opté pour une ligne continue qui place le
D.E.S.S., qui est un diplôme professionnel,
comme passage obligé vers le D.E.A., qui est un
diplôme académique menant à la thèse de doc-
torat. De cette façon, les prochaines générations
de doctorants seront nécessairement formées de
praticiens expérimentés, et non plus de purs
esprits académiques sans véritable expérience
pratique, comme c’est malheureusement quel-
ques fois encore le cas pour certains enseignants
de notre département. C’est là que le bât blesse.
1b.
Différentes carrières & différents
types de psychocliniciens
Après ces préliminaires, je vais essayer de
dépasser le niveau des généralités pour vous
entretenir des principes qui guident un peu
partout dans le monde la formation profession-
nelle du psychologue. Non pas celle de n’im-
porte quel psychologue, cependant. Dans cet
établissement, vous savez que l’on a le choix
entre trois carrières : la psychologie scolaire, la
psychologie clinique, et la psychologie appliquée
(ou psychologie industrielle). Je laisserai mes
collègues vous entretenir chacun de sa spécialité.
Pour ma part, je suis un praticien de la psy-
chologie clinique, et même d’un certain type de
psychologie clinique, car il faut distinguer au
moins deux ou trois types de psychologues clini-
ciens. Il y a d’abord les psychocliniciens qui
interviennent dans des institutions, par exemple
un hôpital général, un dispensaire, un centre
d’orientation, un centre d’accueil, une institution
de rééducation, un asile psychiatrique, etc. Il y a
ensuite les psychocliniciens qui travaillent dans le
cadre d’un contrat libéral, et qui reçoivent géné-
ralement leur clientèle chez eux. Les psychocli-
niciens libéraux sont également de deux types. Il
y a ceux qui utilisent le dispositif divan-fauteuil
et dont la pratique est d’inspiration psychana-
lytique au sens large, et il y a les autres, lesquels
se rallient tant bien que mal autour de la nébu-
leuse cognitiviste. Sur toutes ces questions vous
pourrez vous reporter avec fruit au Que sais-je ?
de Claude-M. Prévost (1988) sur La Psychologie
clinique, et plus spécialement aux chap. III et IV.
Il n’est pas dit que ces deux ou trois types
de psychocliniciens aient des pratiques forcé-
ment dissemblables. Néanmoins, il y a une pro-
pension à utiliser en institution des techniques
psychométriques, tandis que dans la pratique
libérale la tendance est plutôt à l’écoute clinique
dépouillée de toute instrumentalité. Personnelle-
ment, je suis un adepte de la pratique libérale de
type psychanalytique, et je vais donc resserrer
mon propos autour de ce genre de formation.
En ce sens, je ne distinguerai pas le psycho-
clinicien du psychanalyste. Sans la psychanalyse,
il n’y aurait pas eu de psychologie clinique. Il y a
un rapport d’allégeance indéniable entre la
psychologie clinique et la psychanalyse. Le terme
d’allégeance est peut-être trop fort, ou impropre.
Je reformulerai mon idée en disant qu’histo-
riquement la psychoclinique est venue au jour au
champ freudien, et qu’il faudrait sérieusement en
prendre acte
. Quant-à la situation actuelle, je le
répète, rien à mon sens ne distingue statutaire-
ment le psychoclinicien du psychanalyste si ce
n’est leur affiliation à telle association plutôt qu’à
telle autre, ce qui est un rapport extrinsèque,
tandis que le fond leur est un bien commun.
1c.
Le psychoclinicien
& la Kultur
Un peu partout dans le monde ce sont les
mêmes principes qui guident la formation pro-
fessionnelle du psychologue clinicien à pratique
Cf. l’étude documentée de première main de Didier
Anzieu (1979) sur «La psychanalyse au service de la psy-
chologie», et le précieux dossier préparé par Marie-Jean
Sauret (1993) sur La Psychologie clinique, histoire et discours, qui
peuvent servir avantageusement de point de départ à la
discussion.