Chapitre 2.5.11. — Morve
1008 Manuel terrestre de l’OIE 2008
milieu employé. Ils présentent un pléomorphisme accentué dans les vieilles cultures. Des filaments branchés
se forment à la surface des cultures en bouillon (26).
b) Caractéristiques en cultures
Il vaut mieux tenter l'isolement à partir de lésions fermées non contaminées (21). Le micro-organisme est
aérobie strict et anaérobie facultatif seulement en présence de nitrates (8, 19). Sa température optimale de
croissance est de 37 °C (20). Il pousse bien, mais lentement, sur milieu ordinaire de culture, et 72 h
d’incubation sont recommandées ; l’enrichissement en glycérol est particulièrement utile. Quelques jours
d’incubation sur gélose au glycérol permettent d’obtenir des colonies de couleur légèrement crème, lisses,
humides et visqueuses. En poursuivant l'incubation, les colonies sont plus épaisses et deviennent brun
foncé et fermes. Le germe pousse bien aussi sur gélose-pomme de terre glycérinée et en bouillon au
glycérol, à la surface duquel se forme une pellicule visqueuse. La culture est beaucoup moins luxuriante sur
gélose nutritive ordinaire, et la croissance est faible sur gélatine (34). Les cultures de B. mallei faites à partir
de prélèvements recueillis dans des conditions non stériles sont régulièrement envahies par d’autres
bactéries.
Pour éviter l’altération des caractères de la bactérie qui peuvent survenir in vitro, il faut réaliser les réactions
d'identification à partir d’isolats récents. Le lait tournesolé est légèrement acidifié par B. mallei, et peut
coaguler après une longue incubation. La bactérie réduit les nitrates. Bien que quelques auteurs aient écrit
que le glucose était le seul glucide oxydé (lentement et de manière inconstante), d’autres ont montré que si
un milieu et un indicateur appropriés étaient utilisés, le glucose et d’autres glucides comme l’arabinose, le
galactose et le mannose étaient régulièrement fermentés par B. mallei (6). L’indole n’est pas produit, le sang
de cheval n’est pas hémolysé et aucun pigment n’est diffusé dans les cultures (19). Un kit de diagnostic pour
les tests de laboratoire disponible dans le commerce (par exemple le système API [Analytical Profile Index]:
Analytab Products, BioMerieux ou Biolog [Hayward, California]) permet de confirmer facilement que la
bactérie appartient au groupe Pseudomonas. Les systèmes actuellement en vente permettent rarement
d’identifier avec certitude les espèces toujours plus nombreuses du genre Burkholderia (9). L’absence de
mobilité du germe devient alors particulièrement importante à rechercher. Il existe un bactériophage
spécifique de B. mallei (43).
Tous les milieux de culture préparés devraient être soumis à un contrôle de qualité de manière à vérifier
qu’ils permettent effectivement la croissance du micro-organisme suspect à partir d’un faible inoculum. La
souche de référence devrait être cultivée en parallèle avec les prélèvements suspects, afin de s’assurer de
la fiabilité des épreuves.
L’ajout au milieu de substances inhibant la croissance des bactéries qui prennent la coloration de Gram (par
exemple le cristal violet ou la proflavine) a prouvé son utilité lorsque les prélèvements sont contaminés, de
même qu’un pré-traitement de ces prélèvements à la pénicilline (1 000 unités/ml pendant 3 h à 37 °C) (22).
Un milieu sélectif a été élaboré (44), qui incorpore de la polymyxine E (1 000 unités), de la bacitracine
(250 unités) et de l’actidione (0,25 mg) dans de la gélose nutritive (100 ml) contenant de la glycérine (4 %),
du sérum d’âne ou de cheval (10 %), et de l’hémoglobine ovine ou de la gélose tryptone (0,1 %).
Hors de l’organisme, le micro-organisme est peu résistant à la dessiccation, à la chaleur, à la lumière ou aux
produits chimiques, de sorte qu’il a peu de chances de survivre plus de deux semaines (25). Toutefois, dans
des conditions favorables, il peut rester vivant quelques mois. Burkholderia mallei peut survivre dans l'eau
du robinet pendant au moins un mois (34). Le chlorure de benzalkonium ou « roccal » (1/2 000),
l’hypochlorite de sodium (500 ppm de chlore actif), l’iode, le chlorure de mercure en solution alcoolique, et le
permanganate de potassium se sont avérés de très puissants désinfectants de B. mallei (20). Les
désinfectants phénoliques sont moins actifs.
c) Inoculation à l’animal de Laboratoire
En cas de nécessité, le cobaye, le hamster et le chat ont été utilisés pour le diagnostic. Lorsque l’isolement
chez l’animal de laboratoire est jugé indispensable, le matériel suspect est inoculé par voie intra-péritonéale
à un cobaye mâle. Comme la sensibilité de cette technique n’est que de 20 %, il est conseillé d’inoculer au
moins cinq animaux (25). L’inoculation d’un prélèvement infecté entraînera une sévère péritonite locale et
une orchite (« signe de Strauss »). Le nombre de bactéries et leur virulence conditionnent la gravité des
lésions. Lorsque le matériel étudié est fortement contaminé, il faut faire des passages supplémentaires (11).
Le signe de Strauss n’est pas spécifique de la morve, et d’autres bactéries peuvent le provoquer. La
spécificité de la réponse obtenue doit donc être confirmée par l’examen bactériologique des testicules
infectés.
d) Confirmation par amplification en chaîne par polymérase (PCR) et PCR en temps réel
Plusieurs épreuves de PCR et de PCR en temps réel ont été proposées au cours de ces dernières années
dans le but d’identifier Burkholderia mallei (2, 13, 32, 36, 38, 39), mais seule une épreuve de chaque ont été