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rané. Cette masse s’énuclée facilement après ligature
d’un petit pédicule qui lui est propre et la tumeur ne
semble adhérente ni à l’artère, ni à la veine sperma-
tiques. L’étude extemporanée évoque une tumeur
mesenchymateuse conjonctivale avec quelques
mitoses à confirmer. Le testicule est respecté.
L’examen définitif de la pièce décrit un nodule bien
limité, d’aspect polylobé, à surface externe lisse de
32 x 30 x 20 mm, d’aspect ferme, fasciculé à la
coupe, blanchâtre. Les multiples contrôles après
inclusion permettent de mieux préciser l’aspect
extemporané. On est en présence d’une lésion assez
bien limitée, avec une pseudo-capsule périphérique
et constituée d’une prolifération d’éléments
fusiformes. Il existe une grande densité cellulaire
d’éléments à cytoplasme moyennement abondant,
éosinophile, à noyaux allongés, aboutissant à des
aspects évocateurs d’une tumeur constituée d’élé-
ments musculaires lisses. Il existe un certain degré
d’anisonucléose avec quelques éléments pourvus de
noyaux irréguliers à cytoplasme plus abondant, par
places éosinophile. L’activité mitotique au fort
grossissement se situe entre 10 et 20 mitoses par 10
champs, la différenciation est assez nette.
Il s’agit d’un leiomyosarcome sans nécrose (grade
I selon la classification de la FNCLCC )
Après réception de l’histologie définitive, on
informe le patient de notre désir de compléter la
c h i r u rgie par un évidement scrotal, que le sujet
accepte le 15 Février 1990. L’histologie complé-
mentaire ne retrouve aucun foyer tumoral résiduel.
Le bilan d’extension par scanner est totalement
négatif. Le sujet évolue normalement et à ce jour,
avec 24 mois de recul, tant l’examen clinique que
le scanner se révèlent normaux. Une surveillance
régulière est demandée chez un patient parfaite-
ment informé de cette nécessité.
DISCUSSION
Les sarcomes des tissus mous sont complexes
dans leurs localisations, leurs expressions his-
tologiques unique ou mixte, leurs évolutions dif-
férentes chez l’enfant ou l’adulte, leur réponse
thérapeutique inégale et leur prédilection propre à
la récidive locale ou au contraire à un essaimage
lymphatique ou hématogène.
Certains auteurs regroupent volontiers les sar-
comes observés en Urologie en un vaste chapitre
[27, 59, 60] traitant des sarcomes rétropéritonéaux
et du tractus urogénital dans le cadre des sarcomes
des tissus mous ( S.T.M. ).
La rareté des observations laisse apparaître une pré-
dominance pour les localisations rétropéritonéales
suivie de l’atteinte du petit bassin (vessie - prostate
- vagin - col utérin) pour laisser une moindre place
aux sarcomes paratesticulaires et du cordon.
Le pourcentage de tumeurs paratesticulaire s
malignes est estimé entre 10 et 30% selon les
auteurs [57].
THOMPSON dès 1936 [52] dresse un catalogue des
tumeurs affectant le cordon spermatique et chiffre
à 30% le nombre de tumeurs malignes. COLLINS et
PUGH [13] relèvent 27% de cas de sarcomes parat-
esticulaires parmi 1050 cas de tumeurs intrascro-
tales. L‘atteinte du cordon spermatique est pré-
dominante (73%).
Le premier cas de sarcome du cordon est attribué à
LESA U VA G E [32], paternité non contestée même
dans la littérature nord-américaine. PAT E L e t
CHARLIER [41] font la première revue générale de
cette affection. Les années passant, les cas publiés
augmentent.
WA L L I J N [57] en 1975 distingue, parmi 378
tumeurs paratesticulaires malignes, 250 cas de
tumeurs du cordon. BLITZER [6] en 1981 retrouve
201 cas publiés en langue anglaise.
Un recensement exact ou approximatif n’a que
peu d’intérêt mais le rapprochement des études de
WA L L I J N et de BL I T Z E R laisse apparaître des con-
cordances donnant une réelle valeur à la fréquence
relative de chaque type de sarcome rencontré au
niveau du cordon (Tableau 1) :
Le cordon est surtout affecté au voisinage du
testicule, plutôt qu’au niveau du pédicule sper-
matique.
La clinique se résume en une masse d’apparition
et de croissance parfois très rapides, masse indo-
lore, ferme, de siège plus volontiers scrotal
qu’inguinal. Si la tumeur est volumineuse, la peau
scrotale peut être intéressée par un phénomène
d’envahissement mais rares sont les douleurs
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