Premières esquisses de mise en scène
par Anne Marion-Gallois :
Créer un spectacle… à partir de ces fables
L’idée est vraiment de créer un objet théâtral cohérent à partir de ces fables.
Pour cela il s’agit de trouver le bon ordre, le bon enchaînement afin de construire un
seul « objet-spectacle » et non une suite de fables.
L’unité se trouve bien sûr dans le contenu lui-même des fables mais aussi dans les
formes théâtrales qu’elles m’inspirent.
En effet, je me suis aperçue en faisant un premier jet de mise en scène sur chaque
fable qu’il y avait différents groupes de fables qui pouvaient s’apparenter à une
seule et même forme théâtrale. Par ailleurs, la forme théâtrale évolue parfois au sein
même d’une fable.
À partir de ces différents éléments, nous allons sculpter le spectacle, comme une
seule et même pièce. Les différents thèmes et formes théâtrales vont nous
permettre de créer des unités, des moments, comme des actes au sein du spectacle.
Quelles sont ces formes théâtrales ?
Tout d’abord, il y a des fables que je trouve très contées, très racontées. « Les Loups
et les Brebis » en est l’exemple le plus flagrant.
Beaucoup par contre glissent en cours de fable vers un jeu plus théâtral qui
pourrait s‘apparenter à l’interprétation d’un personnage.
Avec « La Laitière et le Pot au lait », on est face à une forme de conte, qui prend chair
petit à petit. Au départ du « Le Pot de terre et le Pot de fer », j’entends clairement un
narrateur, puis on assiste également à la mise en marche de deux personnages. Dans
cette dernière, je sens un rapport assez frontal d’adresse direct au public, dans une
histoire qui se raconte.
On retrouve ce rapport direct au public à plusieurs reprises. Dans « Le Loup et le
Chien », ou encore « La Tortue et les deux Canards » j’ai également cette sensation
d’être sur un chemin, que quelque chose est en marche, avance.
Dans « La Belette entrée dans un grenier », j’imagine les deux personnages qui sont en
narrateurs au point de départ, plutôt en avant scène, avec en fond de scène le
personnage de la belette, dont la présence est traitée par un travail presque
chorégraphique. À la fin de la fable, un des narrateurs (le baryton) entre en jeu et
rejoint la belette pour une scénette, dans un jeu « classique » de dialogue de théâtre.
Ce glissement du conte au théâtre entraîne le spectateur au cœur même des
aventures de ces animaux.
De même certaines fables sont pour moi clairement à mettre en scène comme des
scènes de théâtre : « Le Rat de ville et le Rat des champs », « Le Laboureur et ses
Enfants », « Le Corbeau et le Renard »…
Je souhaite aider les chanteurs à trouver la drôlerie (parfois de l’ordre du dessin
animé), l’amusement et la précision dans l’interprétation des animaux.
Comment sont incarnés les animaux ?
Il s’agit de trouver différents niveaux de jeu, allant de la simple évocation de
l’animal à l’incarnation drolatique. Les enfants ont l’habitude des univers
imaginaires et fantastiques, ils ne sont pas choqués qu’un animal parle, mais
s’intéressent à ce qu’il dit et comment ! Il s’agit donc de s’attacher particulièrement
au caractère de ces animaux, à leurs humeurs, leur tempérament et leur désir