1. Cadre théorique
1.1. Investigation scientifique ou investigation pour l’enseignement des sciences ?
Les dispositifs d’investigation et d’enquête pour l’enseignement des sciences
s’imposent internationalement (Coquidé et al., 2009 ; Robine, 2009). Ce travail
porte sur la question de la référence convoquée par les enseignants pour concevoir,
mettre en œuvre et justifier leur démarche d’enseignement des sciences, là où deux
pratiques distinctes semblent souvent se confondre dans les prescriptions à « faire
des sciences pour apprendre les sciences ».
Les démarches scientifiques mises en œuvre par les scientifiques dans leur
pratique quotidienne sont, au côté des concepts scientifiques, cibles de
l’enseignement, mais fournissent aussi un modèle didactique de l’enseignement de
ces concepts. Cela invite naturellement à questionner leur statut de « pratiques de
référence » (Martinand, 1986 ; 2000 ; 2003).
Le socioconstructivisme fournit un cadre pour les apprentissages scientifiques en
structurant une référence triple aux travaux de Piaget, Vygotski et Bachelard
(Roletto, 1998 ; Astolfi & Develay, 2005). Robardet (2001), qui conceptualise la
« situation-problème » pour l’enseignement des sciences-physiques au secondaire,
convoque le concept d’obstacle épistémologique (Bachelard, 1938) et l’articule à un
cadre d’apprentissage socioconstructiviste. Un « objectif-obstacle » sous-tend la
situation et « le modèle d’apprentissage, issu des travaux de Piaget et de la
psychologie sociale, est celui de l’adaptation aux situations » (Martinand, 1986).
Robardet (2001, p. 1174), qui veut pourtant « concilier le souci de promouvoir à
l’école un rapport acceptable à la démarche scientifique avec les contraintes de la
classe », décrit un dispositif de nature essentiellement didactique.
Concernant les démarches d’investigation, Mathé et al. (2008) affirment se
retrouver devant un problème de transposition didactique (Chevallard, 1991) « du
« savoir savant » (les démarches de la science) au « savoir à enseigner » (la
démarche d’investigation telle qu’elle est décrite dans les directives officielles) ».
Pourtant la démarche d’investigation n’est pas ici un savoir à enseigner mais une
démarche didactique, même s’il est légitime de chercher à savoir ce que les élèves
vont pouvoir construire de la nature des démarches scientifiques via une démarche
d’enseignement issue des conceptions que l’enseignant a sur les sciences et leur
enseignement. Ce qui est en jeu est moins « l’interprétation du programme par les
enseignants et son effet dans leurs pratiques » (Mathé et al. 2008, p. 47) que
l’impact de leurs conceptions sur les démarches scientifiques et sur les vertus
didactiques de celles-ci.
La nécessité d’aménagement d’un « espace didactique » (Calmettes, 2009) qui
complète la description et la modélisation de la diversité des pratiques (Morge &
Boilevin, 2008), fait écho aux constatations de Coquidé et al. (2009) concernant
l’absence de « référence à un modèle pédagogique ou une théorie d’apprentissage »
COMMUNICATIONS SUR DES RECHERCHES
Actes des journées scientifiques DIES 2010, 24-25 novembre 2010, Lyon © INRP 2010 <www.inrp.fr/editions/dies>