un caillot sanguin peut se former et provoquer une crise cardiaque. » MICRONS. D’où l’idée d’un stent porteur de capteurs électroniques capables de renseigner en temps réel sur l’état de cicatrisation de l’artère. Franz Bozsak a fondé la société Instent en septembre 2014 autour de ce projet, qui a été retenu par la Technology Review du MIT dans sa sélection des dix Innovateurs de moins de 35 ans de l’année 2016. Celle-ci, comprenant aussi l’application Doctolib, a été présentée le 13 avril dernier en partenariat avec l’Atelier, la cellule de veille technologique de BNP Paribas. L’idée d’Instent n’est pas de concevoir un nouveau type de stent mais d’ajouter une micro-couche de centaines de capteurs (de l’ordre de quelques dizaines de microns) sur les dispositifs existants. Les informations sont transmises par liaison sans fil RFID Ces capteurs sont répartis tout autour du dispositif, en contact avec les tissus artériels, fournissant une représentation tridimensionnelle de la section d’artère télé-surveillée. Ils savent identifier trois cas de figure essentiels. Une bonne cicatrisation, qui se caractérise par la création d’une couche de cellules endothéliales, des cellules qui tapissent tout le système cardiovasculaire et évite la coagulation du sang ; la resténose, soit un processus qui rebouche l’artère ; la formation soudaine d’un caillot sanguin. BATTERIE. Toutes ces informations sont transmises par liaison sans fil RFID à un boîtier. Il sera alors possible de consulter les données depuis un écran - tablette, ordinateur, appareil dédié - le projet n’en est pas encore à ce stade. Les capteurs sont également télé-alimentés, l’absence de batterie permettant garantissant leur taille réduite. Le transfert et la consultation des données peut avoir bien sûr lieu chez le médecin mais, c’est l’un des autres intérêts du projet, le patient peut avoir le boîtier chez lui. « L’idée, c’est que les mesures aient lieu toutes les nuits, pour éviter qu’elles n’interfèrent avec vie quotidienne, et puissent générer une alerte le cas échéant. » Les premiers tests sur animaux ont eu lieu à l’été 2015 et entre décembre et janvier derniers mais le système est encore connecté par câble. Le premier prototype non-filaire est prévu pour 2020. Tous droits de reproduction réservés