Biographie CHARLES DARWIN Né le 12 février 1809, à Shrewsbury

publicité
Biographie CHARLES DARWIN
Né le 12 février 1809, à Shrewsbury, dans le Shropshire, Charles Robert Darwin est le cinquième
enfant d’une riche famille britannique. Son grand-père, Erasmus Darwin, est un médecin et un savant célèbre. En 1825, le jeune homme entame des études de médecine à l’université d’Edimbourg.
Peu motivé, il préfère quitter Edimbourg pour l’université de Cambridge où il poursuit des études
afin de devenir pasteur anglican. Il y rencontre alors le géologue Adam Sedgwick et le naturaliste
John Stevens Henslow. Deux rencontres qui se révéleront déterminantes. En 1831, c’est Henslow
qui a l’idée providentielle d’adresser une lettre de recommandation au capitaine du Beagle , un navire de recherche destiné à améliorer les relevés des côtes de Patagonie. De sorte que, lorsque le
Beagle lève l’ancre en décembre de la même année, il a à son bord un jeune naturaliste fraîchement diplômé : Charles Darwin.
Des îles du Cap-Vert jusqu’aux Açores, en passant par les côtes sud-américaines, Tahiti, l’Australie
et le Cap, la croisière se prolonge jusqu’en octobre 1836. Darwin amasse une somme considérable
d’observations en géologie et en biologie. Ils’intéresse aux diverses formations géologiques des
îles et des continents et recense une grande variété d’espèces fossiles et vivantes.
A son retour, Darwin poursuit ses recherches ; un héritage familial le mettant à l’abri du besoin. Il
compare alors ses données avec les théories qui circulent. Ses observations géologiques confirment notamment les hypothèses de Sir Charles Lyell .Dans un ouvrage en deux volumes intitulé
Principes de géologie (1830-1833), le géologue britannique contestait le catastrophisme. Selon cette
théorie longtemps admise, la création des espèces avait lieu par vagues. Chaque vague était détruite
par une catastrophe naturelle. Les fossiles ne représentaient alors que des traces des espèces disparues. Cette théorie, largement inspirée de la Bible, imposait la fixité des espèces, leur immuabilité.
Or, Lyell affirmait dans ces ouvrages que la surface de la Terre était soumise à des changements continuels induits par des forces naturelles.
Mais si Lyell conteste le catastrophisme, il ne remet pas en cause la fixité des espèces. Darwin va
donc plus loin que lui. Le naturaliste note, d’une part, que les fossiles d’espèces supposées éteintes
ressemblent beaucoup à certaines espèces vivantes. D’autre part, il n’observe que des variations
minimes entre des espèces d’îles différentes.Pour lui, cela ne fait aucun doute : loin d’être fixes, les
espèces se modifient.
Il commence à noter ses idées dans ses Carnets sur la transmutation des espèces et en 1838, il a
déjà établi les grandes lignes de sa théorie de l’évolution des espèces. Pourtant, il se contente de
publier son compte-rendu de voyage… Jusqu’au choc décisif provoqué par le manuscrit d’Alfred
Russel Wallace.
En février 1858, ce jeune naturaliste anglais se trouve sur les rivages de Ternate, dans les Moluques
(Indonésie), en proie aux fièvres du paludisme. Les rares moments de répit lui laissent le temps de
rédiger un court texte sur un problème qui le hante depuis trois ans : « la survivance du plus apte ».
Après avoir signé sa lettre, il l’adresse à un naturaliste anglais en le priant de la transmettre à sir
Charles Lyell, le célèbre géologue. Le premier destinataire de la lettre n’est autre que Charles Darwin. Ce dernier est alors obligé d’admettre ce fait incroyable : presque aux antipodes, un compatriote a, sans avoir eu connaissance de ses travaux, rédigé le résumé parfait de sa théorie. Sur les
instances de Lyell, Darwin se résout à publier ce qui à ses yeux n’est que « l’extrait d’un essai sur
l’origine des espèces ». L’éditeur, jugeant le titre trop complexe, l’abrège et Sur l’origine des espèces est présenté au public britannique le matin du 24 décembre 1859. Le soir même, les 1250
exemplaires ont été vendus.
La théorie de Darwin sur l’évolution par la sélection naturelle se fonde sur la compétition entre les
jeunes de chaque espèce pour leur survie. Les survivants, qui donneront naissance à la génération
suivante, possèdent les caractéristiques naturelles qui leur ont permis de survivre. Ces caractéristiques sont transmises à leur descendance, faisant de la nouvelle génération une génération mieux
GyBn/psycho/Rosset
adaptée. Darwin établit donc les trois bases fondamentales de la théorie de l’évolution : depuis toujours la faune et la flore ont évolué, les lignées présentent d’innombrables variations de détails
et, enfin, la sélection naturelle est si rigoureuse que la moindre variation utile fait triompher
la lignée qui la possède. En cela, Darwin reprend à son compte les idées de Lamarck : influence
des changements dans les conditions du milieu, hérédité des caractères acquis au cours de la vie
(thèse qui sera infirmée plus tard).
Les réactions aux théories de Darwin ne tardent pas. Certains biologistes avancent qu’il est incapable de prouver ses assertions. De plus, comment peut-il expliquer la transmission des variations aux
générations suivantes ? Darwin ne peut répondre à ces objections. Il faudra attendre la naissance de
la génétique moderne et les lois de Mendel pour pouvoir confirmer ses hypothèses. En fait, de nombreux scientifiques continuent à exprimer des doutes quelque cinquante années plus tard. Mais
l’opposition la plus virulente vient des hommes d’Eglise. Les thèses de Darwin sur l’évolution
des espèces vont à l’encontre des Ecritures sur la création de l’homme. Il place en effet
l’homme au niveau de l’animal et, pis, le fait descendre du singe dans son ouvrage La lignée
humaine qu’il publie en 1871. Néanmoins, la quasi-totalité de l’Eglise admet à la fin du XIXe siècle
qu’il n’existe pas réellement de contradiction entre le concept d’évolution et les théories bibliques.
Darwin travaillera à développer ses thèses jusqu’à sa mort, le 19 avril 1882. Il aura alors jeté les
bases des principales théories modernes sur l ‘évolution et aura marqué de son empreinte toute la
pensée moderne.
Oeuvres
Sur l’origine des espèces , 1859
La fécondation des orchidées , 1862
Variation des animaux et des plantes domestiques , 1868
La lignée humaine , 1871
L’expression des émotions chez l’homme et les animaux , 1872
Les Plantes insectivores , 1875
Les îles volcaniques , 1876
Le mouvement chez les plantes , 1880
La formation de l’humus végétal par l’action des vers de terre , 1881
TIRé DU SITE : http://www.infoscience.fr/histoire/portrait/darwin.html
GyBn/psycho/Rosset
THEORIES DE L’INSTINCT
Charles Darwin (1809-1882).
On ne saurait parler d'instinct sans mentionner les réflexions intéressantes de Charles Darwin, le
premier éthologiste et psychologue du 19e siècle. Dans son Origine des espèces et de la sélection
naturelle publié en 1859, il écrit à propos de l'instinct:
«On regarde ordinairement comme instinctif un acte accompli par un animal, surtout lorsqu'il est
jeune et sans expérience, ou un acte accompli par beaucoup d'individus, de la même manière, sans
qu'ils sachent en prévoir le but, alors que nous ne pourrions accomplir ce même acte qu'à l'aide de la
réflexion et de la pratique. Mais je pourrais démontrer qu'aucun de ces caractères de l'instinct n'est
universel, et que, selon l'expression de Pierre Huber, on peut constater fréquemment, même chez les
êtres peu élevés dans l'échelle de la nature, l'intervention d'une petite dose de jugement ou de raison» (Darwin, 1859/1980, p. 276).
Darwin avait donc remarqué que les instincts pouvaient être présents dès la naissance, i.e qu'ils
pouvaient avoir une base héréditaire propre à l'espèce. Cependant, il constatait qu'ils étaient souvent
labiles dans leur développement et que des différences individuelles existaient dans leur expression.
Certains caractérisent l'animal quand il est jeune mais disparaissent à maturité; d'autres sont soumis
à des cycles saisonniers, etc. Ce qui était instinctif dans ce sens pouvait avoir été transmis héréditairement, ou, à des degrés divers, avoir été modifié par la pratique. Sa conception de l'instinct se
transforma au cours des années. Ainsi, dans De la descendance de l'homme, et la sélection sexuelle
(1871/1981), Darwin utilise le terme instinct dans un sens différent, celui de «force interne». Plus
tard, dans L'expression des émotions chez l'homme et les animaux (1872/1981), les instincts deviendront la «force nerveuse».
William James (1842-1910).
William James croyait que les instincts avaient beaucoup en commun avec les réflexes. Comme
ceux-ci, ils sont déclenchés par des stimuli provenant des sens et se déroulent de façon automatique
et «aveugle» la première fois qu'ils sont amorcés. Par «aveugle», James voulait indiquer que, tout
comme un réflexe, l'instinct déclenché pour la première fois n'est pas guidé ou en rétroaction avec la
fin ou le but visé. James considérait aussi chaque instinct comme une pulsion interne, i.e. une force
agissant depuis l'intérieur de l'organisme et qui le pousse irrésistiblement à agir. Pour lui, l'instinct
ou son expression pouvait être variable dans le temps. Cette variabilité s'expliquait par deux principes. Le premier était que l'instinct est en partie modifiable par l'habitude ou l'expérience (i.e. l'apprentissage) au point d'en inhiber complètement l'expression. Ainsi, l'instinct de «pudeur» qui fait
rougir et détourner le regard devant la nudité, peut être inhibé chez les personnes qui sont soumises
fréquemment à des images de nudité ou à la nudité elle-même. James proposa que l'expérience pouvait inhiber l'expression de l'instinct en limitant la gamme des stimuli pouvant le déclencher. Le
second principe est celui d'être transitoire. Certains instincts ne sont utiles qu'au cours de certaines
périodes particulières de la vie. Ils peuvent disparaître par la suite, dès lors devenus inutiles, ou encore réapparaître plus tard s'ils s'avèrent à nouveau nécessaires. La nature transitoire peut être illustrée par deux exemples. Le premier concerne l'instinct (selon James) qu'expriment les jeunes poussins à suivre le premier objet mobile qu'ils aperçoivent après leur naissance, instinct qui est inhibé
par la suite sous l'effet de la maturation. Le second exemple est celui de l'instinct maternel de la
poule à l'égard de ses poussins, instinct qui disparaît quand la couvée vieillit, mais qui réapparaît
pour une couvée subséquente. Ces deux exemples proposés par James étaient des précurseurs assez
nets de la période critique pour l'empreinte, et des cycles hormonaux, phénomènes qui allaient être
décrits plus tard par l'éthologie. James voyait donc les conduites instinctives comme des formes
intermédiaires entre les réflexes et l'apprentissage, présentant des caractéristiques de chacun et à des
degrés divers. Contrairement à ses contemporains, James ne proposa pas que tous les comportements s'expliquaient par des instincts. Pour lui, les instincts servaient de base sur laquelle l'expérience venait greffer les habitudes. Il ne limitait pas l'instinct à l'animal infra-humain. Au contraire,
il croyait que l'humain possédait tous les instincts des animaux qui lui étaient inférieurs, plus certains typiquement «humains» comme le jeu, la compétition et la jalousie.
GyBn/psycho/Rosset
James proposa qu'en faisant la description des divers comportements instinctifs et en examinant
comment ceux-ci avaient pu être adaptatifs au cours de l'évolution, l'on comprendrait davantage la
motivation du comportement, annonçant par là les programmes originaux de la psychologie comparée et de l'éthologie.
(tiré de : UNE PERSPECTIVE ÉTHOLOGIQUE DU COMPORTEMENT - JACQUES P. BEAUGRAND)
La théorie des 3 cerveaux
L’homme a d’abord hérité du cerveau reptilien. Parmi les comportements rencontrés chez les reptiles et toujours présents chez l’homme, on trouve tout ce qui implique l’autoconservation,
l’établissement et la défense du territoire. Ce qui se traduit en particulier par la volonté de puissance
que Nietzsche considérait comme la force de base vitale de l’univers tout entier. Cet ancien cerveau
est donc celui des instincts, des impulsions et des compulsions qui en seraient des variantes humaines. MacLean estime que le comportement rituel et hiérarchique, que l’on observe aussi bien dans
les sociétés industrielles modernes que dans les sociétés archaïques, a une forte composante reptilienne.
À ce cerveau est venu se greffer, à l’étape où sont apparus les premiers mammaliens, le système
limbique, ou cerveau limbique. Le cerveau limbique est le siège d’affects ou d’émotions que l’on
pourrait traduire par des mots tels que le désir, la colère, la peur, le chagrin, la joie, la tendresse...
MacLean fait cependant remarquer que le système limbique engendre aussi chez l’être humain les
certitudes quant aux révélations et aux croyances, qu’elles soient vraies ou fausses, précisant
même : " certitudes à composantes affectives puissantes et sans frein ". La foi, par exemple, est de
ce niveau de fonctionnement, base de toutes les idéologies.
Enfin, est apparu le néo-cortex et l’esprit rationnel, cerveau spécifiquement humain qui promeut la
préservation et la procréation d’idées. Le néo-cortex, en fait, s’est développé en deux étapes : en
premier est apparu un fonctionnement analogue au raisonnement froid d’un ordinateur cruel : puis,
comme si ce type de fonctionnement n’allait pas permettre d’assurer la survie de l’espèce, est apparu un fonctionnement de type altruiste et le sens de la responsabilité.
(Propos de Jacques Languirand ayant fait l'objet d'une chronique parue dans le Guide Ressources, Vol. 06, N° 06,
jullet-août 1991)
Lorenz (1903-1989)
Les 8 caractéristiques du comportement instinctif chez les animaux :
1. Il y a des similitudes de comportements au sein de chaque espèce
2. Les conduites sont des réponses à des stimuli (= événements extérieurs)
3. Il existe des mécanismes innés de déclenchement (pas de possibilité de retour en arrière)
4. Un comportement est la résultante de forces extérieures et de forces intérieures (dynamique motivationnelle selon le modèle hydrodynamique) schéma ci-après
5. Instinctivement, l’animal recherche le stimulus déclencheur
6. L’animal connaît des conflits de motivation ( un comportement domine /  les comportements se neutralisent /  activités de substitution ou de déplacement /  redirection)
7. Le comportement peut se traduire par des mouvements d’intention (conduites esquissées)
agissant comme des signaux intraspécifiques
8. Certains comportements perdent leur utilité spécifique pour devenir des rituels.
GyBn/psycho/Rosset
GyBn/psycho/Rosset
Les huit péchés capitaux de notre civilisation.
LORENZ K.(Prix Nobel de Médecine 1973)
"Nous avons considéré huit processus distincts mais étroitement liés par leurs causes, qui menacent de détruire non seulement notre culture contemporaine, mais bien l'espèce humaine.
Ce sont les suivants : 1°. Le surpeuplement de la terre, qui pousse chacun d'entre nous à s"abriter
de la profusion de contacts sociaux d'une manière foncièrement inhumaine, et qui, par l'entassement
de nombreux individus dans un espace restreint, provoque inévitablement de l'agressivité. 2°. La
dévastation de l'environnement naturel, qui atteint non seulement le monde extérieur dans lequel
nous vivons, mais détruit en l'homme même tout respect de la beauté et de la grandeur d'une création qui le dépasse. 3°. La course de l'humanité avec elle-même, qui, pour notre malheur, devient
toujours plus rapide avec le développement de la technologie. Cette contrainte du dépassement
rend les hommes aveugles aux valeurs véritables et les prive du temps de la réflexion, activité
indispensable et proprement humaine. 4°. La disparition de tout sentiment fort et de toute
émotion par l'amollissement, les progrès de la technologie et de la pharmacologie provoquant une
intolérance croissante à tout ce qui peut entraîner le moindre déplaisir. La disparition simultanée de
la capacité de l'homme d'éprouver une joie à laquelle il ne parvient qu'en surmontant des obstacles,
au prix d'un dur effort. Le rythme, voulu par la nature, de contrastes balancés entre le flux et le reflux des souffrances et des joies, s'atténue en une imperceptible oscillation, ce qui engendre un ennui mortel. 5°. La dégradation génétique. En dehors "du sens naturel du droit" et de certains restes
hérités du droit coutumier, il n'existe pas, à l'intérieur de la société moderne, de facteurs de sélection
qui viennent exercer leur pression sur le développement et le maintien des normes de comportement
bien que celles-ci deviennent de plus en plus nécessaires avec le développement de la société. Il
n'est pas impossible que beaucoup d'infantilismes, qui transforment une grande partie de la jeunesse
rebelle d'aujourd'hui en parasites sociaux, soient vraisemblablement d'origine génétique. 6°. La
rupture des traditions, résultant du fait que nous avons atteint un point critique où les jeunes générations n'arrivent plus à s'entendre culturellement avec les anciennes, encore moins à s'identifier
avec elles; Elles les traitent alors comme un groupe ethnique étranger et les affrontent avec une
haine nationale. Les raisons de ce trouble de l'identification viennent avant tout du manque de
contacts entre parents et enfants, ce qui déjà chez les nourrissons entraîne des suites pathologiques. 7°. La réceptivité croissante de l'humanité à l'endoctrinement. L'augmentation du nombre d'hommes rassemblés en un seul groupe culturel, s"'ajoutant à l'extrême perfectionnement des
moyens techniques conduisent à des possibilités, jamais atteintes dans l'histoire humaine, d'influencer l'opinion publique et de créer l'uniformité des vues. En outre, il faut signaler que la
puissance d'une suggestion d'une doctrine, fermement admise, progresse peut-être en proportion
géométrique avec le nombre de ses adhérents. Dès maintenant en certains lieux, un individu qui se
soustrait délibérément à l'influence des mass media, par exemple à la télévision, passe pour un cas
pathologique. Les effets dépersonnalisants de ces moyens sont accueillis avec plaisir par tous ceux
qui veulent manipuler les foules. Enquêtes d'opinion, techniques publicitaires et une mode habilement propagée permettent aux magnats de la production, d'un côté du rideau de fer, et aux
fonctionnaires, de l'autre côté, d'exercer un pouvoir identique sur les masses. 8°. L'armement
nucléaire, qui fait peser sur l'humanité un danger plus facile à éviter que les sept processus décrits
ci-dessus. Ces phénomènes de déshumanisation, dont nous avons parlé du premier au septième chapitre, sont favorisés par une doctrine pseudo-démocratique qui affirme que le comportement social
et moral de l'homme n'est absolument pas déterminé par l'évolution phylogénétique de son système
nerveux ou de ses organes sensoriels, mais qu'il est uniquement influencé par le "conditionnement"
qu'il a subi au cours de son ontogenèse du fait de son environnement culturel."
Konrad Lorenz
GyBn/psycho/Rosset
DECLARATION DE SEVILLE (1986)
Il s'agit d'un document extrêmement important rédigé en commun par une vingtaine de savants de nationalités et de disciplines différentes - réunis sous l'égide de l'UNESCO à Séville, au mois
de mai 1986, à l'occasion de l'Année Mondiale de la Paix. Dans leur motion finale, ils démentent
formellement le bien-fondé des prétendues "découvertes" en biologie, en neurophysiologie et en
psychologie dont on se sert pour justifier la violence et la guerre. Ces falsifications ne datent pas
d'hier. Ainsi, la théorie de l'évolution des espèces a été plus d'une fois utilisée pour justifier l'oppression des faibles, le colonialisme et même le génocide. Estimant que l'ensemble de ces affirmations pseudo- scientifiques crée une atmosphère de pessimisme et de méfiance, les biologistes et les
psychologues réunis au Congrès de Séville ont procédé à leur remise en question qui se résume
en cinq points. Selon eux:
1) Il est faux d'affirmer que nous avons hérité de nos lointains ancêtres une tendance à faire la guerre
qui appartenait au règne animal. La lutte pour la vie ("struggle for life") est bien une réalité, mais à de
très rares exceptions près, elle n'existe qu'entre les différentes espèces et, de toute façon, ne comporte
dans aucun cas l'utilisation d'outils en guise d'armes. Dans leur recherche naturelle de la nourriture, les
fauves n'agressent que les individus appartenant à d'autres espèces animales. La guerre est, selon toute
évidence, un phénomène humain.
2) Il est faux d'affirmer que la guerre ou n'importe quelle autre manifestation de la violence est génétiquement programmée dans la nature humaine. Les gènes contiennent une multitude de possibilités
potentielles mais qui ne peuvent être actualisées que par la relation avec le milieu écologique et social,
notamment pour ce qui concerne l'éducation et les conditions de vie. A part certains cas nettement pathologiques, les gènes ne créent pas des individus prédisposés à la violence. On peut donc dire que,
d'une façon générale, les gènes participent à l'élaboration de notre comportement mais ne le déterminent pas.
3) Il est faux d'affirmer que, dans le processus de l'évolution humaine, il y aurait eu une sélection en
faveur des individus ayant un comportement agressif. Il a été, au contraire, constaté que la stabilité et la
viabilité d'un groupe dépendent principalement de la prédisposition à la coopération et à l'entraide de
ses membres. Quant à la "domination" de certains individus sur les autres, elle a pour fonction d'assurer la cohésion du groupe et ne saurait être réduite à la seule supériorité de la force physique.
4) Il est faux d'affirmer que "l'esprit humain est orienté vers la violence". Bien au contraire, si, de par
notre constitution nerveuse nous avons la possibilité d'accomplir des actes de violence, ce sont justement les centres nerveux supérieurs - siège de notre intelligence - qui nous permettent de contrôler et
de maîtriser toutes les impulsions ayant un caractère d'agressivité. Dans notre neurophysiologie, il n'y
a, par conséquent, rien qui puisse nous obliger à agir de façon violente.
5) Il est faux d'affirmer que les guerres sont générées par l'instinct. Leurs vraies causes sont plutôt
d'ordre émotionnel pour les uns et un solide calcul d'intérêt pour les autres. Il est, par conséquent, abusif d'appeler "instinct" ce qui n'a rien à voir avec nos besoins naturels. La guerre moderne ayant pour
base la manipulation des hommes, elle utilise leur naïveté, leur suggestibilité et leur idéalisme. La technologie de la guerre moderne a intensifié la propension à la violence, aussi bien par l'instruction militaire que par la préparation à la guerre de toute la population. En confondant cause et effet, on parvient
à créer ainsi une véritable psychose qui rend la guerre possible et qui parfois y mène même d'une façon inéluctable.
En guise de résumé, il est permis de déduire de ce qui précède que ni la biologie, ni la psychologie ne
condamnent l'humanité à la guerre et qu'il est grand temps de se libérer des conceptions pessimistes et
erronées, fallacieusement présentées comme étant "scientifiques". Désormais c'est avec lucidité et détermination que nous devons entreprendre les transformations qui permettront l'instauration de la vraie
Paix, la paix sans armes. Bien que ces problèmes soient essentiellement d'ordre institutionnel, leur
solution repose également sur la conscience des individus qui estiment que le fait d'être pessimiste ou
optimiste peut jouer, lui aussi, un rôle déterminant. De même que "les guerres commencent dans l'esprit des hommes", la paix peut y naître également. L'espèce qui a inventé la guerre est sûrement capable
d'inventer aussi la paix. Chacun en porte sa part de responsabilité.
GyBn/psycho/Rosset
Quelques considérations sur :
L’ETHOLOGIE HUMAINE
Les 4 questions du programme de l’éthologie
• Quels sont les facteurs qui, à l’extérieur comme à l’intérieur de l’organisme, déterminent
l’apparition d’un comportement ?
• En quoi un comportement peut-il être considéré comme adapté : quels sont les effets bénéfiques de ce comportement pour l’organisme qui l’accomplit et pour sa descendance ?
• Comment ce comportement a-t-il évolué : peut-on reconstituer les étapes qui, au cours de la
phylogenèse, l’ont amené, par modification génétique et sélection naturelle, à son état actuel ?
• Quelle en est l’ontogenèse : en quoi est-il le résultat de l’histoire de l’individu et de ses expériences antérieures ; quels sont les changements qui se produisent dans les comportements de
l’individu au cours de son développement ?
La méthode éthologique
 Observation des comportements animaux ou humains en milieu naturel
 Dans l’étude des comparaisons homme-animal ne pas confondre:
les homologies = comportements ayant la même origine phylogénétique
les analogies = ressemblances, mais sans origines communes
 Danger de l’éthologisme = faire des transpositions et des comparaisons entre espèces différentes (biais de l’anthropomorphisme)
Les comportements à fonction adaptative
Tout comportement est influencé à la fois par le patrimoine génétique (transmis de générations en générations au sein de la même espèce) et par le milieu.
• Tout individu porte en lui les gènes qui déterminent des comportements ayant permis à son
espèce de survivre et d’évoluer en s’adaptant à un milieu souvent hostile.
• Situations, en milieu naturel, génératrices de comportements à fonction adaptative :
− Lutte contre les prédateurs
− Exposition aux dangers de l’environnement naturel (climat, jour/nuit, saisons,…)
− Recherche de nourriture
− Besoin de se reproduire
− Comportements sociaux liés à la territorialité, la hiérarchie, la coopération, la communication
L’expression archaïque de ces comportements peut se réactualiser sous une forme ± atténuée ou
modifiée suivant les circonstances.
•
Exemples de mécanismes de déclenchement de réponses instinctives (universellement reconnus
dans l’espèce humaine)
• Domaine visuel :
− Vue d’un nourrisson  comportement maternel
− Dévoilement de certaines parties du corps, parades nuptiales  attirance sexuelle
− Mouvements d’expression (mimiques)  colère, gêne, sourire
• Domaine olfactif :
− Phéromones  attirance
− Parfums  attirance
• Domaine auditif :
− Bruit fort  protection, défense
− Crissement de craie  mal aux dents
• Domaine gestuel :
GyBn/psycho/Rosset
− Caresses  attirance physique, attachement
− Corps étranger sur la peau  mouvement de répulsion, de protection
− Immobilité stuporeuse  faire le mort
Activités de substitution liées à des comportements adaptatifs archaïques
Activité de substitution = activité sans rapport logique avec le contexte, mais apparaissant dans les
situations de conflit, de frustration ou de surstimulation (on observe souvent ces mêmes comportements chez les primates) :
− Ex : Se caresser le menton, se passer la main dans les cheveux, se gratter le crâne, mordiller un crayon, se ronger les ongles, pianoter avec les doigts, tics, boire ou manger exagérément, se gratter jusqu’au sang, etc.
Activités communes aux jeunes humains et aux jeunes primates dans les situations de jeu
− tomber : ces chutes sont répétées dans de nombreux jeux et il n'est pas toujours facile de
savoir si elles sont volontaires ou non.
− sauter : les jeux sociaux avec des sauts commencent vers quatre et six mois chez le Babouin.
− chatouiller : ce comportement peut-être dirigé sur n'importe quelle partie du corps mais
est généralement orienté vers les surfaces latérales du tronc ou la plante des pieds.
− taper du pied : le résultat est un bruit fort (peut-être ayant valeur de signal). Chez les primates, taper du pied, "stomping", a valeur d'attaque.
− piétiner : chez les primates, ce genre de comportement est tenu comme une réponse à la
frustration.
− lutter : chacun des deux protagonistes tente de "contrôler" l'autre, c'est-à-dire de limiter
ses mouvements, de déplacer son corps ou maintenir l'autre dans une position d'infériorité
en se maintenant au-dessus de lui. C'est un comportement très commun chez les primates.
− poursuivre : les animaux jeunes montrent des comportements de poursuites ludiques caractéristiques qui sont apparemment des contributions à la socialisation.
− se sauver : Tous les primates non-humains utilisent la fuite, aussi bien dans les poursuites
agonistiques que ludiques.
− courir : inutile de dire que l'on retrouve la course chez les autres primates, voire même
chez les mammifères, etc.
Explications éthologiques de comportements pathologiques
Troubles
Explication éthologique
Territorialité : agitation, défense d’un espace (chez ceCrise maniaque  exaltation, euphorie,
lui qui se trouve dans son territoire)
combativité
Hiérarchie : phase ascendante
Territorialité : inactivité, résignation (chez celui qui se
trouve en-dehors de son territoire, exclu ou abandonné)
Crise mélancolique  dépression, tristesse
Hiérarchie : phase descendante
Rupture d’un lien d’attachement
Troubles cycliques de l’humeur
Rythmicité des saisons, périodicité jour/nuit
Enurésie, mouvements répétitifs
Conduites de marquage du territoire
Phobies (animaux, obscurité, lieux élevés,
Rappel de menaces ancestrales
foule, …)
Adaptation à la famine (constituer des réserves)
Anorexie
Méfiance alimentaire (risque d’empoisonnement)
Fuite du commensalisme (manger en groupe)
Troubles obsessionnels compulsifs
Rituels de lavage et de toilettage
GyBn/psycho/Rosset
Quelques considérations sur
LA PSYCHOLOGIE EVOLUTIONNISTE
Fondateurs :
• Cosmides (psychologue) et Tooby (anthropologue), autour des années 90.
Fondements théoriques:
• Par « refoulement idéologique », les sciences humaines ont trop tendance à considérer
l’Homme comme une table rase à sa naissance et à surestimer l’incidence culturelle et le rôle
de l’apprentissage dans ses conduites.
• Certains comportements humains fondamentaux (liés par ex. aux émotions, au sexe, à
l’intelligence, au langage, à l’agressivité, à la religion…) se ressemblent trop pour être
d’origine culturelle.
• Il existe un « fonds commun » de comportements, de motivations et d’aptitudes inscrit dans
notre patrimoine génétique  Il existe donc des « instincts humains fondamentaux ».
• Ce n’est pas la culture environnante qui formate l’esprit ; c’est l’esprit qui formate la culture.
Et si les connaissances progressent au fil du temps, c’est à partir d’aptitudes qui, elles, restent
constantes.
Justification :
• Notre cerveau, comme celui des autres espèces animales, est le fruit de millions d’années
d’évolution. Chaque espèce est dotée d’un ensemble de programmes cognitifs (théorie computationnelle) transmis par hérédité et visant à assurer la survie de l’espèce (observer
l’environnement, alerter des dangers, se nourrir, se reproduire, communiquer avec autrui,…).
• Considérant la lenteur de l’évolution, il paraît logique que l’état actuel de notre cerveau soit très
proche de celui de nos ancêtres de l’âge de la pierre…
Exemples (cf document annexe) :
• Compétences du nouveau-né.
• Le langage.
• Les conduites sociales.
• Les conduites sexuelles.
• La morale.
• La coopération et l’altruisme.
• La violence.
• Les maladies mentales.
• Le racisme.
• La religion.
Mais alors…
• Qu’en est-il du libre arbitre, de la morale, de l’amour, de l’art,… ?
• L’Homme « victime » d’une forme de fatalité et condamné à rester toujours le même…
Critiques scientifiques…
• Charles Jenk : théorie trop réductrice et déterministe. Les conduites humaines se distribuent selon toute une gamme qui va de comportements déterminés strictement par la génétique
(l’éternuement) jusqu’aux conduites où la culture joue le rôle fondamental (l’art) ; entre les
deux, tout un spectre de comportements intermédiaires (la nourriture ou le sexe) où culture et
nature se mêlent à des degrés divers. (réponse de la PE : « nous prenons en compte le rôle de la
culture… »)
• Rôle de la femme : toutes des « bonnes pondeuses »… ? Toutes fidèles… ?
• Plutôt que d’ « instincts », ne faut-il pas parler de « tendances », de « propension », de
« penchants » ?
(Réf :Revue Sciences Humaines n°139)
GyBn/psycho/Rosset
GyBn/psycho/Rosset
GyBn/psycho/Rosset
Téléchargement