chiffres du sociologue Jan Hertogen,
un Belge sur cinq est d’origine étran-
gère, et ce pourcentage devrait encore
croître. Dans certaines villes, les alloch-
tones sont plus nombreux que les
autochtones. A Bruxelles, Jan Herto-
gen estime ainsi à 68% les habitants
d’origine allochtone, tandis qu’à Anvers,
55% de la population aura des racines
étrangères en 2020. Ces données mon-
trent clairement que les marques s’ex-
posent à un manque à gagner si elles
n’arrivent pas à atteindre cette
clientèle.
Dans le même temps, les entreprises
voient de nouveaux marchés s’ouvrir.
Elles peuvent désormais offrir des pro-
duits sur mesure tels que des formules
télécoms aux Turcs de Belgique, des
produits bancaires et des aliments halal
aux musulmans ou des cosmétiques
pour différents types de peau. La
marque de vêtements de natation
Speedo a ainsi lancé sur le marché un
burkini – un maillot pour musulmanes,
jusqu’ici interdit dans les piscines
publiques belges –, tandis que Panzani
propose une gamme de pâtes halal sous
la marque Zakia.
Des efforts rentables?
Les avis divergent en revanche sur la
rentabilité de ce marketing ciblé. KBC
est arrivée à la conclusion, après exa-
men, qu’il n’existait pas de demande de
produits bancaires islamiques. De son
côté, l’agence publicitaire internatio-
nale Ogilvy a créé Ogilvy Noor, spécia-
lisée dans la communication conforme
à la sharia. «Ogilvy Noor vise les mar-
chés porteurs en Asie, mais elle assure
aussi une communication sur mesure
pour des groupes cibles en Europe»,
précise Kristel Vanderlinden, directrice
de la stratégie d’Ogilvy Belgique.
Le manque de connaissances est une
des raisons qui expliquent pourquoi le
marketing ethnique peine à s’imposer.
«Les professionnels du marketing ne
connaissent pas l’univers mental de
leurs clients», regrette René Romer,
fondateur de Transcity, une agence rot-
terdamoise spécialisée dans le marke-
ting de la diversité. Mais comment s’y
prendre?
Recherchez des supports liés
à une culture donnée
Vous pouvez utiliser un canal média-
tique standard dont un groupe cible
ethnique ou culturel raffole. Ainsi, des
magazines comme Paris Match ou Ciné
Télé Revue ont la cote parmi les Turcs
et les Marocains de Bruxelles, de même
que la chaîne télévisée RTL ou les radios
Kif et NRJ. Pourtant, il est souvent dif-
ficile d’atteindre les allochtones, notam-
ment en raison de la barrière de la
langue ou de leur compréhension limi-
tée de l’écrit, estiment Sanaï Jamaï et
Lise Frattari, qui ont réalisé leur tra-
vail de fin d’études sur le marketing eth-
nique à la Erasmus Hogeschool de
Bruxelles. Les revues et les plates-
formes électroniques liées à une cul-
ture donnée sont donc parfois plus effi-
caces. Ainsi, Aywa, rédigé en français
et en néerlandais, s’adresse à la com-
munauté marocaine, tandis que Gold
FM vise la communauté turque.
«Comme les supports liés à une cer-
taine culture sont moins nombreux
en Belgique qu’aux Pays-Bas ou en
France, il faut davantage recourir dans
notre pays aux campagnes d’affichage,
au porte-à-porte et aux équipes de
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WWW.TRENDS.BE |1ER SEPTEMBRE 2011 63
GROUPES ETHNIQUES
Le Nouvel An chinois dans un casino bruxellois
L
es Chinois passent pour des joueurs invétérés dans le milieu des jeux d’argent.
Viage, le complexe bruxellois de jeux de hasard et de divertissement – qui,
avec un chiffre d’affaires de 40 millions d’euros, reste en deçà des prévisions
à cause des recettes décevantes de sa branche divertissement –, tente à présent
d’atteindre le groupe cible formé par les Chinois de Bruxelles. «Nous organisons
ainsi à Bruxelles des événements tels que le Nouvel An chinois, mais nous faisons
aussi de la publicité dans des journaux chinois locaux», détaille Yves Busschot,
directeur du marketing de Viage. «Nous menons aussi des actions de marketing
de rue dans les quartiers chinois de Bruxelles et d’Anvers.»
Mobistar opte pour le partenariat
M
obistar développe une autre stratégie que KPN pour permettre aux
allochtones d’appeler à l’étranger à moindre coût. Au lieu de créer sa
propre marque, elle a conclu un partenariat avec la compagnie irlandaise
Core Telecommunications International pour lancer un dial-a-code. Les clients de
Mobistar (cartes prépayées) composent d’abord le code abrégé 1617, puis
forment le numéro de leur choix. Core International veille à ce que le produit soit
distribué notamment dans les magasins de nuit. Le site 1617.be existe en quatre
langues: français, néerlandais, anglais et turc.
mateurs d’origine étrangère?