Jean-Luc Lagarce dans le mouvement dramatique les 28 et 29 mars

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Jean-Luc Lagarce dans le mouvement dramatique
les 28 et 29 mars 2008
Sous la direction de Jean-Pierre Sarrazac et Catherine Naugrette
le 28 mars à l’Université Paris-Sorbonne
le 29 mars dans la Grande Salle du Théâtre National de la Colline
Coordination : Anne Goalard et Ariane Martinez
Université de Paris-III (Institut d’études théâtrales) et Théâtre National de la Colline
Choisir de resituer Jean-Luc Lagarce dans le mouvement dramatique, c’est insister sur les continuités,
sur les relations de filiation qui existent entre cet auteur éminemment contemporain et des dramaturgies
du tournant du XXe siècle, voire d’époques plus anciennes, tels l’âge classique ou celui des Lumières.
C’est aussi dessiner un portrait de groupe qui mettra en valeur les liens esthétiques existant entre
Lagarce et d’autres dramaturges d’aujourd’hui. C’est enfin témoigner d’une œuvre en mouvement,
c’est-à-dire profondément novatrice qui, d’une pièce à l’autre, ne cesse de réinventer les formes du
drame et de la scène.
Le colloque « Jean-Luc Lagarce dans le mouvement dramatique » se déroulera suivant deux axes :
- Le premier, sous le titre « Intertextualité Lagarcienne », donnera lieu à une série d’interventions sur
ce que Gérard Genette appellerait le « palimpseste » lagarcien : présence, implicite ou explicite, discrète
ou manifeste du texte d’autres écrivains de théâtre dans celui de Lagarce.
- Le second, intitulé « Enjeux communs, gestes lagarciens » nous amènera à rendre compte de cette
dialectique qui s’instaure, dans le théâtre moderne et contemporain, entre des enjeux dramaturgiques
communs liés au devenir de la forme dramatique – effacement du personnage, choralité, émergence du
récit, fragmentation, déconstruction du dialogue, etc. – et le geste esthétique singulier que chaque
dramaturge élabore pour répondre à ces enjeux.
Programme
Vendredi 28 mars 2008
Grand Salon de la Sorbonne
(entrée par le 47, rue des écoles)
M° St-Michel ou Odéon
> 9h30 : Ouverture du colloque par M. le Président de Paris III, par François Berreur et par JeanPierre Sarrazac.
Matin
Les Enjeux et les Gestes
Séance présidée par Jean-Pierre Sarrazac
> 10h : Hélène Kuntz et Sylvain Diaz : « Aux limites du dramatique : Juste la fin du monde, J’étais
dans ma maison et j’attendais que la pluie vienne, et Les Prétendants ».
L’action, fondement du genre dramatique, occupe une place centrale dans Les Prétendants, alors qu’elle
est soumise dans des pièces ultérieures comme Juste la fin du monde et J’étais dans ma maison et
j’attendais que la pluie vienne à des forces qui entrent en contradiction avec elle, principalement le
statisme et la rétrospection. Pourtant, Les Prétendants témoignent déjà d’une mise à l’épreuve de
l’action et de la volonté de Jean-Luc Lagarce de réévaluer, repenser et redéfinir cette notion fondatrice.
En ce sens, cette pièce vient éclairer l’émergence à venir d’un personnage récitant plutôt qu’agissant,
porteur d’une voix à la musicalité singulière qui pourrait être celle de l’auteur.
> 10h30 : Marie-Isabelle Boula de Mareuil : « Narration, rétrospection et rêve dans De Saxe, roman ».
Dans De Saxe, roman, J.-L. Lagarce reprend trois gestes qui animent depuis plus d’un siècle l’écriture
du drame moderne et contemporain : le jeu de rêve, tel que nous le rencontrons chez Strindberg ou
Adamov, la narration, présente dans les drames de B. Brecht ou dans ceux de Danis, et enfin la
rétrospection qui est à l’œuvre, entre autres exemples, chez Beckett ou Müller. Cette pièce offre une
dramaturgie originale reposant sur l’emboîtement de trois jeux de retour : retour sur l’histoire, à travers
le geste narratif et le geste rétrospectif, deux modalités de jeu rendues possibles par une troisième, celle
du rêve, à travers lequel s’effectue le retour de l’histoire. Pris au piège de la grande Histoire, le jeune
duc de Saxe convoque le récit épique et le dialogue dramatique en continuant de rêver au retour d’une
histoire toujours déjà jouée et racontée.
> 11h : Alexandra Moreira da Silva : « Briser la forme : vers un "paysage fractal" (Juste la fin du
monde et Le Pays lointain) ».
L’œuvre de Jean-Luc Lagarce se présente, nous semble-t-il, sous la forme d’un vaste « paysage
fractal ». En effet, à l’instar de ce qui se passe à l’intérieur d’un texte comme Juste la fin du monde, les
principes d’itération et d’auto-similarité permettent à l’auteur de reprendre non seulement certains
personnages d’un texte à l’autre, mais aussi des situations, des motifs, des répliques, voire, des scènes.
C’est, à l’évidence, le cas de Le Pays lointain où Jean-Luc Lagarce revient sur Juste la fin du monde,
tout en élargissant le cadre des relations à d’autres sphères intimes. Néanmoins, nous pouvons y repérer
la même structure irrégulière et la même similitude interne, bien qu’étendues et amplifiées. C’est donc à
l’analyse de ce « processus d’itération théoriquement infini » que nous consacrerons notre intervention.
> 11h30 : Malgorzata Sugiera et Mateusz Borowski (Université Jagellon de Cracovie) : « “Non, ça ne
se passe là, devant moi”. La mimèsis reformulée dans le théâtre-récit lagarcien ».
Notre présentation a pour point de départ une remarque faite au milieu des années soixante par Witold
Gombrowicz, auteur polonais appartenant à l’avant-garde de l’après guerre, lorsqu’il travaillait sur
L’Opérette, sa dernière pièce, et n’arrivait à trouver de solutions face à la convention théâtrale
traditionnelle qui rendait impossible le développement de métaphores scéniques plus étendues.
Si nous considérons les constatations de Gombrowicz dans une perspective actuelle, nous remarquerons
clairement qu’elles ne diffèrent pas considérablement des diagnostics formulés trente ans plus tard par
Jean-Luc Lagarce au sujet du paradigme théâtral traditionnel. Néanmoins, l’auteur français fait appel à
des solutions dramatiques et théâtrales entièrement différentes. Dans les pièces comme Juste la fin du
monde (1990) et Le pays lointain (1994), il cherche une manière de sortir de l’impasse dans laquelle
s’était déjà retrouvé l’auteur polonais, en se servant pour cela de deux formes différentes du théâtre–
récit. Dans les pièces de Lagarce le théâtre-récit devient une forme nouvelle, non canonique de la
mimèsis, qui aide non seulement à renouer des liens avec les spectateurs mais aussi propose des
stratégies uniques en leur genre en ce qui concerne la présentation aussi bien du passé (potentiel) des
personnages que de leur possible avenir.
> 12h : Discussion
Après-midi
Intertextualité Lagarcienne
Séance présidée par Joseph Danan
> 14h30 : Marianne Bouchardon : « “Sur les cîmes de la grande forêt racinienne” : Histoire d’amour
(repérages) et Histoire d’amour (derniers chapitres) ».
« Histoire d’amour, c’est une autre histoire, à l’origine » : celle, peut-être, du trio d’amants de Bérénice,
pièce matricielle pour Duras et, à travers elle, pour Lagarce, qui lui reprend ici sa simplicité d’action, sa
forme statique ainsi que sa tonalité élégiaque. Nul « hélas de poche », pourtant, dans cette anamnèse
diffractée par les épanorthoses, les modalités et le conditionnel, où se fait entendre une forme
paradoxale d’élégie, liée non à l’expression du sentiment d’un bonheur passé et perdu, mais à
l’impossibilité même de cette expression. Notion critique, définie dans la rhétorique classique par son
exclusion des catégories constitutives des autres genres, l’élégie intervient chez Lagarce comme le
symptôme d’un changement de paradigme du drame.
> 15h : Sandrine Le Pors et Jonathan Châtel : « “C’est donc un amoureux qui parle et qui dit.” Des
Fragments de Barthes aux Chapitres de Lagarce. »
Cette communication propose de relire Histoire d’amour (derniers chapitres) de Lagarce en regard des
Fragments d’un discours amoureux de Barthes de telle façon à éclairer les écritures de ces deux auteurs,
tant dans leur rapport au temps et plus encore au temps amoureux, qu’au corps mais aussi au corps du
langage qui, confronté au dire de l’amour, éprouve avec vertige son aporie et ses propres limites.
Chemin faisant, il s’agit de voir non seulement comment le théâtre de Lagarce est traversé par ces
certaines figures barthésiennes mais aussi comment l’écriture de l’amour chez Barthes ou l’écriture de
l’amour et de la mémoire chez Lagarce sont imprégnées par une même sensibilité stylistique et
partagent une identique posture d’énonciation.
> 15h30 : Marie Duret : « Le mouvement vaudevillesque des Prétendants. »
Par la fulgurance des répliques et des situations, le va-et-vient entre équilibre et déséquilibre et le
passage de la sérénité à l’affolement, le mouvement dramatique des Prétendants tend au mouvement
dramatique du vaudeville. « Ahhhh ! ça commence ! » s’exclame Madame Louis, marquant le début des
festivités. Engrenage, amplification, course-poursuite, explosion, chute libre, les personnages se
trouvent dans un état de tension constante. Une phrase, un simple mot provoque l’instabilité. Jeu de
manœuvres, chorégraphie tactique, il devient primordial de trouver la meilleure place. Il s’agira
d’interroger les enjeux du mouvement vaudevillesque dans l’écriture de Lagarce et le recours à
l’intertextualité pour dire la réalité contemporaine.
> 16h : Discussion, suivie d’une pause
Séance présidée par Marie-Christine Lesage
> 16h30 : Anaïs Bonnier et Julie Sermon : « “À propos, et la Cantatrice Chauve ?”. »
Les affinités qui lient le théâtre de Jean Luc Lagarce à celui de Ionesco ont pour spécificité d’être
reconnues et assumées par l’auteur, qui s’avoue fasciné dès ses débuts par La Cantatrice chauve.
Des pièces de jeunesse, écrites sous l’influence très forte de Ionesco, aux pièces de maturité, où
l’empreinte se fait plus diffuse, il s’agira de suivre la trace et les anamorphoses d’une rencontre théâtrale
matricielle, qui interroge les clichés et met en scène les rituels de « l’universelle bourgeoisie ».
> 17h00 : Alice Folco : « Lagarce – Lorca : Polyphonies de la discorde ».
Le désir de fuir le cercle des proches et le constat d’échec de tout échange véritable sont deux motifs
obsédants des pièces de Lorca et de Lagarce. La Maison de Bernarda Alba, Dona Rosita… ou Noces de
sang sont autant de polyphonies de la discorde dont on peut trouver l’écho dans J’étais dans ma
maison…, Derniers remords…, Juste la fin du monde ou Le Pays lointain. Le poids du qu’en-dira-t-on y
est cependant moins fort, et le pouvoir coercitif du groupe social moins grand : la catastrophe qui
dénoue tragiquement les pièces de Lorca est évitée, mais la condamnation des personnages au
commentaire impuissant des faits se généralise, s’intériorise et semble devoir persister indéfiniment.
> 17h30 : Catherine Naugrette : « Figures du temps et de la mémoire : Proust, Beckett, Duras ».
A partir de certaines pièces de Jean-Luc Lagarce (en particulier J’étais dans ma maison… et Juste la fin
du monde), cette intervention se propose d’engager une réflexion autour des rapports du temps et du
théâtre, tels que les met en jeu l’œuvre lagarcienne, au travers d’un tissage permanent avec d’autres
textes, d’autres auteurs, ainsi Tchekhov, Beckett, Duras. Il s’agira de cerner quelques figures
exemplaires, dont celles de l’attente ou de l’annonce, qui engagent la matière même du temps, dans
l’instant ou dans la durée, en faisant resurgir la mémoire ou en permettant d’entrevoir l’avenir.
> 18h : Discussion
Soirée
Représentation de Juste la fin du monde dans la mise en scène de Michel Raskine à la ComédieFrançaise.
Samedi 29 mars 2008
Théâtre national de la Colline
rue Malte-Brun à Paris
> 9h30 : Ouverture de la seconde journée par Alain Françon et par Catherine Naugrette.
Matin
Les Enjeux et les Gestes
Séance présidée par Catherine Naugrette
> 9h45 : Jean-Pierre Ryngaert et Emmanuel Motte : « Récurrences identitaires et originalité des
figures ».
Le personnel dramatique de l’œuvre de J.L. Lagarce suit en partie des tendances que l’on peut formuler
à propos de beaucoup de textes d’aujourd’hui : amaigrissement identitaire, estompage des traits
caractéristiques, par exemple. D’autre part, certains personnages font retour d’une pièce à l’autre, sans
qu’il s’agisse exactement de la même figure.
Entre appartenance à des principes dramaturgiques communs et originalité, il s’agit de mesurer
comment ces personnages emplissent la fonction ou obéissent au « rôle » à l’intérieur du vaste système
des dénominations.
> 10h15 : Geneviève Jolly : « La choralité ou la mise en mouvement de la parole théâtrale dans Histoire
d’amour (Repérages) et (Derniers chapitres), J’étais dans ma maison et j’attendais que le pluie vienne,
et Le Pays lointain). »
Il s’agira de montrer comment s’élabore et se complexifie progressivement le principe de la choralité
dans le théâtre de Jean-Luc Lagarce, à partir de (Histoire d’amour (Repérages) et Histoire d’amour
(Derniers chapitres), puis J’étais dans ma maison et j’attendais que le pluie vienne, pour aboutir à la
dernière pièce, Le Pays lointain. L’objectif consiste d’abord à identifier et présenter les différentes
formes de choralité identifiables dans les pièces (personnage extérieur à la fiction ou à l’action,
personnage multiple, polylogue), pour ensuite montrer quels sont les enjeux de cette remise en cause
d’une conception traditionnelle de l’échange dialogué (absence de conflit, remise en cause du
personnage et de l’espace-temps), et enfin analyser en quoi cela modifie dans le même temps le rapport
du spectateur aux fictions ainsi proposées, par le biais de cette mise en mouvement (éclatement,
polyphonie) de la parole théâtrale.
> 10h45 : Julie Valero : « Diarisme et écriture dramatique : du journal à l’espace autobiographique ».
La récurrence de certains motifs et situations dans le théâtre lagarcien nourrit chez le lecteur la
conviction d’être en présence de pièces autobiographiques. Ne peut-on plutôt considérer l’œuvre
lagarcienne dans son ensemble (pièces, récits, essai, film) comme une architecture de textes ouvrant une
perspective de lecture plus enrichissante et appréhender l’œuvre dramatique comme fragment d’un
« espace autobiographique » (Ph. Lejeune) ? Dès lors, plus « dramaturgie subjective » que théâtre
autobiographique, le drame lagarcien sera l’occasion de mettre en jeu des notions débordant le seul
cadre dramatique telle que l’autofiction. Entre journal et oeuvre, entre écriture personnelle et fabrique du
drame, nous observerons ainsi la lente et complexe construction d’une image de soi.
> 11h15 : Armelle Talbot : « L’épanorthose : de la parole comme expérience du temps ».
A l’œuvre notamment dans le théâtre de Duras et de Sarraute, la répétition-variation fait de la parole le
lieu exclusif du drame, entérinant la désertion de l’action au profit d’un dialogue ressassant qui porte
l’accent sur les péripéties de l’énonciation. Or Lagarce pousse ce geste à son paroxysme en conduisant
unanimement ses personnages à se reprendre et à se corriger. Sous la forme spécifique de l’épanorthose,
se joue en fait la singularité d’une écriture qui revient inlassablement sur ses pas, à l’échelle de la
réplique, de la pièce et de l’œuvre tout entière. Tendue entre un début de phrase dont il est difficile
d’assumer l’héritage et un point dont on peut se demander, à le voir sans cesse différé, s’il n’équivaut
pas à une sentence de mort, l’épanorthose lagarcienne se livre comme une expérience vertigineuse du
temps.
> 11h45 : Jean-Pierre Sarrazac : « De la parabole du fils prodigue au drame-de-la-vie »
Juste la fin du monde (1990), J’étais dans ma maison et j’attendais que la pluie vienne (1994), Le Pays
lointain (1995) forment, avec Retour à la citadelle (1984), un ensemble thématique centré sur la figure
du Fils prodigue. Chez Lagarce, dont on connaît l’intérêt pour le Siècle des Lumières, le rappel de la
parabole biblique renvoie à la peinture de Greuze et, surtout, à Diderot. Sauf qu’ici le Fils ne parviendra
pas à retrouver sa place dans le tableau familial. Le Père s’est définitivement absenté et le Fils a un pied
dans la tombe. La thématique du retour induit un retournement de la forme dramatique : le Fils se
retrouve dans une posture testamentaire et la pièce ne consiste plus en une quelconque progression
dramatique (la réintégration du banni, de l’exilé dans la vie familiale), mais en une grande rétrospection
du parcours d’une vie. La dramaturgie de Lagarce s’affranchit ainsi radicalement des canons (néo-)
aristotéliciens. A travers ces variations sur le thème du retour du Fils prodigue, la dramaturgie de
Lagarce actualise un des grands enjeux du théâtre moderne et contemporain : le changement de
paradigme de la forme dramatique, le passage du drame-dans-la-vie (dans le sens de la vie) au drame dela-vie, qui est retour sur un drame, sur une catastrophe toujours déjà accomplis.
> 12h15 : Discussion
Après-midi
Intertextualité Lagarcienne
Séance présidée par Christine Hamon-Siréjols
> 14h : Céline Hersant, Marie-Aude Hemmerlé : « Crébillon / Lagarce : “précisions” autour des
Égarements du cœur et de l’esprit. »
La version théâtrale des Egarements du cœur et de l’esprit de Crébillon proposée par Lagarce n’est pas
seulement une adaptation, c’est-à-dire une transcription et un allégement de la matière romanesque en
vue du passage à la scène, mais bien l’objet d’une réécriture et d’une réappropriation de la rhétorique du
XVIIIe siècle et de son penchant pour le marivaudage. Le propos vient de Crébillon, mais Lagarce
revoit complètement la forme en organisant un autre découpage du canevas (un prologue et 7 dialogues),
en faisant littéralement plier le dialogue théâtral vers le romanesque (effets de commentaires assez
étranges, incises narratives diverses), en changeant donc complètement de perspective énonciative : le
discours amoureux, la difficulté de se faire bien entendre de son interlocuteur et de parler sans trop en
dire, n’est en effet plus envisagée selon un point de vue unique et subjectif (Crébillon) mais bien selon
de nouvelles modalités (la prise en charge du récit étant redistribuée par Lagarce entre deux voix). Ces
contorsions énonciatives semblent éclairer en partie le sous-titre de la réécriture lagarcienne : Les
Egarements du cœur et de l’esprit (précisions). En quoi le projet de Lagarce cherche-t-il à « préciser », à
corriger, à détailler… le roman de Crébillon ?
> 14h30 : Raphaëlle Pignon : « Les Solitaires intempestifs, collage : "une autre histoire ou peut-être la
même". »
Unique en son genre, la pièce des Solitaires intempestifs est assurément le plus bel objet du cabinet de
curiosités de Jean-Luc Lagarce. Le dramaturge a certes écrit plusieurs pièces partant de l’œuvre d’un
auteur « de coeur » ; dans Les Solitaires intempestifs, cependant, le geste d’écriture est tout entier dans
le « collage » de fragments composant sa bibliothèque d’élection. Théâtre, mais aussi récits,
s’entrelacent ainsi, dessinant les contours d’une œuvre dramatique aux familiers accents lagarciens.
Nous nous proposons d’explorer cette fresque textuelle (Les Solitaires intempestifs se déroule sur trente
ans) dans la double perspective de poser sa singularité d’oeuvre chimérique mais aussi de l’inscrire dans
une étroite relation à la géographie théâtrale personnelle de son auteur, à travers notamment Histoires
d’amour (derniers chapitres), et Derniers remords avant l’oubli.
> 15h : Discussion
> 15h30 : Questions à Michel Raskine sur sa mise en scène de Juste la fin du monde, posées par
Christine Hamon-Siréjols et Hélène Kuntz.
> 16h00 : Questions à François Berreur sur ses mises en scène des pièces de Lagarce (Le Bain, Musichall, Le Voyage à La Haye et Juste la fin du monde), ainsi que sur le spectacle Ebauche d’un portrait,
posées par Ariane Martinez.
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