Méphistophélès et l`androgyne

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Tous droits de reproduction, de traduction et d'adaptation
réservés pour tous les pays.
C) Éditions Gallimard, 1962.
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AVANT-PROPOS
A. N. Whitehead a dit que l'histoire de la
philosophie occidentale n'était, en somme, qu'une
série de notes en bas de page à la philosophie de
Platon. Il est douteux que la pensée occidentale
puisse se maintenir désormais dans ce « splendide
isolement ». L'époque moderne se distingue trop
nettement pour cela de celles qui l'ont précédée elle
est caractérisée par la confrontation avec les
« inconnus », les « étrangers» et leurs mondes;
univers insolites, non familiers, exotiques ou archaïques. Les découvertes de la psychologie des profondeurs, aussi bien que la montée des groupes ethniques extra-européens à l'horizon de l'Histoire, marquent vraiment l'invasion des « inconnus» dans le
champ, jadis clos, de la conscience occidentale.
Comme on l'a remarqué plus d'une fois, le
monde occidental est en voie de se modifier radicalement à la suite de ces découvertes et de ces
rencontres. Depuis la fin du siècle dernier, les
recherches des orientalistes ont progressivement
familiarisé l'Occident avec l'excentricité et le fabu-
leux des sociétés et des cultures asiatiques. De son
côté, l'ethnologie moderne découvrait des mondes
spirituels obscurs et mystérieux, des univers qui,
même s'ils n'étaient pas le produit d'une mentalité
prélogique, comme l'a cru à un moment donné
Lévy-Bruhl, n'étaient pas moins étrangement différents du paysage culturel familier aux Occidentaux.
Mais c'est la psychologie des profondeurs qui a
révélé le plus de terrae ignotae, a donné lieu aux
confrontations les plus dramatiques. On pourrait
égaler la découverte de l'inconscient aux découvertes maritimes de la Renaissance et aux découvertes
astronomiques consécutives à l'invention du télescope. Car chacune de ces découvertes mettait au
jour des mondes dont on ne soupçonnait même pas
l'existence. Chacune opérait une sorte de « rupture
de niveau », en brisant l'image traditionnelle du
monde et en révélant les structures d'un Univers
jusqu'alors inimaginable. Or, de telles « ruptures de
niveau» ne sont pas restées sans conséquences. Les
découvertes astronomiques et géographiques de la
Renaissance n'ont pas seulement modifié du tout
au tout l'image de l'Univers et le concept de
l'espace
elles ont assuré, pour trois siècles au
moins, la suprématie scientifique, économique et
politique de l'Occident, tout en ouvrant la voie qui
mène fatalement vers l'unité du monde..
Les découvertes de Freud constituent une autre
« ouverture » mais, cette fois, vers les mondes
immergés de l'inconscient. La technique psychanalytique a inauguré un nouveau type de descensus ad
inferos. Lorsque Jung décela l'existence de l'inconscient collectif, l'exploration de ces trésors immémo-
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riaux
les mythes, les symboles, les images de
l'humanité archaïque
commença à ressembler
aux techniques océanographiques et spéléologiques.
De même que les plongées dans les profondeurs
marines ou l'exploration des cavernes avaient révélé
des organismes élémentaires, depuis longtemps disparus de la surface de la Terre, les analyses
rapportaient des formes de la vie psychique profonde, auparavant inaccessibles à l'étude. La spéléologie mettait à la disposition des biologistes des
organismes tertiaires et même secondaires, des
formes zoomorphiques primitives qui ne sont pas
fossilisables, c'est-à-dire des formes qui avaient
disparu de la surface de la Terre sans laisser de
traces. Par la découverte des « fossiles vivants », la
spéléologie avançait considérablement la connaissance des modalités archaïques de la vie. De
même, les modalités archaïques de la vie psychique, les « fossiles vivants» enfouis dans les ténèbres de l'inconscient, devenaient maintenant acces-
sibles à l'étude grâce aux techniques élaborées par
les psychologues des profondeurs.
Il est remarquable que la fructification culturelle
de la psychanalyse, aussi bien que l'intérêt croissant
pour l'étude des symboles et des mythes, aient
coïncidé dans une grande mesure avec l'intervention de l'Asie dans l'Histoire et surtout avec le réveil
politique et spirituel des peuples « primitifs ». Après
la Deuxième Guerre mondiale, la rencontre avec
les « autres », avec les « inconnus », était deve-
nue, pour les Occidentaux, une fatalité historique.
Mieux, depuis quelques années, les Occidentaux
non seulement ressentent de plus en plus vivement
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ce que veut dire la confrontation avec les « étrangers » mais ils se rendent compte qu'il leur arrive
d'être dominés par eux. Ceci n'implique pas nécessairement qu'ils seront asservis ou opprimés, mais
seulement qu'ils sentiront la pression d'une spiritua-
lité « étrangère », non occidentale. Car la rencontre
ou le heurt
entre civilisations est toujours, en
fin de compte, une rencontre entre spiritualités, voire
entre religions.
Une vraie rencontre implique le dialogue. Pour
amorcer un dialogue valable avec les représentants
des cultures extra-européennes, il est indispensable
de connaître et de comprendre ces cultures. L'herméneutique est la réponse de l'homme occidental
la seule réponse intelligente
aux sollicitations de
l'Histoire contemporaine, au fait que l'Occident est
voué (on serait tenté de dire condamné) à la
confrontation avec les valeurs culturelles des
« autres ». Or, dans ce cas précis, l'herméneutique
trouvera son auxiliaire le plus précieux dans l'Histoire des religions. Lorsque l'Histoire des religions
sera devenue la « discipline totale» qu'elle devrait
être, on comprendra que le monde de l' « Inconscient », aussi bien que les mondes « étrangers» des
non-Occidentaux, se laisse le mieux analyser sur le
plan des valeurs et des comportements religieux.
On n'a pas encore clairement saisi que les
« ouvertures» pratiquées par les découvertes des
psychologues et des explorateurs de la pensée
archaïque sont homologables à l'apparition massive
des peuples non européens dans l'Histoire; qu'il ne
s'agit donc pas seulement d'un élargissement considérable de l'horizon scientifique (comme ce fut le
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cas avec les découvertes géographiques et astrono-
miques de la Renaissance), mais aussi, et surtout
de l'expérience de la rencontre avec les « inconnus ».
Or, la rencontre avec le « totalement
autre », que l'on s'en rende compte ou pas, déclenche une expérience de structure religieuse. Il n'est
pas exclu que notre époque passe à la postérité
comme la première qui ait redécouvert les « expériences religieuses diffuses », abolies par le triom-
phe du christianisme. Il n'est pas exclu que l'attraction ressentie pour les activités de l'Inconscient,
l'intérêt pour les mythes et les symboles, l'engouement pour l'exotique, le primitif, l'archaïque, les
rencontres avec les « Autres» avec tous les senti-
ments ambivalents qu'elles impliquent,
il n'est
pas exclu que tout cela apparaisse un jour comme
un nouveau type de religiosité.
Pour l'instant, on pressent que tous ces éléments
préparent l'essor d'un nouvel humanisme, qui ne
sera pas la réplique de l'ancien. Car ce sont surtout
les recherches des orientalistes, des ethnologues, des
psychologues des profondeurs, des historiens des
religions qu'il s'agit maintenant d'intégrer afin
d'arriver à une connaissance totale de l'homme.
Ces savants n'ont cessé de mettre en lumière l'intérêt
humain, la « vérité» psychologique et la valeur
spirituelle de tant de symboles, de mythes, de
figures divines et de techniques, attestés tant chez
les Asiatiques que chez les « primitifs ». Ces documents humains avaient été étudiés précédemment
avec le détachement et l'indifférence que les naturalistes du XIXe siècle apportaient à l'étude des insectes. On commence maintenant à se rendre compte
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que ces documents expriment des situations humaines exemplaires, qu'ils font partie intégrante de
l'histoire de l'esprit. Or, la démarche appropriée
pour saisir le sens d'une situation humaine exemplaire n'est pas l'« objectivitédu naturaliste, mais
la sympathie intelligente de l'exégète, de l'interprète.
C'était la démarche même qui devait être changée.
Car le comportement le plus étrange, ou le plus aberrant, doit être considéré en tant que fait humain
on ne le comprend pas si on le considère comme
un phénomène zoologique ou un cas tératologique.
Aborder un symbole, un mythe ou un comportement archaïque en tant qu'expression de situations
existentielles, c'est déjà leur reconnaître une dignité
humaine et une signification philosophique. Cette
attitude aurait semblé absurde et ridicule à un
savant du xix1 siècle. Pour lui la « sauvagerie» ou
la « stupidité primordiale » ne pouvait représenter
qu'une phase embryonnaire et, par conséquent,
« aculturelle» de l'humanité.
Mais, comme on l'a dit plus haut, il importe
maintenant d'articuler et d'intégrer les résultats de
ces recherches, menées dans un esprit tout autre que
celui du xix' siècle, afin d'arriver à une connaissance plus exacte de l'homme. Un jour prochain,
l'Occident non seulement devra connaître et com-
prendre les univers culturels des non-Occidentaux,
il sera amené à les valoriser en tant que partie
intégrante de l'histoire de l'esprit humain; il ne les
considérera plus comme des épisodes infantiles, ou
aberrants, d'une Histoire exemplaire de l'Homme.
Mieux encore, la confrontation avec les « autres»
aide l'homme occidental à mieux se connaître soi-
même. L'effort dépensé pour comprendre correctement les modes de pensée étrangers à la tradition
rationaliste occidentale, c'est-à-dire, en premier
lieu, pour déchiffrer la signification des mythes et
des symboles, se traduit par un enrichissement
considérable de la conscience. Certes, les psychologues des profondeurs se sont appliqués à étudier la
structure des symboles et les scénarios des mythes,
pour saisir le dynamisme de l'inconscient. Mais la
confrontation avec les cultures extra-occidentales,
régies par des symboles et nourries par des mythes,
doit se faire sur un autre plan il n'est plus question
d'« analyser» ces cultures comme on analyse les
rêves d'un individu, afin de les « réduire » à des
signes trahissant certaines modifications dans la
psyché profonde; il s'agit désormais de considérer
en elles-mêmes les créations culturelles des peuples
extra-occidentaux, de s'appliquer à les comprendre
avec la même passion intellectuelle que l'on met à
comprendre le monde homérique, les prophètes
d'Israël, la philosophie mystique de Meister Eckhardt. Autrement dit, on doit aborder- et, heureu-
sement, on a commencé de le faire
des symboles,
des mythes et des rites océaniens ou africains avec
le même respect et le même désir d'apprendre dont
on a fait preuve à l'égard des créations culturelles
occidentales. Que ces rites et ces mythes révèlent
parfois des côtés terribles ou aberrants, ils n'en
expriment pas moins des situations paradigmatiques d'hommes appartenant à des sociétés de types
différents, et portés par d'autres forces historiques
que celles qui ont forgé l'histoire du monde occidental.
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La volonté de bien comprendre les « autres» se
traduit, disions-nous, par un enrichissement de la
conscience occidentale. La rencontre pourrait même
amener un renouvellement de la problématique
philosophique, de même que la découverte des arts
exotiques et primitifs a ouvert, voici un demi-siècle,
des perspectives nouvelles à l'art européen. Il nous
semble, par exemple, qu'une étude approfondie de
la nature et de la fonction des symboles pourrait
stimuler la pensée philosophique occidentale et
élargir son horizon. Il est frappant que les historiens
des religions aient été amenés à mettre en relief les
conceptions audacieuses des « primitifset des
Orientaux sur la structure de l'existence humaine,
sur la chute dans la temporalité, sur la nécessité de
connaître la « mort» avant d'accéder au monde de
l'Esprit; on reconnaît là des idées assez proches de
celles qui sont aujourd'hui au centre même de la
recherche philosophique occidentale. Et lorsqu'on
retrouve, dans les idéologies religieuses archaïques
et orientales, des conceptions comparables à celles
de la philosophie occidentale « classique », la
confrontation n'est pas moins significative, car ces
conceptions ne dérivent pas des mêmes prémisses.
Ainsi, lorsque la pensée indienne ou certaines
mythologies « primitives» proclament que l'acte
décisif qui a fondé l'actuelle condition humaine a
eu lieu dans un passé primordial, donc que l'essentiel précède l'actuelle condition humaine, il serait
hautement intéressant pour le philosophe ou le
théologien occidental d'apprendre comment on est
arrivé à cette conception, et pour quelle raison.
Si la découverte de l'inconscient a forcé l'homme
occidental à une confrontation avec sa propre
« histoire» secrète et larvaire, la rencontre avec les
cultures extra-occidentales l'obligera à pénétrer très
profondément dans l'histoire de l'esprit humain et à
se persuader, peut-être, d'assumer cette Histoire en
tant que partie intégrante de son propre être. En
effet, le problème qui se pose déjà, et se posera avec
une acuité de plus en plus dramatique aux chercheurs de la prochaine génération, est le suivant
par quels moyens récupérer tout ce qui est encore
récupérable dans l'histoire spirituelle de l'humanité ? Et ceci pour deux raisons 1° l'homme occidental ne pourra pas vivre indéfiniment retranché
d'une partie importante de soi-même, celle qui est
constituée par des fragments d'une histoire spirituelle dont il est incapable de déchiffrer la signification et le message; 2° tôt ou tard, le dialogue avec
les « autres»
les représentants des cultures
traditionnelles, asiatiques etprimitives» -devra
s'amorcer non plus dans le langage empirique et
utilitaire d'aujourd'hui (qui n'est capable d'atteindre que des réalités sociales, économiques, politiques, médicales, etc.), mais dans un langage
culturel, susceptible d'exprimer des réalités humaines et des valeurs spirituelles. Un tel dialogue est
inévitable il est inscrit dans la fatalité de l'Histoire.
Ce serait une tragique naïveté de croire qu'il peut se
poursuivre indéfiniment au niveau mental où il se
trouve encore.
Les études réunies dans ce petit volume illustrent
la démarche d'un historien des religions préoccupé
de rendre intelligibles un certain nombre de compor-
tements religieux et de valeurs spirituelles des non-
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Européens. On n'a pas hésité à faire appel à des
faits culturels familiers puisés dans la tradition
occidentale, toutes les fois qu'ils offraient un terme
de comparaison susceptible d'éclairer la recherche.
C'est grâce à des rapprochements semblables que se
dégageront les perspectives d'un nouvel humanisme
de l'avenir.j
Les quatre premiers chapitres ont été lus dans le
cadre de fEranos d'Ascona, de 1957 à 1960; ceci
explique leur style oral. Bien que la tentation en fût
grande, on n'a pas essayé, à l'occasion de leur
groupement en volume, de les remanier ou les
amplifier; chacun de ces petits exposés eût risqué de
prendre les proportions d'un livre. Nous nous sommes limité à ajouter quelques renvois aux publications récentes.
Une fois de plus, notre cher et savant ami le
Dr Jean Gouillard a bien voulu contribuer à une
meilleure présentation française de ces pages; qu'il
reçoive ici l'expression de notre sincère gratitude..
Mircea Eliade.
Université de Chicago.
Novembre 1960.
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1
EXPÉRIENCES
DE LA LUMIÈRE MYSTIQUE
Un rêve.
Vers le milieu du siècle dernier, un commerçant
américain, âgé de trente-deux ans, eut ce rêve
« Je me trouvais, écrit-il, derrière le comptoir de
mon magasin, par un après-midi lumineux, enso-
leillé en un clin d'œil tout devint plus sombre que
la plus noire des nuits, plus sombre qu'une mine.
Le monsieur avec qui j'étais en train de parler
courut dans la rue. Je le suivis, et bien qu'il fît si
sombre j'aperçus des centaines et des milliers de
gens se déversant dans la rue, se demandant tous
ce qui se passait. A ce moment-là, je vis dans le
ciel, loin vers le sud-ouest, une lumière aussi
éclatante qu'une étoile grande à peu près comme
la paume de ma main. En un instant il me sembla
que la lumière grandissait et s'approchait jusqu'à
ce qu'elle commençât à illuminer les ténèbres.
Lorsqu'elle eut atteint la dimension d'un chapeau
d'homme, elle se divisa en douze lumières plus
petites, avec une lumière plus grande dans le
centre, et augmenta très rapidement
et à
l'instant même j'ai su que c'était l'avènement du
Christ. Au moment où j'eus cette pensée, tout le
sud-ouest du ciel se remplit d'une foule lumineuse, et dans le centre se trouvait le Christ avec
les douze apôtres. Maintenant il faisait plus clair
que le jour le plus lumineux qu'on puisse imaginer, et, tandis que la foule brillante avançait vers
le zénith, l'ami avec lequel je parlais s'exclama
« C'est mon Sauveur
»
et au même moment il
abandonna son corps et monta au Ciel, et je
pensai que je n'étais pas assez bon pour l'accompagner. Puis je me suis réveillé.»
Pendant plusieurs jours, l'homme fut si impressionné qu'il n'osait pas raconter son rêve à qui que
ce soit. Au bout d'une quinzaine, il le confia à sa
femme et dans la suite il en parla à d'autres. Trois
ans plus tard, quelqu'un qui était connu pour sa
très profonde vie religieuse s'adressa à sa femme
« Votre mari, lui dit-il, est né de nouveau et il ne
le sait pas. Il est un petit enfant spirituel, les yeux
encore clos, mais il l'apprendra lui-même avant
peu de temps. » En effet, trois semaines plus tard,
alors qu'il marchait avec sa femme dans la
Deuxième Avenue de New York, l'homme s'ex-
clama tout d'un coup « Oh
j'ai la vie éternelle » Il se sentit à ce moment-là que le Christ
venait de ressusciter en lui et qu'il garderait
éternellement conscience (would remain in
everlasting consciousness). Trois ans après cet
événement, tandis qu'il se trouvait sur un bateau,
entouré d'une foule de gens, il eut une nouvelle
expérience spirituelle et mentale
il lui sembla
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que son âme, ainsi que son corps, étaient inondés
de lumière. Mais, dans le récit autobiographique
que nous venons de résumer, il ajoute que ces
expériences en état de veille ne lui ont jamais fait
oublier la première, celle qu'il avait connue en
rêve 1.
Si j'ai choisi de commencer par cet exemple
d'expérience spontanée de la lumière, c'est surtout pour deux raisons 1° il s'agit d'un commerçant content de son métier et que rien ne préparait, apparemment, à une illumination semi-mystique 2° sa première expérience de la lumière eut
lieu en rêve. Il semble avoir été très impressionné
par cette expérience, mais il n'en saisissait pas la
signification. Il sentait seulement que quelque
chose de décisif lui était arrivé, quelque chose qui
engageait le salut de son âme. L'idée qu'il était
question d'une naissance spirituelle ne lui vint
qu'après avoir appris ce qu'une autre personne
avait dit à sa femme. C'est à la suite de cette
indication, venue d'une personne autorisée, qu'il
eut, consciemment, l'expérience de la présence du
Christ, et, finalement, trois ans plus tard, l'expérience de la lumière surnaturelle dans laquelle
baignaient aussi bien son âme que son corps 2.
Un psychologue aurait beaucoup de choses
1. Ce petit texte autobiographique a été publié par
R. M. Bucke, The Cosmic Consciousness (Philadelphia, 1901),
pp. 261-262. Voir quelques autres expériences de lumière dans
des rêves et leurs interprétations psychologiques, dans
C. G. Jung, Psychology and Alchemy (New York-London,
1953), pp. 86, 89, 165, 177.
2. Remarquez la fréquence du chiffre « trois a.
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