Note dramaturgiques
Le texte procède d’une écriture cinématographique. L’écriture s’ouvre à partir d’un gros plan.
Ensuite, elle cadre selon le narrateur ou la narratrice et détaille en plans serrés, qui s’accrochent
les uns aux autres et rebondissent en quelques séquences de scènes de guerre. Pour le
narrateur, la structure est éclatée et dispersive. Il raconte par brides, par saccades, mélange les
récits : la séance de torture, la garde du bâtiment militaire, la visite chez le médecin. C’est la
narratrice qui mettra le mot sur ce que n’ose avouer le narrateur.
Dès les premiers mots (« rouge comme une fraise mûre »), bien avant l’emploi du mot « mentir », nous
savons que quelque chose d’horrible va être découvert. Ce qui suit alors se déroule comme
le décryptage d’un rêve par un analyste qui finit par dévoiler ce qui voudrait rester enfoui ou
comme une patiente enquête policière où chaque détail est un indice.
Vera, la narratrice, la Cassandre, va se servir de son « don » pour démonter phrase par phrase
la lettre de José. C’est leur relation qu’elle va premièrement prendre en ligne de mire. La
déconstruction de leurs liens est relatée à travers des phrases prises en contrepoint. Premier
contrepoint : leur rencontre et elle qui attend que le sel de l’eau de mer scelle ses yeux, pour
ne pas voir ce qui va advenir de la relation.
Peu à peu, nous nous apercevons de ce qui, au delà de l’éloignement dû à la guerre, a séparé
Vera de José.
Le texte est truffé d’aller-retours entre présent et passé : passé de la scène originelle de la
rencontre, passé : temps de l’enfance de José. Pour José, le souvenir de la rencontre semble
sécurisant, pour Véra c’est le contraire comme toute réminiscence du passé. C’est dans
le passé, dans l’enfance de José que Véra va débusquer le fin mot de l’histoire, l’acte qui
irrémédiablement les éloigne l’un de l’autre.