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développés, les marchés agricoles ont été particulièrement victimes des
interventions négatives de l’Etat qui a failli dans la définition des règles du bon
déroulement des échanges. L’instauration des monopoles d’Etat de produits
agricoles ou le contrôle excessif des acteurs privés par les gouvernements après
la libéralisation n’ont fait qu’aggraver l’échec de ces marchés.
La particularité des engrais en Afrique tient au fait que, premièrement ce sont
des intrants externes dans une production agricole sujette à d’importants risques
climatiques, largement orientée sur l’autoconsommation ou vulnérable aux
incertitudes du marché extérieur. Deuxièmement, il s’agit de produits importés
dont les caractéristiques intrinsèques ne sont pas bien connues des
consommateurs (les agriculteurs). Troisièmement, leur commerce demande un
capital relativement énorme et implique une grande spécificité des ressources
dans les relations commerciales et une prise de risques considérable par les
importateurs. La tendance oligopolistique et l’asymétrie de l’information sont
donc des caractéristiques dominantes du marché des engrais. Avec la non-clarté
des rôles des institutions, la non-prise en compte des besoins des producteurs
agricoles et la soumission du monde rural à des prix contrôlés à travers les
anciens monopoles d’Etat ou les libéralisations partielles, les gouvernements ont
échoué dans la régulation des échanges sur le marché des engrais.
2.1.2 Quelques critiques de la théorie néoclassique
Selon la théorie néoclassique, l’entreprise cherche toujours à maximiser son
profit, i.e. la différence entre les recettes de ventes et les coûts de production et
de commercialisation. En situation de compétition parfaite, toute entreprise est
preneuse de prix et, pour maximiser son profit, elle devra choisir de produire la
quantité telle que le coût marginal soit égal au prix du marché. A long terme,
lorsque de nouvelles entreprises entrent dans le marché (parce qu’il y a du profit
à faire), l’offre totale du secteur augmente et fait baisser le prix du marché
jusqu’à ce que ce dernier devienne égal au coût moyen. C’est la situation
d’équilibre où chaque entreprise maximisant son profit n’a plus intérêt à
modifier son comportement, et aucune nouvelle entreprise ne désire entrer dans
le marché car il n’y a plus de profit à faire. Cette situation persistera jusqu’au
moment où une force externe déplace les courbes de coûts des entreprises
individuelles et la courbe de demande du marché (Martin 1988, pp. 21-23). Dans
le monde réel, la compétition parfaite est plutôt rare à cause des imperfections
citées au 2.1.1, notamment l’asymétrie de l’information résultant souvent des
déficiences dans les institutions et le développement de pouvoirs inégaux sur le
marché à cause de l’inégalité d’accès aux technologies. On trouve plutôt des
situations de monopole, d’oligopole, de compétition monopolistique, etc. Avec
le temps, en fonction de ses moyens et des circonstances, l’entreprise s’érige en
monopole ou développe des alliances vers un oligopole afin de maximiser son
profit. En situation de monopole, le profit est maximisé lorsque le revenu
marginal est égal au coût marginal ; la firme produira donc une quantité