Chapitre 3- La nouvelle économie classique Licence 3 - Université d’Auvergne Christopher Grigoriou 2007-2008 Introduction Thomas Sargent: «nouvelle économie classique » Chicago, Lucas, Prescott, Wallace (70s) Courant théorique majeur en ME (80s, 90s) Lucas Nobel en 1995 2 Introduction Modélisation de l’économie comme un équilibre économique (opposition avec la ME de la synthèse NC et le monétarisme) Choix réalisés au niveau individuel, coordination par les prix (nécessité de descendre en deça des courbes d’O et de D) Hypothèses d’AR + d’ajustement permanent des marchés 3 I L’approche monétaire - la fonction d’offre de Lucas Débat autour de la courbe de Phillips et de la nature des anticipations des agents Proposition d’inefficacité de la politique monétaire Neutralité du financement des dépenses publiques Analyse de la politique économique et de la cohérence dynamique 4 Débat autour de la courbe de Phillips et de la nature des anticipations des agents ⇒ Lucas: Some international evidence on outputinflation tradeoffs (1973 ) ⇒ Equilibre des marchés, courbe de Phillips (information imparfaite sur le niveau agrégé du prix) ⇒ Deux types de perturbations: chocs agrégés/ chocs individuels ⇒ Chocs passés et distribution des chocs individuels sont connus mais les O et D n’observent qu’un prix nominal pour prendre des décisions de P et C 5 Débat autour de la courbe de Phillips et de la nature des anticipations des agents ⇒ En information imparfaite, O et D ne connaissent pas le prix relatif exactement => approximation du prix agrégé = moyenne pondérée du niveau du prix agrégé anticipé et du prix observé sur le marché ⇒ Les prix relatifs estimés pour chaque marché sont une fonction croissante du prix observé relativement à l’anticipation faite pour le prix agrégé ⇒ En agrégeant ces prix relatifs, on observe alors que le prix agrégé est une fonction croissante de l’écart entre le prix agrégé réalisé et le prix qui avait été anticipé 6 Débat autour de la courbe de Phillips et de la nature des anticipations des agents ⇒ Yt = a.(Pt – Et-1.(Pt)) Y est le niveau agrégé de production (ou son log) P le logarithme du prix agrégé Et-1(Pt) est le prix anticipé à la période t-1 pour la période t ⇒ Production et niveau des prix (relativement au niveau anticipé) sont corrélés positivement => Ce modèle de Lucas contient une CP 7 Débat autour de la courbe de Phillips et de la nature des anticipations des agents ⇒ Nouvelle approche des NEC: rôle des anticipations La CP n’est plus le reflet d’un déséquilibre sur le MT (ajustement du salaire à l’excès de D ou O sur le MT en fonction de la loi de l’O et de la D) (synthèse NC, monétaristes) ⇒ Coût de la désinflation 1979 => 1983 US: inflation 11.3% => 3.2%/ chômage 5.8% => 9.5% RU: 13.5% => 4.6%/ 5% => 12.4 8 Proposition d’inefficacité de la politique monétaire ⇒ Aucune politique monétaire anticipée n’affecte la production (Lucas 1973, Sargent et Wallace 1975) ⇒ Les politiques monétaires n’affectent la production que si elles ne sont pas anticipées ⇒ Application à…la politique monétaire avec hypothèses de neutralité de la monnaie et marchés à l’équilibre 9 Proposition d’inefficacité de la politique monétaire ⇒ Modèles où les autorités politiques peuvent répondre aux événements après que les prix aient été fixés. ⇒ Empiriquement, pas de résultats drastiques. 10 La neutralité du financement des dépenses publiques ⇒ Barro (1974): neutralité du financement de la politique budgétaire ⇒ Théorème d’équivalence ricardienne Le mode de financement des DP (par impôt ou endettement) est sans importance pour l’économie ⇒ Conditions de validité: AR, marchés financiers parfaits, ménages sans contrainte d’endettement et vivant une infinité de période (sinon hypothèse d’altruisme inter-générationnel). 11 Politique économique et cohérence dynamique ⇒ Kydland et Prescott 1977 : cohérence dynamique ⇒ Lorsqu’une décision de politique future, qui est une partie d’un plan optimal formulé à une date donnée, n’est plus optimale du point de vue d’une date future, même si aucune information n’est apparue dans l’intervalle de temps. ⇒ Problème lorsque les anticipations de la politique future sont susceptibles d’affecter les décisions courantes des agents ⇒ Suggèrent la mise en place de règles (lien avec la crédibilité) 12 II Les nouveaux classiques et l’économétrie La critique de Lucas A la recherche des paramètres structurels L’approche de Sims et les modèles vectoriels auto-régressifs (VAR) 13 La critique de Lucas ⇒ Dans la fonction d’offre de Lucas la pente de la courbe de phillips est une fonction décroissante de la variance du niveau du prix agrégé. ⇒ le paramètre de la courbe de Phillips, qui apparaît comme un paramètre structurel, n’est en fait pas invariant à une modification de la politique économique (exemple: une réduction de la variance de l’offre de monnaie (ou du taux de croissance de l’offre de monnaie), qui est un paramètre de la politique économique, augmentera le coefficient alpha). ⇒ Les paramètres estimés par l’économétrie ne sont sans doute pas invariants à la politique économique : point central de la critique de Lucas. 14 A la recherche des paramètres structurels ⇒ Les seuls paramètres invariants de l’économie sont des paramètres structurels représentant les goûts des agents et la technologie (fonction d’utilité et fonction de production) ⇒ La théorie sous-jacente devra être empruntée à la théorie microéconomique et à la théorie de l’équilibre général ⇒ L’économétrie doit identifier ces paramètres plutôt que de se contenter d’estimation de formes réduites ⇒ Hansen et Singleton (1982) et la méthode des GMM 15 L’approche de Sims et les modèles Vectoriels Auto-régressifs (VAR) ⇒ Sims (1980) (Macroeconomics and Reality) ⇒ Absence de tests sérieux sur la structure causale, sur la distinction endogène/exogène ⇒ Propose de traiter toutes les variables de façon symétrique et de faire intervenir autant de retards dans toutes les variables et équations ⇒ Modèle VAR (Vectoriel Auto-Regressif) 16 III L’analyse des cycles (EBC et RBC) Les monétaristes : les fluctuations cycliques de l’activité étaient, sinon créées/amplifiées par les réactions monétaires inadéquates des gouvernements. Lucas (1975) : explication monétaire des cycles sans succès Les nouveaux classiques : expliquer les cycles à l’intérieur d’un modèle reprenant leurs postulats centraux: la rationalité des comportements et des anticipations et l’ajustement par les prix de tous les marchés. 17 80s, théorie réelle du cycle (Kydland et Prescott 1982, Long et Plosser 1983) => « le courant RBC » Ecole des cycles réels, les fluctuations de l’activité sont la réponse optimale d’une économie à des chocs exogènes aléatoires 18 Equilibrium Business Cycle: les chocs monétaires à l’origine du cycle Real Business Cycle: les chocs réels à l’origine des cycles économiques 19 Equilibrium business cycle: les chocs monétaires à l’origine du cycle ⇒ Lucas (1975): extension de la CP ⇒ Modèle de croissance NC : déviations autour du trend sont les conséquences de chocs non anticipés sur l’offre de monnaie ⇒ Les cycles proviennent d’erreurs d’anticipations sur les prix ⇒ Pas de vérification empirique (=> abandon relatif d’une explication monétaire du cycle) 20 Real business cycle: les chocs réels à l’origine du cycle ⇒ Kydland et Prescott (1982), Long et Plosser (1983) : décrire les fluctuations dans des modèles d’équilibre avec AR. (sans se soucier des chocs monétaires contrairement à Lucas) ⇒ Jusqu’où on peut-on aller dans la description d’une économie qui fonctionnerait sans monnaie? ⇒ Leur modèle rendait bien compte des données américaines => la monnaie ne serait pas essentielle pour rendre compte des fluctuations cycliques de l’économie. ⇒ Les économistes RBC ont mis en œuvre une méthode tout à fait nouvelle de validation qui ignore en partie les tests habituels de validation développés par l’économétrie. 21 Décomposition tendance-cycle ⇒ Première étape, départager, dans l’évolution d’une variable économique, la tendance et les fluctuations autour de cette tendance. ⇒ Des méthodes ont été mises en place (le filtre Hodrick Prescott notamment) pour choisir une décomposition parmi l’infinité des possibles. ⇒ Appliquées aux principales grandeurs macroéconomiques, elles révèlent les caractéristiques cycliques de l’économie réelle. 22 L’écriture et la résolution d’un modèle de cycles réels ⇒ Le ménage représentatif maximise une utilité intertemporelle en réalisant un triple arbitrage (i) consommation présente et consommation future, (ii) entre loisir présent et loisir futur (iii) entre consommation présente et loisir présent. ⇒ Les entreprises se contentent de maximiser une somme actualisée de profits. Ces choix sont faits sachant que le futur n’est pas parfaitement connu: chaque trimestre, un choc favorable ou défavorable et d’ampleur a priori inconnue vient modifier les conditions de production. 23 L’écriture et la résolution d’un modèle de cycles réels ⇒ Calibrer un modèle d’équilibre général, les agents s’adaptent à chaque instant aux nouvelles conditions réelles de l’économie. ⇒ « Bombarder » le modèle de chocs aléatoires Ainsi, le PIB issu de l’équilibre du modèle fluctue dans des proportions comparables aux fluctuations du PIB de l’économie réelle. ⇒ Vérifier que les fluctuations issues du modèle retracent celles des variables de l’économie réelle. ⇒ Si c’est le cas, le modèle sera considéré comme représentatif de l’économie, et la thèse des nouveaux classiques, selon laquelle l’origine des cycles réside dans des perturbations exogènes réelles sera vérifiée. 24 Les enchaînements au cœur des RBC ⇒ Effets macroéconomiques d’un choc réel positif isolé (une augmentation temporaire de la productivité). ⇒ L’agent représentatif peut choisir de consommer, totalement et dès la première période, le surcroît de production, sans modifier ni son offre de travail ni son épargne => aucun effet persistant. ⇒ Le ménage représentatif peut aussi décider de ne pas consommer toute l’augmentation transitoire de revenu, pour pouvoir consommer davantage aux périodes suivantes => Augmente l’investissement et donc le stock de capital=> Effets persistants. ⇒ L’agent représentatif peut également modifier son offre de travail 25 Les enchaînements au cœur des RBC ⇒ Pour les valeurs habituellement retenues par les théoriciens des RBC, le choc favorable a finalement pour conséquence, l’augmentation de l’offre de travail de la consommation, de l’investissement et de la production. ⇒ Le stock de capital est modifié => les effets perdurent au-delà du trimestre initial. ⇒ De cette succession de chocs aléatoires et des réponses optimales de l’agent représentatif résultent des cycles économiques. 26 Des résultats empiriques décevants ⇒ Les premiers modèles construits sur ces bases sont insatisfaisants ⇒ Ne reproduisent pas le fait que l’emploi fluctue davantage que la productivité du travail. ⇒ Cette caractéristique des fluctuations sur le marché du travail résiste pour l’instant à la modélisation RBC. 27 Cycles réels versus cycles monétaires ⇒ Vaste débat quant à la pertinence empirique et la profondeur théorique des modèles RBC. Ce domaine reste la partie la plus active de la recherche des nouveaux classiques. ⇒ Lucas (1987) continue de plaider pour des explications monétaires des cycles. ⇒ La monnaie non anticipée n’est pas à même de fournir une explication convaincante des fluctuations cycliques => Lucas prétend que l’interaction de l’offre de monnaie anticipée (et donc de l’inflation anticipée) et du système de crédit peuvent être à l’origine des cycles. 28 IV La croissance (endogène) ⇒ Les modèles de cycles réels développés par les nouveaux classiques : modèle de croissance NC à rendements d’échelle constants. ⇒ Explication peu convaincante de la rapide croissance qu’ont connue les pays industrialisés au cours des cinquante dernières années. ⇒ La stratégie de recherche des nouveaux classiques consiste à relâcher l’hypothèse de rendements d’échelle constants dans les modèles de croissance. ⇒ Avec des rendements d’échelle croissants (externalités positives), les interventions de l’Etat peuvent favoriser la croissance. 29