Stéphane THIDET Refuge 2007 FICHE PEDAGOGIQUE ENSEIGNANTS SERIE UN JOUR / UNE OEUVRE Stéphane Thidet 1974, Paris Intérieur : une table, une applique plafond, un tabouret 6 livres (Thomas Mann - La mort à Venise; Benito Perez Baldos - Misericordia; Louis CousinDespreaux – Les leçons de la nature; André Gide – Isabelle, La symphonie pastorale, Paludes; Alexandre Kouprine – Le duel; Hans Christian Andersen – Contes) un miroir, 2 bols à anse, une patère, une carafe un coffre (matériel visserie + bols), une marmite fonte Installation Bois, plafond de pluie, meubles 450 x 560 x 360 cm Refuge 2007 " À la fois sombre et émerveillé, le monde de Stéphane Thidet offre des visions distordues de la réalité. Ses oeuvres suggèrent un ailleurs, une fiction non accessible mais perceptible, qui confronte le spectateur à un nouvel «état des choses». Souvent liées à l’enfance ou au divertissement, elles dévoilent une certaine perte d’innocence, une inquiétude, qui, par l’état de tension permanent qu’elle suppose, provoque une agitation, un tumulte intérieur fécond. Comme pour Alice aux Pays des merveilles, dans l’univers de Stéphane Thidet, les choses et les situations se soustraient à un usage habituel du monde au profit d’une réalité hybride, qui installe un jeu de lectures croisées. " Sophie Kaplan, directrice du Crac Alsace Service Educatif – Les Abattoirs - 2010 Stéphane Thidet est un artiste qui crée des univers convoquant la fiction, des mises en scène rejouant des moments filmiques "inversés" par rapport à l'ordre de la réalité. Avant toute reconnaissance ou intelligence du regard, les dispositifs de l'artiste sont des « pièges à raison » qui fonctionnent à partir du jeu et du rite, de la frustration et du doute. La question de l’échelle, l’inquiétante familiarité et le renversement des données temporelles et spatiales constituent les éléments d’un scénario qu'il nous invite à expérimenter. L’enjeu réside dans l’impossibilité de voir se concrétiser le dispositif dans le réel. En cela, l’échelle 1 détient les qualités requises : dimensions et matériaux d'une fabrication " grandeur nature ". Ce n’est pas un jouet, ce n’est pas non plus un modèle réduit, ni une maquette, c’est un vrai cabanon, re-visité par un artiste, où intérieur et extérieur se voient inversés. Il pleut dans l'abri. Bien que tout soit largement ouvert - porte et fenêtres -, on ne peut y pénétrer ! Cet espace est impraticable. On se trouve hors d'un lieu où tout est possible, dans un éternel présent pluvieux qui étire le temps. Suspendue entre deux moments, entre deux états, cette oeuvre fait le choix de l’indécision pour poser les limites ouvertes de son territoire. Ce paradoxal "refuge", que l’artiste avait initialement montré dans le cadre du Printemps de Septembre, use de l’inachevé, le mouvement y est sans fin. Cette pluie torrentielle incessante dénie la fonction première de toute architecture : abriter. Elle a des incidences sur l'état général de la structure en bois qui évolue au fil du temps (couleur, consistance, odeur). Quand cette pluie a-t-elle commencé à tomber avec cette violence tropicale ? Ce déluge prendra-t-il fin un jour ? Doit-on s'attendre à la destruction irrémédiable de cette construction sommaire ? L'intérieur ne dénote aucune possibilité de séjour : il y fait froid, humide et sombre. L'unique ampoule ne déverse qu'une lumière blafarde, la pénombre y règne ; malgré ces conditions inhospitalières, le passage d'occupants se donne à voir : la présence de livres et d'objets usuels assez désuets prouve que ce lieu fût investi. Mais il semble bien que ces êtres aient été contraints de fuir rapidement, la clé laissée sur la porte grande ouverte en constitue un indice. A partir de là, l'imaginaire du public entre en action, chacun étant conduit à se raconter une histoire… Rencontre fortuite entre une forme archaïque d’architecture (la cabane) et une forme primaire d’événement (la pluie), cette pièce compose le tableau délicat d’une lente destruction à venir. L’installation se donne à voir comme un lieu poétique livré aux caprices du temps – dans tous les sens du terme (météorologie et durée). Nos sens sont assaillis par le bruit, les reflets, la température, les odeurs et la texture du bois… Mots clés : Œuvre multi sensorielle, architecture, abri, étrangeté, narration, fiction, rêve, conte, surréalisme, temporalité, mise en abyme (une boîte dans une boîte – le musée), œuvre évolutive Service Educatif – Les Abattoirs - 2010