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suggère que les individus qui possèdent
ces gènes "bénéfiques" survivraient à la
famine.Toutefois, dans le contexte de
l'occidentalisation, cet avantage devient
un désavantage et entraîne l'obésité.
Les petits bébés qui
affichent ensuite une
surcharge pondérale à
l'âge adulte sont ceux
qui présentent le plus
grand risque d'être
atteints de diabète.
Par contre, l'hypothèse du "phénotype
d'épargne" met l'accent sur les
événements qui précèdent la naissance
et qui conditionnent la programmation
métabolique du fœtus et le diabète plus
tard. En effet, il a été démontré de
façon indiscutable que les bébés de
petits poids (probablement un reflet
des influences nutritionnelles dans
l'utérus) qui afficheront ensuite une
surcharge pondérale à l'âge adulte
présentent le plus grand risque d'être
atteints d'un certain nombre de
conditions à l'âge adulte, notamment le
diabète et les maladies
cardiovasculaires (voir l'article de
Chittaranjan Yajnik dans ce numéro de
Diabetes Voice pour une analyse des
origines fœtales du diabète).
Chacune de ces hypothèses ne sont
toutefois pas exclusives et la vérité
réside quelque part à mi-chemin. En
effet, il a été démontré que des
affections monogéniques avaient un
effet profond sur la croissance du
fœtus. De plus, un terrain génétique à
la prédisposition de la programmation
métabolique pourrait, en plus de ceux
impliqués dans l'action et la secrétion
de l'insuline, concerner d'autres gènes –
notamment ceux participant au
développement du fœtus.
Succès génétique – le diabète
de type MODY (maturity onset
diabetes of the young)
Le MODY est un modèle de réussite en
matière de recherche sur le diabète,
dans laquelle la génétique a été le
vecteur d'une meilleure compréhension
de cette condition. Elle montre
également la future application possible
aux formes plus communes du diabète
de type 2. Le MODY est cliniquement
défini comme le développement du
diabète de type 2 avant 25 ans chez au
moins deux membres de la même
famille de générations successives. Le
MODY représente environ 2 % des cas
de diabète de type 2 dans le monde.
Jusqu'à présent, on a identifié six gènes
qui sont impliqués dans 95 % des cas de
diabète de type MODY, dont deux (un
gène de la glucokinase et celui d'un
facteur qui contrôle la transcription des
gènes dans les protéines – le facteur
nucléaire hépatique (HNF ))
constituent la majorité des cas. Des
mutations de ces six gènes affectent le
métabolisme des cellules bêta
productrices d'insuline. Ces mutations
entraînent des troubles de la secrétion
d'insuline.
Le thermostat des cellules bêta du
pancréas est la glucokinase. Cette
enzyme aide à détecter les niveaux de
glucose (sucre) dans le flux sanguin.
Elle détermine ensuite la quantité
appropriée d'insuline à secréter. Les
mutations de la glucokinase
représentent environ un tiers de tous
les cas de MODY. Le diabète
glucokinase est un diabète
extrêmement léger. Par conséquent,
son diagnostic est souvent
accidentel ou le résultat d'un diabète
gestationnel. Les complications
classiques du diabète affectant les yeux,
les nerfs et les reins sont rares. Les
personnes atteintes de ce type de
diabète ou si le parent a développé la
condition très jeune.
Chez des jumeaux monozygotes, si un
des jumeaux est atteint de diabète de
type 2, dans environ 28-34 % des cas,
l'autre jumeau développera également
le diabète. Par contre, chez des
jumeaux qui ne sont pas génétiquement
identiques, l'autre jumeau ne sera
atteint de diabète que dans 14-16 %
des cas. De plus, en suivant des
jumeaux monozygotes pendant
plusieurs années, on a observé que le
risque pour l'autre jumeau d'être
atteint de tolérance abaissée au glucose
approche graduellement les 100 %.
Des données plus significatives peuvent
être extraites de populations chez qui il
existe des preuves de mélange
génétique – en particulier entre un
groupe ethnique à haut risque et un
groupe à faible risque. L'île de Nauru
dans le Pacifique constitue un bon
exemple. Les habitants de pure souche
de plus de 60 ans ont une prévalence
du diabète de 83 %. Cependant, dans
un environnement identique, la
prévalence du diabète n'est que de
17 % chez ceux qui possèdent des
gènes europoïdes.
Les hypothèses du génotype
et du phénotype d'épargne
sont-elles exclusives ?
L'hypothèse du "génotype d'épargne"
tente d'expliquer l'avantage que
représente les gènes de la
prédisposition au diabète pour les
humains. Dans le passé, la famine était
monnaie courante. Malheureusement,
c'est toujours le cas dans certaines
régions du globe. Pour pouvoir survivre
à la famine, l'être humain doit faire des
réserves d'énergie pendant les périodes
d'abondance et les utiliser efficacement
en période de famine. L'hypothèse >>
Nouvelles perspectives sur les mécanismes
Juin 2003 Volume 48 Numéro spécial