
EXPÉRIENCES PARTAGÉES
Med Pal 2005; 4: 80-84
© Masson, Paris, 2005, Tous droits réservés
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Martine Nectoux, Patrick Thominet
pansement d’escarre, soin de bouche),
soit pour aider à la mise en place
d’une technique spécifique (voie sous-
cutanée, pose de PCA). Dans ce cas il
est important de noter que l’infirmière
ne prend jamais l’initiative de faire un
soin direct au patient, mais qu’elle se
propose de participer à un soin avec
les soignants de l’équipe, car c’est
dans ce compagnonnage que peut se
faire un véritable échange des compé-
tences. Cette dimension pédagogique a
un impact d’autant plus grand dans
la profession infirmière qu’elle entre
dans une dynamique du «
faire
ensemble
». Or, nous apprenons dès
la formation initiale à progresser dans
notre pratique à travers la réalisation
des soins. Cet apprentissage sur le ter-
rain est beaucoup plus efficace qu’un
discours théorique sur le déroulement
optimal d’un soin et permet une
meilleure acceptation de l’expertise
offerte.
–
Une activité clinique auprès des
soignants
à travers le soutien rela-
tionnel de l’équipe, une aide à l’ac-
compagnement du patient et des pro-
ches, un conseil en soin, une aide à
l’évaluation de la douleur, une aide à
la prise de décision (dans le cas de si-
tuations complexes, proposition d’un
groupe de parole ponctuel ou d’un
staff décisionnel).
–
Une aide au transfert des mala-
des
soit vers une USP (rédaction d’une
fiche de liaison), soit vers le domicile
(contact avec les infirmiers libéraux,
l’HAD ou les réseaux de soins pallia-
tifs à domicile). Tout ceci se fait en
lien avec l’assistante sociale ou bien
avec la coordinatrice de la structure
qui interviendra au domicile du pa-
tient. Là encore il faut avoir le souci
de ne pas se substituer aux partenaires
sociaux impliqués dans l’organisation
du transfert ou du retour à domicile.
Compte tenu de la spécificité de
l’activité de conseil et de soutien dans
laquelle l’infirmière d’une EMSP va
devoir inscrire son activité clinique, il
est important de souligner les nom-
breuses frustrations que cela génère.
Activité de formation
La formation est inséparable de
l’activité clinique car elle se nourrit de
l’expérience du terrain, tout comme la
clinique vérifie la pertinence des ap-
ports théoriques de la formation.
La formation fait donc partie de
l’activité quotidienne de l’infirmière
et chaque intervention dans les servi-
ces s’inscrit dans une démarche péda-
gogique.
De manière plus formelle, l’équipe
mobile participe à la formation ini-
tiale des futurs professionnels et à la
formation continue des agents de
l’établissement. Dans ce dernier cas, il
peut s’agir soit de formations desti-
nées à l’ensemble du personnel soi-
gnant, soit d’une formation interne à
un service en réponse à une demande
qui prend en compte la spécialité du
service. L’infirmière de l’EMSP parti-
cipe à l’élaboration du programme
d’enseignement et intervient dans ces
formations, au même titre que les
autres membres de l’équipe.
L’infirmière de l’EMSP prend éga-
lement part aux différents enseigne-
ments dispensés aux professionnels
qui suivent le cursus des diplômes
universitaires (Douleur, Soins Pallia-
tifs, Éthique de la fin de vie…). Elle
peut également intervenir en faculté
de médecine auprès des futurs méde-
cins dans le cadre du module trans-
versal « douleur - soins palliatifs et
deuils » prévu par la réforme de l’en-
seignement du deuxième cycle des
études de médecine. Sa participation
contribue à enrichir l’enseignement
par son expérience clinique en per-
mettant à ces professionnels de la
santé de mieux connaître la spécificité
infirmière mais également à témoi-
gner de la pertinence du travail en
équipe pluridisciplinaire.
Dans le cadre de la formation ini-
tiale, l’infirmière est sollicitée par les
différents instituts de formation pro-
fessionnelle, particulièrement les insti-
tuts de formation en soins infirmiers
(IFSI). Il existe deux types d’interven-
tions possibles : soit durant tout le cur-
sus des études en fonction des diffé-
rents modules enseignés (cancérologie,
gériatrie, maladies infectieuses, neuro-
logie), soit lors des modules optionnels
de soins palliatifs. On constate cepen-
dant une grande diversité dans l’orga-
nisation de la formation dans les IFSI
en fonction des priorités que les ensei-
gnants souhaitent donner à cette ap-
proche. Trop souvent, le module op-
tionnel de soins palliatifs (laissé au
libre choix des étudiants) arrive en fin
d’année à
proximité des
examens ou du
diplôme d’état.
Inutile de pré-
ciser que le ni-
veau d’atten-
tion s’en ressent. Il appartient donc
aux infirmières d’EMSP qui participent
à ces enseignements, de bien évaluer
le contexte dans lequel on leur de-
mande d’intervenir et de ne pas hésiter
à négocier le moment opportun pour
le faire. Pour cela, on peut proposer,
dans le cadre d’une EMSP implantée
dans un établissement possédant un
IFSI, de participer à l’élaboration de
l’enseignement sur les soins palliatifs
de manière à mieux répondre aux exi-
gences fixées par le décret de compé-
tence des infirmiers, attitude pédago-
gique qui peut parfaitement s’adapter
à d’autres instituts de formation des
professionnels de la santé et des tra-
vailleurs sociaux.
Cette part de l’activité doit bien
sûr figurer sur la fiche de poste de
l’infirmière d’EMSP et suppose que le
temps consacré à la formation a bien
été pris en compte au niveau de l’or-
ganisation du travail d’équipe et au
niveau de l’effectif soignant.
Activité de recherche
Comparativement à leurs collè-
gues anglo-saxonnes, les infirmières
françaises produisent peu de travaux
de recherche, à la fois par manque de
formation et aussi par manque de
temps et de moyens mis à leur dispo-
sition pour le faire.
La formation
est inséparable
de l’activité
clinique.