1/8 Chap. 4 : Travaux comptables relatifs à la l’augmentation de capital Une augmentation de capital est l’opération qui consiste pour une société à émettre des actions nouvelles (ou éventuellement à augmenter la valeur nominale des actions existantes) en contrepartie d’apports à l’actif de la société (apports en numéraire ou en nature) ou par incorporation d’éléments du passif (réserves ou dettes). On distingue quatre formes d’augmentation de capital, qui peuvent être combinées, avec des objectifs et des modalités spécifiques. I- L’augmentation de capital par apports en numéraire Objectif : Se procurer des ressources de financement des investissements. A) Les modalités de l’augmentation de capital en numéraire Exemple : Le capital d’une société (SA) est composé de 10 000 actions de valeur nominale de 20 €. Au cours du mois de mai N, la société procède à une augmentation de capital en numéraire de 64 000 € (avec libération du minimum légal lors de la souscription). Bilan synthétique au 31/05/N (avant l’augmentation de capital) : Actif Immobilisations Actifs circulants Disponibilités Total Montants Passif 484 000 Capital (10 000 × 20) 316 000 Réserves Capitaux propres Dettes 800 000 Total Montants 200 000 240 000 440 000 360 000 800 000 1) Prix d’émission et nombre d’actions nouvelles à émettre En principe, le prix d’émission des titres (parts sociales pour les SARL ou actions pour les SA) est compris entre deux valeurs : Valeur nominale < Prix d’émission < Valeur « réelle » Valeur nominale : valeur du titre fixée lors de la création de la société. Valeur « réelle » : valeur de marché (cours boursier pour les sociétés cotées) ou valeur théorique calculée (valeur mathématique comptable ou intrinsèque). 2/8 Valeur mathématique comptable (VMC) : VMC d’une action = => Actif net comptable Capitaux propres 440 000 = = = 44 € Nombre d' actions Nombre d' actions 10 000 20 < Prix d’émission < 44 Par exemple, Prix d’émission = 32 € => Nombre d’actions à émettre : 64 000 / 32 = 2 000 actions nouvelles. Le prix d’émission est alors décomposé en deux éléments : la valeur nominale et la prime d’émission : Prime d’émission = Prix d’émission – Valeur nominale Prime d’émission = 32 – 20 = 12 € par titre Prix d’émission = 20 + 12 = 32 € Augmentation de capital en nominal : Prime d’émission : (64 000 – 40 000) 2 000 × 20 = 40 000 2 000 × 12 = 24 000 Augmentation (totale) de capital en numéraire : 2 000 × 32 = 64 000 2) Conditions de libération Comme lors de la constitution, les actions nouvelles peuvent être libérées partiellement à la souscription. Le minimum légal, qui doit être libéré lors de la souscription, est de 1/4 de la valeur nominale pour les actions de SA et pour les parts de SARL ; le solde pouvant être libéré dans un délai de 5 ans (le minimum légal des SARL est identique à celui des SA). La prime d’émission pour les SA doit toutefois être intégralement libérée lors de la souscription (en revanche, il n’y a pas d’obligation de libération intégrale de la prime pour les SARL). Exemple : Minimum légal libéré (appelé et versé) : Capital libéré à la souscription : Capital non libéré : (20 × 1/4) + 12 = 17 € par action nouvelle. Nominal : 40 000 × 1/4 = Prime d’émission : 10 000 24 000 Total : (2 000 × 17) 34 000 Nominal : 40 000 × 3/4 = 30 000 3/8 B) La comptabilisation de l’augmentation de capital en numéraire 1) Comptabilisation de l’augmentation de capital lors de la souscription L’augmentation de capital (crédit du compte 101) est enregistrée après le versement du capital libéré (une fois l’augmentation réalisée). On peut donc distinguer deux étapes, inversées par rapport à la constitution (d’abord la réalisation des apports avant la constatation de l’augmentation de capital et des conditions de libération). Exemple : Versement des fonds au cours du mois de mai et augmentation effective le 31 mai. 1.1- Versements du capital libéré lors de la souscription (réalisation des apports) En mai 512 4563 Banque Associés – Versements reçus s/augmentation de capital Versements des souscripteurs 34 000 34 000 (En une ou plusieurs écritures…) 1.2- Constatation de l’augmentation de capital 31/05/N 4563 1013 1041 Associés – Versements reçus s/augmentation de capital Capital souscrit – appelé, versé Primes d’émission Augmentation de capital (fraction libérée / appelée) 34 000 10 000 24 000 31/05/N 109 1011 Actionnaires : Capital souscrit – non appelé Capital souscrit – non appelé Augmentation de capital (fraction non appelée) 30 000 30 000 (L’écriture ressemble à l’écriture simplifiée des promesses d’apports lors de la constitution…) Bilan synthétique au 31/05/N (après l’augmentation de capital) : Actif Capital non appelé Immobilisations Actifs circulants Disponibilités Total Montants Passif 30 000 Capital (1) 200 000 + 40 000 484 000 Prime d’émission 316 000 Réserves 34 000 Capitaux propres Dettes 864 000 Total (1) : dont versé : 210 000 Montants 240 000 24 000 240 000 504 000 360 000 864 000 4/8 2) Comptabilisation de l’augmentation de capital lors des libérations ultérieures Les écritures sont identiques à celles des libérations ultérieures des apports en numéraires lors de la constitution d’une société. Exemple : Appel et versement du solde de l’augmentation de capital le 1/6/N+1. 2.1- Libération (appel) du solde de l’augmentation capital 1/6/N+1 4562 109 Apporteurs – Capital appelé, non versé Actionnaires : Capital souscrit – non appelé 30 000 30 000 Libération du solde de l’augmentation de capital (Comptes actif) 1/6/N+1 1011 1012 Capital souscrit – non appelé Capital souscrit – appelé, non versé 30 000 30 000 Libération du solde de l’augmentation de capital (Comptes passif) 2.2- Réalisation du solde de l’augmentation de capital 1/6/N+1 512 4562 Banque Apporteurs – Capital appelé, non versé 30 000 30 000 Réalisation du solde de l’augmentation de capital (Comptes actif) 1/6/N+1 1012 1013 Capital souscrit – appelé, non versé Capital souscrit – appelé, versé 30 000 30 000 Réalisation du solde de l’augmentation de capital (Comptes passif) Remarque : L’augmentation de capital en numéraire a pour conséquence une diminution de la valeur de l’action (le prix d’émission étant inférieur à la valeur réelle de l’action) : VMC avant augmentation de capital = 440 000 / 10 000 = 44 € VMC après augmentation de capital = 504 000 / 12 000 = 42 € Pour compenser cette perte, les anciens actionnaires bénéficient (en principe) d’un droit préférentiel de souscription et ce droit est négociable. Référentiel BTS CG : « L’étude des droits de souscription et d’attribution est exclue ». 5/8 II- L’augmentation de capital par apports en nature Objectif : « Financer » directement les investissements (par des apports en nature). A) Les modalités de l’augmentation de capital par apports en nature Le « prix » (la valeur) d’émission des actions nouvelles émises pour rémunérer l’apport en nature est en principe proche de la valeur théorique (ou de marché) de l’action (les actionnaires anciens ne pouvant pas participer à cette forme d’augmentation de capital, ils ne doivent pas être lésés par l’opération). Exemple : Reprise de l’exemple précédent avant l’augmentation en numéraire (Cf. I- A) Le 1/6/N, un actionnaire (ancien ou nouveau) apporte à la société un terrain d’une valeur de 15 000 € et une construction évaluée à 64 200 €. Prix d’émission des actions nouvelles = VMC = 44 € Nombre d’actions à émettre pour rémunérer l’apport : (15 000 + 64 200) / 44 = 1 800 actions nouvelles. Prime d’émission (ou d’apport) = 44 – 20 =24 € par action Augmentation de capital en nominal : Prime d’apport : (79 200 – 36 000) 1 800 × 20 = 36 000 1 800 × 24 = 43 200 Augmentation de capital par apports en nature : 1 800 × 44 = 79 200 Les apports en nature doivent être intégralement libérés à l’émission ! B) La comptabilisation de l’augmentation de capital par apports en nature La comptabilisation peut s’effectuer en deux étapes, comme pour la constitution (écriture simplifiée) : 1) La promesse d’apports 1/6/N 4562 (ou 1) Apporteurs – Capital appelé, non versé 1012 Capital souscrit – appelé, non versé 1043 Primes d’apport Promesses d’apports 79 200 36 000 43 200 6/8 2) La réalisation des apports 1/6/N 211 213 4562 Terrains Constructions Apporteurs – Capital appelé, non versé Réalisation des apports 15 000 64 200 79 200 1/6/N 1012 1013 Capital souscrit – appelé, non versé Capital souscrit – appelé, versé Réalisation des apports 36 000 36 000 Ou, éventuellement 1) et 2) en une seule écriture, sans passer par les comptes 4562 et 1012 : 1/6/N 211 213 1013 1043 Terrains Constructions Capital souscrit – appelé, versé Primes d’apport Réalisation des apports 15 000 64 200 36 000 43 200 Bilan synthétique au 1/6/N : Actif Immobilisations (484 000 + 15 000 + 64 200) Actifs circulants Disponibilités Total Montants Passif Capital (1) 200 000 + 36 000 563 200 Prime d’apport 316 000 Réserves Capitaux propres Dettes 879 200 Total Montants 236 000 43 200 240 000 519 200 360 000 879 200 (1) : dont versé : 236 000 Remarque 1 : En principe, l’augmentation de capital par apports en nature ne modifie pas la valeur de l’action (le prix d’émission étant égal à la valeur réelle de l’action) : VMC après augmentation de capital = 519 200 / (10 000 + 1 800) = 44 (= VMC avant augmentation de capital). Remarque 2 : Les frais d’augmentation de capital en numéraire et par apports en nature (honoraires, droits d’enregistrement …) peuvent être imputés sur la prime d’émission (méthode préférentielle du PCG), ou enregistrés en charges par nature ou encore inscrits à l’actif (compte 2013 Frais d’augmentation de capital) et amortis sur 5 ans au maximum. 7/8 III- L’augmentation de capital par incorporation de réserves Elle consiste à incorporer des réserves au capital (transfert de compte à compte). Objectif : Renforcer le capital de la société afin de créer un effet psychologique favorable auprès des associés et des tiers (il ne s’agit plus d’une source de financement). A) Les modalités de l’augmentation de capital par incorporation de réserves L’augmentation de capital par incorporation de réserves se traduit par une émission d’actions nouvelles gratuites, ou éventuellement, par une augmentation de la valeur nominale de l’action. Dans le cas d’une émission d’actions nouvelles gratuites, Il n’y a pas de prix d’émission (au sens de prix de vente) mais une valeur d’émission, égale (en principe) à la valeur nominale (pour déterminer le nombre d’actions à émettre !). Exemple : Reprise de l’exemple (Cf. I- A) Société au capital de 10 000 actions (Valeur nominale = 20 €, VMC = 44 €) Le 1/6/N, la société réalise une augmentation de capital en incorporant 20 000 € de réserves facultatives. Prix d’émission des actions nouvelles : valeur nominale = 20 € Nombre d’actions nouvelles gratuites à émettre : 20 000 / 20 = 1 000 actions (Ou, éventuellement : augmentation de la valeur nominale : 20 000 / 10 000 = 2 € par action) Augmentation de capital en nominal : 1 000 × 20 = 20 000 (ou : 10 000 × 2) Il n’y a pas de prime d’émission (le prix d’émission étant égal à la valeur nominale). B) La comptabilisation de l’augmentation de capital par incorporation de réserves 1/6/N 1068 1013 Autres réserves Capital souscrit – appelé, versé Augmentation de capital par incorp. de res. 20 000 20 000 8/8 Bilan synthétique : Actif Immobilisations Actifs circulants Disponibilités Total Montants Passif 484 000 Capital 200 000 + 20 000 316 000 Réserves 240 000 – 20 000 Capitaux propres Dettes 800 000 Total Montants 220 000 220 000 440 000 360 000 800 000 Remarque : L’incorporation de réserves avec émission d’actions nouvelles a pour effet de diminuer la valeur de l’action (le montant des capitaux propres reste inchangé alors que le nombre total d’actions augmente) VMC avant augmentation de capital = 440 000 / 10 000 = 44 € VMC après augmentation de capital = 440 000 / 11 000 = 40 € Pour compenser cette perte, les anciens actionnaires bénéficient (en principe) d’un droit d’attribution et ce droit est négociable. IV- Augmentation de capital par conversion de dettes (ou créances sur la société) Objectif : Extinction d’une dette. Elle consiste à solder (rembourser) une dette par l’émission d’actions nouvelles qui seront attribuées au créancier de la société qui accepte la conversion (société du même groupe, associé, banque ou même un fournisseur). Référentiel BTS CG : « La conversion de créances en actions n’est pas étudiée » Cf. Cas Capital 1, 2, 3 et 4