memoire education a la sante

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INTRODUCTION
Lors des nombreuses occasions que j’ai pu avoir d’être en contact avec des
établissements scolaires, j’ai remarqué que la plupart des enseignants n’accordait qu’une
place minime à l’éducation à la santé. Pourtant, ce sujet est d’actualité et les problèmes de
santé concernent aujourd’hui tous les enfants. Les programmes officiels de 2002, d’ailleurs,
ne manquent pas de mettre l’accent sur cet enseignement à travers plusieurs domaines :
découvrir le monde, vivre ensemble et l’éducation physique et sportive.
L’éducation à la santé dans les établissements scolaires et le message qu’elle veut faire
passer ont beaucoup évolué ces dernières années. Ses objectifs sont désormais centrés sur
la formation du citoyen.
Aussi il est tout-à-fait légitime de se demander pourquoi et comment mettre en place des
projets d’éducation à la santé à l’école.
Pour trouver des réponses à mes questions, j’ai décidé de travailler sur ce thème
pendant mes stages. J’ai eu la chance de pouvoir expérimenter deux sujets sur deux
niveaux différents, le sommeil au cycle III et l’hygiène au cycle I.
-1-
1) Quelques définitions
1) La santé
En 1946, dans le premier article de sa constitution, l’Organisation Mondiale de la Santé
(OMS) définit la santé comme « un état de complet bien-être physique, psychique et social et
pas seulement l’absence de maladie et d’infirmité. ». Cette définition se distingue de celle
plus restrictive « la santé est l’état de bon fonctionnement d’un organisme. » Cette nouvelle
conception a l’intérêt de rappeler que l’Homme n’est pas seulement un corps physique mais
plus encore un être pensant et socialisé. L’idée de santé est propre à chacun et se fonde sur
la notion de bien-être qui est une perception individuelle, non quantifiable, dépendant d’un
contexte temporel, culturel et social.
2) L’éducation à la santé
C’est un processus d’apprentissage de savoirs (connaissances) et de savoir-faire
(aptitudes, compétences) permettant de donner les moyens à un individu ou à un groupe
d’exercer un choix par rapport à des comportements de santé. D’une certaine manière,
l’éducation générale est déjà de l’éducation à la santé dans la mesure où elle participe à
l’épanouissement du sujet, à son accession à l’autonomie et à son intégration sociale.
L’éducation à la santé doit être considérée dans une perspective à long terme de
développement des capacités individuelles et collectives pour assurer l’amélioration tant de
la longévité que de la qualité de vie. Elle ne doit certainement pas se contenter d’une
information sur les risques, encore que cette étape de sensibilisation soit nécessaire, mais
doit s’assigner au moins comme objectif de provoquer chez les individus des modifications
notables d’opinions et d’attitudes. A plus long terme, on doit en attendre des changements
réels observables.
Aujourd’hui l’éducation à la santé doit être aussi positive que possible et offrir des
alternatives agréables, c’est pourquoi elle tend plutôt à promouvoir la santé qu’à prévenir des
risques.
Il est important que l’éducation prenne en considération l’environnement des individus pour
s’adapter à leur mode de vie et ainsi gagner en efficacité. En effet, il faut donner aux
individus des outils pour les aider à trouver une approche qui tienne compte de leur
personnalité et de leur situation économique, sociale, culturelle et psychologique.
-2-
3) La différence entre promotion et prévention
En 1986, l’OMS définit la promotion de la santé comme « un processus qui confère aux
populations les moyens d’assurer un plus grand contrôle sur leur propre santé et d’améliorer
celle-ci.
La prévention est l’ensemble des mesures visant à éviter ou à réduire le nombre et la
gravité des maladies ou des accidents. Elle vise à anticiper un dommage et à faire le
nécessaire dans le but de l’éviter.
Alors que la prévention définit la santé en négatif, la promotion de la santé positive la
démarche et se différencie de la première par son objet d’étude qui n’est pas le risque mais
le bien-être. C’est la recherche de l’harmonie entre l’Homme et son environnement
économique, social, psychologique…Elle soutient le développement de l’individu en lui
assurant
l’apprentissage
d’aptitudes
et
l’acquisition
des
ressources
individuelles
indispensables au choix d’un mode de vie et au maintien de conditions de vie saines.
Pour prendre un exemple concret, on présentera les méfaits du tabac pour la santé puis on
expliquera le bien-être que l’on éprouve si on ne fume pas (respiration, pas
d’essoufflement…).
-3-
2) La place de l’éducation à la santé dans l’Histoire
Au début du XIXème siècle, les maladies contagieuses ont des conséquences
individuelles et sociales considérables : la prévention, notamment à travers l’hygiène,
constitue dans beaucoup de cas la seule réponse connue.
L’essor de cet enseignement à l’école provient de la révolution qui touche la médecine au
milieu de ce siècle. L’hygiène est constamment présente dans les programmes et les
manuels de l’enseignement primaire.
Dans la première moitié du Xxème siècle, les instructions officielles comportent une partie
sur les « leçons de choses » : suivant l’âge des enfants, des règles plus ou moins simples
d’hygiène sont enseignées ainsi que des notions élémentaires sur le corps humain. On
apprend aux filles les règles indispensables pour tenir une maison : alimentation
(composition d’un menu), vêtements, hygiène du corps.
En 1945, l’amélioration des conditions de vie et le développement de la médecine font
régresser l’enseignement de l’hygiène, laissant place à des messages de santé portant sur
des maladies et des comportements qui échappent au domaine médical (tabagisme,
alcoolisme, et plus tard, toxicomanie). Peu à peu, la place de l’enseignement spécifique des
règles d’hygiène dans les instructions officielles disparaît.
En 1973, la « Circulaire Fontanet » marque le retour de la volonté éducatrice de l’école en
matière de santé et, pour la première fois, l’éducation à la sexualité fait son apparition dans
les programmes.
Les contenus des programmes de 1985 comportent diverses questions en rapport avec la
nouvelle conception, large, de la santé. L’enseignement se veut transdisciplinaire : il
concerne l’éducation civique, physique et sportive et les sciences.
Les termes d’ «éducation à la santé » apparaissent dans les textes officiels de 1991 et
sont repris dans les programmes de 1995 par François Bayrou qui présente l’éducation à la
santé comme un domaine transversal qui ne doit pas être érigé en discipline mais abordé
dans le cadre des activités de la classe. Elle a pour objectif « la construction de la
personnalité, l’acquisition de l’autonomie et l’apprentissage de la vie sociale »
-4-
3) La place de l’éducation à la santé dans les programmes actuels
Les instructions officielles pour la promotion de la santé et leur intégration dans le système
scolaire amènent à penser l’école dans son environnement et sa fonction éducative globale.
1) A l’école maternelle
La partie essentielle de ce thème se trouve dans le domaine « découvrir le monde ». :
« Découverte du corps et sensibilisation aux problèmes d’hygiène et de santé »
La découverte de son corps dans sa globalité et dans ses différentes parties, leur
désignation sont source d’intérêt pour le jeune enfant. Chaque jour et de manière très
concrète, dans le respect des habitudes culturelles de chacun, on apprend à satisfaire aux
règles élémentaires d’hygiène :
_du corps : lavage des mains,
_des locaux : remise en ordre, maintien de la propreté,
_de l’alimentation : régularité des repas, composition des menus.
Une information sur l’enfance maltraitée est effectuée chaque année. Une sensibilisation
aux questions d’hygiène et de santé permet aux enfants de comprendre la nécessité de
respecter l’intimité de chacun, l’intégrité de son corps et de celui des autres.
Il est aussi précisé que l’activité physique des enfants doit rendre plus facile la construction
de ces connaissances relatives au corps et à la santé.
Une séquence d’activités sur la sécurité domestique peut aussi être mise en place dans ce
cadre : on pourra présenter aux enfants les produits dangereux, leurs étiquettes et mettre en
avant les différences avec les produits alimentaires.
L’école maternelle est donc le lieu privilégié pour éduquer à la santé de façon globale par
ses missions et les conditions d’enseignement et l’attention portée au bien-être de l’enfant.
C’est un travail de tous les jours.
2) A l’école élémentaire
Au cycle des apprentissages fondamentaux, les programmes complètent les règles
d’hygiène et de sécurité proposées à l’école maternelle : l’élève doit commencer à
comprendre les raisons des recommandations qui lui avaient été faites et des habitudes qu’il
avait prises. L’éducation à la santé doit être raisonnée.
Une partie du sujet est traitée dans le domaine « Découvrir le monde : les manifestations
de la vie chez l’enfant ».
_L’éducation nutritionnelle prend une dimension principale au cours de ce cycle par la liaison
que les enseignants peuvent faire avec l’étude des dents et de l’alimentation.
-5-
Les élèves doivent être capables d’identifier les différents groupes d’aliments et de définir le
rôle de
chacun. « La connaissance de la grande variété des aliments permet de concevoir une
alimentation équilibrée qui prend en compte les goûts de chacun, les traditions et habitudes
familiales et culturelles. Il est recommandé de ne pas oublier la notion de plaisir et de
convivialité du repas. ». L’étude des menus (reconnaissance et composition de menus
équilibrés) et l’acquisition de quelques règles de diététique peuvent se faire en liaison avec
la restauration scolaire.
_« L’importance des règles de vie : habitudes quotidiennes de propreté, d’alimentation, de
sommeil… » : ce point est en relation avec ce qui est fait à l’école maternelle avec, toutefois,
une approche basée sur la justification et l’explication de la nécessité de pratiques de règles
d’hygiène quotidiennes et non plus seulement une simple découverte. En relation avec
l’étude des dents, un apport de connaissances sur l’hygiène dentaire doit être fait
(observation de caries, de dents saines).
Au cycle des approfondissements, l’éducation à la santé est liée à la découverte du
fonctionnement du corps humain en privilégiant les conditions de maintien du corps en
bonne santé. Les sujets d’étude des cycles I et II (hygiène, alimentation, sommeil) sont repris
et approfondis : on s’intéresse dorénavant aux conséquences, à plus ou moins court terme,
bénéfiques ou nocives, que peut avoir notre comportement, notamment dans l’alimentation
(obésité, carences…)
De nouveaux thèmes sont abordés : _les comportements à risques liés à la consommation
de tabac, d’alcool et de drogues,
_la
connaissance
de
règles
de
sécurité
(domestiques, alimentaires, routières) et de quelques principes de secourisme,
_l’éducation à la sexualité,
_la découverte du monde médical.
Il faut insister sur le fait que les élèves sont acteurs de leur propre santé et qu’elle ne dépend
pas seulement de facteurs extérieurs (maladies, accidents,…).
De manière générale, à l’école élémentaire,
_L’éducation physique et sportive contribue elle aussi à développer l’acquisition de
compétences et de connaissances utiles pour mieux connaître son corps, le respecter et le
garder en bonne santé , notamment par la compétence transversale « s’engager lucidement
dans l’action » (échauffement avant l’effort par exemple).
_Une information sur l’enfance maltraitée est effectuée chaque année.
-6-
On s’aperçoit donc que ces programmes accordent une place plutôt importante à
l’éducation à la santé : il est recommandé qu’elle soit quotidienne à l’école maternelle car
l’acquisition de comportements favorables à la santé se fait plus aisément lors d’un
apprentissage précoce. Au fur et à mesure que les élèves grandissent, les thèmes traités
sont repris et approfondis, de nouveaux apparaissent, pour favoriser la prise de conscience
du rôle que peuvent jouer les enfants dans leur propre santé.
En résumé, les activités d’éducation à la santé peuvent être mises en œuvre dans une
approche pluridisciplinaire susceptible d’inclure des dimensions physiologiques (en lien avec
le travail de biologie sur le fonctionnement du corps), de connaissances de soi (en éducation
physique et sportive) ou de respect de soi ou d’autrui.
Pour aider les enseignants dans leurs démarches, ces programmes sont complétés par les
documents d’application et des fiches connaissances pour les cycles II et III.
3) Quelle cohérence avec les instructions officielles des collèges ?
Au collège, l’éducation à la santé se préoccupe surtout des pratiques à risques
(toxicomanies, consommation d’alcool, exposition prolongée à des stimulations lumineuses
ou auditives agressives) qui ont déjà été abordées lors du cycle III. Les élèves sont amenés
à être acteurs de leur formation par le biais de débats, de réflexions sur la « responsabilité
individuelle et collective de l’homme en matière de santé (maladies infectieuses et sida). À
partir de situations courantes, l’élève découvre aussi les différentes composantes du
système immunitaire qui préserve l’organisme des agressions de son environnement. Il
comprend mieux l’efficacité de la prévention et des traitements mis au point (vaccination,
sérothérapie ou antibiothérapie) ».
Diverses circulaires concernent à la fois les écoles, les collèges et les lycées pour une
meilleure coordination des actions : _le BO du 3 décembre 1998 « Orientations pour
l’éducation à la santé à l’école et au collège »
_la circulaire N°2003-027 du 17-2-2003 relative à
l'
éducation à la sexualité dans les écoles, les collèges et les lycées
_la circulaire N°2003-210 du 01-12-2003 relative à la
santé des élèves : un programme quinquennal de prévention et d'
éducation concernant tous
les niveaux de scolarité est désormais mis en place.
Actuellement, une programmation d’éducation à la santé de la maternelle au lycée est
expérimentée dans plusieurs établissements, suite au contrat-cadre de partenariat en santé
publique conclu entre le ministère de l’éducation nationale et le ministère de la santé
publique. Ceci prouve l’intérêt grandissant des pouvoirs publics envers la promotion de la
santé des jeunes.
-7-
4) Les objectifs de l’éducation à la santé
La circulaire du 24 novembre 1998 précise qu’ « à l’opposé d’un conditionnement,
l’éducation à la santé vise à aider chaque jeune à s’approprier progressivement les moyens
d’opérer des choix, d’adopter des comportements responsables, pour lui-même comme visà-vis d’autrui et de l’environnement. Elle permet aussi de préparer les jeunes à exercer leur
citoyenneté avec responsabilité, dans une société où les questions de santé constituent une
préoccupation majeure. Ni simple discours sur la santé, ni seulement apport d’informations,
elle a pour objectif le développement de compétences : l’appropriation de connaissances
utiles pour comprendre et agir, la maîtrise de méthodes de pensée et d’action, le
développement d’attitudes, telles que l’estime de soi, le respect des autres, la solidarité,
l’autonomie, la responsabilité. »
L’éducation à la santé n’a pas à dicter la conduite des individus. L’objectif majeur est de
favoriser l’adaptation et de faire acquérir cette maîtrise de la responsabilité qui marque le
passage de la dépendance vers l’indépendance puis à l’autonomie. Cette dernière s’exprime
dans la capacité de faire des choix raisonnés et raisonnables, permettant à la fois de gérer le
moment présent tout en préparant l’avenir : il faut rendre les personnes aptes à adopter les
modes de vie les plus favorables à leur santé et à celle des autres.
Il ne s’agit plus de prévenir les maladies mais de promouvoir la santé : l’information est
généralement insuffisante pour agir sur l’individu. La connaissance des conduites à risques
ne fait pas un comportement, et en dénoncer un mauvais ne suffit pas pour qu’il soit
abandonné. Faire de l’éducation à la santé n’est donc pas seulement susciter le changement
de comportement mais identifier les problèmes de santé et aider les personnes à acquérir
les compétences pour les résoudre.
L’éducation à la santé n’est pas un conditionnement psychologique ou moralisateur. Il est
important de respecter la liberté de choix des individus et définir les limites des messages
délivrés.
Pour résumer, l’éducation à la santé a pour objectifs :
_ de donner aux individus la capacité de faire des choix,
_ de développer leur esprit-critique,
_ de les responsabiliser.
Les personnes doivent être à même de vouloir, pouvoir et savoir choisir et adopter, de façon
responsable, libre et éclairée, des attitudes et des comportements propres à favoriser leur
santé et celle du groupe.
-8-
5) Le rôle de l’école par rapport à ces objectifs
L’éducation à la santé est une dimension de la promotion de la santé qui fait partie
intégrante de la mission de l’Ecole.
Des leçons de morale sur l’hygiène, la tuberculose ou l’alcoolisme de la fin du XIXème
siècle à l’intégration de l’éducation à la santé dans les programmes de 1995, l’école a
représenté et représente toujours un des principaux lieux de prévention.
L’école est un lieu privilégié où une éducation à la santé peut s’exercer sur de longues
périodes auprès de la quasi-totalité d’une classe d’âge.
Aujourd’hui, la mise en œuvre d’une prévention précoce (des conduites à risques en
particulier) répond à une demande sociale forte. L’idée selon laquelle c’est pendant l’enfance
que peuvent être acquis des comportements positifs vis-à-vis de la santé a conduit les
autorités politiques à assigner à l’école une mission de prévention. C’est ainsi que l’on
retrouve celle-ci tout au long de la scolarité d’un élève, depuis la maternelle où elle se fait
quotidiennement.
« La santé des élèves constitue un enjeu d’importance pour l’école : son incidence sur les
apprentissages et la réussite scolaire, sur l’éducation au respect de soi et des autres, sur la
formation du futur citoyen et du futur adulte, et son rôle en matière de réduction des
inégalités et de prévention de toutes les formes de violence, sont essentiels. » Circulaire du
25/04/2002.
Il est donc important que l’Ecole ne néglige pas son rôle et qu’elle intègre la promotion de la
santé dans son processus éducatif, ou son projet d’école.
Selon le bulletin officiel du 25/01/2001, en plus des objectifs généraux de l’éducation à la
santé, l’Ecole a pour mission de : « _ détecter précocement les difficultés susceptibles
d’entraver la scolarité,
_ agir en appui de l’équipe éducative, pour une
meilleure prise en charge des élèves,
_ accueillir et accompagner tous les élèves, leur
favoriser l’accès aux soins,
_ développer une dynamique d’éducation à la santé et
à la sexualité et de prévention des conduites à risques,
_ contribuer à faire de l’école un lieu de vie prenant en
compte les règles d’hygiène, de sécurité et d’ergonomie. »
-9-
L’Ecole doit donc être à l’écoute des jeunes et de leurs familles, les rassurer sur leurs
propres comportements en plus d’offrir les connaissances et compétences nécessaires à un
changement bienfaisant.
L’école a la responsabilité particulière, en liaison étroite avec la famille, de veiller à la santé
des jeunes qui lui sont confiés et de favoriser le développement harmonieux de leur
personnalité. Elle participe également à la prévention et à la promotion de la santé en
assurant aux élèves, tout au long de leur scolarité, une éducation à la santé. Celle-ci se doit
d’être en articulation avec les enseignements, adaptées à la fois à leurs attentes et à leurs
besoins ainsi qu’aux enjeux actuels de santé publique. Cette éducation à la santé ne
constitue pas une nouvelle discipline : elle se développe à travers les enseignements et la
vie scolaire.
La polyvalence des enseignants du primaire contribue à faire de l’éducation à la santé une
compétence transversale. Il est plus facile pour eux de prendre en compte la santé de
l’enfant dans sa globalité par rapport à des enseignants de collège et lycées qui ne voient les
élèves que quelques heures par semaine dans des matières pas toujours propices pour
parler de ce thème.
L’enseignant voit son rôle enrichi : personne-ressource, il formalise les projets, recherche les
partenariats possibles et peut aussi mettre en place les conditions didactiques d’un travail
transdisciplinaire. Cela nécessite de nouvelles collaborations entre les secteurs de la santé
et de l’éducation pour des recherches sur la promotion de la santé, les partenariats, les
enseignements et les formations (cf. le contrat-cadre entre les ministères de la santé et de
l’éducation nationale).
C’est sur l’équipe éducative, et en particulier les enseignants dans le cadre de leurs cours,
que doit s’appuyer le dispositif d’éducation à la santé et non sur une intervention directe de
« spécialistes » extérieurs. Ces personnes sont présentes pour soutenir et conseiller les
enseignants dans leur projet. Il doit y avoir une cohérence entre les actions complémentaires
et les enseignements.
Il faut mettre en place des activités de classe pertinentes où l’enfant est acteur de sa
santé. Pour cela, il faut prendre en compte les conceptions des enfants et ses pratiques
sociales de référence, c’est un préalable indispensable dans le domaine de la santé qui met
en jeu le corps et la relation que l’enfant entretient avec lui. Il évolue dans un univers propre
où le normatif ne peut avoir sa place. Ceci est tout-à-fait en accord avec la dimension
subjective de la définition de la santé de l’OMS.
Il faut donc proposer des situations pédagogiques où l’élève pourra se mettre en jeu avec
ses conceptions initiales et les confronter à celles de ses camarades dans la réalisation
d’une tâche (débat, fabrication d’affiches…)
-10-
Ces activités permettant aux élèves de s’approprier les moyens de construire leur propre
liberté comme personne et citoyen relèvent de l’éducation à la citoyenneté.
En résumé, on cherchera à l’école à :
_ informer les élèves de la manière la plus objective possible,
_ développer chez eux des capacités d'
écoute, d'
expression, de réflexion et d'
analyse
pour faire les choix qui seront bons pour eux-mêmes et pour la collectivité,
_ éveiller un sentiment de responsabilité sur leur propre santé et sur celle des autres,
_ améliorer la réussite scolaire,
_ prendre en compte les différentes composantes du milieu dans lequel les enfants
vivent (économiques, sociales, culturelles…)
_ les aider à acquérir un meilleur état de santé, de saines habitudes de vie,
_ se sentir bien physiquement, psychologiquement et socialement,
pour former des futurs citoyens informés, responsables, autonomes, plus à même de faire
des choix libres et éclairés.
-11-
6) Les thèmes
Les sujets relatifs à l’éducation à la santé sont divers et variés. Pourtant on remarque que ce
sont souvent les mêmes qui sont traités par les enseignants (la nutrition essentiellement) :
c’est peut-être par manque d’informations, de connaissances ou tout simplement le fait d’être
mal-à-l’aise face à certains sujets (éducation à la sexualité, tabagisme par exemple) qui
guident les enseignants dans leurs choix.
La liste que je propose regroupe les thèmes les plus fréquemment abordés à l’école
primaire.
La nutrition :
C’est un sujet très important à l’heure actuelle, où le taux d’obésité ne cesse
d’augmenter et où les maladies d’origine nutritionnelle (boulimie, anorexie, diabète) touchent
de plus en plus de jeunes. L’éducation nationale a décidé de réagir en s’associant au plan
national « nutrition-santé » lancé par le ministère de la santé. Il a comme objectif général
d’améliorer l’état de santé de l’ensemble de la population en agissant sur l’un de ses
déterminants majeurs qu’est la nutrition.
Il est vrai que la multiplicité des informations disponibles et des actions qui peuvent être
mises en relation avec l’éducation nutritionnelle aide les enseignants dans leur projet : on
peut facilement l’aborder par les sciences en étudiant le fonctionnement du corps humain
(les dents, la digestion). La classification des aliments est aussi une de ses faces que l’on
retrouve de la maternelle au CM2 : elle est, bien sûr, plus ou moins élaborée selon l’âge des
enfants. Il peut être intéressant de travailler sur l’origine des aliments avec les enfants pour
mieux comprendre la manière de les classer. En maternelle, par exemple, il est nécessaire
de commencer par confectionner un aliment (pain, fromage, compote,…) pour aider les
enfants à prendre conscience d’où il vient, quelle est la base de celui-ci (blé, fruits, lait). C’est
à partir de cette classification que l’on définit les bienfaits de chaque groupe d’aliments et
que l’on étudie avec les élèves les besoins nutritionnels de chaque classe d’âge. Les enfants
sont alors informés des aliments qu’il est recommandé de consommer et ceux qui sont
déconseillés. Il faut faire attention de bien respecter la sphère privée et de ne pas juger la
manière des enfants de s’alimenter. Avec les enfants dès le cycle II, on peut essayer
d’élaborer des menus équilibrés sur une journée ou une semaine à partir de la classification
des aliments. Des jeux sensoriels peuvent leur être proposés, à partir du toucher
(reconnaître des fruits sans les voir), de la vue (différencier différentes poudres blanches), de
l’odorat et, bien sûr, du goût.
Pour compléter ces actions, un travail sur la publicité et son impact peut être effectué avec
des élèves de cycle III dans le but de développer leur esprit-critique et de les former à leur
rôle de futur consommateur averti
-12-
L’hygiène corporelle :
Ce sujet est souvent abordé à l’école maternelle puisqu’il fait parti du quotidien des
enfants : passages aux sanitaires, lavage des mains…On traite aussi de tout ce qui peut se
rapporter à ce thème, c’est-à-dire l’hygiène vestimentaire et du corps tout entier. Au début de
la scolarité, on essaie surtout de répondre à la question « comment faire pour être propre ? »
puis, avec des enfants plus âgés, l’objectif des enseignants devient « pourquoi faut-il se
laver ? »
A l’école élémentaire, l’hygiène corporelle se consacre essentiellement aux dents, ceci étant
favorisé par l’étude des différentes dentitions humaines et animales. On étudie alors des
radiographies de dents saines ou cariées, le rôle de chaque type de dents, la manière la plus
efficace de se les brosser, l’origine de l’apparition des caries et d’autres problèmes buccaux.
Les rythmes de vie :
Ce thème recouvre à la fois le sommeil et l’aménagement du temps scolaire. Ces deux
points sont liés et doivent surtout prendre en compte les habitudes des élèves et leur
environnement social et familial. On peut mettre en place des enquêtes élaborées avec les
enfants, faire des recherches sur les bienfaits du sommeil et sur les conséquences que le
manque de sommeil entraîne (fatigue, baisse d’attention). Le but est d’informer les enfants
pour, dans l’idéal, qu’ils puissent faire les meilleurs choix pour leur santé : ils peuvent alors
décider de se coucher plus tôt pour être en forme le lendemain par exemple.
Un travail peut aussi être fait au niveau de l’école, dans l’aménagement des horaires, et au
niveau de la classe, l’enseignant pouvant essayer d’alterner des moments où l’attention
demandée est importante et des moments où elle l’est moins.
Le tabagisme :
Il est présent dans les programmes concernant le cycle III et doit être traité en relation
avec l’étude de la respiration. Dans une optique de politique de promotion de la santé, il est
préférable d’insister sur le bien-être que l’on ressent quand on ne fume pas plutôt que sur les
méfaits du tabac. En effet, les enfants pourraient alors dramatiser les conséquences et
prendre peur vis-à-vis des personnes de leur entourage qui fument. L’important est de partir
des représentations initiales des élèves sur le tabac et d’adapter son travail par rapport à
celles-ci : ainsi, si un élève parle de cancer, il serait intéressant de faire une recherche sur ce
point. Là encore, il faut savoir apporter les informations de manière objective afin que les
élèves se forgent eux-mêmes une opinion sur le tabac.
-13-
Le tabagisme passif est souvent oublié mais pourtant il touche beaucoup d’enfants : après
en avoir été informé, il n’est pas rare de voir des enfants, non pas demander à leurs parents
d’arrêter de fumer mais de ne plus fumer dans la voiture par exemple, ceci étant un premier
pas vers un comportement libre et responsable pour leur santé
L’idée de dépendance doit aussi être abordée dans ce thème. Sur le même principe, on peut
traiter de l’alcoolisme et de l’usage des drogues.
Le soleil :
Les élèves doivent être capables de mesurer les risques encourus lors de l’exposition
au soleil (à court terme, un coup de soleil, et à long terme, cancer de la peau). Ils doivent
donc découvrir les moyens qu’il existe pour se protéger (exposition à certaines heures,
utilisation de crèmes solaires…). L’étude de certains thèmes sont évidemment plus adaptée
à certaines périodes de l’année : il vaut mieux traiter du soleil au mois de juin où les élèves
se sentiront sûrement plus concernés qu’au mois de décembre.
La sécurité :
On pourrait penser que la sécurité ne fait pas partie de l’éducation à la santé, pourtant
la définition proposée par l’OMS soumet l’idée que tout ce qui touche à l’intégrité physique,
sociale et morale de la personne relève du domaine de la santé. Que ce soit donc la sécurité
domestique, alimentaire ou routière, tous ces points peuvent être abordé dans la démarche
d’éducation à la santé.
Pour la sécurité domestique, on peut la mettre en relation avec les cours de physique sur
l’électricité par exemple. Cet enseignement des règles de sécurité vise à faire acquérir des
connaissances et la maîtrise des comportements de vigilance et de prudence afin que
l'
enfant évite l'
accident et réagisse de façon adaptée aux situations dangereuses. Il faut
aussi informer des risques de certains produits ménagers en montrant les logos qui
avertissent du danger.
En ce qui concerne la sécurité routière, le ministère a créé en 2002 une attestation de
première éducation à la route (APER) délivrée à l’issue de la scolarité primaire. L’APER
valide l’acquisition de règles et de comportements liés à l’usage de la rue et de la route et la
connaissance de leur justification. Cet enseignement doit prendre place tout au long de la
scolarité de l’élève.
Dans le cadre de ce sujet, quelques principes de secourisme doivent être inculqués aux
élèves pour qu’ils réagissent le plus efficacement possible lors de situations d’urgence.
-14-
La maltraitance :
Les programmes restent assez flous sur ce point : « Une information sur la maltraitance
sera effectuée chaque année. ». C’est un sujet délicat à aborder car il est répressible par la
loi : il faut arriver à informer les élèves sans toutefois les effrayer. Il commence par une
information de l’enfant sur ses droits en relation avec l’éducation civique. Les écoles
favorisent le développement psycho-affectif de l’enfant et permettent de dépister les
situations de danger grâce à la présence des enseignants au côté des élèves sur une longue
période. Il faut les encourager à parler et pour cela, leur communiquer le numéro de
téléphone où ils pourront parler à des spécialistes.
La sexualité :
Dans les programmes de sciences et technologie du cycle III, une partie concerne le
fonctionnement du corps humain et la reproduction, ce qui doit permettre à l’enseignant de
parler de sexualité avec les élèves. Il est difficile de fixer les connaissances à leur apporter
car il faut respecter l’intimité de chacun et les valeurs familiales. Aussi, il semble que
prévenir les familles que l’on va aborder ce thème en classe soit nécessaire. On sait que
l’éducation à la sexualité sera traitée au collège mais il est tout de même important de
permettre aux enfants de s’exprimer sur ce sujet et de les laisser poser leurs questions, qui
peuvent, par ailleurs, être le point de départ du travail : on s’intéresse ainsi aux
représentations des enfants et ce qui sera vu en classe a moins de risques de « choquer »
certains d’entre eux. La contraception (citer les moyens qui existent pour éviter d’avoir un
enfant si on ne le veut pas sans pour autant les montrer) les maladies sexuellement
transmissibles et les moyens de s’en protéger, l’acte sexuel sont des points à aborder lors de
ce thème. Il se peut que les élèves ne soient pas très à l’aise pour en parler avec leur
enseignant, le recours à une personne extérieure (infirmière ou médecin scolaires) peut
s’avérer nécessaire. On peut leur donner le numéro du planning familial pour qu’ils puissent
obtenir des réponses à leurs questions. Enfin, il existe des livres et des dépliants informatifs
adaptés à leur âge que l’enseignant peut mettre à leur disposition dans la BCD de la classe
pour qu’ils se documentent par eux-mêmes sur les points qui les intéressent.
Le monde médical :
Dans les documents accompagnant les programmes du cycle III, il est dit que la
découverte du monde médical est un thème à aborder. On conduit les élèves à une première
réflexion sur les soins médicaux qu’ils peuvent être amenés à recevoir : rapports avec le
médecin, usage de quelques médicaments usuels, importance des découvertes scientifiques
et techniques, etc. Il faut, en effet, expliquer les différents rôles du médecin : soigner, mais
aussi écouter, conseiller, rassurer pour que les élèves ne redoutent plus l’acte médical.
-15-
Cet enseignement peut aussi être étendu à tous les cycles pour le dédramatiser auprès des
enfants les plus jeunes : des actions sont parfois organisées dans les hôpitaux par des
étudiants en médecine qui proposent aux élèves de venir avec leur peluches pour leur
expliquer les différents actes médicaux (radiographies, points de suture…). Il faut également
leur faire comprendre que les médicaments ne sont pas des bonbons.
Les nuisances sonores :
A l’heure où les enfants écoutent de la musique de plus en plus fort et de manière
prolongée, il est important de leur faire prendre conscience des conséquences de leur
comportement qui ne seront visibles qu’à long terme : l’exposition à des niveaux sonores
élevés en fait partie. Pour cela, on peut, par exemple, construire une échelle du bruit et
classer les sons de la vie quotidienne selon les décibels. La relation avec les sciences et le
fonctionnement de l’ouïe peut être propice pour traiter ce problème. En physiques, on
découvre comment le son circule dans l’air ou l’eau.
L'
éducation à l'
environnement va être généralisée à la rentrée 2005 dans le primaire et le
secondaire. L'
éducation au monde sonore en fera partie avec plusieurs modules : l'
écoute et
la découverte d'
un environnement sonore, l'
éducation au civisme et la prévention des risques
auditifs.
-16-
7) Les partenaires
« La politique de santé à l’école est l’affaire de l’ensemble de la communauté éducative,
appuyée par les personnels médicaux et infirmiers ; Elle constitue à ce titre, un élément
essentiel des projets d’école.
L’école ne doit pas agir seule dans ce domaine. Elle doit développer des partenariats
privilégiés avec son environnement et trouver des appuis et des relais dans des domaines
qui ne relèvent pas de ses missions principales. » Circulaire du 25/04/2002.
Ces partenaires jouent un rôle de conseiller et de soutien auprès des enseignants. Ils
peuvent participer activement au projet tout au long de son déroulement sans pour autant se
substituer à ces derniers. Leur aide lors de la préparation est importante car ils ont une
approche différente de celle des enseignants, parfois plus médicalisée. L’impact qu’ils
peuvent créer peut être plus fort auprès des élèves car ces intervenants extérieurs auront
une autre relation moins affective que celles que les enfants peuvent avoir avec leur
enseignant ; cela peut leur permettre de trouver des réponses à des questions que
l’enseignant n’aura pas su répondre. Il est important que ce travail se fasse en collaboration
car il peut être difficile pour des professionnels d’avoir une démarche pédagogique adaptée
aux enfants (au niveau du vocabulaire par exemple).
Les partenaires privilégiés dans le domaine de la santé au sein de l’école sont bien
évidemment les médecins et les infirmiers scolaires : ils sont chargés de donner des conseils
et des informations mais bien souvent par manque de temps, leurs interventions sont rares.
L'
équipe de santé scolaire doit aussi participer à l'
élaboration du volet santé du projet
d'
école. Elle est chargée de la surveillance sanitaire des locaux scolaires. Et enfin elle ont un
rôle à tenir dans la formation initiale et continue des enseignants en matière de santé. En
conclusion l'
équipe de santé scolaire est le référent santé à l'
école, elle permet de faire le
lien entre l'
école, les familles et le médecin traitant.
Des organismes peuvent aussi apporter une aide précieuse au niveau de la documentation
et des informations :
_Ils peuvent être d’ordre privé :
L’ADOSEN (Action et DOcumentation Santé pour l’Éducation Nationale) est une
association de loi 1901, créée en 1962 et placée sous l’égide de la Mutuelle Générale de
l’Éducation Nationale, l’ADOSEN et ses sections départementales sont agréées par le
ministère de l’Éducation nationale en tant qu’association éducative complémentaire de
l’enseignement public. Elle peut intervenir pendant et en dehors du temps scolaire ; elle
participe au développement de la recherche pédagogique et à la formation des équipes
éducatives : pour cela, elle édite et diffuse de la documentation (plaquettes d’information,
programmes pédagogiques, outils multimédia)
-17-
La MAIF (Mutuelle Assurance des Instituteurs de France) met à disposition de ses
sociétaires toute une panoplie de brochures, fiches pédagogiques, cédéroms et vidéos
particulièrement sur le thème de la sécurité (domestique, routière).
_Ils peuvent être d’ordre publique :
L ’Institut national de prévention et d’éducation pour la santé (INPES) dépend du Ministère
de la Santé et met en place des actions correspondantes à la politique de santé publique.
Les enseignants pourront trouver de l’aide grâce à la publication d'
ouvrages et du soutien
technique de proximité aux enseignants et aux équipes de santé scolaire qui se traduit par
une aide à la conception, la mise en œuvre et l'
évaluation de projets.
Il existe dans chaque département un comité départemental d’éducation à la santé qui lui
aussi apporte son aide aux enseignants. Il met également à disposition des professionnels
de l'
éducation des outils pédagogiques (supports, vidéo et audio, expositions, jeux...) pour
mener à bien leurs actions de prévention santé auprès des enfants.
_Ils peuvent être d’ordre associatif : les associations de quartier peuvent soutenir les
enseignants car l’éducation à la santé se fait aussi hors de l’école. Une collaboration entre
ces acteurs permet une continuité dans les activités sous un aspect plus ludique (une
association de sport peut effectuer un travail sur l’échauffement par exemple)
Le rôle des familles dans le domaine de la santé des enfants est premier. L’école se doit
de les informer et de les associer dans tous les projets organisant les activités éducatives
sur ces sujets. La pertinence et l’efficacité des actions menées en dépendent, en particulier
dans le cadre de l’éducation à la santé et à la sexualité et de la prévention des conduites à
risques. Une réunion d’information avec les parents doit être organisée pour leur expliquer
les sujets sur lesquels la classe va travailler, la manière dont ils peuvent être associés
(exposition, répondre à une enquête, venir parler de leur métier) et le message que l’on veut
leur faire passer en précisant que l’on ne se permettra pas de juger leurs pratiques
familiales. Parler de certains sujets peut encore être tabou dans des familles et l’école joue
alors un rôle de relais en proposant aux parents une manière de les associer et de favoriser
le dialogue avec leur enfant.
L’éducation à la santé doit prendre en considération les habitudes de vie des élèves pour
s’adapter au mieux à leurs besoins. C’est pourquoi, une étroite collaboration doit s’effectuer
entre les familles et l’école. L’intervention de certains parents dans le projet peut être
envisagée pour valoriser leurs compétences et leurs connaissances aux yeux des élèves.
Dans le cadre de l’éducation nutritionnelle, on peut demander à un parent boulanger ou
cuisinier par exemple de venir parler de son métier et d’initier les élèves à quelques
pratiques.
-18-
1) Présentation de la séquence menée sur le thème du sommeil
dans une classe de CE2-CM2.
La séquence s’est déroulée sur trois séances : la veille de la première séance, j’avais
demandé aux élèves de relever leurs heures de coucher et de lever et de calculer le nombre
d’heures qu’ils avaient dormi.
Première séance
Les objectifs de cette séance étaient à la fois notionnels et méthodologiques. Je voulais
que les élèves enrichissent leurs connaissances sur le sommeil (savoir qu’il est utile pour la
santé des hommes comme des animaux, ce qu’il faut faire pour qu’il soit de bonne
qualité,qu’il se décompose en cycles et que la quantité de sommeil doit être suffisante et
qu’elle varie en fonction de l’âge) mais qu’ils le fassent par le biais de recherche dans des
documents (sélectionner des informations dans un texte pour répondre à une question,
utiliser une table des matières)
Cette séance a débuté par un moment de langage en collectif sur le relevé d’heures que
j’avais demandé. Après confrontation des différents horaires s’est posée tout naturellement
la question de savoir le nombre d’heures de sommeil nécessaires. Puis en poursuivant la
discussion, d’autres questions se sont dégagées : _Que se passe-t-il pendant la nuit ?
_Que faut-il faire ou ne pas faire avant
d’aller se coucher ?
_Quel est le rôle du sommeil ?
_Comment les animaux dorment-ils ?
Après avoir noté les questions dans leur classeur individuel, les élèves ont entamé un travail
de recherche par groupe : chaque groupe devait répondre à une question et noter ses
réponses sur une affiche en deux parties « ce que le groupe pense » et « notre recherche ».
Chaque élève disposait d’un dossier contenant des documents que j’avais trouvés dans
différents ouvrages (livres, magazines…). Le groupe traitant la question des animaux
disposait aussi d’ouvrages (Quid, BTJ, Tout l’univers).
Deuxième séance
Les objectifs de cette séance étaient de confronter les idées du groupe à celles des
scientifiques, d’exposer le résultat de leurs recherches à la classe et d’en tirer l’essentiel,
c’est-à-dire de faire une synthèse.
La démarche que j’ai mis en place est la suivante : _mise en commun des recherches avec
toute la classe suivie d’une discussion sur les méthodes mises en œuvre pour trouver les
informations (lecture du titre seul, des premières phrases, du document en entier ou non…)
-19-
_élaboration de la synthèse : elle fut
collective pour les CE2. Les élèves répondaient oralement aux questions de départ et ils
choisissaient la phrase qu’ils jugeaient la plus pertinente. Pendant ce temps, les CM2
élaboraient une synthèse individuelle écrite sur leur cahier de brouillon sous forme d’un
paragraphe répondant aux questions de départ. J’ai relevé ces cahiers de brouillon afin de
pouvoir reconstituer une synthèse collective à partir de leurs productions.
Troisième séance
Cette dernière séance, menée plusieurs jours après la deuxième, a porté sur une
vérification de ce que les élèves avaient pu retenir des séances précédentes. Je leur ai
distribué un questionnaire de type « vrai ou faux ». J’ai aussi décidé d’ouvrir le thème sur un
sujet que l’on n’avait pas eu le temps de traiter : les signes d’endormissement. Là aussi, un
petit jeu de découverte sur les signes de fatigue leur a été proposé.
2) Analyse de cette séquence
Bien que très important pour notre santé physique et mentale, le sommeil est une activité
constructrice et réparatrice fréquemment négligée. Mieux connaître le sommeil et son rôle
me paraissait donc un thème intéressant pour des élèves de cycle III malgré une certaine
complexité de quelques informations.
Les enfants ont immédiatement été enthousiasmés par le sujet du fait, il me semble, que je
les avais impliqués personnellement par le biais du petit travail préparatoire. Il aurait été plus
intéressant de leur fournir un tableau de relevés d’heures sur une période plus longue (une
semaine, par exemple) pour constater les différences d’heures de lever et coucher entre les
jours de classe et
les jours de repos, mais étant en début de stage en pratique
accompagnée, le temps m’a fait défaut. La discussion s’est très vite engagée car les élèves
avaient l’habitude de participer à des moments de langage collectif. Tous ont voulu participer
et donner les chiffres les concernant même les élèves les moins en confiance du fait que
chaque élève se sentait concerné. Il a donc fallu trouver une solution pour éviter de perdre
du temps avec des réponses redondantes: la question « Qui a dormi autant que cet
élève ? » m’a alors paru judicieuse car j’ai pensé que la plupart des élèves devait dormir le
même nombre d’heures. Cette manière de procéder a aussi permis de comparer les durées
de sommeil et de mettre en avant les différences entre les élèves. La discussion s’est
poursuivie, mais de peur que les questions que j’avais prévues ne soient pas posées, j’ai
alors moi-même donné les questions aux élèves et recueilli les conceptions initiales. J’aurais
dû laisser les enfants s’exprimer plus librement et poser toutes les questions qu’ils voulaient
pour ne retenir, à la fin, que celles sur lesquelles j’avais prévu de les faire travailler. Mes
questions étant assez simples, elles auraient sans nul doute été posées.
-20-
J’ai donc eu l’impression que c’était moi qui me posait des questions sur le sommeil plutôt
que les élèves vu que la discussion avait été beaucoup trop dirigée. Mais heureusement
cette petite erreur n’a pas influencé la suite du travail et les enfants se sont sentis concernés
par ces questions.
Le travail de préparation fut assez compliqué : il s’agissait de trouver des documents variés
et adaptés au niveau des enfants. Après avoir collecté assez d’informations, il m’a fallu les
trier et éliminer celles que je jugeais trop abstraites pour des élèves de cet âge. Pour
constituer le dossier documentaire de l’élève, j’ai choisi de ne pas regrouper tous les textes
traitant de la même question de manière à ce que les élèves aient à chercher les
informations susceptibles de répondre à leur question dans tout le dossier. Ainsi, ils ont dû
mettre en œuvre des stratégies de lecture (lire seulement le titre, les premières phrases, les
mots en gras….)
Avant de leur donner le dossier, je leur ai demandé comment on pourrait trouver les
réponses à ces questions. Les réponses des élèves ont globalement été celles que
j’attendais, à savoir chercher sur Internet et dans des livres. La classe ne disposant pas
d’ordinateur, la première solution fut écartée. Il est vrai qu’un travail de recherche en BCD
aurait pu être envisagé mais les ouvrages traitant du thème du sommeil sont peu nombreux
et parfois trop scientifiques pour des élèves de cycle III. C’est pourquoi j’ai décidé d’effectuer
moi-même ces recherches.
La difficulté variait suivant les questions, j’ai donc choisi de ne pas mélanger le groupe des
CE2 avec celui des CM2 afin de donner à ces derniers les questions sur le rôle et les cycles
du sommeil qui me paraissaient être les plus difficiles à comprendre. Pourtant dans cette
configuration de classe, faire travailler ensemble des élèves de niveaux différents peut être
un choix pédagogique judicieux pour que les CM2 aident les CE2 dans des explications de
mots d’un texte, dans la formulation d’idées, par exemple.
Avant de laisser les groupes travailler en autonomie, il m’a semblé souhaitable de leur
donner quelques conseils pour travailler le plus efficacement possible. Le travail en groupe
s’est bien déroulé mais j’aurais dû encore plus insister sur le rôle de chacun dans le groupe
en donnant par exemple une tâche précise (rapporteur, secrétaire) pour éviter que tous les
élèves veuillent écrire sur l’affiche ou veuillent venir parler lors de la mise en commun. Une
limite de temps aurait aussi dû être fixée (de vingt minutes environ) pour que la mise en
commun soit faite directement après le travail de recherche. Par manque de temps, celle-ci
fut faite quelques jours plus tard. Ce travail en groupe aurait aussi pu être écourté car le
recueil de conceptions initiales du groupe sur la question qu’il avait à traiter avait déjà été
plus ou moins vu lors du moment de langage en collectif. Derrière cette demande se cachait
un objectif de confrontation des idées préalables pour que tous les membres du groupe se
mettent d’accord sur la solution la plus pertinente en justifiant leur choix lors de la mise en
commun.
-21-
Seuls les élèves de CM2 ont compris mon attente et ont bien écrit des représentations
validées par l’ensemble du groupe, les élèves de CE2 ayant écrit chacun une réponse
individuelle sur l’affiche plutôt qu’une réponse commune. Pourtant la formulation « Ce que le
groupe pense » me semblait explicite mais apparemment une explication supplémentaire
était nécessaire. Je me suis aperçue de ce problème trop tard, certains élèves du groupe
ayant déjà écrit leur réponse, je ne pouvais pas empêcher les autres de le faire à leur tour.
La mise en commun des recherches de chaque groupe s’est bien passée, les élèves ont
réussi à expliquer au reste de la classe ce qu’ils avaient trouvé en employant leurs propres
mots comme je l’avais demandé en consigne. Les élèves ont pu comparer leurs idées avec
celles des scientifiques et parfois, à leur grande surprise, se rendre compte qu’ils avaient
raison. Certains groupes (surtout les CE2) ont eu des difficultés à extraire de leurs
documents les idées essentielles et ont été tentés de tout sélectionner. Par exemple, pour
savoir le nombre d’heures de sommeil recommandé, un document donnait des informations
pour tous les âges entre 6 et 12 ans : je leur ai donc expliqué qu’ils devaient choisir les âges
qui concernaient la classe, et d’autres qui serviraient de comparaison. Les élèves ont alors
choisi de prendre les chiffres de l’âge adulte et la naissance pour comparer avec les chiffres
donnés pour de 8 et 10 ans.
La multitude de documents traitant une même question fut l’occasion de mettre les élèves
devant des contradictions : en effet si on reprend l’exemple du nombre d’heures, les enfants
ont été plus ou moins déconcertés par le fait qu’un document conseillait 10h30 de sommeil
pour un enfant de dix ans et un autre 9h45 pour un enfant du même âge. Je leur ai donc
expliqué que parfois il fallait vérifier les informations avec un troisième document pour voir
lequel avait raison.
Lors de l’élaboration de la synthèse avec les CE2, je me suis rendu compte que la notion
de cycles de sommeil avait bien été assimilée mais pour m’assurer de la compréhension de
la classe entière, j’ai refait un schéma explicatif au tableau en insistant sur le fait que
plusieurs cycles par nuit se succèdent. Cette question me semblait être la plus difficile à
comprendre pour des élèves de cet âge. Je n’avais pas préparé la trace écrite avant mais
j’avais seulement réfléchi aux idées essentielles pour pouvoir guider les élèves sans leur
donner une synthèse toute faite. Les phrases proposées par les CE2 étaient de syntaxe
correcte et les idées à retenir étaient toutes présentes. Les élèves ont eu surtout du mal à
faire un choix parmi toutes les propositions.
-22-
Les élèves de CM2 ont, eux aussi, bien réussi à tirer l’essentiel de tout ce qui avait été dit.
Certains ont préféré répondre question par question et d’autres ont produit un petit texte
synthétisant les réponses aux questions. Mon problème fut encore un manque de temps : je
souhaitais, en effet, vérifier les productions oralement (les CM2 n’étaient que 8) pour que les
élèves puissent confronter leurs phrases et choisir s’ils gardaient la leur lorsqu’elle était
correcte ou s’ils préféraient celle de leur camarade.
Ce travail aurait été effectué pendant que les CE2 recopiaient individuellement les réponses
dans leur classeur. Il s’est avéré que le tableau n’était pas assez grand pour laisser toutes
les réponses écrites et les élèves de CE2 ont dû les recopier au fur et à mesure. C’est
pourquoi j’ai décidé de ramasser les cahiers de brouillon des élèves de CM2 pour pouvoir
choisir les phrases qui constitueraient la synthèse collective. J’ai pu ainsi vérifier que les
élèves avaient tous compris l’essentiel de ce qui avait été dit.
Cette vérification fut confirmée lors de la dernière séance avec le questionnaire de type
« vrai ou faux ». Bien que quelques jours se soient écoulés entre ces deux dernières
séances et que je ne leur avais pas demandé d’apprendre la synthèse, les élèves ont bien
réussi dans l’ensemble à répondre correctement aux affirmations proposées. Une rapide
vérification a été faite pour voir si les élèves avaient changé de comportement par rapport à
leur sommeil : certains m’ont dit qu’ils s’étaient couchés plus tôt pour pouvoir dormir le
nombre d’heures recommandés. On voit que l‘impact à court terme est possible dans la
démarche d’éducation à la santé mais celle à long terme serait à confirmer.
Le thème du sommeil est un sujet très vaste à traiter et pour conclure ma séquence, j’ai
proposé aux élèves un petit jeu pour découvrir les signes d’endormissement. Ils ont ainsi
découvert des signes qu’ils ne soupçonnaient pas d’être des signes de fatigue et se sont
aperçu que ce n’est pas parce que l’on met son pyjama que l’on est fatigué !
Il est vrai que ce thème aurait pu être rattaché au thème, plus général, des rythmes de vie
de l’enfant et avec plus de temps, ou en tant que professeur titulaire, un travail sur
l’aménagement des horaires de l’école aurait pu être fait en tenant compte des rythmes
biologiques des enfants par exemple. J’aurais sans doute aussi mis en place une enquête
élaborée par les enfants à destination des parents, tout en respectant le domaine privé.
Deux exemples possibles :
_ Les élèves auraient interrogé leurs parents sur leurs connaissances et leurs habitudes par
rapport au sommeil (nombre d’heures, qualité, utilité…) et vérifié la pertinence de leurs
réponses.
_ Les élèves auraient répondu avec l’aide de leurs parents à un questionnaire conçu à partir
de leurs représentations initiales et se seraient documentés ensuite sur ce thème.
-23-
3) Présentation de la séquence sur l’hygiène menée dans une
classe de petite et moyenne sections
Comme nous l’avons vu dans la partie consacrée aux instructions officielles, l’éducation à la
santé en maternelle se préoccupe surtout de l’hygiène. J’ai donc choisi de traiter ce thème et
plus particulièrement l’hygiène du corps pour sensibiliser les élèves à leur corps.
Première séance
L’objectif de cette première séance était surtout de faire prendre conscience aux élèves de
leur corps et des représentations qu’ils en avaient. Pour cela, les enfants avaient pour
consigne de se dessiner. Pendant le moment collectif précédant ce dessin, un élève était
venu au centre du coin-regroupement pour montrer son corps et j’avais insisté sur le fait que
le mot « corps » désignait l’ensemble et pas seulement le tronc.
Pendant ce petit travail de recueil de représentations initiales sur le corps, je suis passée
parmi les élèves pour légender leur production sous la dictée. Puis une mise en commun a
été faite pour comparer les différentes productions : les élèves se sont aperçus que certains
de leurs camarades avaient mis des détails auxquels eux-mêmes n’avaient pas pensés.
Cette séance s’est terminée par une synthèse où les enfants devaient nommer oralement et
montrer chacun sur soi les différentes parties de leur corps.
Deuxième séance
Cette séance était une sorte de bilan de la précédente : elle commençait par une lecture
en collectif d’un album sur le corps humain « J’ai tout ce qu’il me faut ». A la fin de cette
lecture j’ai demandé aux enfants de me redire les parties du corps citées dans le livre et de
me les montrer au fur et à mesure sur le leur. Un bref rappel du vocabulaire qui avait été vu
la séance précédente a été fait.
La deuxième partie de la séance fut consacrée à un travail individuel : les élèves disposaient
chacun de six images représentant les parties du corps d’un petit garçon (tête, bras gauche
et droit, tronc, jambes gauche et droite) et ils devaient le reconstituer.
Troisième séance
Après la découverte de leur corps, il me semblait important de parler avec les enfants de
l’hygiène au quotidien et c’est sous forme d’une séance de langage que s’est mis en place
cet objectif. Les élèves ont été invités à s’exprimer tout d’abord librement puis à répondre à
des questions plus précises sur la manière de se laver, les parties du corps, les moments de
la journée où on se lave et le change de linge.
-24-
Quatrième séance
Elle fait partie de la série d’ateliers que j’avais mis en place sur une semaine : un de ces
ateliers était consacré à l’hygiène, au lavage des mains. J’étais présente avec les élèves au
début de cet atelier lors du lavage des mains : les enfants devaient se laver les mains et
pour cela, ils avaient à leur disposition de l’eau dans des bassines et du savon. Un premier
essai libre leur était proposé puis une discussion pour savoir quelle était la meilleure manière
de se laver les mains.
La séance se concluait par un travail individuel : les élèves devaient remettre en ordre les
étiquettes représentant les différentes étapes du lavage des mains, après les avoir décrites
collectivement
4) Analyse de cette séquence
Avant de traiter du thème de l’hygiène, il m’a semblé important de faire découvrir ou
redécouvrir les parties de leur corps aux enfants. Il est d’ailleurs spécifier dans les
instructions officielles que ce travail est source d’intérêt pour eux : j’ai pu facilement me
rendre compte que ceux-ci sont en effet très intéressés dès qu’il s’agit de parler de sujet qui
les concerne directement (dans ce cas, leur propre corps et leurs habitudes de vie)
Les conceptions initiales que j’ai pu recueillir lors de la première séance m’ont paru assez
typiques de celles que l’on peut attendre d’élèves de cet âge qui n’ont pas encore pris
conscience de tout ce qui compose leur corps dans sa totalité. Il faut tout de même prendre
en compte la difficulté que certains peuvent rencontrer pour représenter certaines parties : il
y a donc un décalage possible entre ce qu’ils perçoivent et ce qu’ils dessinent.
Paradoxalement, la plupart des productions des enfants ne présentait pas le tronc du
bonhomme mais quelques détails comme les yeux n’étaient pas oubliés. Plusieurs
productions montraient un bonhomme avec les bras et les jambes attachés aux oreilles ou à
la tête. D’où l’importance de légender les dessins des enfants pendant la tâche : les
représentations sont rendues plus compréhensibles pour l’enseignant et cela permet au
moment de la mise en commun de pouvoir rappeler aux enfants ce qu’ils ont dessiné pour
qu’ils expliquent à leurs camarades.
Ce jour-là, l’enseignante de la classe de grande section étant absente, quelques-uns de ses
élèves étaient présents dans ma classe : ils ont donc eux aussi dessiné leur corps et j’ai pu
ainsi constater les différences de conceptions entre des élèves de tous les niveaux de
maternelle. Il a été aussi très intéressant de remarquer que certains d’entre eux avaient des
représentations très peu différentes par rapport à des élèves de moyenne section. Ces
élèves m’ont apporté une plus grande richesse de variété entre les dessins : j’avais à ma
disposition à la fois des productions très simples avec un bonhomme représenté par une
tête, deux bras et deux jambes, et des productions très détaillés avec le cou, les orteils ou
encore le nombril.
-25-
La mise en commun a ainsi pu être très enrichissante pour les élèves de ma classe car la
comparaison entre les dessins permettait de mettre en avant des différences tout-à-fait
visibles pour des enfants de cet âge. De plus, ce sont des enfants qui expliquaient les détails
qu’ils avaient représenté et non plus l’enseignante. Lors de cette mise en commun, je me
suis aussi aperçue que le vocabulaire que les élèves employaient manquait de précision : en
effet, tous les élèves pensaient que le mot « corps » désignait le tronc et non pas le corps
dans son ensemble. J’ai donc dû introduire un mot de vocabulaire nouveau pour eux
« tronc » pour qu’ils ne fassent plus la confusion avec le mot « corps ». On voit ici que c’est
l’usage commun du mot « corps » qui a conduit les élèves à cette confusion et que le rôle de
la société et des parents prend alors toute son importance dans le développement du
langage chez les enfants.
Pour la dernière phase de la séance où les élèves étaient invités à nommer les différentes
parties de leur corps, je les ai encouragés à toucher celles-ci en même temps qu’ils les
nommaient pour que les élèves puissent prendre conscience de l’ensemble de leur corps, de
tout ces détails qu’ils n’avaient pas dessinés ni mentionnés lors de la mise en commun.
Les nouveaux mots de vocabulaire que j’ai introduits ont plutôt été bien retenus par les
élèves : j’ai pu le vérifier lors de la séance suivante où quelques-uns d’entre eux ont
réemployé le mot « tronc », trouvant eux-mêmes la comparaison avec le tronc de l’arbre
pour expliquer à ceux qui ne se souvenaient plus. La place de l’album en maternelle est très
importante, aussi lorsque j’en ai trouvé un qui se rapportait au thème étudié, j’ai
immédiatement songé à l’exploiter. En effet, le succès auprès des enfants ne s’est pas fait
attendre et il aurait été intéressant, sur une période plus longue, d‘utiliser des albums en
relation avec l’éducation à la santé pour sensibiliser les enfants à ces problèmes d’hygiène,
de nutrition, de sommeil…Je pense que ce serait un moyen très attractif pour intéresser les
élèves et pas seulement ceux de maternelle. Les enfants ont d’ailleurs été très attentifs à la
lecture de l’album et ils ont su rappeler les parties du corps nommées dans l’histoire, même
celles qui n’avaient pas été citées lors de la première séance. Une fois de plus pour mieux
prendre conscience de leur corps, la sensation du toucher a été sollicitée.
Le travail individuel proposé aux enfants ne présentait pas de difficulté à première vue : les
six étiquettes représentaient les parties les plus connues du corps, que tous les élèves
avaient par ailleurs su renommer lors de la phase collective. L’intérêt de cet exercice, outre
le fait qu’il permettait de vérifier que tous savaient où placer les étiquettes, résidait dans le
bon placement des membres gauches et droits supérieurs et inférieurs. En effet, si l’élève
inversait les deux membres, alors le garçon avait une position impossible à imiter pour un
être humain : c’est sur cette incohérence que j’ai dû jouer pour que les élèves s’aperçoivent
de leur erreur. J’ai aussi pu par ce biais leur parler de l’épaule, certains élèves collant
l’étiquette au niveau de l’abdomen. Il fallait sans cesse faire comparer le bonhomme qu’ils
créaient à leur propre corps pour mettre en avant les problèmes de placement des membres
-26-
et de collage. Je me suis aperçue qu’il était important, pour des élèves de cet âge, que les
actions réalisées soient toujours en relation avec leur vécu pour qu’ils soient
personnellement impliqués dans la tâche.
Un prolongement possible de cette activité aurait été de faire fabriquer aux élèves des
pantins à partir du bonhomme reconstitué pour introduire les articulations les plus facilement
repérables. Cet exercice aurait aussi pu être le moyen d’introduire les notions de droite et de
gauche, en prenant en compte l’effet « miroir » du bonhomme : « ce qui est à gauche pour
lui est à droite pour moi. » La manipulation de celui-ci pour mettre les membres gauches du
bonhomme et de l’élève en correspondance aurait été intéressante. Un autre prolongement
possible aurait été de donner aux élèves un visage vide à compléter en se regardant dans
un miroir. J’aurais pu éventuellement demander aux enfants de redessiner un bonhomme,
cela aurait été une bonne évaluation pour voir ce que les élèves avaient compris et retenu.
Nous aurions alors comparé le bonhomme dessiné la première séance et celui-ci pour
montrer aux élèves l’évolution de leurs conceptions.
La séance de langage qui débutait mon travail sur le thème de l’hygiène fut très
satisfaisante au niveau de la qualité des réponses des enfants. Pour bénéficier de toute leur
attention, j’ai choisi de les laisser s’exprimer librement sur le sujet « je me lave » et leurs
propos ont surtout été d’ordre personnel et anecdotique. La discussion libre terminée, j’ai pu
leur poser des questions plus précises :
_ « Quand se lave-t-on ? A quels moments de la journée ? » : Les élèves ont pensé
immédiatement au bain que certains prenaient le soir, d’autres le matin mais aucun n’a
suggéré après le passage aux toilettes ou avant la cantine par exemple. Il a donc fallu que je
reprécise ma question en leur demandant de bien prendre en considération tous les
moments de la journée. Un élève a déclaré qu’il se lavait les mains quand il y avait de la
peinture dessus : cette remarque était intéressante car elle prouvait que l’élève associait la
saleté à ce qui était visible. Il aurait donc été judicieux de montrer le contraire à celui-ci lors
d’une occasion où la saleté aurait été invisible.
_ « Quelles parties du corps lave-t-on ? » : Cette question me permettait de leur faire
réinvestir le vocabulaire vu les séances précédentes et les élèves ont dans l’ensemble
proposé des réponses correctes. Toutefois, les dents et les oreilles n’ont pas été citées, les
élèves se concentrant sur le bas du corps. J’ai donc essayé de les mettre sur la voie en
montrant mon visage et après un petit temps de réflexion, certains y ont pensé.
_Cela m’a permis d’enchaîner avec la question « Avec quoi se lave-t-on ? » : La première
réponse fut unanime « avec de l’eau » suivie par la proposition du savon ou du gel douche.
A ma grande surprise, aucun d’entre eux ne m’a parlé du gant de toilette et je me suis
aperçue que la plupart ne connaissait pas l’objet. Venant tout juste de parler des dents et
des oreilles, j’ai été aussi surprise que personne ne me parle de brosse à dents ou de cotontige. Sur une plus longue période, il aurait été possible de sensibiliser les enfants aux
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problèmes d’hygiène dentaire et de leur faire amener leur brosse à dents pour utiliser cet
objet tous ensemble dans la classe, en montrant à partir d’une grosse mâchoire en plastique
les gestes à effectuer pour se brosser les dents efficacement.
_ « Quels habits changez-vous tous les jours ? » : La réponse que j’attendais concernait le
linge de corps. Là aussi, les enfants ont, sans hésiter, cité tous les noms de vêtements qu’ils
connaissaient en oubliant toutefois le principal, le linge de corps. Seule une petite fille a
pensé spontanément aux chaussettes, ce qui est alors apparu comme une évidence aux
yeux des autres enfants, bien qu’ils aient omis de les citer. Une fois de plus, les élèves
associaient la saleté à ce qui était visible, ce qui confirmait qu’un travail sur la saleté aurait
été nécessaire mais je ne l’avais pas prévu dans mon projet.
Un petit questionnaire de ce type, rapide à mettre en place et sans grande demande de
préparation, permet aux enseignants de connaître les habitudes familiales des enfants et
même si cela doit rester du domaine privé, les enseignants peuvent alors savoir s’ils doivent
concentrer leurs actions sur un point particulier de l’hygiène. Pour ma part, avec plus de
temps, j’aurais très certainement essayé de trouver différentes sortes de tâches et de saleté
pour prouver aux enfants que la saleté n’est pas forcément visible. Une association des
parents sur ce thème aurait pu être faite par le biais de réalisation d’affiches ou de dépliants
informatifs par les élèves.
L’atelier consacré au lavage des mains a beaucoup plu aux enfants : cet atelier comprenait
une phase de manipulation, d’exploration qu’ils apprécient toujours. Pour donner un peu de
réalisme à cette activité, j’ai mis à leur disposition des objets pour se salir les mains (feutres,
terre, colle). Lors de la phase de découverte, j’ai pu observer les différentes manières
qu’avaient les enfants pour se laver les mains, certains utilisant spontanément le savon,
d’autres seulement l’eau, ceux qui se frottaient les mains, ceux qui ne faisaient que les
tremper. Nous avons alors décidé de trouver la manière la plus efficace. A tour de rôle (il n’y
avait que cinq élèves par groupe), les enfants ont donc montré à leurs camarades comment
ils se lavaient les mains. Les observateurs devaient juger du résultat : les mains sont propres
ou elles ne le sont pas entièrement. C’est ainsi que très vite les élèves ont pu constaté que
le savon était nécessaire. J’avais, bien évidemment, choisi l’ordre de passage des enfants :
celui qui ne faisait que tremper ses mains dans l’eau passant en premier. J’ai remarqué
qu’immédiatement ses camarades ont repéré ses oublis : je pense qu’ils étaient bien
habitués à se laver les mains puisqu’ils le faisaient plusieurs fois par jour sous le regard des
ATSEM qui leur avaient donc très probablement déjà expliqués la nécessité du savon et de
se frotter les mains. J’ai donc plutôt concentré mon travail sur l’aspect sensoriel de cette
activité : _la vue, tout d’abord de l’eau avant le lavage et après et celles des mains avant et
après lavage.
_l’odeur du savon, des mains propres
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_le toucher des serviettes, des mains pleines de terre et celles lavées, l’eau de
lavage qui contenait du savon et de la terre.
Cette découverte sensorielle m’a permis de leur faire utiliser du vocabulaire adapté à la
situation : l’eau est froide, la serviette sèche les mains…ce qui n’était pas mon objectif de
départ. Si cette classe avait été la mienne, j’aurais sûrement profité du moment de passage
aux toilettes pour faire cette découverte petit groupe par petit groupe où l’on se serait plutôt
concentré sur la nécessité du savon et de se frotter les mains. L’éducation à l’hygiène doit en
effet être quotidienne pour que les enfants adoptent des habitudes saines dès le plus jeune
âge.
Le travail individuel qui suivait n’a présenté aucune difficulté particulière pour les élèves : il
faut dire que le fait de les avoir décrites avant collectivement les a aidés à mieux comprendre
la signification de celles-ci. Une étiquette représentant du savon aurait pu être rajoutée mais
j’avais mis derrière cet exercice un objectif de logique plutôt qu’un objectif d’éducation à la
santé en lui-même : en effet, même s’il est important que les élèves gardent une trace écrite
de ce qu’ils font en classe, pour en reparler avec les parents chez eux par exemple, je trouve
que celle que je leur avais proposée présentait peu d’intérêt par rapport à l’activité faite en
classe : on ne retrouvait pas toutes les sensations décrites par les élèves, et les étapes peutêtre les plus importantes du lavage des mains, à savoir le savon et l’action de se frotter les
mains, n’étaient pas représentées. Demander que les élèves dessinent ce qu’ils avaient fait
et légender individuellement leur dessin aurait été, il me semble, une activité plus
intéressante pour vérifier ce qu’ils avaient retenu de cet atelier.
Bien que mon travail ait porté sur l’hygiène corporelle, il ne faut pas oublier qu’elle
concerne aussi les locaux : dans ce cas précis, on voit que l’éducation à la santé est
transversale car on ne se trouve plus dans le domaine « découvrir le monde » mais plutôt
dans celui « vivre ensemble » Cet aspect est tout aussi essentiel à traiter car il apprend aux
enfants à respecter l’environnement et les lieux de vie communs à tous : dans cette
perspective, je pense que j’aurais mis l’accent sur le rangement de la classe en donnant plus
de responsabilités aux élèves pour le matériel, par exemple. Pour des élèves plus âgés, on
aurait pu leur demander de repérer ce qui manque pour une meilleure hygiène dans l’école.
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CONCLUSION
La démarche d’éducation à la santé est complexe car il faut faire plus que seulement
apporter des informations aux élèves : il faut les aider dans l’acquisition de compétences
pour opérer les bons choix. La difficulté, pour l’enseignant, réside dans le fait qu’il faut rester
objectif dans sa démarche pour ne pas influencer les élèves, même si la part de subjectivité
est sous-jacente, du fait par exemple de choisir telle information plutôt qu’une autre.
L’éducation à la santé, touchant souvent à l’intime et aux tabous, pose la question des
valeurs et des limites entre l’intervention de l’école et celle de la société civile, en particulier
la famille. On pourrait croire que l’école est un modèle, mais on pourrait aussi souligner que
parfois, les habitudes de vie favorables à la santé sont mises en œuvre au sein de la famille
et sont contraires aux pratiques de certains enseignants.
La question de l’évaluation et de la portée des actions est délicate et limitée : dans
l’absolu, le critère d’efficacité d’un projet serait un progrès dans les conduites réelles, ce qui
n’est pas ou mal mesurable dans le cadre scolaire. En revanche, ce qui peut tout de même
être évalué en cours et en fin de processus, ce sont les connaissances et les compétences
que les élèves ont pu acquérir bien qu’il ne suffise pas d’être informé pour changer de
comportement : le décalage entre ce que l’on sait et ce que l’on fait est très important.
Les projets que j’ai pu mettre en place lors de mes stages m’ont permis de me rendre
compte des difficultés que peuvent rencontrer les enseignants : pour mener à bien un projet,
il faut du temps en classe pour mener différentes activités (ce dont j’ai manqué pendant mes
stages) et beaucoup d’investissement personnel (suivant les sujets et le niveau des élèves),
souvent récompensé par l’engouement des enfants qui s’explique par le fait que l’éducation
à la santé les concerne directement et donc les implique personnellement.
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BIBLIOGRAPHIE
_ Qu’apprend-on à l’école maternelle ? Ministère de l’Education Nationale, CNDP
_ Qu’apprend-on à l’école élémentaire ? Ministère de l’Education Nationale, CNDP
_ « Education à la santé : rôle et formation des personnels d'
éducation. » Recherche
et formation 1998
_ « Education à la santé » Manderscheid, Jean-Claude - Revue française de
pédagogie 1994
_ A la découverte du corps et de la santé : apprendre à l'
école maternelle Bornancin,
Bernadette / Bornancin, Michel / Moulary, Danielle, Delagrave 2002
_ Ecole et santé : le pari de l'
éducation, Larue, Robert, Hachette, 2000
Document faisant parti du dossier sur le thème du sommeil
Annexe 1
Trace écrite collective des CE2
Annexe 2
Trace écrite individuelle d’un CM2
Annexe 3
Questionnaire de la séance n°3
Annexe 4
Questionnaire sur les signes de fatigue
Annexe 5
Représentations initiales sur le corps humain
Annexe 6a
Annexe 6b
Reconstitution du garçon à partir de six étiquettes
Annexe 7
Remise en ordre logique des étapes du lavage de mains
Annexe 8
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