Revue De Presse Dom Juan

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REVUE DE PRESSE
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PRESSE
Intramuros
N° 342 - Décembre 2009
Jérôme Gac
LE DESSOUS DES PLANCHES
> LE LIFTING DU PAVÉ
Quarante ans après la création du Théâtre du Pavé, son directeur artistique Francis Azéma innove
avec un cycle de mises en scène épurées des classiques.
Est-ce que “Noir Lumière” est un exercice de déconstruction ?
> Francis Azéma : « Non, ce serait paresseux. Je cherche plutôt dans le texte ce qui fait sa puissance, sa force, tout
en enlevant ce qui relève de l’emballage pour ne garder que le travail d’acteur. Certaines scènes sont élaguées, mais
nous sommes très respectueux, dans un souci de fidélité, sans être classique. On ne cherche pas à dire autre chose
que ce que l’auteur a, selon nous, peut-être voulu dire. Nous cherchons à atteindre une forme dépouillée et simple,
aussi pour des raisons économiques. La saison suit son cours, avec en parallèle ce cycle “Noir Lumière” qui
reste un essai, avec peut-être un développement ultérieur. »
Est-ce que ce cycle se nourrit de votre expérience avec les pièces de Jon Fosse la saison dernière ?
« On s’est aperçu qu’on pratiquait déjà cela sans le formuler. “Violet” était éclairé avec une lampe qui nous a coûté
50 euros, et on y est arrivé. On peut aussi avoir un théâtre riche de sa pauvreté. On peut toujours pleurer faute de
moyens, mais l’important reste le texte et le jeu, tout en restant exigeant. Ce sont les élèves comédiens de “Violet”
qui ont souhaité poursuivre l’expérience. Ils estiment qu’ils ont encore beaucoup à apprendre. Ce sont eux qui ont
choisi l’”Antigone” d’Anouilh. »
Aviez-vous déjà abordé la mise en scène d’un de ses textes ?
« Jamais. J’avais seulement joué “Dom Juan” avec Jean-Pierre Beauredon.
Le choix des pièces a été collectif. La mise en scène n’est plus obligatoire, c’est une prise de risque pour secouer
toute tentation de facilité, pour ne pas rester sur nos acquis parce que je m’ennuierais vite. Je travaille sur la mise en
scène intérieure des personnages, je sers de guide et déclenche des propositions. Cela demande beaucoup d’écoute
aux propositions de chacun de la part des comédiens. »
Qu’est-ce qui relie ces spectacles, et en quoi divergent-ils ?
« L’équipe des comédiens et la démarche sont communes. Mais ce qui se fait avec Molière ne se fait pas avec Sophocle, où le choeur s’impose avec un travail de répétitions chorégraphiées. Avec Anouilh, l’auteur est très présent,
on le laisse résonner. Les textes contemporains sont écrits dans un angle précis, l’auteur est presque l’acteur. Les
grands textes classiques se laissent plus facilement bousculer, mais nous le faisons avec respect. »
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PRESSE
Interlignage | L’anti-zapping culturel
Otaku Sama
NOIR LUMIÈRE, AU THÉÂTRE DU PAVÉ DE TOULOUSE
« Un décor neutre, trois portes semblables. Au lever du rideau, tous les personnages sont en scène…
». La didascalie initiale d’Antigone de Jean Anouilh pourrait être le point de départ de Noir Lumière.
À la fois authentique et novateur ce concept, au service du texte théâtral, est un pari risqué où la
prestation du comédien retient [...]
Un décor neutre, trois portes semblables. Au lever du rideau, tous les personnages sont en scène… ». La didascalie
initiale d’Antigone de Jean Anouilh pourrait être le point de départ de Noir Lumière. À la fois authentique et novateur
ce concept, au service du texte théâtral, est un pari risqué où la prestation du comédien retient toute l’attention
du spectateur. À travers Dom Juan de Molière, Antigone(s) de Sophocle et de Jean Anouilh, puisBérénice de Jean
Racine, le Pavé tente une nouvelle approche du théâtre.
Il est 20h, les comédiens s’avancent et échangent quelques mots avec le public afin d’expliciter leurs choix de mise
en scène. Celle-ci est minimaliste, sans artifice, les intentions du dramaturge demeurant intactes ; ce théâtre de
l’improvisation laisse libre cours à l’interprétation des comédiens qui, au gré des représentations, modifient leurs
déplacements. Un signal – « noir » – plonge la salle dans la pénombre, la troupe se disperse, puis vient l’exercice
difficile de la concentration, les comédiens étant livrés au regard de la salle. L’obscurité s’estompe, ces derniers sont
en place, la lumière paraît, enfin.
Noir Lumière renoue avec une scénographie dépouillée, où décor et costumes sont relégués au second plan. L’espace scénique est réduit à son plus simple appareil, quelques planches de bois, quatre chaises, les coulisses étant
sur scène, tout est dans le champ de vision du spectateur. Mais ce qui peut paraître comme une mise en danger du
comédien, permet au spectateur de porter un regard nouveau sur l’interprétation, car face à un décor nu et à des
costumes insignifiants – telles des combinaisons noires – la prestation du comédien devient l’unique centre d’intérêt. Sur scène ou bien en dehors, on l’observe, on le cherche, réceptifs au moindre mouvement.
Dans ce contexte épuré, l’utilisation de la lumière apporte de la richesse à la mise en scène, accentuant ainsi la gestuelle et les expressions des comédiens. Ainsi dans Antigone d’Anouilh, au milieu de ce noir suffoquant, elle apparaît
comme un élément essentiel. Sylvie Maury, interprétant les rôles du prologue et du chœur, utilise une lampe torche
pour enrichir ses répliques, pour pointer les personnages qu’elle désigne, pour accentuer les passages clés de cette
tragédie « propre, reposante et sûre »1. Les protagonistes se sentent oppressés par le caractère inéluctable de l’intrigue « maintenant le ressort est bandé. Cela n’a plus qu’à se dérouler tout seul. C’est cela qui est commode dans la
tragédie. »1, mais aussi par cette lumière qui les assaillent.
Si l’Antigone d’Anouilh semble particulièrement adaptée au concept du noir lumière tant par sa facture moderne,
que par l’intemporalité qu’elle suggère – notamment par ses anachronismes - Bérénice de Jean Racine se présente
comme un choix audacieux, réactualisé par la troupe. Les amours tourmentés de Bérénice et Titus, incarnés avec
brio par l’éblouissante Sylvie Maury et Christophe Montenez, n’en finissent pas d’émouvoir le spectateur exalté.
Proche du théâtre itinérant, le noir lumière donne la part belle au texte et à l’interprétation. Chaque pièce, volontairement élaguée – de scènes et de personnages – est jouée par un petit nombre de comédiens, certains interprétant
plusieurs rôle à la fois. Dans Bérénice, Corinne Mariotto incarne trois personnages,Arsace, Phénice et Paulin. Grâce
à de simples accessoires modifiés au cours de ses déplacements – en l’occurrence trois chapeaux – la comédienne
enchaîne les protagonistes avec une grande fluidité, sa voix et son jeu étant au service de chaque rôle interprété.
Malgré la composition très différente de chaque pièce, Noir Lumière installe une complicité entre les comédiens et
le public, se sentant investi d’un rôle nouveau. On se prête avec plaisir au jeu étrange de ce théâtre intimiste, qui
renoue avec l’essence même de la dramaturgie.
1 Citation issue d’Antigone de Jean Anouilh.
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PRESSE
La Dépêche du Midi
Le 20 Novembre 2009
Jean-Luc Martinez
« DOM JUAN » LIBÉRÉ DE SES CODES AU PAVÉ
Francis Azéma donne la réplique au jeune Christophe Montenez sur la scène du Théâtre du Pavé.
Francis Azéma a choisi l’un des plus grands classiques de Molière pour initier le nouveau cycle Noir Lumière, au
Théâtre du Pavé. C’est donc un « Dom Juan » libéré de ses codes, sans décor ni personnages superflus, que le metteur en scène et directeur des lieux propose jusqu’au 27 novembre.
« Noir Lumière est une présentation originale des grands textes classiques et contemporains, dépouillée, nerveuse,
élaguée s’il le faut par des suppressions de scènes, de passages, voire de personnages, mais avec le souci constant
de respecter les intentions de l’auteur, du poète… », explique Francis Azéma qui joue Sganarelle aux côtés de Christophe Montenez, un très jeune Dom Juan, et de Sylvie Maury.
Cette nouvelle aventure artistique de la Cie Les Vagabonds se poursuivra du 10 au 19 décembre avec « Antigone(e) s
» de Sophocle et d’après Anouilh, suivie de « Bérénice » de Racine du 21 au 30 janvier 2010. Deux tragédies vues elles
aussi à travers le prisme du Noir Lumière.
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PRESSE
La Dépêche du Midi
Le 22 Novembre 2009
Jean-Luc Martinez
«DOM JUAN» DANS LE TEXTE
En tenue de travail, combinaison noire et col relevé, les comédiens du Théâtre du Pavé abordent le texte de Molière comme des performeurs. Modestement, Francis Azéma s’adresse au public au début de la représentation d’un
«Dom Juan» qui s’annonce différent. «Nous allons essayer de jouer la pièce le plus simplement possible, sans décor
et sans mise en scène», confie le chef de file de la Cie Les Vagabonds et maître des lieux. «C’est le principe du cycle
Noir Lumière que nous initions pour une série de trois spectacles. Seulement 30% du spectacle est calé, le reste est
guidé par le jeu des comédiens, par l’instant». Et l’instant va s’avérer magique du début à la fin d’une représentation
courageuse et réussie, portée par trois comédiens inspirés qui jouent tous les rôles ou presque. Non pas que l’économie d’effectif et de moyens soit jubilatoire mais parce que jamais le texte de Molière ne s’est aussi bien entendu.
Sans artifice, le spectateur porte son attention sur un propos qui trouve une résonnance accrue.
Un jeu alerte
L’autre réussite de cette création réside dans le choix des interprètes. En osant confier le rôle-titre à un comédien de
20 ans, ce «Dom Juan» reflète véritablement l’esprit du personnage. Car avant d’être un coureur de jupons devant
l’éternel, Dom Juan est un résistant fougueux, un révolté d’une société figée dans ses codes et dans ses croyances.
Comment mieux exprimer la fougue et la révolte qu’à 20 ans? D’autant que Christophe Montenez sait aussi apporter de la spiritualité au rôle. Issu du conservatoire de Toulouse dont les cours sont dispensés au Théâtre du Pavé, il
avait déjà fait sensation, la saison précédente, dans le brillant cycle consacré à l’auteur contemporain norvégien Jon
Fosse. Face à lui, la distribution est sans faille, évidemment. Francis Azéma campe, notamment, un Sganarelle drôle
et ridicule à souhait. Sylvie Maury se glisse dans une multitude de personnages avec beaucoup de légèreté dans l’approche et d’intensité dans le jeu. Avec le même engagement qui lui permet de sublimer l’univers de Duras dans «La
Douleur» et de rendre irrésistiblement drôle celui de Labiche dans «Le Plus heureux des trois».
Enfin, il n’est pas étonnant de voir la méthode rigoureuse et minimaliste de Francis Azéma triompher de ce «Dom
Juan» épuré, convainquant et essentiel. Bientôt, le Théâtre Sorano en livrera une version très différente. Azéma
n’est pas Carette. Le Pavé ce n’est pas le Sorano.
Pour rester ambitieuse, la quatrième ville de France a besoin du savoir-faire, des styles et des propositions de tous
ses créateurs, surtout lorsqu’ils ont du talent.
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