Des prêtres pour le Brésil Enfance et sainteté

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FRANCE
Catholique
ISSN 0015-9506
FRANCE
Catholique
n°3087
- 5 octobre
n°3074
- 1er2007
juin 2007
e année - Hebdomadaire
83
83ème
année - Hebdomadaire
2,2,90e
90 e
www.france-catholique.fr
www.france-
Des prêtres
pour le Brésil
pages 18 à 20
Enfance
et sainteté
enjeux d’une visite en France
pages 8 à 12
M 01284 - 3087 - F: 2,90 E
Alexis II
3:HIKLMI=YUW^U[:?d@a@i@r@k;
pages 22-23 et 30 à 32
BRÈVES
MONDE
FRANCE
Darfour : Alors que Nicolas Sarkozy présidait le 25 septembre à New York une session
du Conseil de sécurité consacrée à l’Afrique,
la diplomatie française plaidait pour l’envoi
au Tchad et en Centrafrique d’une force
eu­ropéenne de 4 000 hommes dans le but
de stabiliser la région du Darfour : une
ré­solution approuvant ce déploiement a été
votée à l’unanimité par le Conseil.
Sahel : Après plusieurs mois de sécheresse,
les vagues de pluies torrentielles n’ont pas
cessé depuis le mois de juin ; 22 pays sont
atteints, du Kenya au Sénégal ; un million
et demi de personnes sont affectées et plus
de 300 ont été tuées. L’Union européenne a
accordé une aide de deux millions d’euros
le 28 septembre.
Birmanie : Un émissaire de l’ONU est
arrivé le 29 septembre à Rangoun ; il a
rencontré le 30 septembre l’opposante An
San Suu Kyi.
Algérie : La société Sonatrach a annoncé,
le 26 septembre, la découverte d’un nouveau gisement de pétrole au Sahara, le 16e
depuis le début de l’année, à 3 600 mètres
de profondeur.
Etats-Unis : Lors de la conférence sur
le réchauffement climatique organisée à
Washington, G. Bush a manifesté le 28
septembre son opposition à la mise en place
de quotas mondiaux limitant les émissions
de gaz à effet de serre ; il craint que la lutte
contre le réchauffement n’entrave la croissance économique.
Ukraine : Aux élections législatives du
30 septembre imposées par la dissolution
du Parlement en avril dernier, les partis de Ioula Timochenko et du président
Ioutchenko, pro-occidentaux, ont remporté
plus de voix que le parti pro-russe ; Ioula
Timochenko pourrait former le nouveau
gouvernement.
Afghanistan : Le président Karzaï a proposé le 30 septembre au mollah Omar de
négocier avec les talibans ; cette offre a
été rejetée.
Belgique : Le démocrate-chrétien flamand
Yves Leterne a été appelé par le roi des
Belges Albert II, le 30 septembre, à former
un gouvernement.
Proche-Orient : Le Premier ministre israélien et le président palestinien devaient se
rencontrer le 2 octobre à Jérusalem pour
tenter d’élaborer une déclaration commune
avant une conférence internationale prévue
en novembre prochain aux Etats-Unis.
FINANCES : Le projet de loi de financement
de la Sécurité sociale pour 2008, présenté le
24 septembre, vise à ramener le déficit du
régime général de 13 milliards d’euros à 9
milliards en 2008, en particulier grâce à la
mise en place de franchises médicales et à
la taxation des préretraites.
Politique : Ségolène Royal a indiqué le 28
septembre qu’elle pourrait briguer la tête
du parti socialiste lors du congrès de 2008.
Pour sa part, Laurent Fabius a réuni ses partisans le 29 septembre à Sciences po.
Les parlementaires UMP réunis le 28 septembre à Strasbourg ont réclamé moins
d’ou­verture et plus de réformes ; le Premier
ministre a précisé que la maîtrise des
comptes publics sera la nouvelle étape de
son action.
Emploi : Le nombre de demandeurs d’emploi a augmenté de 11 800 au mois d’août ;
l’INSEE a confirmé le 28 septembre la
faible croissance du deuxième trimestre
à 0,3% et le recul du moral des ménages
entre juillet et septembre. La réforme des
heures supplémentaires détaxées est entrée
en vigueur le 1er octobre.
Budget : Présenté en Conseil des ministres
le 26 septembre, le budget de l’État 2008
devrait se traduire par un déficit de 41,7
milliards d’euros ; 22 900 fonctionnaires
partant en retraite ne seront pas remplacés.
Environnement : Les groupes de travail
chargés de préparer le « Grenelle de l’environnement » ont présenté le 27 septembre leurs propositions au ministre J.L.
Borloo ; celles-ci comportent notamment
la construction de logements « autosuffisants » en énergie, la réduction de 10 km/h
de la vitesse maximale sur les routes et
autoroutes, le transport des camions par le
train et la taxation du transport aérien.
Circulation urbaine : L’opération Vélib’
est victime de son succès ; selon la préfecture de Paris, 29 « vélibiens » ont été
impliqués dans un accident de la circulation
depuis la mise en place de cette opération ;
trois cyclistes ont été tués à Paris depuis
le mois de janvier 2007, contre aucun en
2006.
Plusieurs milliers de chauffeurs de taxi ont
manifesté le 26 septembre dans les grandes
villes pour protester contre la suppression
de la détaxe du carburant dès 2008 et la
remise en cause éventuelle de leur statut.
Immigration : La commission des lois du
2 FRANCECatholique n°3087 5 octobre 2007
Sénat a supprimé du projet de loi sur la
maîtrise de l’immigration, le 26 septembre,
le recours éventuel aux tests ADN pour
le regroupement familial ; l’amendement
devrait être remanié pour pouvoir être
adopté.
Une étude de « Médecins du monde »
conteste l’idée répandue selon laquelle
les immigrants viendraient en Europe
pour se faire soigner ; le Samu social de
Paris constate cependant une hausse des
demandes de séjour pour soins.
Justice : La cour d’appel de Versailles a
confirmé le 26 septembre la mise en examen d’André Santini, secrétaire d’Etat à
la Fonction publique, pour des infractions
financières présumées lors d'un projet de
création d'une Fondation d’art contemporain Jean Hamon à Issy-les-Moulineaux.
La brigade financière de Paris a été chargée le 26 septembre d’enquêter sur le
prélèvement, en espèces, de 5,6 millions
d’euros des comptes bancaires de l’Union
des industries de la métallurgie entre 2000
et 2007 . Ces sommes auraient pu servir à
subventionner de manière occulte certains
organismes syndicaux.
Sécurité : Alors que se déroulait à Marseille
le procès des incendiaires d’un bus dans
lequel une jeune femme avait été très gravement brûlée, un autre incendie volontaire
s’est produit le 27 septembre à Châlonssur-Saône ; les 40 passagers ont pu sortir
avant l’embrasement du véhicule. Deux
incendiaires mineurs du bus de Marseille
ont été condamnés à huit ans de prison le
28 septembre.
Entreprises : Le groupe aéronautique
EADS privilégie des cessions en bloc pour
la reprise des sites industriels d’Airbus,
a indiqué son président Louis Gallois, le
27 septembre. Afin de sortir du face-àface franco-allemand à la tête d’EADS, la
création d’un conseil d’administration plus
international a été annoncée le lendemain ;
l’homme d’affaires indien Lakshimi Mittal
pourrait en faire partie.
Patrimoine : Consacré à la fois à l’art
religieux et à l’art contemporain, le musée
Paul-Delouvrier situé dans la cathédrale
d’Evry a été inauguré le 30 septembre.
Disparition : L’alpiniste René Demaison
est mort le 28 septembre à l’âge de 77 ans ;
il totalisait près de 1 000 ascensions, dont
114 premières dans les Alpes, l’Himalaya et
les Andes.
J.L.
(voir aussi en page 7)
EDITORIAL
ACTUALITé
4 INTERNATIONAL
5 BUDGET
6 avortement
7 POLITIQUE
Le défi birman
Yves La Marck
Situation critique ?
Alice Tulle
Limiter les risques
Tugdual Derville
Le coup de crayon
Emmanuel Chaunu
DOSSIER
8
orthodoxie
10 Bienvenue au
patriarche Alexis II de Moscou
Hyacinthe Destivelle / Marc Fromager
Doctrine sociale de l'Eglise russe
M.F.
esprit
14mÉmoire des jours
Un honneur
Robert Masson
15 eCCLÉSIA
KTO
17 lectures Origines du ministère ordonné
Michel Gitton
18 ÉGLISE Avec des séminaristes brésiliens
Père de Laubier
21 Église
Equateur : l'Evangile de la Vie
Marc Fromager
22 ESPRIT
Enfance et sainteté
Johanne Marchal
magazine
24 B.D.
L'Aventurier de Dieu, 19/36
Dominique Bar, Guy Lehideux
25 idÉes
Œcuménisme et intégrisme
Gérard Leclerc
28 Courrier Œcuménisme, contraception...
29 expositions
Daniel de Spirt
Pierre François
30 expositions
L'enfant, le jeu et Dieu
Désiré Sozet
33 cinéma "Un secret", "L'ennemi intime";
"Resident Evil", "Le dernier voyage du juge Feng"
M.-Ch. Renaud d’André/ M.-L. Roussel
34 THÉÂTRE
"Giacomo, l'enfant de la cité"
35 TÉLÉVISION Pierre François
"La chute","Windtalkers",
"Démocratie... pour tous ?"
Marie-Christine Renaud d’André
36 TÉLÉVISIONVotre début de soirée
M.-Ch. R. d’A.
38 BLOC-NOTES
Vie associative et d’Église
Brigitte Pondaven
Écoutez la chronique
de Gérard Leclerc,
chaque semaine sur :
I
45 ans après
L Y A quarante cinq ans, le 11 Octobre 1962, s'ouvrait solennellement dans la Basilique Saint Pierre de Rome, le second concile de
Vatican. L'événement tant de fois commenté a-t-il besoin d'être
encore commémoré, a fortiori à l'occasion d'un anniversaire qui ne
justifie pas une solennisation ? Résolument oui, car un concile de
cette dimension, est par définition proprement inépuisable. On en
veut pour preuve les récentes discussions autour du Motu Proprio
sur la liturgie. Certains ont exprimé la crainte d'un retour en arrière par
rapport aux acquis du renouveau de l'Eglise. D'autres mettent en avant les
doutes que leur inspirent certaines audaces à propos de la liberté religieuse
et du dialogue interreligieux. A quoi il convient de répondre qu'un concile
est toujours à la fois une grâce et une épreuve. C'était un thème favori
du cardinal Joseph Ratzinger qu'il illustrait de nombreux exemples tirés
de l'Histoire. La réforme de toute institution se paie de troubles auxquels
l'Eglise ne saurait échapper. Par ailleurs, Vatican II s'est trouvé impliqué dans
un processus de crise de civilisation, issu des
années soixante, dont le monde occidental ne
s'est pas encore sorti et dont l'actuelle globalisation prolonge indéfiniment les effets.
Contre une appréciation pessimiste, nous
sommes enclins à affirmer qu'il est heureux
que Vatican II ait eu lieu alors que cette crise
se déclenchait dans les pays occidentaux. Sans
l'enseignement conciliaire et les mises au point
auxquelles il a donné lieu, l'Eglise et les chrétiens auraient été infiniment plus désarmés
pour se situer dans cette dépression cultupar Gérard LECLERC
relle. Les principaux documents conciliaires ont
permis un aggiornamento doctrinal et pastoral,
qui était tout autre chose qu'un facile alignement sur les idéologies du
moment. Sans doute y a-t-il, notamment pour la constitution Gaudium
et Spes, quelques éléments contingents à dépasser, mais c'est pour mieux
saisir l'essentiel qui est considérable. Grâce à cette constitution, l'Eglise est
en mesure de formuler un jugement autorisé sur les grands sujets débattus
dans notre monde actuel. Ayant retrouvé sa pleine indépendance spirituelle,
elle est à même de s'exprimer comme ont pu le faire les derniers papes,
singulièrement Jean-Paul II et Benoît XVI, pour la défense et l'illustration
d'une culture de vie.
Sans doute y a-t-il des leçons à retenir, notamment quant à l'information
sur le déroulement du concile et quant à l'orchestration de son enseignement. Vatican II s'est déroulé au moment même où naissait la civilisation
contemporaine des moyens modernes de communication. Le concile a été à
la fois bénéficiaire et victime d'un mode inédit de transmission, justi­ciable
de ce que Régis Debray appelle la médiologie, c'est-à-dire la discipline
apte à analyser l'idéologie et les procédures de cette communication.
La prolifération des images qui coïncide avec la simplification binaire
des commentaires, l'instrumentalisation spectaculaire des thématiques,
constituent désormais un domaine d'investigation en soi. La perception et
la réception de l'événement conciliaire ont été sensiblement modifiées par
les impératifs de séduction de l'instrument de résonnance que constitue
le complexe médiatique. Aujourd'hui encore, nous avons à nous livrer à une
élucidation qui nous restitue la vérité et la profondeur d'un enseignement,
bien au-delà de ses interprétations superficielles et polémiques. ■
FRANCECatholique n°3087 5 octobre 2007
D.R.
SOMMAIRE
3
ACTUALITE
INTERNATIONAL
Le défi birman
Les moines bouddhistes de Birmanie sont sortis de leurs
pagodes pour protester contre la vie chère. Ils ne peuvent pas
faire tomber le régime militaire le plus fermé du monde.
L
e myanmar est sans doute
le pays du monde où il y
a le plus de moines par
tête d’habitant. Il y a
cependant encore plus
de soldats que de moines dans
cette ancienne portion de l’Empire des Indes britanniques, qui a
subi l’une des pires occupations
japonaises avant de gagner son
indépendance en même temps
que l’Inde. Les moines sont un
facteur capital de la vie de la
population très majoritairement
bouddhiste dit du Petit Véhicule
qui l’apparente à la Thaïlande
et au Sri Lanka. Ce ne sont pas
des ermites coupés du monde,
reclus dans leurs la­maseries
comme dans d’autres versions
du Bouddhisme. Ce sont des
moines qui, comme en Inde,
vivent de la mendicité au long
de leurs pérégrinations. Ils
sont donc en phase avec les
préoccupations les plus quotidiennes du petit peuple.
Sinon, comment expliquer que ce soit ce clergé
de marcheurs aux pieds
nus qui ait choisi de protester contre l’augmentation du
prix des carburants ? On n’est
pas à un paradoxe près dans
ces pays qui sont si loin de nous.
La hausse du baril de pétrole se
répercute dans le monde entier,
provoquant une crise universelle. Pourquoi le Myanmar
serait-il la première victime de
manifestations populaires qui
sont attendues dans la plupart
des pays de la planète ?
(
Le mouvement des moines
ocre et safran n’est ni violent ni
politique. Il ne débouche pas sur
une résistance armée. Ici, pas
de maquis trotskistes comme
au Népal ou au Bihar. Pas de
logorrhée idéologique. Ils ne
se réclament pas d’un parti ni
qu’ait connues le pays, en 1990,
totalement oublié jusqu’à hier,
leur parti, la Ligue Nationale
pour la Démocratie, n’a plus,
au­­jourd’hui, les moyens ni de
sus­citer les protestations, ni de
les encadrer. Le pouvoir militaire s’est arrangé pour le vider
ne prétendent en créer. Quel
que soit le prestige de la prix
Nobel de la Paix 1991, Aung San
Suu Kyi, qualifiée de « Mandela
asiatique », et l’activisme du
gou­vernement en exil à Londres,
présidé par son cousin Sein
Win, issu des seules élections
de toute substance. Les moines
occupent donc un vide béant.
Leur faiblesse fait certes leur
force. Mais cela reste une force
négative. Faute de relais, elle ne
semble pas être en mesure de
renverser la junte. Elle n’est pas
candidate au pouvoir. Elle n’est
La Chine et la Russie ont opposé leur veto
au Conseil de Sécurité des Nations Unies
4 FRANCECatholique n°3087 5 octobre 2007
par Yves LA MARCK
que contestation. L’écrasement
des manifestations laisserait des
martyrs - 3 000 en 1988 - mais
le cours des choses n’en serait
pas changé pour autant. L’armée
a eu tôt fait de récupérer le
pou­voir. Elle y est intéressée ;
le monde des pagodes, lui, vit
d’autres réalités. Cette coexistence des deux « esprits » que
l’on retrouve en Thaïlande et au
Sri Lanka, le militaire et le bonze,
semble une clé de ces régimes
dont nous, Occidentaux, ne
connaissons pas le maniement.
Que faudrait-il pour faire
évoluer les choses ? L’ASEAN,
organisation régionale, n’a
jamais osé condamner vraiment
l’un des siens, pas plus que ses
pairs africains ne veulent
exclure Mu­­gabe. La Chine
et la Russie ont opposé leur
veto au Conseil de Sécurité
des Nations Unies contre
l’imposition de sanctions internationales.
États-Unis et Union
Européenne peuvent
par­ler haut et fort, ils
ne sont pas dans le
jeu. Les sanctions
ne font qu’isoler davantage le pays.
L’ou ver tur e
internationale n’a
pour le
moment été
qu’une source de revenus pour
la corruption à haut niveau.
L’évolution d’un système
aussi figé est venue, finalement, de l’intérieur, du tréfonds
de l’identité. C’est sur ce terrain
que se jouera son destin. Il ne
faut pas renoncer à l’espoir, car
les Birmans eux-mêmes nous
montrent la voie. n
ACTUALITE
BUDGET
par Alice TULLE
Situation critique ?
P
assées les vacances,
il était banal de
dé­crire un François
Fillon écrasé par le
tourbillon d’initiatives présidentielles. Il a cependant concentré l'attention sur
lui, lors d’une visite en Corse, le
21 sep­tembre. On se souvient
que, face à des de­­mandeurs de
subventions, il avait soupiré qu’il
se trouvait « à la tête d’un État
qui est en situation de faillite ».
On avait cru à un coup de co­­lère,
mais le Pre­mier ministre avait
confirmé son diagnostic le lundi
suivant en déclarant à la radio
que le mot faillite n’était qu’une
« image » mais que nous étions
« devant l’échec d’un système »
et que cette situation n’était
plus « supportable ».
Torrent de protestations à
gauche ! Dominique de Villepin
s’était senti visé et avait répliqué
avec hauteur qu’il avait « laissé
l’État dans une situation bien
meilleure qu’au­jourd’hui ». Bête
noire de l’Élysée en raison de sa
politique de l’euro fort, JeanClaude Trichet avait, lui, appuyé
le Premier ministre en af­firmant
que « les finances publiques
françaises sont en très grande
difficulté ».
Ce diagnostic est-il fondé ?
Même un libéral comme JeanClaude Gréau, en principe favorable à l’équilibre budgétaire,
soutient qu’il n’y a pas péril en
la demeure : « si la France est en
faillite, la moitié de la planète
est dans la même situation !
Les dettes publiques japonaise,
ita­lienne, belge, néerlandaise et
même allemande sont propor-
tionnellement plus importantes
que la nôtre ». (1)
De fait, notre situation financière est moins catastrophique
qu’il n’y paraît. Du lundi 24, date
des dernières déclarations de
François Fillon, au mercredi 26
septembre, date de la présentation du projet de budget en
Conseil des mi­n istres, nous
sommes passés de l’alarmisme
à une très tranquille présen-
2008. Pour atteindre cet objectif, le gouvernement a décidé de
ré­duire le nombre des fonctionnaires : un départ à la retraite
sur trois ne sera pas remplacé,
soit la suppression de 22 900
postes. Par ailleurs, le niveau des
dépenses publiques ne devrait
pas augmenter plus vite que l’inflation. Officiellement, on continue de penser que les réductions
d’impôts votées cet été – elles
tation des comptes publics : le
gouvernement prévoit un taux
de croissance compris entre 2
et 2,5 % l’année prochaine, une
augmentation du pouvoir d’achat
de 2,5%, une hausse très modérée des prix à la consommation
(1,6%) et un déficit budgétaire
de 41, 721 milliards d’euros soit
une réduction très modeste du
déséquilibre puisqu’on passerait
de – 2,4% en 2007 à – 2,3% en
pèsent lourdement sur le budget
– auront des conséquences très
positives sur la croissance, ce
qui permettra une amélioration
progressive des rentrées d’argent.
Dès lors, pourquoi l'accès de
pessimisme de François Fillon ? Il
est permis de prendre au sérieux
deux hypothèses :
Il peut y avoir un véritable
débat entre Nicolas Sarkozy, qui
continue à croire qu’un « choc
de croissance » se produira,
comme un électrochoc, dans
les prochains mois, et François
Fillon qui serait partisan d’une
politique de rigueur budgétaire.
Il n’est pas impossible non
plus que l’Élysée et Matignon
aient pris ensemble la décision
de préparer l’opinion à une politique de rigueur qui serait mise
en œuvre après les élections
mu­nicipales de mars 2008. La
gauche pointe cette menace,
mais l’hypothèse circule également dans les cercles gouvernementaux.
En fait, les décisions seront
prises en fonction des conséquences effectives de la crise
financière américaine et du
ni­­veau de l’euro qui, pour l’heure,
continue de monter et de pénaliser l’industrie française. n
(1) cf. notre entretien avec
Jean-Luc Gréau : « La France
est-elle menacée de faillite ? »
France Catholique n° 3084,
14 septembre 2007.
Nous sommes passés de l'alarmisme
à une tranquille présentation des comptes
(
Le Premier ministre ayant lancé, quelques jours avant de
présenter son Budget, que « l’État est en situation de faillite »,
faut-il s'attendre à des révisions douloureuses ?
FRANCECatholique n°3087 5 octobre 2007 5
ACTUALITE
AVORTEMENT
La contradiction
par Tugdual DERVILLE
Pourquoi Roselyne Bachelot reprend-elle à son compte
les revendications du Planning familial, que ne partagent
pas la plupart des professionnels de santé ?
A
l’heure où débute
sa cam­p agne de
pro­­motion de la
contraception,
une déclaration de
Ro­s elyne Bachelot est venue
contredire l’objectif affiché de
diminuer le recours à l’avortement, unanimement jugé élevé
dans l’Hexagone. Le ministre
de la Santé a annoncé que la
prochaine loi de financement
de la sécurité sociale comportera une disposition autorisant
les Centres de planning familial
à «donner les médicaments de
l’IVG». C’est du RU486, la pilule
abortive dont il est question et
de l’avortement à domicile.
Roselyne Bachelot ne fait
que confirmer l’évolution de
la doctrine publique à propos
des avortements. Plus que de la
baisse de leur nombre, les organismes et les personnalités pour
lesquelles «le droit des femmes
à disposer de leur corps» prime
sur toute autre considération,
rêvent d’un avortement indolore, invisible et sans conséquence. Et ils imaginent qu’il
suffit de rendre ce geste
pré­coce, et domestique.
L e s p ou voir s p ublic s
en­­tendent donc dissocier deux
types d’avortement. D’un côté
le vieil IVG chirurgical est
dé­s ormais reconnu comme
trau­matisant pour les femmes
voire risqué pour la suite de leur
fécondité… De l’autre, l’ «IVG
médicamenteuse» est présentée comme «non-traumati-
(
sante» selon l’expression de
Philippe Douste-Blazy, prédécesseur de l’actuel ministre qui
avait justifié ainsi les dispositions ré­glementaires permettant de recourir à cette forme
d’a­vortement à domicile. (Un
son­dage BVA réalisé auprès de
1000 femmes avait cependant
révélé que 50% des Françaises
estimaient que la loi instaurant
l’avortement médicamenteux à
domicile «allait dans le mauvais
sens car elle risquait de banaliser le recours à l’IVG» alors
qu’elles n’étaient que
43% à l’approuver.)
Dans la présentation de la nouvelle
mesure, c’est bien sous
le titre «limiter les
risques liés aux
IVG chirurgicales» que le
gouvernement
annonc e s a
d é c isio n d e
«faciliter les IVG
médicamenteuses», estimant
insuffisante la part de 42%
qu’ils prennent dans le total
des avortements. Une option
que l’auteur du texte légitime
en affirmant : «les associations
soulignent régulièrement les
difficultés d’accès aux IVG,
no­­tamment les IVG médicamenteuses, en raison des délais
d’attente souvent long prévus
par les établissements de san­té
et le nombre encore peu important de médecins de ville impliqués dans le dispositif».
On retrouve ni plus ni moins
le leit motiv du Planning familial. Pourtant de plus en plus
de Centres de planification
notent que l’IVG à domicile
abandonne les femmes à une
situation dramatique. Alors
qu’ils déconseillent d’orienter
les femmes isolées ou fragiles
vers l’IVG à domicile, Roselyne
Bachelot a défendu sa mesure
en affirmant : «cela doit rendre
ce type d’IVG plus accessible
aux femmes les plus
vulnérables, notamment les jeunes
femmes».
Ignorées,
les as s o ciations
qui leur
propo s e n t
une
alternative
à l’avortement
d é ­n o n c e n t u n
mensonge et une injustice. Contrairement aux idées
reçues le geste d’auto-administration d’un produit abortif
n’a rien d’anodin. Beaucoup
de femmes l’endurent dans la
solitude, la souffrance et les
remords. Le mot «médicament»
entretient la confusion. En
réalité, il leur faut absorber à
plusieurs heures d’intervalle,
deux produits. Leurs témoi­
gnages sont poignants, en particulier lorsqu’après la première
Le geste d'auto-administration d'un
produit abortif n'a rien d'anodin
6 FRANCECatholique n°3087 5 octobre 2007
prise, certaines voudraient déjà
revenir en ar­rière. Puis il faut
attendre le «résultat» qui peut
imposer des images crues, qu’on
ne peut oublier. Sans compter
les éventuelles complications
qui feront retourner des femmes
à l’hôpital pour subir le curetage
qu’elles pensaient éviter.
La «facilitation» de l’avortement médicamenteux devrait
contribuer à augmenter les
statistiques de l’IVG. La panique y précipite les femmes
avant la cinquième semaine de
grossesse, l’avortement chirurgical, plus tardif, étant présenté
comme un repoussoir.
Parmi les Centres de planification et d’éducation familiale visés par le projet de loi
de finance figurent ceux du
Planning familial, association
vers laquelle les gouvernements
ont pris l’habitude d’orienter les
femmes. Alors que la plupart
des médecins de villes répugnent à s’impliquer dans la
pratique abortive, les militants
du Planning y voient la solution évidente pour toute femme
enceinte en difficulté. Ils revendiquent même ouvertement les
filières d’avortement à l’étranger lorsqu’elles ont dépassé le
délai légal français.
Malgré son exhortation à
voter contre Nicolas Sarkozy au
second tour des élections présidentielles, le Planning bé­néficie,
avec Roselyne Bache­lot, d’un
relais bien placé au gouvernement… Entre l’idée de la rupture
d’avec mai 68 et la réalité de
l’idéologie dominante, c’est déjà
le grand écart. n
Retrouvez Tugdual
Derville, chaque
semaine sur :
ACTUALITE
FMI : Les 24 administrateurs du Fonds
monétaire international ont élu
le 28 septembre Dominique Strauss-Kahn
directeur de cette institution ; avec Pascal
Lamy, directeur général de l’Organisation
mondiale du commerce (OMC),
cela fait deux socialistes français à la tête
de grandes organisations internationales.
Le coup
de crayon
de Chaunu
Ecole : Avec la suppression des cours
du samedi, le rythme de travail des
maternelles et du primaire pourrait
être modifié à la rentrée 2008 ;
la mesure devrait être étendue au collège.
LOGEMENT : Le ministre du Logement,
Christine Boutin, a clôturé, le 28 sep­tembre,
l'opération "Réunions de chantier", pour laquelle les locaux
de son ministère avaient été installés à Lyon pendant deux
semaines, avec la signature d'une vingtaine de conventions
pour relancer la construction de logements en France.
"Je propose d'étudier une idée tout à fait iconoclaste :
pourquoi ne pas autoriser pendant une durée limitée,
avec toutes les précautions nécessaires, les propriétaires
qui le souhaitent à construire un étage supplémentaire
sur leur habitation", a-t-elle notamment déclaré,
en rappelant que les objectifs de sa feuille de route,
fixés par Nicolas Sarkozy, étaient de construire
500.000 logements par an, dont 120.000 logements
sociaux, vendre 40.000 logements HLM à leurs locataires
et permettre à 70% des Français de devenir propriétaires.
FRANCECatholique n°3087 5 octobre 2007 7
DOSSIER
Bienvenue
au patriarche
Interview du Père Hyacinthe DESTIVELLE par Marc FROMAGER
Le patriarche Alexis II de Moscou,
représente une Eglise rassemblant
les orthodoxes vivant dans les pays
de l'ancienne Union soviétique,
qui constituent son "territoire
canonique", soit : 27393 paroisses
desservies par 26158 prêtres
et 3292 diacres, 335 monastères
d’hommes, accueillant
5920 moines et 373 de femmes,
accueillant 10072 moniales...
Mais il y a aussi les orthodoxes
russes de la diaspora et notamment
ceux d'Europe occidentale.
Le Patriarche était à Paris les 3 et 4
octobre pour les rencontrer, après un
passage à Strasbourg le 2 octobre.
Il s'agissait également pour lui de
rencontrer des chrétiens d'autres
Eglises. Nous avons demandé au Père
dominicain Hyacinthe Destivelle,
qui avait accompagné à Moscou, en
mai dernier, Mgr Maurice Gardès,
archevêque d'Auch et Président du
Conseil national pour l’unité des
chrétiens de la Conférence des
évêques de France, pour préparer
ce voyage historique du patriarche
Alexis, de nous en indiquer le
contexte et les enjeux.
8 FRANCECatholique n°3087 5 octobre 2007
■■ Quel est l’enjeu de la visite du patriarche Alexis II ?
Cette visite signe d’abord des retrouvailles
fraternelles entre les chrétiens de Russie et ceux
de France, dont les liens sont anciens et étroits,
notamment grâce à la présence ici de nombreux
émigrés russes. La visite à Paris du patriarche
Alexis II fut, certes, l’occasion pour lui de rencon­
trer les fidèles de son patriarcat et plus largement
les orthodoxes des autres juridictions, mais elle
marque surtout, au plan œcuménique, un
pas important. Pour deux raisons.
D’une part, il faut noter que le pa­
triarche a voulu venir en notre pays à
l’invitation du président de la Conférence
des évêques de France et de l’archevêque
de Paris. C’est un signal œcuménique fort.
Symboliquement et ecclésiologiquement,
c’est là une façon de reconnaître que,
Le Père Destivelle,
pour lui, l’Église locale qui est en France,
directeur du centre
c'est l’Église catholique, et qu’il conçoit
et de la revue Istina.
cette visite comme la rencontre de deux
Églises sœurs : l’Église orthodoxe russe et l’Église
catholique qui est en France.
C’est la première fois que le patriarche de Mos­
cou se rend ainsi en visite officielle dans un pays
de tradition catholique à l’invitation des évêques
catholiques. Le pape Jean-Paul II souhaitait la
même démarche dans ses voyages dans les pays
orthodoxes. Il s’est rendu en Roumanie à l’invita­
tion de l’Église orthodoxe, et aspirait à être invité
en Russie par l’Église orthodoxe russe, alors qu’il
aurait pu s’y rendre à l’invitation des évêques ca­
tho­liques…
D’autre part, c’est la première fois qu’un pa­
triarche de Moscou prie solennellement dans une
cathédrale catholique. C’est un signal important,
cette fois en direction de ses propres fidèles, pas
forcément aussi sensibilisés aux enjeux œcu­
méniques que nous le sommes… Cette visite a
d’ailleurs été présentée comme un pèlerinage.
Le principal moment de la visite fut l’office
de vénération de la sainte Couronne d’épines, au
DOSSIER
Alexis II
En mai dernier, le Patriarche recevant,
à Moscou, Mgr Gardès, accompagné
du Hieromoine Alexandre Siniakov
et du Père Destivelle.
cours duquel nous avons fait mémoire des mar­
tyrs russes du XXe siècle et demandé pardon pour
nos divisions. C’était placer ces retrouvailles en­
tre chrétiens de France et de Russie sous le signe
de la Passion.
■■ Comment expliquer cette ouverture imprévue ?
L’Église orthodoxe russe, au cours des quinze
dernières années, s’est concentrée sur sa recons­
L’Église russe
a pu donner
l'impression
d'une certaine
fermeture
truction interne et ne pouvait guère cultiver ses
relations extérieures. Elle a dû rebâtir ses églises,
ses monastères, ses séminaires, retrouver la com­
munion avec l’Église russe hors frontières – célé­
brée solennellement à Moscou le 17 mai dernier.
Elle est sans doute plus disponible désormais pour
passer à une phase de dialogue, particulièrement
avec l’Église catholique. Lors de cette période
de « restauration », l’Église russe a pu donner
l’impression d’une certaine fermeture. Il fallait,
je crois, lui laisser le temps de se reconstruire.
FRANCECatholique n°3087 5 octobre 2007
9
DOSSIER
Les Fondements de la doctrine sociale
Église orthodoxe russe
Introduction par le métropolite Cyrille de Smolensk et de
Kaliningrad. Traduction du russe par Hyacinthe Destivelle,
Alexandre Siniakov et Claire Jounievy.
Le Cerf – Istina
À
l’occasion de la venue en France du patriarche
Alexis, les éditions du Cerf et le Centre Istina
publient une traduction des Fondements de
la doctrine sociale de l’Église orthodoxe russe. Ce
document a été rédigé, à la demande du concile
épiscopal de l’Église orthodoxe russe de 1994, par
une commission de vingt-six personnes : évêques,
prêtres, professeurs des écoles de théologie. Le texte,
approuvé le 15 août 2000 par le Concile jubilaire de l’Église orthodoxe russe, réuni
en la cathédrale du Christ Sauveur, comprend seize chapitres sur la conception
orthodoxe des relations entre l’Église et l’État, de la nation et du droit, du travail et
de la propriété, des relations internationales, de l’éthique familiale, des droits de
l’homme, de la santé, de la bioéthique, de la culture, des médias, des relations entre
science et foi, de l’écologie, de la mondialisation…
Jamais une Église orthodoxe n’avait formulé de façon aussi solennelle ses
positions sur un aussi vaste champ de problèmes actuels. L’Église russe, forte de sa
douloureuse expérience de persécution, inégalée dans l’histoire, par une idéologie
matérialiste, tient un langage convaincu de la dimension avant tout spirituelle
de l’homme. Lucides sur les périls du monde moderne, ces Fondements posent
néanmoins sur lui un regard optimiste, déclarant dans les premières pages que
« le mépris manichéen envers la vie du monde environnant est inacceptable ; la
participation du chrétien à cette vie doit se fonder sur la conviction que le monde,
la société, l’État, sont l'objet de l’amour de Dieu, parce qu’ils sont destinés à la
transfiguration et à la purification selon l’amour prescrit par Dieu » (p. 18-19).
Le point le plus novateur du document est la méfiance exprimée à l’égard du
principe national érigé en idéologie : « Les théories qui érigent la nation à la place
de Dieu ou réduisent la foi à un aspect de l’identité nationale sont contraires à
l’enseignement orthodoxe » (p. 27), mais aussi à l’égard de l’État : « Les chrétiens
doivent refuser toute absolutisation du pouvoir, toute méconnaissance des limites
de sa valeur strictement terrestre, temporaire et passagère » (p. 33). Le principe
du droit à la « désobéissance civile », ou de l’objection de conscience, est pour la
première fois affirmé par une Église orthodoxe : « Si l’autorité contraint les chrétiens
orthodoxes à renier le Christ et son Église ou à accomplir des œuvres coupables,
dangereuses pour l’âme, l’Église doit refuser l’obéissance à l’État » (p. 43).
Les Fondements de la doctrine sociale sont un vibrant appel au témoignage et à
l’engagement des chrétiens dans la société contemporaine : « La participation des
laïcs orthodoxes à l’activité des organes des pouvoirs législatif, exécutif et judiciaire
[…] apparaît comme l’une des formes de la mission de l’Église dans la société.
Les laïcs peuvent et doivent, en remplissant leurs devoirs de citoyen, participer
aux processus électoraux à tous les niveaux et soutenir toute entreprise de l’État
éthiquement justifiable » (p. 71).
Un beau chapitre sur le mariage rappelle que « pour le chrétien, le mariage
est bien plus qu’un simple contrat juridique ou le moyen de perpétuer l’espèce
et de satisfaire aux nécessités temporaires de la nature : il est, selon saint Jean
Chrysostome, le ‘sacrement de l’amour’, l’union éternelle des époux dans le Christ »
(p. 112). Quant à la famille elle est « en tant qu’Église domestique, un organisme
unique, dont les membres vivent et construisent leur relation sur la loi de l’amour »
(p. 120).
Précieux pour l’ensemble des prêtres et fidèles orthodoxes, les Fondements
de la doctrine sociale de l’Église russe ouvrent aussi de larges perspectives au
dialogue entre Églises pour un témoignage commun des chrétiens dans le monde
contemporain.
M.F.
10 FRANCECatholique n°3087 5 octobre 2007
Elle peut maintenant renouer avec sa tradition
d’ouverture et de dialogue qui l’a longtemps ca­
ractérisée : par exemple, elle fut la première Égli­
se à instituer, lors du Concile de 1917-1918, une
commission pour l’unité des chrétiens, elle adhéra
au Conseil Œcuménique des Églises dès 1961, fut
la première Église orthodoxe à envoyer en 1962
des observateurs officiels à Vatican II, la seule à
accorder tous les sacrements aux fidèles catholi­
ques privés de leurs prêtres, entre 1969 et 1986.
À cause de sa situation géographique et
culturelle à cheval sur Orient et Occident (il suf­
fit de voir son alphabet, comportant autant de
carac­tères grecs que latins), la Russie s’est tou­
jours crue une vocation de synthèse, de réconci­
liation – Sergij Boulgakov parlait de la « vocation
œcumé­nique » du peuple russe. Nous pouvons
espérer que les milliers d’étudiants en théologie
et de séminaristes dont s’enorgueillit aujourd’hui
l’Église russe renoueront avec cette tradition.
Mais ce processus prendra sans doute plusieurs
générations. La visite en France du Patriarche
ne signifie pas que nous allons rétablir la com­
munion demain, mais elle est un signe important
qu’il faut saluer.
■■ Pourquoi le patriarche a-t-il choisi la France pour
cette première visite officielle dans un pays catholique ?
D’après les propos du Patriarche, c’est en rai­
son des liens qui depuis longtemps unissent les
chrétiens de nos deux pays. Avant la révolution
russe, dès le début du XIXe siècle, les échanges
entre les catholiques de France et l’Église ortho­
doxe russe furent intenses. De nombreux émi­
grés français se rendirent en Russie pour fuir
la révolution de 1789 et contribuèrent à y faire
mieux connaître le catholicisme français. En sens
inverse, de nombreux penseurs et philosophes
Kremlin
DOSSIER
religieux russes furent immédiatement traduits
en français, comme Philarète de Moscou, ou écri­
virent leurs œuvres directement en notre langue,
comme Vladimir Soloviev, contribuant à faire
connaître la pensée russe en France.
La construction à cette époque de magni­
fiques églises russes sur le sol français, par exem­
ple celles de la rue Daru à Paris, de Biarritz ou de
Nice, témoigne du rayonnement de l’orthodoxie
russe en France à cette époque. À ces échan­
ges, il faut ajouter que l'histoire de l’Église russe,
marquée par la révolution, l'anticléricalisme, la
persécution, n'est pas sans points communs et
parallélismes avec celle de l'Église en France…
Le cardinal
Etchegaray
reçu, cet été
à Moscou, par
le patriarche
Alexis
■■ Quel a été le rôle de la Révolution russe dans ces
échanges ?
La Révolution a accéléré ces échanges en
poussant nombre de philosophes et théologiens
russes à s’installer à Paris, comme Nicolas Ber­
diaev, Serge Boulgakov ou Vladimir Lossky. Leur
présence permit à des théologiens français,
comme Yves Congar ou Christophe Dumont,
d'ap­pro­fondir leur connaissance de la pensée or­
thodoxe et d’enrichir à leur contact la théologie
catholique. La présence d'iconographes comme
Leonid Ouspenski, de spécialistes de la musique
religieuse russe, comme Nicolas Kedroff, permit
des échanges féconds entre artistes catholiques
et orthodoxes. La fondation du Centre Istina en
1927, créé au départ comme « Centre d’études
russes », publiant la revue « Russie et Chrétienté »
(avant d’étendre ses intérêts au lendemain de la
Deuxième Guerre mondiale) témoigne de cet in­
térêt ancien en France pour le monde russe.
■■ Vous avez traduit les Fondements de la doctrine sociale, adoptés par le concile de l’Église
russe en 2000, qui viennent d’être publiés en français. Quel est l’intérêt de ce document ?
Ce document est historique, même s’il ne pré­
tend pas être le dernier mot de l’Église russe sur
ce thème. L’Église orthodoxe russe, par la voix de
ses évêques, y prend position sur un très grand
nombre de problèmes concernant l’ensemble de
la vie politique, économique et sociale du monde
contemporain : conception orthodoxe des rela­
tions entre l’Église et l’État, de la nation et du
droit, du travail et de la propriété, des relations
internationales, des droits de l’homme, de la
santé, de la bioéthique, de la culture, des médias,
des relations entre science et foi, de l’écologie, de
la mondialisation… Jamais une Église orthodoxe
n’avait formulé de façon aussi solennelle et sys­
tématique ses positions sur un aussi vaste champ
de questions actuelles.
Les chrétiens
occidentaux
ont
certainement
beaucoup
à apprendre
de cette
expérience
russe
Ce qui rend ces principes particulièrement
in­téressants, c’est qu’ils ne sont pas seulement
théoriques, mais portés par une expérience dou­
loureuse de soixante-dix ans de persécution.
L’Église orthodoxe russe fut certainement une des
communautés chrétiennes les plus martyrisées
de l’histoire, au nom d’un matérialisme athée.
Forte de cette expérience, elle peut aujourd’hui
témoigner de sa conception du monde et de
la société. Les chrétiens occidentaux, plongés
aujourd’hui dans un autre genre de matérialisme,
ont certainement beaucoup à apprendre de cette
expérience russe.
■■ On accuse souvent l’Église russe de proximité
avec le pouvoir. Qu’en est-il exactement ?
L’Église russe a été particulièrement traumati­
sée dans son expérience des relations avec l’État.
Pierre le Grand supprima le patriarcat en 1721
et transforma l’Église russe en une simple admi­
nistration. C’est pour réagir à cette mainmise de
l’État qu’elle convoqua un concile en 1917-1918
et rétablit le patriarcat, qui fut bientôt à nouveau
supprimé sous le régime soviétique. Peu d’Églises
ont autant souffert de l’État que l’Église ortho­
doxe russe.
C’est à partir de cette expérience que le concile
des évêques russes a défini en 2000 ses principes
des relations de l’Église et de l’État, dans ses Fon-
Diocèse de Chersonèse
Le diocèse de Chersonèse du patriarcat de Moscou, regroupe les communautés
orthodoxes russes de France, d'Italie, d'Espagne, de Suisse et du Portugal. Il a été fondé
dans les années 20 et tire son nom de l'ancienne colonie grecque en Crimée où le prince
Vladimir décida de devenir chrétien. Sa cathédrale est à Paris (5, rue Pétel XVe arrdt),
consacrée aux Trois-Saints-Docteurs (Basile de Césarée, Grégoire de Nazianze et Jean
Chrysostome). Elle a été décorée par Léonid Ouspensky et le moine Grégoire Krug,
considérés comme les iconographes les plus brillants de l’émigration orthodoxe en
France. Le diocèse de Chersonèse compte en France dix-sept paroisses et communautés,
ainsi que trois monastères. Les fidèles sont principalement d’origines russe, ukrainienne,
biélorusse et moldave.
FRANCECatholique n°3087 5 octobre 2007
11
DOSSIER
dements de la doctrine sociale. L’Église orthodoxe
y prend ses distances avec la théorie orientale
de la « symphonie des pouvoirs », tout comme
de celle, occidentale, des « deux glaives » : elle
revendique d’une part le principe de « non-ingé­
rence » dans les affaires respectives de l’Église et
de l’État, et d’autre part le droit à la « désobéis­
sance civile pacifique » en cas de désaccord avec
les autorités politiques.
Peu d’Églises ont proclamé avec autant de
force de tels principes, assurant une stricte ré­
partition des rôles entre Église et État. Ce même
Concile de 2000 canonisa un exemple de déso­
béissance civile en la personne du métropolite Ar­
sène de Rostov qui, au XVIIIe siècle, s’était opposé
à la sécularisation des terres monastiques par
Catherine II. Je suis surpris d’entendre parfois que
l’Église russe serait favorable au césaropapisme
ou souhaiterait devenir religion d’État. C’est se
montrer bien soupçonneux à l’égard d’une Église
qui est bien placée pour connaître les dangers de
la collusion des pouvoirs et qui a fait un énorme
travail de réflexion ces dernières années.
■■ Mais dans la pratique, l’Église russe, qui souhaite
récupérer ses biens et sa place d’avant la révolution, ne courtise-t-elle pas l’État ?
Ce sont davantage les autorités politiques qui
courtisent l’Église. L’État a conscience du prestige
de l’Église au sein de la population, de son rôle
de ciment de la société, aussi bien à l’intérieur
qu’au-delà des frontières de la Fédération de
Russie… Mais en réalité l’Église russe est loin de
bénéficier des avantages dont, par exemple, jouit
l’Église catholique en France, pourtant peu sus­
pecte de collusion avec l’État : l’Église orthodoxe
russe n’a toujours pas d’aumônerie dans les ar­
mées, ni auprès des écoles, ni dans les hôpitaux.
■■ Comment expliquez-vous l’image assez négative
de la Russie dans les médias occidentaux ?
L'image de la Russie en Occident est moins ré­
vélatrice de la Russie que de la conception que l'Oc­
cident a de lui-même. Lisez L’Occident et l’énigme
russe, de l’historien américain Martin Malia, qui
montre comment, de Montesquieu à nos jours, en
passant par le marquis de Custine, l’Occident dia­
bolise ou idéalise la Russie en fonction des ques­
tions qu’il porte. L'inverse est vrai également.
En ce qui concerne l’Église russe, un autre
pro­­blème se superpose : à l’époque soviétique,
où elle fut quasiment anéantie, où les contacts
étaient réduits au minimum, nous nous en som­
mes fait une image abstraite, peut-être idéale.
Le père Yves Congar, qui a tant contribué à faire
aimer l’orthodoxie en France, reprochait cepen­
12 FRANCECatholique n°3087 5 octobre 2007
dant à certains orthodoxes de l’émigration (et il
ne faisait sur ce point que reprendre la critique de
Soloviev aux slavophiles) d’opposer à un catholi­
cisme historique une orthodoxie irréelle. La voir
maintenant en réalité, constater que les idéaux
ne correspondent pas toujours à la réalité d’une
Église qui doit porter une histoire douloureuse,
n’est pas forcément facile à admettre.
■■ Comment évolue l’œcuménisme aujourd’hui ?
Penser
l'œcuménisme
comme un
échange
des richesses
propres à
chaque
tradition
L’œcuménisme ne vise plus à une unité orga­
nique, comme certains ont pu en rêver dans
les années soixante, ni sans doute même à des
consensus doctrinaux exprimés en des for­mules
identiques. Le Rassemblement Œcuménique Euro­
péen de Sibiu a été de ce point de vue révélateur :
nombre d’intervenants, dont le cardinal Kasper ou
le métropolite Cyrille, ont exprimé des réserves
sur l’avenir d’un œcuménisme conçu uniquement
comme la recherche de « conver­gences », d’un
plus petit commun dénominateur, et ont appelé
à le penser plutôt comme un « échange de dons »,
un échange des richesses propres à chaque tradi­
tion et respectant l’identité de chacune. C’est ce
que l’on appelle « l’œcuménisme réceptif ». Par exemple, la théologie catholique a béné­
ficié des recherches de penseurs russes, comme
N. Afanassieff ou V. Lossky, mais aussi de l’icono­
graphie byzan­tine, de la musique liturgique russe
etc. Aujourd’hui, l’Église russe est demandeuse
d’un dialogue avec l’Église catholique sur des
questions de doctrine sociale pour porter un té­
moignage commun dans la société moderne. Ces
questions pourraient être une façon de relancer
l’intérêt pour l’œcuménisme chez un plus grand
nombre de croyants.
■■ Quel vous semble être le problème numéro un des
relations entre catholiques et orthodoxes ?
Celui dont traite la Commission mixte inter­
nationale catholique-orthodoxe, qui tiendra sa
pro­chaine session à Ravenne : la recherche d’une
meilleure articulation entre primauté et concilia­
rité dans l’Église, sachant que toute la tradition
chrétienne témoigne du fait qu’il ne peut exister de
primauté sans conciliarité, ni de conciliarité sans
primauté. La tradition de l’Église indivise témoigne
aussi du fait que l’évêque de Rome a un charisme
particulier au service de l’unité des chrétiens.
Bien des théologiens orthodoxes sont conscients
de ce rôle unique de l’évêque de Rome comme diacre
de l’unité des chrétiens. Il faut réfléchir à la façon
dont ce ministère d’unité de l’évêque de Rome peut
trouver un mode d’exercice reconnu par les uns et
par les autres, comme y aspirait le pape Jean-Paul
II dans sa belle encyclique, Ut unum sint. n
ESPRIT
En
mémoire des jours
Un honneur
Par
Robert Masson
R
ésurgence soudaine,
d'un passé qu'on
croyait révolu. Quand
la vie était fragile, et
su­jette à des surprises qui
nous exposaient au pire.
Aux famines, par exemple,
qui sévissaient hier en­core,
de façon chronique. On
devait alors, au temps des
moissons, s'assurer des
ré­serves pour l'année qui
suivrait.
C'était aussi vieux que
le monde, et il s'en fallait
qu'on ait conjuré cette
crainte, qui habitait le
monde paysan. Au temps
des pharaons, déjà, on en
était à redouter les effets
climatiques, ces varia­
tions intempestives du
temps, pour ne pas dire
ses ca­prices.
Dans les années 40,
pour ce qui nous concerne,
on en était encore à cal­
culer au plus juste des
réser ves, quand on en
avait. La défaite et ses
conséquences dr ama­
tiques n'arrangeaient rien.
Il fallait vraiment évaluer
au plus juste, et quand il
y avait un doute, sortir les
bannières, pour implorer
des cieux ce que la nature
n'était pas disposée à don­
ner. Il fallut attendre les
lendemains de la guerre,
pour que se produise ce
qu'on a appelé "une révo­
lution substantielle", selon
l'expression de Michel
Debatis, qui fut un artisan
essentiel dans cette lutte
contre les précarités de la
vie paysanne.
Debatis savait de quoi
il parlait, lui qui était
né et avait grandi dans
un milieu où il n'y avait
au­c un superflu, et pas
tou­jours le nécessaire. On
devait se prémunir contre
les aléas de toutes sortes
qui faisaient alors de la
vie à la campagne quelque
chose d'incertain. Ce ne
fut pas pour peu dans cet
Exode rural qui vida les
villages de leurs éléments
les plus jeunes. Il en resta
suffisamment toutefois
pour entreprendre une
mu­t ation, qui rejoignait
d'ailleurs ce que la société
dans son ensemble vivait
pareillement.
La conséquence, ce
fut un renversement de
situation, qui tenait pré­
cisément à la capacité de
cette génération d'alors,
qui abordait en termes
nou­veaux leur savoir. La
France paysanne se méta­
morphosait, au point de
devenir une corne d'abon­
dance, que lui permettait
d'ailleurs une sorte de
privilège de la nature. On
était dans les zones tem­
pérées du monde.
L'esprit d'entreprise
des nouvelles généra­
tions fit le reste. Du trop
peu de jadis, on passait
au trop plein d'abon­
dance, qui créait d'ailleurs
d'autres pro­b lèmes. Car
il fallait trouver d'autres
circuits de distribution,
14 FRANCECatholique n°3087 5 octobre 2007
hors de nos frontières au
besoin. Le monde paysan
se retrouvait un peu seul,
dans une société qui dans
les mêmes temps s'urbani­
sait d'une manière plus ou
moins ordonnée. On était
vraiment dans un nouvel
âge du monde. En Europe
comme aux Etats-Unis,
dans toutes les zones
dé­veloppées ou en voie de
développement. Ailleurs
hélas on en était encore à
des déséquilibres dont on
connaît les enchaînements
dramatiques.
Les suc cès écono ­
miques étaient une chose.
C'en était une tout autre,
de réussir le passage har­
monieux d'un monde à
l'échelle de vastes conti­
nents qui le composent.
Les paysans français
n'en avaient pas moins des
raisons d'être fiers, au vu
des résultats. Ils avaient
d'une c er t aine f a­ç on
remodelé les terres dont ils
avaient l'usage. Ce fut au
prix d'une sorte de trans­
humance, d'un monde à
un autre, dont ils étaient
les instruments.
Ils n'avaient pas tou­
jours le sentiment d'être
compris d'autrui, de ceux
qui avaient migré dans
des vastes cités. On les
considérait de haut, dans
les instances où se déci­
dait leur avenir, dans une
compréhension suffisante
des demandeurs.
Il fallut se faire à des
contraintes qui n'étaient
pas naturelles. En retour
bien sûr, les paysans
qu'on appelait de plus
en plus des agriculteurs,
gagnaient des subventions
qui leur permirent de tenir.
À ce prix, ils assurèrent les
sécurités fondamentales
qui les mettaient à l'abri
des périls.
La famine n'était plus
qu'un souvenir, chez nous
du moins. Et voilà qu'à
la suite d'un été un peu
trop mouillé, réapparurent
les craintes d'antan. La
ba­guette de pain augmen­
tait, parce que les besoins
sur d'autres parties du
monde se faisaient pres­
sants, sans qu'on ait suf­
fisamment réfléchi. Le cas
de l'Australie est signifi­
catif à cet égard. Ce pays,
à l'inverse des nôtres,
souffre de sécheresses
endémiques, qui ont de
quoi in­quiéter les respon­
sables de ces pays.
À l'obscur de nos ap­­
préhensions, revient la
peur de manquer. Nous
n'en sommes pas là. Mais
l'agriculture n'a plus pour
seule mission de nour­
rir les hommes, bien que
cela reste ses finalités pre­
mières.
Dans le même temps,
on donne aux paysans
d'autres mandats. Celui
entre autres de produire
ce qu'on appelle des bio­
carburants, pour atténuer
les conséquences de chocs
pétroliers, auxquels nous
avons dû nous faire. On
leur redemande pour cela
de cultiver des sols laissés
en jachère. Ce n'est pas le
chômage qui menace la
paysannerie aujourd'hui,
mais l'ur­gence.
Il faudra aussi
ap­prendre pour tout cela,
un respect plus scrupuleux
que jamais des exigences
de ce qu'on appelle notre
environnement. On l'avait
sans doute un peu trop
négligé. ■
KTO
Suivant l’argumentation développée par
Maître François-Henri Briard, le Conseil
d’Etat a annulé, vendredi 21 septembre
2007, la décision du CSA du 28 juillet
2005 refusant à la chaîne catholique
KTO une fréquence sur la Télévision
Nu­­mérique Terrestre (TNT). Le Conseil
d’Etat a considéré «qu’en déduisant du
seul caractère confessionnel de la thé­­
matique proposée par KTO, que ce
service s’a­dressait nécessairement à un
public res­treint et ne pouvait donc, en
toutes hy­pothèses, satisfaire un seul des
critères de sélection entre candidats définis
par la loi du 30 septembre 1986 modifiée
(...), le Conseil supérieur de l’audiovisuel
a entaché sa décision d’erreur de droit ;
que par suite KTO est fondée à demander
l’annulation de la décision attaquée».
Cela ne veut pas dire que le CSA doive
ac­corder une fréquence TNT à KTO, mais
qu'il devait motiver autrement son refus...
Une telle décision de justice ouvre la pos­
sibilité d'une indemnité et surtout d'une
re­discussion sur de nouvelles bases avec la
Haute Autorité lors d'un futur élargissement
du nombre des fréquences TNT.
ZF07092107
ESPAGNE
498 catholiques assassinés pendant
la Guerre d’Espagne entre 1934 et 1939
se­ront béatifiés le 28 octobre. Le dossier
historique, qui est rendu public à Rome le
5 octobre, s'attache à démontrer qu'ils ont
été martyrisés pour leur foi et non pour des
motifs politiques.
ZF07092704
ZF07092805
ARGENTINE
L'archevêque de La Plata, Mgr
Héc­­tor Aguer, a publié une note dans
laquelle il déclare : "le totalitarisme des
abortistes plane sur l’Argentine comme
une menace si­nistre. Comme l'ombre
d’Hérode". Il s'agit pour lui de protester
contre un avortement pratiqué dans
un hôpital public de Mar del Plata sur
une jeune fille han­dicapée mentale,
malgré l'op­­position du père de celle-ci.
La lé­gislation argentine est en principe
très restrictive sur l'avortement. L'ar­
chevêque dénonce le terme employé
d’"avortement thérapeutique" dans
la mesure où ce n’est pas la réalité :
"Qui a été soigné par l’avortement,
et de quelle maladie ? Il faudrait dire
en tous cas qu’il est eugénique et dis­
criminatoire”. "On ne parle pas de l’en­
fant - continue le texte - on n’a pas
eu le temps de l’appeler par son nom.
Comme s’il n’avait jamais existé. Mais
la chose certaine est qu’il vivait et qu’ils
l’ont tué”.
Agence Fides 27/9/2007
SRI LANKA
Un missionnaire jésuite, le P. Nicholas
Pillai Packiyaranjith, a été tué le 26 sep­
tembre, dans le Nord du Sri Lanka, au
cours d'une mission humanitaire, alors
qu'il traversait une zone sous le contrôle
des rebelles des Tigres de libération de
l'Eelam Tamoul (Ltte), annonce l’agence
missionnaire italienne Misna.
ZF07092801
EUROPE
leur code pénal) aura lieu tous les 10
octobre. Cette décision a été prise par
le Comité des Ministres du Conseil de
l’Europe, le 27 sep­tembre, à la majorité
simple, en dépit de l'op­p osition du
gouvernement po­l onais. Celui- ci
proposait une journée de dé­fense de
la vie, qui au­rait élargi l'op­­probre à
l'avortement et à l'eu­thanasie, ce qui a
paru hors sujet, voire scandaleusement
réactionnaire, à ses partenaires. Une
conférence internationale contre la
peine de mort aura lieu à Lisbonne les
9 et 10 octobre 2007.
Une Journée européenne contre la
peine de mort (78 pays dans le monde
ont la peine de mort inscrite dans
BUDAPEST
Après Vienne (2003), Paris (2004),
Lisbonne (2005), Bruxelles (2006), le
cinquième congrès international pour
la nouvelle évangélisation s’est tenu à
Budapest du 16 au 22 septembre. 1500
initiatives mis­sionnaires ont été prises
dans 120 lieux de la capitale hongroise
au cours de : Evan­gélisations de rue,
concerts, expositions... 150 jeunes Fran­
çais avaient fait le déplacement. Le der­
nier jour, 15.000 per­sonnes se sont ras­
sem­blées à Buda, à l'endroit où saint
Gé­­rard est devenu le premier martyr de
Hongrie, le 24 septembre 1046.
Il s'agissait en principe du dernier
congrès international pour la nouvelle
évangélisation du cycle commencé
en 2003. Mais le cardinal Peter Erdö,
archevêque de
Budapest, primat de
Hongrie et pré­sident
d e l'a s s e m b l é e
des conférences
é pis­c opale s eu­­
ropéennes a lancé
un appel à re­nou­
veler l'expé­rience.
On retrouvera
des comptes ren­
dus dé­t aillés du
cinquième congrès
dans le numéro
du men­s uel Il est vivant d'octobre
(vendu en kiosques) et, par exemple,
dans l'hebdomadaire du diocèse de
Paris Paris Notre-Dame, daté du 27
septembre.
ZF07092601
ANGLICANS
Les évêques de l'Eglise épisco­
pa­lienne américaine (111 diocèses,
deux millions de fidèles) réunis à la
Nouvelle Orléans (cf. notre dépêche
de la semaine der­nière) ont approuvé à
l'unanimité, le 25 septembre, un texte
qui met fin, jusqu'à nouvel ordre, à
l'ordination par eux d'ec­­clésiastiques
ou­­vertement ho­mo­sexuels, ainsi qu'à
la bénédiction de ma­riages entre per­
sonnes du même sexe.
Ils ont écarté ainsi un risque de
schisme dans la com­m unauté an­­
glicane (75 millions de fidèles répartis
en 39 provinces dans le monde), tout
en protestant vi­goureusement contre
l'ingérence des évêques africains ou
asiatiques dans la gestion démocratique
de la province américaine, et en
appelant les chrétiens à défendre,
partout dans le monde, les droits des
personnes homosexuelles.
Ecclesia
CARDINAUX
Les 24 et 25 novembre, au cours du
deuxième consistoire de son pontificat,
le Pape nommera une quinzaine de
nouveaux cardinaux, parmi lesquels on
s'attend bien sûr à trouver Mgr André
Vingt-Trois, archevêque de Paris.
Ecclesia
FRANCECatholique n°3087 5 octobre 2007 15
ESPRIT
27e dimanche ordinaire
Aux origines
du ministère ordonné
On est là victime d’un schéma de
pensée bien étranger aux hommes
du Nouveau Testament. Leur grand
souci était de rester en lien vivant
avec l’expérience de Jésus. Ils
avaient découvert que l’Eglise vivait
et se développait dans la mouvance
des Apôtres, que ceux-ci étaient le
trait d’union qui les reliait au Christ.
Les communautés qui naissaient
à droite et à gauche, issues de la
prédication apostolique, n’étaient
chrétiennes que dans la mesure
où elles se situaient en continuité
Retrouvez chaque jour, sur internet,
les points d'oraison du Père Michel
Gitton, et les commentaires des
Pères Louis et Bernard Hurault, à
partir des lectures du jour :
www.france-catholique.fr
avec les Apôtres. Et cette continuité
n’était pas seulement de l’ordre
de la pensée ou de l’action, c’était
une communion fondée sur l’envoi
d’un collaborateur des Apôtres, in­­
vesti de sa puissance et capable de
reproduire le miracle primitif sur
lequel était fondé l’Eglise : l’eu­
charistie. Le ministère ordonné n’est
pas autre chose, et il n’y a pas eu
d’Eglise qui ait pu exister sans lui.
Il est vrai que lorsqu’un apôtre
(comme Paul ou Jean) écrit à une
des communautés qu’il a plus ou
moins fondées, et tant qu’il est
en pleine activité et capable de
la diriger, même à distance, c’est
lui seul qui se présente comme le
vis-à-vis, comme le père de cette
Eglise, et on ne voit pas encore
très bien la place des ministres
or­­donnés, qui seront par contre
plus visibles quand il arrivera au
bout de sa course. Pourtant ils
existaient déjà en filigrane : on voit
saint Jean s’adresser aux « anges »
des Eglise d’Asie mineure, qui sont
probablement leurs responsables,
pour leur faire des reproches
(Apo­calypse 2-3). Dans ses lettres,
saint Paul parle de ses délégués
qui visitent les églises en son
nom (Epaphras à Colosses, Tite à
Corinthe, etc.) et y exercent une au­
thentique mission. Leur statut n’est
pas précisé, mais ils dépendent vi­
si­blement de l’envoi apostolique.
Par ailleurs, il existait, dans toutes
les communautés, des chrétiens et
des chrétiennes dotés de fonction
spécifique pour le bien de tous
(pro­phètes, enseignants, etc.). Ces
ministères, utiles au bien de telle
église particulière, témoignent de
la fécondité du corps, mais n’en
sont pas la tête.
Ne laissons pas dire que Jésus
n’avait rien prévu pour le temps
qui suivrait. Lui, qui n’a rien écrit,
a voulu passer par douze hommes
pour nous transmettre sa pensée
et son Corps. Il n’a, à la limite, rien
fait d’autre. Il y a travaillé avec
in­­finiment de soin et c’est cette
structure apostolique qui nous
permet de le rejoindre sûrement
aujourd’hui encore. n
Lectures du dimanche 7 octobre : Habacuc
1, 2-4; 2 Timothée, 1,6-14; Luc 17,5-10.
Ne laissons pas dire que Jésus n'avait
rien prévu pour le temps qui suivrait
FRANCECatholique n°3087 5 octobre 2007
(
L
e passage de saint Paul que
nous lisons ce dimanche
contient cet avertissement
adressé par l’Apôtre à son
fils spirituel Ti­mothée : « je
te rappelle que tu dois réveiller
en toi le don de Dieu, que tu
as reçu quand je t’ai imposé les
mains ». Cette allusion au rite de
l’ordination a semblé suspecte à
plus d’un. Il est de bon ton dans
certains milieux (rap­pelons-nous
les émissions d’Arte sur les origines
de l’Eglise) de considérer qu’au
départ, il n’y avait pas dans l’Église
de ministère clairement ins­titué,
mais seulement des hommes (ou des
femmes) chargés pour un temps de
tel ou tel service de la communauté
(assistance, enseignement, culte).
L’ins­titutionnalisation serait ve­
nue plus tard, avec l’apparition de
ministères ordonnés (prêtres, diacres
et bientôt évêques), répondant au
besoin de communautés qui se sont
étendues numériquement, et où il
faut veiller à garder la cohérence du
dépôt primitif. Dans cette optique,
il est courant de dire que les deux
lettres à Timothée, comme la lettre
à Tite, ne peuvent être de la main
de saint Paul, mais reflètent un état
plus tardif de la vie de l’Eglise.
Quand on regarde de près les
arguments mis en valeur, on voit
bien qu’il y a là un cercle vicieux :
les lettres « pastorales » de saint
Paul ne sont pas de lui puisqu’il y
est question d’imposition des mains
(supposée tardive) et l’institution
de ministères ordonnés est tardive
parce qu’il n’en est question que
dans les-dites lettres ! On suppose
toujours que le rite arrive en
second lieu parce que la vie l’a
précédé, et on n’imagine pas cette
vie autrement que comme un
bouillonnement anarchique...
par le Père
Michel GITTON
17
EGLISE
Avec des séminari
par le Père de LAUBIER
Le Père de Laubier
nous rend compte de la
­semaine de cours qu'il
vient de donner à São
Paulo, avec le hiéromoine
Alexandre ­(Dimitri S­ iniakov,
25 ans), ­collaborateur
de Mgr Innocent de
­Chersonèse, représentant
du Patriarcat de Moscou pour
l’Europe ­occidentale siégeant
à Paris (rue P
­ étel). Le thème
en était l’œcuménisme et
le ­dialogue interreligieux.
L
a session a lieu dans le grand
campus où les légionnaires du
Christ sont chargés de former
120 séminaristes qui leur sont
confiés par 19 évêques de dio­
cèses brésiliens. Déjà, l’année dernière,
j’avais fait connaissance avec ces sémi­
naristes, mais les thèmes de cette an­
née furent traités avec la participation
du Père Alexandre qui découvre de son
côté un univers du catholicisme peu
connu des orthodoxes d’Europe.
Dès la première journée, un diman­
che, nos occupations sont nombreuses
et variées. Le P. Alexandre est invité par
le Métropolite de l’Église antiochienne
au Brésil, Mgr Damaskinos. Il s’y rend
avec deux Pères des légionnaires du
Christ et la célébration de l’office,
de rite byzantin, est suivie d’un repas
(menu arabe) et d’une visite au village
où les premiers jésuites s’étaient ins­
tallés au milieu des indiens hostiles ou
accueillants. Cette première résidence
est devenue un musée et les touristes
sont nombreux.
Je vais célébrer la messe, avec ho­
mélies traduites, dans deux paroisses
de la banlieue pauvre. Petites églises
perdues au milieu de favelas améliorées
(briques au lieu de tôles). Il faut se ser­
rer entre des murs étroits, et la cérémo­
nie commence avec une solennité digne
d’une cathédrale. Le Père César, jeune
prêtre métis, est l’âme de cette ferveur
très touchante de l’assemblée qui porte
le célébrant.
Les pratiquants ne sont pourtant
qu’une minorité dans cette popula­
tion pauvre dont les enfants donnent
tant de vie aux rues misérables. Ce di­
manche est consacré à la vie, on craint
une loi permissive qui contredirait l’en­
seignement de l’Église. Dans l’homélie
je compare la situation des minorités
persécutées des catholiques chinois que
j’ai rencontrées deux fois cette an­née,
avec les catholiques brésiliens pauvres
face aux défis d’une société de plus en
plus sécularisée. Dans les deux cas il
faut témoigner (martyre = témoignage)
de sa foi. Partout les catholiques sont
appelés à rendre un témoignage face
à un monde païen ou paganisé. C’est
la leçon de l’Évangile de ce dimanche
où le Christ parle de la « porte étroite »
qu’il est difficile de choisir. On a dit que
les chrétiens n’avaient pas la vocation
d’être des héros, mais plutôt de deve­
nir des saints, ce qui est parfaitement
exact, mais la sainteté, on le constate
ici comme en Chine, demande aussi
un singulier courage, celui que donne
l’amour du Christ. En donnant la com­
munion, je suis ému par ces visages
simples et mystérieux. Repas dans le
( Rendre témoignage face à
un monde païen ou paganisé
18 FRANCECatholique n°3087 5 octobre 2007
presbytère du P. César qui raconte son
dernier voyage en Europe, notamment
en France où ses impressions étaient
mêlées. Il a visité la Sainte-Baume où
Marie Madeleine, notre première mis­
sionnaire a vécu en ermite il y a 2000
ans.
Dans l’après-midi une cérémonie
solennelle a lieu vers 15 heures dans la
cathédrale du diocèse de Campo Limpo,
l’un des six de São Paulo qui, banlieues
comprises, compte environ 20 millions
d’habitants. Tous les membres des ser­
vices paroissiaux étaient conviés, of­
frant un spectacle coloré, car au Brésil
il faut avoir un uniforme avec des cou­
leurs éclatantes sur un fond sonore de
batterie à la piété retentissante. La jeu­
nesse du diocèse était au rendez-vous
et des saynètes édifiantes furent jouées
devant l’évêque. L’ange d’un scénario,
une enfant de 10 ans, avait des ailes en
coton qui ont dû rendre un peu jaloux
son ange gardien !
De retour au séminaire, le soir au dî­
ner, tous les séminaristes sont présents
et les conférences commenceront le
len­demain après la messe que je dois
célébrer en portugais. Heureusement
que les séminaristes connaissent les
paroles !
Premier cours pendant 3 heures sur
la Chine. Pourquoi est-ce l’empire ro­
main et non pas l’empire chinois, ce­lui
des dynasties Han contemporaines du
Christ, qui a été évangélisé ? Ré­ponse :
les quelque 8% de juifs dans l’empire
romain étaient une condition néces­
saire à l’avènement du christianisme.
Aujourd’hui les 14 millions de catholi­
ques dont une majorité d’entre eux sont
des clandestins, constituent ce point
d’appui qui manquait jusqu’ici en Chine.
Dès qu’on évoque des expé­riences vé­
cues, les questions se multiplient et
té­moignent d’une connaissance assez
précise de l’actualité internationale de
la part des 120 séminaristes.
EGLISE
stes brésiliens
Visite du monastère des bénédic­
tines qui écoutent avec beaucoup d’in­
térêt le témoignage du P. Alexandre,
elles sont très renseignées sur les rela­
tions entre catholiques et orthodoxes.
Les cours reprennent l’après-midi.
Le dialogue interreligieux ne se pose
pas encore concrètement en Amérique
latine mais suscite chez les sémina­
ristes des questions très pertinentes.
On peut distinguer trois positions : 1)
l’exclusivisme qui ne voit de salut que
dans l’appartenance visible à l’Église ;
2) l’inclusivisme qui distingue l’apparte­
nance visible pour ceux qui ont connu
l’Évangile et l’appartenance invisible
sa­lu­taire pour les autres ; enfin 3) le
pluralisme qui admet d’autres voies sa­
lutaires que l’Église, Corps du Christ. La
première position n’est pas admissible
même si les chrétiens l’ont admise au
cours des siècles. La troisième position
fait l’objet de discussions, mais l’ecclé­
siologie qu’implique le pluralisme n’est
pas compatible avec l’enseignement du
Concile Vatican II et celui des papes
contemporains qui enseignent l’inclu­
sivisme.
La conférence du P. Alexandre sur
les martyrs orthodoxes russes à l’épo­
que soviétique fait impression : n’estce pas la plus vaste persécution, avec
le génocide arménien, de l’histoire de
l’Église ?
Visite au Carmel avec le P. Ivanor
membre des légionnaires, les martyrs
de la Russie soviétique et de la Chine
actuelle sont évoqués. Derrière la clô­
ture les carmélites sont très attentives,
c’est leur vocation de missionnaires
dans une vie contemplative qui a per­
mis à l’une de leurs sœurs, Thérèse de
Lisieux, d’être proclamée patronne des
missions aux côtés de François Xavier.
Ce matin, célébration de la messe
en latin comme chaque jeudi. La piété
de ces 120 séminaristes est édifiante.
Elle prend bien des formes, notamment
celle d’une dévotion mariale très fer­
vente.
Une table ronde sur l’uniatisme
ras­semble six intervenants, trois ortho­
doxes et trois catholiques. Le concile de
Florence (1439) qui a, pendant 14 ans,
réalisé l’unité des grecs et des latins à
la veille de la chute de Constantinople
(1453), est interprété différemment par
le P. Alexandre et par moi, mais on s’ac­
corde pour dire que si les «uniates» ont
le droit de vivre en Ukraine et ailleurs,
Le comportement affectif des
nouvelles générations fait problème
(
FRANCECatholique n°3087 5 octobre 2007
19
EGLISE
l’ «uniatisme» n’est pas une solution
pour réaliser l’unité aujourd’hui. En
ce mois de sep­tembre, la commission
mixte, catholique/orthodoxe, discute à
Ravenne de l’autorité dans l’Église et
principalement de la mission du suc­
cesseur de Pierre.
Le soir on accueille le Métropolite
melkite de l’Église antiochienne auto­
céphale, Mgr Damaskinos, pour une li­
turgie byzantine célébrée en portugais.
Le vendredi nous allons visiter le sé­­
minaire où se forment les légionnaires.
Les séminaristes sont une soixantaine
et nos conférences sur la Chine et la
Russie suscitent beaucoup de ques­
tions. On est frappé par la qualité de
ces futurs prêtres qui viennent de plu­
sieurs pays d’Amérique latine. Un cadre
forestier magnifique a été mis à leur
disposition par les Bénédictins aux en­
virons de São Paolo. Les candidats pro­
viennent des classes moyennes et plus
aisées qui avaient été souvent découra­
gées lorsque la théologie de la libéra­
tion inspirait l’action missionnaire dans
les années 70 et 80.
Samedi, jour de notre départ, un
bap­­tême à la cathédrale me donne l’oc­
casion de revoir tous les anciens amis des
séjours précédents et d’avoir des conver­
sations à propos de la situation actuelle,
aussi bien ecclésiale que sociale, du Bré­
sil sous la présidence de Lula.
Je résume maintenant des conversa­
tions sur la situation ecclésiale et po­
litique du Brésil aujourd’hui.
La ville de São Paulo compte 10 mil­
lions d’habitants et le grand São Paulo
20 millions. Environ le quart d’entre
eux vivent dans les immenses favelas,
proportion considérable qui ne sem­
ble pas diminuer d’une année à l’autre,
même avec un président qui appartient
au Parti du Travail. L’on constate une
absence de chrétiens engagés politi­
quement dans ce pays, devenu mainte­
nant la huitième puissance économique
mondiale et qui s’affirme encore majo­
ritairement catholique (73 %). (1)
Les évêques, qui se sont réunis au­
tour du Pape lors de sa visite du prin­
temps dernier, sont davantage pré­
occupés par leurs tâches proprement
missionnaires que par la situation poli­
tique sans oublier pour autant la misère
du grand nombre.
La formation des prêtres pose des
questions anciennes et nouvelles. An­
ciennes comme la rareté relative des
vo­cations ; nouvelles en raison de la
sé­cularisation croissante de la société
brésilienne et des caractéristiques du
clergé. En simplifiant on pourrait dire
que ce sont moins les idéologies qui
font problème que le comportement
affectif des nouvelles générations
même chez les prêtres et les sémina­
ristes. C’est une question qui se pose
partout à l'Église dans le monde, mais
( Former un clergé diocésain
instruit et adonné à la prière
20 FRANCECatholique n°3087 5 octobre 2007
plus particulièrement au Brésil où tout
se conjugue pour intensifier les risques
dans une population pleine de qualités
humaines mais fragile aussi bien chez
les riches que chez les pauvres. On s’ac­
corde ici pour dire que d’une manière
générale, la corruption - par l’argent et
la sexualité - constitue le défi principal
à l’évangélisation.
La misère et les sectes n’arrangent
rien, mais la priorité aujourd’hui est de
former un clergé diocésain instruit et
adonné à la prière. Les nouvelles com­
munautés d’origine européenne ou bré­
silienne constituent une espérance que
le Pape a évoquée lors de son voyage
en mai 2007.
L’Amérique latine connaît de grands
changements. Le Brésil en est le centre
géographique et son poids démogra­
phique lui donne une importance toute
particulière. Il est certain que la misère,
encore si massive dans ce grand pays,
est à l’origine de bien des maux et pas
seulement d’ordre économique ou même
politique. Le substantiel document de la
conférence des évêques d’Amérique la­
tine, qui s’est réunie autour du Pape au
sanctuaire marial d’Aparecida, a fait le
point de la situation. Un des enjeux es­
sentiels est la formation des prêtres au
plan théologique et surtout spirituel. Ce
que nous avons vu au séminaire Maria
Mater Ecclesiae d’Itapecerica, près de
São Paulo, constitue l'un des modèles
pos­sibles.
Pour finir, on peut citer une Mexi­
caine, puisque le fondateur des légion­
naires est lui-même mexicain. Voici ce
que Jésus déclara le 29 novembre 1928
à Conchia Cabrera de Arminda (18621937) mère de 9 enfants et fondatrice
de cinq « œuvres de la Croix » dont
une congrégation de contemplatives,
les Sœurs de la Croix du Sacré-Cœur
de Jésus (1897) et des Missionnaires
du Saint-Esprit (1914) : Ne veux-tu pas
sauver le monde ? Ne me l’as-tu pas demandé par ton sang avant même que les
Œuvres de la Croix n’existent ?... Eh bien,
si tu veux sauver les âmes il n’y a qu’un
moyen unique et puissant : les prêtres
saints. (2) n
(1) Le pourcentage de personnes se déclarant catholiques, qui ne cessait de
diminuer chaque année depuis les années quatre-vingt, s’est maintenant stabilisé. (2) Michel-Marie Philippon o.p.
"Conchita, Journal spirituel d’une mère
de famille", éditions de l’Emmanuel.
EGLISE
EQUATEUR
respectueux mais ferme, à toutes les institutions, familles et personnes catholiques,
pour trouver la façon d’éviter que cette loi
« préjudiciable » n’entre en vigueur.
L’organisation Azione pro-vida et
le Réseau d’organisation pour la Vie et
la Famille de l’Équateur ont lancé une
campagne pour défendre la vie en manifestant leur désaccord avec la nouvelle
Loi Substitutive du Nouveau Code de la
Santé qui encourage l’avortement, la pilule
du lendemain potentiellement abortive
et interdit l’objection de conscience au
personnel sanitaire qui se refuse à pratiquer l’avortement.
Ordination d'un
prêtre par l'évêque
de Quito.
Distribution de
l'Evangile de la Vie
à des soignants
© AED
L
a c a mpagne
Écoutez la chronique
de Marc Fromager,
chaque semaine sur :
En mars 2007, lors du Congrès national
Pro Vie et Famille, les participants ont
répété leur engagement à défendre la vie
et la famille dès sa conception, quelles que
soient les circonstances, jusqu’à son terme
naturel. Le Congrès exhorte en outre les
parents, premiers et principaux éducateurs
des enfants, à insuffler en eux l’amour, le
respect et la défense de la vie humaine, à
travers leur exemple et leur témoignage.
Les moyens de communication sociale
aussi doivent se transformer en diffuseurs
et en défenseurs de la vie. Des professionnels catholiques, des prêtres et des consacrés, chacun dans son environnement, sont
invités à être des témoins courageux et
d’efficaces diffuseurs de l’Evangile de la
vie, même si cela implique de s’opposer
à un monde qui a opté pour la culture de
mort. n
Le nouveau code de la Santé interdit
l'objection de conscience
FRANCECatholique n°3087 5 octobre 2007
(
Dans la situation difficile
du pays, l’Eglise s’engage
hardiment dans la défense
de la vie et de la famille.
électorale, qui a
culminé le 17 novembre dernier
par l’élection de l’actuel Président,
Rafael Correa, a été caractérisée
par la demande insistante d’un
changement de la structure de l’État, pour
mettre fin à la corruption, en proposant
une consultation populaire qui conduise à
une nouvelle Constitution. Toutefois, cette
aspiration a rencontré une vive opposition
de certains responsables politiques. Ceci a
poussé l’Église à lancer un appel « à maintenir le calme et la paix ».
Le 1er avril, la Conférence épiscopale a
adressé à l’ensemble du peuple équatorien
un message intitulé « Ne détruisons pas le
pays ». « La Conférence épiscopale équatorienne, toujours engagée dans la re­cherche
du bien-être de tous les Equatoriens et
attentive à la stabilité politique de la
na­­tion, regarde avec angoisse la situation
traversée par le pays, le comportement des
principaux représentants du pays, l’outrage
de la Constitution et de la loi, et elle lance
un nouvel appel à la pondération et à la
sérénité ».
Les évêques affirment qu’il ne doit y
avoir ni vainqueurs, ni vaincus dans cette
lutte, mais plutôt « des frères qui luttent
ensemble pour un avenir meilleur, pour une
patrie nouvelle, mais insérée dans le droit
et le respect mutuel ».
À plusieurs reprises dans les derniers
mois de l’année 2006, les évêques sont
intervenus pour éviter que la loi sur la santé
promue par le gouvernement équatorien
« ne porte atteinte à l’autorité des parents,
des éducateurs, des médecins et n'introduise une culture de mort, non de vie ».
Mgr Nestor Herrera, évêque de Machala
et Président de la Conférence épiscopale
équatorienne, a lancé un nouvel appel,
par Marc FROMAGER
© AED
L'Évangile
de la Vie
21
ESPRIT
FAMILLES
Enfance et sainte
par Johanne MARCHAL
Le 3e colloque de l’Association "Enfance et Sainteté" se tiendra à Paray-leMonial, pour la prochaine
Toussaint. Il est destiné
aux parents, éducateurs et
aux enfants (session spirituelle par tranches d’âge).
J
e suis maman de deux jeunes
enfants. Depuis leur conception,
je les ai remis entre les mains
de Marie car je suis convaincue
qu’elle est le passage le plus sûr
qui conduit à l’Amour. Comment pourrais-je en douter puisque mon Dieu
lui-même l’a choisie, elle, si humble et
toute immaculée pour être son premier
asile au creux de l’humanité.
Marie porte en elle l’espérance
des petits, des plus pauvres, des plus
humbles, de ceux qui croient de tout
leur cœur en la folie de l’Amour divin.
Parmi ces petits, il y a nos enfants.
Ils sont là, ils ont soif. Ils font partie intégrante de l’Église, ils sont même
son avenir.
Mais l'Église n’a-t-elle pas parfois
tendance à les oublier ? Attendra-t-on
réellement qu’ils aient l’âge de raison
pour les conduire à la Source ? Faut-il
être raisonnable pour aimer et se savoir aimé ? Faut-il savoir et comprendre
avant de pouvoir aimer, adorer, louer
Dieu ou simplement demander par­don ?
N’est-elle pas là justement la beauté
de nos tout-petits : cet accès direct au
Cœur du Père, cette confiance aveugle,
cette simplicité de cœur, cette faculté
d’abandon que nous aimerions tellement retrouver en nous-mêmes.
Le
magnifique
colloque Enfance et
Sainteté de Lourdes
à la Toussaint 2006 a
réveillé en moi ce cri
étouffé et poignant
du Père uni au Fils
et au Saint-Esprit :
« laissez venir à moi
tous les enfants ! Car
je veux les combler
de tous mes dons. Ils
portent en eux ma
promesse de résurrection pour le monde entier. Enfants
adorateurs, enfants
de la louange vous
êtes la semence de
mon amour pour
l’hu­manité ! »
L’Église de demain sera celle que
nous au­­rons préparée dès aujourd’hui.
L’enfance est un don
inesti­mable au cœur
de l’Église. Et si, pour
"Laissez venir à moi les petits enfants,
une fois, nous nous mettions à l’école
car c’est à leurs pareils qu’appartient
des enfants ? N’est-ce pas à leurs pareils
le Royaume des Cieux",
qu’ap­
partient le Royaume des cieux ?
colloque à Paray-le-Monial,
Leur
avenir est entre nos mains.
er
du 28 octobre (17h) au 1 novembre (14h).
Je suis convaincue que pour renaître,
Nombreux intervenants dont
l’Église ne peut se passer de la foi et
Mgr Cattenoz, le Père Thévenin,
le Père Guilmard, le Père de Langalerie,
de la prière des enfants. Aidons-les à
le Père Laurent-Marie, le Père Marot,
se découvrir, à grandir et à s’épanouir
Anne Alméras, le Père Geof­froy-Marie...
sous le regard du Père. Confions-les à
Marie-Joëlle Guillaume de Famille
la Sainte Famille et laissons à Marie le
Chrétienne, présentera les
soin de prendre par la main chacun de
différentes conférences.
ses petits pour les conduire tout droit
dans le Cœur grand ouvert du Père.
Dépliants disponibles sur le site
Que dire de plus pour vous inviter à
www.enfanceetsaintete.org
venir au colloque de Paray ? Une grande
Renseignements : 01.57.63.98.15.
[email protected]
joie partagée, des intervenants d’une
richesse incroyable, la foi d’une Eglise
unie qui croit en son avenir et où chacun trouve sa place... Venez et voyez
comme est bon le Seigneur ! n
( Faut-il savoir et comprendre
avant de pouvoir aimer et adorer ?
22 FRANCECatholique n°3087 5 octobre 2007
ESPRIT
té
Mgr Brincard
Père Daniel-Ange
FRANCECatholique n°3087 5 octobre 2007
23
L'Aventurier de Dieu
Werenfried van Straaten
par
Dominique Bar,
Guy Lehideux,
d'après l'œuvre originale
de Jean-Yves Clouzet et Pierdec.
FRANCE CATHOLIQUE
19/36
© Editions du Triomphe, 7, rue Bayen, 75017 Paris
à suivre...
IDEES
LE JOURNAL DE GERARD LECLERC
Œcuménisme et intégrisme
14 JUILLET
Je n'ai pas envie de commenter au­
jourd'hui les festivités nationales et le
style Sarkozy qui s'y manifeste à nouveau.
Simplement quelques mots pour évoquer
la réception de la veille, au ministère de
la France d'outre-Mer. Je ne sais qui que je me permets de remercier ici - m'y
avait invité et je m'y suis rendu avec ma
fille étudiante particulièrement intéressée
par la politique. Ce n'est pas que je pour­
suive les cartons d'invitation aux réceptions
offi­cielles. Je ne suis fidèle qu'à celles de
la nonciature, chaque année, pour l'anni­
versaire de l'élection du Saint-Père. Mais,
ma foi, à celle-ci, je ne me suis pas ennuyé.
Non seulement parce que j'y ai écouté, à
quelques mètres, le Président en personne,
et aperçu une grande partie des ministres,
mais parce que dans l'ambiance chaleu­reuse
de nos communautés des mers lointaines,
j'ai pu faire des rencontres précieuses et
au moins amorcer des conversations inté­
ressantes. Savez-vous que le sénateur de
Wallis et Futuna, qui est de famille royale,
est aussi frère en religion ? Évidemment, il
connaît très bien Mgr Jean-Yves Riocreux,
évêque de Pon­toise, qui continue à entre­
tenir des liens de communion dans tout ce
secteur du Pacifique.
Quelques mots échangés avec Fadela
Amara, et c'est Christine Boutin qui appa­
raît, rayonnante. Ce qu'elle me confie en
quelques mots me renforce dans mon sen­
timent que l'attelage qu'elle forme avec Fa­
dela est beaucoup plus solide que d'aucuns
le pensent et que le beau ministère qu'elle
a en charge lui fait un devoir de réussir
quelque chose de bien. Avec Maître Thierry
Massis, défenseur dévoué de l'épiscopat
de­vant les tribunaux, c'est le souvenir de
son grand-père, l'écrivain Henri Massis que
nous évoquons, ainsi que celui de ses gran­
des amitiés et de la blessure de leur rup­
ture : Jacques Maritain, Georges Bernanos !
L'eau a coulé sous les ponts depuis
l'entre-deux-guerres et les engagements
se sont reformulés. Nous ne sommes pas
très nombreux à garder en mémoire ce
passé de combats, de discordes farouches,
d'incompréhension entre catholiques. C'est
heureux et malheureux à la fois. Mal­
heureux parce que l'amnésie n'est jamais
bonne et qu'il y a toujours quelque chose
à retenir des convulsions d'hier. Heureux
parce que la voie est peut-être plus libre
pour les perspec­tives nou­velles et qu'il n'y a
pas lieu de rester fixé sur un passé au risque
de vains ressassements.
17 JUILLET
Comme chaque année, j'ai pris mes
quartiers d'été dans ma campagne limou­
sine. Mon hameau tranquille est à deux pas
d'une forêt où j'aime m'enfoncer en mon­
tant plus haut, jusqu'au village qui domine
un vaste paysage. Ici, on vit aisément sans
télé. La radio suffisant à ramener la rumeur
du monde, et les journaux de Paris se char­
geant de transmettre les débats citadins. Il
m'est arrivé de profiter assez largement de
la liberté intérieure de cette oasis heureuse
pour mener des réflexions plus abouties qui
ont fait des livres. Mais un journaliste ne
peut être étranger aux querelles du mo­
ment, ces débats citadins, et la lecture de
Réforme, que je reçois à nouveau, grâce
à la diligence de son directeur, Jean-Luc
Mou­ton, m'incite à revenir au courroux de
nos amis protestants face à l'instruction ro­
maine concernant l'ecclésiologie.
La colère est forte ! "Jusqu'à la nausée"
chez les réformés qui estiment que la cause
œcuménique est bafouée et que Benoît XVI,
décidément, n'a pas bougé d'un pouce par
rapport à ses prédécesseurs qui refusaient
obstinément d'entrer dans un mouvement
où il fallait renoncer à être l'unique tête.
Mais n'est-ce pas la philosophie-même
de l'œcuménisme qu'il faudrait interroger
avant de se demander s'il y a rupture de
contrat ? Il convient d'abord de se rappeler
qu'à l'origine, l'œcuménisme est un mou­
vement intra-protestant dont le but est de
rapprocher les diverses communautés issues
de la Réforme. Il y avait donc un socle com­
mun, au moins historique, pour tenter une
forme d'unité, la seule concevable pour des
protestants dépourvus d'ecclésiologie com­
mune. Par la suite, l'ouverture de cet œcu­
ménisme aux orthodoxes et aux catholiques
devait forcément poser des questions diffé­
rentes et il n'est pas sûr que les protestants
s'en soient aperçu sur le champ. N'ont-ils
pas imaginé que la pleine unité des chré­
tiens était un objet de construction, selon
un modèle inédit, celui qu'ils avaient inven­
té pour eux-mêmes et qui devrait s'imposer
à tous ?
L'œcuménisme de terrain a l'avantage
de favoriser des rapprochements en susci­
tant l'amitié des personnes et des groupes
là où hier on s'ignorait ou se battait froid.
Il est amplifié lorsque des buts concrets,
d'ordre caritatif, sont proposés. Mais ça
devient beaucoup plus difficile lorsqu'on
tente de rechercher en commun, les fonde­
ments théologiques de l'unité. Déjà certains
protestants reprochaient à l'œcumé­nisme
intra-protestant de susciter un libéralisme
solvant pour la foi. Plus tard, dans le cadre
du Conseil œcuménique des Églises, dont le
siège est à Genève, et qu'ont rejoint les or­
thodoxes, l'aspect pratique prendra aussi le
dessus. Lorsque, sous l'influence des Églises
orthodoxes, le Conseil voudra approfondir
le socle doctrinal commun, à partir d'un
document important (Baptême, Eucharistie,
Ministère), on s'apercevra assez douloureu­
sement que la moitié des Églises protestan­
tes d'Europe refusait de s'y reconnaître.
Et c'est là le fond du problème. La co­
lère des protestants contre Rome fait un
peu vite l'économie d'une ecclésiologie
vraiment commune, pour déplorer la bri­
sure d'un projet mûri entre eux et dont
ils s'étonnent à hauts cris qu'il ne soit pas
partagé. Mais il y a très loin d'une amitié
intra-chrétienne, certes souhaitable, et que
Rome n'a nullement reniée, à une commu­
nion théologale plénière.
20 JUILLET
Je reviens sur la question œcumé­
nique. Il me manque ici, dans ma re­
A l'origine, l'œcuménisme est
un mouvement intra-protestant
)
FRANCECatholique n°3087 5 octobre 2007
25
IDEES
traite, les livres de Congar que j'aimerais
consulter pour comprendre comment il a
rencontré l'œcuménisme, comment il l'a
fait entrer dans sa conscience de théolo­
gien catholique, comment il concevait les
avances de la discussion et la traduction
concrète de ses effets bénéfiques. Car je
ne puis me défaire de l'impression d'un
malentendu qui ne peut que desservir la
cause de l'unité. Si l'œcuménisme, c'est, en
effet, la pour­suite d'une construction sui
generis, d'un troisième type si l'on veut, il
s'agit d'un rêve que ni les catholiques, ni
les orthodoxes ne pourront cautionner. Il
n'est jamais que la poursuite de l'unité in­
tra-protestante qui se réclame de critères
inadéquats au regard d'une ecclésiologie
qu'on ne saurait d'ailleurs réduire à la dé­
finition de structures institutionnelles. Le
critère décisif, c'est l'eucharistie, tout en
dépend : elle est le vrai lieu de la construc­
tion de l'Église.
La construction d'un troisième type
qui prendrait ses distances avec la réalité
sacramentelle vécue par les catholiques et
les orthodoxes renvoie au mythe de la re­
ligion de l'Esprit. Analysée par le Père de
Lubac dans sa dernière grande œuvre La
postérité spirituelle de Joachim de Flore. A
quoi il faut ajouter que dans ce cadre, le
projet œcuménique est lui-même large­
ment obsolète. Qu'il devra laisser la place à
une religiosité mondiale qui fera coexister
toutes les religions du monde. Et ce n'est
pas une pure vue de l'esprit. Le Père de Lu­
bac en était alarmé et même dans le cadre
de certaines discussions entre théologiens
à Rome, après le concile, il trouvait qu'il y
avait des dérives. Ne souhaitait-il pas que
son ami Daniélou vînt à la rescousse ?
Je ne tiens pas pour négligeable la posi­
tion d'une aile protestante très en réaction
contre le libéralisme théologique et qui se
méfie justement d'un œcuménisme où elle
ne trouve pas son compte. Et puisque je ne
lâche pas mon Thibaudet, je lis avec intérêt
ce qu'il écrit de la génération protestante
qui fut à l'origine de la doctrine de notre
école publique et laïque. Ces protestantslà n'étaient sûrement pas de la paroisse de
nos anti-libéraux. Buisson, Rabier, Pécaut,
Steeg, disait Thibaudet, étaient entrés dans
l'Université "comme dans un pastorat plus
souple et plus libéral". De là une concep­
tion d'un certain ordre spirituel, d'une va­
)
gue religiosité, qui prend la place du chris­
tianisme des dogmes. Thibaudet remarque
encore qu'il y eut, après Ferdinand Buisson,
une étape nouvelle, celle de l'introduction
de l'enseignement sociologique dans les
écoles normales d'instituteurs à l'initiative
de Paul Lapie : « Par là, l'État a fourni, dans
ses écoles, aux instituteurs, ce que l’Église
dans ses sémi­naires fournit aux adversai­
res des instituteurs : une théologie. Lapie
s'imaginait qu'à cet enseignement, les ins­
tituteurs réagiraient critiquement. Pas du
tout, ils réagissent théologiquement. »
Bien sûr, voilà largement franchies les
bornes de notre propos initial et je n'impu­
terai pas à nos amis protestants une dérive
équivoque qui les entraînerait là où ils ne
désirent pas du tout aller. Mais il n'est peutêtre pas inutile d'explorer cette trajectoire
qui, partant du théologique, aboutit à un
vague spirituel et, partant de l'ecclésiolo­
gie, aboutit à la sociologie.
22 JUILLET
Tout ce qu'écrit Paul Thibaud, l'ancien
directeur d'Esprit, dont j'ai fait la connais­
sance il y a bien longtemps, me retient
toujours. Sa pensée vraiment personnelle,
libre, souvent à contre-courant, constitue
un sti­mulant à réfléchir, non seulement
hors des voies trop bien balisées, mais
surtout là où c'est le plus fructueux. C'est
pourquoi j'ai lu avec avidité la tribune
qu'il donne au Monde du samedi-diman­
che sous le titre "Benoît XVI organise le
repli sur la doc­trine". Disons-le d'emblée :
j'ai des objections importantes à formuler
sur son analyse des orientations de Benoît
XVI. Mais là où, d'ordinaire, la critique la
plus aigre et souvent la plus conformiste
se développe dans le mépris de l’Église ou
du Pape, Paul Thibaud nous offre une ré­
flexion tendue, complexe, problématique
en ce sens où il ne boucle pas ses propres
concepts sur eux-mêmes, les laissant en
suspens avec leurs énigmes. Cela ne faci­
lite pas une discussion simple, mais c'est
autrement stimulant qu'une polémique vi­
rulente et fermée dans son système auto­
référentiel.
Je ne suis pas sûr de l'expliquer, de le
com­menter ou le discuter avec l'ampleur
qui conviendrait, mais je me lance à mes
risques et périls.
L'intégrisme est-il à son avis pure
horreur sans aucune justification ?
26 FRANCECatholique n°3087 5 octobre
2007
Première proposition : Paul Thibaud
craint que l'intégrisme ne se développe et
ne s'affirme autour d'une liturgie qui exclue
l'Ancien Testament de ses lectures et se si­
gnale ainsi par une identité trop bien ca­
drée. Mais ce n'est pas tout à fait exact : le
rite dit désormais "extraordinaire" n'exclut
pas complè­tement l'Ancien Testament qu'on
retrouve en certaines occasions, la Semaine
sainte notamment. Par ailleurs, tout n'est
pas fixé à ce sujet, et beaucoup de traditio­
nalistes entrevoient des adaptations ou des
introductions comme de nouvelles fêtes de
saints. Mais il y a autre chose : l'intégrisme
est-il à son avis pure horreur, sans aucune
justification ? Convient-il de le laisser à son
splendide isolement, à sa logique autiste ?
Paul Thibaud me répondra que c'est dans
sa nature et qu'il ne serait plus l'intégrisme
s'il parvenait à se décrisper. Je ne suis pas
aussi assuré qu'il n'y a rien à faire de "ces
gens-là" et qu'on est forcément mal venu
de débattre avec eux. Et puis notre liturgie
"conciliaire" ne correspond pas toujours
à ce qu'elle devrait être. Quand elle n'est
pas ronronnante, il lui arrive d'être plate,
sur­tout quand un accompagnement choral
plus que médiocre n'incite guère à entrer
dans le mystère célébré. Alors si le Motu
Pro­prio pouvait secouer cette torpeur, par
émulation peut-être, sûrement par appro­
fondissement de ce qu'est la liturgie, ce
serait un gain considérable.
Seconde proposition : la façon dont
s'ar­ticulent l'Église-sacrement du salut et
l’Église faite d'hommes-pécheurs conduit
souvent à la schizophrénie. Identité idéa­
le et mise en œuvre qui se traduit par le
dossier historique que l'on sait, sont sans
cesse en tension mais leur rapport n'est
pas vraiment clair. Paul Thibaud met en
cause une conception de la foi. Le mieux
est de citer le passage le plus décisif de
son texte : "La conception magique de la
foi dévalorise le monde, lieu de chute, au
mieux espace neutre, alors qu'une foi es­
pérante se formule et se reformule dans
le temps à l'épreuve du temps ; elle n'est
pas séparée de l'Histoire mais informée par
celle-ci. C'est dans leur époque, défiés par
celle-ci qu'un Las Casas et un Bonhoeffer
ont été témoins de la foi".
Je ne me sens pas en désaccord avec
cette problématisation, mais elle ré­sulte
pré­cisément de la nature divino-humaine
de l'Eglise. Si celle-ci n'était pas à la fois
pure sacramentalité de Dieu et incarnation
toujours bousculée au risque de l'Histoire, il
n'y aurait pas cette dynamique paradoxale
IDEES
qui fait l'originalité de cette constitution
sui generis. Paul Thibaud me semble juste­
ment averti des deux déviations pos­sibles
qui résultent de la difficulté d'être fidèle
aux deux dimensions de la vocation du
chrétien. Il n'ignore pas que "la convergen­
ce facile avec la modernité" est le pendant
progressiste de la tentation traditionaliste
d'une restauration de la chrétienté. Reste­
rait à examiner l'interminable dossier his­
torique de l'incarnation du christianisme.
Jean-Paul II avait encouragé, à travers la
démarche de la repentance, ce passage au
crible des siècles, sans jamais vouloir cé­
der au dénigrement unilatéral, pendant de
l'idéalisation du passé.
Mais ici se dessine le dispositif accu­
satoire que Paul Thibaud dresse à l'en­
contre de Benoît XVI, et ce pourrait être
la troisième proposition : Faire de ce qui
est exigence décisive l'objet de confiance,
la fidélité au Christ, une assurance extrinsèque, un droit acquis, et ainsi se réfugier
dans une conscience anhistorique. Sur ce
point, je ne puis acquiescer au procès fait
au Pape, mais il faut que je m'explique, non
sans préciser que je ne considère pas com­
me imaginaire cette propension à sortir de
l'Histoire au nom d'une conception étrange
d'une insertion de la foi dans le temps. Pour
moi, celle-ci devrait relever d'un paradoxe
permanent, d'un mixte improbable entre la
faillibilité hu­maine et le miracle de la sain­
teté. C'est pourquoi elle suppose, de la part
des baptisés, un engagement créatif, auda­
cieux, parfois héroïque, mais aussi humble,
fragile, sujet aux chutes et aux contradic­
tions.
Mais quant à l'idée selon laquelle Be­
noît XVI organiserait "le repli de l'Eglise
sur la doctrine", je n'y crois pas un instant.
Tout d'abord, si le Pape est un théologien
"par profession" et même un maître dans
ce domaine, il est le dernier à penser que
la doctrine puisse constituer le moins du
monde un refuge hors la vie. Elle est le lieu
d'un affrontement - je reprends à dessein
une expression clef d'Emmanuel Mounier "permanent". Cela n'a jamais cessé depuis
le début du christianisme, où chaque épo­
que a déterminé des désaccords doctrinaux
souvent très durs. Depuis ses années de for­
mation, Joseph Ratzinger a été plongé dans
des controverses, et il lui est même arrivé
d'en souffrir pour sa thèse de doctorat qui
n'a pas été acceptée d'emblée. Par ailleurs,
il s'est toujours montré sou­cieux du débat
avec ceux qui ne pensaient pas comme lui,
ou ne partageaient pas sa foi. Il s'est ex­
pliqué avec Habermas à Munich, avec le
rationaliste athée d'Arcais à Rome, et il a
reçu son ancien collègue Hans Küng.
C'est un premier point sur le "repli". Si
Paul Thibaud entend plus précisément que
le souci exclusif de l'orthodoxie irait à l'en­
contre d'une attention au monde tel qu'il
va - ne parle-t-il pas de la mondialisation
et de l'horizon éthique dont elle a besoin ?
- je ne suis pas non plus d'accord, car j'en
attends la démonstration qui ne me sem­
ble pas pouvoir s'imposer. Ne saute-t-il pas
allègrement à pied joint sur les nombreux
textes de Joseph Ratzingez qui concernent
la modernité, la pensée politique dans ses
développements au cours des derniers siè­
cles et son actualisation contemporaine ?
A-t-il mesuré les enjeux considérables pour
aujourd'hui de cette contribution majeure
qu'est la conférence de Ratisbonne ? Je
cherche vainement ailleurs l'équivalent de
cet effort pour penser les questions et les
apories de notre temps. J'ajoute qu'à pro­
pos des relations avec le judaïsme, qu'il
évoque au sujet de l'ère médiévale, Benoît
XVI s'est montré le ferme continuateur de
Jean-Paul II, en accord avec le message du
cardinal Lustiger.
Et l'islam ? On a suffisamment repro­
ché au Pape le préambule de Ratisbonne
pour ne pas juger maintenant qu'il serait
frileux dans sa façon d'aborder ce qu'il y
a de plus potentiellement explosif dans les
débats d'aujourd'hui. Le voyage qui suivit
en Turquie ne fut nullement à mon sens
un désaveu des principes qui avaient été
posés, mais l'expression d'une volonté de
dépasser les conflits, d'assurer coûte que
coûte le respect, comme en témoigne son
geste dans la Mosquée bleue d'Istanbul. Je
ne sais si mes objections pourront avoir
quelque effet sur Paul Thibaud, pour peu
que je l'aie compris et traduit.
J'ai voulu les énoncer, ne serait-ce que
pour répondre à ce qu'en moi-même, son
article du Monde avait produit comme im­
pression. Ma réponse est incomplète - j'en
suis conscient - parce que je ne reprends
pas son argumentaire entier et que je laisse
de côté sa théorisation de l'Histoire plus
ou moins reprise de Maritain, avec le rêve
pour l’Église de constituer la fin de l'His­
toire au Moyen Âge et la tentation de se
mettre hors jeu quand ce rêve a été aboli.
Je ne puis m'étendre sur ce vaste sujet qui
me passionne mais réclamerait des mises
au point complexes. Rien non plus à propos
de la colonisation de l'Amérique latine et
du sort des Indiens évoqué par Paul Thi­
baud à cause de la polémique soulevée à
la suite du voyage du Pape au Brésil. Mais
le Pape n'a-t-il pas opéré lui-même à son
retour une réflexion qui l'exonère d'une vi­
sion angélique de l'évangélisation du conti­
nent ?
25 JUILLET
Si je n'avais pas été puissamment in­
téressé par Paul Thibaud, je ne continuerai
pas à remuer ses arguments dans ma tête.
Sa crainte d'un repli de Rome s'explique
principalement par l'at­tention portée aux
revendications intégristes. Comme si le
pôle traditionaliste était devenu détermi­
nant pour le Pape et commandait la straté­
gie de l’Église ! Il y a une part de vrai dans
cette appréciation. Une part seulement
qu'il faut mesurer pour ce qu'elle est. Selon
Joseph Ratzinger, la liturgie est essentielle,
et ce qu'elle est devenue, ce qu'elle est, ne
correspond pas à son attente. Une réforme
de la réforme lui a paru, depuis longtemps,
indispensable, et les critiques traditiona­
listes fondées sur plusieurs points. En ce
qui concerne l'ecclésiologie, même s'il y a
convergence, ce n'est que la seule exigence
de cohérence théologique qui a conduit le
cardinal, puis le pape à rappeler les princi­
pes tout à fait élémentaires.
Cela ne signifie pas un démenti par
rapport aux grandes orientations conciliai­
res et à celles de Jean-Paul II. Bien sûr, la
différence de personnalité et de charisme
peut conférer au gouvernement de l’Église
l'inflexion d'un certain style, l'accentuation
de certains traits. On ne réagit pas à 80 ans
comme à 58 ans, âge où Jean-Paul II fut
propulsé au sommet. Il m'a semblé, depuis,
que l'élection de Benoît XVI, que c'était
d'abord par l'expression d'une pensée forte
que le Pape marquerait son temps. Je n'ai
pas été déçu sur ce terrain avec les grands
textes écrits, de la première encyclique, à
l'ouvrage sur Jésus. Je n'exclus pas des ges­
tes intéressants même si l'activité déployée
ne pourra égaler celle du prédécesseur.
Mon problème, avec Paul Thibaud, c'est
que je ne suis pas persuadé qu'il se soit
vraiment concentré sur l'originalité de la
pensée du Pape, ce qui pourrait expliquer
notre divergence d'analyse. ■
Retrouvez régulièrement, le Journal
de Gérard Leclerc sur le site internet
www.france-catholique.fr
FRANCECatholique n°3087 5 octobre 2007
27
COURRIER
Œcuménisme
Je lis le compte-rendu d’Antoine Arjakovsky consacré (in
FC n°3085 du 21 septembre) au
3e rassemblement œcuménique
de Sibiu (Roumanie) auquel
j’ai participé. Il est dommage
que M. Arjakovsky n’ait pas mis
l’accent sur une ligne de fracture à mes yeux encore plus
importante que le nationalisme
et le repli identitaire : je veux
parler du relativisme éthique.
Il est vrai que cette question a été soigneusement oc­­
cultée au cours des débats où
l’on a beaucoup trop parlé, en
re­­vanche, de réchauffement cli­
matique. Seul le métropolite
Kirill de Smolensk l’a abordée
de front, à la russe (voir son
discours en ligne sur le site du
rassemblement : www.eea3.
org). Elle dérange car elle apparaît comme une cause nouvelle
et profonde de fracture parmi
les chrétiens. Pour faire bref,
elle met d’un cô­té les catholiques (pas tous) at­t achés à la
Tradition et à l’enseignement
moral de l’Eglise romaine et les
orthodoxes du moins ceux qui
paraissent pouvoir s’exprimer
au nom de ces chrétiens- et de
l’autre les protestants et une
partie du monde catholique
déjà gagnée au relativisme.
Il est révélateur de voir le
sort réservé dans le message
final à la courte mention de
la protection de la vie depuis
le commencement de la vie
jusqu’à la mort : elle a fini par
être escamotée et ravalée dans
une note en bas de page officieuse. A Sibiu, on n’a eu de
cesse de revenir sur la protection de la création, sans doute
impor­tante, mais on a bien peu
parlé de la protection de la vie
humaine, pourtant primordiale.
Il ne me semble pas faire
de doute que le relativisme
éthique qui imbibe de plus en
plus les chrétiens d’Occident
fait repoussoir pour les orthodoxes, notamment les Russes :
cela leur donne un excellent
pré­t exte pour se démarquer
de la démocratie libérale occidentale suspectée, non sans
raison, de faire le lit de l’antichristianisme.
À Sibiu, les représentants
de l’Église catholique sont restés en retrait sur cette question
hautement sensible. Mais cette
posture est-elle tenable ?
La visite du Patriarche
Alexis II pourrait être l’occasion
pour France Catholique d’interroger plus profondément l’état
de la doctrine sociale orthodoxe sur ce problème crucial pour
l’avenir de l’unité des chrétiens
en Europe et donc pour l’unité
du continent.
Philippe Pouzoulet
Contraception
Je viens de lire l’article de
Tugdual Derville paru dans
France Catholique du 21 de
ce mois. [...] Vous reprochez à
la pilule contraceptive d’être
la cause de nombreux avortements, consécutifs, entre
autres, à l’oubli de sa prise.
Certes, mais croyez-vous vraiment que ces méthodes soient
tout à fait à la portée de ces
jeunes couples pris dans la
passion amoureuse ?
Bien sûr que Jean-Paul II
avait raison de préconiser la
fidélité comme moyen de lutte
efficace contre le Sida, pour
autant allez-vous condamner le Père Guy Gilbert de
distribuer des préservatifs à
ses ouailles lesquelles sont à
mille lieues des préoccupations parfaitement légitimes
de Jean-Paul II, Pape pour
lequel j’ai la plus grande vénération simultanément ? Dans
le même ordre d’idée, avezvous été choqué en son temps
d’entendre Mgr Lustiger déclarer, je cite de mémoire, que si
l’on n’était pas en état de se
contrôler, mieux valait utiliser
le préservatif que de courir le
risque de recevoir la mort ou
de la donner.
J’ai 4 enfants, 3 jeunes
adultes (de 18 à 22 ans) et 1
ado­lescente. Mon épouse et
moi-même, nous les avons mis
en garde autant que faire se
peut et, bien sûr, nous souhaitons de tout notre cœur qu’il
ne leur arrive pas trop d’aventures, mais il leur en arrivera
tout de même, je le crains, et
surtout, ce que nous craignons,
c’est que ces aventures ne leur
laissent trop un sentiment de
désarroi ou de trahison. Nul
n’est à l’abri, et aussi scandaleux que cela puisse vous
paraître, je préférerais très net-
28 FRANCECatholique n°3087 5 octobre 2007
tement dans ce cas que mes
enfants utilisent une méthode
de contraception artificielle
plutôt que de courir le risque
d’une grossesse non désirée,
ou d’attraper le Sida.
Que nous le voulions ou
non, nous ne sommes plus du
tout dans la société encore
"chrétienne" des années 50
(je parle pour moi, car je suis
nettement plus âgé que vous),
nous n’avons pas su transmettre aux nouvelles générations
nos valeurs, et nous avons sans
doute gravement péché en la
matière. Toujours est-il que
nos conceptions, aussi justes
soient-elles, sont en complet
décalage avec notre société
et, me semble-t-il, il faut bien
s’en accommoder sans pour
autant, bien sûr, renoncer à nos
valeurs.
D’ailleurs, êtes vous persuadé réellement que ces valeurs
sont partagées majoritairement
par tous les chrétiens engagés
dans notre Eglise de France ?
Pour ma part, une expérience
récente, au sein de mon diocèse, me persuaderait presque
du contraire...
Dominique
Père Basile Moreau
Abonné depuis plusieurs
années de France Catholique,
dont j'aime à découvrir les
articles chaque semaine, j'ai lu
avec une attention particulière
l'article consacré à la béatification du P. Basile Moreau,
fondateur de la Congrégation
de Ste-Croix, dont je suis
membre (n°3086 du 28 sept.
2007). Je tiens à vous remercier pour le compte-rendu de
cette célébration, qui exprime
bien ce qu'est notre famille
religieuse et ce que fut le rite
du 15 septembre au Mans.
Seule manque, la mention
par­mi nos œuvres françaises
du collège-lycée Notre-Dame
d'Orveau, en Anjou, où nous
sommes présents depuis 1919.
On peut même dire que c'est
par le biais de ce lieu que notre
congrégation a pu se réimplanter en France après les lois
anti-congréganistes du début
du siècle.
Aujourd'hui, ce sont plus de
350 élèves, dont 280 in­ternes
- parmi lesquels nombre de
Fran­ciliens - que nous accompagnons dans ce souci d'une
formation intégrale de la personne. A l'occasion, n'hésitez
pas à visiter son site internet :
www.orveau.com.
R.P. Romuald Fresnais
Urgence de la mission
J’ai pris connais s ance
du texte du P. Gitton dans
le FC n°3085, sur l'urgence
de la mission [...] Sa réponse
à cette question, qu'il pose
bien, me paraît très allusive, et
semble dire que, même si Dieu
est miséricordieux, nous devons
faire "comme si" le salut de
tous les hommes ne dépendait
que de nous. J’aimerais qu’il
précise sa pensée. Car il est
impossible de se satisfaire d’un
"comme si". Ou plutôt, une telle
faiblesse risque d’être retournée contre nous par nos adversaires.
Fabrice
[Je suis heureux que vous ayez pris
en considération mon texte intitulé « Dieu veut que tous les hommes soient sauvés », mais je suis
un peu surpris de la conclusion
que vous en tirez. La miséricorde
de Dieu n’est pas en cause, le problème n’est pas là : Dieu est toute
miséricorde et il veut que tous les
hommes soient sauvés. Ce n’est pas
la question du mérite, où Dieu serait
supposé plus ou moins exigeant
sur nos œuvres. La question est de
savoir si nous sommes oui ou non
sauvés par la foi. Je réponds oui
avec saint Paul et avec la récente
déclaration luthéro-catholique.
Michel Gitton]
Immigration
Peut-être ne serait-il pas
inutile de rappeler aux chrétiens (et aux autres) la position
des Eglises de France sur le
su­jet de l'immigration débattu
en ce moment à l’Assemblée
na­tionale ? Je me plains souvent que les Eglises ne s’expriment pas sur les sujets
d’ac­­tualité. Elles le font, mais
ne sont peut-être pas assez
relayées. Moi qui m’intéresse à
cette question, je ne connaissais pas le texte du mardi 25
avril 2006, qui m’a été transmis
par un ami. Je le dépose sur le
forum www.france-catholique.fr
Marie-Hélène
expositions
Daniel de Spirt
Lumière
et sculpture
par Pierre François
L'entreprise Martin frères, en
Suisse romande, propose une
exposition de Daniel de Spirt.
D
aniel de S pirt , dont on a déjà vu le
travail, expose en ce moment en
Suisse romande. Un des patrons de
l’entreprise Martin frères, de Vallorbe,
est également collectionneur d’art
construit. Il a donc dégagé un espace du siège
social pour en faire un lieu d’exposition dédié
à ce courant. La galerie, qui organise trois à
quatre expositions l’an, est depuis 1999 le seul
endroit francophone à y être exclusivement
consacré. Certes, l’esprit latin de la région s’accommode un peu moins bien des droites et
carrés de cette forme d’art que l’esprit rigoureux
germanique, mais cela n’empêche pas ce lieu
d’exposer des œuvres de bonne tenue. Daniel
de Spirt y ex­pose ainsi 25 œuvres en plexiglas,
mais aussi une dizaine sur carton, ou
sérigraphiées sur papier, voire imprimées numériquement.
Si on y retrouve des colonnes, dans
la continuité de ses premières inspirations, on découvre aussi des cubes d’expression plus ramassée, « volumique ».
Il est exposé en compagnie de
Gerhard Dœhler, un Allemand dont le
travail se marie tout à fait avec le sien
jusqu’au 21 octobre.
(1) Louis Martin, 2, Champs-de-laCroix, CH-1337 Vallorbe, Suisse, tél. 00
(41) 21.843.12.29. Ouverture le mercredi, samedi et dimanche (14h-16h).
FRANCECatholique n°3087 5 octobre 2007
29
expositions
Le Pape porté
sur la sedia.
Personnages
en Plomb peint,
Paris, CBG.
Début du XX° siècle.
Musée de Fourvière
L'enfant,
par Désiré Sozet
e
Cependant, quelques représentations attestent
du statut de la poupée comme jouet, la gravure
de Surugue d’après une peinture de Chardin en
est un témoignage éloquent ainsi que la peinture
de Drouet du Musée de Grenoble.
ièr
rv
ou
.
rt F
. pa ée de
ll
Co Mus
©
Le muse d’art religieux
de Fourvière propose cet
automne une exposition
consacrée au jeu religieux
et à son impact spirituel et
catéchétique sur l’enfant.
30 FRANCECatholique n°3087
5 octobre 2007
our
vièr
e
de F
usée
t. ©
M
. par
l’oie et de cartes ; la Bible, histoire
sainte et Evangiles avec également les jeux de
parcours et les cartes mais aussi avec le théâtre
et les déguisements ; la liturgie avec l’initiation
au service de l’autel, les jeux à dire la messe, les
découpages et personnages de plomb ; la prière
avec le mois de Mai et, enfin la vocation reli­
gieuse avec le jeu à dire la messe et les poupées
religieuses.
Il existe de nombreux jeux religieux sou­
vent copiés sur les jeux laïcs et faisant appel à
la même pédagogie ludique : jeu de l’oie ou de
parcours qui mène à l’Enfer ou au Paradis, jeu des
sept familles, personnages en plomb moulé ou
en carton peint, à découper pour composer une
procession, jeu de cubes et de construction.
La problématique de la poupée religieuse est
plus difficile à cerner.
La frontière
entre la
poupée
religieuse
jouet et
la poupée
re­l igieuse dévo­
tionnelle est fluctuante.
Coll
P
Le catéchisme
et l’enseignement religieux
initient les
ar le jeu, les pédagogues permettent
à l’enfant d’aborder les divers espaces enfants aux
sacrés qui compose la religion catho­ rites de l’Eglise
lique : la doctrine avec les jeux de
Jeux de messe
Le jeu liturgique est une merveilleuse intro­
duction à la splendeur et à la poésie de la liturgie
eucharistique. Après le Concile de Trente, l’Eglise
en a bien compris les enjeux et a encouragé les
familles et les catéchistes dans cette voie.
Au XIX e siècle et jusqu’au milieu du XX e
siècle, la liturgie est au cœur de la vie religieuse
des familles catholiques et la figure du prêtre
est familière. Le catéchisme et l’enseignement
religieux initient les enfants aux rites de l’Eglise
car la langue latine et les gestes hiératiques des
célébrants ne peuvent être compris
sans explication. Une attention par­
ticulière se porte vers les garçons,
prêtres en puissance, pour leur faire
prendre conscience d’une éventuelle
vocation sacerdotale. Cette initiation
qui débute au sein de la famille et se
poursuit au collège ou dans la paroisse,
se fait également par le jeu et la pra­
tique. En servant à l’autel, le jeune gar­
çon approche les saints mystères ; l’ac­
tivité ludique lui permet de s’intégrer
dans le monde des adultes dont il
reproduit les gestes. C’est également
une manière de démystifier les
choses sérieuses. Le jeu de messe
et une panoplie de prêtre permet­
tant de jouer à la messe ou à la
bénédiction du saint-sacrement
le plus sérieusement du monde. Il
comprend tout le matériel néces­
saire pour la célébration liturgi­
que adapté à la taille de l’enfant.
Le jeune servant de messe qui est un
Abbesse d'Epinal
Poupée religieuse.
Reproduction du costume de l’abbesse
du chapitre noble d’Epinal, dissous en 1790.
Soie, laine, fourrure de lapin, vers 1950.
expositions
subalterne au service du prêtre célébrant, devient,
grâce au jeu, l’acteur principal du rite sacré en
tenant le rôle du prêtre auquel il s’identifie. Il
pénètre ainsi de l’intérieur le sens de la liturgie.
Pour le jeune catholique, c’est une manière d’in­
tégrer dans sa vie les gestes qui vont nourrir sa
foi des années durant, même s’il ne s’oriente pas
vers le sacerdoce. Les filles aussi sont concer­
nées ; la petite Thérèse Martin qui deviendra
sainte Thérèse de l’Enfant Jésus, jouait elle aussi
à la messe.
Le jeu de messe se compose du mobilier
et des vêtements liturgiques. Le mobilier qui
comprend toujours l’autel et quelquefois une
chaire et une table de communion. Souvent
l’autel est une fabrication artisanale due à l’ha­
bilité du père de famille. Les vases sacrés sont
façonnés en bronze, en plomb doré ou en laiton.
Quelques autels présentent de plus une exposi­
tion pour l’ostensoir. Les vêtements liturgiques
et les linges sacrés sont également copiés sur
le patron des grands, dans toutes les couleurs
liturgiques. On en trouve de deux tailles, une
taille d’enfant
qui permet au
jeune garçon de
les porter et une
taille plus réduite.
L’enfant revêt ces
vêtements sur
une aube. Il porte
quelquefois par
dessous une sou­
tane et se coiffe
d’une barrette. Les
vêtements de très
petite taille ont
un rôle plus péda­
gogique ; ils sont
destinés à habiller
une poupée ou
seulement à visua­
liser les différentes
pièces du costume
liturgique.
Ce jeu est
très en vogue au
XIX e siècle et au
« Introïdo
ad altare
Deo,
je m’avancerai
jusqu’à l’autel
de Dieu,
le Dieu qui
a réjouit ma
jeunesse »
Une panoplie miniature
© Paris, Bibliothèque nationale.
jeu,
et Dieu
XXe siècle jusque vers 1960, cependant quel­
ques objets liturgiques miniaturisés se rencon­
trent dès le XVIIe siècle ; le jeune roi Louis XIII
reçoit du ministre Sully un calice et encensoir
en plomb pour jouer. Dès le milieu du XVIIIe
siècle, des merceries proposent des ensembles
de chandeliers, calice, burette, encensoir, c’est
le cas du Miroir de Venise, de Bruxelles. Au XIXe
siècle, les panoplies de vêtements liturgiques
sont confectionnées par les religieuses ; les
carmélites de Saint-Martin-lès-Boulogne en
produisent en­core en 1925. Les magasins d’ar­
ticles religieux s’y intéressent vers 1880. Si
l’autel et les vêtements sont souvent confec­
tionnés dans les
familles, on ren­
contre également
des pièces d’excel­
lente fac­ture dues
à l’habileté d’une
chasublière profes­
sionnelle ou d’un
ébéniste, et qui
témoignent de l’art
religieux contem­
porain.
Le jeu se joue
à la maison entre
frères, cousins et
amis, mais égale­
ment à l’extérieur
dans la rue. Un
au­teur belge établit
un parallèle entre
l’activité liturgique
et l’activité ludique,
toutes deux ont de
nombreux points
communs : espace
© Musée de Fourvière
le
L’inclinaison de l’âge
Jeune fille jouant avec
une poupée religieuse.
Gravure de Surugue
d’après l’œuvre peinte
de Chardin, 1743.
FRANCECatholique n°3087 5 octobre 2007
31
expositions
© Coll. part. © Spaarnestad Photo
isolé de l’entou­
Les jeux de
rage quotidien,
procession sont
endroit consacré
composés de
(l’église, le camp)
per­s onnages en
même attitude
plomb moulé ou
authentique, l’en­
en carton peint,
fant se donne à
à découper pour
fond avec élimi­
composer une
nation de la vie
procession du
courante.
Saint-Sacrement,
Si le jeu de
des Rogations, du
messe a dis­
Mois de Marie ou
paru aujourd’hui
de la Cour pa­pale.
et peut même
Les planches à
paraître un jeu
découper sont
équivoque, il est
ré­pertoriées chez
encore présent
Pellerin à Epinal.
La procession de la
dans le souvenir
fête Dieu, avec le
des anciens ; de
Saint-Sacrement
nombreux prêtres
p
orté par le
se souviennent
Jeu de messe.
prêtre
sous
un
dais
entouré
de
clercs,
de fabri­
d’avoir joué ainsi avec leurs frères, la plupart en
Photographie,
ciens, de porte-bannière et du suisse. La pro­
gardent un souvenir ému et d’aucun y voient
Pays Bas, 1930-1935.
Enfants jouant à la messe cession du mois de Marie est proche de la pré­
l’éveil premier de leur vocation.
avec autel miniature
cédente, on y ajoute des jeunes filles vêtues de
et costumes.
blanc et portant des bannières mariales et un
Jeux de parcours et jeux de procession
autel sommé d’une statue de la Vierge. Plus rare
Ces distractions de société, très anciens, pro­
est la procession de la Cour papale : le pontife,
posent une piste avec des cases, diversement
généralement Léon XIII, est porté sur la sedia,
illustrées, avec un dé pour la parcourir et souvent
entouré de cardinaux, de prélats portant les flaun enjeu. Loin de rester de simples passe-temps,
belli, de camériers secrets et de membres de la
certains jeux traitent des sujets d’une actualité
cour laïque : prince assistant au trône, chevaliers
brûlante. Le Jeu de la Constitution est un virulent
de Malte, camériers de cape et d’épée, massiers,
pamphlet janséniste dénonçant la prétendue
gardes nobles, gendarmes pontificaux, gardes
orthodoxie romaine. L’École de la Vérité vise à
suisses, etc. Il existe aussi des personnages en
conforter les nouveaux convertis au catholi­
plomb composant les mêmes processions et pro­
cisme. Le succès de ces parcours grandit au XVIIIe
posés par la maison CBG. A mi chemin entre
siècle : une importante série permet l’apprentis­
le jeu de messe et la procession, sont les jeux
sage des sources historiques et bibliques. Leur
qui s’organisent autour d’une chapelle ou d’une
évolution porte surtout sur l’illustration, de plus
église miniaturisé, l’enfant sonne les cloches et
en plus dominante à partir du XIXe siècle. Les
prête sa voix à un orateur qui monte en chaire.
principaux centres de fabrication restent les lieux
Ces jeux invitent l’enfant à la connaissance de la
traditionnels de l’impression de l’image et de la
liturgie d’une autre manière que le jeu de messe.
grande diffusion, Marseille, Dijon et le quartier
Il n’est plus directement acteur, mais maître de
Saint-Jacques à Paris.
cérémonie. C’est lui qui ordonne la marche de
la procession. Le coté mystique du jeu de messe
Un jeu de l’Oie.
laisse la place au démonstratif et fait saisir à
l’enfant le grandiose de la liturgie. ■
Loin de
rester de
simples passe-temps,
certains jeux
traitent
des sujets
d’une
actualité
brûlante
© Musée du jouet, Poissy
"L'enfant, le jeu et Dieu", au Musée de
Fourvière, 8, place de Fourvière, 69005
Lyon, tél. 04.78.25.03.04, jusqu'au 6 janvier 2008, tous les jours, sauf 24, 25, 31
décembre et 1er janvier, (10h-12h30 et
14h-17h30). Tarifs : 6 e, réduit : 3 e.
www.lyon-fourviere.com
Catalogue de l'exposition rédigé par
Bernard Berthod : 6 e sur place ou par
correspondance.
32 FRANCECatholique n°3087
5 octobre 2007
CINEMA
L’ennemi intime
Un secret
En 1959, l'armée française présente en Algérie
tente de réprimer les actions du FLN. Un jeune
lieutenant idéaliste du nom de Constantin Terrien
prend le commandement d'une section dans les
montagnes de Kabylie. Mais ses principes sont
mis à rude épreuve par la réalité de la guerre.
 La guerre d'Algérie a toujours été
un sujet délicat qui tend à réveiller de vieilles
blessures. La force de ce film, adaptation du
livre éponyme de l'historien Patrick Rotman,
est d'éviter de traiter de façon simple une
page complexe de l'histoire. Le cheminement
intérieur du héros est dépeint non seulement
avec une grande tension dramatique, mais
aussi avec un souci de la justesse et de la
nuance. Benoît Magimel habite avec beaucoup
d'intensité son personnage, et le reste de la
distribution est impeccable.
 Le film décrit les rouages de la
guerre et les raisons qui peuvent conduire les
hommes à la violence et à la cruauté envers
leurs semblables. Quelques scènes très dures.
M.-L. R.
Film de guerre
français (2007) de
Florent-Emilio Siri,
avec Benoît Magimel
(Terrien), Albert
Dupontel (Dougnac),
Aurélien Recoing
(Vesoul), Marc Barbé
(Berthaut), Éric Savin
(1h48). (grands
adolescents). Sortie
le 3 octobre 2007.
Resident Evil : Extinction
Depuis qu'un mystérieux virus transforme des
humains en zombies, c'est notre planète tout
entière qui est menacée d'extinction.
 Mis à part une scène pour le moins
impressionnante d'attaque de corbeaux
(un bel hommage à Alfred Hitchcock), ce film
d'horreur, qui multiplie les clichés du genre,
ne présente pas un très grand intérêt.
 Certaines scènes très gore risquent de
paraître assez éprouvantes.
M.-L. R.
Film d’horreur américain
(2007) de Russell
Mulcahy, avec Milla
Jovovich (Alice), Oded
Fehr (Carlos Oliveira), Ali
Larter (Claire Redfield),
Iain Glen (Dr. Isaacs),
Ashanti (1h30). (grands
adolescents) Sortie le
3 octobre 2007.
Blessures du passé
Les guerres n'ont pas seulement
des répercussions sur ceux
qui les ont vécues, mais aussi
sur leurs descendants.
L
’adaptation du roman de Philippe
Grimbert tenait particulièrement
à cœur au cinéaste Claude Miller,
car la plupart des membres de sa fa­­
mille ne sont pas revenus des camps
de concentration et, comme l’en­fant
du récit, il a développé un sentiment
an­xiogène par rapport au passé de ses
an­cêtres. À travers ce film, le cinéaste
a voulu rendre hommage à sa famille.
En 1955, François, 7 ans, est un
garçon frêle et fragile qui aimerait
tant susciter la fierté de son père, un
gy­mnaste accompli. Sa mère, cham­
pionne de natation, est elle aussi une
brillante athlète. L’enfant comprend
que certaines réactions de ses parents
sont liées à des choses qu’il ignore et
qu’on lui cache...
 Saluons tout d’abord le travail
d’écriture réalisé par Claude Miller
par Marie-Christine RENAUD d’André
et la scénariste Natalie Carter, car
le roman de Philippe Grimbert ne
com­porte aucun dialogue. Tous d’eux
ont réalisé un travail d’adaptation de
qualité. Le récit, qui passe sans cesse
du passé au présent, n’en perd pas
pour autant sa fluidité. Les situations
sont dépeintes avec finesse et cette
histoire présente à la fois un intérêt
socio-historique (la façon dont les Juifs
réagissent aux discriminations dont ils
étaient victimes, l’émergence du culte
(
Le récit montre
comment l'histoire
intime peut se mêler aux
événements historiques
du corps…) et psychologique (le poids
du secret, la passion a­moureuse…). Le
jeu inspiré des co­médiens est aussi un
bel atout du film.
 Si l’adultère est au cœur de
l’in­t rigue, ce thème est traité dans
toute sa complexité. Le cinéaste a pris
soin de dépeindre la sensibilité et les
failles de ses personnages, leur sens
moral com­m e leurs faiblesses. Une
scè­ne sensuelle. ■
Un secret. Drame français (2007) de Claude Miller, avec
Cécile de France (Tania), Patrick Bruel (Maxime), Ludivine
Sagnier (Hannah), Julie Depardieu (Louise), Mathieu Amalric
(François à 37 ans), Nathalie Boutefeu (Esther), Yves
Verhoven (Georges), Valentin Vigourt (François à 7 ans)
(1h40). (Grands adolescents). Sortie le 3 octobre 2007.
Le dernier voyage du juge Feng
Le vieux juge Feng, accompagné de sa fidèle assistante,
se déplace de village en village pour rendre la justice.
 À travers le périple de ce tribunal itinérant, ce film
nous offre une étude de mœurs passionnante et pleine de
délicatesse d'une province du sud-est de la Chine. Il nous
invite à découvrir un visage particulier de la Chine, bien
loin des images véhiculées actuellement sur le pays par les médias.
 Cette œuvre présente non seulement un indéniable intérêt sociologique, mais met
aussi en scène une pudique et très émouvante histoire d'amour.
Marie-Lorraine Roussel
Comédie dramatique chinoise (2006) de Liu Jie, avec Baotian Li (Feng), Yulai Lu (Ah-Luo), Ning Yangya, Lai Luyu (1h41). Scénario de Lifus Wang.
Directeur de la photographie : Harrison Zhang. Monteur : Lio Ching-Song Sélection officielle au festival de Venise 2006. Prix Horizons. (Adolescents).
Sortie le 3 octobre 2007.
FRANCECatholique n°3087 5 octobre 2007 33
théâtre
"Giacomo, l’enfant de la cité"
Partir
pour vivre
par Pierre François
L’immigration dont il est
question dans cette pièce
autobiographique est l’italienne
de l’époque de Mussolini.
Merci à ce talent déraciné
d’avoir bourgeonné chez nous.
G
iacomo"(1) est à la fois une reprise
et une inauguration. Reprise d’un
spectacle qui a fait ses preuves,
avec un long succès au Lucernaire.
Inauguration d’une programmation
enfin continue au Théâtre 12, qui jusqu’ici se
contentait de représentations épisodiques hormis
le répertoire jeune public.
Si on accueille avec plaisir l’annonce selon
la­quelle les sièges de la salle vont être bientôt changés (actuellement des sièges baquet en
tôle laquée des années soixante-dix), point n’est
besoin d’attendre pour éprouver un vrai bonheur
à entendre l’histoire de l’immigration vue par un
enfant grandissant. L’unique comédien passe d’un
personnage à un autre en un dixième de seconde
et, miracle de son talent, fait en sorte que le
spectateur comprenne sa nouvelle identité dans
© Hughes MARCOUYAU
"
Une
nécessité
de se donner
des règles
sociales
Semblables et différentes
On sait déjà tout le bien qu’on peut penser de "Nuit d’été loin des Andes ou conversation avec mon dentiste". Toujours à l’Atalante et également mis en scène par
Agathe Alexis, on peut voir, auparavant, "Dans l’ombre"(1). Une tarification avantageuse existe d’ailleurs pour ceux qui voudraient voir les deux pièces à la suite.
Autant "Nuit d’été loin des Andes" exprime le talent de Susana Lastreto Prieto à travers tendresse et autodérision, autant "Dans l’ombre", qui pour autant ne renonce
pas à l’humour, met en scène la cruauté d’un bourreau comme résultat d’une personnalité torturée, avec l’enfermement psychologique qui en résulte sur la vie du
personnage. C’est très fort dans la mesure où rien n’est excusé ni condamné et où
est montrée la parfaite banalité des sentiments, y compris amoureux, de l’intéressé.
Si le propos est radicalement différent, le talent est le même et le style de la mise
en scène autant millimétré que pour "Nuit d’été". Du point de vue théâtral, il est
d’ailleurs intéressant de voir les ressemblances de fond dues à l’association du
même couple auteur-metteur en scène. ■
(1) "Dans l’ombre", avec Michel Ouimet, Marie Delmares... Le lundi, mercredi, jeudi, vendredi
(19h30), samedi (18h), dimanche (17h), jusqu’au 14 octobre à l’Atalante, 10, place CharlesDullin, 75018 Paris. Tél. 01.46.06.11.90.
34 FRANCECatholique n°3087 5 octobre 2007
le même délai. On fait connaissance avec une
mélancolie mâtinée de pétulance : mélancolie de
l’arrachement, réel puis mythique, et pétulance
de la volonté de vivre qui sait qu’elle n’a d’autre
choix que d’avancer, les vaisseaux ayant été brûlés. On note aussi l’existence d’une constante au
milieu de ces changements de circonstances : la
nécessité de se donner des règles sociales, et peu
importe qu’elles puissent être jugées à la limite
de la perversion par un œil extérieur, car il faut
une règle qui permette de donner un sens humainement admissible à ceux qui vivent un destin
caractérisé par l’insécurité.
Le comédien nous livre là un spectacle autobiographique avec un talent qui ravit, au sens
étymologique, le spectateur dans son monde. Il
maîtrise tellement bien son sujet et son talent
qu’il crée l’ambiance qu’il veut, avec la nuance
qu’il veut quand il le décide. Il sait faire sourire tout en rapportant un fait objectif : "tous les
hommes fument, toutes les femmes prient" notet-il par exemple au moment du départ de l’Italie
vers la France. Une scène de ménage en public,
une version revue et corrigée de la résurrection
de Lazare ainsi qu’une autre de l’Annonciation
constituent quelques-uns des morceaux de bravoure de ce spectacle plein de poésie. ■
(1) "Giacomo, l’enfant de la cité", du mercredi au vendredi (20h30), samedi (19h30) jusqu’au 27 octobre au
théâtre 12 - Maurice Ravel, 6, avenue Maurice Ravel,
75012 Paris. Places à 13 et 11 e. Tél. 01.44.75.60.31.
TÉLÉVISION
Démocratie... pour tous ?
La chute
par Marie-Christine RENAUD d’André
En association avec différents responsables de programmes de chaînes de
télévision (en Angleterre, en Finlande,
en Allemagne et au Danemark), Arte a
lancé une opération ambitieuse et originale sur le thème de la démocratie. Dix
films tournés par dix réalisateurs venus
du monde entier (États-Unis, Pakistan,
Russie, Chine, Danemark, Inde, etc.)
traiteront du thème de la démocratie,
tel qu’elle existe ou tente d’exister sous
différentes latitudes. La particularité de
cette opération internationale, c’est que
ces dix documentaires seront diffusés
simultanément sur quarante-deux
chaînes de télévision, dans le monde.
 «Un taxi pour l’enfer» est un
documentaire américain qui s’interroge sur les dérives post 11 septembre
2001 de la plus grande démocratie du
monde. À partir du cas d’un chauffeur
de taxi afghan, arrêté en décembre
2002, enfermé dans la prison militaire
américaine de Bagram et décédé cinq
jours plus tard, l’auteur de ce documentaire décrit la lente plongée de certains
soldats américains dans l’enfer de la
torture physique. Il y a des images
terribles qui illustrent ce documentaire.
La démonstration est efficace, même
si elle aurait pu être administrée de
manière plus ramassée, mais on est
tenté de demandé à l’auteur dans quel
autre pays au monde il aurait eu la possibilité de réaliser un tel pamphlet.
 «La démocratie en uniforme»
est déjà plus intéressant, car c’est un
do­cumentaire pakistanais qui donne
la parole non seulement au président
Musharraf, mais aussi à des paysans,
des artisans, des jeunes, sur l’avenir de
la démocratie dans leur pays. Il souligne
les diffé­rences de perception entre le
monde urbain et le monde rural.
Un taxi pour l’enfer. Documentaire américain (2007) de Alex
Gibney (1h45). La démocratie en uniforme. Documentaire
pakistanais (2007) de Sabiha Sumar (0h58). Diffusion le lundi 8
octobre, sur Arte, à partir de 20h40.
Traudl Junge, sa jeune secrétaire
ba­varoise, refuse de le quitter, comme
ses collègues le lui conseillent, car elle
veut demeurer auprès de son Führer
bien-aimé.
 Il faut s'accrocher à son
fauteuil pour accepter de vivre avec
Adolf Hitler pendant les derniers jours
de la vie de celui-ci. Mais le cinéaste
en fait un tel portrait, saisissant de
réalisme (magnifique Bruno Ganz !),
le mon­trant à la fois ordinaire, voire
Un très grand film historique,
qui fait revivre, avec réalisme,
les derniers jours
de Hitler et du nazisme.
C
urieusement, Adolf Hitler a rarement été le personnage principal
d'un film, si l'on excepte «Le dictateur», de Charles Chaplin. En portant
à l'écran les livres de Traudl Junge,
l'an­cienne secrétaire de Hitler, et de
l'historien Joachim Fest, qui retraçait
les derniers jours du dictateur, Oliver
Hirschbiegel a voulu faire œuvre de
moraliste. Il montre, en effet, le plus
sanguinaire des dictateurs en homme
comme les autres (enfin, presque), dans
l'intimité, ce qui a, d'ailleurs, suscité
une vive polémique en Allemagne.
En avril 1945, alors que les
Soviéti­q ues progressent vers Berlin,
Hitler, qui s'est réfugié dans son bunker
situé dans les jardins de la Chancellerie,
fête son anniversaire avec ses proches.
(
Bruno Ganz campe
un Führer halluciné
plus vrai que nature
gentil, et, la seconde d'après, éructant
des ordres absurdes à ses généraux,
que l'on suit avec beaucoup d'intérêt
ce film passionnant. Car, outre les
derniers jours du dictateur, ce sont
les derniers jours d'un système
san­­guinaire tournant à vide (personne
ne songeant à arrêter cette folie
meur­t rière) qui sont montrés dans
cette œuvre poignante et magistrale.
 Une remarquable leçon d’histoire. ■
La chute. Drame allemand (2003) de Oliver Hirschbiegel,
avec Bruno Ganz (Hitler), Juliane Kohler (Eva Braun),
Alexan­dra Maria Lara (Traudl Junge), Corinna Har­fouch (Magda
Goebbels), Ulrich Matthes (Joseph Goebbels), Heino Ferch (A.
Speer) (2h43). Diffusion le mardi 9 octobre, sur Canal +, à 20h50.
Windtalkers, les messagers du vent
Pendant la guerre du Pacifique, les Américains ont
employé des Indiens Navajos, des «code talkers», pour
transmettre des messages codés dans leur langue,
indéchiffrables par les Japonais.
 John Woo est le grand spécialiste honkkongais des combats chorégraphiés à l'asiatique.
Maintenant installé à Hollywood, il a imprimé
sa marque soit à des œuvres très originales
(«Volte-face»), soit à des œuvres plus alimentaires («Mission : Impossible 2»). Le présent film
s'apparenterait davantage à la première catégorie, même s'il n'est pas aussi brillant que «Volteface». En soulignant les problèmes racistes auxquels ont été confrontés ces Indiens Navajos, John
Woo, teinte son œuvre d'une dimension psychologique appréciable. Mais l'ensemble risque de
décevoir ses fans, qui attendent davantage d'un cinéaste aussi talentueux
‑Malgré quelques violences (inévitables dans un film de guerre !), cette œuvre exalte
le courage et le patriotisme des soldats.
Film de guerre américain (2002) de John Woo, avec Nicolas Cage (Joe Enders), Adam Besch (Ben Yahzee), Peter Stormare, Roger Willie (2h14).
Diffusion le dimanche 7 octobre, sur France 2 à 22h55.
FRANCECatholique n°3087 5 octobre 2007
35
television
Samedi 6 octobre
Dimanche 7 octobre
Lundi 8 octobre
Mardi 9 octobre
TF1
TF1
TF1
TF1
20.40 Rugby «Coupe du monde :
20.40 Rugby «Coupe du monde :
DR
36 FRANCECatholique n°3087 5 octobre 2007
TF1 - F Pages
20.50 Les experts, Miami :
«Rio», «Les infiltrés», «Le cercueil
maudit». Série avec David Caruso,
Emily Procter 2.
23.20 Confessions intimes.
Magazine présenté par Isabelle
Brès.
France 2
20.50 Les 100 qui font bouger la
France «L’école». Magazine présenté par Béatrice Schönberg.
22.35 Faites entrer l’accusé
«Les meurtres de Perpignan».
Magazine présenté par Christophe
Hondelatte 3.
France 3
20.50 La maison assassinée
A/Ø. Drame (1987) de Georges
Lautner, avec Patrick Bruel,
Anne Brochet, Agnès Blanchot
(1h50) 2.  Une excellente atmosphère et une bonne
reconstitution de l’époque pour
cette histoire affreuse de jalousie
paysanne. Mais les images ne sont
pas discrètes.
22.50 Ce soir (ou jamais !) (et à
23h25). Magazine présenté par
Frédéric Taddeï.
00.40 The shield. Série avec
Michael Chiklis 3.
Arte
Démocratie… pour tous ?
DR
DR
Vainqueur de la poule C/2e de la
Vainqueur de la poule D/2e de la
poule D (1/4 de finale)», en direct
poule C (1/4 de finale)», en direct
du Stade Millenium de Cardiff.
du Stade Millenium de Cardiff.
22.55 New York, unité spéciale.
Série avec Chris Meloni 3.
00.30 New York, police judiciaire.
Série avec Jesse L. Martin 2.
France 2
20.50 Valentine & Cie GA.
20.50 FBI, portés disparus :
Téléfilm avec Corinne Touzet,
«Une vie rangée», «L’anniversaire»,
22.55 Le fugitif GA. Policier (1992)
François-Éric Gendron, Guillaume
«Témoignages». Série avec
de Andrew Davis, avec Harrison
Cramoisan.  Sympathique, mais
Anthony LaPaglia, Marianne JeanFord, Tommy Lee Jones (2h10) 2.
un peu lourd.
Baptiste, Enrique Murciano.
(Voir notre analyse ci-contre)
22.35 Preuve à l’appui. Série
23.10 On n’est pas couché.
avec Jill Hennessy 2.
France 2
Magazine présenté par Laurent
France 2
Ruquier.
Émissions religieuses :
20.50
Cold case, affaires
France 3
08h30 Émissions religieuses : «Sagesses boud­­­­­ classées : «Brebis éga20.50 Le temps meurtrier
dhis­tes», «Islam», «À Bible ouverte», «Source de rées», «De mains en mains»,
A/Ø. Téléfilm avec Bruno
vie» - 10h00 Agapè «Être sport : Mission impos- «L’amour pas la guerre». Série
Putzulu, François Marthouret, sible ?», avec G. Légaut, D. Muller, S. Darbon, P. avec Kathryn Morris, Dany
Delphine Rollin, Renaud
Boniface, etc - 11h00 Messe, célébrée en l'église Pinno 2.
Rutten, Hande Kodja, Marie
Saint-Pierre-et-Saint-Paul, à Pluneret (56).
23.10 Complément d’enquêMouté (3h) 2.  Une
te «Biocarburants, pesticides,
histoire très prenante qui met en
20.55 Pour un garçon J. Comédie
OGM : À quoi joue-t-on avec la
scène un échantillon de person(2002) de Paul et Chris Weitz,
planète‑ ?». Magazine présenté
nages différents pendant l’Occuavec Hugh Grant, Toni Collette
par Benoît Duquesne.
pation. L’analyse psychologique
(1h37).  Sympathique, mais
01.15 Musiques au cœur «La
est intéressante, mais les images
un peu conventionnel.
Pietra del Paragone» de Rossini
ne sont pas discrètes.
22.55 Windtalkers, les messa(1/2). Magazine présenté par Ève
00.40 Personnel et confidentiel
gers du vent GA.Film de guerre
Ruggiéri.
«Paris la nuit : “Permission de
(2002) de John Woo, avec Nicolas
France 3
minuit“, “La nuit, tout est perCage, Adam Beach (2h09) 3.
mis“». Documentaire de Yves Riou
20.55 Avocats d’urgence.
(Voir notre analyse page 35)
et Philippe Pouchain.
Documentaire de Dominique
France 3
Lenglart.
Arte
20.50 Maigret «Meurtre dans un
23.25 Ce soir (ou jamais !).
20.00 Metropolis.
jardin potager» GA. Téléfilm avec
Magazine présenté par Frédéric
20.45 L’aventure humaine «Les
Bruno Cremer, Geneviève Fontanel
Taddeï.
années Spoutnik». Documentaire.
(1h29).  Assez prenant.
00.45 The shield. Série avec
22.35 Nuit blanche live. Soirée
23.05 Duel sur la 3. Magazine
Michael Chiklis 3.
présentée par Isabelle Giordano et
présenté par Christine Ockrent.
Arte
Gustav Hofer.
00.40 Un acte d’amour GA.
Démocratie...
pour tous ?
M6
Drame en NB et VO (1953) de
(Voir notre analyse page 35)
Anatole Litvak, avec Kirk Douglas,
20.50 N.C.I.S. : «Semper Fi»,
20.40 Un taxi pour l’enfer GA.
Dany Robin (1h48).  Pas mal,
«Bulldog», «Beauté volée». Série
Documentaire.
mais
fataliste.
avec Mark Harmon, Sasha
22.30 La démocratie en uniAlexander 2.
Arte
forme J. Documentaire.
23.25 Popstars «Le meilleur de la
Tati fête ses 100 ans
23.40 Berlin Niagara A. Téléfilm
semaine».
20.40 Les vacances de monavec Heike Makatsch, Daniel
Canal +
sieur Hulot J. Comédie en NB de
Craig, Charles Berling (1h39).
Jacques Tati (1953), avec Jacques
 Bien filmé, mais long et
Tati, Nathalie Pascaud, Michèle
fort peu moral.
Rolla (1h36).  Réjouissant.
M6
22.10 Jacques Tati, le rire démo20.50
La blonde contre-attacratique J.  Passionnant.
que GA. Comédie (2003) de C.
23.00 Playtime story.
Her­man-Wurmfeld, avec Reese
M6
Witherspoon, Regina King (1h31).
20.50 Zone interdite «Construire
 Une comédie mineure.
20.50 16 blocs J. Policier (2006)
sa maison, le rêve d’une vie».
22.40 Thirteen A/Ø. Drame (2002)
de Richard Donner, avec Bruce
Magazine.
de Catherine Hardwicke, avec
Willis, Mos Def, David Morse,
23.00 Enquête exclusive «Cuba :
Holly Hunter, Nikki Reed (1h35)
Jenna Stern (1h38) 2. 
Paradis ou cauchemar ?».
4.  Pas mal fait, mais des
Un policier de bonne facture, à
scènes affreuses.
Canal +
défaut d’être original. Quant aux
Canal +
violences, elles sont modérées.
20.50 Spartacus (1/2). Téléfilm
avec Goran Visnjic (1h27) 3.
20.55 Investigation «Sectes :
KTO
Enfants sous emprise».
KTO
18.30 Messe d’ordination des
KTO
diacres permanents, en direct
20.50 La foi prise au mot «Reims :
de Notre-Dame de Paris.
Les mille ans».
20.50 Montagnards oubliés. 20.50 VIP «Yves Coppens».
21.45 Chrétiens d’Asie «Croire au
22.20 Un jour, une foi «Chemins
21.45 Dvorak «Stabat Mater».
Cambodge».
de vie».
20.40 Au nom de Dieu, du tsar
et de la patrie. Documentaire.
21.35 Votez pour moi.
Documentaire.
22.30 Jour nuit, jour nuit. Télé­
film en VO avec Luisa Williams,
Josh P. Weinstein (1h30).
M6
20.50 Super Nanny.
Divertissement.
22.00 C’est du propre !
Divertissement.
22.55 T’empêches tout le
monde de dormir. Magazine
présenté par Marc-Olivier Fogiel,
avec Fabrice Éboué, Pierre Ménès
et Armelle.
Canal +
20.50 La chute GA. Drame (2005)
de Oliver Hirschbiegel, avec Bruno
Ganz, Juliane Köhler, Alexandra
Maria Lara, Corinna Harfouch
(2h29) 3. (Voir notre analyse
page 35)
KTO
20.50 Bénarès, capitale du
Gange. 21.45 Un jour, une foi «Église du
monde».
television
Mercredi 10 octobre
Jeudi 11 octobre
TF1
TF1
20.50 Les experts Manhattan :
20.50 Femmes de loi : «Fragile
liberté», «Pour le meilleur…» GA.
Téléfilm avec Natacha Amal, Aylin
Prandi, Thierry Desroses, Philippe
Kartel, William Gay, Laurent
Gérard.  Nerveux et bien fait.
22.45 La méthode Cauet.
Divertissement présenté par
Cauet.
France 2
20.55 Envoyé spécial :
«Pédophiles : La liberté à haut
risque ?», «Sur les traces d’Ingrid»,
«Vivre sans glacier». Magazine
présenté par Guilaine Chenu et
Françoise Joly.
23.00 Infrarouge «Koursk, un
sous-marin en eaux troubles».
Documentaire.
France 3
20.55 La fin des temps
A/Ø. Fantastique (1999) de
Peter Hyams, avec Arnold
Schwarzenegger, Gabriel Byrne,
Kevin Pollak, Robin Tunney, Rod
Steiger (2h04) 3.  Ridicule,
très violent et agressif envers
l’Église.
23.25 Ce soir (ou jamais !).
Magazine présenté par Frédéric
Taddeï.
00.45 The shield. Série avec
Michael Chiklis 3.
Arte
20.40 Kadosh A. Drame (1999) de
Amos Gitaï, avec Yaël Abe­cas­sis,
Yoram Hattab (1h52).  Bien
filmé, mais un peu outrancier. Des
scènes peu discrètes.
Démocratie…pour tous ?
22.35 Sur les traces de Gandhi.
Documentaire.
23.30 Tracks. Magazine.
M6
DR
20.50 Prison break : «Rendez-
Lioret, avec Mélanie Laurent, Kad
Merad, Julien Boisselier, Isabelle
Renauld (1h32).  Émouvant et
plein d’enseignements.
KTO
20.50 Regards de philosophes «Luc Ferry et Éric de Rosny».
21.45 Un jour, une foi «La famille
en questions».
22.15 VIP «Yves Coppens».
vous», «Bolshoi Booze», «Si près du
but». Série avec Wentworth Miller,
Dominic Purcell 3.
23.15 The inside «Dans la tête
des tueurs». Série avec Kate
Finneran 3.
Canal +
20.50 Desperate housewives (12
et 13/23) : «Trop vieille pour toi»,
«Telle mère, telle belle-fille» GA.
Série avec Teri Hatcher, Marcia
Cross 2.  Hilarant, mais
contestable sur le fond.
KTO
20.50 Jacques Maritain, le philosophe amoureux.
21.45 Un jour, une foi «Art et
culture».
RCF
TF1
TF1 - E Chognard
«Machination infernale», «Tombés
du ciel». Série avec Gary Sinise 3.
22.25 Esprits criminels : «Pul­
sions», «Le meilleur des mondes».
Série avec Mandy Patinkin 3.
France 2
20.55 Pas de panique A. Téléfilm
avec Frédéric Diefenthal, Julie
Judd, Natacha Koutchoumov,
Gaëla Le Devehat (1h30). 
Le thème des phobies est intéressant, mais il y a quelques longueurs et une scène peu discrète.
22.35 Ça se discute «Amour à
haut risque : Aimer peut-il être un
danger ?». Magazine présenté par
Jean-Luc Delarue.
France 3
20.50 Droit d’inventaire «De
Gaulle : Droit d’inventaire». Ma­ga­
zine présenté par M. Drucker, avec
Max Gallo, Line Renaud, Jacques
Vergès, Charles Pasqua.
22.55 Ce soir (ou jamais) (et à
23h25). Magazine.
00.40 The shield. Série 3.
Arte
20.40 Les mercredis de l’histoire «USA-Irak : La face cachée de
la guerre» J.  Remarquable.
21.35 Zoom Europa. Magazine.
22.20 Le dessous des cartes
«Civilisations : Choc ou dialogue‑ ?». Magazine.
22.35 Madame la présidente.
Documentaire.
23.30 Strangers. Comédie dramatique en VO (2004) de Malgorzata
Szumowska, avec Malgosia Bela,
Marcin Brzozowski (1h34).
M6
20.50 Les bleus, premiers pas
dans la police : «Otages», «Faux
semblants» GA. Téléfilm avec
Élodie Yung, Mhamed Arezki,
Nicolas Gob, Gabrièle Valensi,
Patrick Catalifo, Luc Thuillier 2.
 Excellent et plein d’humour.
22.55 The Unit «Commando d’élite». Série avec D. Haysbert 2.
Canal +
20.50 Je vais bien, ne t’en fais
pas GA. Drame (2006) de Philippe
Vendredi 12 octobre
20.50 Les maîtres de l’impos-
Radios
Dimanche 7 octobre
15h30 Millénaire de la basilique
ture. Divertissement présenté
par Julien Courbet et Églantine
Émeyé, avec Rémi Gaillard, Susan
Sangster, etc.
23.15 C’est quoi, l’amour ?
« Familles nombreuses : Comment
aider nos enfants à trouver leur
place ?». Magazine présenté par
Carole Rousseau.
France 2
de Malines-Bruxelles)
Lundi 8 octobre
14h30 Halte spirituelle "Dieu veut-
Une soirée de polars
20.50 Sur le fil «Le saint» GA.
origine et son histoire", avec MarieAnge Prudhomme (enseignante
Téléfilm avec François Levantal,
Benjamin Boyer, Xavier Gallais
(0h55) 2.  Excellent, mais
assez pénible.
21.50 Central nuit «Fanny».
Téléfilm avec Michel Creton,
Yannick Soulier, Lucie Jeanne
(0h48) 2.
22.45 Avocats et associés
«Enfance volée» A. Téléfilm avec
François-Eric Gendron (0h50).
 Prenant, mais affreux.
23.40 Esprits libres. Magazine
présenté par Guillaume Durand.
France 3
20.55 Thalassa «Le tour du
monde de Thalassa : Panama/
Tahiti». Magazine de Georges
Pernoud.
23.25 La vie comme un
roman «18 ans, j’entre en fac».
Documentaire.
Arte
20.40 L’année de mes 7 ans J.
Téléfilm avec Clémence Meyer,
Arthur Pelissier, Marie-José Nat,
Gilles Segal, Sophie Le Tellier
(1h28).  La chronique est
jolie, mais un peu trop léchée.
Démocratie… pour tous ?
22.10 Égypte, on te surveille.
Documentaire.
La Catalogne
23.15 Barcelone, la belle magi-
cienne. Documentaire.
00.20 La Catalogne, d’amour et
de rébellion. Documentaire.
01.05 La lucarne «Jésus, Toi qui
sais» GA.  Ces prières
(face caméra) sont touchantes,
mais très intimes et exhibitionnistes.
M6
20.50 Bones : «Le fossoyeur»,
«L’épouvantail», «Fin de partie».
Série avec Emily Deschanel 3.
23.20 Sex and the city. Série
avec Sarah Jessica Parker 2.
Canal +
20.50 Seraphim falls. Western
(2006) de David von Ancken, avec
Pierce Brosnan, Liam Neeson
(1h47) 3.
KTO
20.50 KTO magazine «Vatican II :
45 ans».
21.45 Un jour, une foi «La vie des
diocèses».
Saint-Remi de Reims, en direct de
la basilique de Reims,
16h Messe, en direct, présidée par
le Cardinal Danneels (archevêque
il vraiment notre bonheur ?", avec
Dominique Salin (jésuite). (1/5, tous
les jours à 14h30 ou 20h45)
22h Il était une foi "La messe, son
au Centre Théologique de Meylan)
(Rediffusion vendredi à 13h30)
Mardi 9 octobre
10h A votre service "Comment
accueillir un étudiant chez soi ?".
13h30 Dialogue "Emotion et raison, deux ennemis ?", avec Pierre
Le Coz (philosophe...).
20h Parcours santé "La douleur",
avec le Dr Alain Serrie, (Anesthésiste
réanimateur...) (journée mondiale le 12
octobre) (Rediffusion vendredi 13h)
22h Perspectives "Ancoli, un rassemblement des chorales liturgiques francophones à Lourdes",
(Rediffusion mercredi (16h)
Mercredi 10 octobre
10h A votre service "Rendez-vous
avec les notaires"
Jeudi 11 octobre
22h Témoin aujourd’hui "François
et Thérèse Brémond, au confluent
de deux vies. L'engagement au
quotidien d'un couple oecuménique"
France Culture
Dimanche 7 octobre
10h Messe, en direct de la chapelle Saint Louis, Ecole militaire, 13 Place Joffre, 75007 Paris,
commentée par le Frère Eric
Macé. Prédicateur : Père Jean
Louis Théron. Chef de chœur :
Blandine Vadakarn. Chœurs de la
Chapelle Saint-Louis. Organiste :
sur TF1
Dimanche 7 sur TF1, à 22h55
Le fugitif GA
Accusé à tort du meurtre de sa
femme et condamné à mort,
Richard Kimble, un brillant chirurgien de Chicago, s’évade de prison.
Il est poursuivi par un policier.
 À partir d’un scénario
très astucieux, les auteurs de cet
excellent film d’aventures ont
construit un suspense captivant. Ce
face-à-face entre le fugitif et celui
qui le poursuit fait alterner enquête
policière et scènes d’action.
L’interprétation est sensationnelle.
 Les personnages (en particulier
celui de Kimble) ont une réelle
épaisseur humaine.
T : Tout public
Repères
J : Adolescents
GA: Grands adolescents
A : Adultes
Ø : Œuvre (ou scène) nocive
: Elément positif
: Elément négatif
FRANCECatholique n°3087 5 octobre 2007 37
BLOC-NOTES
Paris
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Trinité, 75009 Paris, ✆ 01.48.74.
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octobre (14h), "Se libérer des
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Boulvin, le 18 octobre (20h30),
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tophe André (psychiatre [auteur de
"Imparfait libre et heureux"])
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Association "Les Amis de SaintLouis d'Antin", 4, rue du Havre,
75009 Paris, ✆ 01.45.26.65.26,
fax 01.45.26.65.25, le Frère
Philippe Verdin présentera, à
l'occasion de sa parution, l'ou­
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"Le Père Carré" (Ed. les Amis de
Crespiat) le 10 octobre (18h),
ainsi que le livre "L'Imitation de
la Vierge Marie", du père A.-M.
Carré (Ed. du Cerf). Rens. ✆ 06.
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Car­r é", écrire aux Amis de
Crespiat, La Grave, 46140
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philosophie médiévale) , présen­
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Moyen Age ?", le 10 oc­t obre
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étage (19h45), 75001 Paris.
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Royaliste) et à la même heure,
mais le 17 octobre, le profes­
seur Arnaud Teyssier présentera
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Bas-Rhin
✔ Du 19 (19h) au 21 oc­t obre
(16h30), une récollection "Au
cœur de ma vie, la prière",
sera animée par Monique
Graessel et une équipe de la
Communauté du Puits de Jacob,
12, rue des Dentelles, 67000
Strasbourg, ✆ 03.88.22.11.14,
fax 03.88.32.40.65/puits.de.
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puitsdejacob.com
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caines, 1, rue du Couvent,
6 7 4 4 0 Th a l - M a r m o u t i e r,
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88.03.12.08, proposent une
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arbre est fait pour laisser passer
la lumière", avec le père Jean-
François Bizot, op, du 21 (18h)
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Côte-d'Or
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société", confé­rence de Denis
Lensel (journaliste, écrivain) , le
9 octobre (20h30) dans l'am­
phithéâtre du Centre universi­
taire catholique de Bour­gogne
(CUCDB), 69, av. Aristide-Briand,
21000 Dijon, dans le cadre
du cycle des conférences de
l'Asso­c ia­t ion Re­n ais­s ance, ✆
03.80.66.87.44. Entrée libre.
Doubs
✔ à la paroisse de Lièvremont,
la cérémonie de Pétales de
Roses, en l'honneur de Sainte
Thérèse, organisée par la Com­
munauté des Béatitudes, se
dé­roulera le 20 octobre (15h17h). Les enfants seront pris en
charge. Rens. : Presbytère, 4 rue
de l’Église, 25650 Lièvremont,
✆ 03.81.39.58.80.
Drôme
✔ Une retraite est organisée au
Foyer de Charité, 85 rue Geoffroy
de Moirans, 26330 Châteauneufde-Galaure, ✆ 04.75.68.79.00,
les 13 et 14 octobre pour jeunes
et adultes de 15 à 40 ans ayant
un handicap mental et pour
toutes les personnes voulant
les accompagner. www.foyerchateauneuf.com
Moselle
✔ Du 10 au 12 octobre, à Metz,
se tient le colloque "Robert Schu­
man et les pères de l’Eu­r ope :
cultures poli­tiques et années de
formation", sous le patronage de
Hans-Gert Poettering (président du
Parlement européen), José Manuel
Barroso (président de la Commission
européenne) Terry Davis (secrétai­
re général du Conseil de l’Europe).
Il comportera notamment une
intervention, le 10 (15h30), sur
"L’humanisme intégral et la réunification de l’Europe" tandis que
le 11 les intervenants s’intéresse­
ront aux réseaux, dont le chrétien
démocrate, dans lesquels ont bai­
gné les pères de l’Europe. Rens. et
insc. : Maison de Robert Schuman,
8-12 rue Robert Schuman, 57160
Scy-Chazelles, ✆ 03.87.60.19.90
ou 03.87.35.01.40, fax 03.87.60.
29.74.
Sarthe
✔ Une conférence-débat est
prévue le mercredi 10 octobre
(20h30), au Centre de l'Etoile,
26 rue Albert Maignan, salle 18/
Bernard Alix, 72000 Le Mans,
france
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préciser dans un courrier séparé. (*****) France métropolitaine uniquement. CNIL N° 678405 - Loi informatique & liberté du 6/01/78 : vous disposez d’un
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entreprises. Si vous ne le souhaitez pas, il suffit de nous écrire ou de nous téléphoner et il en sera tenu compte immédiatement.
BLOC-NOTES
sur le thème "L'urgence d'une
véritable stratégie pour protéger la vie humaine", animée par
Xavier Mirabel (médecin cancéro­
logue et président de l'Alliance pour
les Droits de la Vie), organisé par
l'Alliance pour les Droits de la
Vie de la Sarthe. Entrée libre.
Rens. auprès de Gwénaëlle
Tardieu (responsable d'une équipe
dans la Sarthe), ✆ 06.10.89.92.32.
Vienne
✔ Une conférence-débat aura
lieu le jeudi 25 octobre (20h30),
à la Maison du Peuple, 4 rue
Saint Paul, 86000 Poitiers, sur
le thème "L'urgence d'une véri­
table stratégie pour protéger
la vie humaine", animée par
Xavier Mirabel (médecin cancéro­
logue et président de l'Alliance pour
les Droits de la Vie), organisé par
l'Alliance pour les Droits de la
Vie de la Vienne. Entrée libre.
Rens. auprès de Cécile Pernod
(responsable de l'équipe de Poitiers),
✆ 06.60.50.60.46.
Exercices spirituels
✔ Des exercices spirituels de
Saint Ignace, en 5 jours, par
l'abbé Christian Laffargue
sont prévus (début 18h, fin
17h) : du 21 au 26 octobre, en
Alsace (Haut-Rhin) ; du 2 au 7
dé­cembre, au Foyer de Charité
de Combs-la-Ville (Seine-etMarne). Inscriptions : Presbytère,
52 place de l'Eglise, 01250
Tossiat, ✆ 04.74.51.61.52 / abbe
[email protected]
Enfance et Sainteté
✔ Le 3e Colloque, organisé par
l’association "Enfance et Sainteté"
aura lieu à Paray-le-Monial, des­
tiné aux parents, éducateurs et
aux enfants (session spirituelle
par tranches d’âge), sur le thème
"Laissez venir à moi les petits
enfants, car c’est à leurs pareils
qu’appartient le Royaume des
Cieux", du 28 octobre (17h) au
1er novembre (14h). Nombreux
intervenants dont Mgr Cattenoz,
le Père Thévenin, le Père Guil­
mard, le Père de Langalerie,
le Père Laurent-Marie, le Père
Marot, Anne Alméras, le Père
Geoffroy-Marie... Marie-Joëlle
Guillaume (de Famille Chrétienne),
présentera les différentes confé­
rences. Rens. ✆ 01.57.63.98.15
/ colloque2007@enfanceetsain­
tete.org Dépliants disponibles
sur le site www.enfanceetsain­
tete.org
Légion de Marie
✔ Une retraite pélerinage à
Saint-Laurent-sur-Sèvre est orga­
nisée du 26 (19h) au 28 octo­
bre. Le thème de l'enseignement
du Père Louesdon "Notre voca­
tion à la sainteté à l'école de
saint Louis-Marie de Montfort".
Messe, conférences, visite de
la Basilique et des "hauts lieux
montfortains". Hébergement au
Centre Béthanie. Un petit groupe
ira probablement par le train. La
gare la plus proche est Cholet.
Ins­cription le plus tôt pos­sible,
et rens. à Secrétariat de la
Légion de Marie 43 rue Boileau
75016 Paris, ✆ 01.46.51.92.03
ou 06.80.14.84.76 / secretariat@
legion-de-marie.org
Mission Thérésienne
✔ Un pèlerinage familial est
or­ganisé par Mission Thérésienne
à l’Ile-Bouchard le 14 octobre.
Messe (11h15), pique-nique
tiré du sac, entretien du Père
Thé­venin pour les enfants, pré­
sentation du message de NotreDame de la Prière, adoration et
confessions. Cars au départ de
Paris, Versailles, Chatou, Rennes
et Laval (50 € par ménage, 30 €
par personne, 10 € par jeune
ou enfant, gratuit en dessous
de 10 ans). Inscriptions pour
les cars au ✆ 06.20.32.88.77.
Rens. Mission Thérésienne, 32
rue Jean de La Fontaine, 75016
Paris, www.mission-theresienne.
org
Voyage-Pèlerinage
✔ Toute l'Egypte telle que vous
ne l'avez jamais vue avec "Le
Monde Copte". Sur les pas de
Sainte Famille et des Pères du
désert, à la rencontre de l'Eglise
copte et des chrétiens d'Egyp­
te, croisière sur le Nil. Le Caire
pharaonique et copte, Saqqara,
sur les pas de Sœur Emmanuelle
chez les chiffonniers, cathédrale
Saint-Marc et atelier des icono­
graphes, église des apparitions
mariales de Zeïtoun. Monastères
des Pères du désert à Ouadi
Natroun, Saint-Antoine et SaintPaul à la Mer Rouge. Résidence
au centre spirituel œcuménique
Anafora, oasis dans le désert. En
Moyenne Egypte, étapes de la
Fuite en Egypte (Djebel el Teir,
monastère Deir el Moharraq),
nécropole de Beni Hassan (fres­
ques du Moyen Empire). Abydos,
Louxor, Karnak, vallées des
Rois et des Nobles. Croisière de
Louxor à Assouan (Edfou, Kom
Ombo). Abou Simbel. Sinaï. Ce
voyage-pèlerinage en Egypte anti­
que et chrétienne sera conduit
par le Pr A. Sadek (égyptologue
et coptologue) , Marie-Gabrielle
Le­blanc (historienne d'art et journa­
liste), et un prêtre, du 15 février
au 3 mars 2008. Tarif : 2200 e. ✆
01.48.07.05.84, Mariegabrielle@
wanadoo.fr
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contactez : [email protected]
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directement sur notre site internet :
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tél. 056.330585, compte ban­caire‑ : 275.0512. 029.11.
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sur notre compte chèque postal SCE 43 553 55 X La Source, ou bien
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caires domiciliés à l'étranger mo­yen­nant une surtaxe de 18 , ou par
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ments interrompus du fait de l'abonné / Ne paraît pas en août.
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75008 Paris, tél. 01.58.22.22.05, fax 01.58.22.22.49,
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- Arche Internationale (Paris XVe) recherche secrétaire
administrative, plein ou mi-temps en CDI, Bac secré­
tariat/comptabilité + 2, 5 à 10 ans d'expérience,
anglais courant. Contacter Ecclésia-RH, réf. A3.
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tre de vie pour adultes handicapés à Vigneux-surSeine, (Essonne). Contacter Ecclésia-RH. Réf. : APEC/
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recherche assistant(e) des services Consommateurs
et Education. Bac + 3. Expérience 10 à 20 ans.
Contacter Ecclésia-RH. Réf. : CNA05.
➥ Chœurs de la Chapelle de l’Ecole Militaire,
(Métro Ecole Militaire à Paris 7e) recherchent des voix
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çons et filles de 7 à 13 ans / jeunes de 13 à 20 ans).
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08.77.55.08) - Conseiller‑de la direction : Robert Masson - Editorialiste‑ : Gérard
Le­clerc - Rédaction : Anne Montabone - Tugdual Derville - Ludovic Lécuru - Secrétaire
de rédaction : Brigitte Pondaven - Abon­nements/Compta­bilité‑ : Marie-José Carreira.
Imprimé par ippac-Imprimerie de Champagne, ZI les Franchises, 52200 Langres
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FRANCECatholique n°3087 5 octobre 2007
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