Introduction
Brevet Blandine - 2007 5
Introduction
« Faites-nous de bonne politique et je vous ferai de bonnes finances.1 »
Le baron Louis, ministre des Finances d’une période troublée, donnait ainsi la priorité à la
volonté politique, à la clarté de la décision et à l’efficacité de l’action. Le bon équilibre des
finances de l’Etat, affirmait-il alors, en découlerait naturellement.
Telles sont les finances publiques, aujourd’hui comme hier, dans tous les pays du
monde et à tous les échelons, pour une commune comme pour l’Etat : leur acceptabilité
dépend avant tout de la confiance que le citoyen- électeur- contribuable accorde à ses
gouvernants locaux et nationaux.
Ce constat relève, en effet, de l’évidence pour les acteurs de la gestion locale qui, sous
la pression directe de leur électorat, sont tenus de veiller à maintenir la crédibilité de leur
action.
« Les citoyens , affirmait en 1789 la Déclaration des Droits de l’Hommes et du Citoyen,
en son article 14, ont le droit de constater, par eux-mêmes ou par leurs représentants, la
nécessité de la contribution publique, de la consentir librement, d’en suivre l’emploi. » Deux
siècles plus tard, si ces derniers chargent toujours leurs représentants élus de fixer, en leurs
noms, le niveau de fiscalité locale, ils disposent d’autres moyens pour apprécier, à posteriori,
si la pression fiscale qui pèse sur eux est bien justifiée. L’élu a beau démontrer, dans un
bulletin d’informations, que les impôts sont d’une modération inégalée, il se trouve toujours,
désormais, un organe de presse pour mettre en lumière le chiffre caché qui prouve le
contraire. Affichées par la presse quotidienne locale dans les comptes-rendus des séances
du conseil municipal, et par les magazines économiques dans leurs hit-parades des villes
surimposées ou surendettées, les finances locales sont en effet définitivement sorties de
leur sérail. Mieux informé, le citoyen est devenu un contribuable plus exigeant, plus tatillon,
ne tolérant l’accroissement de la pression fiscale qu’à la condition qu’il ait le sentiment d’une
juste utilisation de sa contribution.
L’action publique doit, ainsi, faire face à une demande de plus en plus pressante
de performance, de transparence et de qualité. Si le constat de cette exigence semble
désormais acquis, sa traduction dans la culture administrative et politique est encore en
construction, comme le montre la mise en place, au niveau de l’Etat, de la Loi Organique
du 1er août 2001 relative aux lois de finances, plus communément dénommée « LOLF ».
Ce processus de modernisation de la gestion publique, qui a, d’ores et déjà, investi le
secteur local, est, au demeurant, appelé à s’intensifier dans un contexte financier de plus en
plus contraint. « Plus sensible aux évolutions économiques, le système financier local est
devenu plus fragile. Les dépenses “obligatoires” des collectivités locales, notamment celles
des départements, augmentent quand la conjoncture économique se dégrade, les recettes
indirectes évoluent de manière moins favorable, les ajustements nécessaires obèrent leur
capacité d’investissement, tendent à augmenter la fiscalité directe. » Un rapport du Conseil
1 Déclaration du Baron Joseph Dominique Louis, discours prononcé au cours d'un Conseil des Ministres en 1830