Singuè Mura : Considérant que la femme, Un Touareg s’est marié à une pygmée et Héros d’eau afin
d’analyser le processus de guérison qu’elle envisage. Nous pouvons aussi nous demander comment ce
processus fonctionne dans un cadre et chez un public non-africain.
Fanny LEGUEN (Université Paris IV)
Bintou de Koffi Kwahulé, le conte moderne d’une sirène-oiseau
Le bestiaire nourrit l’imaginaire humain depuis l’Antiquité à travers les mythes, les contes ou les
légendes car l’animal est au cœur des représentations humaines depuis toujours. L’univers animalier
n’a cessé de démontrer ses capacités d’apprentissage des valeurs sociales que ce soit en Afrique ou
ailleurs. Les auteurs tragiques antiques, Sophocle, Euripide ou Eschyle comme plus tard La Fontaine
ou Dadié ont par leurs tragédies, fables ou poèmes invitent les lecteurs à comprendre les relations de
pouvoir de nos sociétés et les rapports humains à travers les archétypes animaliers. Les formes de
hiérarchies humaines ont parfois été critiquées et la personnification animalière par métaphore s’est
aussi construite pour éviter la censure et déjouer la critique en feignant de s’adresser aux enfants. Mais
chez les auteurs de la diaspora africaine, le bestiaire peut revêtir une nouvelle fonction critique. En
effet, depuis les "zoos humains", l’enfermement forcé d’hommes et d’animaux au sein d’espaces
reconstitués, ou les freaks show, cirques du monstrueux, le bestiaire ne sous-entend plus les signifiants
classiques, il convoque une réalité nouvelle au croisement de la théâtralisation de la tératologie et des
théories scientifiques sur la hiérarchie des types d’humains. Ainsi, dans Bintou de Koffi Kwahulé il
n’y pas à proprement parler d’animaux en jeu, l’animal sert de comparatif, mais son rôle n’est pas
seulement d’illustrer la psychologie des personnages ou de critiquer les rapports de force. L’enjeu est
ailleurs. Kwahulé rappelle par un habile renversement comment se sont forgés l’intolérance et plus
précisément le racisme.
Alice ZENITER (Sorbonne Nouvelle-Paris 3)
Se forger une identité par la parole : étude du duo de Big Shoot de Koffi Kwahulé
Les personnages des pièces de Koffi Kwahulé n’ont souvent pas de noms – à peine un surnom, parfois
rien. Dès lors, ce qui tisse leur identité, ce qui leur donne un corps, c’est la parole. Dans Big shoot la
parole est répartie entre deux voix – que l’on appellera pour des raisons de commodité Monsieur et
Stan mais que l’auteur, lui, refuse de nommer en entrée de répliques – des voix aux rythmes différents,
à la typographie contraire lorsque l’on regarde le texte. C’est en opposant leurs voix– bref/long,
calme/nerveux, etc – mais aussi en se retrouvant – dans l’anglais par exemple – que Monsieur et Stan
se structurent une identité qui n’a pas d’autre base que leur manière de projeter les mots. Cette
communication se propose d’étudier les différents modes de fonctionnement de la parole dans leur
duo, inspiré selon l’auteur par les musiciens Monk et Coltrane.
Károly Sándor PALLAI (Université ELTE)
Résonances, langages, écritures : voix de la poésie seychelloise contemporaine
Dans ma communication, je me propose d’analyser le corpus poétique contemporain seychellois,
influencé par l’histoire coloniale, la pluralité des langues et des héritages et la diversité des horizons
culturels. Je m’intéresserai aux facteurs psycho-philosophiques (identité, altérité), linguistiques
(trilinguisme) et topo-psychologiques (archipélité, insularité) qui se manifestent dans les œuvres
littéraires et les constructions identitaires complexes, superposées. Il sera question de mieux
comprendre la juxtaposition, l’interinfluence et l’échange enrichissant entre l’anglais et le français qui
se complètent des voix diasporiques du créole, détentrices de mémoires d’appartenances, d’histoires
de créolisation, de poétiques de musicalités et de croisements, de résonances d’oralité.
Ramcy KABUYA (Université de Lubumbashi / Lorraine)
Contes et écritures africaines depuis 1980 - Oralité et roman africain: itinéraire critique d’une
pratique subversive
Les discours critiques sur l’oralité en Afrique ont donné lieu à deux conceptions différentes de cette
notion. Une première considère qu’elle appartient à un ordre ancien et par conséquent elle est appelée
à disparaître au profit de l’écriture. Dans cette optique oralité et écriture rejoignent d’autres
oppositions dichotomiques comme « tradition », « modernité », «africain » non « africain » etc. A
l’opposé de cette acception folkloriste, l’oralité est pensée en tant que poétique. Dans ce sens, il entre
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