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Journée pédagogique du 26 octobre 2016
Thème : « l’accompagnement des émotions
autour du jeune enfant »
Intervenante : Laurence RAMEAU
I - Les émotions de la Petite Enfance
Les enfants de 0-4 ans peuvent tous être considérés comme des bébés.
Photo du bébé avec un pinceau plein de peinture dans la bouche
L’enfant découvre le monde (ici la peinture). L’enfant ne commet jamais de bêtise.
La bêtise = qualification et jugement de valeur chez l’adulte.
Photo du bébé qui crie
L’enfant ne fait jamais de colère. « Tu me fais une colère » n’existe pas chez l’enfant.
2 - Qu’est-ce qu’une émotion ?
En IPE (institut Petite Enfance), Laurence Rameau côtoie des chercheurs. Ceux-ci travaillent en milieu
fermé (laboratoire) et ne peuvent constater les applications pratiques. Laurence Rameau est en
charge de créer le lien entre les progrès scientifiques et le terrain. A ce jour, 30 ans sont nécessaires
pour mettre en application la découverte scientifique par les professionnels sur le terrain. L’objectif
est de mettre en lumière le plus tôt possible tout ce que l’on sait désormais sur le bébé pour que les
professionnels se l’approprient et en fassent bénéficier l’enfant.
L’émotion est une sensation physique. Elle est ponctuelle, furtive. Par exemple : la joie, la tristesse, la
peur, la colère, la surprise, le dégoût, la rage. Elle se différencie du sentiment. Celui-ci est plus diffus
et installé dans le temps.
L’émotion peut se transformer en sentiment. Exemple : la peur.
3 - Comment naissent les émotions ?
Les émotions sont à la fois du domaine de l’inné et de l’acquis. Boris CYRULNIK a une expression à ce
sujet « Les émotions, c’est 100 % d’inné et 100 % d’acquis ». Tout être humain porte en lui des gènes
transmis par ses parents, grands-parents…. Autour de la génétique s’est développée l’épigénétique
la génétique modifiée par l’environnement. Ainsi, il est constaté que 3 générations sont impactées
par le comportement de l’adulte. Exemple : un adulte ne devrait fumer qu’après avoir conçu ses
enfants. Les répercussions d’un adulte qui fume ne s’estompent qu’à partir de la 4ième génération. Il en
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est de même pour le lien d’attachement. La biologie de l’attachement permet de constater les
conséquences d’une insécurité affective jusqu’à 3 générations.
Les émotions et la culture sont les bases de l’apprentissage. La culture et donc l’éducation ont un
impact important sur le devenir de l’enfant. La culture française impose dès le plus jeune âge de
« cacher ses émotions ». L’adulte encourage l’enfant à « arrêter de pleurer » lorsqu’il se fait mal en
lui disant que ce n’est rien. Il pourrait dire « ok. Je vois tu as que mal. Tu peux pleurer si tu en as
envie ».
4 - Comment un bébé ressent les émotions ?
A savoir : personne ne se souvient de sa petite enfance. Les souvenirs arrivent après le langage (le
langage modifie le cerveau) et pourtant tout se construit dans les 6 premières années. Aucun
souvenir intérieur des apprentissages avant le langage. On considère que le langage est en place dès
la 4ième année (Michèle KAIL). Il est donc essentiel de repenser un autre mode de réflexion face aux
bébés. Dépasser la transmission actuelle de l’éducation et de la reproduction de l’apprentissage qui
n’est pas adaptée aux très jeunes enfants et donc aux futurs adultes. En France, les adultes (depuis
des générations) encouragent les enfants à être « grands ». C’est bien d’être grand. Après la crèche,
l’enfant est grand, il va à la maternelle. Puis il est grand, il va en CP…puis en 6ième…et à chaque
passage, il redevient le plus petit du cycle. Cela met l’enfant dans un stress constant tout au long de
sa scolarité et ce, dès la maternelle.
Avant la naissance, les émotions sont sensorielles. Dès la naissance, les bébés ont conscience d’eux-
mêmes et peut-être avant, cela reste à étudier. Le bébé reconnaît si le doigt posé sur sa bouche est le
sien ou celui de sa maman. La grossesse chez l’Homme est très courte au regard de celle des autres
espèces vivantes. En 9 mois, le bébé est loin d’être construit. La maturation cérébrale s’achève à 25
ans. Il est difficile d’apprendre après cet âge alors que le terrain est propice à « l’apprentissage » dès
les premières années. Un enfant issu de 2 cultures et langues différentes s’approprie en parallèle les
deux (bilingue très rapidement) avec facilité.
5 - les émotions du tout petit.
A la naissance : détresse, surprise, contentement, dégoût…
Vers 3 mois : tristesse, peur, sourire…
Vers 4 mois : découverte du rire
Après 1 an : fierté, culpabilité, honte
Vers 2 ans : détresse transformée en colère
Le bien-être ou mal-être (malaise) du bébé se développe très rapidement. Lorsque le malaise du
bébé s’installe, il est question de destruction psychophysiologique (troubles névrotiques).
En dehors de l’épigénétique, le lien d’attachement est insécure lorsque l’adulte ne répond pas à ses
pleurs. Il est sécure lorsque l’adulte répond. Cela conditionne le reste de la vie.
6 - Comment le bébé comprend les émotions.
Limitation et les neurones miroirs
Giacomo Rizzolatti a découvert les neurones miroirs par sérendipité. Alors qu’il travaillait à des
expériences avec des singes équipés de casques munis de capteurs, il a fait une pause repas avec son
équipe. Il a ainsi pu constater que les singes envoyaient des signaux de plaisir en regardant les
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humains manger. Contrairement aux bébés et aux singes, les adultes ont la faculté de désactiver les
neurones miroirs. Ils peuvent également les laisser activés. Par exemple, un pianiste ou un
footballeur regarde les gestes techniques (mains ou pieds) du virtuose, ce qui lui permet d’améliorer
ses propres capacités. Pour ce faire, la « proximité » est nécessaire. Par exemple : le bébé qui rampe
regarde le bébé qui se déplace à 4 pattes. Par l’observation, il va intégrer le processus du 4 pattes
beaucoup plus rapidement que s’il est seul et parce qu’il est proche de cette nouvelle « capacité ». Le
bébé de 1 ou 2 ans qui marche à côté de lui ne permet pas aux neurones miroirs de fonctionner
naturellement par manque de proximité.
Lempathie
Empathie : ressentir ce que l’autre ressent sans toutefois le vivre. Par exemple : quelqu’un a le doigt
coincé dans une porte, le spectateur souffre avec lui. Les émotions se transmettent. Un bébé qui
pleure (rit…) dans un groupe peut en entraîner un autre avec lui et en faire pleurer (rire…) un 3ième
puis tout le groupe
L’empathie est innée. En fonction de l’environnement, elle se développe ou non. Si l’environnement
dans lequel évolue le est très dur (pas de réponse à ses émotions), l’empathie ne se
développera pas ou peu.
Limmaturité cérébrale
Le bébé découvre et s’approprie plus de choses de notre monde en 3, 4 ans que pendant tout le
reste de sa vie. Apprendre à parler une langue en 4 ans monopoliserait une très grande partie de
notre temps pour pouvoir l’utiliser. L’enfant « apprend »beaucoup d’autres choses en parallèle.
En fonction de l’environnement, le corps du bébé (et de l’adulte) produit des sécrétions hormonales.
Dans un environnement de stress, le cortisol créé engendre des effets négatifs (cf effets indésirables
de la prise de cortisone sur un temps trop long). Un environnement chaleureux, doux et calme
protège le cerveau et permet au corps de créer de l’ocytocine (anti-stress). Les câlins sont reconnus
pour cela.
Le visage impassible
Il s’agit d’un test scientifique du docteur Edward TRONICK.
Il est demandé à une maman de partager des moments habituels (échange verbal, sourires,
complicité). Le bébé, grâce notamment à ses neurones miroirs, renvoie à la maman les émotions qu’il
reçoit. Il est ensuite demanà la maman de composer un visage impassible, sans aucune émotion.
La scène devient alors d’une violence terrible. Le bébé est totalement perdu. Il n’a plus aucun repère.
Il regarde ailleurs pour trouver une réassurance qu’il ne trouve plus chez sa mère. Pour le bébé,
l’essentiel est le visage de l’adulte. A 5 mois, le bébé voit correctement. Dès lors, il cherche le regard
de l’autre et l’émotion qui peut en découler.
Pierre ROUSSEAU interroge la pratique des maternités dès la naissance de l’enfant du contact peau
à peau entre la mère et son bébé alors que l’essentiel serait pour le bébé de regarder sa mère. Le
bébé pourrait (devrait ?) être positionné en contact peau à peau suffisamment haut pour croiser le
regard de la maman.
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7 - L’attachement : une donnée biologique
Les yeux et la bouche décodent les émotions. A 11 mois, beaucoup d’enfants ne comprennent pas de
nombreux mots. L’adulte doit exprimer le NON avec un visage fermé et le OUI avec un visage ouvert.
Le bébé comprend très peu de mots. En revanche, il s’imprègne de toute la bienveillance de l’adulte.
La pédagogie Loczy est intéressante si elle est naturelle. Le fait de parler à l’enfant n’est pas utile si le
visage est avenant et exprime le bien-être qu’il peut apporter à l’enfant. Les neurones miroirs
toujours en éveil doivent inciter les adultes à toujours être vigilants à ce qu’il renvoie comme image à
l’enfant (cf « les douces violences » Christine SCHUHL) ;
Après la guerre 1939 -1945, John BOWLBY a fait un constat essentiel sur la théorie de l’attachement.
Il a été constaté dans une pouponnière dans laquelle les nurses anglaises répondaient uniquement
aux besoins élémentaires des bébés (nourriture et change) des retards de développement voire des
morts qui ne s’expliquaient pas. John Bowlby a expérimenté le lien d’attachement avec des souris et
a mis en relief les connections qui s’effectuaient (ou non) en fonction de l’isolement ou de la
bienveillance à l’égard des souris. Les multiples liens d’attachement sont bénéfiques. Pour un
développement optimal du bébé, 8 à 10 figures d’attachement sont importantes.
Le bébé est autocentré. Il ne peut imaginer que « l’autre » ne pense pas (ou n’aime pas) la même
chose que lui. Chaque enfant a une demande différente à laquelle il faut répondre. Leurs attentes ne
sont pas les mêmes. Par exemple : L’adulte propose à 3 enfants qu’il désigne une activité peinture.
Les autres enfants qui souhaitaient y aller ne comprennent pas s’il n’y a pas une activité aussi
intéressante proposée. L’enfant « rejeté » pense simplement à l’instant T, « cet adulte ne m’aime
pas ». Si l’enfant est en devenir, il se construit au présent. « L’enfant est au top de son développement
à l’instant T » Josette SERRES.
Le professionnel qui applique aujourd’hui « la juste distance » (se détacher du lien affectif) doit
évoluer vers « la juste proximité » - expression de Laurence Rameau pour dire qu’il est possible (et
nécessaire) de faire un câlin à l’enfant qui le souhaite ou si le professionnel décèle ce besoin chez un
enfant qui n’ose pas le demander. Toujours partir du besoin de l’enfant.
8 - Sécure ou insécure ?
Enfant sécure Eprouve de la peine quand le parent part - serein sans le parent
Eprouve de la joie quand le parent revient - s’autorise à jouer seul
Enfant insécure - il est soit indifférent - ne compte pas sur l’adulte
- Soit préoccupé - ne peut s’en passer
L’enfant qui ne joue pas est soit en insécurité soit en observation des actions extérieures.
Le bébé doit être sécurisé. A cet âge, il doit faire « seulement » 2 choses :
- Explorer
- Expérimenter
L’adulte doit être le phare, le port d’attache, l’ancrage qui rassure. L’enfant est le bateau qui sait qu’il
peut parcourir le monde puisqu’il sait :
- pouvoir revenir à son port d’attache si nécessaire
- revenir vers son phare si besoin
- pouvoir s’ancrer à nouveau (se ressourcer) avant de repartir à l’aventure
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