DOSSIER PEDAGOGIQUE
Les Femmes savantes
Molière
Distribution
Mise en scène : Armand Delcampe
Avec
Chrysale : Patrick Brüll
Armande : Morgane Choupay
Henriette : Agathe Détrieux
Vadius : Alain Eloy
Martine : Marie-Line Lefebvre
Clitandre : Julien Lemonnier
Trissotin : Pierre Poucet
Ariste : Freddy Sicx
Julienne : Julie Thiele
Bélise : Cécile Van Snick
Le notaire : Jean-François Viot
Philaminte : Nathalie Willame
Assistant à la mise en scène : Jean-François Viot
Décor et costumes : rald Watelet
Lumières : Jacques Magrofuoco
Régie vidéo : Quentin Huwaert
Régie lumières : Jacques Perera
Construction décor : Mathieu Regaert et Marc Cocozza
Direction technique : Jacques Magrofuoco
Une production de lʼAtelier Théâtre Jean Vilar et du Festival Royal de Théâtre de Spa, avec la participation du
Centre des Arts Scéniques.
Avec le soutien de la Province du Brabant wallon.
Dates : Du 16 au 29 avril
Lieu : Théâtre Jean Vilar
Durée du spectacle : 1h45
Réservations : 0800/25 325
Contact écoles : Adrienne Gérard - 010/47.07.11 adrienne.ge[email protected]
Nʼoubliez pas de distribuer les tickets avant dʼarriver au théâtre Jean
Vilar.
Soyez présents au moins 15 minutes avant le début de la représentation,
le placement de tous les groupes ne peut se faire en 5 minutes !
N.B : - les places sont numérotées, nous insistons pour que chacun
occupe la place dont le numéro figure sur le billet.
- la salle est organisée avec un côté pair et impair (B5 nʼest pas à
côté de B6 mais de B7), tenez-en éventuellement compte lors de la
distribution des billets.
En salle, nous demandons aux professeurs dʼavoir lʼamabilité de se
disperser dans leur groupe de manière à encadrer leurs élèves et à assurer le
bon déroulement de la représentation.
1. La pièce
Henriette et Clitandre sont amants, mais pour se marier, ils doivent obtenir le soutien
de la famille de la jeune fille. Le père et l'oncle dʼHenriette sont favorables au
mariage ; mais sa mère, Philaminte, soutenue par sa tante et sa sœur, veut lui faire
épouser un faux savant aux dents longues, Trissotin, qui mène par le bout du nez
ces « femmes savantes ».
Dans la maison de Chrysale, ses deux filles se querellent au sujet du mariage.
Armande, convertie à la philosophie et à l'élévation de l'esprit par sa savante mère,
s'offusque que sa jeune sœur, Henriette, l'ait supplantée dans le coeur de Clitandre.
Elle fera tout pour empêcher cette union. La mère, Philaminte, s'oppose également à
cet amour. Elle projette plutôt de marier la cadette à Trissotin, un soi-disant bel esprit
qui achèvera, croit-elle, de faire de cette récalcitrante, une femme savante. Seul le
père souscrit au mariage d'Henriette et de Clitandre, mais l'autoritarisme de sa
femme le paralyse. Qui l'emportera ? Le mariage d'amour ou la raison trompée ?
2. Note dʼintention du metteur en scène
Au risque de répéter un lieu commun, lʼœuvre de Molière reste étonnement jeune.
Quel propos plus moderne en effet que celui des Femmes savantes ? Dans un siècle
le nôtre lʼintellectualisme a remplacé lʼintelligence, la limite devient
indistincte entre connaissance et prétention, Les Femmes savantes apparaissent
comme le plaidoyer nécessaire de la raison contre les envolées lyriques mais
improductives. Leçon de réalisme, la pièce résonne aussi comme une violente
défense de la sincérité et de lʼhonnêteté. Face à ceux qui se montent le bourrichon
avec des mots et des idées, triomphent de la folie, finalement, ceux qui incarnent la
mesure, le pragmatisme, la franchise et la vérité.
Molière : « lʼhumain parfait » ?
De la femme et de lʼhomme, il a tout observé, tout perçu ou pressenti, tout exploré et
éprouvé.
Rien de la bonté, de la perversité, de la médiocrité humaine ne lui fut étranger.
Il se lança à corps perdu dans lʼaventure des désirs insensés.
Il prit tous les risques et souffrit tous les tourments. Il dit non, rusa, parla, protesta, se
tut, reparla sans se démettre ou se soumettre jamais.
Dieu merci, il ne fut pas un « artiste pur ».
Il côtoya et chérit lʼimpur comme un fou, il comprit et il aima sans mépris lʼhumain
plus quʼimparfait.
Poète vivant, il a, plus quʼaucun autre, fait vivre ensemble la poésie, la comédie et le
drame, rires et larmes enchevêtrés, élans et faiblesses confondus, désirs infinis avec
petites vérités pratiques à lʼexclusion des grands principes abstraits et des dogmes
irréfutables.
Il a subi, il a enduré le calvaire des pouvoirs imbéciles, absolus et contradictoires,
aux titres cumulés dʼauteur, dʼacteur et de chef de troupe… de sorte que mettre nos
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pas dans les siens nous paraît aujourdʼhui dʼun grand confort et dʼun incessant
réconfort.
Merci au Saint Patron !
Armand Delcampe (croyant en Molière)
3. Armand Delcampe, metteur en scène
Armand Delcampe a voué sa vie au théâtre. Fondateur, en
1975, de lʼAtelier théâtral de Louvain-la-Neuve, il le dirige et
le transforme en 1999 en Atelier Théâtre Jean Vilar. Cette
responsabilité ne lʼa pas empêché de poursuivre, en
parallèle, une double carrière de comédien et de metteur en
scène. Il a joué et/ou mis en scène plus de 100 pièces en
40 ans…
4. La vie de Molière
Rien ne prédispose Jean-Baptiste Poquelin, fils dʼun bon bourgeois, tapissier
ordinaire du roi, à monter sur les planches, après avoir fait ses humanités au collège
des jésuites de Clermont (lʼactuel lycée Louis-le-Grand) et obtenu une licence en
droit à Orléans. Il renonce au barreau et à la charge de son père pour fonder avec
Madeleine Béjart lʼIllustre-Théâtre, entreprise vouée à lʼéchec face aux deux
puissantes troupes de lʼHôtel de Bourgogne et du Marais, ce qui le mène tout droit en
prison pour dettes. La troupe entreprend une tournée de plusieurs années en
province, notamment dans le sud de la France cʼest durant cette période que
Molière se forme et reçoit la protection successive de plusieurs grands personnages
du Royaume dont Monsieur, frère du roi ; cela lui permet de jouer à Paris en 1658
devant le souverain, plus sensible à son interprétation dʼune simple farce, le Docteur
amoureux, quʼà celle de Nicomède du grand Corneille, et dʼobtenir, en alternance
avec les Comédiens-Italiens, la jouissance de la salle du Petit-Bourbon. Molière nʼa
alors écrit que des farces aujourdʼhui perdues, à lʼexception du Médecin volant et de
La Jalousie du Barbouillé, ainsi que deux comédies, LʼEtourdi, (jouée à Lyon en
1655) et Le Dépit amoureux (jouée à Béziers en 1656) qui ne lui ressemblent guère.
Il commence à se trouver avec Les Précieuses ridicules (1659), où sʼallie à la
tradition de la farce (déguisements, soufflets et bastonnades) la satire aiguë dʼune
mode contemporaine.
Il continue de sʼaffirmer, non sans tâtonnements, avec Sganarelle ou Le Cocu
imaginaire (1660), LʼEcole des maris (1661), Les Fâcheux (1661), une comédie-
ballet et une tentative malheureuse vers le genre plus sérieux de la comédie
héroïque avec Don Garcie de Navarre (1661), qui trahit sans aucun doute sa volonté
dʼéchapper à la réputation de « farceur » que ses premiers ennemis lui font. Il réussit
son coup de maître, quelques mois après son mariage avec Armande Béjart fille de
Joseph Béjart et sœur de Madeleine Béjart, en écrivant LʼEcole des femmes (1662),
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la première des comédies de maturité en cinq actes et en vers : sur fond dʼintrigue
rebattue (la précaution inutile), il réussit la peinture dʼun Arnolphe, barbon profond et
tourmenté par la peur dʼêtre trompé, un obsédé en somme le premier dʼune lignée
à venir qui fait le malheur de ses proches, de sorte que la pièce oscille entre le
comique et le pathétique. Avec une telle matrice dramatique, quʼil réutilisera souvent,
Molière a trouvé sa voie propre. Infatigable, Molière est à la fois le directeur,
lʼauteur, le metteur en scène, et lʼun des tout premiers acteurs de la troupe à laquelle
le roi accorde protection et pension, ce qui nʼest pas sans susciter des jalousies.
Molière y répond au moyen de deux courtes pièces, La Critique de LʼEcole des
femmes (1663) et LʼImpromptu de Versailles (1663), dans lesquelles il se défend et
surtout entreprend la réhabilitation du genre comique, peu goûté des doctes en
regard de la tragédie, et qui ne sʼennoblit que dans les années 1650. En 1664, au
moment des somptueuses réjouissances organisées à Versailles, « les Plaisirs de
lʼIle enchantée », Molière, sur qui repose lʼorganisation de la fête, jouit du plus grand
crédit : pour satisfaire le goût du monarque pour la danse, il conçoit, avec Jean-
Baptiste Lully (compositeur français dʼorigine italienne qui domine lʼensemble de la
vie musicale en France à lʼépoque du Roi-Soleil) le genre nouveau de la comédie-
ballet, qui donnera naissance à lʼopéra français.
Le principe de la comédie-ballet est dʼajouter les charmes du ballet (somptuosité des
costumes et de la décoration, diversité des entrées, plaisir combiné de la danse, de
la musique et des « effets spéciaux ») à ceux de la comédie et de les allier de
manière cohérente. Les interventions dansées et chantées nʼy sont pas une série de
divertissements conventionnels qui viennent casser lʼunité de la comédie, ils sʼy
insèrent et y deviennent nécessaires. Dans Monsieur de Pourceaugnac, par
exemple, ces intermèdes sont les fantasmes et les cauchemars des personnages et
dans Le Bourgeois gentilhomme, lʼapothéose de la folie de Monsieur Jourdain.
À lʼoccasion de la naissance de ce nouveau genre, Molière donne entre autres une
première version en trois actes du Tartuffe, dont la représentation publique ne sera
autorisée par le souverain que cinq ans plus tard, en raison de la hardiesse du sujet
traité : non seulement la mise en garde contre lʼhypocrisie religieuse risque de
discréditer les vrais chrétiens, mais le héros, déplaisant bien que lucide et intelligent,
nʼest rien moins quʼambigu.
En butte à toutes sortes dʼennuis et de tourments, mais fort de la bienveillance royale
- en 1665, la troupe devient la Troupe du roi -, Molière va plus loin encore avec Dom
Juan ou Le Festin de Pierre, thème à la mode, dont il achève rapidement la rédaction
et quʼil fait jouer en 1665, pour remplacer à lʼaffiche le Tartuffe que la cabale des
dévots a réussi à faire interdire. Il crée un protagoniste révolté qui défie toute forme
dʼautorité ; aucun personnage de théâtre nʼexerce autant de fascination sur les foules
que ce héros complexe et mythique, qui se prête à des interprétations dramatiques
sans cesse renouvelées.
Hélas ! Lʼamitié du roi manque de constance et le conflit avec Lully jette Molière dans
une sorte dʼoubli, sinon de semi-disgrâce, qui lʼafflige. Il innove encore avec le
Misanthrope (1666), œuvre profonde dans laquelle on rit peu, malgré la satire de
certains usages mondains, car le personnage dʼAlceste nʼa que les défauts de sa
qualité, lʼexigence morale. Après cet échec, qui nous étonne aujourdʼhui, Molière écrit
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beaucoup : une farce, Le Médecin malgré lui (1666), une comédie mythologique,
Amphitryon (1668), une comédie dʼinspiration bien sombre, George Dandin (1668), et
enfin une franche comédie, LʼAvare (1668).
Les dernières années de sa vie voient se succéder quelques chefs-dʼœuvre : Le
Bourgeois gentilhomme (1670), une comédie-ballet dont Lully compose la musique et
qui fustige le snobisme dʼun maladroit imitateur des usages de la noblesse, Les
Fourberies de Scapin (1671), une comédie dʼintrigue dont le mouvement et les effets
témoignent dʼune exceptionnelle maîtrise scénique, Les Femmes savantes (1672),
une sévère condamnation des « femmes-docteurs » et du pédantisme, et enfin Le
Malade imaginaire (1673), œuvre comique mais hantée par la présence obsédante
de la mort. Au cours de la quatrième représentation de cette dernière comédie, il
raille non plus seulement les médecins mais la médecine même, il est pris de
convulsions et sʼéteint quelques heures plus tard. Grâce à lʼintervention de Louis XIV,
dont il nʼavait pourtant plus la faveur, il échappe à la fosse commune finissent les
comédiens qui nʼont pu abjurer, et il est enterré de nuit, sans aucune pompe.
Tout de suite après sa mort (1673), tous les auteurs comiques se déclarent ses
héritiers, se partageant en deux courants :
- la comédie de caractère lʼon retrouve Dufresny et Regnard ainsi que Boursault,
Baron et surtout Destouche comme auteurs
- la comédie de moeurs où lʼon retrouve Boursault, Varon mais aussi Champmeslé,
Dancourt et Lesage.
Dʼaprès lʼarticle de G. Conesa consacré à Molière dans Dictionnaire encyclopédique du théâtre, Bordas,
Paris, 1991.
5. Le théâtre Moliéresque
La puissance du théâtre moliéresque tient non seulement à la qualité de sa visée -
satire des manies éphémères et des hantises profondes de lʼhomme - mais aussi à la
nature proprement dramatique de son écriture, car Molière est avant tout homme de
théâtre.
Dans lʼélaboration progressive de sa dramaturgie, son génie éclectique recueille le
meilleur de la tradition antérieure : certains types de la comédie latine, perpétuée par
les auteurs du XVIème siècle, quelques imbroglios de la comédie italienne,
caractérisée par lʼingéniosité de ses intrigues, lʼinvention thématique de la comédie
espagnole dont l'abondante production inspire nos créateurs tout au long du siècle,
et surtout la conception du jeu théâtral de la commedia dellʼarte, théâtre semi-
improvisé, qui laisse une grande part au jeu gestuel de lʼacteur. Molière intègre
parfaitement ces divers éléments dans une perspective neuve. Lʼoriginalité majeure
de son théâtre tient au fait quʼil repose essentiellement sur un élément de nature
psychologique : le travers dʼun héros, isolé dans son idée fixe (maladie imaginaire,
avarice, dévotion, snobisme), qui devient la cause dʼune perturbation et, convention
oblige, lʼobstacle au mariage des amoureux. Ces personnages, prisonniers de leur
obsession et grossis par la nécessité, sont cependant soigneusement individualisés :
ils possèdent à la fois un vice majeur et un trait secondaire. Tartuffe est, certes,
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