
I. Introduction
1. Evolution du concept et de la prise en charge de la
douleur
La prise en compte de la douleur du patient est un impératif récent. Ce qui ne signifie pas pour
autant que le développement des pharmacologies antalgiques soit une invention moderne.
Mais fort est de constater que l’invention des antalgiques ou la connaissance des techniques
d’anesthésie ne correspondent pas un usage médical systématique. Comment expliquer ce
décalage ? Comment expliquer, qu’au 19ème siècle, par exemple, l’on préfère s’abstenir de
prescrire des analgésiques ou que l’on refuse une anesthésie lors d’opérations douloureuses
comme les amygdales ou les végétations ? Mais plus récemment encore, comment expliquer
la réprobation vigoureuse de la pratique de la péridurale, en invoquant l’adage sacré du « tu
enfanteras dans la douleur » et qu’à la fin des années 90, la France n’était qu’au 40ème rang
mondial pour l’emploi de la morphine à visée médicale, notamment dans les douleurs
d’origine cancéreuses de stade terminal ?
L’argument d’une évolution de notre tolérance à la douleur au cours de l’histoire n’explique
pas tout. Un savoir médical n’est jamais coupé de son contexte historique, culturel ou
symbolique. Si la prise en compte de la douleur n’a pas constitué, jusqu’à la moitié du 20ème
siècle, une priorité pour les médecins, c’est que la douleur, quelque soit son intensité, est
considérée comme un processus naturel indi
ssociablement chargé d’un certain nombre de