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114. La part de l’agriculture, de la pêche et des
forêts dans la valeur ajoutée brute fournit une
indication de l’exposition aux risques liés au
changement climatique, tels qu’une plus grande
fréquence des périodes de sécheresse avec des
impacts négatifs sur les récoltes, la réduction des
stocks de poissons, etc. De ce point de vue, les
Açores apparaissent aujourd’hui très exposées,
mais la question concerne tout autant les autres
RUP dans la mesure où elles entendent
augmenter la productivité de leur agriculture et
par là réduire leur dépendance vis-à-vis de
l’extérieur.
La dépendance économique à l’égard d’un
petit nombre de produits
Les activités économiques traditionnelles dans les
RUP sont l’élevage (viande, lait et produits
laitiers), la pêche, les productions agricoles telles
que canne à sucre et rhum, bananes, tomates et
pommes de terre, horticulture, etc. L’agriculture, la
pêche et les forêts génèrent en moyenne moins
de 5% de la valeur ajoutée brute, mais ces
activités économiques traditionnelles sont
considérées comme très importantes pour
l’identité culturelle régionale, pour le paysage et
l’attractivité touristique, ainsi que pour l’emploi.
Environ 80% ou plus de la valeur ajoutée brute
est générée par le secteur des services et plus de
15% par l’industrie. Les Açores sont la seule
exception avec près de 15% de la valeur ajoutée
brute générée dans l’agriculture, la pêche et les
forêts, tandis que les services comptent pour
environ 70% du total. Dans le secteur des
services, la part de l’administration publique est
très élevée dans les RUP françaises. La structure
du produit et de l’emploi montre dans la plupart
des RUP une dépendance vis-à-vis des
importations alimentaires et des transferts de
revenu.
LE POTENTIEL DES RUP
Des caractéristiques et des opportunités
uniques
Malgré leurs handicaps, les RUP peuvent
bénéficier de moteurs locaux de la croissance liés
à leur potentiel endogène. Elles ont une
biodiversité et des écosystèmes marins
exceptionnels, un bon potentiel de développement
des énergies renouvelables et de la recherche
agro-environnementale de pointe, elles peuvent
être des laboratoires permettant d’étudier et de
diminuer les effets du changement climatique. En
outre, il est important de tenir compte de la
situation particulière qui les caractérise: elles
appartiennent à l’UE et bénéficient des
financements et des programmes de l’UE ainsi
que des programmes de l’Etat membre dont elles
relèvent ; elles ont une main d’œuvre plus
qualifiée, des services publics et un savoir-faire
plus avancés que les autres petites îles ou
régions de leur zone géographique.
Des économies en croissance et en rattrapage
Le potentiel des RUP se manifeste également par
la forte dynamique de croissance qu’elles ont
connue dans les quinze dernières années. Leur
PIB a constamment augmenté en termes réels
plus rapidement que sur le continent européen
(excepté en Guyane1) . Ce taux de croissance
élevé s’explique par un phénomène de rattrapage
rapide, dû à l’écart important avec les régions les
plus riches, et par l’intensité des investissements
physiques, qui a été un important moteur de la
croissance.
Dans la période 1995-2000, le taux de croissance
moyen annuel des RUP était plus élevé que la
moyenne de l’UE, avec un record de 9,4% à
Madère, la seule exception étant la Guyane avec
un taux négatif de -0,5%.
Dans la période 2001-2007, le taux de croissance
moyen annuel des RUP a varié entre 4,3% à
Madère et à La Réunion et 3,2% aux Canaries,
3% en Guadeloupe, 2,9% en Guyane, 2,6% en
Martinique et 2,1% aux Açores. La tendance de
long terme à une croissance supérieure à celle de
la moyenne de l’UE 27 s’est confirmée tout au
long de la période, sauf aux Canaries qui ont
connu un ralentissement de leur processus de
rattrapage avec le continent, après avoir rejoint le
revenu moyen par tête de l’UE.
Dans les RUP, les investissements sont
principalement publics et financés par des
transferts de l'État membre qui viennent
contrebalancer les effets d’une intégration et
d’une libéralisation limitées des économies
locales, l’impact des rigidités des prix du marché,
de la mobilité imparfaite des facteurs et des coûts
élevés de transport, qui ont empêché les RUP, à
des degrés divers, de bénéficier pleinement du
Marché unique et de la globalisation.
Les différents modèles de croissance:
croissance intensive et croissance extensive
Dans les RUP françaises, et tout particulièrement
en Guadeloupe et en Martinique, la croissance du
revenu dans les années 2001-2007 reflète un
accroissement de la productivité, dont les salaires
relativement élevés et l’emploi dans le secteur
1 Les taux de croissance réelle moyens annuels sur la période
1995-2000 ont été : 3,1% dans l’UE27 ; 4,5% en Espagne et
3,7% aux Canaries ; 3% en France, 4,7% en Guadeloupe,
3,4% en Martinique, -0,5% en Guyane, 5,3% à La Réunion ;
4,4% au Portugal, 4,1% aux Açores et 9,4% à Madère. Pour la
période 2001-2007 : 2,3% dans l’UE27 ; 3,7% en Espagne et
3,2% aux Canaries ; 1,9% en France, 3% en Guadeloupe,
2,6% en Martinique, 2,9% en Guyane, 4,2% à La Réunion ;
1% au Portugal, 2,1% aux Açores et 4,2% à Madère.