endémique, des contacts plus étroits avec les populations
locales, le travail dans le milieu de la santé. Par conséquent,
en présence d’une maladie inexpliquée chez ces patients, on
devrait penser d’emblée à la tuberculose et à des mycoses
endémiques lorsqu’on établit le diagnostic différentiel, en
particulier après un voyage.
Les formes toxiques de la diarrhée des voyageurs, p. ex.,
l’infection à E. coli entérotoxinogène ou le choléra, ne sont
pas plus fréquentes ni plus graves chez le sujet immunodéfi-
cient. À l’opposé, certaines infections bactériennes invasives,
les salmonelloses non typhiques et les infections à
Campylobacter, sont plus graves et beaucoup plus susceptibles
de causer une bactériémie chez les hôtes immunodéficients.
Même si la prise régulière du sous-salicylate de bismuth ou
d’antibiotiques en prophylaxie peut réduire le risque de la
diarrhée des voyageurs d’au moins 50 % chez les sujets
immunocompétents, il n’existe pas de données probantes
dans le cas des sujets immunodéficients. Néanmoins, tous les
patients immunodéficients qui projettent un voyage dans des
régions tropicales devraient recevoir une ordonnance pour
une réserve suffisante d’un antibiotique, comme la cipro-
floxacine ou l’azithromycine, en tenant compte des modèles
de résistance dans le pays de destination; on doit aussi leur
conseiller de ne pas trop attendre avant de consulter un
médecin compétent local ou de prendre l’antibiotique s’il
leur est impossible d’obtenir des soins médicaux rapidement
en cas de maladie diarrhéique autre qu’une légère diarrhée
aqueuse.
Tous les voyageurs qui pourraient présenter un déficit
immunitaire devraient vérifier que tous les vaccins « couram-
ment administrés » sont valides, y compris contre le tétanos,
la diphtérie, la coqueluche, la grippe, le pneumocoque et le
virus de l’hépatite B.
On devrait, en général, éviter d’administrer des vaccins
vivants, p. ex., les vaccins contre la rougeole, les oreillons et
la rubéole, à des sujets immunodéficients. Le risque d’expo-
sition à la rougeole pourrait être accru dans certains pays, et
cette maladie est beaucoup plus grave en cas d’immuno-
suppression. L’efficacité du vaccin contre la rougeole est
beaucoup moindre chez un sujet immunodéficient.
Heureusement, la majorité des voyageurs est protégée contre
la rougeole grâce à une immunité acquise naturellement ou
par la vaccination. Dans le cas des voyageurs immuno-
déficients nés après 1970, sans antécédent certain de
rougeole ou de preuve qu’ils ont reçu deux doses du vaccin
contre la rougeole avant qu’apparaisse le déficit immunitaire,
il faudrait penser à effectuer des tests sérologiques pour la
rougeole. À moins qu’ils ne présentent des signes cliniques
ou biochimiques d’une immunosuppression très grave, on
devrait recommander aux voyageurs non immunisés contre la
rougeole (sans antécédent de rougeole ou de vaccination, ou
sérologie négative) de recevoir le vaccin contre la rougeole
s’ils projettent un voyage dans un pays où la rougeole est mal
maîtrisée.
L’hépatite A est au nombre des risques évitables les plus
importants associés aux voyages. Bien que l’échec de la
réponse sérologique au vaccin soit beaucoup plus fréquent
dans certains groupes de sujets immunodéficients, le vaccin
contre l’hépatite A demeure fortement recommandé pour
tous les voyageurs vers les destinations tropicales. Le dosage
des anticorps dirigés contre le virus de l’hépatite A n’est pas
assez sensible pour détecter la réponse vaccinale qui confère
la protection contre cette maladie; cette épreuve n’est donc
pas recommandée.
La réponse au vaccin contre la typhoïde est parfois plus
faible chez les sujets immunodéficients. On croit que le virus
vivant atténué Ty21a que renferme le vaccin oral vivant est
incapable d’une réplication soutenue chez l’hôte humain.
Toutefois, on administre de préférence un vaccin polysac-
charidique capsulaire Vi injectable aux voyageurs qui
risquent d’être exposés à la typhoïde.
La fièvre jaune est une maladie très rare chez les voyageurs
et le degré de risque varie beaucoup dans les régions où la
transmission est connue. La fièvre jaune entraîne un fort taux
de mortalité, même chez les sujets immunocompétents.
Depuis 1996, le vaccin à virus vivant atténué contre la fièvre
jaune a été relié à une grave maladie viscérotrope secondaire
à la vaccination, et cette maladie a été fatale dans environ 60 %
des cas. On a constaté une proportion anormalement élevée
de ces cas chez des personnes de plus de 60 ans. Les
voyageurs immunodéficients doivent être mis en garde au
sujet du risque de visiter des zones de transmission active de
la fièvre jaune, y compris celle des chutes Iguaçu à la fron-
tière du Brésil et de l’Argentine. Règle générale, on ne devrait
Tous les voyageurs qui pourraient présenter
un déficit immunitaire devraient vérifier que
tous les vaccins « couramment administrés »
sont valides, y compris contre le tétanos, la
diphtérie, la coqueluche, la grippe, le
pneumocoque et le virus de l’hépatite B.
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JSCR
2008 • Volume 18, Numéro 3