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Marx, Karl 1818-1883
La vie et l’œuvre de Marx présentent de nombreuses facettes : philosophe, économiste,
historien, sociologue, il reste un des grands penseurs du XIXe. Il consacre une grande partie
de sa vie à mettre en pratique les résultats de ses analyses théoriques.
I. Karl Marx, jusqu'à la conversion au communisme.
1. Fils d’avocat libéral, élevé dans une ambiance rationaliste et cultivée, Karl Marx qui se
destinait aux études juridiques s’intéresse très vite à la philosophie et se rallie à
l’hégélianisme, Hegel ayant créé une méthode de pensée qu’il juge parfaitement cohérente.
Néanmoins, son ralliement à Hegel n’est pas sans réserves, et il ne se rallie pas totalement à la
doctrine. Ainsi, il fera sienne la dialectique mais critiquera vivement Hegel ainsi que la
gauche hégélienne qui distinguait une pensée ésotérique et une pensée exotérique du maître et
introduisait la notion de compromis, d’accommodation.
2. Après un passage au journalisme, il va tirer la leçon que les intérêts matériels jouent un rôle
beaucoup plus grand que celui que leur attribuait par exemple la philosophie hégélienne. De
même, il fait l’expérience des antagonismes de la société et se place systématiquement du coté
des opprimés. Dès lors, la lutte passe du terrain de la philosophie à celui de la pratique
sociale. Pour répondre à ceux qui considéraient que son journal était communiste, il répondit
que le communisme était devenu une question à l’ordre du jour, car il y a partout dans le
monde une classe qui ne possède rien et qui aspire à partager la richesse de la bourgeoisie. Il
considère que la victoire d’une théorie politique ne dépend pas d’un rapport de forces concret,
mais de sa puissance à convaincre sur le plan théorique.
3. En 1841, Feuerbach publie son essence du christianisme qui constituait le premier essai
pour dépasser l’idéalisme hégélien. Marx est profondément influencé par les réflexions sur
l’essence de l’homme qui constitue le fond de cette œuvre.
Il considère que l’état reflète très exactement les rapports économiques, juridiques et sociaux,
c’est à dire la société. Dès lors, celui-ci n’est pas au-dessus des classes, n’est plus
l’incarnation d’un absolu. La philosophie doit permettre la réalisation d’une société vraiment
humaine, c’est à dire où l’essence de l’homme trouve son plein épanouissement. Or, la
philosophie a pour prolongement la politique qui critique le réel. Il faut donc que celle-ci
permette à l’homme de se libérer de ses aliénations. Pour cela il faut réaliser l’alliance de
l’humanité souffrante qui pense et de l’humanité pensante qui est opprimée.
La vérité n’est plus donnée par a priori, il faut la rechercher en partant de la critique du réel,
du monde tel que les hommes l’ont fait. La réalisation du monde humain passe par la
suppression de la propriété privée (abolition positive) qui est une des causes premières de
l’aliénation, et qui résulte du travail aliéné, obstacle au développement de l'humanité.. Or,
pour supprimer l’aliénation, qui a des racines dans le monde réel, il est nécessaire de
transformer celui-ci. Mais ce n’est ni la conscience du bien général, ni la volonté de son
propre affranchissement qui pousseront une classe particulière à promouvoir l’émancipation
générale, ce sera uniquement la nécessité, le poids des chaînes. Seul le prolétariat peut réussir
car dans cette classe l’humain est totalement nié.
II. Quelques théories Marxistes
A. Le matérialisme historique.
1. Le matérialisme historique est la théorie selon laquelle la production des biens matériels
détermine la vie sociale et l’apparition des idées : " Ce n’est pas la conscience qui détermine
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la vie, mais la vie qui détermine la conscience ". L’histoire ne s’explique donc pas par l’action
volontaire et concertée des hommes : " les hommes font l’histoire mais ils ne savent pas
l’histoire qu’ils font ".
2. Le matérialisme historique a trouvé une expression éclatante dans le manifeste et il s’en
laisse facilement déduire. Il remarque que ce qui distingue les hommes des animaux, c’est
qu’ils produisent leurs moyens de subsistance. Tout progrès dans les moyens de production
entraîne donc une modification dans les conditions mêmes de la production et par suite dans
les rapports que les hommes entretiennent entre eux.
L’histoire est donc en perpétuelle évolution et la société s’édifie suivant les forces productives
et les rapports de production. Avec la production se modifie aussi la division du travail. Elle
crée d’abord la séparation, puis l’opposition de la ville et de la campagne et atteint son degré
de développement suprême dans la division du travail manuel et du travail intellectuel. Cette
évolution se fait en dehors de la volonté des hommes mais la classe dirigeante peut s’imaginer
que se sont de grandes idées de portée universelles qui dirigent son action et non la poursuite
de ses intérêts (mais les idées naissent des conditions matérielles).
Cependant, la conscience et l’idéologie jouent leur rôle dans le développement de l’histoire. Il
faut donc modifier les consciences mais aussi agir sur les rapports de production et les
transformer ce qui n’est possible que par la conscience de classe.
Les classes sociales et leur antagonisme sont le produit nécessaire de la division du travail et
des rapports de propriété qu’elle a entraînés. Chaque classe sociale qui s’est emparée du
pouvoir politique représentait les intérêts de la majorité de la population face à une classe
minoritaire qui le détenait. Le régime féodal a permis à la bourgeoisie de devenir puissance
économique laquelle représentant les intérêts de la nation s’est libérée du joug de la féodalité.
Ainsi l’état apparaît comme l’instrument de la classe au pouvoir et a permis de cautionner le
prolétariat sans lequel la bourgeoisie ne peut assurer son hégémonie économique.
3. Pour aboutir à la société sans classe, Marx fixe 4 étapes. Une phase révolutionnaire et
violente pour désaisir la bourgeoisie de son capital. Une dictature du prolétariat, autoritaire,
pour éviter les actions contre-révolutionnaires. Le socialisme pour relancer la production
économique, phase durant laquelle on appliquera la formule " à chacun selon son travail ".
Enfin le communisme qui consiste à réaliser la distribution égalitaire des produits et permettre
la libre organisation des collectivités. La formule dominante devient alors " à chacun selon ses
besoins ".
B. L’aliénation
1. Le concept d’aliénation.
1. Marx est ici fortement influencé par Feuerbach qui a dénoncé l’aliénation de l’homme par
la religion mais aussi de la dialectique du maître et de l’esclave. Il considère que l’ouvrier est
aliéné par rapport au produit de son travail.
2. Marx décèle trois phases menant à l’aliénation. L’objectivisation, c’est à dire que l’homme
produit une réalité extérieure à lui-même. Le dessaisissement, c’est à dire que cette production
acquiert une existence autonome et devient étrangère à son créateur. Enfin l’asservissement,
c’est à dire que le créateur devient la créature de ce qu'il a créé.
2. L’aliénation religieuse et politique.
1. En matière religieuse Marx reprend l’analyse de Feuerbach. Tout d’abord il y a la
projection des qualités de l’homme générique en un Dieu, laquelle s’explique par des causes
sociales et réelles ( " La religion est le soupir de la créature opprimée, le sentiment d’un
monde sans cœur, et l’âme d’une société sans âme. Elle est l’opium du peuple ".)
2. De même, l’état est une projection des pouvoirs propres de l’homme sur une entité
abstraite. Il considère de même que l’état ne peut être qu’au service de la classe dominante
même si dans la vie politique tout homme est un être communautaire au service de l’intérêt
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général. Avec le dépérissement de l’état, l’administration des choses succédera au
gouvernement des personnes.
3. L’aliénation dans le travail.
1. L’ouvrier est d’abord aliéné par rapport au produit de son travail dont il est dépossédé après
l’avoir fabriqué. Il est extérieur à l’objet qui est approprié par le capitaliste. Or celui-ci en
produisant le capital va permettre d’acheter la force de travail de l’ouvrier.
2. L’ouvrier est aliéné par rapport à l’activité de travail elle-même. Il ne contrôle pas le
processus de production, il ne produit plus les objets entiers. Ce travail " ruine son esprit et
meurtrit son corps ".
3. Il est aliéné par rapport au genre humain. En théorie, l’homme ne produit pas seulement
pour satisfaire ses besoins mais aussi pour se réaliser. Or, avec le travail salarié, l’homme ne
produit que pour satisfaire ses besoins. L’homme trouve donc sa satisfaction dans les activités
animales.
4. L’ouvrier est aliéné par rapport aux autres hommes. Le capitaliste ne voit en lui qu’un
moyen pour augmenter sa plus-value et il est en concurrence avec les autres ouvriers sur le
marché du travail.
Notons que le capitaliste lui aussi est aliéné puisqu’il est poussé par la compétition et la
rationalisation du travail et car il n’a qu’un rapport théorique au travail.
L’aliénation par le travail sera remplacée, dans Le Capital par le concept de fétichisme de la
marchandise, c’est à dire que la valeur des produits finit par être attribuée à leur valeur
intrinsèque en oubliant qu’ils ont été fabriqués par des hommes.
Octobre 1999
© Bibelec, 1997-2000
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