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e-mail : ashtaroutte@yahoo.com
‟Ashtaroût
Cahier Hors-Série n°2 (décembre 1999)
AMINE A. AZAR
Les deux objets anamorphotiques
de la formation actuelle du psychoclinicien
Tabouret & Tri-Rhème
Avertissement
I. Tabouret
1 / L’assiette académique
1a. - Vétusté & réforme de l’Université Libanaise
1b. - Différentes carrières & différents types de
psychocliniciens
1c. - Le psychoclinicien & la Kultur
1d. - La devinette du hareng saur
2 / L’assise para-universitaire
2a. - Le trépied
2b. - L’analyse personnelle
2c. - La supervision de cas
2d. - Les séminaires techniques
II. Tri-Rhème
1 / Lecture assistée
2 / Textes de Freud
3 / Le tri-rhème
4 / L’exigence freudienne
5 / Le cadre
6 / La périodisation
7 / Segmentation & incrémentation
8 / Index raison
9 / Dogmata
10 / Méthode & doctrine
III. Questions Pratiques
1 / Le menu ou la carte ?
2 / Quelle psychothérapie, pour quel patient ?
3 / Les organisations existantes
4 / L’affiliation
5 / Le statut du psychologue
6 / Déontologie
7 / L’argent
8 / Trois aphorismes lacaniens
8a. - La guérison est un bénéfice de surcroît
8b. - Ce sont vos analysants qui font de vous
des analystes
8c. - Le psychanalyste ne s’autorise que de
lui-même... et de quelques autres
IV. Références
29
Avertissement
La première partie de cette causerie, celle
qui concerne le tabouret, a été donnée à plu-
sieurs reprises à des étudiants de 2ème Année de
psychologie. Elle a été rédigée à partir des notes
mises à ma disposition par quelques auditeurs.
La deuxième partie de ce texte, celle qui con-
cerne la charte des minaires techniques, en
gros le tri-rhème, a été rédigée à partir des notes
mises à ma disposition par des participants à mes
séminaires. La troisième partie, consacrée à des
questions d’ordre pratique, regroupe, d’une ma-
nière aussi suivie que possible, un certain
nombre d’idées et de suggestions qui prolongent
mon argumentation à la lumière des multiples
demandes d’éclaircissement reçues au fil des
années.
Mon titre est une allusion à la très brillante
séance du 26 février 1964 du séminaire du Maître
des Maîtres, Jacques Lacan
34
, en même temps
qu’un clin d’œil adressé à mon propre maître
Jean Laplanche
35
.
J’espère que la synthèse que je présente ici
rendra service non seulement à ceux qui y trou-
veront l’écho de ma parole avec laquelle ils sont
familiers, mais qu’elle sera également utile aux
générations montantes pour lesquelles je suis
personnellement un inconnu, et qu’elle consti-
tuera par la suite un point de repère pour l’his-
toire de la psychoclinique au Liban.
34
Cf. Jacques Lacan (1964), Le Séminaire, livre XI : les quatre
concepts fondamentaux de la psychanalyse, chap. VII, pp. 92-104.
35
Cf. Jean Laplanche (1993b), «Court traité de l’in-
conscient», p. 80.
I.
Tabouret
Vous m’avez demandé une causerie sur la
formation actuelle du psychologue au Liban, et je
réponds volontiers à votre appel. D’ailleurs, ce
n’est point là un sujet trop difficile à traiter s’il
n’y avait, comme je le crains, chez la plupart
d’entre vous une série de préjugés qui vous ob-
nubile l’esprit.
Tout au long de ces dernières années d’en-
seignement je me suis familiarisé avec les pré-
jugés qui ont cours parmi vous sur ce sujet.
Autant que je le sache, le défaut d’information
n’est pas imputable seulement à l’atmosphère
régnante dans cet honorable établissement de
l’Université Libanaise. Il me semble qu’il règne
chez vous aussi, en vous personnellement, une
certaine inertie critique contre laquelle il faudrait
réagir. Je ne prendrai qu’un seul exemple. Com-
bien parmi vous qui paraissez vous inquiéter si
fort de la formation à recevoir et de la carrière à
embrasser, combien y en a-t-il à avoir pousla
curiosité jusqu’à feuilleter le livre de Maurice
Reuchlin intitulé Guide de l‟étudiant en psychologie,
rédigé expressément pour votre usage ? Il en
existe, comme vous le savez sans doute, une
édition libanaise à prix réduit qui le rend
accessible aux petites bourses. Je m’étonne qu’il
ne vous soit pas aussi familier que les deux Que
sais-je ? du même auteur dont vous êtes équipés
et dont il existe également des éditions locales à
prix réduit. A ces livres de base, il faudrait
encore ajouter au moins le Que sais-je ? de
Prévost sur La Psychologie clinique, lui aussi dispo-
nible maintenant en édition locale. Pardonnez-
moi de ne pas revenir sur le contenu de ces
ouvrages. Je dois supposer qu’ils vous sont plus
ou moins familiers.
28
ﻋﻋﻋﻋﻋﻋﻋﻋﻋﻋﻋﻋﻋﻋﻋﻋﻋﻋﻋﻋﻋﻋﻋﻋﻋﻋﻋﻋﻋﻋﻋﻋﻋﻋﻋﻋﻋﻋﻋﻋﻋﻋﻋﻋﻋﻋﻋﻋﻋﻋﻋﻋﻋﻋﻋﻋﻋﻋﻋﻋﻋﻋﻋﻋﻋﻋﻋﻋﻋﻋﻋﻋﻋﻋﻋﻋﻋﻋ
e-mail : ashtaroutte@yahoo.com
‟Ashtaroût
Cahier Hors-Série n°2 (décembre 1999)
AMINE A. AZAR
Les deux objets anamorphotiques
de la formation actuelle du psychoclinicien
Tabouret & Tri-Rhème
Avertissement
I. Tabouret
1 / L’assiette académique
1a. - Vétusté & réforme de l’Université Libanaise
1b. - Différentes carrières & différents types de
psychocliniciens
1c. - Le psychoclinicien & la Kultur
1d. - La devinette du hareng saur
2 / L’assise para-universitaire
2a. - Le trépied
2b. - L’analyse personnelle
2c. - La supervision de cas
2d. - Les séminaires techniques
II. Tri-Rhème
1 / Lecture assistée
2 / Textes de Freud
3 / Le tri-rhème
4 / L’exigence freudienne
5 / Le cadre
6 / La périodisation
7 / Segmentation & incrémentation
8 / Index raison
9 / Dogmata
10 / Méthode & doctrine
III. Questions Pratiques
1 / Le menu ou la carte ?
2 / Quelle psychothérapie, pour quel patient ?
3 / Les organisations existantes
4 / L’affiliation
5 / Le statut du psychologue
6 / Déontologie
7 / L’argent
8 / Trois aphorismes lacaniens
8a. - La guérison est un bénéfice de surcroît
8b. - Ce sont vos analysants qui font de vous
des analystes
8c. - Le psychanalyste ne s’autorise que de
lui-même... et de quelques autres
IV. Références
30
1
L’Assiette
académique
En outre, je dois encore supposer que le
cursus universitaire actuel ne vous est pas incon-
nu. En particulier, le tableau des ressemblances
et des différences entre les cursus proposés par
les universités françaises d’une part, et par l’Uni-
versité Libanaise, d’autre part, devrait vous être
tout à fait familier. (Protestations diverses) Non ?
Ce nest pas le cas ? Eh bien commençons donc
par là.
1a.
Vétusté & réforme
de l‟Université Libanaise
Notre pays est, hélas, en retard dans tous les
domaines. L’Université Libanaise est vétuste et,
en quelques uns de ses départements, elle est
réellement en déliquescence. Des réformes s’im-
posent et tout le monde en convient. Les diri-
geants du Pays, le rectorat, les doyens et les
directeurs d’établissements sont acquis à l’idée
d’une réforme de fond. Le corps enseignant n’y
est pas non plus hostile dans le principe, mais
c’est justement à ce niveau-là que se pose le
véritable problème. Avec un courage admirable,
le corps enseignant de l’Université Libanaise a
maintenu le flambeau du savoir et de la culture
durant toutes les années de guerre. Mais, à quel-
ques exceptions près, les membres du corps ens-
eignant, préoccupés par des problèmes élémen-
taires de survie, sont restés coupés des contacts
vivifiants avec l’évolution de leur discipline. Et,
au moment le Pays retrouve une paix et une
stabilirelatives, le corps enseignant a la cruelle
révélation de sa vétusté. Or, ce n’est pas à coups
de décrets que ce malaise pourrait se résorber.
De plus, l’Université Libanaise s’est structu-
rée sur le modèle des universités françaises. Mais,
pendant que le corps enseignant libanais se
préoccupait de problèmes de survie, les univer-
sités françaises ont beaucoup évolué, de sorte
qu’actuellement entre l’Université Libanaise et
les universités françaises s’est creusé un abîme.
Pour aller vite, on pourrait dire que la révolution
de mai 68, qui a chamboulé de fond en comble
les universités françaises, reste à faire au Liban.
Au bas mot, on peut estimer que nous avons
accusé un retard d’un demi siècle. Nous en
sommes toujours au Liban à l’ancienne licence
en quatre ans, alors qu’en France il s’agit de
maîtrise. Et, tandis qu’en France on débute le
3ème cycle avec un D.E.A.
36
, nous en sommes
encore ici au D.E.S.
37
Toujours en France, le cur-
sus académique bifurque après l’achèvement du
2ème cycle vers une formation professionnelle
dans des instituts adjoints aux universités, tandis
qu’au Liban les études de psychologie demeurent
académiques, y compris au sens péjoratif du mot,
coupées à peu près totalement de l’apprentissage
d’un métier hormis l’enseignement.
Vous avez peut-être entendu parler des tra-
vaux de la commission de révision des program-
mes. Cette commission a livré ses travaux en
décembre dernier (1998), et nous nous attendons
à ce que les nouveaux programmes entrent en vi-
gueur dès l’année prochaine. Vous savez que j’ai
pris part aux travaux de cette commission, et je
peux vous informer qu’il ne s’est pas agi de
rattraper seulement le retard accumulé. Je puis
vous révéler une innovation qui tente de sur-
monter le divorce possible entre le cursus acadé-
mique et la formation professionnelle. Au lieu de
suivre l’exemple français qui institue une bifurca-
tion à la fin du deuxième cycle soit vers un
D.E.S.S.
38
soit vers un D.E.A., la commission a
36
DEA = diplôme d’études approfondies.
37
DES = diplôme d’études supérieures.
38
DESS = diplôme d’études supérieures spécialisées.
31
opté pour une ligne continue qui place le
D.E.S.S., qui est un diplôme professionnel,
comme passage obligé vers le D.E.A., qui est un
diplôme académique menant à la thèse de doc-
torat. De cette façon, les prochaines générations
de doctorants seront nécessairement formées de
praticiens expérimentés, et non plus de purs
esprits académiques sans véritable expérience
pratique, comme c’est malheureusement quel-
ques fois encore le cas pour certains enseignants
de notre département. C’est là que le bât blesse.
1b.
Différentes carrières & différents
types de psychocliniciens
Après ces préliminaires, je vais essayer de
dépasser le niveau des généralités pour vous
entretenir des principes qui guident un peu
partout dans le monde la formation profession-
nelle du psychologue. Non pas celle de n’im-
porte quel psychologue, cependant. Dans cet
établissement, vous savez que l’on a le choix
entre trois carrières : la psychologie scolaire, la
psychologie clinique, et la psychologie appliquée
(ou psychologie industrielle). Je laisserai mes
collègues vous entretenir chacun de sa spécialité.
Pour ma part, je suis un praticien de la psy-
chologie clinique, et même d’un certain type de
psychologie clinique, car il faut distinguer au
moins deux ou trois types de psychologues clini-
ciens. Il y a d’abord les psychocliniciens qui
interviennent dans des institutions, par exemple
un hôpital général, un dispensaire, un centre
d’orientation, un centre d’accueil, une institution
de rééducation, un asile psychiatrique, etc. Il y a
ensuite les psychocliniciens qui travaillent dans le
cadre d’un contrat libéral, et qui reçoivent géné-
ralement leur clientèle chez eux. Les psychocli-
niciens libéraux sont également de deux types. Il
y a ceux qui utilisent le dispositif divan-fauteuil
et dont la pratique est d’inspiration psychana-
lytique au sens large, et il y a les autres, lesquels
se rallient tant bien que mal autour de la nébu-
leuse cognitiviste. Sur toutes ces questions vous
pourrez vous reporter avec fruit au Que sais-je ?
de Claude-M. Prévost (1988) sur La Psychologie
clinique, et plus spécialement aux chap. III et IV.
Il n’est pas dit que ces deux ou trois types
de psychocliniciens aient des pratiques forcé-
ment dissemblables. Néanmoins, il y a une pro-
pension à utiliser en institution des techniques
psychométriques, tandis que dans la pratique
libérale la tendance est plutôt à l’écoute clinique
dépouillée de toute instrumentalité. Personnelle-
ment, je suis un adepte de la pratique libérale de
type psychanalytique, et je vais donc resserrer
mon propos autour de ce genre de formation.
En ce sens, je ne distinguerai pas le psycho-
clinicien du psychanalyste. Sans la psychanalyse,
il n’y aurait pas eu de psychologie clinique. Il y a
un rapport d’allégeance indéniable entre la
psychologie clinique et la psychanalyse. Le terme
d’allégeance est peut-être trop fort, ou impropre.
Je reformulerai mon idée en disant qu’histo-
riquement la psychoclinique est venue au jour au
champ freudien, et qu’il faudrait sérieusement en
prendre acte
39
. Quantla situation actuelle, je le
répète, rien à mon sens ne distingue statutaire-
ment le psychoclinicien du psychanalyste si ce
n’est leur affiliation à telle association plutôt qu’à
telle autre, ce qui est un rapport extrinsèque,
tandis que le fond leur est un bien commun.
1c.
Le psychoclinicien
& la Kultur
Un peu partout dans le monde ce sont les
mêmes principes qui guident la formation pro-
fessionnelle du psychologue clinicien à pratique
39
Cf. l’étude documentée de première main de Didier
Anzieu (1979) sur «La psychanalyse au service de la psy-
chologie», et le précieux dossier préparé par Marie-Jean
Sauret (1993) sur La Psychologie clinique, histoire et discours, qui
peuvent servir avantageusement de point de départ à la
discussion.
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