Risques & qualité • 2012 - Volume IX - N° 3
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L
a
cartographie
des
risques
en
étabLissement
hospitaLier
:
retour
d
’
expérience
au
chru
de
b
rest
culaire du 14 février 2012 [2]. Les ARS ont démarré les
inspections sur le sujet et vérient tant l’organisation
liée à la qualité de la prise en charge médicamenteuse
que les analyses de risques a priori qui devront être
achevées le 16 octobre 2012.
•
la Haute Autorité de santé (HAS) : les récentes
communications de la HAS conrment, s’il le fallait,
que la sécurité des soins est au cœur du dispositif
de certication et d’accréditation. Dans la décision
d’adoption de la procédure V2010 [3], la HAS rappelle
que la certication concerne la qualité et la sécurité
des soins au sein des établissements de santé. « La
procédure consiste en une appréciation globale et
indépendante des conditions de prise en charge des
patients an de favoriser une amélioration continue
de celles-ci ». Conrmant cette approche, le rapport
annuel 2011 paru le 6 juillet 2012 présente les orien-
tations stratégiques futures de la démarche de cer-
tication : à partir de 2014, « les méthodes de visite
(de certication) seront révisées, avec notamment une
personnalisation en fonction des risques spéciques
des établissements, et l’introduction de la méthode
du "patient traceur" qui permettra d’évaluer, avec les
équipes, la qualité concrète des prises en charge » [4].
Ainsi, les établissements de santé devront être prêts à
présenter un état des lieux précis des risques auxquels
ils sont confrontés, ainsi qu’un plan d’actions d’amé-
lioration de la maîtrise de ces risques.
•les assureurs et notamment la Société hospita-
lière d’assurances mutuelles (Sham) [5] qui, par le
biais de ses visites de risques et de ses recommanda-
tions, propose à ses sociétaires un niveau de cotisa-
tion personnalisé selon le prol de risques de l’éta-
blissement. Il s’agit d’une incitation nancière aux
démarches de prévention des risques.
Autant d’acteurs et de méthodes « incitatives »
qui font que les établissements de santé n’ont plus
d’autre choix que de s’organiser pour identier de
façon objective les risques auxquels ils sont confron-
tés et prioriser les actions d’amélioration à mettre en
œuvre. La démarche nécessite une action sur deux
axes : un axe rétrospectif, conduisant à un constat a
posteriori des événements qui témoignent de l’exis-
tence du risque ; un axe prospectif, permettant d’iden-
tier a priori les risques auxquels l’établissement est
confronté, au regard de son activité et du fonction-
nement global de celle-ci. Cette démarche d’analyse
a priori est plus communément appelée « cartogra-
phie des risques ».
L’objectif de ce travail est d’aboutir à une représenta-
tion visuelle, claire, simple, de l’ensemble des risques
auxquels est confrontée une organisation. Il s’agit
ensuite de structurer un plan d’actions prioritaires
de façon très concrète. Enclencher une démarche de
cartographie des risques donne l’opportunité à un
établissement de santé de mener une réexion sur
l’ensemble de son activité. C’est l’occasion d’identi-
er et d’évaluer les risques de façon harmonisée et
objective, de dénir et prioriser les actions à mener
pour prévenir ces risques. Plus largement, c’est don-
ner de la cohérence à l’ensemble des actions d’amé-
lioration menées ou prévues, qu’elles résultent d’une
procédure de certication, d’un audit qualité, ou de
toute autre obligation réglementaire, en travaillant
à la prévention des risques. Action de grande enver-
gure, la démarche d’évaluation des risques « a priori »
nécessite de la méthode, du temps, et un accompa-
gnement des équipes concernées…
La cartographie des risques au centre
hospitalier régional universitaire de Brest
Un objectif ambitieux
Dès 2010, le centre hospitalier régional universitaire
(CHRU) de Brest a souhaité engager un projet de
grande ampleur, an d’anticiper sur les exigences de
la réglementation ou de la certication, mais aussi an
de fédérer des équipes pluriprofessionnelles dans le
cadre d’une démarche commune d’analyse de risques
et d’amélioration de la sécurité des soins. La direc-
tion qualité de l’établissement est partie du principe
qu’un travail sur la gestion des risques concernait bien
entendu toutes les activités menées au plus près du
patient, mais aussi d’autres secteurs d’activité sans
lesquels les soins ne peuvent être correctement réali-
sés. Ainsi, si l’on ne se préoccupe pas des risques liés
aux recrutements, à la gestion du linge ou à la main-
tenance du matériel biomédical, on passe à côté de
risques qui peuvent s’avérer majeurs pour les patients.
La direction de la qualité a procédé à un appel d’offres
tendant à solliciter un prestataire extérieur pour l’aider
à réaliser ce projet.
Les principes de l’accompagnement souhaité
par l’établissement
Les attentes du CHRU de Brest tenaient en trois
points :
•
Une organisation permettant la mise en œuvre
d’une cartographie au niveau de l’ensemble de l’éta-
blissement : il fallait ainsi commencer par dénir le
périmètre du projet mais aussi structurer la compo-
sition des équipes et la planication des sessions de
travail.
•
Une méthode et un outil d’analyse de risques a
priori : les critères de choix résidaient dans l’adapta-
tion de la méthode aux établissements de santé et,
plus précisément à l’ensemble des processus d’un
établissement hospitalier (qu’ils soient cliniques,
médicotechniques ou administratifs et logistiques) ;
par ailleurs, l’établissement souhaitait trouver une
méthode à la fois précise et structurante, mais éga-
lement simple et abordable par l’ensemble des pro-
fessionnels, qu’ils soient médecins, soignants, cadres
ou administratifs.