Sociétés commerciales droit Classe de 1D de l’enseignement secondaire Commission Nationale des Programmes en Sciences Economiques et Sociales septembre 2016 2 Economie de gestion : Sociétés commerciales Première partie Analyse comptable et financière 3 4 Economie de gestion : Sociétés commerciales Section 1 : Analyse du bilan I. Généralités et rappels 1. Les comptes annuels Journal, grand-livre et balance sont des documents comptables internes qui ne sont pas destinés à être publiés. A partir de ces documents, le comptable va dresser les comptes annuels qui vont être publiés au Mémorial C. Le terme « comptes annuels » désigne un ensemble de trois documents, à savoir a) Le bilan constitue le premier volet des comptes annuels. Rappelons qu’il s’agit d’un tableau qui synthétise le patrimoine de l’entreprise à une date donnée et qui se présente en deux parties: l’actif (emploi des ressources) et le passif (origine des ressources). b) Le compte de profits et pertes constitue le deuxième volet des comptes annuels. Il s’agit d’un état de synthèse qui reprend toutes les charges (appauvrissements) et tous les produits (enrichissements) de l’entreprise pour un exercice donné, en faisant apparaître le résultat de cet exercice. c) L’annexe constitue le troisième volet des comptes annuels. Elle consiste en une série d’états et d’informations qui complètent et précisent les informations contenues dans le bilan et le compte de profits et pertes. Signalons que l’annexe doit comporter, entre autres, des indications sur: les méthodes de calcul des corrections de valeur utilisées ; le montant des dettes de la société dont la durée résiduelle est supérieure à 5 ans ; etc. 2. Rappel des principes comptables L’image fidèle. Les comptes annuels doivent donner une image fidèle du patrimoine, de la situation financière ainsi que du résultat de l’entreprise. Les règles d’évaluation. Elles sont inscrites et expliquées dans l’annexe. Elles sont établies et les évaluations sont opérées dans une perspective de continuité des activités de l’entreprise. La prudence et la sincérité. Les évaluations, les amortissements, les réductions de valeur et les provisions doivent répondre aux critères de prudence, de sincérité et de bonne foi. 5 II. Le bilan 1. Présentation du bilan comptable Le bilan est un document comptable obligatoire (à dresser au moins une fois par an) et un document juridique qui reprend l’ensemble des biens et créances à l’actif (emplois) et leur origine au passif (ressources). Le passif La ressource peut être interne, le financement est assuré par le(s) propriétaire(s) de l’entreprise (capitaux propres) ; externe, le financement est effectué par les créanciers (p.ex. fournisseurs, banques). L’actif L’actif fixe reste durablement dans l’entreprise, tandis que l’actif circulant est assujetti à un mouvement cyclique continuel. Les grandes masses du bilan comptable se présentent comme suit : Actif Actif immobilisé (ou fixe) Actif circulant Passif Capitaux propres Dettes Ou, s’il y a des dettes à long et moyen terme : Actif Actif immobilisé (ou fixe) Actif circulant Passif Capitaux permanents (=capitaux propres + dettes à LMT) Dettes à court terme 2. Interprétation juridique du bilan comptable L’actif constitue l’ensemble des droits réels1 (par exemple : Constructions, Marchandises, Caisse…), et des droits de créance2 (par exemple Clients, Banque, …). Le passif forme l’ensemble des obligations (par exemple : Fournisseurs, Emprunt, Administration des contributions directes, …). Droit de jouir et de disposer d’une chose de la manière la plus absolue, pourvu qu’on n’en fasse pas un usage prohibé par les lois et règlements. 2 C’est le droit qui établit entre 2 ou plusieurs personnes un rapport juridique donnant au créancier le pouvoir d’exiger du débiteur une prestation déterminée. 1 6 Economie de gestion : Sociétés commerciales D’où la relation suivante : Capital = ∑ droits - ∑ obligations Passif total = ∑ obligations + capital = exigible + non-exigible L’actif présente les moyens d’action ou emplois. Le passif indique les ressources ou sources internes et externes de financement, c’est-à-dire l’origine des emplois. Actif Passif Ressources ou sources de financement Emplois ou moyens d’action = origine de ce qui se trouve à l’actif 3. Analyse du bilan a) L’actif du bilan Les postes de l’actif du bilan sont classés par degré croissant de liquidité. Ils peuvent regrouper plusieurs comptes, qui sont repris dans un plan comptable et comportent chacun un numéro de compte facilitant ainsi leur classement (classe 2, 3, 4, 5). L’actif fictif Frais d’établissement (frais de constitution) Les frais d’établissement ont été engagés lors de la création ou de l’extension de l’entreprise et ils se rapportent à toute la durée de l’entreprise. Ces frais – exceptionnels par leur volume ou par leur occasion – sont inscrits à l’actif du bilan pour les répartir sur plusieurs exercices (c’est-à-dire afin de les amortir). Les frais d’établissement représentent un poste de non-valeur ou actif fictif qui ne fait pas partie de l’actif réel. Ils doivent être amortis – règle de prudence – sur un maximum de cinq ans. L’actif immobilisé Immobilisations incorporelles Les immobilisations incorporelles se composent des éléments suivants : Les concessions, brevets, licences et marques : le montant figurant au bilan sous l’expression concessions, brevets, licences et marques représente en général les dépenses faites pour leur acquisition et leur production juridique. Le fonds de commerce (ou fonds commercial) : il est constitué du droit au bail, de la clientèle, de l’achalandage, de l’emplacement, du nom commercial et de 7 l’enseigne. Le montant du fonds de commerce inscrit au bilan est – en général – le prix payé par l’exploitant actuel au propriétaire précédent. Si le fonds a été créé et non pas acheté, il ne figure pas au bilan. Immobilisations corporelles Les biens inscrits à cette rubrique sont des immobilisations du fait de leur destination et non du fait de leur nature. Par exemple les microordinateurs dans le magasin du vendeur font partie du stock (actif circulant). Mais les microordinateurs utilisés dans la gestion d’une entreprise sont inscrits dans l’actif immobilisé. Les immobilisations corporelles – biens mobiliers ou immobiliers – sont destinées à rester durablement dans l’entreprise. Cette rubrique comprend principalement : Terrains Constructions Installations techniques et machines Matériel de transport Matériel de bureau Matériel informatique Rappelons que l’immobilisé se déprécie et doit donc être amorti, sauf les terrains qui peuvent éventuellement donner lieu à une correction de valeur probable. Immobilisations financières Il s’agit surtout de titres de participation dont la possession par l’entreprise est estimée utile à son activité, du fait notamment qu’elle peut exercer une influence sur la société émettrice ou même d’en assurer le contrôle. Entre autres les immobilisations financières se composent des éléments suivants : Titres immobilisés (titres de placement) : il s’agit de titres acquis en vue de placer l’argent à terme Dépôts et cautionnements versés au titre de garanties permanentes L’actif circulant Stocks Les stocks de marchandises – dans une entreprise commerciale – interviennent dans le cycle d’exploitation de l’entreprise pour être vendus en l’état à la clientèle. Une entreprise industrielle a encore des stocks de matières premières, de produits intermédiaires, de produits finis et d’en-cours de production. Les stocks peuvent se déprécier et donner lieu à la constitution d’une correction de valeur. Selon le principe général d’évaluation des actifs, les stocks sont portés à l’actif à leur coût d’acquisition. 8 Economie de gestion : Sociétés commerciales Clients et comptes rattachés Cette rubrique est subdivisée en : Clients Clients douteux : il s’agit des comptes de clients qui n’ont pas payé malgré plusieurs rappels. Les clients dont la solvabilité est douteuse sont reclassés et subissent une correction de valeur probable. Valeurs mobilières Ces titres (actions, obligations) ont été acquis en vue de réaliser un gain à brève échéance. Ils sont considérés comme des valeurs de nature à être transformées facilement en disponibilités. Les titres de cette rubrique doivent donc pouvoir se négocier aisément. Disponibilités Banque (établissements financiers et assimilés) Caisse Les comptes de régularisation de l’actif Charges à reporter. Ce sont des charges (primes d’assurances, loyers, …), qui ne concernent pas l’exercice en cours et doivent donc être reportées sur l’exercice suivant. Ainsi l’entreprise dispose d’une créance en nature et ce compte figure à l’actif. D’éventuels « produits à recevoir » concernant des produits à toucher au cours de l’exercice suivant, mais dont une partie incombe en général à l’exercice en cours. b) Le passif du bilan Les postes du passif sont classés par degré croissant d’exigibilité. Le passif comprend les capitaux propres et les dettes (classes 1, 4, 5). Les capitaux propres Capital et réserves Le capital est l’ensemble des apports – en espèces ou en nature – mis à la disposition de l’entreprise par les propriétaires (ou associés) soit au moment de la création de l’entreprise, soit ultérieurement lors de l’augmentation de capital. Le capital est susceptible d’être : augmenté par incorporations de réserves ou de bénéfices dans le capital et par appel à des capitaux extérieurs ; diminué par remboursement d’apports aux associés ou par absorption de pertes. 9 C’est au capital social que l’on applique la « règle de la fixité ». Le capital d’une société est le gage de ses créanciers et marque la limite de la responsabilité de la société à leur égard. Les réserves sont des bénéfices non distribués mais conservés dans l’entreprise. On distingue la réserve légale, la réserve statutaire et la réserve facultative. Résultat de l’exercice Le compte de résultat regroupe les produits et les charges de l’exercice, sans tenir compte de leur date d’encaissement ou de paiement. On distingue les produits et charges d’exploitation, financiers et exceptionnels. Le bénéfice ou la perte apparaît par différence. Le bénéfice de l’exercice (après impôt sur les revenus des collectivités) est : intégré dans les capitaux propres – sous forme de réserve – pour la part du bénéfice conservée dans l’entreprise ; réparti parmi les actionnaires pour la part de bénéfice distribuée. Les provisions Provisions Elles couvrent un risque ou une charge prévisible à la clôture de l’exercice, mais impossibles à attribuer à un élément déterminé de l’actif. Les provisions sont donc inscrites au passif du bilan puisqu’il s’agit de dettes probables. Voici quelques exemples de provisions : Provisions pour risques : provisions pour litiges, provisions pour garanties données aux tiers. Provisions pour charges : provisions pour grosses réparations, provisions pour pensions et obligations similaires. Les dettes Emprunts (et dettes assimilées) à plus d’un an Cette rubrique reprend surtout les emprunts par obligations. Celles-ci sont des titres négociables, représentatifs d’un emprunt contracté à long terme par une société anonyme émettrice. Fournisseurs (et autres comptes rattachés) Y sont enregistrées les sommes dues aux fournisseurs. Personnel et comptes rattachés Il s’agit des rémunérations dues au personnel et non encore payées. Sécurité sociale et autres organismes Cette rubrique regroupe les dettes dues au titre de la Sécurité sociale (Centre commun de la sécurité sociale : CCSS). 10 Economie de gestion : Sociétés commerciales Etat (et autres collectivités publiques) Il s’agit des dettes envers l’Administration des Contributions directes, l’Administration Communale et l’Administration de l’Enregistrement. Les comptes de régularisation du passif Produits à reporter. Les produits pris en compte, alors que les fournitures (ou prestations) les justifiant n’ont pas encore été effectuées, sont à considérer en fin d’exercice comme une dette en nature et sont inscrits au passif du bilan. Par exemple, un loyer touché le 5 décembre d’une année pour les mois de décembre, janvier et février est un produit constaté d’avance pour les deux derniers mois. D’éventuelles « charges à payer » étant des charges de l’exercice en cours qui n’ont pas encore été saisies à la fin de cet exercice. 11 Exemple d’un bilan comptable Actif Frais d’établissement Bilan Val. brute CV Val. nette 3.000 1.500 1.500 Passif Capitaux propres Capital Actif immobilisé 41.500 5.000 5.000 2.500 50.000 18.000 10.000 10.000 12.000 2.500 40.000 6.000 2.000 8.000 Dettes 2.000 2.000 Emprunt à LT 25.000 Actif circulant Stocks 18.000 18.000 Emprunt à CT Personnel 18.000 4.000 Clients 10.000 10.000 Sécurité sociale 2.000 Fournisseurs Concours bancaires Comptes de régularisation Produits à reporter Charges à payer 7.000 1.000 Concessions, brevets, lic. Fonds de commerce Constructions Véhicules de transport Titres immobilisés Dépôts et caut. versés Clients douteux Valeurs mobilières 3.000 5.500 Banque 9.000 9.000 Caisse Comptes de régularisation Charges à reporter Produits à recevoir Total Actif 2.500 2.500 5.000 2.000 145.500 5.000 2.000 119.000 12 1.000 26.500 2.000 5.500 Réserves 4.000 Résultat de l’ex. Provisions Provisions 6.000 Total Passif 3.000 5.000 2.500 119.000 Economie de gestion : Sociétés commerciales Exercices Exercice 1 Voici un extrait d’une balance au 31.12.N. Précisez (dans la dernière colonne) s’il s’agit d’un compte d’actif ou passif. Capital Réserve légale Résultat net de l’exercice Provisions Emprunts auprès des établissements de crédit – durée < 1 an Emprunts auprès des établissements de crédit – durée > 1 an Terrains Constructions Installations techniques et machines Véhicules Outillage Mobilier Matériel informatique Titres immobilisés (droit de propriété) Constructions - Corrections de valeur Installations techniques et machines - Corrections de valeur Véhicules - Corrections de valeur Outillage - Corrections de valeur Mobilier - Corrections de valeur Matériel informatique - Corrections de valeur Titres immobilisés - Corrections de valeur Matières premières Fournitures consommables Produits finis Marchandises Fournisseurs Charges à payer Clients Clients douteux ou litigieux Produits à recevoir Centre Commun Sécurité Sociale TVA due Charges à reporter Produits à reporter Corrections de valeur sur comptes de clients Banque Delta Banque Gamma CCP Caisse 500.000 50.000 50.514 2.500 10.000 80.000 100.000 500.000 70.000 45.000 9.700 8.200 3.780 2.500 20.000 35.000 36.000 7.760 6.560 2.520 500 31.000 7.400 18.000 20.000 24.870 6.000 3.900 14.000 1.260 790 13.200 8.700 5.800 10.000 44.390 27.630 1.427 387 13 III. Le passage du bilan comptable au bilan fonctionnel 1. L’objectif fondamental de l’analyse L’analyse financière a été développée à la fin du XIXe siècle par des banquiers qui voulaient mesurer la solvabilité3 de leurs clients avant de décider de l’octroi de prêts. Les banquiers ont vite constaté que la solvabilité de leurs clients n’était pas un critère suffisant et qu’il fallait compléter le diagnostic financier par une analyse des liquidités4. Les techniques d’analyse ont constamment évolué afin de permettre d’analyser la performance économique de l’entreprise et d’évaluer la rentabilité des investissements. Définition : L’analyse financière peut être définie comme une démarche qui s’appuie sur l’examen critique des données comptables et qui a pour objet de porter un jugement global sur le niveau de performance de l’entreprise et sur sa situation financière (actuelle et future). Au niveau interne, l’étude des états financiers présente un intérêt particulier pour le chef d’entreprise, le directeur financier, le contrôleur de gestion mais aussi pour l’analyste externe. Les circonstances économiques ont changé, notamment en matière de concurrence de plus en plus difficile et de faillites nombreuses, de problèmes importants de trésorerie, de modification de taux d’intérêts et de marges bénéficiaires réduites. Il s’agit donc de bien connaître l’évolution de sa situation financière avant de prendre toute décision d’investissement, d’emprunt ou de création d’emplois ; décisions qui ont une répercussion directe sur l’équilibre financier et sur la performance financière de l’entreprise. Il faut donc peaufiner l’analyse financière et répondre à une série de questions : Comment améliorer la situation actuelle ? Comment établir des prévisions financières fiables à court, moyen et long terme ? L’entreprise est-elle rentable et/ou solvable et dégage-t-elle suffisamment de liquidités ? Quel sera l’impact des décisions commerciales et structurelles sur la situation financière de l’entreprise ? etc. L’analyse financière permettra de répondre à ces questions et facilitera la prise de décisions et la réalisation d’objectifs dans les domaines financier (emprunt, financement…), commercial (augmentation du chiffre d’affaires, acquisition et développement de la clientèle…), de production (meilleur rotation de stock, marge bénéficiaire…) et de rentabilité (accroître le bénéfice par action, rentabilité globale…). Outre les dirigeants, d’autres personnes ou organismes, externes à l’entreprise, sont fortement intéressés par l’analyse financière. Il suffit de citer les créanciers (fournisseurs, Etat, banques, actionnaires) qui courent toujours le risque de voir leur créances impayées à la date d’échéance. Les crédits doivent être remboursés et des problèmes 3 Solvabilité: la capacité de rembourser sa dette, soit en vendant un bien donné en garantie, soit en se liquidant. 4 Liquidité: la capacité de rembourser sa dette non plus grâce à la vente d’un gage, mais grâce aux seules disponibilités (avoirs en banques, caisse …). 14 Economie de gestion : Sociétés commerciales de liquidité ou de solvabilité peuvent mettre en péril les banques ainsi que les actionnaires. Les comptes annuels élaborés en fin d’année constituent les matériaux de base sur lesquels l’expert externe s’appuie pour mener son analyse. Finalement, l’établissement de ces documents de synthèse repose en partie sur des choix de politique comptable plus ou moins créatifs qui conditionnent fortement leur interprétation. Par exemple : l’évaluation des stocks est fonction de la méthode utilisée. Celle-ci peut surévaluer ou sous-évaluer les stocks par rapport à la valeur réelle. les dotations aux amortissements dépendent du taux et de la méthode d’amortissement adoptée (linéaire ou dégressif) ainsi que de considérations fiscales. le montant des provisions dépend souvent d’événements aléatoires difficilement estimables … Une analyse pertinente du Bilan et du compte de profits et pertes n’est donc possible que si l’analyste a une bonne connaissance des normes comptables et des choix de politique comptable opérés par l’entreprise. Sur ces choix, l’Annexe, le troisième document obligatoire, constitue une source d’information de première importance, quoique souvent insuffisante. En effet, outre les informations fournies par les comptes annuels, il faut aussi tenir compte de l’environnement économique et juridique de l’entreprise, car le contexte propre à chaque entreprise fournit les clés de compréhension indispensables à tout diagnostic financier. Nous allons par la suite étudier des techniques d’analyse élémentaire qui vont nous permettre de mieux juger les performances d’une entreprise. 15 2. Le bilan comptable et le bilan fonctionnel Le bilan comptable est un document juridique qui représente la situation patrimoniale d’une entreprise à une date donnée afin d’informer les créanciers de l’entreprise sur les garanties réelles du débiteur. Actif Bilan comptable Valeur comptable nette des biens et des créances possédés par l’entreprise Passif Capitaux propres + Dettes Le bilan comptable doit donc être rapproché à une situation réelle de l’entreprise du point de vue financier ou économique. Il faut ainsi corriger les effets des décalages entre réalité économique du bilan et représentation bilantaire dus au formalisme et évaluer autrement certains postes du bilan. L’analyste doit donc retraiter les données du bilan comptable pour aboutir à une autre représentation du bilan : le bilan fonctionnel (ou bilan financier). À cette fin, il a le choix entre toute une variété d’outils plus ou moins complexes. Nous allons nous limiter à étudier certains instruments de base de l’analyse financière. Certains éléments de l’actif ou du passif du bilan doivent être réévalués, d’autres éléments qui ne figurent pas au bilan comptable doivent être intégrés dans le bilan fonctionnel p.ex.: - les biens amortis à 100% n’apparaissent plus au bilan comptable alors qu’ils peuvent encore être employés dans l’entreprise en tant qu’instruments de production; - les biens et les créances possédés par l’entreprise figurent généralement au bilan comptable pour une valeur inférieure à leur valeur réelle;5 - Les investissements financés par crédit-bail (leasing) n’apparaissent pas au bilan comptable parce que la réalité juridique prime sur la réalité économique6. Ils seront introduits dans le bilan fonctionnel. 5 6 Principe de prudence Principe de la primauté du droit sur le fait 16 Economie de gestion : Sociétés commerciales 3. Les cycles fonctionnels L’approche fonctionnelle du bilan est en rupture avec l’approche juridique du bilan comptable parce qu’on abandonne l’affectation des postes du bilan par nature pour les regrouper en grands agrégats reflétant les cycles caractérisant l’activité de l’entreprise, à savoir : Passif Actif le cycle d’investissement qui regroupe les opérations d’acquisition d’actifs immobilisés incorporels (fonds de commerce, brevets …), corporels (constructions, installations techniques …) ou financiers (titres immobilisés, prêts à long terme …) le cycle de financement qui comprend les ressources durables nécessaires au développement de l’activité de l’entreprise (capital, réserves, emprunts à long terme …) le cycle d’exploitation qui regroupe les opérations liées au cycle « Achat – Stockage – Production – Vente ». Dans le cas d’une entreprise commerciale, le cycle d’exploitation se réduit aux opérations d’achat, de stockage et de distribution des marchandises. Pour une entreprise de services, ce cycle se limite à la prestation de services. Pour une entreprise industrielle le cycle s’étend aux produits finis et semi-finis. Le cycle d’exploitation dans le détail : Actif Passif STOCKS Achats Ventes Créances Clients Dettes Fournisseurs Encaissement Paiements Liquidités Du fait des crédits clients, des crédits fournisseurs, des délais de fabrication et des délais de commercialisation, le cycle d’exploitation d’une entreprise s’étend sur une période plus ou moins longue7. 7 En général, plus le produit est sophistiqué plus le cycle d’exploitation est long. 17 Ceci se traduit par un décalage temporel entre les flux de trésorerie positifs (notamment l’encaissement des ventes) et les flux négatifs (règlements des achats, paiement des salaires, des énergies …). 4. Le bilan fonctionnel Avant de passer aux adaptations nécessaires pour passer du bilan comptable au bilan fonctionnel, il importe de définir les grandes masses de celui-ci. La base de départ reste le bilan comptable qui nécessite donc des adaptations qui résultent des cycles d’exploitation, de financement et d’investissement. Dans un bilan fonctionnel, les ressources et les emplois sont classés selon le cycle (investissement, financement ou exploitation) auquel appartient leur recette ou leur dépense d’origine; évalués à la valeur d’origine des flux de recettes et de dépenses. Les cycles de financement et d’investissement sont caractérisés par leur durée plutôt longue ; on parle de cycle long. Les emplois et les ressources sont stables. Le cycle d’exploitation se distingue par des emplois cycliques. Les stocks, les créances et la trésorerie (positive) ainsi que les dettes d’exploitation et la trésorerie négative sont à court terme. On parle de cycle court. Le bilan fonctionnel fait donc apparaître quatre masses homogènes reflétant les opérations d’investissement, de financement et d’exploitation: EMPLOIS RESSOURCES EMPLOIS STABLES Immobilisations (brutes) RESSOURCES STABLES Financement propre Dettes financières EMPLOIS CYCLIQUES Stocks (bruts) Créances (brutes) Trésorerie positive RESSOURCES CYCLIQUES Dettes d’exploitation Trésorerie négative 5. Les retraitements du bilan comptable Pour arriver à présenter les quatre masses du bilan fonctionnel, il faut retraiter les données du bilan comptable, c’est-à-dire : éliminer certains postes du bilan comptable, intégrer des éléments au bilan fonctionnel qui ne figurent pas au bilan comptable et reclasser les postes du bilan comptable selon leur fonction. 18 Economie de gestion : Sociétés commerciales a) Elimination des non-valeurs Les non-valeurs correspondent à des actifs fictifs, créés pour les besoins d’une procédure comptable. Tel est le cas notamment des frais d’établissement. A l’actif : Ces actifs fictifs, sans valeur réelle et ne pouvant donner lieu à aucune rentrée de fonds future, sont déduits de l’actif total. (ne sont pas considérés !!! ) Au passif : En contrepartie de cette élimination des non-valeurs à l’actif, on constate une diminution, au passif, des ressources stables (« financement propre ») pour un montant équivalent. (sont retranchés !!! ) Au bilan fonctionnel les frais d’établissement sont éliminés de l’actif et donnent lieu à une diminution des ressources stables du passif pour un même montant. Exemple Bilan comptable Actif total 800.000 € dont 100.000 € de frais d’établissement Capitaux propres 500.000 € Bilan fonctionnel Actif total 700.000 € Dettes 300.000 € Financement propre 400.000 € Dettes 300.000 € b) Prise en compte des biens acquis par crédit-bail Le crédit-bail (leasing) est un moyen de financement qui permet à l’entreprise d’utiliser des immobilisations corporelles de façon durable, sans avoir à avancer leur valeur d’acquisition. Comment faire, quand on est industriel, pour acheter une machine, alors qu'on n’a pas beaucoup d'argent de côté et qu'on a déjà hypothéqué sa maison et celle de ses parents? Impossible? Pas tout à fait: il reste le crédit-bail. Un organisme financier achète cette fameuse presse qui va vous permettre de décrocher le contrat du siècle. Il la met à votre disposition. Vous l'installez dans votre atelier comme si vous l'aviez achetée vous-même et vous l'utilisez comme n'importe quelle autre machine. En échange, vous versez à cet organisme un loyer, convenu au départ, pour une durée qui correspond généralement à la durée d'amortissement de la machine. À la fin de cette période, votre contrat peut prévoir une option d'achat: vous pourrez alors acquérir la machine à un prix modique, convenu dès le départ, qui tient compte des loyers déjà versés. C'est, à proprement parler, ce qu'on nomme du crédit-bail.8 8 Extrait de l’article « Le crédit-bail bouscule les frontières de l’entreprise » par William Desmonts 19 L’entreprise n’est pas juridiquement propriétaire des biens mis à sa disposition par crédit-bail, ceux-ci n’apparaissent donc pas dans son bilan comptable. Cependant comme ces biens contribuent à l’activité économique de l’entreprise au même titre que les biens acquis en toute propriété, il est nécessaire de les réintégrer dans le bilan fonctionnel. Le bilan fonctionnel considère les équipements financés par crédit-bail comme des immobilisations financées par un emprunt. 9 A l’actif La méthode de retraitement la plus courante consiste à ajouter la valeur d’origine des immobilisations acquises en crédit-bail aux emplois stables donc à l’actif immobilisé. Au passif En contrepartie, le passif doit comprendre les ressources qui en permettent le financement. Or ces ressources comportent, d’une part, les amortissements qui auraient été pratiqués depuis son acquisition si le bien avait été incorporé au patrimoine de l’entreprise et, d’autre part, une ressource correspondant à l’avance des fonds consentis par le loueur. Par conséquent, les corrections de valeur pratiquées sont à ajouter aux ressources propres (« financement propre ») et la valeur nette est ajoutée aux dettes financières. ajoutés à l’actif immobilisé pour leur valeur d’origine brute Les biens acquis en crédit-bail sont ajoutés au financement propre pour la part représentant l’équivalent de l’amortissement fictif du bien ajoutés aux dettes financières pour leur montant net (valeur d’origine–cumul des amortissements) c) Le stock-outil ou de sécurité Le stock-outil (ou stock de sécurité) représente le stock minimum indispensable pour que l’entreprise ne se trouve pas en rupture de stock, doit être incorporé à l’actif immobilisé plutôt qu’à l’actif circulant. Ce qui signifie que pour chaque phase de fabrication, les gestionnaires doivent fixer un montant minimum de stock nécessaire à l’approvisionnement régulier des différentes étapes de la production. 9 Dans le cadre de ce cours, par convention, le crédit-bail est supposé débuter au 01/01/N. 20 Economie de gestion : Sociétés commerciales Exemple : Le stock d’une entreprise est de 8.000 unités à 1.000 € l’une. La valeur du stock est donc de 8.000.000 €. Admettons que le stock minimum indispensable est de 1.500 unités, le stock-outil s’élève à 1.500.000 € qu’on doit ajouter au total de l’actif immobilisé. Pour la vente néanmoins, on prélève indistinctement dans les 8.000 unités disponibles en stock. Stock de marchandises 8.000 unités (valeur unitaire de 1.000 €). Total 8.000.000 € Stock-outil (1.500 unités) 1.500.000 € Reste du stock (6.500 unités) 6.500.000 € Actif immobilisé Actif circulant e) La conception financière des corrections de valeur. À la fin de l’exercice, en vertu du principe de prudence, le comptable doit tenir compte des dépréciations irréversibles (« amortissements pour dépréciation ») et des dépréciations probables. Or, ces écritures de correction des valeurs se distinguent fondamentalement des autres charges du fait qu’elles n’entraînent pas de décaissement immédiat ou différé. L'objectif des écritures d’amortissement et des écritures de corrections de valeur probables est double: respecter le principe de prudence; mettre en réserve, sous forme d’une dotation, une somme équivalente à la charge calculée. Ce deuxième aspect de l’écriture de correction de valeur traduit la préoccupation du comptable de ne pas laisser la firme s'appauvrir en distribuant des bénéfices fictifs et conduit l’analyste à considérer les corrections de valeur comme constituant une ressource de l’exercice. En effet, l’écriture de correction de valeur aboutit à conserver dans l’actif une valeur égale à celle qui en a été soustraite (ou, ce qui revient au même, a été ajoutée au passif) pour mesurer la dépréciation; l’amortissement et la correction de valeur probable sont donc une source de financement propre10. 10 Voir annexe 21 f) Les provisions Les provisions couvrent des dettes et des charges nettement précisées quant à leur objet, mais probables à la fin de l’exercice comptable ou devenues certaines, mais dont le montant n’est pas encore déterminé. Il s’agit donc de dettes probables. En général, le montant de la provision doit pouvoir être évalué avec une certaine précision. Or, il se peut qu’il faille se baser sur une estimation à partir de méthodes statistiques ou forfaitaires pour obtenir la valeur de la provision. Les provisions pour risques sont constituées pour des litiges ou des garanties données aux tiers. Les provisions pour charges quant à elles couvrent les montants pour des grosses réparations. Du point de vue financier il faut procéder à un reclassement de ces provisions dans deux directions : si les provisions ont été constituées sans objet réel (ou avec un objet fictif) ; il convient de les assimiler à des réserves donc à un financement propre ; si d’autres provisions présentent des risques réels et donneront probablement lieu à une dépense dans moins d’un an. Elles doivent être assimilées à des dettes à court terme. Si la dépense est à prévoir à plus d’un an ces provisions sont attribuées aux dettes à moyen et long terme. réserves : financement propre provisions à court terme dettes d’exploitation à long et moyen terme dettes financières dettes 22 Economie de gestion : Sociétés commerciales 6. Présentation détaillée du bilan fonctionnel EMPLOIS RESSOURCES EMPLOIS STABLES RESSOURCES STABLES Poste à éliminer: Frais d'établissement Actif immobilisé brut Financement propre Immobilisations incorporelles + Immobilisations corporelles + Immobilisations financières + Biens acquis par crédit-bail Capital social + Réserves Résultats reportés11 Résultat de l'exercice – partie non distribuée + Corrections de valeur + Amort. théoriques du crédit-bail + Provisions (sans objet réel) - Frais d’établissement + Stock outil (stock de sécurité) Dettes financières Toutes les dettes financières (moyen et long terme) + Provisions (avec risque réel >1an) + Valeur nette du crédit-bail EMPLOIS CYCLIQUES RESSOURCES CYCLIQUES Stocks (bruts) Dettes d'exploitation Matières premières Dettes sur achats et prestations de services Autres dettes d’exploitation Comptes de régularisation du passif + Provisions (avec risque réel <1an) Résultat de l’exercice restant à distribuer Produits finis et marchandises - Stock outil (stock de sécurité) Créances (brutes) Créances résultant de ventes et prestations de services Autres créances Comptes de régularisation de l’actif Trésorerie positive Trésorerie négative Disponibilités + Valeurs mobilières Soldes créditeurs banques Concours bancaires courants Emprunts < 1 an 11 Report à nouveau bénéficiaire (solde créditeur du compte « 141 Résultats reportés »): au lieu que le bénéfice d’un exercice soit en entier et tout de suite affecté (dividende, réserve), une partie peut être reportée; son affectation définitive ne sera décidée qu’à la fin d’un exercice ultérieur. Report à nouveau déficitaire (solde débiteur du compte « 141 Résultats reportés »): au lieu d’absorber la perte par un prélèvement sur les réserves ou une réduction du capital, celle-ci est reportée à l’exercice suivant. 23 7. Présentation graphique du bilan fonctionnel Une fois le bilan fonctionnel établi, nous pouvons procéder à une représentation graphique des grandes masses. Il existe plusieurs possibilités de représentations graphiques, la plus utilisée est le diagramme en barres: l’actif et le passif sont représentés par un rectangle identique divisé horizontalement en bandes dont les hauteurs sont proportionnelles aux masses du bilan fonctionnel. Exemple : (échelle : 1 % = 1 mm, les montants sont purement fictifs) EMPLOIS Actif immobilisé (brut) (40 % = 40 mm) Stocks (bruts) (20 % = 20 mm) Créances (brutes) (30 % = 30 mm) Trésorerie positive (10 % = 10 mm) 24 RESSOURCES Financement propre (30 % = 30 mm) Dettes financières (40 % = 40 mm) Dettes d’exploitation (25 % = 25 mm) Trésorerie négative (5 % = 5 mm) Economie de gestion : Sociétés commerciales 8. Application résolue La société XYZ S.A. vous charge de dresser son bilan fonctionnel à partir d’un extrait de sa balance au 31.12.N : Capital Réserve légale Résultat net de l’exercice Provisions (sans objet réel) Emprunts auprès des établissements de crédit – durée < 1 an Emprunts auprès des établissements de crédit – durée > 1 an Terrains Constructions Constructions, CV Installations techniques et machines Installations techniques et machines, CV Véhicules Véhicules, CV Outillage Outillage, CV Mobilier Mobilier, CV Matériel informatique Matériel informatique, CV Titres immobilisés (droit de propriété) Titres immobilisés, CV Matières premières Fournitures consommables Produits finis Marchandises Fournisseurs Charges à payer Clients Clients douteux Clients, CV Produits à recevoir Centre Commun Sécurité Sociale TVA due Charges à reporter Produits à reporter Banque Delta Banque Gamma CCP Caisse 500.000 50.000 50.514 2.500 10.000 80.000 100.000 500.000 20.000 70.000 35.000 45.000 36.000 9.700 7.760 8.200 6.560 3.780 2.520 2.500 500 31.000 7.400 18.000 20.000 24.870 6.000 3.900 14.000 10.000 1.260 790 13.200 8.700 5.800 44.390 27.630 1.427 387 25 Emplois Actif immobilisé Bilan fonctionnel au 31.12.N Ressources 739.180 Financement propre 721.354 Stocks 76.400 Dettes financières 80.000 Créances 27.860 Dettes d’exploitation 50.660 Trésorerie positive 46.204 Trésorerie négative 37.630 889.644 889.644 Espace pour les calculs: Actif immobilisé (brut) = 100.000 + 500.000 + 70.000 + 45.000 + 9.700 + 8.200 + 3.780 + 2.500 = 739.180 € Stocks = 31.000 + 7.400 + 18.000 + 20.000 = 76.400 € Créances = 3.900 + 14.000 + 1.260 + 8.700 = 27.860 € Trésorerie positive = 44.390 + 1.427 + 387 = 46.204 € Financement propre = 500.000 + 50.000 + 50.514 + 2.500 + 20.000 + 35.000 + 36.000 + 7.760 + 6.560 + 2.520 + 500 + 10.000 = 721.354 € Dettes financières = 80.000 € (> 1 an) Dettes d’exploitation = 24.870 + 6.000 + 790 + 13.200 + 5.800 = 50.660 € Trésorerie négative = 10.000 (< 1an) + 27.630 = 37.630 € 26 Economie de gestion : Sociétés commerciales Exercices EXERCICE 1 Une entreprise utilise depuis janvier N un matériel industriel financé par un contrat de crédit-bail dont les dispositions sont les suivantes: Valeur à neuf du matériel: 50.000 € Valeur du matériel en fin de contrat: 22.000 € Durée du contrat: 5 ans dont 3 restent à courir Avant retraitement du crédit-bail, le bilan fonctionnel se présente comme suit: Emplois Actif immobilisé Stocks Créances Trésorerie positive Bilan fonctionnel au 31.12.N+1 155.000 40.000 10.000 5.000 Financement propre Dettes financières Dettes d’exploitation Trésorerie négative 210.000 Ressources 112.000 35.000 61.000 2.000 210.000 Travail à faire 1. Calculez l’annuité d’amortissement linéaire (« fictif ») du matériel financé par crédit-bail. 2. Présentez les retraitements nécessaires afin de pouvoir dresser le bilan fonctionnel à la fin de la deuxième année d’utilisation du matériel industriel. 3. Présentez le bilan fonctionnel après retraitement du leasing. EXERCICE 2 Reprenez les données du bilan fonctionnel de l’application résolue. Le responsable du service comptabilité avait oublié de vous informer que l’entreprise exploite depuis janvier N-2 plusieurs photocopieurs financés par un contrat de crédit-bail: Valeur à neuf du matériel: 24.000 € Durée du contrat: 4 ans Valeur des photocopieurs en fin de contrat: 7.000 € Travail à faire Présentez le bilan fonctionnel après retraitement du leasing. 27 EXERCICE 3 La société PMS S.A. vous charge de dresser son bilan fonctionnel à partir des données suivantes : Soldes BVS APRES INVENTAIRE au 31 décembre N Débit Capital Réserve légale Résultat net de l’exercice Résultats reportés Emprunts auprès des établissements de crédit (durée résiduelle inférieure ou égale à 1 an ) Emprunts auprès des établissements de crédit (durée résiduelle supérieure à 1 an ) Frais de constitution Frais de constitution, CV Machines Machines, CV Mobilier Mobilier, CV Stocks de marchandises Fournisseurs Clients douteux Clients, CV Contributions directes TVA due Charges à reporter Banque CLLA Banque XLZ Caisse Totaux Crédit 25.000 250 10.961 4.050 5.000 45.000 6.000 3.600 70.000 21.000 12.400 4.650 19.180 9.092 1.400 1.000 568 8.611 2.300 3.600 6.400 280 130.171 130.171 L’entreprise a financé le véhicule qu’elle utilise depuis janvier N-1 par un contrat de crédit-bail : Valeur à neuf du véhicule: 30.000 € Durée du contrat: 5 ans Valeur du véhicule en fin de contrat: 10.000 € Travail à faire 28 1. Présentez le bilan fonctionnel au 31.12.N. 2. Représentez graphiquement le bilan fonctionnel à l’aide d’un diagramme en barres. Economie de gestion : Sociétés commerciales EXERCICE 4 Le bilan d’une entreprise se présente comme suit : Actif Frais d’établissement Bilan comptable au 31.12.2006 10.000 Capital Passif 155.000 150.000 Réserves 60.000 Terrains 30.000 Résultat de l’exercice Matériel de transport 120.000 6.000 Provisions Matériel informatique 40.000 Matériel informatique, CV - 1.000 Emprunt 8 ans Titres immobilisés 80.000 Fournisseurs 25.000 Dépôts et cautionnements versés 10.000 Personnel 10.000 200.000 Concours bancaires courants Stocks 50.000 Charges à payer Clients Produits à recevoir 9.000 Valeurs mobilières 5.000 22.000 Caisse 6.000 Charges à reporter Total Actif 620.000 5.000 8.000 CCP 5.000 35.000 Banque 200.000 Total Passif 620.000 Le stock outil est de 25.000 €. Les provisions sont pour moitié sans risque réel, l’autre moitié correspond à un risque de dépense à l’horizon 2009. Le résultat est retenu pour 2/3 dans l’entreprise, le reste sera distribué aux actionnaires dans 3 mois. L’entreprise a financé une machine qu’elle utilise depuis janvier 2003 par un contrat de crédit-bail: - Valeur à neuf de la machine: 30.000 € - Durée du contrat: 6 ans - Valeur de la machine en fin de contrat: 6.000 € Travail à faire Dressez le bilan fonctionnel. 29 IV : Analyse des états financiers du bilan L’analyse du passif du bilan permet d’étudier l’ensemble des ressources financières mises à la disposition de l’entreprise selon plusieurs optiques : L’importance des capitaux propres qui informe sur l’indépendance financière de l’entreprise. Le degré de permanence des capitaux qui mesure le pourcentage des capitaux à long terme. La connaissance de la structure de l’actif du bilan est nécessaire. L’importance des capitaux à court terme qui montrera la part des dettes remboursables dans un délai inférieur à un an. L’actif peut être analysé de la même manière et nous déterminerons : L’importance des emplois fixes par rapport au total de l’actif : ce ratio permettra de définir la politique d’investissement de l’entreprise, L’importance de l’actif circulant par rapport au total de l’actif : ce ratio est lié à l’exploitation de l’entreprise et peut même être peaufiné par l’étude de la rotation des stocks ou des délais de paiement accordés aux clients. L’analyse ne s’arrête pas à l’étude séparée de l’actif et du passif, mais est complétée par l’analyse des relations qui existent entre ceux-ci. Comment l’entreprise finance-t-elle son cycle d’exploitation ou son cycle d’investissement ? Pour répondre à de telles questions, on calcule le fonds de roulement permanent de l’entreprise ainsi que le besoin en fonds de roulement et la trésorerie nette. L’analyse du bilan peut aussi se faire à l’aide de ratios (rapports entre deux grandeurs significatives) qui permettent l’étude et l’interprétation de la structure financière de l’entreprise. 1. Le fonds de roulement Le fonds de roulement est calculé pour déterminer à quel point les ressources stables couvrent les emplois stables du bilan. Les surplus des ressources stables permettent de contribuer au financement des besoins liés au cycle d’exploitation et d’éviter une rupture dans le remboursement des dettes à court terme. On est dans la situation d’avoir un fonds de roulement positif. 2 méthodes de calcul Une bonne situation financière de l’entreprise implique que les emplois durables soient toujours financés par des ressources durables, c’est-à-dire par des fonds propres et des capitaux étrangers à long terme. Comme les ressources stables et les emplois stables constituent le haut du bilan, le calcul du fonds de roulement se fait par le haut du bilan. Nous retenons donc la 1ère méthode : Fonds de roulement = ressources stables – emplois stables 30 Economie de gestion : Sociétés commerciales Nous pouvons schématiser le calcul du fonds de roulement permanent comme suit : Ressources Passif Financement propre Stocks (bruts) F.R. (positif) Dettes financières Ressources stables Actif immobilisé (brut) Emplois Créances (brutes) cycliques cycliques stables Emplois Actif Dettes d’exploitation Trésorerie positive Trésorerie négative Remarque Nous venons de calculer le fonds de roulement par le haut du bilan. Il est évidemment possible de le calculer par le bas du bilan. Nous dirons que l’entreprise est en équilibre financier si elle détient en bas du bilan suffisamment d’actifs liquides ou liquidables à court terme pour pouvoir payer ses dettes d’exploitation et couvrir sa trésorerie négative. Nous retenons donc la 2ème méthode : Ressources Passif Actif immobilisé (brut) Financement propre stables Emplois Actif F.R. (positif) Dettes financières Créances (brutes) Dettes d’exploitation Trésorerie positive cycliques Stocks (bruts) Ressources Emplois cycliques stables Fonds de roulement = emplois cycliques – ressources cycliques Trésorerie négative 31 2. Le besoin en fonds de roulement Nous venons de déterminer le fonds de roulement qui permet normalement de couvrir une partie des besoins liés au cycle d’exploitation de l’entreprise. Il importe maintenant de s’intéresser aux emplois provisoires et aux dettes à court terme. En effet, le cycle d’exploitation ne peut être réalisé que par la mise en œuvre de mouvements de fonds réguliers : Les flux d’entrée : recettes provenant des ventes de produits ou des prestations de services, Les flux de sortie : dépenses suite à l’acquisition de matières, de biens ou services nécessaires pour la vente. On constate que le cycle d’exploitation entraîne des charges (classe 6) et des produits (classe 7). L’entreprise doit garantir le financement de ce cycle qui résulte du décalage entre les encaissements et les décaissements. Le besoin en fonds de roulement est la partie des besoins d’exploitation (stocks et créances) qui n’est pas couverte par les ressources d’exploitation (dettes d’exploitation). Si emplois d’exploitation > ressources d’exploitation Si les ressources d’exploitation sont inférieures aux emplois d’exploitation, on parlera d’un besoin en fonds de roulement. Le besoin en fonds de roulement sera positif. Rappelons qu’on ne tient pas compte de la trésorerie positive et négative. emplois d’exploitation – ressources d’exploitation = besoin en fonds de roulement Si emplois d’exploitation < ressources d’exploitation Si les ressources d’exploitation sont supérieures aux emplois d’exploitation, on parlera d’une ressource en fonds de roulement ou d’un excédent de financement d’exploitation. Le besoin en fonds de roulement sera négatif dans ce cas. emplois d’exploitation – ressources d’exploitation = ressource en fonds de roulement 3. La trésorerie nette Arrivé à ce stade de l’analyse du bilan, il importe de s’arrêter à l’analyse de la trésorerie. Il s’agit de l’analyse des liquidités, des placements de trésorerie à moins d’un an, des crédits et des emprunts à moins d’un an. Comment mesurer la situation de la trésorerie ? 32 Economie de gestion : Sociétés commerciales Trésorerie nette = fonds de roulement – besoin en fonds de roulement Si FR > BFR, on obtient un excédent de trésorerie et les besoins liés au cycle d’exploitation sont financés par les capitaux permanents. Si FR < BFR, la trésorerie est déficitaire et les besoins liés au cycle d’exploitation de l’entreprise ne sont pas couverts par le fonds de roulement. Remarque Nous venons de déduire la trésorerie à partir du fonds de roulement et du besoin en fonds de roulement. Il est possible de la contrôler en comparant la trésorerie positive à la trésorerie négative. Nous retenons donc la 2ème méthode : Trésorerie nette = trésorerie positive – trésorerie négative Schéma de synthèse ressources stables – emplois stables = fonds de roulement emplois d’exploitation – ressources d’exploitation = besoin en fonds de roulement fonds de roulement – besoin en fonds de roulement = trésorerie nette 33 4. L’amélioration du fonds de roulement et du besoin en fonds de roulement Prévoir des liquidités suffisantes pour faire face au remboursement des dettes à court terme signifie augmenter le fonds de roulement et/ou diminuer le besoin en fonds de roulement. L’entreprise cherche donc un bon équilibre financier. Pour augmenter le fonds de roulement, il faut augmenter les ressources stables et / ou diminuer les emplois stables en : - augmentant le financement propre (augmentation du capital, mise en réserve des bénéfices, amortissements pour augmenter l’autofinancement …) augmentant les dettes financières (emprunter à long terme) diminuant les immobilisations (très difficile, voire impossible si biens de production) Pour diminuer le besoin en fonds de roulement, il faut diminuer les stocks et créances et / ou augmenter les dettes d’exploitation12 en : - - 12 réduisant les durées de stockage (augmentation de la rotation du stock) réduisant le délai de recouvrement des créances sur les clients (diminuer les crédits clients accorder un escompte pour inciter les clients à payer dans la huitaine voire exiger le paiement au comptant) augmentant le délai de règlement des dettes envers les fournisseurs (négocier un allongement des crédits fournisseurs) Voir III,3 – cycle d’exploitation 34 Economie de gestion : Sociétés commerciales Exercices Exercice 1 Supposons le bilan fonctionnel suivant : Bilan fonctionnel Emplois Actif immobilisé 2.300.000 Financement propre Ressources 2.050.000 Stocks 600.000 Dettes financières 550.000 Créances 200.000 Dettes d’exploitation 600.000 Trésorerie positive 100.000 3.200.000 3.200.000 Travail à faire 1. 2. 3. Calculez le fonds de roulement. Calculez le besoin en fonds de roulement. Calculez la trésorerie nette et commentez. Exercice 2 Supposons le bilan fonctionnel suivant : Bilan fonctionnel Emplois Actif immobilisé 2.300.000 Financement propre Ressources 2.120.000 Stocks 500.000 Dettes financières 230.000 Créances 300.000 Dettes d’exploitation 900.000 Trésorerie positive 150.000 3.250.000 3.250.000 Travail à faire 1. 2. 3. Calculez le fonds de roulement. Calculez le besoin en fonds de roulement. Calculez la trésorerie nette et commentez. 35 Exercice 3 Supposons le bilan fonctionnel suivant : Emplois Actif immobilisé Bilan fonctionnel Ressources 2.300.000 Financement propre 2.130.000 Stocks 300.000 Dettes financières 120.000 Créances 100.000 Dettes d’exploitation 320.000 Trésorerie positive 150.000 Trésorerie négative 280.000 2.850.000 2.850.000 Travail à faire 1. 2. 3. Calculez le fonds de roulement. Calculez le besoin en fonds de roulement. Calculez la trésorerie nette et commentez. Exercice 4 La société SOCO SA achète des produits auprès du monopoleur MONOSOC SA et les revend à des magasins spécialisés. Malgré une forte concurrence, SOCO SA a réussi à augmenter son chiffre d’affaires de plus 15% par an pendant les trois dernières années. De plus le carnet de commandes est déjà bien rempli pour l’année 2015. Depuis sa création, l’entreprise SOCO SA a réalisé, année par année, des bénéfices importants qui - après avoir alimenté la réserve légale jusqu’à hauteur du minimum légal - ont été distribués aux actionnaires sous forme de dividendes. Le tableau suivant récapitule l’évolution du fonds de roulement, du besoin en fonds de roulement et de la trésorerie: 2012 2013 2014 FR 147.000 163.000 172.000 BFR 134.000 153.000 185.000 Trésorerie nette +13.000 + 10.000 -13.000 Travail à faire 1. Commentez la situation de l’entreprise. 2. Quelles solutions sont envisageables pour améliorer la situation de la société SOCOM SA ? Précisez si elles sont toutes réalisables. 36 Economie de gestion : Sociétés commerciales Section 2 : Analyse du résultat I. Le compte de profits et pertes Nous venons d’analyser la performance d’une entreprise à l’aide du bilan faisant partie des comptes annuels. Pour mieux connaître la performance économique, il faut passer par une lecture critique du compte de profits et pertes. Cette analyse permettra de mettre en exergue les performances de la maîtrise des charges de l’entreprise et des efforts déployés pour augmenter les recettes de celle-ci. Il est à noter que nous ne devons pas confondre charges et produits avec dépenses et recettes réelles (effets sur la trésorerie). Un amortissement est bien une charge pour l’entreprise, mais n’entraîne pas de décaissements (la trésorerie n’est pas affectée). Comme pour l’analyse du bilan, nous allons décomposer le compte de profits et pertes en différents agrégats pour mieux analyser les raisons conduisant au profit ou à la perte réalisée par l’entreprise. Nous analyserons d’abord les charges ainsi que les produits selon leur nature, pour ensuite calculer les différents résultats. Le coût d’achat des marchandises vendues et la marge commerciale, la distinction entre coûts fixes ainsi que la marge sur coûts variables sont des indicateurs importants pour le calcul du seuil de rentabilité. Cette première partie sera consacrée à l’étude des charges fixes et variables pour définir finalement le seuil de rentabilité d’une entreprise. Dans la deuxième partie de ce chapitre, nous analyserons le passage du chiffre d’affaires au résultat net de l’exercice en expliquant les différents soldes intermédiaires de gestion. La troisième partie sera consacrée à l’analyse de la capacité d’autofinancement ainsi que de l’autofinancement. 37 1. Compte de résultat Le compte de profits et pertes se présente de la façon suivante : Il est donc possible de calculer le résultat d’exploitation, le résultat financier et le résultat exceptionnel. Les dotations aux corrections de valeur (DCV), les dotations aux provisions, les reprises sur corrections de valeur (RCV) et les reprises sur provisions sont ventilées suivant leur nature (exploitation, financière et exceptionnelle). Si le total des charges est supérieur au total des produits, l’entreprise est en situation de perte, au cas contraire, elle peut afficher un résultat positif, donc un bénéfice. 2. Analyse des charges Les charges fixes, ou encore charges de structure, se distinguent des charges variables, ou charges opérationnelles, par leur indépendance du niveau de production tant que la structure de l’entreprise ne change pas. Exemples de charges fixes : les amortissements, le loyer, les primes d’assurances, etc. Les charges variables, ou encore charges opérationnelles, quant à elles sont directement liées à l’activité de l’entreprise et sont ainsi liées à la quantité produite. Exemples de charges variables : coûts des matières premières, coûts de la distribution, achats de marchandises, commissions accordées aux vendeurs, etc. Dans un but de simplification, nous admettons que les charges variables sont strictement proportionnelles au chiffre d’affaires (quantité produite multipliée par le coût unitaire). Nous obtenons ainsi la formule suivante : Charges totales (CT) = charges fixes (CF) + charges variables (CV) 38 Economie de gestion : Sociétés commerciales 3. Le résultat différentiel Différents éléments doivent être calculés avant d’établir le résultat différentiel, à savoir : Le chiffre d’affaires net (CHIDA net) Le chiffre d’affaires est renseigné par le compte de gestion « 7051 Ventes de marchandises». Il va de soi que ce compte est corrigé par le compte « 709 RRR accordés » dans lequel sont enregistrées les réductions commerciales accordées aux clients. La variation de stock A l’aide du compte de profits et pertes, il est possible de calculer le coût d’achat des marchandises vendues. Pour ce calcul, il faut néanmoins connaître le stock initial et final des marchandises afin de déterminer la variation de stock. La variation du stock est obtenue en retranchant du stock initial (SI) le stock final (SF). Variation de stock = stock initial - stock final Cette différence peut être soit positive, soit négative. Si SF < SI On parle de déstockage lorsque le stock final est inférieur au stock initial. La variation du stock sera positive et augmentera ainsi les charges de l’exercice. Si SF > SI Il y a stockage lorsque les achats de marchandises ont contribué à un accroissement du stock de marchandises à la fin de l’exercice. Le stock final dépasse ainsi le stock initial et la variation de stock est négative, soit une diminution des charges. Le coût d’achat des marchandises vendues (CAMV) L’entreprise doit comparer la valeur de ses ventes au coût d’achat des marchandises vendues (et de ces marchandises seulement). CAMV = achats de marchandises – RRR obtenus ± variation de stock + frais d’achat A noter que le compte « 6063 Achats de marchandises » est corrigé par le compte « 609 RRR obtenus » qui enregistre les réductions commerciales obtenues auprès des fournisseurs. 39 Au cas où l’entreprise supporte des frais accessoires d’achat, tel que des frais de transport ou d’emballages, il faut les intégrer dans le coût d’achat des marchandises vendues. La marge commerciale La marge commerciale est un indicateur important pour l’entreprise puisqu’elle peut déterminer le surplus qu’elle réalise lors de ses ventes. En effet, la marge commerciale est la différence entre le chiffre d’affaires (net) réalisé et le coût d’achat des marchandises effectivement vendues. Marge commerciale = CHIDA net - CAMV Les éléments précédents nous permettent de dresser le schéma du résultat différentiel: Chiffre d’affaires net - Coût d’achat des marchandises vendues = Marge commerciale - Autres charges variables = Marge sur coûts variables - Charges fixes = Résultat différentiel 4. Le seuil de rentabilité Le seuil de rentabilité (SR), encore appelé point mort, est le chiffre d’affaires qui couvre exactement la totalité des charges. Au seuil de rentabilité le résultat (R) est nul, il n’y a donc ni bénéfice ni perte. Si le chiffre d’affaires est inférieur au SR, l’entreprise réalise une perte, s’il est supérieur au SR, il y a bénéfice. Le résultat, quant à lui, peut être déterminé de deux façons : R = CHIDA – CT = CHIDA – (CV + CF) R = Ms/CV – CF Des définitions et égalités précédentes il découle qu’au seuil de rentabilité, on a: R=0 (1) Ms/CV = CF (2) CHIDA = CT avec CT = CV + CF (3) Ces trois égalités conduisent évidemment à une et une seule solution mathématique, mais elles permettent de représenter le seuil de rentabilité de trois manières différentes. Toutefois, dans le cadre de ce cours, nous ne retenons que les deux premières méthodes. 40 Economie de gestion : Sociétés commerciales Exercice résolu On dispose des données suivantes : CHIDA = CV = CF = 6.400.000 € 4.800.000 € 750.000 € 1re méthode : R = 0 Coefficient de variabilité : CV / CHIDA = 0,75 afin de calculer le SR, posons : CHIDA au SR = x alors on a : CV = 0,75 x comme R = CHIDA – CT = CHIDA – (CV + CF) = 0 on obtient : R = x – (0,75 x + 750.000) = 0 et finalement : 0,25 x = 750.000 ce qui donne : SR = 3.000.000 € L’équation du résultat est la suivante : R = 0,25 x – 750.000 Il s’agit d’une droite affine qui coupe l’ordonnée au point d’intersection -750.000, car pour un CHIDA nul, l’entreprise réalise une perte de 750.000 €. Le point d’intersection de la droite du résultat avec l’abscisse donne le seuil de rentabilité. Graphique 41 2e méthode : Ms/CV = CF Ms/CV = CHIDA – CV = 6.400.000 – 4.800.000 = 1.600.000 Taux de marge sur coûts variables = Ms/CV / CHIDA = 1.600.000/6.400.000 = 0,25 Là encore il s’agit d’établir deux équations, y1 et y2, en fonction du CHIDA y1 = Ms/CV = 0,25 x (droite linéaire) y2 = CF = 750.000 (droite horizontale) Au SR on a : y1 = y2 ce qui donne SR = 3.000.000 € Graphique Interprétation Le seuil de rentabilité correspond au chiffre d’affaires qui permet d’obtenir un résultat nul : pour un chiffre d’affaires de 3.000.000 € l’entreprise ne réalisera ni pertes, ni bénéfices. Connaissant ce point critique, ou seuil critique appelé seuil de rentabilité, l'entreprise saura à partir de combien d'unités vendues elle fera du bénéfice et donc assurera la rentabilité de cette activité. 42 Economie de gestion : Sociétés commerciales Plusieurs indicateurs peuvent être tirés du modèle de seuil de rentabilité, qui permettent d’avoir une estimation relative du risque. Nous nous contenterons ici, de présenter ceux calculés simplement, à partir du seuil de rentabilité. Dans tous les cas de figure, nous proposons des « formules » permettant de calculer rapidement les résultats recherchés. 1. La marge de sécurité La marge de sécurité représente la baisse de chiffre d’affaires que peut supporter l’entreprise sans réaliser de pertes. Plus la marge de sécurité est élevée plus l’entreprise pourra supporter une baisse des ventes. Marge de sécurité = chiffre d’affaires – seuil de rentabilité Dans notre exemple : Marge de sécurité = 6.400.000 – 3.000.000 = 3.400.000 € Le chiffre d’affaires peut diminuer de 3.400.000 € sans entraîner de perte pour l’entreprise. 2. L'indice de sécurité La marge de sécurité peut aussi être appréciée de manière relative, à travers l’indice de sécurité. L’indice de sécurité exprime la marge de sécurité en fonction du chiffre d’affaires. Il représente la perte de pourcentage de chiffre d’affaires acceptable sans entraîner de pertes pour l’entreprise. Indice de sécurité = Marge de sécurité x 100 Chiffre d’affaires Dans notre exemple : Indice de sécurité = 3.400.000 / 6.400.000 x 100 = 53,125 % Le chiffre d’affaires peut diminuer de 53,125 % sans entraîner de perte pour l’entreprise. 43 3e méthode : CHIDA = CT (*) Il faut établir deux équations, y1 et y2, en fonction du CHIDA y1 = CHIDA = x (droite à 45o) y2 = CV + CF = 0,75 x + 750.000 (droite affine) Au SR on a : y1 = y2 ce qui donne SR = 3.000.000 € Graphique : 44 Economie de gestion : Sociétés commerciales Exercices Exercice 1 Dans une entreprise les données suivantes sont disponibles (montants en €) : 6063 61 62 633 65 7051 Achats de marchandises Autres charges externes Frais de personnel DCV s/immobilisations corporelles Charges financières Ventes de marchandises 6 000 2 200 3 000 700 140 15 000 Au 1.1.N, le stock de marchandises est de 10 000 € ; le stock final s’élève à 12 000 €. On sait que parmi les autres charges externes 700 € correspondent à des coûts fixes. Un tiers des frais de personnel est à considérer comme des coûts variables ; les charges financières sont entièrement à considérer comme des coûts fixes. Travail à faire 1. 2. 3. 4. 5. Déterminez la variation des stocks. Calculez le coût d’achat des marchandises vendues. Calculez la marge commerciale. Présentez le compte de résultat différentiel. Déterminez le seuil de rentabilité mathématiquement et graphiquement (2 méthodes). Commentez. Exercice 2 La comptabilité d’une entreprise nous fournit les renseignements suivants (montants en €) : 6063 6076 609 61 633 7051 709 Achats de marchandises 8 400 Variation des stocks de marchandises 1 000 solde créditeur RRR obtenus 200 Autres charges externes 4 500 DCV s/immobilisations corporelles 1 500 Ventes de marchandises 18 500 RRR accordés par l’entreprise 500 Travail à faire 1. 2. 3. 4. Déterminez le coût d’achat des marchandises vendues. Déterminez le compte de résultat différentiel, sachant que 1.800 des frais généraux sont variables. Calculez le point mort (selon deux méthodes). Calculez la marge ainsi que l’indice de sécurité et commentez. 45 II. Du chiffre d’affaires au résultat net de l’exercice En partant du chiffre d’affaires et en effectuant des calculs successifs et en cascades, on obtient en fin de compte le résultat net de l’exercice. 1. Schéma de calcul 70 Chiffre d'affaires net (CHIDA net) -60 Consommation de marchandises et de matières premières et consommables -61 Autres charges externes -646 Impôts (indépendants du résultat), taxes, versements assimilés -62 Frais de personnel = Excédent brut d’exploitation +74 Autres produits d’exploitation - 64 sauf 646 Autres charges d’exploitation +73 Reprises sur corrections de valeur des éléments d’actifs non financiers -63 Dotations aux corrections de valeur des éléments d’actifs non financiers = Résultat d’exploitation +75 Produits financiers -65 Charges financières = Résultat courant avant impôts +76 Produits exceptionnels -66 Charges exceptionnelles + 77 Régularisation d’impôts sur le résultat -67 Impôts sur le résultat (et assimilés) = Résultat net de l’exercice 46 Economie de gestion : Sociétés commerciales 2. L’excédent brut d’exploitation (EBE) a) La signification de l’EBE L’excédent brut d’exploitation correspond au résultat économique engendré par les seules opérations d’exploitation de l’entreprise. Il s’obtient grâce à la confrontation entre les produits d’exploitation susceptibles de donner lieu à encaissement (immédiat ou décalé), les charges d’exploitation susceptibles de donner lieu à décaissement (immédiat ou décalé). Comme l’excédent brut d’exploitation est établi à partir d’éléments susceptibles de donner lieu à une circulation monétaire effective, il traduit le potentiel de flux de liquidités dégagées par l’entreprise dans le cadre de son activité courante. L’excédent brut d’exploitation représente le surplus monétaire potentiel engendré par l’activité courante de l’entreprise. L’excédent brut d’exploitation constitue une grandeur fondamentale, car toute entreprise, pour être viable financièrement, doit dégager un EBE positif. En effet, dans le cas contraire, l’entreprise subirait une perte sur chaque unité vendue et sa trésorerie (d’exploitation) serait gravement affectée. L’EBE constitue donc la ressource fondamentale (car issue de son cycle d’exploitation) que l’entreprise tire de son activité et dont dépend sa survie et sa capacité à se développer. L’excédent brut d’exploitation peut être calculé directement à partir des données publiées au compte annuel de profits et pertes. Le schéma ci-dessous indique les postes du compte de profits et pertes ainsi que les comptes qu’il faut considérer pour obtenir l’EBE: - Montant net du chiffre d'affaires Consommation de marchandises et de matières premières et consommables Autres charges externes Impôts (indépendants du résultat), taxes, versements assimilés Frais de personnel comptes 70 comptes 60 comptes 61 comptes 646 comptes 62 = Excédent brut d’exploitation 47 L’EBE est un indicateur de gestion important et permet d'utiles comparaisons interentreprises, car il est calculé indépendamment de la politique de financement de l’entreprise (il ne prend pas en compte les produits financiers et les charges financières), de la politique d’investissement et des règles adoptées en matière d’amortissements et de provisions (il ignore les dotations et les reprises aux corrections de valeur et aux provisions), de l’influence des opérations exceptionnelles (il néglige les charges exceptionnelles et les produits exceptionnels), de la politique fiscale (il est calculé avant impôt sur les résultats), de la politique des dividendes. b) Les principales composantes de l’EBE Le chiffre d’affaires net comprend les montants hors TVA résultant de la vente de produits et de la prestation de services correspondant aux activités courantes de la société et diminués des RRR accordés sur ventes. Pour situer l’entreprise par rapport à ses concurrents, il faut comparer le taux de croissance du chiffre d’affaires hors taxe à la moyenne du secteur. En effet, une société peut connaître un taux de croissance positif, mais si ce taux est inférieur à celui de son secteur alors sa part de marché diminue ce qui peut traduire une augmentation de sa vulnérabilité. La consommation de marchandises et de matières premières et consommables comprend les achats de marchandises et de matières (stockés ou non stockés), la variation des stocks et diminués des RRR obtenus sur achats Les autres charges externes englobent tous les services extérieurs et les autres services extérieurs Si les frais de sous-traitance ou les loyers de crédit-bail ont une certaine importance, il convient de les retraiter afin de ne pas biaiser l’analyse économique de la formation du résultat. o Le retraitement des frais de sous-traitance (personnel intérimaire) Au cours de l’exercice, les charges imputables au personnel intérimaire ont été enregistrées au compte « 617 Personnel extérieur à l’entreprise » et figurent donc au compte annuel Profits et Pertes parmi les « 61 Autres charges externes ». Or ces frais de sous-traitance constituent, du point de vue économique, des frais de personnel. Afin de ne pas fausser l’analyse, il convient de les déduire des services externes et de les incorporer aux « 62 Frais de personnel ». 48 Economie de gestion : Sociétés commerciales o Le retraitement des loyers de crédit-bail Juridiquement, le contrat de leasing est un contrat de location. Economiquement et financièrement, l’opération de leasing est considérée comme équivalente à un investissement financé par emprunt. En analyse financière, l’opération de leasing doit être traitée de la même façon que celle qui aurait été utilisée s’il s’était agi d’un investissement financé par emprunt. En effet, en cas d’investissement financé par emprunt le compte de résultat aurait été imputé des intérêts de la période de l’emprunt et des dotations aux amortissements. Il convient dès lors de soustraire les loyers de crédit-bail des autres charges externes et de les répartir entre les charges financières et les dotations aux corrections de valeur. À défaut de précision, il est d’usage de considérer que l’annuité est composée de 1/3 de charges financières et de 2/3 de dotations aux amortissements. Les frais de personnel L’analyste a intérêt à suivre de près l’évolution des « frais de personnel » car ces charges représentent une fraction importante des coûts de l’entreprise. Une augmentation des charges de personnel peut résulter d’une hausse des salaires (ou des cotisations sociales) ou d’un accroissement de l’effectif. Une diminution des charges de personnel est normalement la conséquence de licenciements, car les salaires sont peu sensibles à la baisse. 3. Le résultat d’exploitation Le résultat d'exploitation est égal à l'E.B.E. corrigé des dotations et/ou reprises d'amortissements et de provisions et des autres charges et produits de gestion courante.13 Excédent brut d’exploitation + Autres produits d’exploitation - Autres charges d’exploitation + Reprises sur corrections de valeur des éléments d’actifs non financiers - Dotations aux corrections de valeur des éléments d’actifs non financiers 74 64 sauf 64614 73 63 Résultat d’exploitation Le résultat d’exploitation se distingue donc principalement de l’EBE par le fait qu’il tient compte des charges et produits calculés15 liées à l’exploitation. Les autres produits d’exploitation correspondent à des redevances sur brevets, licences, concessions, etc. Les autres charges d’exploitation sont des charges qui n’ont pas le caractère de consommations intermédiaires: redevances sur brevets, licences, pertes sur créances, etc. 14 Les « autres charges d’exploitation (64) » sont diminués des « impôts (indépendants du résultat), taxes, versements assimilés » intégrés précédemment dans le calcul de l’EBE. 15 Les « dotations aux corrections de valeur » et « les reprises aux corrections de valeur ». Ces éléments ne donnent pas lieu à un mouvement de trésorerie. 13 49 4. Le résultat courant avant impôts Le résultat courant comprend toutes les opérations d'exploitation et les opérations financières, mais est calculé avant toute opération exceptionnelle et avant les impôts sur le bénéfice. Résultat d’exploitation + Produits financiers - Charges financières 75 65 = Résultat courant avant impôts En comparant le résultat courant avant impôts au résultat d’exploitation, on peut obtenir des informations sur l’activité financière de l’entreprise. L’analyste s’intéressera tout particulièrement au poste « Intérêts et charges assimilées » qui retrace essentiellement le coût du capital emprunté. 5. Le résultat net de l’exercice Il s’agit du solde du compte de profits et pertes, solde qui figure au Bilan. Il est communément appelé bénéfice ou perte de l’exercice. Résultat courant avant impôts + Produits exceptionnels - Charges exceptionnelles + Régularisation d’impôts sur le résultat - Impôts sur les bénéfices (et assimilés) = Résultat net de l’exercice 50 76 66 77 67 Economie de gestion : Sociétés commerciales Exercices Exercice 1 On vous communique les données suivantes (en milliers d’euros) : 607 6063 61 62 633 641 646 65 66 67 7051 735 74 75 76 Variation des stocks de marchandises Achats stockés - Marchandises Autres charges externes Frais de personnel DCV sur immobilisations corporelles Redevances pour concessions Impôts, taxes et versements assimilés Charges financières Charges exceptionnelles Impôts sur les résultats Ventes de marchandises RCV sur créances Autres produits d’exploitation Produits financiers Produits exceptionnels 1.600 1.000 700 1.150 1.300 100 250 490 18 347 7.300 300 50 62 55 Informations complémentaires Les « 61 Autres charges externes» comprennent des redevances de crédit-bail mobilier pour un montant de 42.000 € (à retraiter 1/3 en charges financières et 2/3 en DCV sur immobilisations corporelles) et des charges imputables à du personnel intérimaire pour un montant de 90.000 €. Travail à faire Calculez 1. l’excédent brut d’exploitation 2. le résultat d’exploitation 3. le résultat courant avant impôts 4. le résultat net de l’exercice. 51 EXERCICE 2 On vous communique les données suivantes : 607 6063 61 62 633 641 646 65 66 67 7051 735 74 75 76 77 Variation des stocks de marchandises Achats stockés - Marchandises Autres charges externes Frais de personnel DCV sur immobilisations corporelles Redevances pour concessions Impôts, taxes et versements assimilés Charges financières Charges exceptionnelles Impôts sur les résultats Ventes de marchandises RCV sur créances Autres produits d’exploitation Produits financiers Produits exceptionnels Régularisation d’impôts sur le résultat 120.000 460.600 331.300 247.300 36.000 6.700 12.100 18.700 4.000 31.300 1.533.000 2.000 4.000 2.600 15.000 2.600 Informations complémentaires Les « 61 Autres charges externes» comprennent des redevances de crédit-bail mobilier pour un montant de 30.000 € (à retraiter 30% en charges financières et 70% en DCV sur immobilisations corporelles) et des charges imputables à du personnel intérimaire pour un montant de 25.000 €. Travail à faire Calculez 52 1. l’excédent brut d’exploitation 2. le résultat d’exploitation 3. le résultat courant avant impôts 4. le résultat net de l’exercice. Economie de gestion : Sociétés commerciales EXERCICE 3 La SARL PICOLEUR commercialise des vins de bordeaux. L’unique associé, M. Bouchon, demande à un bureau comptable d’analyser la formation du résultat sur base des données suivantes : N N-1 N-2 371.920 205.010 482.840 15.360 (sd) (sd) 79.270 19.890 (sd) 57.300 (sd) 78.300 85.430 93.900 83.000 116.000 6063 Achats - Marchandises 6076 Variation des stocks des biens destinés à la revente 61 Autres charges externes 621 Rémunérations des salariés 635 DCV d’exploitation - créances de l’actif circulant 7.800 1.000 2.900 646 Autres impôts (indépendants du résultat) 1.300 300 230 6531 DCV financières – valeurs mobilières 400 600 200 6552 Intérêts bancaires et assimilés 6.836 970 1.350 662 DCV exceptionnelles–éléments de l’actif circulant 0 0 10.000 67 Impôts sur le résultat 0 600 7.200 7051 Ventes de marchandises 545.900 380.240 781.250 706 Prestations de services* 28.740 4.860 440 73 RCV des éléments d'actif non financiers 0 500 0 74 Autres produits d’exploitation 284 164 420 7556 Escomptes obtenus 400 200 230 762 RCV exceptionnelles – éléments de l’actif circulant 0 10.000 0 *Les « Prestations de services » représentent l’organisation de dégustations festives avec buffets pour entreprises, familles et associations. Notes prises lors de la réunion avec M. Bouchard : - Activité : négociant en grands crus - Résultat (après impôts) environ +20.000 € en N-2, +6.000 € en N-1, -1.500 € en N - Poste « Salaires » : 1 employé + 1 vendeuse (coût environ 60.000 €/an) + rémunération d’un personnel intérimaire (embauche suivant les besoins => foires, visites à domicile, etc.) - Autres charges externes: pas de leasing, 60% du montant concernent des loyers (magasin) - N-2 a été une année « normale », N-1 très mauvaise (mauvaise conjoncture générale) et en N les affaires ont repris malgré la forte concurrence des hypermarchés. Mais : innovation avec l’organisation des dégustations festives* - Programme d’investissement réalisé en N (remplacement des frigos obsolètes + modernisation du magasin) financé par emprunt (15 ans), taux d’intérêts faibles (sur les marchés des capitaux). Amortissement linéaire, durée de vie maximale. - Se demande comment c’est possible qu’il enregistre une perte, bien que minimale, en N malgré la reprise des ventes (alors qu’en N-1 il avait fait du bénéfice malgré –50% chida). 53 Travail à faire Vous êtes stagiaire au bureau comptable et votre chef vous demande de préparer le dossier du client M. Bouchard : a. analyse de la formation du résultat (année N à compléter) b. conseils à donner au client Tableau d’analyse de la formation du résultat (à compléter): N Ventes de marchandises N-1 N-2 +380.240 +781.250 + Prestations de services + 4.860 +440 = Chiffre d’affaires 385.100 781.690 -224.900 -540.140 -78.300 -85.430 -300 -230 -83.000 -116.000 -1.400 + 39.890 + Autres produits d’exploitation +164 +420 - Autres charges d’exploitation 0 0 + RCV Produits d’exploitation +500 0 - DCV Charges d’exploitation -1.000 -2.900 = Résultat d’exploitation - 1.736 + 37.410 +200 +230 - Charges financières -1.570 -1.550 = Résultat courant avant impôts - 3.106 + 36.090 +10.000 0 - Charges exceptionnelles 0 -10.000 - Régularisation d’impôts sur le résultat 0 0 -600 -7.200 +6.294 +18.890 - Consommation de marchandises - Autres charges externes - Autres impôts (indépendants du résultat) - Charges de personnel = Excédent brut d’exploitation + Produits financiers + Produits exceptionnels - Impôts sur le résultat = Résultat de l'exercice 54 Economie de gestion : Sociétés commerciales III. Capacité d’autofinancement, autofinancement et cash-flow 1. La capacité d’autofinancement Le résultat net constitue la mesure de l’enrichissement ou de l’appauvrissement de l’entreprise au cours de l’exercice. Cette différence entre produits et charges n’a cependant qu’un rapport lointain avec l’évolution des disponibilités qui en résulte par différence entre recettes (encaissements) et dépenses (décaissements). Or les entreprises ont besoin de liquidités pour pouvoir investir, rembourser des emprunts ou distribuer des dividendes. La capacité d’autofinancement mesure l’aptitude de l’entreprise à faire naître par ses propres moyens un excédent de trésorerie (surplus monétaire) qui va lui permettre - de renouveler et d’accroître les investissements, - de rembourser les dettes financières, - d’augmenter les réserves, - de rémunérer les associés (dividendes). Soulignons le fait que la capacité d’autofinancement (CAF) est un indicateur d’un surplus monétaire potentiel dans la mesure où elle est calculée à partir du chiffre d’affaires réalisé dont une partie, les créances clients, n’ont pas encore été encaissées et une autre partie, les dettes fournisseurs, n’ont pas encore été décaissées. 2 méthodes de calcul a) La méthode soustractive Le point de départ du calcul de la CAF est l’excédent brut d’exploitation, car l’EBE est établi à partir des seuls éléments d’exploitation susceptibles de donner lieu à une circulation monétaire effective. Excédent brut d’exploitation (EBE) + Autres produits d’exploitation encaissés ou encaissables + Produits financiers encaissés ou encaissables + Produits exceptionnels encaissés ou encaissables (sauf plus-value de cession) PCEA16 + Régularisation d’impôts sur le résultat - Autres charges d’exploitation décaissées ou décaissables - Charges financières décaissées ou décaissables - Charges exceptionnelles décaissées ou décaissables (sauf moins-value de cession) VCEAC - Impôts sur les résultats comptes 74 comptes 75 comptes (76-76881) compte 77 comptes (64 sauf 646) comptes 65 comptes (66-66881) compte 67 = Capacité d’autofinancement (CAF) 16 Correspondent à un désinvestissement 55 b) La méthode additive Le point de départ de cette méthode est le résultat net de l’exercice. Résultat net de l’exercice + +/- Charges non décaissables Produits non encaissables Résultat des cessions d’élément d’actif (PCEA-VCEAC) = Capacité d’autofinancement (CAF) « Tout d’abord, je tiens à dire que le calcul de la capacité d’autofinancement sur un seul exercice n’apporte aucune information. C’est l’évolution de la CAF sur au moins trois années qui permet de constater si son évolution est constante ou au contraire exceptionnelle et qui renseigne ainsi sur la santé de l’établissement. Par exemple, l’insuffisance d’autofinancement constatée (…) s’est muée les années suivantes en une capacité d’autofinancement: l’analyse démontre que les effets conjugués de la baisse des frais de personnel, de la progression de la production et de la diminution des frais financiers ont permis de dégager durablement un excédent des produits sur les charges alors qu’auparavant les charges financières absorbaient totalement l’excédent brut d’exploitation. Ceci démontre bien que pour être pertinente, l’analyse de la CAF doit être réalisée sur plusieurs exercices et qu’il est très important d’étudier également l’évolution des éléments qui entrent dans son calcul. » 17 2. Le cash-flow La notion anglo-saxonne de cash-flow n’est pas fondamentalement différente de celle de la capacité d’autofinancement. Dans son acceptation stricte, le cash-flow correspond à la différence entre les encaissements (cash inflow) et les décaissements (cash outflow) qui ont déjà eu lieu au cours de l’exercice. On peut définir le cash flow comme étant le flux de liquidité qui correspond à la différence entre le flux d’encaissements et le flux de décaissements engendré par l’activité de l’entreprise pendant l’exercice. citation de Alain Benhakoun (source : « Valoriser l’information financière dans les établissements publics nationaux ») 17 56 Economie de gestion : Sociétés commerciales À noter que la conception européenne de la capacité d’autofinancement est plus large que celle du cash-flow car la CAF comprend non seulement les flux monétaires réels, mais aussi les flux monétaires potentiels. C’est pour cette raison que certains auteurs qualifient la capacité d’autofinancement de « cash-flow potentiel ». Comment mesurer le profit? 18 Le premier problème consiste à le mesurer. La comptabilité des entreprises n'en fournit pas une mesure explicite. Dans le langage courant, on emploie souvent indifféremment les mots profit ou bénéfice. Le bénéfice comptable, le solde qui figure au bilan après déductions de l'ensemble des coûts de production, des amortissements et des provisions, n'en représente en fait qu'une petite partie. Il n'a pas grande signification puisqu'il dépend des règles fiscales en vigueur et de bon nombre d'artifices de présentation. Le cash-flow (…) en donne une appréciation plus juste. 3. L’autofinancement Connaissant la capacité d’autofinancement d’une entreprise, on peut facilement calculer l’autofinancement de celle-ci: il suffit de déduire de la capacité d’autofinancement les dividendes distribués au titre de l’exercice. Autofinancement = CAF - Bénéfices distribués L’autofinancement est une source de financement indispensable, plus particulièrement pour les petites entreprises pour lesquelles l’accès au financement externe n’est pas toujours aisé. 18 « À quoi servent les profits des entreprises? » Alternatives économiques, n°132 57 Exercices EXERCICE 1 L’entreprise JALOT SA vous communique les renseignements suivants : 633 DCV sur immobilisations corporelles 26.000 641 Redevances pour concessions 6511 DCV s/immobilisations financières 6552 Intérêts bancaires et assimilés 6.000 6621 DCV exceptionnelles s/stocks 6.000 6683 Dommages et intérêts 5.000 67 Impôts sur les résultats 40.000 735 RCV sur créances 74 Autres produits d’exploitation 2.000 7533 RCV s/valeurs mobilières 5.000 7556 Escomptes obtenus 1.000 7612 RCV exceptionnelles s/immobilisations corporelles 1.200 768 Autres produits exceptionnels (dont 1.000 800 20.000 19.000 18.000 Plus-value de cession) Le résultat net de l’exercice s’élève à 29.000 € et l’excédent brut d’exploitation à 65.600 €. Travail à faire 1. Calculez la capacité d’autofinancement par les deux méthodes. 2. Calculez l’autofinancement de l’entreprise sachant que l’assemblée générale des actionnaires a décidé de distribuer 100% du bénéfice de l’exercice. 58 Economie de gestion : Sociétés commerciales EXERCICE 2 L’entreprise AUVOLEUR SA vous communique les renseignements suivants : 633 DCV sur immobilisations corporelles 13.400 641 Redevances pour concessions 6511 DCV s/immobilisations financières 6556 Escomptes accordés 9.000 6622 DCV exceptionnelles s/créances 5.000 668 Autres charges exceptionnelles 15.000 1.500 600 (dont 10.000 Moins-value de cession) 67 Impôts sur les résultats 2.600 735 RCV sur créances 74 Autres produits d’exploitation 1.000 7511 RCV s/immobilisations financières 3.000 758 Autres produits financiers 900 7611 RCV exceptionnelles s/immobilisations incorporelles 700 7684 Subventions exceptionnelles 12.000 1.300 L’excédent brut d’exploitation s’élève à 32.800 €.19 Travail à faire 1. Calculez le résultat d’exploitation. 2. Calculez le résultat courant avant impôts. 3. Calculez le résultat net de l’exercice à partir du résultat courant et vérifiez votre calcul. 4. Calculez la capacité d’autofinancement par la méthode soustractive. 5. Calculez l’autofinancement de l’entreprise sachant que l’assemblée générale des actionnaires a décidé de distribuer 20% du bénéfice de l’exercice. 19 Il n’y a pas eu d’opération de crédit-bail. 59 EXERCICE 3 On vous communique les données suivantes : 6063 Achats stockés - Marchandises 900 000 6076 Variation des stocks de marchandises 61 Autres charges externes 550 000 62 Frais de personnel 240 000 633 DCV sur immobilisations corporelles 641 Redevances pour concessions 646 Impôts, taxes et versements assimilés 6511 DCV sur immobilisations financières 6552 Intérêts bancaires et assimilés 16 000 66 Charges exceptionnelles (dont 6 000 Moins-value 14 000 240 000 36 000 7 000 20 000 2 000 de cession) 67 Impôts sur les résultats 150 000 7051 Ventes de marchandises 735 RCV sur créances 40 000 74 Autres produits d’exploitation 15 000 75 Produits financiers 35 000 7612 RCV exceptionnels sur immobilisations corporelles 5 000 768 Autres produits exceptionnels (dont 8 000 Plus- 20 000 3 500 000 value de cession) Informations complémentaires Le poste « 61 Autres charges externes » comprend des redevances de crédit-bail mobilier pour un montant de 50 000 € (à retraiter 40% en charges financières et 60% en DCV sur immobilisations corporelles). Travail à faire Calculez : 1. 2. 60 l’excédent brut d’exploitation la capacité d’autofinancement Economie de gestion : Sociétés commerciales Section 3 : Les ratios dans l’analyse financière En latin, le mot « ratio » signifie : calcul, compte, raisonnement. En analyse financière, un ratio est un rapport établi entre deux valeurs issues des comptes d’une entreprise (bilan, profits et pertes) permettant une analyse et une appréciation des performances, respectivement de l’équilibre financier structurel d’une entreprise. Les ratios se basent soit sur le bilan, soit sur le compte profits et pertes et dans le cadre de ce cours nous en avons retenus les suivants : 1. Ratios d’analyse du bilan a. Ratio de financement des immobilisations Ressources stables = = Emplois stables Financements propres + Dettes financières Actif immobilisé Faisant partie des ratios d’AUTONOMIE FINANCIERE, ce ratio permet de vérifier si les emplois stables (actif immobilisé) sont financés par des ressources stables (financements propres et dettes financières). Si c’est le cas, le ratio est supérieur à 1 et l’équilibre financier est garanti. Au cas où le ratio est inférieur à 1, l’équilibre financier n’est pas garanti. Une partie de l’actif immobilisé n’est dès lors pas financée par des ressources stables, mais par des dettes d’exploitation, ce qui pose un problème de liquidité à court terme. Remarque Les composantes de la formule sont exactement les mêmes que pour le calcul du fonds de roulement. Il s’en suit qu’un fonds de roulement positif mène logiquement à un ratio supérieur à 1. b. Ratio de solvabilité = Capitaux propres Total du passif Ce ratio de SOLVABILITE indique si la société peut assurer son avenir sans se trouver en défaut de paiement et apprécie la marge de crédit dont dispose la société auprès des banques : < 10% : structure financière déséquilibrée ≥ 20% : société solvable 61 c. Ratio de liquidité générale = Actif circulant Dettes d'exploitation = Stocks + Créances + Trésorerie positive Dettes d'exploitation Les banques apprécient ce ratio pour sa capacité à contrôler la solvabilité d’une entreprise désirant contracter un crédit. En effet, un ratio supérieur à 1 constate une liquidité suffisamment élevée pour assurer le paiement des dettes à court terme (dettes d’exploitation) par des actifs disponibles (à court terme). Un ratio inférieur à 1 signifie un mauvais équilibre financier. Problème Sachant qu’une créance client, voire même un stock, est beaucoup moins liquide qu’un compte bancaire, le ratio dépend fortement de la structure de l’actif circulant, c.-à-d. du poids entre les stocks, les créances et les liquidités de trésorerie. Le ratio suivant est beaucoup plus stricte. d. Ratio de liquidité immédiate = Valeurs disponibles Dettes d'exploitation = Trésorerie positive Dettes d'exploitation Ce ratio, un ratio de STRUCTURE FINANCIERE comme le ratio de liquidité générale, mesure la capacité de l’entreprise à payer ses dettes à court terme en utilisant exclusivement les disponibilités et exclut par conséquent la liquidité problématique des stocks (écoulement rapide) et des créances (recouvrement rapide). Un ratio supérieur à un 1, certifie la capacité de l’entreprise à rembourser ses dettes d’exploitation sans avoir à recouvrir des créances clients, voire même à liquider des stocks. En général, un ratio tournant autour de 0,5 est souhaitable. e. Ratio de rentabilité des capitaux propres (ROE) = Résultat Capitaux propres Figurant parmi les ratios de RENTABILITE, le ratio ROE (“return on equity”) est une des armes favorites des actionnaires et des investisseurs. Il mesure la rentabilité absolue offerte aux actionnaires ou la capacité de la société à rentabiliser les apports des actionnaires. Plus il est élevé, mieux cela vaut, car il quantifie le montant des bénéfices réalisés pour un euro investi en capital. Toutefois, un ratio élevé peut également être signe d’une insuffisance latente des capitaux propres. 62 Economie de gestion : Sociétés commerciales 2. Ratios d’analyse du résultat a. Ratio des frais financiers = Intérêts et charges assimilées CHIDA net Le ratio des frais financiers indique le nombre de cents de charges financières payées par € de chiffre d’affaires et mesure ainsi le coût de l’endettement qui grève le chiffre d’affaires. Dépendant d’un côté du niveau des taux d’intérêts, il peut également témoigner d’un taux d’endettement (trop) élevé, dépendant à son tour du niveau d’investissement de l’entreprise. Plutôt élevé dans les secteurs des transports, communications, services financiers et services aux entreprises et aux particuliers, il est très bas dans la construction, le génie civil, le commerce, la restauration et l’hébergement. b. Ratio des frais de personnel = Frais de personnel CHIDA net Ce ratio indique la part du chiffre d’affaires consacrée aux dépenses relatives au personnel et diffère fortement d’un secteur à l’autre. Plutôt élevé dans le secteur de la construction et des services aux entreprises, il est moins élevé dans le commerce, la restauration et l’hébergement. c. Ratio de la marge opérationnelle = Résultat d’exploitation CHIDA net Le ratio donne le nombre de cents de chaque € de chiffre d’affaires qui reste après déduction des charges d’exploitation. En période de politique agressive de prix, ce ratio peut baisser et indique donc également le positionnement de l’entreprise face à la concurrence. Interprétation des ratios Le ratio dans son résultat absolu est difficile à interpréter. Il convient toujours d’analyser les ratios dans le temps et dans l’espace. Il faut analyser et interpréter l’évolution des ratios dans le temps, c’est-à-dire au fil des dernières années et analyser et comparer les ratios à ceux du secteur dans lequel l’entreprise est active (les ratios d’une entreprise active dans l’industrie lourde ne peuvent être comparés aux ratios de la grande distribution, voire des banques). 63 Exercices EXERCICE 1 Soit le bilan fonctionnel (établi sur base de l’exercice 4 de la page 29) suivant : Emplois Bilan fonctionnel au 31.12.N Actif immobilisé Stocks Créances Trésorerie positive 331 000 175 000 65 000 70 000 Ressources Financement propre Dettes financières Dettes d’exploitation Trésorerie négative 641 000 Informations complémentaires : Capital 155 000 Réserves 60 000 Résultat de l’exercice 120 000 Total du passif 620 000 Travail à faire Calculez et commentez : 1. le ratio de financement des immobilisations 2. le ratio de solvabilité 3. le ratio de liquidité générale 4. le ratio de liquidité immédiate 5. le ratio de rentabilité des capitaux propres EXERCICE 2 En vous référant aux données de l’exercice 2 page 52, calculez et commentez : 1. la marge commerciale 2. l’excédent brut d’exploitation 3. le résultat d’exploitation 4. la capacité d’autofinancement (selon la méthode soustractive) 5. le ratio des frais financiers 6. le ratio des frais de personnel 7. le ratio de la marge opérationnelle 64 322 000 234 000 80 000 5 000 641 000 Economie de gestion : Sociétés commerciales EXERCICE 3 (EXAMEN 2011) L’entreprise JUNOT SA vous communique les données (en €) suivantes : 635 64 6551 6531 66 67 7051 735 74 76 DCV s/créances de l’actif circulant Autres charges d’exploitation Intérêts des dettes financières DCV s/valeurs mobilières Charges exceptionnelles (dont une moins-value de cession de 9 000) Impôts sur le résultat Ventes de marchandises RCV s/créances de l’actif circulant Autres produits d’exploitation Produits exceptionnels 10 000 2 000 7 500 4 000 12 000 22 000 150 000 7 000 24 000 1 800 Le résultat net de l’exercice s’élève à 24 500 € et l’excédent brut d’exploitation à 49 200 €. Travail à faire Calculez : 1. la capacité d’autofinancement par les deux méthodes 2. le ratio des frais financiers 3. le ratio de la marge opérationnelle 65 66 Economie de gestion : Sociétés commerciales Deuxième partie Droit des sociétés 67 68 Economie de gestion : Sociétés commerciales Introduction Une société est commerciale soit par sa forme soit si elle a pour objet des actes de commerce. Les sociétés commerciales ont une personnalité propre, distincte de celle des associés qui la forment. On dit que la société a une personnalité juridique, qu’elle est une personne morale. Cette personnalité juridique est une fiction par laquelle la loi fait naître un être juridique nouveau ayant une existence propre. Cette personne morale a un nom et un patrimoine propre ; elle peut agir en justice comme demandeur ou défendeur et est représentée par des gérants ou administrateurs qui ont le pouvoir d’agir pour le compte de la société. La loi du 12 juillet 2013 sur les sociétés commerciales prévoit désormais sept formes de sociétés : la société en nom collectif (SENC), la société en commandite simple (SECS), la société en commandite par actions (SCA), la société anonyme (SA), la société coopérative (SC), la société à responsabilité limitée (SARL) et la société européenne (SE). I. Classification des sociétés La distinction communément admise est celle entre sociétés de personnes, constituées en considération de la personnalité des associés, et sociétés de capitaux, dans lesquelles le capital apporté joue un rôle primordial et non pas la personne de l’associé. La SENC, la SECS sont considérées comme des sociétés de personnes caractérisées par l’incessibilité des parts, la responsabilité solidaire et indéfinie des associés et la dissolution de la société en cas de décès d’un associé. La SA, la SCA et la SE sont des sociétés de capitaux où la cession des parts est libre, la responsabilité de l’actionnaire limitée à son apport et où la disparition d’un associé ne met pas fin à la société. La SARL et la SC sont considérées comme des types hybrides de société, empruntant certains traits à la société de personnes et d’autres à la société de capitaux. Mais de plus en plus on a tendance à retenir comme principal critère de classification le « risque encouru » par les associés. Ce risque financier est illimité pour la SENC, la SECS et la SC (sauf stipulations contraires dans les statuts), il est limité aux apports pour toutes les autres sociétés. 69 II. La société en nom collectif (SENC) La SENC est celle qui existe sous une raison sociale et dans laquelle tous les associés sont indéfiniment et solidairement tenus de tous les engagements de la société. Ses caractéristiques principales sont les suivantes : Acte de constitution. La SENC peut être constituée par acte sous seing privé ou par acte authentique, qui doit être publié par extraits au Mémorial C. Dénomination. La société existe sous une raison sociale, qui est le nom sous lequel la société fait le commerce. Cette raison sociale se compose obligatoirement du nom d’un ou de plusieurs associés. Responsabilité. Tous les associés sont considérés comme commerçants. Ils sont indéfiniment et solidairement responsables, sur l’ensemble de leur patrimoine, des dettes engagées par la société. Capital social. La loi n’impose pas de montant minimum pour le capital. Les apports peuvent se faire en numéraire, en nature ou en industrie (exemples : brevet de maîtrise, connaissances professionnelles, services). Gestion. La société est gérée par un ou plusieurs gérants, nommés par les statuts ou par les associés. Le gérant nommé par les statuts ne peut être révoqué que - pour cause légitime (infidélité, détournement de fonds, incapacité manifeste), - si les statuts prévoient la révocation « ad nutum » (à volonté) - s’il n’est pas associé Le gérant nommé ultérieurement est révocable dans les conditions fixées par les statuts Cession des parts. Un associé peut céder ses parts à un tiers avec l’accord unanime de tous les autres associés. Le décès d’un associé entraîne, sauf dispositions contraires des statuts, la dissolution de la société. III. La société en commandite simple (SECS) La SECS ressemble fortement à la SENC. Mais on y trouve deux types d’associés : d’une part les associés commandités, dont la responsabilité est solidaire et illimitée, et qui gèrent la société, et d’autre part les associés commanditaires, dont la responsabilité se limite aux apports et qui ne peuvent pas être gérants. 70 Economie de gestion : Sociétés commerciales IV. La société anonyme (SA) La société anonyme est celle dont le capital est divisé en actions et qui est constituée par une ou plusieurs personnes qui n’engagent qu’une mise déterminée. Les associés, appelés actionnaires, ne sont responsables des dettes de la société que jusqu’à concurrence de leur mise. Leurs droits sociaux sont représentés par des titres librement négociables appelés actions. 1. Dénomination La société anonyme est qualifiée par une dénomination particulière souvent dérivée de l’objet de la société, par exemple CLT (Compagnie Luxembourgeoise de Télédiffusion) ou SES (Société Européenne de Satellites). Tous les actes et documents quelconques émanant de la société doivent contenir la mention « société anonyme », reproduite lisiblement et en toutes lettres, placée immédiatement avant ou après la dénomination sociale. 2. La constitution de la SA On distingue entre les conditions de fond et les conditions de forme. a) Conditions de fond Nombre et qualité des actionnaires. Il suffit d’un seul actionnaire pour fonder une SA. Le ou les actionnaires peuvent être des personnes physiques ou des personnes morales, ce qui veut dire que l’Etat, une commune, une Asbl ou d’autres sociétés peuvent également devenir actionnaires dans une SA. La souscription intégrale du capital. La souscription est l’engagement par lequel une personne s’oblige à contribuer à la formation du capital social. La loi exige que la souscription soit intégrale, car la société ne pourra se développer que si elle peut compter sur toutes les ressources financières qu’elle a jugées nécessaires. Le montant minimal du capital social doit être de 30.986,69 € (1.250.000 anciens LUF) et la souscription peut se faire en numéraire ou en nature. La souscription intégrale implique dès lors que : les actions ne peuvent être émises en-dessous du pair, le pair étant la valeur nominale qui résulte de la division du capital par le nombre d’actions (ex : pour un capital de 1.000.000 € représenté par 20.000 actions le pair vaut 50 €) ; les apports en nature doivent être effectifs ; les fondateurs de la société doivent charger un réviseur d’entreprise indépendant de l’évaluation exacte des apports en nature. La libération des actions. Libérer une action, c’est payer la dette née de la souscription. S’il est indispensable que tout le capital soit souscrit, il n’est pas requis que tout le capital soit libéré, car bien souvent la société n’aura besoin de ses fonds qu’au fur et à mesure que ses activités se développent. 71 La loi exige dès lors qu’au moment de la constitution de la société, chaque action soit libérée d’au moins un quart (25%), de sorte qu’un quart du capital social soit immédiatement disponible. Les actions émises en contrepartie d’apports en nature doivent être libérées intégralement (100%) dans un délai de 5 ans à partir de la constitution. b) Conditions de forme Formalités générales. Après avoir rédigé les statuts de la future société, les membres fondateurs se présentent ensemble chez le notaire, qui vérifie la réalisation des conditions de fond requises par la loi et qui rédige l’acte de constitution. L’acte notarié doit être déposé au registre de commerce et des sociétés et être publié en entier au Mémorial C. L’acte doit contenir notamment : la dénomination de la société ; le siège social ; l’objet de la société ; l’identité des personnes qui ont signé l’acte de constitution ; le montant du capital souscrit ; la consistance des apports en nature ; … 3. La responsabilité des fondateurs Les fondateurs de la société anonyme sont solidairement tenus envers les tiers : de toute la partie du capital qui ne serait pas valablement souscrite ; de la libération effective jusqu’à concurrence de 25% des actions souscrites, ainsi que de la libération dans un délai de 5 ans des actions émises en contrepartie d’apports en nature ; de la réparation du préjudice découlant soit de la nullité de la société, soit de l’absence ou de la fausseté des énonciations dans l’acte de société. 4. L’assemblée générale des actionnaires L’assemblée générale des actionnaires a les pouvoirs les plus étendus pour faire tous les actes qui intéressent la société. Il y a deux types d’assemblées générales : l’assemblée ordinaire, annuelle, prévue par les statuts, et l’assemblée extraordinaire, convoquée dans des cas particuliers. a) L’assemblée générale ordinaire Elle se réunit, sur convocation, au moins une fois par an pour s’occuper des intérêts généraux de la société, à savoir : 72 entendre les rapports des administrateurs et commissaires, respectivement des réviseurs d’entreprise ; Economie de gestion : Sociétés commerciales approuver les comptes annuels, à savoir le bilan, le compte de Profits et Pertes et l’annexe ; donner décharge aux administrateurs et commissaires ; décider de l’affectation du résultat de l’exercice et de la distribution éventuelle de dividendes ; nommer ou révoquer les administrateurs et commissaires ; L’assemblée générale ordinaire a les pouvoirs les plus étendus excepté la modification des statuts. Tous les actionnaires ont le droit d’être présents ou de se faire représenter par un mandataire muni d’une procuration. L’actionnaire a un droit de vote égal au nombre d’actions qu’il possède. En l’absence de dispositions statutaires, les décisions sont prises à la majorité simple des voix. b) L’assemblée générale extraordinaire Elle est convoquée pour délibérer et décider à propos de changements de statuts, par exemple modifier l’objet social ou la forme de la société, augmenter ou diminuer le capital social ou toute autre modification ponctuelle des statuts. L’assemblée générale extraordinaire ne peut délibérer valablement que si : l’ordre du jour contient le texte de la modification proposée ; au moins la moitié du capital social est représentée. La modification est adoptée à la majorité qualifiée des deux tiers des voix, tout en sachant que les statuts peuvent prévoir un renforcement de cette condition de majorité. En cas d’un changement de nationalité ou d’une augmentation des engagements des actionnaires la loi exige un accord unanime de tous les actionnaires. Si l’assemblée n’est pas en nombre, c’est-à-dire si le quorum des présences de 50% n’est pas atteint, une seconde assemblée peut être convoquée qui délibère et décide valablement si elle réunit les deux tiers des voix quelle que soit la proportion du capital présent ou représenté. 5. L’administration et la gestion de la SA La loi du 25 août 2006 permet à la SA de choisir entre deux systèmes de gestion : soit un système moniste : la gestion est alors assurée par un conseil d’administration; soit un système dualiste : la gestion est alors assurée par un directoire qui exerce ses fonctions sous le contrôle régulier d’un conseil de surveillance. Auparavant le droit luxembourgeois ne connaissait que le système moniste, qui reste le plus répandu. Il convient donc d’étudier plus en détail la fonction d’administrateur et les pouvoirs du conseil d’administration. 73 a) La fonction d’administrateur Les administrateurs sont les personnes qui administrent, dirigent et représentent la société. La loi exige qu’il y ait au moins 3 administrateurs (sauf pour la SA unipersonnelle). Ces administrateurs, personnes physiques ou morales, sont des mandataires de la société et forment ensemble le conseil d’administration. Les administrateurs sont nommés par l’assemblée générale. Leur mandat est limité à 6 ans mais ils sont rééligibles. En cas de vacance d’un poste, les administrateurs restants peuvent y pourvoir provisoirement. Dans ce cas, l’assemblée générale, lors de la première réunion, procède à l’élection définitive de l’administrateur coopté qui ne fera qu’achever le mandat de la personne qu’il remplace. L’administrateur est à tout moment révocable par l’assemblée générale des actionnaires. b) Rôle et pouvoirs du conseil d’administration Souvent, les statuts règlent les pouvoirs du conseil d’administration. A défaut de dispositions statutaires, le conseil d’administration a le pouvoir de faire tous les actes d’administration requis pour le bon fonctionnement de la société. Le conseil d’administration ne pourra faire des actes de disposition que si les statuts ou l’assemblée générale l’y autorisent. Ce sont les administrateurs qui ont la qualité de représenter la société en justice ; ils ont donc le droit d’intenter des actions pour la société et de s’y défendre. A l’assemblée générale des actionnaires, le conseil d’administration rend compte de sa gestion par la présentation d’un rapport d’activité et par la publication des comptes annuels de la société. Ces comptes doivent être enregistrés et déposés au greffe du tribunal de commerce. La pratique a établi que le conseil d’administration confie la gestion des affaires journalières à un administrateur déterminé qui devient alors administrateur-délégué ou à un ou plusieurs tiers, étrangers au conseil d’administration, alors appelés directeurs, gérants ou fondés de pouvoirs. c) Responsabilité des administrateurs La loi sur les sociétés proclame l’immunité contractuelle : pour autant qu’ils restent dans les limites des pouvoirs qui leur sont attribués, les administrateurs ne contractent aucune obligation personnelle relativement aux obligations de la société. Seule la société est engagée. L’administrateur qui s’est rendu coupable de fautes ou de négligences est responsable envers la société du dommage qu’il lui a causé. La responsabilité pour faute de gestion est individuelle et ne frappe que celui des administrateurs qui a commis la faute. Si les administrateurs ont commis des fautes consistant en une violation des statuts ou de la loi des sociétés, la loi est plus sévère. Les administrateurs sont alors solidairement responsables des dommages causés, soit envers la société soit envers des tiers. 74 Economie de gestion : Sociétés commerciales 6. Le contrôle dans la SA Lorsque les actionnaires sont appelés chaque année à approuver les comptes annuels, ce vote en assemblée générale est plus une marque de confiance qu’un contrôle réel. Aussi la loi a-t-elle organisé un organe permanent de contrôle : les commissaires dans les sociétés qualifiées de « petites » par la loi, les réviseurs d’entreprise dans les « moyennes et grandes » entreprises. Ils sont nommés par l’assemblée générale pour une durée déterminée. Dans les SA qui ont opté pour un système dualiste, il y a en plus un conseil de surveillance. Les commissaires et les réviseurs ont un droit illimité de surveillance et de contrôle sur toutes les opérations de la société. Ils peuvent notamment prendre connaissance de tous les documents et livres comptables de la société sans pour autant s’immiscer dans la gestion de l’entreprise. Ils font connaître à l’assemblée le résultat de leur contrôle par un rapport annuel. 7. La modification du capital social Il revient à l’assemblée générale extraordinaire des actionnaires de décider d’une éventuelle modification du capital, car celle-ci constitue une modification des statuts. En cas d’augmentation du capital par apports nouveaux, chaque action doit être libérée de 25 % au moins et les apports en nature doivent être libérés dans un délai de 5 ans. Si le prix d’émission de l’action nouvellement émise est supérieur à la valeur nominale, cette prime d’émission (différence entre le prix d’émission et la valeur nominale) doit être intégralement libérée au moment de la souscription. Remarquons que les actionnaires anciens ont, proportionnellement au nombre de leurs actions, un droit de préférence dans la souscription des actions nouvellement émises. 8. Le financement des SA Lorsqu’une société anonyme a besoin de ressources financières nouvelles, elle dispose généralement de deux moyens : elle peut procéder à une augmentation de capital par émission de nouvelles actions, elle peut aussi lancer un emprunt en émettant des obligations. a) Les actions L’action est un titre représentatif d’une part déterminée du capital social. Sa quote-part peut être exprimée par une valeur nominale mentionnée (action de 50 € par exemple) ou résulter du calcul du pair, obtenu en divisant le capital social par le nombre d’actions. L’action donne droit : au dividende, c’est-à-dire à la quote-part du bénéfice annuel ; à une quote-part de l’actif net en cas de liquidation de la société ; au vote à l’assemblée générale des actionnaires. 75 On distingue plusieurs types d’actions, dont : les actions au porteur, de loin les plus importantes ; ce sont des titres impersonnels, librement négociables et transmissibles de la main à la main sans aucune formalité suivant le principe « possession vaut titre » ; les actions nominatives, créées au nom d’une personne déterminée, transmissibles sous certaines conditions établies par la loi les actions privilégiées, dont le privilège consiste normalement dans une préférence pour le paiement des dividendes et pour le remboursement ; les parts bénéficiaires, actions distribuées gratuitement aux fondateurs en récompense de leur travail et donnant droit à une certaine part dans les bénéfices. b) Les obligations L’obligation est un titre de créance représentatif d’une part déterminée d’un empruntobligations. Elle donne droit à un intérêt fixe versé à une date déterminée. Le remboursement se fait à une date fixée d’avance, en bloc ou par tirage au sort. L’obligataire, simple créancier, ne participe pas à la gestion de la société. Les obligations au porteur sont des titres impersonnels librement négociables et transmissibles sans aucune formalité. En cas d’obligations convertibles, les obligataires ont le droit d’échanger leurs obligations contre des actions à des dates et dans des proportions fixées lors de l’émission. V. La société européenne (SE) La loi du 25 août 2006 transpose en droit national luxembourgeois le règlement européen 2157/2001 sur la société européenne, qui est d’application directe et uniforme dans tous les Etats membres de l’Union. Cette loi incorpore la SE dans le droit actuel des sociétés commerciales. La SE peut exercer ses activités dans tous les Etats de l’Union sous une forme juridique unique régie principalement par le droit communautaire et accessoirement par le droit national. La SE se voit appliquer un jeu unique de règles et un système unique de gestion de l’entreprise et de publication de l’information financière. Il y a une seule déclaration fiscale et un seul conseil d’administration pour le groupe. Dans le cadre de groupes de sociétés, la nouvelle forme sociétaire doit donc permettre aux entités concernées d’acquérir une véritable dimension européenne. Mais l’accès au statut de la SE n’est pas réservé aux seuls groupes internationaux de sociétés. Les petites et moyennes entreprises, sous condition de réunir un capital de 120.000 € au moins, peuvent aussi adopter le statut de société européenne. 76 Economie de gestion : Sociétés commerciales 1. Modes de constitution de la SE La loi stipule que la SE peut être constituée à partir d’au moins deux sociétés situées dans au moins deux Etats membres différents. Elle peut résulter : (*) soit d’une fusion de deux sociétés anonymes ou plus, par absorption ou par création d’une nouvelle société ; soit de la création d’une holding à l’initiative de deux ou plusieurs SA ou SARL ; la SE doit alors détenir plus de 50 % des droits de vote dans les sociétés impliquées ; soit de la création d’une filiale commune à plusieurs sociétés; soit de la transformation d’une SA, qui doit alors posséder une filiale dans un autre Etat membre. 2. Siège social de la SE Le siège social, fixé par les statuts, doit correspondre au lieu où se trouve l’administration centrale, à savoir le siège réel de la société. Le siège de la SE peut dorénavant être transféré dans un autre Etat membre de l’Union sans la nécessité de dissoudre ladite société dans l’Etat d’origine et de créer une nouvelle société dans l’Etat d’implantation. 3. Fonctionnement de la SE La SE fonctionne selon les règles prévues par les textes communautaires. A défaut de normes européennes, c’est le droit national des SA du pays du siège statutaire qui est d’application. Finalement, les fondateurs de la SE fixent le surplus dans les statuts. Il s’agit par exemple du nombre d’administrateurs et du choix d’un système de structure de la direction de la société. Une SE comporte ainsi, comme pour la SA, les organes suivants : 1. une assemblée générale des actionnaires et 2. une direction qui est assurée au choix : a. par un directoire et un conseil de surveillance (système dualiste) b. ou par un conseil d’administration (système moniste). VI. La société à responsabilité limitée (SARL) Les caractéristiques principales de la SARL sont les suivantes : Acte de constitution. L’acte constitutif doit être passé devant notaire (acte authentique) et publié intégralement au Mémorial C. 77 Dénomination. La SARL est qualifié par une dénomination particulière ou désignée sous une raison sociale comportant les noms d’un ou de plusieurs associés, suivies de la mention SARL. Associés. Les associés, dont le nombre ne peut être supérieur à 40, sont responsables jusqu’à concurrence de leur mise. Cette limitation de responsabilité doit cependant être relativisée. La faiblesse de la garantie que constitue le capital social amène en effet souvent les établissements bancaires à subordonner l'octroi d'un crédit à la société à l'obtention de garanties personnelles des associés respectivement des gérants. (cautionnement, hypothèque,...etc.) En cas de besoin, le banquier pourra donc faire saisir les biens personnels des associés respectivement des gérants et les faire vendre aux enchères publiques pour obtenir le remboursement du ou des prêts. Capital social. La loi impose un montant minimum de 12.394,68 € (500.000 LUF) divisé en parts sociales qui doivent être entièrement souscrites et libérées au moment de la constitution. Les apports peuvent être en numéraire ou en nature. Gestion. La SARL est administrée par un ou plusieurs gérants, nommés par les statuts ou par l’assemblée générale. Sauf disposition contraire des statuts, chaque gérant peut accomplir tous les actes nécessaires ou utiles à l’accomplissement de l’objet social de la société. Cession des parts. Les parts sociales sont représentées par des certificats de participation à personne déterminée. Les cessions de parts sont réglementées par la loi. La transmission entre vifs peut se faire librement à un autre associé. Mais si l’acquéreur est un non-associé, il faut l’agrément des associés représentant au moins les trois quarts du capital. La SARL unipersonnelle. La loi permet la constitution de la SARL à une seule personne. L’associé unique voit sa responsabilité limitée à son apport sans engager ses biens personnels comme s’il était entrepreneur individuel. VII. La société coopérative (SC) La caractéristique principale de la société coopérative est le nombre variable de membres. De nouveaux membres font leur apport (généralement une somme modeste), d’anciens membres démissionnent en retirant leur part sociale. Il s’en suit que le montant du capital n’est pas fixe. Mais il n’y a pas de transfert de parts entre ancien et nouveau membre, car les parts sont incessibles. La coopérative, constituée par acte authentique ou par acte sous seing privé, est qualifiée par une dénomination particulière. La responsabilité des associés est, sauf stipulation contraire des statuts (ce qui est généralement le cas), solidaire et illimitée. Les coopératives se sont développées au 20e siècle dans la foulée du mouvement syndical et ouvrier. On distingue ainsi des coopératives de production (paysans, petits artisans…), des coopératives de consommation (Coopérative des Cheminots) et des coopératives de crédit (Wüstenrot…) dont certaines sont devenues de véritables banques. 78 Economie de gestion : Sociétés commerciales VIII. Les sociétés de gestion de patrimoine familial (SPF) et les sociétés de participations financières (Soparfi) Créées en 1929, les sociétés « holding » étaient pendant longtemps l’une des raisons de l’essor de la place financière de Luxembourg. Au début des années 2000, on en comptait pas moins de 15.000. Une « holding » n’avait pas d’activité industrielle ou commerciale propre et pas d’établissement ouvert au public. Son objet exclusif était la prise de participations dans d’autres entreprises ainsi que la gestion de ces participations. Des raisons fiscales étaient à l’origine de leur création. Depuis le 1er janvier 2011, sur pression de la Commission européenne, les « holdings » ont été remplacées par des sociétés de gestion de patrimoine familial (SPF) pour permettre la gestion du patrimoine privé en conformité avec le droit européen. Comme pour les anciennes « holdings », les statuts interdisent à la SPF toute activité commerciale, toute participation dans la gestion des sociétés dont elle détient une participation ainsi que toute activité de financement20. L’actionnariat est expressément réservé aux personnes physiques et/ou à certaines institutions comme des fondations, trusts et autres intermédiaires agissant exclusivement dans l’intérêt du patrimoine privé d’investisseurs eux-mêmes éligibles. La SPF n’est pas soumise à l’impôt commercial communal, ni à l’impôt sur le revenu, ni à l’impôt sur la fortune. Sont dus uniquement le droit d’apport et la taxe d’abonnement annuelle. Les sociétés de participations financières (Soparfi) constituent une autre alternative, surtout pour les grands groupes internationaux. Contrairement à la SPF, la Soparfi permet de faire coexister des activités commerciales et des activités financières au sein d’une même structure. Les activités commerciales sont soumises à l’impôt dans les conditions de droit commun, mais les activités financières peuvent profiter d’un régime fiscal plus favorable. 20 Les SPF peuvent revêtir l’une des formes juridiques suivantes : Société à responsabilité limitée Société anonyme Société en commandite par actions Société coopérative organisée sous forme d’une société anonyme 79 80 Economie de gestion : Sociétés commerciales Troisième partie Comptabilité des sociétés 81 82 Economie de gestion : Sociétés commerciales Section 1 : Constitution d’une S.A. et répartition bénéficiaire I : MODE DE CONSTITUTION D’UNE S.A. (*) 1. Introduction Rappelons d’abord, que toute société commerciale est une entité économique et juridique distincte des membres (actionnaires dans la S.A.) qui la composent. Lors de la constitution, les associés s’engagent envers la société à apporter soit de l’argent (apports en numéraire), soit d’autres biens (apports en nature). Les apports en nature peuvent se faire par exemple sous forme de terrains, de constructions, de véhicules ou de marchandises, etc. On appelle souscription du capital social la promesse d’apport en numéraire ou en nature des associés et on appelle libération du capital social l’apport effectif. 2. Enregistrements comptables En comptabilité, plusieurs opérations sont requises lors de la constitution d’une société. Selon qu’il s’agit d’une constitution avec libération intégrale ou d’une libération partielle des apports les écritures sont les suivantes : a) Constitution d’une société avec libération intégrale des apports Une Société anonyme au capital de 600.000 € est constituée, son capital social se compose de 3000 actions d’une valeur nominale de 200 € chacune. Trois quarts des apports sont en nature : Fonds de commerce : 150.000 € Véhicules : 90.000 € Mobilier : 70.000 € Marchandises : 140.000 € Le reste des apports est en espèces qui sont déposées sur un compte bancaire après vérification d’un notaire. La société est définitivement constituée le 5 avril N, date à laquelle les apports en nature sont transférés. Les frais de constitution s’élèvent à 4.500 €, dont 2.000 € sont soumis au taux d’imposition TVA de 15%, et sont payés par virement bancaire un mois après la constitution de la société. 5.04.N Actionnaires, comptes d'apport en société à D 600.000 Capital souscrit appelé non versé C 600.000 83 5.04.N Fonds de commerce Véhicules Mobilier Marchandises Banque 150.000 90.000 70.000 140.000 150.000 à Actionnaires, comptes d'apport en société 600.000 5.04.N Capital souscrit appelé non versé 600.000 à Capital souscrit appelé versé 600.000 5.04.N Capital souscrit appelé versé 600.000 à Capital social 600.000 5.05.N Frais de constitution TVA en amont 4.500 300 à Banque 4.800 31.12.N DCV sur frais de constitution 600 à Frais de constitution, CV 600 b) Constitution d’une société avec libération partielle des apports Une Société anonyme a été constituée le 1er mars de l’exercice N au capital de 3.500 actions d’une valeur nominale de 100 € chacune. Le minimum légal est libéré à la constitution, le reste est appelé par la société trois mois après cette constitution. La souscription est entièrement couverte en numéraire; les frais de constitution, s’élèvent à 6.000 €, dont 2.300 € sont soumis au taux d’imposition TVA de 15%, et sont réglés par virement bancaire le 8 mars. Ils sont à amortir sur 5 ans. 1.03.N Actionnaires, comptes d'apport en société Actionnaires, capital souscrit non appelé à D 87.500 262.500 Capital souscrit appelé non versé Capital souscrit non appelé 84 C 87.500 262.500 Economie de gestion : Sociétés commerciales 1.03.N Banque 87.500 à Actionnaires, comptes d'apport en société 87.500 1.03.N Capital souscrit appelé non versé 87.500 à Capital souscrit appelé versé 87.500 8.03.N Frais de constitution TVA en amont 6.000 345 à Banque 6.345 1.06.N Capital souscrit non appelé 262.500 à Capital souscrit appelé non versé 1.06.N Actionnaires, capital souscrit et appelé mais non versé à 262.500 262.500 Actionnaires, capital souscrit non appelé 262.500 1.06.N Banque 262.500 à Actionnaires, capital souscrit appelé mais non versé 1.06.N Capital souscrit appelé non versé à 262.500 262.500 Capital souscrit appelé versé 262.500 1.06.N Capital souscrit appelé versé 350.000 à Capital social 350.000 31.12.N DCV sur frais de constitution 1.000 à Frais de constitution, CV 1.000 85 II : AFFECTATION DU BENEFICE 1. Le bénéfice distribuable Le bénéfice de l’exercice est fourni par le compte « Résultat net de l’exercice ». Le bénéfice distribuable d’une société varie en fonction des impôts, du report à nouveau et des réserves obligatoires : a) Les impôts A l’instar des particuliers, les entreprises sont imposées sur leur patrimoine (fortune) et sur leur revenu. Les sociétés anonymes sont principalement soumises aux impôts suivants : l’impôt sur le revenu des collectivités (IRC) l’impôt commercial communal (ICC) l’impôt sur la fortune (IF) L’impôt sur le revenu des collectivités et l’impôt commercial communal représentent des impôts sur le bénéfice fiscal (différent du bénéfice comptable). La société est donc imposée dans le cadre de l’impôt sur le revenu des collectivités (22% 21 du revenu imposable auxquels on ajoute une majoration de 4% de l’impôt calculé en faveur du fonds pour l’emploi) et de l’impôt commercial communal qui varie entre 6% et 9% suivant les communes. A titre d’exemple, pour la Ville de Luxembourg, il en résulte donc un taux d’imposition global (IRC + ICC) de 29,63%22. L’impôt sur la fortune, par contre, constitue un impôt sur le capital. Le taux de l’impôt sur la fortune s’élève à 0,5% et la base de calcul de cet impôt est la fortune d’exploitation de l’entreprise, c-à-d. les capitaux propres. b) Le report à nouveau Le report à nouveau peut être : - bénéficiaire (créditeur) ou déficitaire (débiteur) Un report à nouveau bénéficiaire est le bénéfice qui résulte d’un exercice antérieur non distribué ou affecté à un compte de réserve. Dans le cadre du présent cours, le bénéfice distribuable est donc obtenu en rajoutant le report à nouveau bénéficiaire au « Bénéfice de l’exercice après impôts », encore appelé bénéfice net. Un report à nouveau déficitaire représente des pertes provenant d’exercices antérieurs qui n’ont pas été compensées par des prélèvements sur des réserves. Ce report déficitaire est déduit du bénéfice de l’exercice (avant impôts), précédant ainsi le calcul des impôts. 21 22 A partir d’un revenu imposable de 15.000 € (22% * 1,04) + 6,75% = 29,63% 86 Economie de gestion : Sociétés commerciales c) Les réserves obligatoires Les réserves sont des bénéfices retenus durablement dans l’entreprise. Elles renforcent les possibilités d’autofinancement de la société et lui évitent de devoir recourir à l’emprunt ou à l’augmentation de capital pour financer son activité normale ou ses investissements. La constitution d’importantes réserves permet donc d’accroître l’autonomie financière de l’entreprise, mais elle signifie aussi une amputation importante du bénéfice susceptible d’être distribué. Nous distinguons parmi deux types de réserves obligatoires : a. La réserve légale La constitution d’une réserve légale est imposée par la loi, en effet, l’article 72 de la loi modifiée du 10 août 1915, précise que toute société anonyme doit affecter 5% de son bénéfice après impôts à une réserve, dite réserve légale. Ce prélèvement cesse d’être obligatoire, à partir du moment où elle a atteint 10% du capital social. Du moment que la réserve légale tombe à nouveau, en-dessous de ce seuil de 10%, la dotation reprend. La réserve légale est une réserve indisponible puisqu’elle ne peut jamais faire l’objet d’une distribution aux associés. Par conséquent, elle peut être assimilée aux capitaux propres et accroît ainsi le gage des créanciers. b. La réserve statutaire La réserve statutaire (ou contractuelle) est inscrite dans les statuts qui prévoient qu’avant toute distribution de bénéfice il faut doter un fonds de réserve. La réserve statutaire devient obligatoire dès qu’une telle disposition est insérée dans les statuts. Seule une décision d’une assemblée générale extraordinaire est compétente pour procéder à la distribution d’une réserve statutaire. Bénéfice de l’exercice N ↓ Réserves obligatoires Réserve légale Réserve(s) statutaire(s) ↓ Bénéfice distribuable N 87 d) Calcul du bénéfice distribuable Schéma de calcul du bénéfice distribuable en cas de report à nouveau bénéficiaire : − = − + Bénéfice de l’exercice (avant impôts) Impôts (IRC + ICC) Bénéfice de l’exercice (après impôts) Réserve légale (et/ou réserve statutaire)23 Report à nouveau bénéficiaire = Bénéfice distribuable Schéma de calcul du bénéfice distribuable en cas de report à nouveau déficitaire : − = − Bénéfice de l’exercice (avant impôts) Report à nouveau déficitaire Bénéfice imposable Impôts (IRC + ICC) = − = Bénéfice de l’exercice (après impôts) Réserve légale (et/ou réserve statutaire) Bénéfice distribuable 2. La répartition du bénéfice distribuable a) Les dividendes Le bénéfice distribuable est réparti sous forme de dividendes aux actionnaires. Le premier dividende, appelé intérêt statutaire, est calculé par un pourcentage sur le capital social libéré. Tandis que le deuxième dividende, appelé superdividende, est déterminé en fonction du niveau du bénéfice. Néanmoins, il faut préciser qu’il existe différentes catégories d’actions : actions ordinaires, actions privilégiées, etc. Par ailleurs, il y a parfois aussi des rémunérations aux parts bénéficiaires. Les parts bénéficiaires ou parts de fondateurs sont des titres sans valeur nominale attribués aux fondateurs de la société en raison de leurs contributions lors de la création de la société. 23 A titre de simplification nous allons nous limiter à la réserve légale. 88 Economie de gestion : Sociétés commerciales Règles de calcul : Si le capital social n’est pas entièrement libéré, l’intérêt statutaire est calculé sur le seul montant libéré prorata temporis. Par contre, toutes les actions participent au superdividende avec les mêmes droits. Tous les dividendes distribués (intérêt statutaire, superdividende, parts bénéficiaires) sont soumis à un taux d’imposition de 15%. La société opère donc une retenue à la source et devra verser le montant en question à l’Administration des Contributions Directes. Pour le traitement comptable au Journal, il faut créditer le compte « Administration des Contributions Directes − Impôts sur dividendes à verser ». b) La réserve facultative A côté des deux réserves obligatoires, il y a moyen de constituer une réserve supplémentaire, dite réserve facultative. La création d’une telle réserve est laissée à la discrétion de l’assemblée générale des actionnaires, car elle n’est prévue ni par la loi ni par les statuts. Remarque : Les fonds de réserve sont destinés à augmenter l’immobilisé ou le fonds de roulement. La contrepartie des réserves est inscrite à l’actif du bilan sans qu’il soit possible de définir la correspondance exacte entre l’origine des fonds de réserve et l’emploi qui en a été fait à l’actif. Les réserves sont utilisées, c’est-à-dire disparaissent du passif du bilan par : incorporation au capital social, prélèvement pour éponger des pertes, prélèvements en vue d’une distribution (sauf la réserve légale) 7. Application résolue Le bénéfice avant impôts d’une S.A. s’élève à 150.000 €, soumis au taux d’imposition de 30%. Le capital social, entièrement libéré, se compose de 6.000 actions de 85 €. Le report à nouveau de l’exercice précédent (N−1) est bénéficiaire et s’élève à 3.500 €. Il existe en outre 1.500 parts bénéficiaires. L’assemblée générale décide : la dotation de la réserve légale, un premier dividende de 8% sur le capital libéré, du solde 20% aux parts bénéficiaires, une réserve facultative dotée de 9.000 €, un superdividende de 6,5 € par action. Travail à faire 1. Présentez le tableau de répartition du bénéfice. 2. Journalisez la répartition du bénéfice. 3. Journalisez le règlement des dettes issues de la répartition bénéficiaire. 89 Solution 1) Tableau de répartition : − = − + = − = − − − = Bénéfice de l’exercice (avant impôts) Impôts retenus 30% Bénéfice après impôts Réserve légale Report à nouveau Bénéfice distribuable Intérêt statutaire Solde intermédiaire Parts bénéficiaires Réserve facultative Superdividende Report à nouveau N 150.000 45.000 105.000 5.250 3.500 103.250 40.800 62.450 12.490 9.000 39.000 1.960 Détermination des impôts à payer sur dividendes : − = + − = Parts bénéficiaires 12.490,00 Impôts retenus 15% 1.873,50 Parts bénéficiaires, div. à payer 10.616,50 Intérêt statutaire Superdividende Total Impôts retenus 15% Actionnaires, div. à payer Impôts retenus sur dividendes : Parts bénéficiaires, dividendes à payer : Actionnaires, dividendes à payer : 90 40.800,00 39.000,00 79.800,00 11.970,00 67.830,00 1.873,5 + 11.970 = 13.843,50 10.616,50 67.830,00 Economie de gestion : Sociétés commerciales 2) D 150.000 3.500 Résultat de l'exercice Report à nouveau N-1 C à Réserve légale Réserve facultative Report à nouveau N Administration des Contributions Directes, impôts à payer Administration des Contributions Directes, impôts sur dividendes à payer Actionnaires, dividendes à payer Parts bénéficiaires, dividendes à payer 5.250 9.000 1.960 45.000 13.843,50 67.830 10.616,50 3) Administration des Contributions Directes, impôts à payer Administration des Contributions Directes, impôts sur div. à payer Actionnaires, dividendes à payer Parts bénéficiaires, dividendes à payer 45.000 13.843,50 67.830 10.616,50 à Banque 137.290 Remarque Dans le cadre de ce cours, par convention, le taux d’imposition sur le bénéfice est fixé à 30% et celui appliqué aux dividendes est de 15%. 91 III : ABSORPTION D’UNE PERTE (*) Au cas où le résultat d’un exercice est déficitaire, c’est-à-dire que l’entreprise a réalisé une perte au cours d’un exercice, elle peut reporter celle-ci indéfiniment dans le temps. Durant cette période, elle dispose de divers moyens pour éponger cette perte : compensation par les bénéfices reportés des exercices précédents, compensation par les bénéfices réalisés au cours des 5 années suivantes, compensation par les réserves (réserve facultative, statutaire, légale), et en dernier ressort, compensation par le capital. Application Au 31 décembre 2013, l’assemblée générale de la société Luxplant S.A. décide d’éponger entièrement une perte reportée de 150.000 €. Les moyens à sa disposition sont les suivants : le bénéfice de l’exercice 2013 s’élevant à 45.000. la réserve facultative constituée au cours de l’exercice 2010 s’élevant à 60.000 €. la réserve statutaire constituée au cours des exercices précédents s’élevant à 85.000 €. Travail à faire a) b) Procédez à l’épongeage de la perte reportée en ayant recours aux différents moyens présentés ci-dessus. Journalisez l’opération d’épongeage. a) Epongeage de la perte La société va donc utiliser le bénéfice de l’exercice 2013 ainsi que la totalité de la réserve facultative constituée en 2010 pour éponger l’essentiel de la perte reportée (45.000 + 60.000 = 105.000 €). Par ailleurs, elle doit avoir recours à une partie de sa réserve statutaire, pour combler la différence qui reste, à savoir 45.000 € (105.000 + 45.000 = 150.000 €). b) Journalisation 31.12.2013 D 45.000 60.000 45.000 Résultat de l'exercice Réserve facultative Réserve statutaire C à Pertes reportées 92 150.000 Economie de gestion : Sociétés commerciales Exercices Exercice 1 Une Société anonyme a émis 10.000 actions de 40 € libérées de moitié. La société a attribué en plus 2.000 parts aux fondateurs. Le bilan avant répartition bénéficiaire pour l’année 2005, fournit les informations suivantes : Report à nouveau déficitaire 2004 Réserve légale cumulée des exercices précédents Bénéfice de l’exercice 2005 5.000 € 32.000 € 250.000 € La répartition du bénéfice se fait aux conditions suivantes : l’affectation à la réserve légale, un premier dividende de 6% sur le capital libéré, une réserve facultative dotée de 20.000 €, 15% du solde aux bénéficiaires, le reste en superdividende dont le montant par action est arrondi à l’euro inférieur. Travail à faire 1. Présentez le tableau de répartition des bénéfices sachant que le taux d’imposition du bénéfice est de 30% et que le taux d’imposition des dividendes est de 15%. 2. Journalisez la répartition des bénéfices. Exercice 2 Une Société anonyme est constituée le 1er mars 2003 avec un capital de 700.000 €, divisé en 7000 actions. Au moment de la constitution, la société appelle le minimum légal; le solde est libéré un an plus tard. Les frais de constitution de 4.000 €, dont 1.800 € sont soumis au taux d’imposition TVA 15%, sont payés par virement bancaire le 1er mars 2003. 1. Au 31.12.2004, le bénéfice de l’exercice s’élève à 150.000 €. La répartition décidée par l’assemblée générale des actionnaires est la suivante : affectation à la réserve légale, dividende statutaire de 5% au prorata du temps, sur le solde, affectation de 20% à la réserve facultative, sur le nouveau solde, distribution de 60% comme superdividende, report à nouveau à calculer. 2. Présentez le tableau de répartition du bénéfice ainsi que les écritures correspondantes, sachant que le taux d’imposition du bénéfice est de 30% et que le taux d’imposition des dividendes est de 15%. 93 Section 2 : Modification du capital social Introduction Le capital social d’une société anonyme ne peut pas varier au gré du bénéfice annuel : règle de la fixité du capital social. L’entreprise peut quand même procéder à une diminution ou à une augmentation de son capital social si certaines conditions de fonds et de forme sont remplies. I : DIMINUTION DE CAPITAL Une réduction du capital social peut être envisagée dans certains cas : Au cas où une société a subi des pertes antérieures trop lourdes pour pouvoir les compenser avec des bénéfices ultérieurs et des réserves existantes, elle doit procéder à une réduction de son capital social. Une société peut sous certaines conditions fixées par la loi, procéder au rachat de ses propres actions en vue de les annuler. La réduction du nombre d’actions permet d’augmenter le dividende distribué par action ce qui augmente l’attractivité des actions en bourse. II : AUGMENTATION DE CAPITAL 1. Les causes d’une augmentation de capital Les principales causes pouvant être à l’origine d’une augmentation du capital social sont les suivantes : une extension des activités de l’entreprise, une meilleure proportion entre capitaux propres et capitaux empruntés, une volonté d’améliorer les moyens financiers (liquidités, fonds de roulement, etc.) de l’entreprise. 2. Les différents modes d’augmentation du capital social Plusieurs modalités peuvent être envisagées pour procéder à l’augmentation du capital social : Augmentation de capital par apports nouveaux. Les apports nouveaux peuvent se faire soit en numéraire, soit en nature. Augmentation de capital par incorporation de réserves. Une société anonyme, disposant de réserves abondantes au passif, peut décider une incorporation des réserves dans le capital social. Le montant des capitaux 94 Economie de gestion : Sociétés commerciales propres n’a pas changé, mais la garantie des créanciers s’est améliorée puisque la stabilité du capital social dépasse celle des réserves qui peuvent éventuellement être distribuées. Augmentation de capital par compensation de dettes. La société dont la trésorerie est à l’étroit, peut proposer à ses créanciers de leur remettre des actions en contrepartie de leur créance. Il y a extinction de dettes par souscription de capital nouveau par ces créanciers. La société n’est plus obligée de rembourser ces dettes ni de supporter les intérêts y relatifs. C’est le cas par exemple d’obligations convertibles en actions. a) Augmentation de capital par apports nouveaux Toute augmentation de capital par apports nouveaux a une incidence sur : l’actif net de la société, la valeur de l’action. Les nouvelles actions − de même valeur nominale que les actions anciennes − sont émises à un prix généralement différent de cette valeur nominale. Le prix d’émission varie entre deux limites : La valeur nominale est la limite inférieure du prix d’émission de l’action. Cette limite est imposée par la loi : aucune action ne peut être émise endessous de sa valeur nominale. Dès que le prix d’émission de la nouvelle action dépasse la valeur nominale, il y a formation d’une prime d’émission qui est la différence entre le prix d’émission et la valeur nominale. La valeur boursière de l’action ancienne est la limite supérieure à laquelle est émise la nouvelle action. Il ne s’agit pas d’une limite légale, mais au-delà de cette limite il n’y a plus de souscripteurs. Dès que le prix d’émission est inférieur à la valeur boursière de l’ancienne action, la valeur d’une action après augmentation de capital est inférieure à la valeur d’une action avant cette augmentation. Les anciens actionnaires se trouvent ainsi lésés par la baisse de valeur de leurs actions. Par contre, les actionnaires nouveaux sont avantagés puisqu’ils achètent des actions nouvelles à un prix d’émission inférieur à la valeur d’une action avant l’augmentation. Pour remédier à cet aspect négatif, les actionnaires anciens disposent d’un droit préférentiel de souscription lors de l’augmentation de capital. Ce droit de préférence est négociable et peut même être coté en bourse si les actions le sont elles aussi. Il est possible d’établir une formule de la valeur théorique du droit de souscription lors d’une augmentation de capital. Nous allons d’abord considérer la perspective de l’ancien actionnaire, puis celle du nouvel actionnaire. 95 Posons : N : nombre d’actions anciennes, N’ : nombre d’actions nouvelles, C : valeur boursière d’une action avant augmentation, P : prix d’émission d’une action nouvelle. Suite à l’augmentation de capital la valeur d’une action varie : Valeur de l’action après augmentation de capital = NC N P N N Position de l’actionnaire ancien : Le droit de souscription d compense la perte de valeur de l’action ancienne et s’écrit : d = valeur boursière d’une action – valeur d’une action après augmentation ce qui nous permet d’écrire : d=C– NC N P NC N C NC N P = d’où N N N N Droit de souscription : d = N (C P) N N Position de l’actionnaire nouveau : d = gain sur la valeur d’une action x N N On a : Gain sur la valeur = Valeur d’une action après – Prix d’émission d’une d’une action augmentation action 96 = NC N P P N N = NC N P NP N P N N = N (C P) N N Economie de gestion : Sociétés commerciales Le droit de souscription d devient : = N (C P) N N N N et finalement on a de nouveau : d= N (C P) N N Selon cette formule, le droit de souscription est nul si les nouvelles actions sont émises à la valeur boursière (si P = C alors C − P = 0 et d = 0). Le droit de souscription augmente si le prix d’émission diminue, parce que la différence C − P est croissante. En général d et P varient en sens inverse. Remarque Relevons les cas particuliers de l’émission des actions aux valeurs limites : Si l’émission se fait à la valeur nominale (ou au pair) - limite inférieure - il n’y a pas de prime d’émission. Si l’émission a lieu à la valeur de l’action ancienne (ou valeur boursière) limite supérieure - la valeur du droit de souscription est nulle. Application Les notions introduites précédemment sont approfondies par l’exemple suivant : Le 25 octobre 2007, la société anonyme Luxfly au capital de 500.000 € divisé en 4.000 actions de 125 € procède à une émission de 1000 actions nouvelles de même valeur nominale, au prix de 150 €. L’action ancienne est cotée en bourse à 175 €. Calculons d’abord la valeur d’une action après augmentation de capital. A cet effet, nous allons d’abord déterminer la capitalisation boursière qui est le produit de la valeur boursière d’une action multiplié par le nombre de titres composant le capital social. Capitalisation boursière + Nouvelle émission = Total 700.000 € 150.000 € 850.000 € Valeur boursière d’une action après augmentation de capital : 850.000 : 5.000 = 170 € Maintenant nous allons démontrer que par l’introduction du droit de souscription l’actionnaire ancien n’est pas lésé et que l’actionnaire nouveau n’est pas avantagé. A cet effet, nous allons d’abord considérer la position de l’actionnaire ancien, puis celle de l’actionnaire nouveau : 97 Point de vue de l’actionnaire ancien : Valeur d’une action avant augmentation de capital : − Valeur d’une action après augmentation de capital : = Diminution de valeur de 175 € 170 € 5€ Cette perte de valeur par action après augmentation de capital est exactement compensée par l’introduction du droit de souscription évalué à 5 €. Point de vue de l’actionnaire nouveau : Valeur d’une action après augmentation de capital : − Prix d’émission d’une action : = Gain réalisé sur l’action 170 € 150 € 20 € Comme le rapport des actions nouvelles aux actions anciennes est de 1 à 4, l’actionnaire nouveau a dû acheter quatre droits de souscription pour obtenir une action nouvelle. De ce fait, le gain est exactement compensé par l’achat de ces quatre droits de souscription; la valeur d’un droit s’élève alors à 5 €. d N 1.000 20 20 5 € N 4.000 La comptabilisation de l’augmentation du capital La comptabilisation de l’augmentation de capital est analogue à celle de la constitution. Un compte particulier à l’augmentation de capital intervient, à savoir le compte de passif « Actionnaires, versements reçus sur augmentation de capital ». Selon la loi (art. 32.2.), la prime d’émission, c’est-à-dire l’excédent des versements des souscripteurs sur la valeur nominale, doit être libérée à la souscription. La libération immédiate minimale lors de l’augmentation de capital comprend : la prime d’émission, un quart de la valeur nominale de chaque action. D’après les données de notre exemple, supposons une libération immédiate minimale, les écritures au journal sont alors les suivantes (sachant que les frais d’augmentation sont payés par virement bancaire et s’élèvent à 2.500 € soumis à un taux d’imposition TVA de 15%) : 98 Economie de gestion : Sociétés commerciales 25.10.2007 D 56.250 Banque C à Actionnaires, versements reçus sur augmentation de capital 56.250 25.10.2007 Actionnaires, versements reçus sur augmentation de capital 56.250 Actionnaires, capital souscrit non appelé 93.750 à Capital souscrit appelé versé Capital souscrit non appelé Primes liées au capital 31.250 93.750 25.000 25.10.2007 Frais d’augmentation de capital TVA en amont 2.500 375 à Banque 2.875 Calculs Prime d’émission : 150−125 = 25 € → 25 • 1.000 = 25.000 € Capital souscrit appelé versé : ¼ • 125 = 31,25 € → 31,25 • 1.000 =31.250 € Capital souscrit non appelé : 125.000 − 31.250 = 93.750 € b) Augmentation de capital par incorporation de réserves Tout actionnaire a droit aux actions nouvelles dans la proportion d’actions anciennes qu’il détient. L’entreprise procède à une distribution d’actions gratuites. A partir du droit de souscription, un droit d’attribution d’ peut être dégagé. Celui-ci devient, puisque le prix d’émission est nul : Droit d’attribution : d’ = N C N N Application Au 30 avril 2006, une société anonyme au capital social de 9.000 actions de 70 € cotées à 90 € en bourse répartit 3.000 actions gratuites parmi ses actionnaires par prélèvement sur la réserve facultative. Comme le rapport entre les actions anciennes et les actions nouvelles est de 3 à 1, un porteur de trois actions a droit à une action nouvelle. S’il n’a que deux actions, il doit ou bien acheter un droit d’attribution ou bien vendre ses deux droits. 99 Le droit d’attribution s’élève à : d’= 3.000 90 22,50 € 9.000 3.000 Vérifions ce résultat en partant de la position de l’actionnaire ancien, puis de celle de l’actionnaire nouveau. Position de l’actionnaire ancien : Comme le prix d’émission est nul (P = 0), la valeur d’une action après augmentation de capital devient : NC 9.000 90 67,5 € N N 9.000 3.000 Le droit d’attribution s’élève à 90 − 67,5 = 22,5 € Position de l’actionnaire nouveau : Un actionnaire nouveau doit acheter trois droits d’attribution pour recevoir une action. Le droit d’attribution devient : Valeur d’une action reçue N 3.000 67,5 22,50 € N 9.000 Sachant que les frais d’augmentation du capital s’élèvent à 4.800 € (soumis à un taux d’imposition TVA de 15%), la comptabilisation est à effectuer de la manière suivante : 30.4.2006 D 210.000 Réserve facultative C à Capital social 210.000 30.4.2006 Frais d'augmentation de capital TVA en amont 4.800 720 à Banque 5.520 Remarque La société aurait également pu envisager une augmentation de la valeur nominale de l’action. 100 Economie de gestion : Sociétés commerciales Exercices Exercice 1 Le capital social de la société Luxtransport S.A. se compose de 10.000 actions d’une valeur nominale de 40 €. L’action est cotée à 70 € en bourse. 1) Admettons que le 10 juin 2006 cette société procède à une augmentation de capital à raison d’une action nouvelle pour deux actions anciennes. Quel est le maximum possible de la prime d’émission par action et au total ? 2) En réalité cette société émet les actions à 55 €. Travail à faire a) Déterminez le droit de souscription : par la formule du droit de souscription, à partir de la valeur de l’action après augmentation en exposant la situation d’un ancien et d’un nouvel actionnaire. b) Journalisez cette augmentation de capital sachant que seul le minimum légal est versé à la souscription. Les frais d’augmentation de capital s’élèvent à 6.200 €, dont 3.000 € sont soumis à un taux d’imposition TVA de 15%, et sont payés par virement bancaire au 10 juin 2006. c) Déterminez la somme à payer le 10 juin 2006 par un actionnaire qui possède 100 actions anciennes et qui souscrit 250 actions nouvelles. Exercice 2 Le 6 mars 2007, la société anonyme Luxfly décide d’augmenter son capital social de 150.000 € par incorporation d’une réserve facultative appelée « réserve spéciale » dans le capital social qui se compose, au départ, de 15.000 actions de 50 € de valeur nominale. L’action ancienne est cotée à 60 € en bourse. Travail à faire a) Déterminez le droit d’attribution : par la formule du droit d’attribution, dans l’optique de l’actionnaire ancien (qui vend des droits), dans l’optique d’un actionnaire nouveau (qui achète des droits). b) Journalisez l’augmentation de capital sachant que les frais d’augmentation de capital s’élèvent à 3.000 €, dont 1.200 € sont soumis à un taux d’imposition TVA de 15%, et sont payés par virement bancaire au 6 mars 2007. 101 Exercice 3 Le 20 juillet 2008, la société anonyme Luxtyres au capital de 500.000 € divisé en 20.000 actions d’une valeur nominale de 25 € procède à une émission de 5.000 actions nouvelles (de même valeur nominale) au prix de 50 € par action. L’action ancienne est cotée en bourse à 60 €. Travail à faire a) Déterminez la valeur de l’action après augmentation de capital. b) Calculez le droit de souscription en adoptant : la position de l’actionnaire ancien, la position de l’actionnaire nouveau, la formule du droit de souscription. c) Journalisez l’augmentation de capital, sachant que la société n’appelle que le minimum légal du capital entièrement souscrit. Les frais d’augmentation du capital s’élèvent à 5.500 €, dont 2.500 € sont soumis à un taux d’imposition TVA de 15%, et sont payés par virement bancaire. 102 Economie de gestion : Sociétés commerciales Section 3 : L’emprunt obligataire I : ASPECTS THEORIQUES 1. Introduction Une entreprise de capitaux soucieuse d’agrandir ou de moderniser son équipement ou ses installations peut recourir à l’emprunt bancaire ou à l’emprunt par émission d’obligations. Plusieurs valeurs peuvent être attachées à une même obligation, à savoir : La valeur nominale : valeur inscrite sur le titre et servant de base au calcul de l’intérêt. La valeur d’émission : montant versé par le souscripteur d’une obligation. Lorsque l’emprunt comprend des obligations de valeur nominale différente (par exemple coupures de 1.000 €, 10.000 €, 100.000 €), le prix d’émission est exprimé en un pourcentage de la valeur nominale. Exemple : Supposons que le prix d’émission est de 98% et la valeur nominale de l’obligation s’élève à 100 €, alors le souscripteur devra verser 98 €. Si la valeur nominale est de 150 €, alors le versement sera de 147 €. La valeur de remboursement ou le prix de remboursement : montant payé à l’obligataire à l’échéance. Cette valeur peut de nouveau être exprimée par un pourcentage de la valeur nominale. Exemple : Supposons qu’un titre est remboursable à 103% et la valeur nominale est de 100 €. A l’échéance l’obligataire obtient alors 103 €. Si la valeur nominale est de 150 €, le remboursement à l’obligataire s’élève à 154,5 € à l’échéance. La prime de remboursement est la différence entre la valeur de remboursement et le prix d’émission. 103 Trois catégories de primes de remboursement peuvent être distinguées : La prime de remboursement en dedans : les titres sont émis à une valeur inférieure au pair (= la valeur nominale) et remboursés au pair. Exemple Les titres sont émis à 98% et remboursés à 100% de la valeur nominale, la prime de remboursement en dedans s’élève alors à 100% − 98% = 2%. La prime de remboursement en dehors : les titres sont émis au pair et remboursés à une valeur supérieure au pair. Exemple Les titres sont émis à 100% et remboursés à 102% de la valeur nominale, la prime de remboursement en dehors s’élève alors à 102% − 100% = 2%. La double prime de remboursement : les titres sont émis à une valeur inférieure au pair et le remboursement s’effectue à une valeur supérieure au pair. Exemple Les titres sont émis à 99% et remboursés à 101% de la valeur nominale, la double prime de remboursement s’élève alors à 101% − 99% = 2%. 2. Emission de l’emprunt obligataire Afin de faciliter l’écriture d’émission des obligations, nous allons avoir recours dans l’ensemble des exercices à la méthode de la prise ferme, c’est-à-dire que la banque souscrit elle-même l’ensemble des titres émis par la société anonyme, en vue de les écouler par la suite. a) Emission au pair Les obligations sont émises à la valeur nominale. Le 10 janvier 2007, la société anonyme Luxdryers émet au pair 80.000 obligations d’une valeur nominale de 100 € au taux de 6%. Toutes les obligations sont souscrites et immédiatement libérées. Les frais d’émission s’élèvent à 3% des sommes encaissées. 10.01.2007 D 7.760.000 240.000 Banque Frais d'émission d'obligations C à Emprunt-obligations 104 8.000.000 Economie de gestion : Sociétés commerciales b) Emission en-dessous du pair Le 1er avril 2006, la société anonyme Luxvega émet 300.000 obligations au taux de 5% aux conditions suivantes : valeur nominale 50 €, prix d’émission 48 €. Les obligations sont remboursées au pair et les frais d’émission s’élèvent à 2,5% des sommes encaissées. 1.04.2006 D 14.040.000 600.000 Banque Prime de remboursement des obligations Frais d'émission d'obligations C 360.000 à Emprunt-obligations 15.000.000 3. Amortissement des frais d’émission et de la prime de remboursement En fin de chaque exercice, il faut procéder à l’amortissement prorata temporis des frais d’émission et de la prime de remboursement. Par simplification, nous allons amortir les frais d’émission sur une durée de 5 ans tandis que la prime de remboursement (compte de l’actif) sera amortie sur toute la durée de l’emprunt. L’écriture comptable sera la suivante : 31.12.N D C Dotations aux corrections de valeur (DCV) à Prime de remboursement - CV Frais d'émission - CV 4. Service de l’emprunt obligataire Le service de l’emprunt représente les paiements à faire par la société émettrice de l’emprunt par obligations. L’intérêt : chaque obligation donne droit au paiement annuel d’un intérêt appelé « coupon », déterminé par un certain taux appliqué à la valeur nominale. Les intérêts des emprunts par obligations sont payables à des échéances annuelles fixes, la première une année après l’émission. Il y a trois opérations comptables à effectuer : 105 a) Une écriture de régularisation au 31.12.N (N représentant ici une année quelconque) permettant d’inclure à l’exercice en cours la partie des intérêts qui le concernent. Cette écriture entraîne une diminution du résultat de l’exercice : 31.12.N D C Charges d'intérêts à Intérêts courus non échus b) Au début de l’exercice suivant (1.01.N+1), l’écriture de régularisation fera l’objet d’une écriture de contrepassation : 1.01.N+1 D C Intérêts courus non échus à Charges d'intérêts c) A la première échéance annuelle, il s’agit alors d’enregistrer le paiement des intérêts en tenant compte de la retenue d’impôt à la source qui, à l’exception de quelques cas spécifiques, frappe également les intérêts produits par les emprunts-obligations. L’écriture à enregistrer sera donc la suivante : Année N+1 D Charges d'intérêts à Banque Administration des Contributions Directes, impôts sur intérêts à payer 106 le remboursement de la dette : il s’agit du remboursement de l’emprunt obligataire par la société émettrice. Au Luxembourg, la majorité des entreprises se réservent le droit de rembourser toutes leurs obligations en bloc à une échéance prévue (in fine). Dans le cadre de ce cours nous allons appliquer cette pratique qui remplacera celle de l’amortissement annuel. Les enregistrements comptables à réaliser sont donc d’une part le paiement de la dernière tranche d’intérêts et d’autre part le remboursement des obligations échues : C Economie de gestion : Sociétés commerciales D C Charges d'intérêts à Banque Administration des Contributions Directes, impôts sur intérêts à payer Emprunt-obligations à Obligations échues à rembourser Obligations échues à rembourser à Banque Remarque Dans le cadre de ce cours, par convention, le taux d’imposition sur les intérêts est de 10%. Application résolue Reprenons les données de la société Luxvega qui émet 300.000 obligations au taux de 5% aux conditions suivantes : la valeur nominale des titres est de 50 € et ils sont émis au prix de 48 €. Les obligations sont remboursées au pair et la durée de l’emprunt est de 10 ans. La banque Eurolux S.A. prend ferme tous les titres et touche 2,5% du prix d’émission. Journalisez l’émission de l’emprunt au 1er avril 2006, les écritures de fin d’exercice qui s’imposent quant aux intérêts et aux frais d’émission ainsi qu’à la prime de remboursement, l’écriture requise au 1er janvier 2007, l’écriture à l’issue de la première échéance (1er avril 2007), les écritures nécessaires à l’issue de la durée de l’emprunt au 1er avril 2016. 107 1.04.2006 D 14.040.000 600.000 Banque Prime de remboursement des obligations Frais d'émission des oblig. C 360.000 à Emprunt-obligations 15.000.000 Prime: 2 • 300.000 = 600.000 € Frais: (300.000 • 48) • 0,025 = 360.000 € 31.12.2006 DCV 99.000 à Frais d'émission - CV Prime de remboursement - CV 54.000 45.000 Frais: (360.000 : 5) • 9/12 = 54.000 € Prime: (600.000 : 10) • 9/12 = 45.000 € 31.12.2006 Charges d'intérêts 562.500 à Intérêts courus non échus 562.500 (15.000.000 • 0,05) • 9/12 = 562.500 € 1.01.2007 Intérêts courus non échus 562.500 à 562.500 Charges d'intérêts 108 Economie de gestion : Sociétés commerciales 1.04.2007 D 750.000 Charges d'intérêts C à Banque Administration des Contrib. Directes, impôts sur int. à payer 15.000.000 • 0,05 = 750.000 € 750.000 • 0,10 = 75.000 € 1.04.2016 Charges d'intérêts à 675.000 75.000 750.000 Banque Administration des Contributions Directes, impôts sur int. à payer 675.000 75.000 1.04.2016 Emprunt-obligations 15.000.000 à Obligations échues à rembourser 15.000.000 1.04.2016 Obligations échues à rembourser 15.000.000 à Banque 15.000.000 109 Exercices Exercice 1 La société anonyme Luxsteel émet au 1er avril 2005 un emprunt de 50.000 obligations d’une valeur nominale de 100 €. Les titres sont émis à 98% et remboursés à 100% de la valeur nominale. La durée de l’emprunt est de 5 ans et le taux de l’emprunt est fixé à 6%. La banque Luxmoney S.A. souscrit elle-même l’ensemble des titres en vue de les écouler par la suite. Elle touche une commission de 3% sur le prix d’émission. Travail à faire Journalisez : l’émission de l’emprunt au 1er avril 2005, les écritures de fin d’exercice qui s’imposent quant aux intérêts et aux frais d’émission (qui sont répartis sur une durée de 5 ans) ainsi qu’à la prime de remboursement (qui est répartie par fractions égales sur toute la durée de l’emprunt), l’écriture requise au 1er janvier 2006, l’écriture à l’issue de la première échéance (1er avril 2006), les écritures nécessaires à l’issue de la durée de l’emprunt au 1er avril 2010. Exercice 2 La société anonyme Luxtechnologie émet au 1er juillet 2007 un emprunt de 100.000 obligations d’une valeur nominale de 150 € au prix de 146 €. La durée de l’emprunt est de 10 ans et le taux de l’emprunt est fixé à 5%. La banque Eurolux S.A. prend ferme tous les titres et touche 5% du prix d’émission. Les frais divers en relation avec l’émission s’élèvent à 48.000 €. Travail à faire Journalisez : l’émission de l’emprunt au 1er juillet 2007, les écritures de fin d’exercice qui s’imposent quant aux intérêts et aux frais d’émission (qui sont répartis sur une durée de 5 ans) ainsi qu’à la prime de remboursement (qui est répartie par fractions égales sur toute la durée de l’emprunt), l’écriture requise au 1er janvier 2008, l’écriture à l’issue de la première échéance (1er juillet 2008), les écritures nécessaires à l’issue de la durée de l’emprunt au 1er juillet 2017. 110 Economie de gestion : Sociétés commerciales Exercice 3 La société anonyme Luxmotors émet le 1er octobre 2008 un emprunt de 500.000 obligations d’une valeur nominale de 110 € au prix de 108 €. La durée de l’emprunt est de 20 ans et le taux de l’emprunt est fixé à 5%. A l’échéance, le remboursement par titre sera de 112 €. La banque Eurolux S.A. prend ferme tous les titres et touche 4% du prix d’émission. Les frais divers en relation avec l’émission s’élèvent à 40.000 €. Travail à faire Journalisez l’émission de l’emprunt au 1er octobre 2008, les écritures de fin d’exercice qui s’imposent quant aux intérêts et aux frais d’émission (qui sont répartis sur une durée de 5 ans) ainsi qu’à la prime de remboursement (qui est répartie par fractions égales sur toute la durée de l’emprunt), l’écriture requise au 1er janvier 2009, l’écriture à l’issue de la première échéance (1er octobre 2009), les écritures nécessaires à l’issue de la durée de l’emprunt au 1er octobre 2028. 111 ANNEXE (*) Application concernant l’amortissement La situation initiale d'une entreprise est illustrée dans le bilan (simplifié) suivant: Actif Bilan au 1.1.N Actif immobilisé 100.000 Capitaux propres Actif circulant Passif 150.000 50.000 150.000 150.000 Durant l'année N, l'entreprise a réalisé un chiffre d'affaires de 70.000 € et supporté des charges pour un montant de 30.000 € (toutes ces opérations sont réglées en espèces). Nous allons calculer le résultat net de l’exercice et présenter le bilan final dans les deux hypothèses suivantes: Première hypothèse: L'entreprise néglige de tenir compte de l'amortissement de l’actif immobilisé. Deuxième hypothèse: L'entreprise amortit ses immobilisations au taux linéaire de 20%. PREMIERE HYPOTHESE: L'ENTREPRISE N'EFFECTUE PAS LES AMORTISSEMENTS NECESSAIRES Résultat net de l’exercice = Produits – Charges = 70.000 – 30.000 = 40.000 € Actif Actif immobilisé Actif circulant Bilan au 31.12.N avant répartition du résultat 100.000 Capitaux propres 150.000 90.000 Résultat net de l’exercice 40.000 190.000 112 Passif 190.000 Economie de gestion : Sociétés commerciales Supposons que l’ensemble du bénéfice est distribué aux associés par prélèvement bancaire : Actif Actif immobilisé Actif circulant Bilan au 31.12.N après répartition du résultat 100.000 Capitaux propres Passif 150.000 50.000 150.000 150.000 DEUXIEME HYPOTHESE: L'ENTREPRISE EFFECTUE LES AMORTISSEMENTS NECESSAIRES Dotation de l’exercice: = 0,2 * 100.000 = 20.000 € (cette charge n’entraîne pas de décaissement !!) Résultat net de l’exercice en tenant compte de la dotation pour dépréciation: = Produits – Charges = 70.000 – (30.000 + 20.000) = 20.000 € Actif Bilan au 31.12.N avant répartition du résultat Actif immobilisé 80.000 Capitaux propres Actif circulant 90.000 Résultat net de l’exercice 170.000 Passif 150.000 20.000 170.000 Supposons que l’ensemble du bénéfice est distribué aux associés par prélèvement bancaire: Actif Bilan au 31.12.N après répartition du résultat Actif immobilisé 80.000 Capitaux propres Actif circulant 70.000 150.000 Passif 150.000 150.000 113 Nous constatons que : - Sans amortissement, le résultat net de l’exercice est surévalué de 20.000 € et l’entreprise distribue un résultat fictif, car la consommation de l’immobilisation n’est pas prise en compte. - Avec amortissement, l’actif circulant a augmenté (on passe de 50.000 € à 70.000 €) ce qui s’explique par le fait que une charge calculée (la DCV) n’entraîne pas de décaissement le montant du bénéfice distribuable a diminué par suite de la prise en compte de l’amortissement. - Si nous appliquons ce dernier raisonnement à cinq exercices consécutifs (la durée probable de l’immobilisation), nous constatons que 100.000 € restent en trésorerie qui sans amortissement en seraient sortis. - Cette augmentation de l’actif circulant va permettre à l'entreprise de renouveler son actif immobilisé sans diminuer ses moyens d’action. En d’autres mots, la pratique de l’amortissement permet à l’entreprise de s’autofinancer. Conclusion Les amortissements et les corrections de valeurs probables constituent une source d'autofinancement et sont assimilables à des ressources internes. 114