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Cependant Diaw (2000)2 dans un test empirique de l’hypothèse de complémentarité de R.
Mckinnon dans les Pays de l’Union Economique et Monétaire Ouest-Africaine (UEMOA)3
aboutit à des résultats qui justifieraient la pertinence des politiques financières fondées sur le
taux d’intérêt (politiques de libéralisation financière). Mais, en plus de cette pertinence
justifiée, n’est-il pas nécessaire de se poser des questions sur les conditions d’efficacité d’une
telle politique ?
Rappelons que les politiques de libéralisation financière sont censées influencer la croissance
économique dans les PVD en stimulant l’épargne et l’investissement, en améliorant la
productivité du capital etc. Particulièrement, au niveau du marché boursier, la libéralisation
financière est supposée entraîner une baisse du coût du capital. Mais, ces mécanismes de
transmission des effets de la libéralisation financière – surtout celui d’accroissement de la
productivité à travers une meilleure sélection des projets d’investissements – sont
conditionnés. Et parmi ces conditions, nous supposons que le fonctionnement efficient du
marché boursier occupe une place importante. En effet, des marchés financiers efficients sont
nécessaires pour que cette relation entre libéralisation financière et croissance économique –
via le développement financier – soit effective, car l’efficience du marché boursier permet
tout simplement d’allouer les ressources financières vers les secteurs les plus productifs.
Une bonne partie de la littérature sur la libéralisation financière dans les PVD mettait plus
l’accent sur un seul compartiment du marché des capitaux. Les recherches portaient leur
attention essentiellement sur le secteur bancaire considéré comme « étant le seul marché des
capitaux organisé dans les économies en développement ». La place du marché boursier dans
cette stratégie de libéralisation financière ne constituait pas une préoccupation principale dans
ces recherches. Alors qu’on peut légitiment s’interroger sur l’efficacité d’une libéralisation
complète du système bancaire dans un système financier où les autres marchés des capitaux,
et particulièrement le marché boursier, sont presque ignorés et/ou restent réprimés.
La réponse est que le « développement substantiel du marché des capitaux – et principalement
le marché boursier – est une condition nécessaire pour une libéralisation financière
2 Ndiaw, A. (2000). « Test de l’hypothèse de complémentarité de Mc Kinnon dans les pays de l’UEMOA ».
Revue d’Economie et de Gestion, Université de Libreville.
3L’ UEMOA (Union Economique et Monétaire Ouest – Africaine) comprend 8 pays de l’Afrique de l’Ouest
appartenant à la zone franc et partageant la même monnaie, le Franc de la Communauté financière Africaine
(FCFA), émise par la Banque Centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) qui a son siège à Dakar
(capitale du Sénégal)
Ces pays partagent aussi en commun une commission économique, à l’image de celle de l’Union européenne,
chargée de promouvoir l’intégration économique des pays membres et la coordination de leurs politiques
économiques, et une Bourse Régionale des Valeurs Mobilières (BRVM). Ces pays sont : la Cote d’Ivoire, le
Burkina Faso, le Bénin, le Togo, le Mali, le Niger, le Sénégal, la Guinée- bissau.