2 - Des implications à long terme
Redynamiser l'appareil productif national et rendre plus opérationnelles
les structures contrôlées par l'État, voilà les objectifs poursuivis dans un premier
temps. Mais derrière ces objectifs à court terme se profilait dès le début un projet
à long terme, celui d'attirer des investissements privés et d'insérer le pays
davantage dans les échanges mondiaux. Compte tenu des faibles dotations en
capital d'origine sénégalaise, susceptible de se diriger vers des domaines autres
que celui, traditionnel, du commerce, il s'agissait de solliciter avant tout des
firmes étrangères.
Pour cela, il devenait indispensable d'améliorer tout d'abord
l'environnement institutionnel et de promouvoir ce qu'il est convenu d'appeler la
« culture d'entreprise ». Des mesures censées lever les obstacles à la création
d'unités de production et assurer leur bonne marche vont dans ce sens, que ces
obstacles concernent le cadre juridique et réglementaire, l'implication des
représentations professionnelles dans les négociations avec l'État,
l'investissement, l'accès aux facteurs techniques de production, l'adoption de
nouvelles technologies, etc. Le projet de renforcement du secteur privé, lancé en
1996 avec un crédit de 12,5 millions $ octroyés par la Banque mondiale répond à
ces préoccupations. Le projet compte quatre institutions : le Groupe de réflexion
pour la compétitivité et la croissance (GRCC), la Fondation secteur privé (FSP), le
Comité de réforme juridique (CRJ) et la Cellule de gestion et de contrôle du
portefeuille de l'État. La Cellule d'appui à l'environnement de l'entreprise
(CAEE), elle, est financée par la coopération française et veille, entre autres, à une
meilleure circulation de l'information et à l'introduction de plus d'orthodoxie
gestionnaire auprès des PME de la place, et ceci via les Centres de gestion agréée
(CGA)3.
En ce qui concerne les outils susceptibles de promouvoir l'ouverture vers
l'extérieur, on peut mentionner tout d'abord l'antenne dakaroise de la Bourse
régionale des valeurs mobilières, antenne créée en 1998 et qui est désormais
opérationnelle. L'OHADA (Organisation pour l'harmonisation du droit des
affaires), elle, vise l'harmonisation du dispositif juridique de quatorze pays
africains4 (droit commercial, droit des sociétés, sûretés). L'installation d'une Cour
d'arbitrage et de justice qui joue le rôle de Cour de cassation vient compléter ce
dispositif. Enfin, le SYSCOA (Système de comptabilité ouest-africain) harmonise
la gestion des entreprises implantées dans la sous-région. Le fondement est le
même que celui qui anime l'OHADA : permettre aux investisseurs de trouver, au
sein de la CEDEAO, les mêmes références juridiques et comptables.
Toujours dans le souci de favoriser l'investissement et de rassurer les
entrepreneurs, on a assisté à une série de mesures telles que l'allègement des
tarifs douaniers — ainsi, le matériel informatique importé bénéficie de
3 Cf. le dossier CAAE, 1997 et SAMB, LO, 1998.
4 Dont les neuf pays membre de la CEDEAO (Conférence économique des États d'Afrique de
l'Ouest) : Bénin, Burkina Faso, Côte d'Ivoire, Guinée, Mali, Mauritanie, Niger, Sénégal, Togo. Voir
le site internet : www.primature/neuf/ohada.htm (consultation le 20.5.99).