L`étranger.doc Marie-Françoise Baslez, L`Étranger dans la Grèce

L'étranger.doc
Marie-Françoise Baslez, L'Étranger dans la Grèce antique, Paris, Les Belles Lettres, 2008, 412 p, avec
bibliographie, lexique. Livre broché - 25,40 €.
Cet ouvrage a fait partie de la bibliographie (établie par le jury) de l'agrégation d'histoire.
Résumé :
L'étranger, à l'époque archaïque, n'a pour carte d'identité que ses propres paroles. Venant d'une cité, il tente
tout d'abord de ne pas paraître « étrange » et recherche un hôte qui veuille bien lui expliquer les coutumes du
pays.
À l'époque classique, la Grèce s'ouvre au commerce et les contacts s'intensifient. Les notions modernes
d'ambassadeur et de consul (proxène) apparaissent, et avec elles, une ébauche de droit international. Les
premiers grands périples, les concours sportifs, les pèlerinages aux sanctuaires et les conflits sont autant de
prétextes au contact et à la découverte de « l'Autre » et de son extrême culturel, le Barbare, avec son parfum
d'exotisme.
À l'époque hellénistique, les villes grossissent, les peuples se mêlent dans les rues des grandes capitales
culturelles et commerciales. Les étrangers se retrouvent dans la noblesse des grandes cours, dans des clubs,
des associations, des sociétés à succursales multiples et une législation est mise en place. On limite
l'immigration, on évite la xénophobie et le racisme, on différencie l'étranger résidant (le métèque) du
voyageur sans domicile fixe.
L'expérience crée la loi et dans sa volonté de devenir le « citoyen du monde », le Grec tente de résoudre tout
problème de relation entre les hommes. L'ouvrage met au clair les différentes notions en jeu, tout en
proposant une plongée dans la vie quotidienne.
Table des matières :
Avant-propos
Première partie : d'Homère à Eschyle, les traditions d'hospitalité de la cité archaïque
Se faire reconnaître et accepter
Le voyage : une aventure individuelle
L'incorporation dans la cité
Deuxième partie : le citoyen et l'étranger. Marginalisation et rapports contractuels dans la ci
classique
Le malthusianisme de la cité démocratique
Le contrat des proxènes : diplomatie et dignité
Le contrat des métèques : travail et prospéri
Aux portes de la cité. Voyageurs et visiteurs étrangers
Le barbare : l'ennemi, l'exclu
Troisième partie : le cosmopolitisme de la cité hellénistique
L'émergence d'une classe politique internationale
L'«horizon mondial» du voyageur
Le brassage des population : régionalisme et internationalisme
Résistance des cadres civiques et dynamismes sociaux
Apprendre à vivre ensemble
Conclusion
Repères chronologiques
Lexique des termes techniques
Lexique des auteurs anciens cités
Lexique des personnalités citées
Bibliographie actualisée
L'auteur :
Professeur à l'Université de Paris Est, Marie-Françoise Basiez, ancienne élève de l'École Normale
Supérieure, s'intéresse tout particulièrement à la sociologie et à l'histoire religieuse du monde grec.
Compte-rendu :
Notre regard sur la place de l’étranger en Grèce s’est modifié. Longtemps ce fut avant tout dans le cadre
juridique de la cité, et notamment de celle des Solon, Clisthène ou Périclès, que le problème fut seulement
envisagé : nous autres marseillais gardons particulièrement le souvenir de la thèse de Michel Clerc sur les
métèques athéniens. On n’en est plus là.
Même si la cité reste bien - tout le livre l’atteste - ce cadre de vie si résistant, même à l’époque des vastes
royaumes hellénistiques, elle est désormais vue davantage comme “une réalité sociologique” : par delà
l’arsenal des réglementations et des lois, par delà les statuts mouvants, différents d’une ville à l’autre, et
d’une époque à une autre, c’est désormais au vécu du citoyen et de “l’Autre”, au demeurant fort divers
(barbare, ennemi, brigand, banni, errant, mercenaire, voyageur, pèlerin, mais aussi souvent étranger
domicilié, métèque, souvent indispensable dans la vie de tous les jours, au travail comme à la guerre, etc)
que Marie-Françoise Baslez s’est attachée. Et ce, au sein de ces trois grandes périodes “classiques” :
l’archaïsme, essentiellement les temps homériques, puis l’âge de la cité, et notamment d’Athènes bien sûr,
enfin le monde hellénistique désormais dilaté de la Bactriane à l’Italie et à l’Espagne : divisions que tous les
historiens connaissent bien et utilisent toujours.
Parcourons rapidement ces trois parties.
La première nous conduit “d’Homère à Eschyle” : quand il s’affale, exténué et presque nu, sur la plage où,
non sans quelque trouble, va le découvrir Nausicaa (Odyssée, VI), Ulysse est bien le premier de cette longue,
très longue lignée ; d’étrangers qui ne vont plus cesser de susciter attirance et inquiétude, méfiance et
séduction. À l’aide de textes superbes, tous plus beaux les uns que les autres, que nous fréquentons depuis
nos premiers pas en grec (Les Suppliantes, les Perses, Hérodote, Hésiode et Pindare, et quelques-unes des
Vies de Plutarque), Marie-Françoise Baslez nous redit ce qu’était l’hospitalité, les voyages et les voyageurs
(cf p.51 la carte retraçant les voyages des sculpteurs de Naxos, d’Egine ou de Mégare), et pourtant la rareté
des mariages mixtes, plus encore des “naturalisations”.
La seconde partie, plus copieuse (130p.) – la documentation en est la cause, évidente – peut alors
approfondir davantage les rapports, complexes, entre citoyens et étrangers au sein des cités classiques.
Marie-Françoise Baslez peut ici tirer profit des travaux de Philippe Gauthier, de Claude Vatin, et
naturellement des siens. Elle commence par revenir avec bonheur sur le “malthusianisme de la cité
démocratique” (mais le terme est-il bien le plus approprié ?...) ; voir les lois de 403, 445, 451, 345 et 338,
entre autres, ici rappelées. Le chapitre suivant analyse très finement le statut de “proxène”, ce “quasi
citoyen”
, puis de métèque (“invention de la démocratie” ?)
. et les deux derniers passent alors en revue les
différentes sortes de visiteurs étrangers : hérauts, ambassadeurs, théores
(le terme ne vous dit rien ? vous
n’aurez qu’à vous reporter à l’un des précieux lexiques en fin d’ouvrage), intellectuels (Hérodote bien sûr,
mais aussi les Sophistes, toujours à l’affut, ceux-là, de la cité qui allait se révéler la plus accueillante, et -
surtout -la plus “rentable” !), gens de mer et marchands, souvent inquiétants, mais ils amenaient avec eux
tant de choses “étranges”, auxquelles on ne savait résister, la gent féminine surtout, eh oui : étoffes, parfums,
bijoux, sans parler des saveurs “exotiques” de leurs épices et aromates ! Mais à côté subsistait pourtant “le
barbare”, c’est à dire l’exclu par excellence : l’ennemi, depuis les Guerres médiques surtout, et puis celui qui
ne sait pas le grec, l’estropie, baragouine (voir la “comédie nouvelle” et Ménandre, puis Plaute), s’habille,
vit, mange “autrement” : “Rouquins”, “Ethiopiens” (déjà la couleur de peau !), autant dire les “basanés”
d’hier ! Tiens donc, et voilà que soudain ce livre nous ramène à des questions bien actuelles : assimilation ?
ghetto ? pluralisme culturel, voire communautarisme ?
Mais repartons plutôt vers des terres moins brûlantes (mais au second siècle, qui sait ?), celles de ce monde
hellénistique donc, si passionnant, si proche de nous (mais oui ! et par tant d’aspects !) (150 p. dans le livre)
qui invente tant de choses que Rome et le christianisme vont récupérer : le cosmopolitisme, une classe
politique internationale (les “empourprés”, les “amis” et les “parents” des souverains), ces nuées de
“fonctionnaires” et de militaires, éparpillés dans la trentaine d’”Alexandries” semées par le Conquérant, et
qui tous, d’un bout de ce monde à l’autre, se veulent “grecs” par le nom, la langue, le mode de vie. Certes,
hier encore, ils étaient Thraces ou Iraniens, et se battaient à Kouropédion (281), pour Séleucos ou pour
Lysimaque (allez savoir, mais pour les deux, voyons !), mais aujourd’hui ? Et les marchands bien sûr ne sont
pas en reste : à Délos, à Rhodes, dans les villes de foires (Gerrha, Petra, Séleucie du Tigre), dans les escales
caravanières, pullulent désormais ces “Levantins” : en plein VIIe siècle, ici, dans notre Provence, à Fos, on
les nommera encore Syri, des marchands, toute une colonie, des orientaux, des basanés donc, donc
inquiétants !
Problème : dans les iles de l‘Égée, à Chypre, à Délos ou à Athènes, tous ces “estrangiers du dehors“ (comme
nous disons encore à Marseille !), ont-ils ou non réussi à s‘intégrer ? Dans le roman de Pétrone, Trimalcion
reste un personnage grossier et ridicule, et donc encore répulsif. Les choses n‘auraient-elles donc pas changé
?
Naturellement, le livre se garde bien de toute “correspondance“ avec notre temps ; et avec raison. Il reste un
livre d‘histoire, un précieux outil de travail (la bibliographie, les trois index, la chronologie, toutes choses
fort utiles, et qui deviennent trop rares), mais aussi un livre qui fait réfléchir : décidément les contemporains
de Lysias, d‘Eschine et d‘Hypéride, et bien sûr de l‘auteur du “Sur la Couronne“, furent affrontés à des
problèmes qui ne sauraient décidément nous être…”étrangers“.
Jean G. THIELLAY
Mots-clés :
Le mot «barbare» signifie en grec «qui ne parle pas le grec, mais une langue incompréhensible» ; pour les
Grecs tout peuple étranger est barbare, sans qu’il y ait de jugement moral, par exemple contre les Troyens
dans l’Iliade.
Après les guerres médiques (début du 5e siècle av. J.-C.) le mot devient péjoratif en s’appliquant aux Perses,
vaincus par les Grecs et de plus esclaves de leur roi.
Pour les Romains sont barbares tous les peuples étrangers saufles Grecs.
En grec il y a plusieurs sortes d’étranger : le «xénos» (ξένος) est un étranger –hôte ; le métèque est un
étranger autorisé à vivre à Athènes. Le pays d’origine n’importe pas pourvu que l’étranger parle le grec.
À côté du mépris développé par les évènements historiques (guerres contre les Perses), on voit apparaitre
sous l’influence des philosophes une valorisation de certains peuples barbares dont la civilisation paraît
ancienne et respectable. Mais l’ethnocentrisme reste la règle, plus ou moins apparente.
Notes de cours (1998-1999):
Les étrangers
A l'époque archaïque, il n'existe pas de termes pour définir l'étranger. On utilise le mot « xénos » : "autre".
C'est celui qui reçoit et celui qui est reçu (l'hôte). La notion d'étranger est donc intimement liée à celle
d'hospitalité.
Or cette dernière est pratiquée essentiellement dans le domaine privé ; dans quelle mesure s'intègre-t-elle
dans la vie publique, et quels sont les rapports de cité à leur égard ?
I/ L'attitude des grecs à l'égard des étrangers
A/ L'étranger grec (ou politique)
1) Critères de distinction
a. Les critères politiques
Les cités grecques sont nombreuses, restreintes et surtout elles sont des états indépendants. Chacune dispose
d'un territoire délimité par des bornes, ce qui entraîne souvent des contestations pour le contrôle d'une partie
du territoire et débouche sur des conflits interminables.
Ce monde est très cloisonné : tout citoyen d'une cité donnée est considéré comme étranger dès qu'il sort des
frontières de sa cité. Il devient alors un voyageur qui ne bénéficie plus des garanties assurées par son statut
d'homme libre, sauf s'il est investit d'une mission officielle (héraut, ambassadeur…) ou s'il existe des
conventions entre la cité d'ou il vient et celles qu'il est amené à traverser.
b. Les critères linguistiques
Tous les Grecs parlent la même langue, mais au sein du monde grec il existe des divergences entre les
dialectes pratiqués. Les principaux se groupent en grandes familles : Ioniens (Attique, côte de l'Asie
Mineure) et Doriens (Péloponnèse, une partie de la Grèce Centrale, une partie de l'Asie Mineure).
Ce n'est qu'à partir de l'époque classique que le Ionien attique (dialecte d'Athènes) va progressivement
devenir la langue commune des grecs : la Koinè. Ces différences linguistiques ajoutées à celles du costume,
renforce l'isolement du grec, autant que les tensions politiques qui existent entre les cités. Certains Grecs,
notamment ceux de l'Epire, qui ne vivaient pas sous le régime de la cité (nomadisme) et pratiquaient un
dialecte très différent étaient même considérés comme des barbares. Ces étrangers grecs sont normalement
bien reçus dans les autres cités, sauf à Sparte.
2) Sparte et les étrangers grecs
a. La xénélasie
C'est la politique d'expulsion des étrangers, véritable institution spartiate. Il s'agit de bannir des étrangers
entrés illégalement dans la cité et constituants une menace politique et morale pour la cité. Ils sont
soupçonnés d'être des agitateurs de l'eunomia spartiate. Surtout, ils introduisent de nouveaux usages
contraires aux coutumes établis (surtout pour les marchands). C'est ainsi que Sparte n'aurait connu ni
charlatan ni proxénète (?…).
b. Une cité xénophobe ?
Il faut tenir compte du mirage spartiate qui nous donne une image caricaturale de la vie de cette cité. Il faut
rappeler que Sparte n'avait pas de vocation au cosmopolitisme, et par principe elle refusa l'introduction de la
monnaie. Elle vit en autarcie grâce à son riche territoire cultivé par les hilotes. Il existe bien un artisanat
laconien : céramiques et bronzes. Mais celui-ci est aux mains des périèques indigènes. Dans ces conditions,
un étranger ne peut pas s'installer à Sparte : il ne peut être ni périèque ni citoyen. Ainsi, Laconie et Messénie
ne sont pas des terres d'immigration.
Si on expulse des étrangers, c'est qu'il y en a un petit nombre, et ils sont de passage. Au début de la guerre du
Péloponnèse, résidaient à Sparte des Athéniens et des alliés : Corinthiens, Mégariens. L'immense majorité de
ces résidant étaient des Grecs.
B/ L'étranger non-grec ou le barbare
1) Les facteurs d'opposition
a. La langue
La notion s'applique à toutes personnes dont la langue est incompréhensible aux grecs. A Athènes, les archers
scythes parlaient grec avec un fort accent et sans respecter la syntaxe, un dialecte douteux et peu correct,
dont se moquaient les Athéniens comme le montre les pièces d'Aristophane.
On perçoit nettement une différence qui peut aisément se traduire par un jugement de valeur. D'une manière
générale, les Grecs souffrent d'un complexe de supériorité, en partie renforcé par l'émergence de la
philosophie qui assoie le raisonnement et la clarté du discours.
Le bilinguisme est une rareté dans le monde grec. On recourait aux services d'un interprète : un barbare
hellénisé. En Égypte, dans la colonie grecque de Naucratis, ce sont des Égyptiens interprètes professionnels
qui étaient chargés de recevoir et de diriger les étrangers. Une exception : Thémistocle. C'est l'artisan de la
victoire de Salamine 480. Après les guerres Médiques, il fut ostracisé puis condamné à mort par les
Athéniens. Il se réfugie à la cour du roi de Perse (460) Artaxerxés I qui l'accueille chaleureusement.
Thémistocle apprend alors la langue diplomatique de l'empire perse : l'Araméen.
b. La politique
Les Perses sont les principaux interlocuteurs des Grecs. Ils sont dirigés par un souverain tout-puissant, c'est
le roi des rois. Or à l'époque classique, les Grecs vivent sous un régime démocratique ou oligarchique. Cette
monarchie est considérée comme un archaïsme. De plus, dans les pays barbares, même les plus puissants se
considèrent comme des esclaves vis-à-vis des souverains (rites de la proskynèse). Ce comportement ne
dérange pas les barbares car ils ne connaissent pas le concept politique fondamental inventé par les Grecs
qu'est la liberté.
De nombreux récits nous sont parvenus d'ambassadeurs grecs refusant au nom de leur dignité d'homme libre
de se prosterner devant un roi barbare. Dans la mémoire collective, les guerres médiques sont considérées
comme la lutte entre hommes libres et esclaves. De plus, les Grecs, dans des cités limitées, sont des citoyens
soldats ayant à cœur de défendre leur patrie. L'empire perse en revanche est immense, sans homogénéité
culturelle, et les gens se battent pour obéir à des ordres.
C'est en partie pour cette raison que les Grecs peu nombreux ont réussi à défaire une armée immense, mais
faible sur les plans de la discipline et de la tactique. Cependant, les rapport ssont plus mitigés : il existe une
fascination pour les Barbares.
2) Fascination exercée par les Barbares
a. L'or barbare
L'empire perse est immense et les Barbares sont en général caractérisés par leur démesure, aux antipodes de
l'idéal grec de modération. L'une des maximes de sagesse gravée sur le fronton du temple d'Apollon à
Delphes : "Rien de trop".
Cette démesure se traduit par des excès de violence mais aussi par un luxe inouï. De fait, l'or barbare est une
source de fascination pour les Grecs, qui, quand ils s'emparent des trésors abandonnés par les généraux
perses, découvrent une cuisine raffinée et leurs harems. Après la bataille de Platée en 479, le régent de Sparte
Pausanias s'empare du camp Perse et découvre des lits et des tables en or et en argent, des cuisines
délicieuses qu'il oppose à la cuisine spartiate.
L'argent va jouer par la suite un facteur de rapprochement entre Grecs et Perses. C'est grâce au soutient
financier des Perses que les spartiates pourront écraser les Athéniens à la fin de la guerre du Péloponnèse.
Xénophon s'engagea alors comme mercenaire au service des Perses (480).
b. Les civilisations barbares
Outre l'argent, ce sont aussi les civilisations barbares qui fascinent les Grecs, dont certains envisagent des
voyages dans l'empire perse. C'est l'origine de l'enquête d'Hérodote (Egypte, Syrie, Mésopotamie, Mer
Noire). Il est conscient de l'ancienneté des civilisations barbares pour lesquels il a de l'admiration : ils sont
pieux, font souvent des offrandes dans des sanctuaires grecs.
Hérodote a consacré un long développement à l'Egypte ancienne, ou ils considère que certains dieux grecs
auraient des origines égyptiennes.
3) L'intégration des barbares
Les Grecs ont des préjugés plus que du racisme. Un Barbare, à condition de se prêter à une certaine
discipline, peut être considéré comme un Grec. On est Grec non seulement par sa naissance, mais aussi par
son éducation. On constate ainsi une évolution entre le IVe et le Ve siècle dans le sens d'une ouverture vers
les Barbares hellénisé, qui s'exprime dans le panégyrique d'Isocrate : "on appelle Grecs plutôt les gens qui
participent à notre éducation que ceux qui ont la même origine que nous."
Au IVe siècle, Philippe de Macédoine, souvent considéré comme un Barbare, participe à un concours
panhellénique, ce qui lui accorde un certificat d'hellénisme. La Carie possède un roi indigène Mausole,
parfaitement hellénisé, qui a fait construire un gigantesque monument funéraire (le mausolée) qui comptera
parmi les 7 merveilles du monde.
C/ Les théoriciens et la place des étrangers dans la cité
1) Platon et la cité idéale
Platon récuse la politique spartiate mais voudrait des lois plus strictes dans Les Lois. Il faut éviter les contacts
entre les populations et les voyageurs. Les marchands devraient être dans un port, disposant d'une
administration spécifique. Les placements doivent être contrôlés par la cité. Les voyages à titre privé doivent
être interdits. Quand aux personnes autorisées à sortir pour raisons officielles, elles devront avoir dépasséles
30 ans.
Cela correspond en partie à la réalité : le Pirée est doté d'une administration particulière et de sa propre
police. Beaucoup de cités disposent d'un port autonome (Byzance, Milet, Thassos...). Et les ambassadeurs
athéniens ont généralement 50 ans.
2) Enée le Tacticien, ou le cas des étrangers en cas de guerre
Il est auteur d'un traité sur la défense des villes. Il s'agit d'un situation particulière, ce qui explique le
caractère rigoureux de la réglementation proposée.
On préconise des contrôles d'identité ; les hôteliers doivent tenir des registres avec le nom et l'origine de
l'étranger. On enregistre également dans les archives de la cité le nom des professeurs, des étudiants, et des
artisans. On préconise aussi des mesures de désarmement, la plupart des voyageurs entrant dans une cité
étant armés en raison des risques encourus lors du voyage. On leur demandera de déposer leurs armes à
l'entrée de la ville.
Enfin, il prévoit l'expulsion des étrangers indésirables : les personnes qui n'ont pas le moyen de loger à
l'auberge, qui n'ont pas de relations et sont réduits à la condition de vagabonds.
Ces conditions s'inspirent en partie de la réalité.
II] Etrangers de passage et étrangers résidants
A/ Les proxènes : des citoyens en charge des étrangers de passage.
1) Définition
Après 480, se développe l'institution de la proxénie. Le proxène est un hôte public ; c'est le citoyen d'une cité
grecque, chargé par une autre cité d'accueillir ses ressortissants. C'est une sorte de consul à deux différences
près : sa fonction n'est pas officielle : il ne s'agit pas d'une magistrature, et il n'est pas citoyen de la cité qui l'a
nommé.
L'orateur et homme politique Démosthène était proxène des Thébains. Son premier devoir est d'accueillir les
ressortissants, ce qui impose une certaine richesse de sa part : il doit défendre les intérêts des ressortissants
qu'il héberge. En cas d'action en justice, il ne peut intervenir qu'en tant que témoin dans un conflit qui
opposerait un de ses hôtes et un citoyen. Si le besoin s'en fait ressentir, il peut et doit fournir une escorte à
l'un de ses hôtes. S'il ne rend pas l'hospitalité, il est passible d'une amende infligée par sa propre cité.
2) La nomination
Du fait du caractère semi-officiel, il peut arriver qu'une même personne soit proxène de plusieurs cités, et
inversement que plusieurs individus d'une même cité soit proxènes d'une autre cité.
Les proxènes sont pressentis : ils ont déjà offert des services. La fonction est instituée par un décret de
proxénie. Dans le cas d'Athènes, le décret de proxénie est voté à l'occasion d'un séjour du candidat dans la
cité. Inversement, il arrive que le bénéficiaire ait lui même avancé des demandes. Il contacte des citoyens en
vue qui présenteront sa candidature à l'Assemblée.
On peut trouver des avantages à être proxène : certains n'hésitent pas à offrir des pots-de-vin. La corruption
est pratique courante dans la cité grecque, également dans la démocratie. L'orateur Démosthène, très influent
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