ture, présentaient des lésions cérébrales permettant de
porter un diagnostic de MA. En outre, 20 % de sujets
supplémentaires étaient porteurs de lésions cérébrales
évocatrices de MA, mais en quantité insuffisante pour
remplir les critères du diagnostic histologiques de la
maladie. Par ailleurs, l’allèle e4 de l’apolipoprotéine E,
reconnu comme étant un facteur de risque génétique
de MA a été trouvé significativement plus fréquent chez
les conducteurs âgés responsables d’un accident mor-
tel [13].
Un tiers des sujets déments ont eu au moins un
accident de la voie publique depuis le début de leur
maladie. La moitié auront au moins un accident avant
d’arrêter de conduire.
La moitié des sujets déments qui continuent à
conduire se perdent régulièrement au volant contre
seulement 8 % des témoins.
L’apparition de difficultés à la conduite a été obser-
vée dans 10 % des cas comme un signe précoce de
démence [7, 14].
Mais le fait le plus grave est que 26 % des patients
déments qui nécessitent des aides pour les actes de la
vie quotidienne tels l’habillage et la toilette conduisent
encore [15].
Le patient ne se rend pas compte de l’altération de
ses facultés cognitives. La présence d’une anosognosie
associée à des troubles du jugement fait qu’il va, le
plus souvent, refuser d’arrêter de conduire de sa pro-
pre initiative. L’intervention de la famille ou d’un pro-
fessionnel de santé sensibilisé à la démence est néces-
saire. Certains proches sont hostiles à cette
interdiction. Ils mettent en avant le maintien de l’image
du patient, de son statut social. Mais, parfois, c’est
aussi parce qu’ils dépendent de lui pour se déplacer
[16]. La présence d’une démence doit donc inciter le
médecin traitant à informer le patient et sa famille des
risques encourus. Il est nécessaire de garder une trace
écrite de cette mise en garde car, en cas d’accident, la
responsabilité du médecin peut être engagée s’il n’a
pas effectué cette mise en garde. Il est également
nécessaire de rappeler les dispositions du code de la
route et des contrats d’assurance qui stipulent que c’est
au patient de déterminer son aptitude à la conduite. En
cas d’accident, la compagnie d’assurance peut ainsi
refuser d’intervenir si le patient n’avait pas renoncé à la
conduite de son véhicule bien que frappé d’inaptitude.
Dès le stade précoce de la maladie d’Alzheimer
(CDR 0,5), on retrouve un risque d’accident majoré chez
certains patients. Ce risque d’accident rejoint celui des
jeunes conducteurs (entre 16 et 19 ans dans cette étude
américaine) ou des conducteurs ayant absorbé un peu
d’alcool [17].
Quand faut-il interdire la conduite automobile
chez un patient dément ?
En ce qui concerne les démences légères à modé-
rées, le seul diagnostic de maladie d’Alzheimer ou le
score au MMSE ne suffisent pas à prédire une majora-
tion du risque d’accident pour un individu [7]. Pour
certains [18], la conduite automobile doit être interdite
dès le diagnostic de démence posé. Pour d’autres, cette
interdiction doit tenir compte des possibilités du sujet,
régulièrement réévaluées.
Les tests cognitifs ne semblent donc pas être, à eux
seuls, un bon reflet des capacités de conduite. L’utilisa-
tion du MMSE peut cependant avoir un rôle de sensibi-
lisation aux difficultés du patient. Il en est de même des
échelles d’autonomie type Instrumental activities of
daily living (IADL).
D’autres outils ont été utilisés, pour évaluer spécifi-
quement les troubles de l’attention, de la recherche
visuelle et de la mémoire spatiale. Des différences
significatives ont été observées entre des groupes de
conducteurs déments et de sujets témoins, mais ces
outils ne sont pas d’utilisation aisée en pratique quoti-
dienne [19-21].
Le MIT Age Lab a développé une check-list qui per-
met, par l’interrogatoire de l’aidant, d’identifier les dif-
ficultés de conduite du patient dément (tableau 2) [22].
Tableau 2.Liste d’éléments dangereux pour la conduite auto-
mobile [22].
Table 2. Dangerous Driving Check-list [22].
Par l’interrogatoire d’un proche du patient, repérer des éléments
inquiétants sur la conduite automobile du patient. Rechercher
la présence de certains événements de cette liste :
1- Mauvaise signalisation (utilisation du clignotant...)
2- Difficultés dans les virages
3- Circulation sur la mauvaise file
4- Erreur de sortie
5- Stationnement inadapté
6- Choc sur les bordures ou les trottoirs
7- Vitesse inadaptée
8- Délai de réponse lors de situations imprévues
9- Absence d’anticipation de situations dangereuses
10- Plus grande irritabilité ou agitation au volant
11- Éraflures ou bosses sur la voiture
12- Se perd dans des lieux familiers
13- Accidents évités de peu
14- Contraventions pour non respect des règles de circulation
15- Accident automobile
16- Confusion entre l’accélérateur et le frein
17- Arrêts dans le trafic sans raisons
J. Roche
Psychol NeuroPsychiatr Vieil, vol. 3, n° 3, septembre 2005166
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