Ecriture(s) soignante(s) en soins palliatifs

Ecriture(s) soignante(s) en soins palliatifs
Centre national de ressources (http://www.spfv.fr/)
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Ecriture(s) soignante(s) en soins palliatifs
Publié le 05 août 2015 à 17h53
L'écriture contribue à stimuler, faire connaître et pérenniser les idées.
Quelque soit son objectif, elle est un outil de transmission et de
reconnaissance. Elle est un lien entre celui qui écrit et celui qui va lire ou
a lu. Elle a une place primordiale dans les soins, et notamment dans les
soins palliatifs.
Pourquoi écrire quand on est soignant ?
Le métier de soignant implique l'écriture. Cela permet de laisser trace.
Ecrire peut être difficile pour les soignants peu rompus à cet exercice. C'est un art exigeant, qui
demande une maîtrise de la langue et de l'orthographe, de savoir exposer ses idées et ses résultats
de recherche. C'est ainsi que les savoirs et les avancées, dans un domaine professionnel, peuvent se
façonner et se transmettre à côté de l'oral. Cela engage également le soignant qui écrit car ses
travaux vont ensuite circuler indépendamment de leur auteur. De même, il n'est pas toujours
évident d'être soumis au jugement d'autrui. Ecrire est un acte de responsabilité et d'engagement
professionnel.
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Trajectoires de Anne Markyse, éditions du net - 2013
Les différents types d'écriture
Plusieurs sortes d'écritures sont à l'?uvre, chacune avec une intention propre : transmettre des
informations sur l'état d'un patient, ses traitements, faire le lien avec les autres équipes, donner des
indications sur l'état émotionnel du patient et sa famille. A côté de ces écritures très fonctionnelles,
existe aussi une écriture soignante qui a trait au domaine de la recherche. On la retrouve dans les
revues scientifiques spécialisées sous forme d'articles ou sous forme de contribution (d'abord orale,
puis écrite) dans les congrès. Enfin, ces écritures se rencontrent à la croisée d'un troisième type :
l'écriture de fiction que l'on retrouve dans les romans.
- L'écriture technique
Selon Walter Hesbeen, elle comprend trois formes associées aux différentes pratiques des
soignants : l'écriture fonctionnelle, l'écriture prescriptive, l'écriture scientifique de recherche.
L'écriture fonctionnelle correspond aux faits et aux actes effectués sur un patient ; c'est l'écriture du
quotidien des soignants que l'on trouve dans le dossier de soins. L'écriture prescriptive formalise les
décisions du médecin ou de l'expert, notamment sous la forme des ordonnances. La dernière,
scientifique et de recherche, est liée aux résultats de recherche ou de réflexion relatives aux
pratiques soignantes.
- L'écriture créative
Elle correspond à la littérature de fiction, écrite par des soignants (médecins ou non), inspirée des
activités de soin, qui reflète la réalité des professionnels de santé et des patients tout au long de
l'histoire.
Voici quelques auteurs et ouvrages marquants : Sept étages, extrait du recueil de nouvelles Sept
messagers de Dino Buzzati ; Carnets d'un jeune médecin ou L'éruption étoilée de Mikhaïl Boulgakov,
médecin russe qui s'inspire de ces débuts dans la médecine ; Contre visite écrit par Marie Didier,
médecin généraliste ; La maladie de Sachs de Martin Winckler. Pour finir, deux femmes médecins qui
se sont nourries de leurs pratiques pour écrire : Trajectoires d'Anne Markyse [1] ou Jusqu'à devenir...
de Françoise Liminana [2]. Cette littérature témoigne du quotidien des soignants ou de celui des
patients quand certains auteurs, professionnels du soin, se mettent du côté de ceux qu'ils soignent.
Ces écrits font souvent ressortir les difficultés et les arcanes, parfois kafkaïennes du soin, en mettant
au grand jour la mauvaise foi, la culpabilisation ou la non prise en compte du patient en tant que
sujet. sSont mis en avant également, les attitudes parfois contradictoires des patients qui veulent
plus ou moins savoir ce qu'ils ont comme maladie.
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Récits d'un jeune médecin de Mikhail Boulgakov [3] édition A vue d'oeil 1993
- L'écriture sensible
Cette écriture s'intéresse plus particulièrement aux vécus et émotions des professionnels du soin et
des patients. Elle se préoccupe des états d'âme des soignants et des malades sans pathos.
Contre visite de Marie Didier, édition Folio 1992
Une exploration de l'écriture sensible
Ce type d'écriture peut jouer un rôle particulier dans le métier de professionnel de santé. L'écriture
sensible peut être un atout pour se ressourcer en tant que soignant, prendre du recul par rapport à
sa pratique.
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Les sept messagers de Dino Buzzati, éditions 10/18 - 1958
Ecrire sous l'angle de l'écriture sensible permet au soignant de témoigner de ce qu'il vit avec ses
patients, de laisser une trace, de partager avec les autres, collègues ou non, sous une autre forme
que la verbalisation. Il s'agit de partager en dépassant la pudeur de moments particuliers sans
tomber dans l'affect. Il peut aussi s'agir d'écrire sur ces instants en équipe. Avoir un ?il pour garder
de belles paroles, de belles rencontres, des ressentis, des observations vécus au quotidien.
Les questions fondamentales à se poser pour se lancer dans cette écriture :
- Pour qui écrit-on ?
- Pourquoi ?
- Comment ?
Si un soignant se décide à écrire, il faut qu'il se donne le temps, qu'il se pose, qu'il se munisse d'un
stylo, de papier ou d'un ordinateur. Il est également important d'observer, écouter, échanger ; tout
cela peut mener à l'acte d'écrire de manière sensible.
Jusqu'à devenir de Françoise Liminana, édition Le bâteau ivre 2014
Penser qu'il va falloir se confronter aux autres qui vont lire les écrits, lire ce que les autres ont écrit.
Egalement oser, être impertinent, trouver un état qui conduit l'écriture, s'ouvrir au monde
environnant. Il s'agit aussi de résister, s'engager, s'exprimer et être entendu. Prendre en
considération ses émotions et celles des autres. Ecrire les émotions, aider à comprendre ce qui se
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passe et ce qui se vit.
Le soignant va alors transcender la réalité pour en faire un récit. L'écriture va ainsi faire sens et
définir une identité.
Quel impact sur la pratique ?
Toutes ces écritures constituent les différentes facettes d'un même prisme, chacune venant enrichir
l'autre. L'écriture fonctionnelle est absolument nécessaire au bon déroulement de la prise en charge
d'un patient. Mais elle va se trouver enrichie si le soignant se livre à l'exercice de partager les
aspects de son métier sous forme d'écrits publiés ou non à travers l'écriture sensible et/ou créative.
La maladie de Sachs de Martin Winckler [4]éditions folio 2005
Pourquoi pas vous ?
L'écriture est partie intégrante de l'acte de soigner. Chaque soignant devrait essayer de se
confronter, au moins une fois, à l'exercice en dehors de l'écriture purement fonctionnelle. Ecrire lui
permettra de prendre le recul nécessaire par rapport à sa pratique quotidienne, de se ressourcer, de
mieux prendre en charge les patients qui lui sont confiés, d'être acteur et moteur dans sa profession.
Beau défi professionnel qui peut donner de nouveau(x) sens à son métier.
Références
- Soins et littérature / DISS, Marie-Capucine, L'infirmière magazine, n°335, décembre 2013, pages
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