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pour soutenir la croissance. Furent également élaborées des mesures
compensatoires destinées à améliorer les conditions de vie, notamment celles des
groupes les plus vulnérables et des personnes directement affectées par les
incidences financières passagères de l'ajustement.
1.2. Situation de l'économie guinéennei
La situation économique est demeurée précaire pendant les années 70 et le
début des années 80, comme le montre le faible taux de croissance économique.
Pendant pratiquement toute la période 1974-1985, cette croissance est restée
inférieure au taux de croissance démographique, lui-même inférieur à 3% par an.
La période 1975-1980, pendant laquelle l'économie guinéenne a connu une
croissance d'environ 3,5%, principalement en raison d'une augmentation de la
production de bauxite, constitue en quelque sorte une exception. Dans l'ensemble,
on estime qu'en Guinée, le revenu par habitant est tombé à 250 US$ en 1985,
plaçant ainsi le pays au rang des plus démunis du monde.
Le déclin de la production agricole traduit également la fragilité de l'économie
guinéenne. En moyenne, la production alimentaire par habitant a été inférieure
d'environ 5%, au milieu des années 80, à celle du milieu des années 70, et ceci
malgré un important potentiel agricole national. Cette diminution de la production
intérieure par habitant a été en partie compensée par l'importation de produits
alimentaires. C'est ainsi que la Guinée, qui était un important exportateur de
produits agricoles au moment de l'indépendance (1958), est devenue importateur
net de céréales. En 1986, le pays en a importé 100 000 tonnes, dont 30% à titre
d'une aide alimentaire sous forme de dons.
Durant la même période, la dépendance de la Guinée à l'égard des revenus
provenant du secteur minier
s'est
alourdie. L'industrie minière, qui représentait 3%
de la production nationale au début des années 70, y figurait pour
21,1%
en 1987
de cette même production, alors qu'environ 7 000 personnes seulement travaillaient
dans ce secteur. Pendant la période 1986-88, près de 85% des recettes extérieures
provenaient du secteur minier ; aussi les recettes publiques, et par voie de
conséquence les dépenses, sont-elles devenues largement tributaires des bénéfices
des résultats de ce secteur. Au cours des années 1986-88, environ 60% des recettes
fiscales de l'État provenaient de cette industrie.
A la fin des années 70, la forte dépendance du pays à l'égard de l'industrie
minière a élargi le fossé existant entre le secteur officiel et le secteur non officiel
de l'économie. Tandis que, pour ces recettes, le secteur officiel dépendait de
l'exportation des produits miniers et des échanges avec l'étranger, le secteur non
officiel tirait quant à lui ses revenus d'exportations clandestines, de transferts
privés en provenance de l'étranger et d'importations illicites. Au début des
années 80, le secteur non officiel satisfaisait la quasi-totalité de la demande en
biens de consommation dans les régions rurales et environ 80% en milieu urbain.
Bien que l'on ne possède pas de données sur le revenu des ménages pendant la
Première République, il est vraisemblable que la détérioration de la situation
économique pendant une partie des années 70 et le début des années 80 a eu des
effets négatifs sur ce revenu dans de larges franges de la population.
1.
On ne dispose que de relativement peu d'éléments statistiques. Les données utilisées proviennent
de diverses sources, notamment le Ministère du Plan et de la Coopération internationale (1991), le
FMI (1991a) et la Banque Mondiale (1990).