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Jour 4:
Le commerce international: théorie, structures et
développements
S. Kjeldsen-Kragh
KVL : The Royal Veterinary and Agricultural University, Copenhague
Table des matières
Ce chapitre traite de la théorie économique liée au commerce international. L’objectif principal est
d’essayer de répondre à quelques questions cruciales, à savoir:
1. Que nous dit la théorie économique à propos du libre-échange et du protectionnisme?
2. Quelles sont les sources de gains du commerce international?
3. Quelles sont les implications politiques de la théorie du commerce international?
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1. Que peut nous apprendre la théorie économique sur le libre échange et le
protectionnisme?
1.1 Une illustration géométrique des gains des échanges
La manière traditionnelle d’illustrer les gains des échanges est d’utiliser les outils géométriques de
la courbe des possibilités de production, montrant les conditions de l’offre, et la courbe
d’indifférence collective, montrant les conditions de la demande.
La figure 1 illustre les conditions de l’offre et de la demande dans une économie (pays Z), où
deux biens sont produits et consommés, à savoir un produit agricole (a) et un produit industriel (i).
Figure 1
[figure 1 p.111]
La courbe qq est la courbe des possibilités de production et les courbes cic sont les différentes
courbes d’indifférence collectives.
S’il n’y a pas d’échange, la combinaison optimale des deux biens dans la production et la
consommation peut être décrite par le point Q1. On fait l’hypothèse que les marchés sont en
concurrence parfaite. Dans le cas d’autocratie (point Q
1), le taux marginal domestique de
transformation dans la production (TMTd) est égal au taux marginal domestique de substitution
dans la consommation (TMSd). TMSd et TMTd sont égaux au prix relatif Pi /Pa , qui à son tour
est égal à la pente de la tangente PP à la courbe de transformation.
S’il y a commerce international, le prix relatif du marché mondial peut être décrit par la pente des
lignes droites indiquées par W. C’est le taux marginal étranger de transformation (TMTe). Sur le
marché mondial, le produit industriel est relativement plus cher que dans le pays dont nous
traitons, quand ce pays ne participe pas au commerce mondial.
Quand le pays participe aux échanges mondiaux, les producteurs et les consommateurs sont
confrontés aux prix relatifs du marché mondial. Dans le cas du marché libre, la production
s’établit au point Q2 et la consommation au point C2. C2 se trouve sur une cic plus “haute” que
Q1, ce qui indique un gain provenant de l’échange.
Les gains provenant de l’échange peuvent être divisés en deux parties, à savoir un gain de
“consommation” et un gain de “production”. Le premier est associé au mouvement de c1 à c2.
La composition du produit dans la production est inchangée, mais il y a un effet d’amélioration du
bien-être associé avec la possibilité de vendre les biens produits sur le plan international à
d’autres termes de l’échange que dans le cas de l’autarcie. Le TMSd de la consommation dans le
pays Z est maintenant égal au TMTe. La seconde partie est associée au mouvement de c2 à c3 ,
qui est dû au déplacement de la production de Q
1 à Q
2. Le pays Z gagne à spécialiser sa
production, de sorte que le TMTd dans le pays Z soit égal au TMTe.
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Faisons l’hypothèse que l’autarcie était due à un droit de douane prohibitif sur le bien a. Si ce
droit est graduellement levé, de sorte que le pays Z évolue de l’autarcie vers le libre échange, le
bien-être dans le pays Z va augmenter progressivement.
Par cette illustration simple nous avons “prouvé” que le libre échange est meilleurs que le
commerce réduit par des intervention de protection, qui de nouveaux est préférable à l’absence
totale d’échange.
Malheureusement l’histoire n’est pas si simple.
1.2 L’hypothèse à la base du modèle
Le modèle de la figure 1 est basé sur plusieurs hypothèses. Nous nous demander ici si l’abandon
d’une de ces hypothèses va résulter à d’autres conclusions.
Les différentes hypothèses sont liées:
au côté de la demande
au côté de l’offre
au fonctionnement des marchés
à la méthode analytique utilisée
1.2.1 Le côté de la demande
Le problème de la distribution des revenus
Il est fait l’hypothèse que la demande pour les deux produits dans le pays peut être décrite par un
ensemble de courbes d’indifférences collectives. Il n’est possible de construire ces courbes
d’indifférences que si nous avons seulement un consommateur, ou si nous avons des
consommateurs avec des préférences identiques. Si nous avons plus d’un consommateur, nous
avons un problème de distribution des revenus, sans tenir compte de l’hypothèse de préférences
identiques ou non entre les consommateurs.
Pour illustrer cela, introduisons le concept le frontière des possibilités d’utilité. Nous avons deux
consommateurs, chacun avec un ensemble pertinent de courbes d’indifférence.
Dans la figure 2, nous avons l’utilité des deux ménages UA et UB sur les axes.
Figure 2
[figure 2 p.113]
S’il y a autarcie, et le pays produit et consomme le panier de biens Q1 sur la figure 1, le panier
peut être divisé entre les deux ménages, de sorte que la combinaison maximale accessible des
utilités puisse être tracée dans le diagramme (figure 2). Si une autre politique interne des prix,
avec une autre relation interne des prix est suivie, le point de production sera à un autre point de
la courbe qq sur la figure 1. Ce panier de produits peut de nouveau être divisé entre les deux
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ménages, et la combinaison maximale accessible des utilités peut de nouveau être déterminée
dans le diagramme.
Toutes les combinaisons maximales des utilités forment la frontière des possibilités d’utilité. La
courbe 1 de la figure 2 montre la frontière des possibilités d’utilité dans le cas de l’autarcie.
Quand nous nous déplaçons le long de la courbe, les paniers des deux biens sont différents et la
distribution de revenu entre les ménages change.
Les courbes 2 et 3 sont les frontières des possibilités d’utilité quand nous avons respectivement
échange avec une certaine protection et libre échange. Les prix internationaux sont supposés
constants.
Initialement, il y a autarcie et il existe une certaine structure de production et une distribution de
revenu dans la société, ce qui signifie que la combinaison des utilités est en A. Maintenant le
libre-échange est introduit et la combinaison des utilités est en B. Dans ce cas, le ménage B a
amélioré son bien-être, mais le ménage A en obtient un plus faible. Est-il impossible dans ce cas
d’établir que la situation de libre échange est préférable à l’autarcie, en se souvenant du critère de
Pareto pour un bien-être amélioré?
Si la distribution des revenus dans le cas du libre échange est changée, il est possible de se
déplacer de B à B1. Il ne peut donc être mis en doute que le libre échange est potentiellement
meilleur que l’autarcie.
La discussion ici n’est pas une discussion académique sans implications pratiques. Selon le
modèle de Heckscher - Olin (voir plus loin), l’ouverture des échanges va améliorer le revenu du
facteur de production relativement abondant, et diminuer le revenu du facteur relativement rare.
L’objection au libre-échange basée sur la distribution des revenus est donc balayée, si nous
disons qu’un changement dans le régime des échanges est meilleur quand le bien-être de tous les
citoyens peut potentiellement être augmenté.
La variété des produits
Les produits a et i (voir figure 1) sont souvent considérés comme des produits standardisés. Ce
n’est évidemment plus le cas des biens industriels. Nous traitons ici des produits différenciés pour
lesquels le niveau de qualité peut être différent, et le mix de qualités suivant différentes
caractéristiques pour différents biens, à un niveau moyen donné de qualité, peut varier.
Des consommateurs différents ont des préférences différentes sur i pour le niveau de qualité et le
mix de qualités. Quand il y a commerce international, les chances de trouver la variété idéale est
plus grande que s’il n’y avait pas d’échange. Différentes marques de voiture ont des qualités
différentes et des caractéristiques différentes. Au plus la variété de marques est grande, au plus la
chance de trouver le produit que vous préférez est grande.
En achetant des biens d’un certain type, le consommateur veut couvrir un ensemble de besoins.
Quand les personnes achètent des vêtements, ils ne le font pas seulement pour se couvrir, mais
aussi parce que le vêtement peut être plus ou moins agréable à porter en différentes occasions
sociales. Une variété de produits différenciés est plus apte à satisfaire un tel ensemble complexe
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de besoins. Si le commerce international permet l’accès à une variété plus large, qui satisfait
mieux des différents besoins, le bien-être des consommateurs augmente.
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