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acteur incontournable et omniprésent de la régulation concurrentielle des marchés libéralisés
ou nouvellement libéralisés. Il faut, en effet, garder à l’esprit qu’organiser un marché est sans
doute plus efficace techniquement et plus efficient économiquement que de le diriger.
C’est au droit et aux autorités de s’adapter au marché, et non l’inverse. Le rôle du Conseil de
la concurrence ne peut être ni minimisé, ni figé. Il est amené à évoluer dans un environnement
concurrentiel en perpétuel évolution sous la pression de plusieurs facteurs : la mondialisation,
l’intensité de la compétition entre opérateurs, l’état de bien-être des consommateurs, le
décloisonnement et l’interconnexion des marchés nationaux, la libre circulation des
marchandises, des personnes, des services et des capitaux, la convergence des nouvelles
technologies, avec pour prisme l’accès à Internet, l’influence des expériences étrangères en
matière régulation, etc. C’est pourquoi le Conseil de la concurrence ne se contente pas
d’exercer un contrôle a posteriori ou ex post des marchés, il est censé les réguler. Pour ce
faire, il doté de compétences générales qui s’appliquent à tous les secteurs d’activité. Il est
une autorité de régulation multisectorielle à compétences générales ou transversales. C’est
d’ailleurs ce qui le différencie des autorités de régulation sectorielles dont les compétences
sont strictement délimitées au secteur d’intervention.
Le problème est qu’il y a, en Algérie, un désordre. Ce terme me paraît plus approprié que
celui de « régression institutionnelle », relevé au cours de cette journée. L’activité du Conseil
est, en effet, bouleversée par un formalisme encombrant. Depuis sa création en 1995, il a vu
ses missions et ses attributions maintes fois modifiées par le législateur :
- l’ordonnance n° 95-06 du 25 janvier 1995 modifiée par l’ordonnance n° 03-03 19 juillet
2003, puis par la Loi n° 08-12 du 25 juin 2008 ;
- le décret exécutif 11-243 du 10 juillet 2011, qui a été modifié par le décret exécutif 15-79 du
08 mars 2015 portant organisation et fonctionnement du Conseil.
Pourtant, il ne suffit pas de légiférer pour réguler un marché. Au contraire, il faut, à mon sens,
sortir de cette logique bureaucratique de la régulation par la loi qui nuit à l’activité régulatrice
du Conseil, car, en matière de régulation, le droit de la concurrence doit être un droit flexible,
un droit souple, comme condition préalable à toute forme de régulation d’un marché
concurrentiel.
Compte tenu de ces difficultés, il me paraît opportun de mettre en évidence trois stratégies
d’avenir adaptées à l’activité du Conseil de la concurrence, dans l’optique d’une meilleure
lisibilité, visibilité et cohérence de son action.
I.- La perspective d’un renforcement du contrôle concurrentiel fondé sur l’analyse
économique
Dans l’exécution de la mission qui est la sienne, c’est-à-dire préserver le libre jeu de la
concurrence sur un marché pertinent, il ne faut pas que le contrôle et les décisions du Conseil
de la concurrence soient attentatoires à la liberté d’action des entreprises, y compris celles qui
sont en position dominante sur le marché, dans la mesure où seul l’abus est répréhensible. Il
revient donc au Conseil d’évaluer avec précision les effets anticoncurrentiels d’une pratique
d’éviction qui tendrait à évincer du marché un ou plusieurs opérateurs, dits efficaces ou
potentiellement efficaces, à l’image d’un opérateur privé.
Dans cette démarche prospective, le Conseil de la concurrence pourrait faire sienne l’analyse
économique telle qu’elle est pratiquée par d’autres autorités nationales de concurrence. Plutôt