- Avant-Propos -
Avant-Propos
Pour celui, qui accueille la vie avec un oui enthousiaste et monumental,
s'attarder sur les pépins de l'existence peut relever de la pusillanimité ou
de l'inconsistance. Cette tâche est la tasse de thé des geignards,
sceptiques ou absurdistes. Pour justifier mon intérêt pour les choses
pénibles, je ferai appel à un terme, malheureusement trop galvaudé, - le
nihilisme. Dans son acception courante, il désigne des lanceurs de défi,
des partisans de démolitions, des moqueurs de l'ordre, des porteurs du
chaos public. C'est du nihil, tourné vers l'extérieur ; le mien serait tout
intérieur – le refus d'accepter, pour sources ou origines de mes points de
départ, des avis des autres : ce qui est à mes commencements n'est que
de moi. L'homme le vrai, l'homme de la hauteur et de l'élan est dans cette
pose initiatique ; le reste n'est que prolongements, hasards,
accumulations. Dans les starting-blocks de la vie, les positions sont
communes, les postures se définissent dans le comparatif, les poses visent
le superlatif. Si les deux premières se vouent au Vrai, la dernière s'inspire
de l'éthique et de l'esthétique ; ma pose est dans la vénération sans borne
du miracle du vivant, porteur d'un Bien énigmatique et d'un Beau
extatique.
Au-delà des commencements – la lumière des finalités et les ombres du
parcours. La fatalité du Temps mécanique (le devenir extérieur) met à nu
la fragilité de l'Espace organique (l'être intérieur), où se réfugient les
rêves, les meilleures soifs, les ailes pliées. Mais la création, ce devenir
intérieur, a pour ambition démesurée l'incrustation dans l'être extérieur, ce
qui est, hélas, impossible. La tristesse ravageuse naît de ce paradoxe de la
création.
Une autre source de nos lamenti réside dans la double nature de notre
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