GENRE
DATE(S)
HORAIRE(S)
DURÉE
SPECTACLE
THÉÂTRE COUVERT
CHÂTEAUVALLON.COM
04 94 22 02 02PROCHAINEMENT
MENTIONS
THÉÂTRE
VENDREDI 25 ET SAMEDI 26 MAI 2018
20H30
LE PAYS LOINTAIN
TEXTE - JEAN-LUC LAGARCE
MISE EN SCÈNE - CLÉMENT HERVIEU-LEGER
Production La Compagnie des Petits Champs
La Compagnie des Petits Champs est conventionnée par la Drac Normandie, Ministère de la Culture et de la Communication, reçoit
le soutien de la Région Normandie, du Département de l’Eure, et de l’Odia-Normandie.
Coproduction Théâtre National de Strasbourg, Théâtre de Caen, Scène Nationale d’Albi, Châteauvallon – Scène Nationale
GENRE
DATE(S)
HORAIRE(S)
DURÉE
SPECTACLE
THÉÂTRE COUVERT
CHÂTEAUVALLON.COM04 94 22 02 02PROCHAINEMENT
MENTIONS
COPRODUCTION
Pensionnaire de la Comédie-Française et codirecteur de la Compagnie des Petits
Champs, Clément Hervieu-Léger est un homme de passions, tant pour le théâtre de
répertoire, le théâtre contemporain que l’opéra. En 2015, Châteauvallon accueillait la
comédie-ballet de Molière et Lully,
Monsieur de Pourceaugnac
, et en 2014 au Baou,
Voyage en Uruguay
. Nul doute que sa lecture de la dernière pièce écrite par Jean-Luc
Lagarce quelques semaines avant de mourir, en 1995, n’éclaire d’un regard neuf la
beauté de sa langue. Celui qui savait si bien raconter sa génération déroule le fil de la vie
d’un homme sans histoire, ses rencontres, ses amis, sa famille, ses amours. Aujourd’hui
Clément Hervieu-Léger a le même âge que le héros, Louis… En connivence avec l’auteur,
il reprend l’esprit de troupe présent dans son œuvre et reconstitue autour de lui « sa »
famille, notamment Loïc Corbery dans le rôle-titre.
LE PAYS
LOINTAIN
De Jean-Luc Lagarce
Mise en scène
Clément Hervieu-Léger
Musique
Pascal Sangla
Scénographie
Aurélie Maestre
Costumes
Caroline de Vivaise
Lumières
Bertrand Couderc
Réalisation sonore
Jean-Luc Ristord
Distribution
Louis - Loïc Corbery de la Comédie Française
Longue Date - Vincent Dissez
L’ Amant mort déjà - Louis Berthélemy
Un Garçon, tous les Garçons - François Nambot
Le Guerrier, tous les Guerriers - Daniel San Pedro
Le Père, mort déjà - Stanley Weber
La Mère - Nada Strancar
Antoine - Guillaume Ravoire
Suzanne - Audrey Bonnet
Catherine - Aymeline Alix
Hélène - Clémence Boué
Le Pays Lointain est publié
aux Editions Les Solitaires Intempestifs.
Ce sont Molière et Marivaux qui m’ont naturellement conduit vers le théâtre de
Jean-Luc Lagarce. Lagarce qui, s’il n’avait été emporté par la maladie, aurait
aujourd’hui 58 ans. Pourquoi cet auteur contemporain nous apparaît-il comme
un auteur « classique » - entendons ici le terme « classique » comme la seule
reconnaissance d’une appartenance à un corpus partagé constitutif de notre iden-
tité commune - ? Pour la beauté de sa langue, bien sûr, qui emprunte autant à la
métrique racinienne qu’à la conversation courante. Mais peut-être plus encore
parce que Jean-Luc Lagarce nous permet de raconter notre propre génération,
indépendamment de la date d’écriture de ses pièces. Certes, le théâtre de Lagarce
est profondément ancré dans ce qu’on appellera tristement plus tard les « années
sida » mais il ne se réduit pas au témoignage circonstancié d’une période donnée.
Louis, comme Alceste ou Lucidor, nous interroge sur nous-même : que veut dire
vivre lorsqu’on est encore jeune et que l’on sait qu’on va mourir demain ? Je n’ai
pas connu cette période à la fois sombre et folle des années 80 où l’on jouait, sans
le savoir, avec l’amour et la mort. Mais j’ai aujourd’hui l’âge de Louis.
Je me souviens de cet ami fêtant avec incrédulité ses trente-trois ans, persuadé
depuis l’enfance qu’il n’atteindrait jamais cet âge. Son père était mort à trente-
trois. Lui n’avait alors que neuf ans.
Je me souviens d’un soir de Noël au théâtre où, après la représentation, nous
avions organisé une petite fête entre nous. Nous nous offrions des cadeaux. Nous
nous sentions « en famille ». Une famille choisie où chacun tenait son rôle : qui
la mère, qui le frère ou la sœur.
Je me souviens des mots de Patrice Chéreau pendant que nous répétions
ve
d’Automne
au Musée du Louvre : « Les êtres aimés sont eux aussi des fantômes,
mes fantômes – vivants : ils disparaissent, ils réapparaissent parfois. Ils me
hantent et m’habitent, je les convoque tous les jours. »
J’ai, moi aussi, mes fantômes. Mes souvenirs. Et mes obsessions. Celles que je
ressasse d’un spectacle à l’autre. Il y a la nostalgie. La nostalgie n’a rien à voir
avec la simple tristesse. C’est une forme de mélancolie causée par l’éloignement
du pays natal. C’est un regret attendri, un désir vague. La douleur de l’impos-
sible retour. C’est un rapport au temps. La nostalgie n’est pas la réaction, elle est
le propre de la condition humaine. Monter
Le Pays Lointain
dans son intégralité
nous oblige à interroger et accepter cet autre temps fait de longueurs, de lan-
gueur, d’ellipses et de brusques fulgurances. C’est faire du théâtre le lieu même
du mouvement introspectif et du questionnement nostalgique. Chacun a son pays
lointain. Ainsi le théâtre de Lagarce nous permet de convoquer nos fantômes pour
raconter notre propre histoire.
Ils se retrouveraient sur une aire de stationnement, un de ces parkings qui bordent
les routes nationales où les familles s’arrêtent pour pique-niquer à l’heure du
déjeuner et où des hommes se retrouvent une fois la nuit tombée. Un lieu de
passage où tout s’échange : les paroles comme les silences. Ils se seraient donnés
rendez-vous là.
Il me fallait réunir pour ce projet une distribution avec laquelle je partage une
véritable intimité. Il me fallait composer une famille. La plupart des acteurs ras-
semblés ont ainsi déjà travaillé avec la Compagnie des Petits Champs. L’esprit
de troupe est central dans l’œuvre de Jean-Luc Lagarce. Il allait de soi que Loïc
Corbery qui a été Alceste et Lucidor incarne Louis. Loïc a des faux-airs d’Hervé
Guibert. C’est aussi ce qui me plaît. Je ne crois pas, en effet, qu’il faille consi-
dérer le personnage de Louis par le seul prisme de la biographie de Lagarce. Je
crois, au contraire, qu’à l’instar des grands rôles du répertoire, il est une figure à
reconstruire à chaque mise en scène. L’auteur du
Mausolée des amants
est ainsi
pour moi une source d’inspiration majeure. Son rapport au désir et sa relation
aux autres éclairent autrement le texte de Jean-Luc Lagarce. Il fait planer sur
Le
Pays lointain
les souvenirs d’une autre « famille », celle qui se réunissait rue de
Vaugirard autour de Michel Foucault.
Pourquoi le théâtre de Lagarce fait aujourd’hui parti de « nos classiques » ? Peut-
être simplement parce qu’il répond à cette définition de Charles Garnier : « est
classique tout ce qui se construit ».
Clément Hervieu-Léger
JEAN-LUC LAGARCE
Jean-Luc Lagarce (né le 14 février 1957 – décédé le 30 septembre 1995) est un
homme de théâtre : comédien, metteur en scène, directeur de troupe et écrivain
dramatique. C’est aujourd’hui l’auteur contemporain le plus joué en France, et glo-
balement l’auteur le plus joué après Shakespeare et Molière, mais avant Racine et
Tchekhov. La simplicité de ses mots, la profondeur de sa pensée et l’originalité de
sa syntaxe font de lui un écrivain classique contemporain. Ses textes font l’objet
de multiples traductions et sont joués dans de nombreux pays.
Il a écrit entre autres les pièces
Derniers remords avant l’oubli
,
Les Prétendants
,
J’étais dans ma maison et j’attendais que la pluie vienne
, J
uste la fin du monde
et
Le Pays lointain
. Auteur et metteur en scène, il fait des études de philosophie
lorsqu’il fonde le Théâtre de la Roulotte en 1978. Il met notamment en scène
Marivaux, Labiche, Ionesco puis ses propres textes. Il laisse une oeuvre riche de
plusieurs dizaines de pièces, plusieurs récits et un roman,
Voyage à La Haye
. Ses
écrits sont redécouverts par les critiques et les metteurs en scène. Il achève ses
études de philosophie et réussit sa maîtrise,
Théâtre et Pouvoir en Occident
, qui
sera publiée.
Le théâtre de Lagarce est centré sur le discours, il laisse pleu de place à l’intrigue.
Son écriture procède par incises, les personnages reprennent sans cesse ce qu’ils
viennent de dire en le modifiant, le texte devient paradoxalement de plus en plus
flou. Le théâtre de Lagarce interroge la capacité de tout un chacun à dire vraiment
les choses.
Il est candidat à la Villa Médicis, mais y est refusé. En 1990, il reçoit le prix
Léonard de Vinci, bourse de la Villa Médicis pour l’étranger et part à Berlin, d’où
il écrira
Juste la fin du monde
, qui sera refusé par le jury de la Villa. Il est au pro-
gramme du baccalauréat théâtre (2007-2008, 2008-2009 et 2009-2010) avec deux
oeuvres :
Juste la fin du monde
et
Nous, les héros
.
Jean-Luc Lagarce est décédé précocement à 38 ans, atteint du sida, comme l’autre
grand dramaturge de sa génération Bernard-Marie Koltès.
Deux oeuvres de Jean-Luc Lagarce,
Juste la fin du monde
et
Dernier remords avant
l’oubli
, sont inscrites au programme de l’agrégation de lettres modernes, de lettres
classiques et de grammaire, pour la session de 2012. Il a été adapté au cinéma par
Xavier Dolan qui réalise le film
Juste la fin du monde
sorti en 2016. Et ce film est
récompensé la même année au festival de Cannes.
LA CIE DES PETITS CHAMPS
La Compagnie des Petits Champs a été créée le 10 mai 2010 par Clément Her-
vieu-Léger et Daniel San Pedro. À la fois comédiens et metteurs en scène, ils ont
souhaité, parallèlement à leurs carrières individuelles, se doter d’une structure
juridique et artistique leur permettant de réunir autour d’eux une équipe consti-
tuée de personnalités rencontrées au gré des spectacles auxquels ils ont parti-
cipé ces dernières années, avec l’objectif de s’engager ensemble dans un projet
théâtral permettant d’articuler pratique scénique, réflexion esthétique et ancrage
territoriale. Ils ont été rejoints dès la création de la compagnie par Martin Roch
qui en assure l’administration.
La Compagnie des Petits Champs, dont le nom évoque aussi bien les paysages
bocagers que les riches heures de Port-Royal, est en effet installée à Beaumon-
tel dans l’Eure, au cœur d’une région agricole particulièrement dynamique. Si le
lieu de cette installation s’est imposé à la compagnie en égard à des attaches
familiales et affectives, le choix de se développer en zone rurale relève lui d’une
volonté profonde de faire se confronter deux mondes dont les images et les règles
peuvent sembler antinomiques : le théâtre et la campagne. Cette confrontation ne
veut pas être un échange à sens unique. Il ne s’agit pas de venir porter la « bonne
culture », comme on porterait la « bonne parole », à un public supposé dépourvu
d’attentes propres. Il s’agit au contraire d’organiser un véritable espace d’interac-
tion avec des effets patents sur le public comme sur les artistes.
Au public, la Compagnie des Petits Champs, en partenariat avec les structures dé-
partementales et régionales existantes, souhaite offrir une proposition culturelle
de qualité tout en développant une véritable proximité entre les spectateurs et les
artistes. Ce n’est que dans cette proximité, qui peut prendre des formes diverses
(rencontres, répétitions ouvertes, pratique en ateliers, petites formes etc.) que l’on
peut espérer fidéliser un public disposé à la compréhension critique et à l’appro-
priation des réalisations scéniques les plus exigeantes.
Aux artistes, la compagnie entend leur proposer une pratique du terrain et un
cadre de travail différents, loin de certaines contraintes urbaines, afin que chacun
d’entre eux puisse réinterroger son propre rapport au travail et à la création.
Un lieu de répétition, d’exposition et de pratiques artistiques pluridisciplinaire a
ainsi été aménagé dans une ancienne étable réhabilitée. L’Etable, qui n’est pas
destinée à être un lieu de diffusion, a pour vocation d’être un véritable lieu de
création et de formation, favorisant les échanges entre les artistes en résidence
et la population locale.
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