valeur des marchandises produites durant la journée de travail des salariés et la valeur des marchandises
consommées par eux pour reproduire leur force de travail. Elle-même, la plus-value, est simplement la
réalisationsurlemarchéd’unsurproduit,fruitd’unsurtravailquipasseinaperçu.Oninsisterasurlecaractère
paradoxaldelaplus-valuequin’existejamaisquesoussaformedemanqueàréaliserdanslasphèredela
productiondesbiensetdesservicesalorsqu’elleexistetoujourscommeautrequ’elle-mêmedanslasphèrede
lacirculation,àsavoir souslaforme duprofit,de larente,du salaire.Nepossédant pasd’imageadéquate
d’elle-même,nesereflétantetnesemesurantquedanscequin’estpaselle,ellefondelapossibilitédela
croyance en l’auto-accroissement naturel du capital. Elle fait encore tenir ensemble les sphères de la
production,delacirculationetdeladistributiondumodedeproductiondanslequelsonaccumulationassurela
reproductionélargiedecemode.C’estpourquoionpeutdirequelaplus-valueestl’«idéalité»fondamentale
du . Toutefois, à la différence de l’Idée hégélienne, elle ne se tient jamais par elle-même et enCapital
elle-même.Elleestentièrementredevableautravailvivantetaufaitqueseulilproduitau-delàdutemps
nécessaireàreproduirelavaleursurlemarchédelaforcequil’anime.Letaux-deplus-value,quineprendson
senspleinquedanslasphèredelacirculation,rapporteainsilaplus-valueàcequireprésentesonorigineetsa
limiteréellesdanslaproduction,àsavoirlaquantitédetravailvivanteffectivementmisenœuvre.Savariation
dansletemps,quientretientunrapportdirectavecleprogrèstechnologique,constituealorscequej’appelerai
«l’idéalitéabsolue»ducapital.Mais,justement,l’idéalitéabsolueducapitaln’estplusl’IdéeabsoluedeHegel
etsavéritérelativereposesurautrechosequ’elle,dontelleestentièrementdépendante,àsavoirlesrapports
réels qu’entretiennent entre elles les pratiques des individus socialisés à travers le processus technique de
production.
Dansundeuxièmetemps,onexamineral’articulationinternedesseptsectionsduLivreI,avantd’entrerdans
la riche matière de quelques-uns des chapitres proposés à l’étude. En s’appuyant sur une certaine parenté
entrelastructured’ensembledu etcellequigouvernelepremierchapitredupremierLivre,ondiscuteraCapital
de la théorie de la marchandise de Marx. Véritable atome de la circulation marchande, la marchandise est
poséeparluicommeunecontradictionendevenir,commelecapitallui-même.Marxleditdemillemanières,
lestravauxréelsdeshommessontnécessairementdifférentsetinégaux.C’estl’impossibleinterchangeabilité
deleurstravauxquesymboliselavaleurmarchandedeleursproduits,valeurquireprésentealorselle-même,
danslessociétésmarchandesetlacirculationsimple,laquantitédetravailhumaingénéralquechacund’eux
contientcommedépenseindéterminéedepuissancevitale.Aussi,danslechampdespratiquesetdesrapports
réelsqu’ellesentretiennententreelles,seulelagénéralisationde«laproductionenvuedel’échange»apu
faireapparaîtreletempsmoyendeladépenseeffectivedelaforcedetravailcommecequiformelasubstance
idéelle de la valeur marchande de ses produits. La valeur marchande, qui est la seule idéation collective
strictementquantitativeetquiestunepurequantitéidéelle,estenelle-même,commetoutequantité,une
purevariationdegrandeur,ets’opposeainsi,danslamarchandiseelle-même,àsavaleurd’usage.Etcette
oppositionelle-mêmetraduitl’oppositionquiapparaîtdansletravaildèslorsqu’ilestceluis’accomplitlorsqu’il
estdestinéàl’échange.Dèscepremierchapitre,Marxouvreainsiunespacedepenséeàl’intérieurduquella
dialectique cesse d’être un absolu divin créateur sans toutefois ne redevenir rien d’autre qu’une dimension
régulatricedel’objectivationcognitive,commechezKant.Ladialectiquedelamarchandise,qu’onétudieraen
détail,nousapparaîtrabienalorscommel’exemplepremierd’unedialectiquedurapportdel’idéalitéauréelde
lachoseetdel’actedanschacunedesesformessuccessives.
Dans un troisième temps, on cherchera encore à montrer que, pour une part, certains des contenus des
brouillonsdesLivresII,IIIetIVontbienunesignificationphilosophiqueessentielleenregarddelaquestionqui
nous occupe. On accordera ainsi une attention toute particulière à la notion de capital variable dans les
brouillonsduLivreII,àladynamiquedutauxdeprofitdanslesbrouillonsduLivreIIIetàlathéoriedescrises
dans les brouillons du Livre IV. Une des portes d’entrée privilégiées dans la question principale à l’étude
consisteenl’examendelamodélisationmarxiennedelabaissetendancielledutauxdeprofitmoyen.Dansce
modèle,lacroissancedelaproductivitédutravail,déterminationréelledelapratique,possèdeundoubleeffet.
D’unepartelletendàfairecroîtreletauxdeplus–value,d’autrepart,laplus-values’accumulantdecycleen
cycle,elleaccroîtlapartdeplus-valuenouvellementproduiteconsacréeàsimplementreproduirelaplus-value
déjàaccumulée.Lamodélisationmarxiennes’appuiefinalementsurlefaitquelerapportàsoidansletempsdu
taux de plus-value gouverne entièrement la dynamique du taux de profit, sur ce que j’appelle « l’unité de
l’identité et de la différence » entre taux de plus-value et taux de profit. Cette unité n’est cependant plus
penséecommechezHegel,enparticulierparcequ’elleneconcerneplusd’abordl’identitéàsoid’unétantmais
l’identité d’un étant et d’un autre et qu’elle n’est plus du tout pensée comme mode de constitution d’une
nouvellefiguedel’absolumaiscommeloidel’évolutiondansletempsd’unedifférence.Ceseral’occasionpour
nousdemontrercommentunsystèmedynamiquenonlinéairecommeletauxdeprofitincarnebienalorsune
contradiction«dynamique».
Lethèmegénéraldeslimitesdelareproductionducapitalqu’onauraabordéàcetteoccasionleseraànouveau
àpartirdel’analysemarxienneducapitalfinancieretdescrises.Onaccorderauneattentiontouteparticulièreà
l’analysedupremier,quiestàlafoislaformehistoriqueprésupposéeparl’essorducapitalindustrieleten
même temps la forme achevée de même capital, le « fétiche automate » qui laisse croire à la production
possibledel’argentàpartirdel’argent.OnseraencoreattentifàladescriptionparMarxdelanaissancedes