73
Au paragraphe 196 des Principes de la philosophie du droit, Hegel décrit
le travail comme intermédiaire entre l’homme et la nature, une médiation
qui obtient pour un besoin particularisé un moyen particularisé. Mais
en transformant la nature, l’homme se transforme lui-même car, grâce
à la technique qu’il crée et qu’il emploie, il gagne son autonomie. Il n’est
plus soumis à ses besoins vitaux.
B. Par le travail, l’homme participe à l’organisation d’une société
Par le travail, l’homme apprend aussi à se maîtriser en exerçant sa volonté
sur ses propres désirs, sur ses passions. Il canalise différentes énergies
afin de mieux s’intégrer dans un système culturel et socio-économique.
Par le travail, l’homme participe à l’organisation d’une société dans la
mesure où il prend sa place au sein d’une division du travail qui se
fait, selon Platon dans la République (livre II), non seulement en fonction
de la pluralité des besoins mais aussi en fonction de la diversité des
aptitudes.
Conclusion et transition
Le travail se présente comme un moyen pour s’émanciper des néces-
sités vitales. Mais en transformant la nature, l’homme transforme sa
propre nature. Il apprend, crée, progresse et développe ce qui relève de
ses compétences. Il gagne alors une place dans la société. Pourtant,
l’idée de travail est souvent associée à l’idée de pénibilité comme son
étymologie tripalium, qui signifie «souffrance», l’atteste. Si le travail
donne à l’homme les conditions de son accomplissement en lui per-
mettant de maîtriser la nature, il reste de fait l’objet de multiples souf-
frances, comme en témoigne l’esclavage sous toutes ses formes.
2. Mais le travail est aussi source d’aliénation
A. Avec le machinisme, le travailleur perd la maîtrise de son travail
Pour Marx, l’homme se réalise dans le travail grâce à la technique. Mais
lorsque la machine remplace le simple outil, le travail se déshumanise.
L’augmentation du machinisme crée des conditions de travail de plus
en plus pénibles parce que répétitives, abrutissantes et parcellaires. Para-
doxalement, elles augmentent la pression des besoins vitaux lorsque le
salaire n’est plus que le minimum pour vivre. L’homme, en perdant la
maîtrise de la technique, devient lui-même de plus en plus mécanisé et
se transforme en «rouage» de la machine qui le dépasse. Le travail
devient l’ennemi de la spontanéité, de la personnalité. L’homme ne peut
plus se reconnaître dans le travail qui lui est demandé.
LE TRAVAIL ET LA TECHNIQUE
•
SUJET 7
CORRIGÉ
PhilCor2004L,ES,S 26/08/03 18:04 Page 73