N° 298 \\ AVRIL 2015 \\ LOGISTIQUES MAGAZINE
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les petites et moyennes entreprises.
Certains profils, réunissant a priori
toutes les qualités, se révèlent incapables
de s’adapter au rythme d’une PME. »
Leader mondial des équipements
de distribution et de stockage d’hy-
drocarbures gazeux et de gaz indus-
triels cryogéniques, Cryolor (200 per-
sonnes) s’est récemment ouverte
aux notions de supply chain mana-
gement. Le directeur supply chain
de cette filiale d’Air Liquide, Julien
Constant, a rendu la formation au
certificat Basics of supply chain
management (BSCM) de l’Apics
obligatoire pour l’ensemble du
service achat/supply chain. «Ce cer-
tificat balaye les notions de flux, d’or-
ganisation d’une supply chain ainsi
que l’ensemble des principes fonda-
mentaux et processus associés (S&OP,
MPS, lean, demand driven MRP,
théorie des contraintes, etc.) Il donne
un vocabulaire commun et une bonne
vision d’ensemble de la meilleure
manière dont une supply chain devrait
fonctionner aujourd’hui. Dans le
cadre d’un recrutement, cette certi-
fication serait sans aucun
doute un plus pour nous. »
Par ailleurs, des compé-
tences en management inter-
culturel apparaissent de plus
en plus comme un atout. Il
n’est d’ailleurs pas nécessaire
de franchir une mer ou un
océan pour s’en rendre
compte. Par exemple, outre-
Rhin, il peut être mal perçu
de s’écarter de l’ordre du jour
d’une réunion. Dominique
Estampe, directeur de l’Isli
(Institut supérieur de logis-
tique industrielle) –un des
plus prestigieux programmes
en supply chain management dans
l’Hexagone – évoque l’importance
de comprendre le fonctionnement
de chaque pays. « Chaque marché
conserve son propre fonctionnement
culturel, réglementaire, managérial,
etc. Une entreprise amenée à conquérir
de nouveaux territoires doit en avoir
conscience. On n’applique pas les
mêmes méthodes de management
en Amérique du Sud, en Asie ou au
Moyen-Orient. Sans compter que
désormais de nombreuses équipes
supply chain en France et en Europe
sont multiculturelles. »
Managers créatifs. Dans une
supply chain en reconfiguration
permanente, la créativité est éga-
lement une qualité très pri-
sée par les recruteurs.
« Procter et Gamble ou
L’Oréal demeurent des mas-
todontes. Mais l’arrivée des
réseaux sociaux et du e-
commerce contraint leurs
organisations à gagner en
rapidité et en flexibilité. Ils
doivent innover rapidement
pour pouvoir lutter avec les
concurrents qui entrent sur
le marché », détaille le direc-
teur de l’Isli. Et de citer l’avènement
de l’internet des objets qui permettra,
notamment, aux colis connectés,
d’informer un entrepôt de leurs
horaires d’arrivée. Le directeur sup-
ply chain Europe, Moyen-Orient
et Afrique de Bacardi-Martini estime,
pour sa part, que les managers doi-
vent organiser « une veille techno-
logique » et s’intéresser « aux ten-
dances culturelles, aux modes de
consommation, etc. »
Les formations bac + 5 doivent-
elles également se préparer à former
des supply chain managers spécia-
lisés ? Certaines en prennent déjà
la direction : marketing, SI, immo-
bilier logistique, etc. Toutefois, le
directeur supply chain du groupe
de retail précité estime que «l’erreur,
dans nos métiers, c’est que les gens
se spécialisent trop. Il faut apprendre
aux managers à rester global. » Par
ailleurs, il observe que dans son
équipe supply chain, les profils issus
d’écoles de commerce réussissent
moins bien que les profils formés
dans des écoles d’ingénieurs,
car il leur manque une com-
pétence en systèmes d’infor-
mation. À l’inverse, le direc-
teur de Supply Job estime
que les supply chain managers
doivent disposer de savoir-
faire commerciaux afin d’in-
tervenir en appui de la force
de vente, « pour prouver la
disponibilité du produit ou
encore démontrer que l’en-
treprise est capable de mettre
en place une organisation qui amène
le produit au client ».
Maîtrise du français. Si le
profil idéal du supply chain manager
peut varier d’une organisation à
l’autre, toutes s’accordent sur sa
nécessaire maîtrise de la langue
française à l’écrit. Cette
compétence redevient un
critère important dans le
recrutement des futurs
supply chain managers.
L’an dernier, le conseil
d’orientation de l’Isteli a
souhaité que les étudiants
se réapproprient les fon-
damentaux de la langue
française en préparant le
certificat Voltaire. Un pro-
gramme proposé par la
société lyonnaise Wonooz.
Le directeur de l’Isteli rap-
pelle « combien ces com-
pétences sont importantes
dans la rédaction de mail, d’appel
d’offres, etc. » Le directeur général
d’Alis international enfonce le clou
estimant que « certains managers
bac +5 doivent apprendre à retranscrire
en termes rédactionnels ce qu’ils sou-
haitent exprimer». Quant à l’anglais,
sa maîtrise continuera d’être une
compétence recherchée à côté d’une
deuxième voire d’une troisième
langue étrangère.
Philippe Bohlinger
Si le prol idéal du
supply chain manager
peut varier d’une
organisation à l’autre,
toutes s’accordent sur sa
nécessaire maîtrise de la
langue française à l’écrit.
Dans une supply chain en
reconguration
permanente, la créativité
est une qualité très prisée
par les recruteurs.
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