"France-Allemagne XIX-XXème siècle

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DoSSiEr DE préparation à la viSitE
MUSée TOMi UngeReR – 2, avenue de la Marseillaise
MUSée d’ART MOdeRne eT COnTeMPORAin – 1, place Hans-Jean--Arp
France/allemagne XiXe-XXe siècle
Du Duel au Duo
InterFérences/InterFerenzen
Parcours PéDestre Dans la neustaDt
Avenue de la Liberté
Ville et CUS – Christophe Hamm
Hansi (Jean-Jacques Waltz, dit)
(1873-1951)
« Le Kronprinz prince de sang », 1916
Lithographie
50 x 32,5 cm
Collection privée
© Musée Hansi, Riquewihr
Photo : Musées de la Ville de Strasbourg /
Mathieu Bertola
Eckhard Schulze-Fielitz
Stettin, 1929
Raumstadt, 1959,
Maquette en plastique, carton, métal, bois
et divers
62 x 125 x 59 cm
Collection FRAC Centre, Orléans.
Courtesy FRAC Centre.
Photo : Philippe Magnon.
Service éducatif des musées, 2013
Palais Rohan — 2, place du château — 67076 Strasbourg cedex — www.musees.strasbourg.eu
réservations le matin 03 88 88 50 50 — renseignements l’après-midi 03 88 52 50 04 — FAX 03 88 52 50 41
dOSSieR de PRéPARATiOn à LA ViSiTe
France/allemagne XiXe-XXe siècle
2
Sommaire
Du Duel au Duo
images satiriques du couple franco-allemand de 1870 à nos jours
du 12 avril au 14 juillet 2013
présentation de l’exposition . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .P. 3
parcours de l’exposition . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .P. 4
InterFérences/InterFerenzen
Architecture. Allemagne-France. 1800-2000
du 29 mars au 21 juillet 2013
présentation de l’exposition . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .P. 11
parcours dans l’exposition . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .P. 12
Chronologies . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .P. 19
atlas France/allemagne
Cartes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .P. 23
Parcours PéDestre Dans la neustaDt
L’axe impérial
itinéraire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .P. 32
C e t t e e x p o s i t i o n e s t r e c o n n u e d ’i n t é r ê t
na t i o nal p ar l e mini s t è r e d e la C ul t ur e e t
d e la C o mmuni c a t i o n / D ir e c t i o n g é n é r al e
d e s p a t r im o ine s / S e r v ic e d e s mu s é e s
de Fr ance. Elle bénéficie à ce titre d’un
soutien financier exceptionnel de l’ét at.
E x p o s i t i o n r é ali s é e p ar l e s M u s é e s d e la
V ill e d e S t r a s b o ur g e n p ar t e nar ia t ave c l e
D e u t s c h e s A r c hi t e k t ur mu s e um d e Fr an c f o r t ,
qui la présenter a du 3 oc tobre 2013 au
12 janvier 2014.
Cet te exposition bénéficie du soutien de
l a C o m m u n au t é u r b a i n e d e S t r a s b o u r g
dOSSieR de PRéPARATiOn à LA ViSiTe
Du Duel au Duo
images satiriques du couple franco-allemand
de 1870 à nos jours
du 12 avril au 14 juillet 2013
PrésentatIon De l’exPosItIon
Quel autre domaine de l’art graphique que celui du dessin satirique, de la
caricature au dessin de presse, ne saurait mieux refléter l’histoire du couple
franco-allemand depuis 1870 jusqu’à nos jours ? Les illustrateurs se sont
passionnés pour ce sujet en construisant dans le contexte des conflits entre les
deux pays l’image d’un ennemi héréditaire, puis en restituant les hauts et les
bas du nouveau couple qui s’est formé après 1945.
Conçue en écho au cinquantième anniversaire du traité de l’élysée, cette
exposition rassemble autant de dessinateurs français qu’allemands. C’est ainsi
qu’aux revues satiriques allemandes Kladderadatasch, Pardon, Simplicissimus
et Titanic, répondent les homologues en France La Baïonnette, La Caricature,
Le Charivari, Charlie-Hebdo et Hara-Kiri. entre autres artistes et toutes
époques confondues, Antonelli, Arnold, Bosc, Braunagel, Cabrol, Cabu,
daumier, effel, Flora, Forain, gulbransson, Hanel, Hanitzsch, Hansi, Heartfield,
Hermann-Paul, Hoppmann, Kroll, Léandre, Moisan, Plantu, Robida, Sauer,
Sennep, Siné, Waechter, Willem, Zislin, ont croisé leurs crayons dans l’édition,
l’affiche et la presse de part et d’autre du Rhin et ont donné de la question une
vision caustique et parfois cruelle. Parmi eux, l’Alsacien Tomi Ungerer occupe
une place à part en donnant du sujet une version décapante et sans
concessions qui se démarque de celle de ses prédécesseurs.
Un parcours d’environ 150 œuvres regroupant des dessins originaux, des
revues et des livres, se propose de mettre en relief différents procédés du
dessin satirique, notamment à travers l’iconographie symbolique des deux
pays, ainsi que les moments forts des relations franco-allemandes. Une galerie
de portraits-charges de tous les présidents français et chanceliers allemands,
spécialement conçue pour l’exposition par le dessinateur Frank Hoppmann,
complète avec un humour grinçant cette présentation.
Les textes qui suivent ont été écrits par Thérèse Willer conservatrice du Musée
Tomi Ungerer avec le conseil scientifique de Franck Knoery.
3
dOSSieR de PRéPARATiOn à LA ViSiTe
Du Duel au Duo
Parcours Dans l’exPosItIon
Section 1
de 1870 à 1945 : la construction des imaginaires
L’histoire des genres satiriques et caricaturaux dans le dessin de presse,
l’affiche et l’illustration s’est largement nourrie des conflits qui ont secoué le
cœur de l’europe à l’époque contemporaine. Avec la formation des empires, le
conflit franco-prussien, l’unification de l’Allemagne, les alliances
internationales et les deux guerres mondiales, s’est forgé un discours
majoritairement nationaliste. L’image de l’ennemi héréditaire s’est ainsi
constituée de part et d’autre du Rhin, alimentant un répertoire de stéréotypes.
Le langage de l’imagerie satirique, dont la presse d’opposition française des
années 1830 a fourni le modèle, a cependant également longtemps ignoré les
frontières. Les procédés et motifs ont connu une importante circulation à
travers l’europe. Honoré daumier a constitué une référence pour de nombreux
artistes allemands, et il est significatif que ces derniers l’aient redécouvert au
moment où la tension entre les deux pays était à son comble. à l’inverse,
l’historien français de la caricature John grand-Carteret a reconnu que des
dessinateurs populaires comme Wilhelm Busch ont suscité un souffle nouveau
dans la caricature française.
La plupart des grands motifs et stéréotypes qui composent le répertoire visuel
franco-allemand ont été formés dans les années du conflit de 1870-1871. à
l’image d’un Otto von Bismarck velléitaire et agressif, flanqué de hordes
porcines à casques à pointe, s’est opposée celle d’un napoléon iii grotesque et
criminel. Les hebdomadaires populaires allemands comme Fliegende Blätter
ou Kladderadatsch en ont fait un large usage.
La Première guerre mondiale a radicalisé encore ce discours en désignant
cette fois georges Clemenceau, Raymond Poincaré, guillaume ii et le
Kronprinz. des revues, comme La Baïonnette en France, prônent un
nationalisme intransigeant, associant l’Allemagne à la barbarie culturelle. Côté
allemand, c’est davantage la rancœur liée au traité de Versailles et à l’annexion
de la Ruhr qui déchaîne les dessinateurs du Simplicissimus.
Mais de nombreux artistes et intellectuels ont aussi formé un front pacifiste
dès les lendemains de la grande guerre. Cette opposition préfigure le courant
antifasciste international des années 1930, dont le photomonteur berlinois
John Heartfield est l’un des plus importants représentants. Ce dernier est
parvenu, dans son œuvre, à une synthèse originale entre les enseignements de
daumier et les techniques nouvelles de propagande, portées notamment par
l’usage de la photographie. en France, plusieurs artistes ont suivi son modèle
ou ont façonné, comme Raoul Cabrol, le nouveau langage de l’affiche politique.
4
dOSSieR de PRéPARATiOn à LA ViSiTe
Du Duel au Duo
Section 2
à partir de 1945, des images de réconciliation
La création dans l’immédiat après-guerre de la CeCA (Communauté
européenne du charbon et de l’acier), à l’initiative de Robert Schuman, marque
le début d’une nouvelle amitié franco-allemande. à partir de cette date, le
dessin de presse va se faire l’écho des hauts et des bas du couple francoallemand, scellé par des moments forts comme la signature du traité de
l’élysée. Si quantité d’illustrateurs de l’actualité s’intéressent alors au sujet, ils
sont plus nombreux chez les Allemands que chez les Français. L’hebdomadaire
Der Spiegel consacre des dossiers importants au couple franco-allemand, que
viennent illustrer des dessins satiriques commentant les premiers
déplacements officiels des chefs d’état des deux pays. Le dessinateur
autrichien Paul Flora a livré trois mille dessins politiques entre 1957 et 1971 à
l’hebdomadaire hambourgeois Die Zeit, notamment pour accompagner les
chroniques de Rudolf Walter Leonhardt. On lui doit entre autres l’image
saisissante de la rencontre
à reims en 1962 de
Konrad adenauer et de
Charles de Gaulle, dont les
silhouettes monumentales
tracées d’une ligne fine à
l’encre de Chine forment
les deux tours de la
cathédrale.
dans
la
nouvelle
série
du
Simplicissimus, éditée de
1954 à 1964, des
dessinateurs
comme
Manfred Oesterle et Josef
Sauer mettent en scène le
président français et le
chancelier allemand dans
des situations cocasses.
Parmi les Allemands qui ont
paul Flora (1922-2009)
Reims, 1962
illustré les différentes
encre de Chine, plume sur papier
phases de l’actualité
21 x 30 cm
Leihgabe der Landeshauptstadt Hannover im Museum Willhelm Busch
franco-allemande figurent
deutsches Museum für Karikatur und Zeichenkunst
aussi Walter Hanel, dieter
nachlassvertretung Paul Flora - www.paulflora-rechte.com
Photo : Willhelm Busch Museum
Hanitzsch, Wolfgang Hicks,
Peter
Leger,
Josef
Partykiewicz, Klaus Pielert,
Louis Rauwolf et Jupp
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dOSSieR de PRéPARATiOn à LA ViSiTe
Du Duel au Duo
Wolter. La revue Pardon, créée en 1962 par les artistes fondateurs de la
nouvelle école de Francfort, dont Friedrich Karl Waechter faisait partie, et à
partir de 1979 la revue Titanic, se démarquent de la pure tradition du dessin
de presse de cette époque par des illustrations graphiques et photographiques
d’un style caustique très proche de celui de la revue Hara-Kiri en France. elles
ne ménagent ni la politique française, ni de gaulle, qu’elles brossent en
empereur tyrannique qui veut régner sur l’europe.
en France, la génération d’après-guerre des dessinateurs de presse, incarnée
par Roland Moisan et Jean-Jacques Sennep, puis par Jean effel, illustre les
premiers pas hésitants du couple franco-allemand et de l’europe. Leurs
dessins sont devenus de véritables éditoriaux. Leur style graphique est
caractéristique de l’époque, en particulier par une certaine rondeur du trait et
le côté « achevé » du dessin. Les atrocités de la guerre et du nazisme marquent
cependant encore les esprits, ce dont témoignent, d’un trait nerveux, Bosc,
Siné ou Tim. à partir des années 1960, une nouvelle génération, représentée
entre autres par Cabu, Plantu, Reiser, Willem, Wolinski, publie dans différents
journaux comme Charlie mensuel, Charlie-Hebdo, Hara-Kiri, L’Enragé, SinéMassacre. à chaque moment fort de l’actualité franco-allemande, leurs dessins
expriment l’ambivalence qui règne encore en France : en effet, les clichés sont
prompts à ressurgir à chaque faux pas des politiques. L’iconographie du sujet
en cette fin du XXe siècle est notamment marquée par le dessin de Cabu, qui
parodie la fameuse photographie d’Helmut Kohl et de François Mitterrand se
tenant par la main devant le cimetière de Verdun en 1984.
Section 3
« L’arsenal des caricaturistes »
L’imagerie du couple franco-allemand est nourrie d’un répertoire
iconographique historique et de procédés établis. ernst gombrich a souligné
que la métaphore fait partie intégrante de « l’arsenal des caricaturistes ». Le
bestiaire, souvent inspiré de l’héraldique, est l’une de ces sources, si usuelle
même que l’historien de l’art a usé à son propos du terme de « ménagerie
politique ». en effet, de très nombreux dessinateurs satiriques, depuis les
artistes du Simplicissimus jusqu’à Tomi Ungerer, se sont largement servis des
symboles que sont le coq pour la France et l’aigle pour l’Allemagne, et parfois
l’ours pour la Prusse (dans les cartes caricaturales du XiXe siècle). Ainsi,
l’artiste strasbourgeois, pour démontrer le contraste entre l’insouciance
gauloise et le sérieux germanique, représente le coq qui fait tournoyer un globe
terrestre miniature sur son bec, alors que l’aigle est solidement installé sur une
Terre de grand format. André François innove en imaginant un audacieux
dialogue entre la bête et l’homme, en l’occurrence le coq gaulois et le
chancelier Konrad Adenauer, pour illustrer la difficulté de comprendre le voisin.
6
dOSSieR de PRéPARATiOn à LA ViSiTe
Du Duel au Duo
Marianne et Germania, définies
par leurs attributs respectifs,
figurent aussi au premier plan des
symboles du couple francoallemand. de part et d’autre du
Rhin, et selon les époques, les deux
allégories féminines ne bénéficient
pas
du
même
traitement
iconographique. durant la période
de conflits, l’obscène germania
urinant sur le Rhin et les bateaux
qui y naviguent, dessinée par
Charles Lucien Léandre, s’oppose à
celle, nourricière et pacifique, de
Thomas Theodor Heine dans
Simplicissimus. Mais on les
retrouve à l’ère de la réconciliation
sous le crayon malicieux de Tomi
Ungerer, en train de danser ou se
livrant à un duo comique, l’une
légère et insouciante entraînant
l’autre, pesante et sérieuse, ou
encore en se livrant à une bonne
farce. Face à Marianne, un autre
personnage prénommé Michel,
d’apparence bonhomme, a été
utilisé par les dessinateurs
allemands, surtout après 1945,
Jacques nam
pour renouveler l’image du couple.
La Baïonnette, volume 11
Les cartes allégoriques de l’europe
1918
sont un autre exemple d’imagerie
Bibliothèque des Musées de la Ville de Strasbourg
satirique, très en vogue depuis le
XiXe siècle. Sur l’une d’elles, la
guerre de 1870 est figurée par une pieuvre, coiffée du casque allemand, qui
étale ses tentacules sur le continent européen et subit l’attaque simultanée
d’un soldat français et d’un soldat russe ; sur d’autres, les deux nations sont
imbriquées dans un enchevêtrement grotesque d’animaux, de soldats de
l’armée ou de personnages pour figurer une europe en conflit. Outre ces
différentes allégories, les emblèmes que représentent les différents
accessoires tels le casque à pointe prussien, la coiffe de Walkyrie ou le bonnet
phrygien, ainsi que les couleurs nationales, entrent de manière presque
évidente dans l’iconographie symbolique du couple franco-allemand dont
usent les dessinateurs en les détournant avec impertinence.
7
dOSSieR de PRéPARATiOn à LA ViSiTe
Du Duel au Duo
Section 4
Vu d’Alsace, une certaine vision du duo
entre 1870 et 1945, de nombreux médias de l’illustration, l’imagerie d’épinal,
les cartes postales, les dessins de presse, les livres et les affiches, ont véhiculé
l’esprit revanchard et ses clichés corollaires qui ont régné en France et en
Alsace. Hermann-Paul est l’un des artistes français qui ont osé illustrer la
question si épineuse de l’Alsace. Parmi les auteurs alsaciens, bon nombre sont
restés anonymes ou inconnus, tel le mystérieux auteur du nom de Sep, dont
sont conservés deux dessins sur la gloire
puis la défaite des Allemands avant et après
1918. Jean-Jacques Waltz dit Hansi et Jean
Zislin, qui ont consacré une grande partie de
leur talent à la satire politique de leur
époque, sont pratiquement les seuls à être
passés à la postérité. dans la seconde
partie du XXe siècle, c’est essentiellement
grâce à l’œil de Tomi Ungerer, dessinateur
par ailleurs actif dans de nombreux registres
graphiques, que la vision des rapports
franco-allemands et de l’Alsace a été
renouvelée. Sans doute d’avoir vécu à la fois
l’époque du conflit et celle de la
réconciliation a-t-il permis à l’artiste, né
dans l’entre-deux-guerres en Alsace, de les
aborder avec tant de lucidité. en effet, ses
dessins n’occultent jamais le passé et
frôlent même le cynisme quand ils pointent
les atrocités de la guerre. il ose évoquer la
situation difficile de l’Alsace, victime des
conflits, et constate l’ambivalence de
l’attitude alsacienne prise en étau entre les
deux pays. il reste cependant convaincu que
l’Alsace finira par faire « le raccord » entre la
France
et l’Allemagne et jouera « un rôle de
Hansi (Jean-Jacques Waltz, dit)
trait d’union, de point de rencontre, de
(1873-1951)
« Le Kronprinz prince de sang », 1916
marmite… » : il utilise pour symboliser cette
Lithographie
place si particulière qu’occupe la région
50 x 32,5 cm
toute une série d’inhabituelles métaphores
Collection privée
graphiques.
dans
ce
répertoire
© Musée Hansi, Riquewihr
émerge de manière
Photo : Musées de la Ville de Strasbourg / Mathieu Bertola iconographique
récurrente le thème de la capitale
alsacienne, qu’elle soit représentée lors
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dOSSieR de PRéPARATiOn à LA ViSiTe
Du Duel au Duo
d’événements historiques comme le siège de 1870 ou qu’elle constitue
l’épicentre géographique de la réconciliation franco-allemande et de l’europe.
Quant au couple franco-allemand, dont l’artiste suit avec passion l’évolution
depuis les années 1980, il le traite sans ménagement. Selon lui, Allemands et
Français restent très différents et ont encore beaucoup à apprendre les uns
des autres avant de former un « couple » digne de ce nom qui assurera la
pérennité de l’europe.
Section 5
Quelques procédés graphiques actuels
Si l’amitié franco-allemande s’affirme avec les années, le sujet reste d’une
brûlante actualité pour les dessinateurs. Parmi eux, Plantu et dieter Hanitzsch
peuvent être considérés par leur style et leur technique comme des
représentants « classiques » du genre. Plantu, auteur de nombreux dessins
éditoriaux sur les rapports franco-allemands, dont certains ont été publiés
dans Le Monde, conçoit ses dessins comme des mises en scène, avec quantité
de détails signifiants. Ses personnages sont aisément identifiables par leurs
attributs, Plantu usant volontiers d’un comique de situation pour les tourner en
dérision : au fil des parutions, on retrouve ainsi avec curiosité, un peu à la
manière d’un feuilleton satirique, les différents couples des dirigeants francoallemands. Son style graphique rappelle dans une certaine mesure celui de ses
prédécesseurs du dessin de presse dans la première moitié du XXe siècle : il
peaufine soigneusement son trait, le relevant parfois de quelques lavis de
couleur, ce qui donne à l’ensemble de son dessin un côté très « achevé ». de
l’autre côté du Rhin, dieter Hanitzsch collabore depuis des décennies à
différents journaux, tels que le Süddeutsche Zeitung, pour accompagner de
son trait acéré la politique allemande. Ses caricatures, jouant de procédés
graphiques traditionnels, sont pour certaines devenues très célèbres, comme
celle du dirigeant bavarois Franz Josef Strauß. Son commentaire récent de la
célébration du cinquantenaire du traité de l’élysée à la une du Monde se situe
dans cette continuité.
Christian Antonelli et Frank Hoppmann usent d’un procédé satirique identique,
dans lequel ils excellent tous les deux, même si techniques et styles diffèrent.
C’est celui des « grandes gueules », qui consiste à affubler les personnages
d’une tête disproportionnée par rapport à leur corps. On retient
particulièrement d’Antonelli son interprétation du couple franco-allemand
formé par Helmut Kohl et François Mitterrand dans les années 1990, tracée
d’une ligne fine et nerveuse, héritage de son admiration pour Saul Steinberg et
Ralph Steadman. Hoppmann, quand il réalise une « galerie d’ancêtres » des
différents dirigeants des deux pays, compose de véritables portraits
psychologiques dans la tradition de david Levine, brossés avec vigueur avec
9
dOSSieR de PRéPARATiOn à LA ViSiTe
Du Duel au Duo
des techniques mixtes à base de crayon, d’acrylique et d’encre.
Quant au Belge Pierre Kroll, dont l’illustration en direct des émissions
télévisées est le procédé privilégié, il a été chargé de commenter
graphiquement pour la chaîne de télévision franco-allemande ARTe une soirée
Thema, « Les valeurs de l’europe », le 18 septembre 2012. Le thème de la
construction européenne portée par le couple franco-allemand y a été
notamment abordé. Contraint par la rapidité télévisuelle, il privilégie un trait
rapide, presque schématique. Allant à l’essentiel, il caricature ses personnages
jusqu’à l’extrême et n’hésite pas à les croquer avec insolence, tout
spécialement lorsqu’il représente la chancelière Angela Merkel en porteuse de
bières et dans son plus simple appareil.
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dOSSieR de PRéPARATiOn à LA ViSiTe
InterFérences/InterFerenzen
Architecture. Allemagne-France. 1800-2000
du 29 mars au 21 juillet 2013
PrésentatIon De l’exPosItIon
« interférences/interferenzen. Architecture. Allemagne–France, 1800–2000 »,
vaste exposition d’architecture, d’art et d’histoire, dresse un panorama inédit
des interactions architecturales et urbaines entre France et Allemagne, des
lendemains de la Révolution française et de l’empire à nos jours. elle propose
une nouvelle manière d’aborder l’histoire franco-allemande au regard de
l’architecture et de l’urbanisme.
Les édifices et les territoires n’ont cessé d’être des enjeux dans les relations
entre la France et l’Allemagne au cours des deux derniers siècles. L’exposition
explore à travers le prisme des villes, monuments, débats et grandes figures
intellectuelles, l’espace architectural européen tel qu’il a évolué au cours des
deux derniers siècles. de Karl-Friedrich Schinkel à Jean nouvel, en passant par
gottfried Semper, Viollet-le-duc, Le Corbusier ou Rudolf Schwarz, sont
présentés les architectes, artistes et intellectuels qui ont œuvré à l’intersection
des civilisations française et allemande. Une attention particulière est
également portée aux relations en miroir entre les grandes villes comme Paris
et Berlin, aux territoires frontaliers transformés par le jeu des annexions et des
occupations, comme Strasbourg, Metz, la Rhénanie et la Sarre.
Riche de plus de 400 œuvres et objets rarement ou jamais exposés,
« interférences/interferenzen. Architecture. Allemagne–France, 1800–2000 »
rend compte du dynamisme de ces échanges, ces regards croisés, ces
« interférences », à travers une grande variété de supports : plans et dessins
d’architectes, maquettes, photographies, films, livres et œuvres d’art parmi
lesquelles des œuvres majeures de Victor Hugo, Fernand Léger, Marcel
gromaire et gerhard Richter. Le parcours, qui suit un fil chronologique, ménage
également un certain nombre d’approches thématiques tout en favorisant
croisements et confrontations.
Les neuf sections rythmant l’exposition mettent en lumière les débats à propos
du gothique et du classicisme, les développements de l’âge industriel, la
question des nouvelles urbanités et des nationalismes à la fin du XiXe siècle, les
esthétiques de la réforme, la modernité dans l’entre-deux-guerres, l’occupation
et la reconstruction, la spectacularisation de l’architecture, la crise du moderne
11
dOSSieR de PRéPARATiOn à LA ViSiTe
InterFérences/InterFerenzen
et le retour à l’urbanité dans les années 1960 à 1980 et enfin, les perspectives
européennes depuis la chute du Mur de Berlin.
La Ville de Strasbourg et ses architectures remarquables se situent au cœur de
l’exposition. L’histoire de la neustadt (ou ville allemande) fait l’objet d’un
développement particulier, inscrit dans la dynamique d’extension du périmètre
du classement Unesco que la municipalité a initiée. Sont également
représentés les cités-jardins et les plans d’urbanisme de Paul Schmitthenner
datant de 1942. L’évocation de Strasbourg se clôt sur la passerelle de Marc
Mimram (2004), qui relie Strasbourg à Kehl.
Commissaires :
Jean-louis Cohen, historien de l’architecture et Professeur à new York
University
Hartmut Frank, historien de l’architecture et Professeur à la Hafen-City
Universität de Hambourg.
Commissaire associé :
volker Ziegler, maître-assistant à l’école nationale supérieure d’architecture
de Strasbourg.
Parcours Dans l’exPosItIon
i. GotHiQUE Et ClaSSiQUE, paSSionS CroiSéES
La période intense de transformations politiques qui conduit de la Révolution
française à la monarchie de Juillet, pendant que l’Unité allemande s’ébauche,
provoque une grande effervescence architecturale. deux mouvements de
direction opposée voient au lendemain de 1789 les architectes français et
allemands se croiser. Paris attire les jeunes architectes qui visitent ses édifices
ou viennent s’y former. Ainsi Friedrich gilly, puis son disciple Karl-Friedrich
Schinkel séjournent-ils à Paris.
dans les départements que les armées de la Convention ont découpé en
Allemagne, ingénieurs des Ponts et Chaussées et architectes conçoivent des
infrastructures innovantes et des demeures pour les gouvernants, comme le
palais de Kassel. Appréciées par le roi du Wurtemberg qui leur commandera
une maison de plaisance, les compositions des architectes de la cour
napoléonienne Percier et Fontaine seront reprises par Schinkel lorsqu’il
concevra son Musée pour Berlin.
Une vision romantique des châteaux et des cathédrales gothiques se fait jour.
elle se cristallise à Cologne, où l’achèvement de la cathédrale devient une
cause nationale. L’architecture médiévale devient un objet de discussion quant
à la prééminence française ou allemande. est-il étonnant que la première
église néo-gothique parisienne, Sainte-Clothilde, soit réalisée sur un projet de
Franz Christian gau, né dans la ville rhénane ?
12
dOSSieR de PRéPARATiOn à LA ViSiTe
InterFérences/InterFerenzen
13
ii. l’aUrorE DE l’ÂGE inDUStriEl
Au cours des deux décennies qui séparent les révolutions européennes de
1848 de la guerre franco-prussienne de 1870, les développements de la
politique architecturale sont déterminés par la question du rapport à l’histoire
et par celle de l’extension des villes, dans le cadre de la révolution industrielle.
Une nouvelle architecture prend forme, au service de la modernisation et de
ses programmes, des usines aux marchés, aux magasins et aux gares. La
reconstruction de Paris intra-muros entreprise à partir de 1853 par le préfet
Haussmann pour le compte de napoléon iii aboutit à la création d’un paysage
urbain continu sur les ruines de la ville ancienne. Ce modèle sert de base aux
stratégies d’extension des agglomérations allemandes, comme celle que
James Hobrecht initie à Berlin dans les années 1860.
Les programmes de formation des architectes, jusque là fondés exclusivement
sur le modèle de l’école des Beaux-Arts et de l’école Polytechnique, que les
élèves allemands continuent à fréquenter, se transforment en Prusse et dans
les autres états, où des écoles sont ouvertes au sein des Technischen
Hochschulen ou des académies.
à l’initiative d’une poignée d’industriels et de philanthropes, la question du
logement de la masse rapidement croissante des ouvriers conduit à des projets
et parfois à des réalisations expérimentales. L’idéal du Phalanstère de Charles
Fourier et Victor Considérant inspire aussi bien des projets comme
l’Armenstadt de Wilhelm Stier à Berlin que des entreprises comme le
Familistère, réalisé par l’industriel Jean-Baptiste godin à guise.
otto Warth
Limbach (Rhénanie prussienne), 1845 – Karlsruhe, 1918
Université de Strasbourg, Vue du campus, vers 1884
impression, héliographie
48,1 x 64 cm
saai / Südwestdeutsches Archiv für Architektur und
ingenieurbau, Karlsruher institut für Technologie (KiT)
iii. nationaliSME Et noUvEllES
UrBanitéS
La guerre de 1870-1871 aura des
conséquences considérables sur la scène
urbaine
et
l’architecture.
Scellée
symboliquement dans la galerie des glaces
du château de Versailles, l’unité allemande
renforce le rôle de Berlin, tandis qu’une
croissance spectaculaire saisit les villes du
nouvel état. dans les territoires annexés du
Reichsland elsaß-Lothringen, des plans
ambitieux sont élaborés pour la création de
quartiers nouveaux, comme ceux de
Strasbourg et Metz. L’ombre portée du
conflit se projette sur les édifices
commémoratifs. Auguste Bartholdi réalise le
monument français le plus spectaculaire, le
Lion de Belfort. en Allemagne, la KaiserWilhelm-gedächtniskirche, bâtie par Franz
dOSSieR de PRéPARATiOn à LA ViSiTe
InterFérences/InterFerenzen
Schwechten à Berlin, se voit accompagnée par la création de centaines de
monuments dédiés à guillaume ier et à son chancelier Bismarck.
L’architecture du nouveau Reich reste souvent marquée par le goût français.
Mais le modèle de la modernisation haussmannienne, longtemps
hégémonique dans beaucoup des villes de l’empire, est alors progressivement
abandonné au profit de figures plus libres dans la périphérie des
agglomérations, au centre desquelles s’accumulent les Mietskasernen
(« casernes à loyer »).
Omniprésente dans la réflexion des architectes, l’histoire inspire des
démarches plus globales aux conservateurs des monuments anciens. Viollet-leduc achève la restauration du château de Pierrefonds, qu’il entend ériger en
leçon de rationalisme. Au Haut-Koenigsbourg, Bodo ebhardt restaure le
château avec une fantaisie encore plus affirmée pour en faire un bastion
symbolique de la présence impériale en Alsace.
iv. CUltUrES Et EStHétiQUES DE la
réForME
Sous la pression conjuguée des
mouvements sociaux et des aspirations
d’une nouvelle génération d’intellectuels,
d’artistes et d’architectes, les scènes
urbaine et architecturale se transforment
au tournant du XXe siècle, pendant que
des échanges intenses s’engagent entre
mouvements, formes et discours. Tandis
que les écrits de Friedrich nietzsche sont
lus en France, les idées du philosophe
Henri Bergson connaissent un grand
rené Binet
succès dans l’Allemagne d’avant 1914.
Chaumont-sur-Yonne (Yonne), 1866 – Ouchy (Suisse), 1911
en réaction à la congestion urbaine et en
Porte monumentale de l’exposition universelle à Paris (1900).
réponse à la question sociale, de
Vue en perspective, s.d.
nouvelles stratégies sont élaborées pour
Aquarelle sur papier
l’aménagement
des
villes.
Les
62 x 95 cm
Musées de Sens. Cl. Musées de Sens – e. Berry
expositions permettent les expériences
en matière de rhétorique monumentale.
Ainsi la Jahrhunderthalle de Max Berg à
Breslau répond-elle en 1913 à la galerie des Machines de 1889 et aux
premiers bâtiments en béton de François Hennebique et Auguste Perret à
Paris.
Au même moment, le dispositif de la cité-jardin, élaboré en grande-Bretagne,
donne lieu à de premières réalisations d’ampleur à Hellerau, non loin de
dresde, au Stockfeld, dans la périphérie de Strasbourg, puis à Staaken, dans
la banlieue de Berlin.
14
dOSSieR de PRéPARATiOn à LA ViSiTe
InterFérences/InterFerenzen
15
des galeristes comme Siegfried Bing et des critiques comme Julius Meyergraefe transforment la culture artistique française au travers de leurs
entreprises parisiennes. La participation des arts décoratifs allemands à
l’exposition de 1900 à Paris, puis au Salon d’Automne de 1910, fait apparaître
non seulement des formes hardies, en rupture avec l’historicisme, mais aussi
des tentatives inédites pour associer art et industrie, comme le préconise le
deutscher Werkbund, fondé en 1907.
droits AdAgP expirés
robert Mallet-Stevens
Paris, 1886 – 1945
Pavillon des renseignements et du tourisme à
l’Exposition internationale des arts décoratifs
et industriels modernes de Paris (1925).
Perspective, 1925
impression rehaussée de crayon, fusain et
gouache sur papier
128 x 100 cm
Union centrale des Arts décoratifs, Paris
Photo : Les Arts décoratifs, Paris.
v. MoDErnitéS En Miroir
La Première guerre mondiale conduit à la construction
d’ouvrages militaires dans lesquels le béton armé
trouve de nouveaux débouchés, et à un développement
rapide de la standardisation des bâtiments. La
destruction de nombre de monuments historiques
aiguise les polémiques nationalistes du côté français et
transforme des villes comme Reims en laboratoires
d’urbanisme.
Les deux nations s’observent attentivement, alors que
la modernité architecturale y prend des formes
différentes. L’hégémonie de l’école des Beaux-Arts
reste inébranlable à Paris, alors que le Bauhaus
propose un nouveau modèle de formation. Absent de
l’exposition des Arts décoratifs de 1925, le deutscher
Werkbund obtient un grand succès à Stuttgart en 1927
avec la cité du Weissenhof, puis avec sa participation
au Salon des Artistes décorateurs de 1930. en 1937, le
pavillon allemand qu’Albert Speer édifie à l’exposition
internationale de Paris, se mesure autant avec la tour
eiffel qu’avec son vis-à-vis soviétique.
Les engagements pris au lendemain de la guerre pour
loger la population conduisent à la diffusion des
ensembles d’habitation modernes dans l’Allemagne
des années 1920, tandis que la reconstruction
française fait une large place à la cité-jardin. il faudra
plusieurs années pour que les Siedlungen de Francfort
ou de Berlin inspirent les ensembles d’habitation de la
région parisienne. dans un contexte plus chauvin
qu’avant 1914, les publications professionnelles
s’affirment comme le lieu privilégié de l’échange des
idées et des formes, grâce à la contribution de critiques
engagés faisant parfois figure d’agents doubles.
dOSSieR de PRéPARATiOn à LA ViSiTe
InterFérences/InterFerenzen
16
vi. oCCUpationS Et rEContrUCtionS
Sous l’occupation nazie, la défaite française conduit à une nouvelle annexion
de l’Alsace et de la Lorraine. Un concours est organisé pour la création d’un
« grand Strasbourg » devenu capitale d’une région s’étendant sur les deux rives
du Rhin. des modernes rhénans comme emil Steffann et Rudolf Schwarz
élaborent des édifices et les plans régionaux pour une Moselle vidée de ses
habitants francophones, et vouée à devenir une région agricole et industrielle
moderne.
Aussi brève historiquement que l’aura été l’occupation nazie, la période
séparant la capitulation du iiie Reich de la création des deux états allemands
en 1949 est particulièrement riche en contacts et en projets. Les Français
élaborent des projets démonstratifs pour la Rhénanie et la Sarre occupées. Le
plan de Marcel Lods pour Mayence et celui de georges-Henri Pingusson pour
Sarrebruck déploient les figures géométriques proposées pour Le Corbusier à
Saint-dié.
Contestés par certains militaires français, ces projets sont rejetés par les
sociétés locales, pendant que les occupants mènent de vigoureuses
campagnes pour diffuser les principes de l’urbanisme fonctionnaliste et
s’attachent à organiser visites et voyages d’étude des architectes allemands
sur les chantiers de la reconstruction française. Bien que la plupart des plans
conçus pendant la décennie restent sur le papier, ils n’en produiront pas moins
leurs effets pendant de longues années.
droits AdAgP expirés
Fernand léger
Les Constructeurs, 1950
Huile sur toile
126x143
Henie Onstad Kunstsenter, Høvikodden, norvège
Photo: Øystein Thorvaldsen
vii. MoDErniSation, DialoGUES Et
SpECtaClES
Au cours des douze années séparant la
création des deux Allemagnes en 1949 et
l’érection du mur de Berlin en 1961, la
République fédérale et la République
démocratique engagent une relation
parallèle avec la France dès lors que la
question de l’industrialisation de la
construction est posée. Comme leurs
homologues les ZUP, ou zones à urbaniser
en priorité, mises en place à partir de 1953
en France, les grossiedlungen des deux
Allemagnes feront appel au système de
construction préfabriqué Camus.
en 1957, Berlin-Ouest organise l’interbau,
ou exposition internationale de la
construction. elle est surtout pensée comme
une vitrine de l’urbanisme organique et
discontinu du Monde « libre » face aux
dOSSieR de PRéPARATiOn à LA ViSiTe
InterFérences/InterFerenzen
17
alignements de la Stalinallee. L’année suivante, la participation française au
concours Haupstadt Berlin, organisé pour imaginer le centre de la capitale
d’une hypothétique Allemagne réunifiée, est plus importante que celle de toute
autre nation.
Les trajectoires croisées ne manquent pas, des projets de Johannes Krahn
pour les instituts français en Allemagne et pour le pavillon de la RFA à la Cité
universitaire de Paris, à la bibliothèque universitaire de Bonn, réalisée par Vago
et Fritz Bornemann, au centre d’études nucléaires de grenoble d’erich
Schelling. Mais l’épisode le plus singulier reste sans conteste la coopération
entre l’architecte Werner Ruhnau et le peintre Yves Klein pour le théâtre de
gelsenkirchen, dont le grand volume vitré est mis en valeur par les vastes
surfaces bleues emblématiques du travail de l’artiste
Eckhard Schulze-Fielitz
Stettin, 1929
Raumstadt, 1959
Maquette en plastique, carton, métal,
bois et divers
62 x 125 x 59 cm
Collection FRAC Centre, Orléans.
Courtesy FRAC Centre.
Photo : Philippe Magnon.
viii. CriSE DU MoDErnE Et rEtoUr à
l’UrBanité
dans la phase terminale de la guerre Froide,
après le lancement de l’Ostpolitik par Willy
Brandt et le début de la crise fatale du
modèle de la RdA, des liaisons plus étroites
s’établissent entre la France et les deux
états allemands, qui suivent des voies
parallèles, par exemple dans l’introduction
des
figures
nostalgiques
du
postmodernisme. Le parallélisme constaté
dans le domaine des grands ensembles se
prolonge à l’heure de leur explosion
quantitative. La recherche de solutions plus
flexibles, mais encore fondées sur la
production industrielle de masse, et la mise
en cause générale du modèle dominant, se
produisent presque simultanément en
Allemagne et en France. Le succès du projet
de Toulouse-Le Mirail de l’équipe de georges
Candilis, Alexis Josic et Shadrach Woods est
tel qu’ils sont invités à participer à plusieurs
concours allemands, et obtiennent la
commande de l’Université libre de Berlin.
dans le même temps, l’Allemand Martin
Schultz van Treeck conçoit à Paris, dans le
cadre de la rénovation urbaine du 19e
arrondissement, l’opération des « Orgues de
Flandre ».
Avec l’apparition d’un souci renouvelé de
dOSSieR de PRéPARATiOn à LA ViSiTe
InterFérences/InterFerenzen
l’urbanité, le modèle d’une ville plus compacte et l’exigence de la diversité
architecturale sont les fondements du programme élaboré pour une nouvelle
exposition berlinoise, l’iBA, ou internationale Bau-Ausstellung, portant sur la
construction d’édifices dans la ville, et dont les réalisations s’étirent entre
1979 et 1987.
iX. aU SEin D’UnE noUvEllE
EUropE
Les deux décennies écoulées
depuis la réunification de
l’Allemagne ont coïncidé avec un
développement intense de la
mobilité des architectes, des
enseignants, des étudiants et
droits AdAgP expirés
des critiques dans toute
l’europe. La modernisation du
Berlin réunifié s’est effectuée
grâce à l’intervention de
plusieurs architectes parisiens,
comme Jean nouvel ou
dominique Perrault. Sur la base
du
succès du modèle berlinois,
Jean nouvel
de nouvelles internationale
Fumel (Lot-et-garonne), 1945
Galeries Lafayette,
Bauausstellungen ont été
Berlin (1992-96)
organisées, dont les effets sur
Maquette en matière plastique et métal (?)
les
politiques
urbaines
Collection particulière, Berlin
françaises ont été significatifs.
C’est le cas notamment pour
celle de l’emscher Park, dans la
Ruhr, qui a proposé le modèle du
recyclage d’un territoire industriel considérable.
Une porosité sans précédent se manifeste ainsi entre les milieux
professionnels de l’architecture, de l’urbanisme et du paysage. L’œuvre du
Berlinois Finn geipel, associé un temps avec le Français nicolas Michelin, en
porte témoignage. Celle de l’agence TeR du paysagiste Henri Bava, engagée
dans de nombreuses villes allemandes, en constitue une sorte de pendant.
de nouveaux espaces interrégionaux d’échanges se manifestent depuis deux
décennies. Les échanges dans les territoires frontaliers trouvent leur modèle
dans les programmes pour l’extension de Strasbourg ou dans la consolidation
de ses rapports avec Kehl à travers le Rhin. Le Jardin des deux Rives réalisé
pour le Landesgartenschau de 2004, dont l’élément de liaison est une
passerelle de Marc Mimram, les symbolise.
18
Église Notre-Dame
du Raincy par
Auguste Perret
1922
Arc de triomphe
à Stuttgart pour
Napoléon Ier par
Nikolaus Friedrich
Thouret
1806
Création de la
Confédération du Rhin
1806
Neues Museum à
Berlin par
Karl Friedrich Schinkel
1824
Début de la construction de
la cité-jardin Ungemach à
Strasbourg
1923
Evangelische
Stadtkirche à Karlsruhe
par
Friedrich Weinbrenner
1807 - 1816
Congrès de Vienne pour
la réorganisation de
l’Europe après la chute
de Napoléon 1er
1814 - 1815
Les Siedlungen du
Nouveau Francfort par
Ernst May
1925 - 1930
Concours pour
la cité ouvrière
de Mulhouse
remporté par
Émile Muller
1851
Crise du Rhin entre la
France et la Confédération
Germanique provoquée
par les prétentions
françaises sur la rive
gauche du Rhin
1840
Cité de la Muette
à Drancy par
Marcel Lods
1933
Hitler est nommé
chancelier du Reich
Charles Garnier
emporte le
concours de
l’Opéra de Paris
1865
L’armistice
est signé à
Rethondes
où fut signé
celui du 11
novembre
1918
1940
Exposition
internationale de
Paris avec notamment
le pavillon de
l’Allemagne nazie par
Albert Speer
1937
Entrée en
1936
guerre de la
L’armée allemande France
se réinstalle sur
la rive gauche du
Rhin
1939
Défaite française de
Sedan et Napoléon III
prisonnier
La France déclare la
guerre à la Prusse
suite à la dépêche
d’Ems
1933
Début de la
construction
du familistère
de Guise par
l’industriel
Jean-Baptiste
Godin
1858
Église d’acier à
Cologne par
Otto Bartning
1928
Les troupes
françaises
évacuent la
Rhénanie
1930
Début de la
reconstruction
de Paris
intra-muros
par le préfet
Haussmann
1853
1870
1870
Concours
pour le Grand
Strasbourg
1941
Exposition universelle
à Paris
1889
Début de la
construction de la
Kaiser-WilhelmGedächtniskirche
ou église du
Souvenir à
Berlin par Franz
Schwechten
1891
1945
Projet non
retenu de
reconstruction
de Saint-Dié par
Le Corbusier
L’armée
allemande fait
exploser le
quartier du VieuxPort de Marseille
Conférence de
Potsdam qui
définit les zones
d’occupation de
l’Allemagne
1943
Capitulation de
l’Allemagne
1945
1945
Blocus de Berlin par
Staline pendant la
Guerre froide
1948 - 1949
Konrad Adenauer
est élu premier
Chancelier de la
République fédérale
d’Allemagne (RFA)
1949
Stalinallee (aujourd’hui
Karl-Marx-Allee) à Berlin-Est
1951 - 1953
Cité Rotterdam à
Strasbourg
1951 - 1953
Signature du
traité instituant
la Communauté
européenne du
charbon et de
l’acier (CECA) avec
entre autres la
France et la RFA
Chapelle Notre-Dame
du-Haut de Ronchamp
par Le Corbusier
1955
Interbau ou
Exposition
internationale de
la construction à
Berlin-Ouest
©ADAGP Paris, 2013
Neue Nationalgalerie à Berlin par
Mies van der Rohe
1965
Signature à Paris du
Traité de l’Elysée par
De Gaulle et Adenauer
Église SainteBernadette-du-Banlay
à Nevers par Claude
Parent et Paul Virilio
1966
Les tours des « Orgues
de Flandres » à Paris par
Martin Schultz van Treeck
1974 - 1980
François Mitterrand
et Helmut Kohl
commémorent
ensemble à Verdun
le souvenir des
soldats tombés
pendant les deux
guerres mondiales
1984
Chute du Mur de
Berlin érigé en 1961
Visite de François
Mitterrand à
Berlin et dans les
nouveaux Länder
de l’Allemagne
réunifiée
1991
Walter Gropius fonde
le Bauhaus
1919
Unification de
l’Allemagne
1990
L’armistice est
signé à Rethondes
1918
1989
Abdication de
Guillaume II et
proclamation
de la
République
1918
Signature du Traité
de Versailles dans la
galerie des Glaces du
château de Versailles
1919
Occupation de
la Ruhr par la
France et la
Belgique pour
accélérer le
versement des
réparations
1923
Parlement européen
à Strasbourg par
Architectural Studio
1998
Des soldats
allemands de
l’Eurocorps défilent
pour la première
fois sur les
Champs-Élysées
1994
Première
réunion à
Paris du
Conseil de la
Société des
Nations
1920
Exposition
internationale
d’urbanisme et
d’architecture
(IBA) EmscherPark pour la
revitalisation de
la Ruhr
1999
Mise en circulation
de l’euro
2002
Les dernières
troupes
françaises et
belges se retirent
de la Ruhr et
des territoires
occupés en 1921
1925
Service éducatif des Musées, 2013
Passerelle entre
les deux rives du
Rhin entre Kehl et
Strasbourg par
Marc Mimram
2004
Cinquantenaire
du Traité de
l’Élysée
2013
Élection à la présidence
du Reich de Paul von
Hindenburg monarchiste
et vainqueur de
Tannenberg
Bataille de la
Somme qui
opposa les
Français et les
Britanniques
aux Allemands
1916
1925
Bataille de Verdun, victoire de l’armée
française contre l’armée allemande
Premiers obus
allemands sur
Reims et sa
cathédrale
1916
1914
Pavillon de verre
de Bruno Taut pour
l’exposition de Cologne
1914
Attentat de
Sarajevo,
début de la
Première Guerre
mondiale
1914
1963
Début de la
construction
de la
Jahrhunderthalle
à Breslau par
Max Berg
1911
Visite du Président
De Gaulle en RFA
1962
Début de la
construction de
la cité-jardin
du Stockfeld
par Édouard
Schimpf et
de la Grande
Percée
1910
1957
Concours
pour le plan
d’extension
de Berlin
1910
Traité franco-allemand
sur la Sarre qui devient
un Land de la RFA
1956
Usine de montage pour AEG
à Berlin par Peter Behrens
1909
Mise en place
des ZUP (Zones à
Urbaniser en Priorité)
1953
Création de
la Deutscher
Werkbund pour
la promotion
de l’innovation
dans les arts
appliqués et
l’architecture
1951
1907
Exposition universelle à Paris (porte
monumentale de René Binet)
Crise de Tanger : rivalités
pour le contrôle du
Maroc entre la France et
l’Allemagne
1900
Déclaration de Robert
Schuman qui propose
de placer l’ensemble
de la production
franco-allemande de
charbon et d’acier sous
une haute autorité
commune
Plan Conrath pour
la Neustadt à
Strasbourg
1880
1950
Début de la construction
de la basilique du
Sacré-Cœur à Paris par
Paul Abadie
1875
Libération de Paris par les Alliés
Début de la construction
du Lion de Belfort par
Auguste Bartholdi
1875
Conférence de Berlin pour
régler le partage colonial
de l’Afrique
1884
1905
LIGNE D’HISTOIRE ET LIGNE D’ARCHITECTURE
1944
Traité de Francfort : perte
de l’Alsace et d’une
partie de la Lorraine
1871
Entrevue entre
Pétain et Hitler à
Montoire : début de la
collaboration
1940
Proclamation de
l’Empire allemand,
Guillaume Ier de
Prusse devient
empereur
allemand
1871
Bundesarchiv, B 145 Bild-F015892-0010 / Wegmann, Ludwig / CC-BY-SA
Chronologie des relations
franco-allemandes de
1800 à nos jours
2 septembre 1870 défaite
française de Sedan et
napoléon iii prisonnier
première conférence
internationale de la paix à La
Haye
1801 Paix de Lunéville entre la
République française et
l’Autriche
18 janvier 1871 Proclamation
de l’empire allemand,
guillaume ier de Prusse devient
empereur allemand.
1904 entente cordiale entre la
France et l’Angleterre
1806 Bataille d’iéna : l’armée
prussienne est battue
1806 Création de la
Confédération du Rhin
1807 Rencontre sur la Memel
entre napoléon ier, Alexandre ier
et Frédéric guillaume iii
1807 Traités de paix de Tilsit qui
placent la Prusse sous la
dépendance de la France
1814-1815 Congrès de Vienne
10 mai 1871 Traité de
Francfort : perte de l’Alsace et
d’une partie de la Lorraine
1877 Publication du Tour de
France par deux enfants un
manuel scolaire de lecture qui
entretient le souvenir des
“ provinces perdues ”
20 mai 1882 Triple Alliance ou
Triplice : alliance défensive entre
l’empire allemand, l’empire
austro-hongrois et l’italie
31 mars 1905 Crise de Tanger
entre l’Allemagne et la France et
qui traduit les rivalités coloniales
1907 Formation de la Triple
entente : France, Angleterre,
Russie
Juin 1907 Ouverture de la
conférence internationale de la
paix à La Haye
1er juillet 1911 Coup d’Agadir,
deuxième crise marocaine qui
oppose Allemands et Français
1913 Loi de 3 ans en France qui
porte de 2 à 3 ans le service
militaire
1819 Congrès de Karlsbad qui
interdit la quasi-totalité des
organisations politiques, des
associations d’étudiants, et
place sous une étroite
surveillance journalistes,
professeurs d’université et
autres réformateurs potentiels.
Migration vers la France.
15 novembre 1884-26 février
1885 Conférence de Berlin
réunissant 13 pays européens à
l’initiative de Bismarck et qui
tente de fixer les règles de la
colonisation en Afrique
28 juin 1914 Attentat de
Sarajevo, début de la Première
guerre mondiale
19 mars 1890 guillaume ii
écarte Bismarck du pouvoir
1er août 1914 L’Allemagne
déclare la guerre à la Russie
1830 Voyage d’Hugo sur le Rhin
1890 guillaume ii annonce la
Weltpolitik qui vise à accroître la
présence économique et
politique de l’empire allemand
dans le monde
26-29 août 1914 Victoire
allemande de Tannenberg contre
la Russie
1834 instauration de l’union
douanière allemande, le
Zollverein (sans l’Autriche)
1840 Crise du Rhin entre la
France et la Confédération
germanique provoquée par les
prétentions françaises sur la rive
gauche du Rhin
1866 Victoire de Sadowa sur
l’Autriche
13 juillet 1870 dépêche d’ems
adressée par guillaume ier à
Bismarck et qui marque le refus
de recevoir l’ambassadeur de
France
19 juillet 1870 La France
déclare la guerre à la Prusse
suite à cette dépêche
9 avril 1891 Création de la
Fondation de la Ligue
pangermaniste pour soutenir
l’expansion allemande
4 janvier 1894 Signature d’une
convention militaire secrète
entre la France et la Russie qui
sort la France de son isolement
diplomatique
28 mars 1898 Loi-programme
pour la construction d’une flotte
de guerre allemande au service
des ambitions coloniales de
l’Allemagne et sous la direction
de l’amiral von Tirpitz
18 mai 1899 Ouverture de la
4 septembre 1914 Premiers
obus allemands sur Reims et sa
cathédrale
6-12 septembre 1914 Première
bataille de la Marne
21 février-19 décembre 1916
bataille de Verdun, victoire de
l’armée française contre l’armée
allemande
1er juillet-18 novembre 1916
Bataille de la Somme qui
opposa les Français et les
Britanniques aux Allemands
janvier 1917 L’Allemagne lance
la guerre sous-marine à
outrance
3 mars 1918 Paix de BrestLitovsk entre l’Allemagne et la
Russie
9 novembre 1918 Abdication de
guillaume ii et proclamation de
la République
11 novembre 1918 L’armistice
est signé à Rethondes
5-12 janvier 1919 Soulèvement
spartakiste à Berlin réprimé par
les corps francs
28 juin 1919 Signature du traité
de Versailles dans la galerie des
glaces du château de Versailles
6 janvier 1920 Première
réunion à Paris du Conseil de la
Sdn
8 mars 1921 Les troupes
françaises, belges et
britanniques occupent à titre de
sanctions la zone de dusseldorf,
Ruhrort et duisbourg
11 janvier 1923 Occupation de
la Ruhr par la France et la
Belgique pour accélérer le
versement des réparations
13 janvier 1923 Le
gouvernement allemand appelle
à la résistance passive contre
cette occupation
1923 Union paneuropéenne
fondée par Richard CoudenhoveKalergi qui publie la même
année un livre-manifeste intitulé
Paneuropa
1924 Plan dawes, un plan
préparé par un expert américain
qui adapte les réparations aux
capacités de paiement de
l’Allemagne
25 août 1925 Les dernières
troupes françaises et belges se
retirent de la Ruhr et des
territoires occupés en 1921
26 avril 1925 élection à la
présidence du Reich de Paul von
Hindenburg, monarchiste et
vainqueur de Tannenberg
15-16 octobre 1925 Accords de
Locarno signés à l’initiative de
l’Allemand Stresemann entre la
France, la Belgique et
l’Allemagne et qui garantissent
les frontières belges et
françaises fixées en 1919. Les
relations internationales
s’améliorent.
10 septembre 1926
L’Allemagne entre dans la Sdn
27 août 1928 Pacte Brian-Kellog
avec les états-Unis et qui met la
guerre hors-la-loi. Apogée de la
sécurité collective et de “l’esprit
de genève”.
7 septembre 1929 Aristide
Briand, président du Conseil en
France, propose de créer « une
sorte de lien fédéral » entre les
états européens.
1929 Plan Young qui apporte
aux problèmes des réparations
une solution définitive
30 juin 1930 Les troupes
françaises évacuent la Rhénanie
30 janvier 1933 Hitler est
nommé chancelier du Reich
14 octobre 1933 L’Allemagne
quitte la Sdn
13 janvier 1935 Plébiscite de la
Sarre
16 mars 1935 Hitler dénonce le
traité de Versailles
7 mars 1936 L’armée
allemande se réinstalle sur le
rive gauche du Rhin
3 septembre 1939 entrée en
guerre de la France
10 mai 1940 début de la
percée des Ardennes par
l’armée allemande
22 juin 1940 L’armistice est
signé à Rethondes là où a été
signé celui du 11 novembre
1918
24 octobre 1940 entrevue entre
Pétain et Hitler à Montoire
Juin 1941 Manifeste de
Ventotene rédigé par des
militants anti-fascistes italiens
qui fait de la construction
européenne la priorité de
l’après-guerre
16-17 juillet 1942 Rafle du Vel
d’Hiv’ à Paris
27-28 août 1943 Mouvement
fédéraliste européen créé à
Milan
10 juin 1944 Massacre
d’Oradour-sur-glane
7 juillet 1944 déclaration des
résistances européennes
adoptée à genève plaidant pour
« la création d’une Union
fédérale entre les peuples
européens »
25 août 1944 Libération de
Paris
8 mai 1945 Capitulation de
l’Allemagne
17 juillet - 2 août 1945
Conférence de Potsdam qui
définit les zones d’occupation de
l’Allemagne
20 juin 1948 Création du
deutschmark
1948-1949 Blocus de Berlin par
Staline
1949 Konrad Adenauer est élu
premier Chancelier fédéral de la
République fédérale
d’Allemagne (RFA)
9 mai 1950 déclaration de
Robert Schuman, ministre
français des Affaires étrangères,
qui propose de placer
l’ensemble de la production
franco-allemande de charbon et
d’acier sous une Haute autorité
commune
européenne
d’Allemagne
18 avril 1951 Signature du
traité instituant la Communauté
européenne du charbon et de
l’acier (CeCA) avec entre autres
la France et la RFA
13 mars 1979 création du
Système Monétaire européen à
l’initiative de Valéry giscard
d’estaing, président de la
République française, et du
chancelier Helmut Schmidt
14 juillet 1994 des soldats
allemands de l’eurocorps
défilent pour la première fois sur
les Champs-elysées
5 mai 1955 Les « accords de
Paris » conclus entre l’Allemagne
de l’Ouest, la France, le
Royaume-Uni et les états-Unis
restaurent la souveraineté de la
RFA y compris le droit de
disposer d’une armée
22 septembre 1984 François
Mitterrand et Helmut Kohl
commémorent ensemble à
Verdun le souvenir des soldats
tombés pendant les deux
guerres mondiales
27 octobre 1956 Traité francoallemand sur la Sarre qui
devient un Land de la RFA
10 octobre 1985 François
Mitterrand et Helmut Kohl
visitent ensemble Berlin-Ouest
5-8 juillet 1962 Visite officielle
du Chancelier Adenauer en
France
22 janvier 1988 signature à
Paris des protocoles sur la
création du Conseil francoallemand de défenses et de
sécurité et du Conseil francoallemand économique et
financier, d’un haut conseil
culturel franco-allemand
4-9 septembre 1962 Visite du
Président de gaulle en RFA
22 janvier 1963 Signature à
Paris du Traité de l’elysée sur la
coopération franco-allemande et
d’une déclaration commune en
matière de défense, de politique
étrangère et d’économie
4-5 juillet 1963 Signature de
l’accord portant sur la création
de l’Office franco-allemand pour
la Jeunesse (O.F.A.J.)
12-13 juillet 1967
Consultations franco-allemandes
de Bonn, mise en place auprès
de chaque gouvernement d’un
coordinateur des relations
franco-allemandes
1969 Création des premières
sections bilingues francoallemandes dans les
établissements scolaires du
Bade-Wurtemberg, de Bavière et
de Rhénanie du nord-Westphalie
2 octobre 1989 Création de la
Brigade franco-allemande, une
unité militaire interarmée
binationale
9 novembre 1989 Chute du Mur
de Berlin
1990 Le président Mitterrand
annonce le retrait des troupes
françaises stationnées en
Allemagne à l’exception de
Berlin
2 octobre 1990 Signature à
Berlin du traité sur la création de
la chaîne culturelle européenne
de télévision, ARTe
3 octobre 1990 Unification de
l’Allemagne
10 février 1972 Création du
baccalauréat franco-allemand
18-20 septembre 1991 Visite
de François Mitterrand à Berlin
et dans les nouveaux Länder de
RFA
21-22 juin 1973 déclaration
commune franco-allemande
relative à la politique sociale
15 mars 1993 installation de
l’eurocorps à Strasbourg avec
40 000 soldats de France et
8 septembre 1994 les troupes
des trois alliés occidentaux
quittent Berlin
9 décembre 1996 adoption d’un
concept franco-allemand en
matière de sécurité et de
défense
11 novembre1998 gerhard
Schröder, élu Chancelier fédéral,
ne participe pas à la
commémoration de l’armistice
de 1918 à laquelle il avait été
convié par Jacques Chirac
5 mai 1999 création de
l’Université franco-allemande, un
réseau d’établissements
d’enseignement supérieur
26-27 juin 2000 visite d’état en
Allemagne de Jacques Chirac qui
s’exprime devant le Bundestag
sur l’avenir de la construction
européenne
22 janvier 2003
40e anniversaire du traité de
l’elysée et 80e sommet francoallemand, sommet désormais
remplacé par des conseils des
ministres communs ; le 22
janvier devient dans les deux
pays la journée de l’amitié
franco-allemande
6 juin 2004 cérémonies francoallemandes à la mémoire du 60e
anniversaire du débarquement
des forces alliées en normandie
10 mars 2005 lancement d’un
projet relatif à l’élaboration d’un
livre d’histoire franco-allemand
2010-2012 Le couple francoallemand lutte contre la crise de
l’euro
22 janvier 2013 cinquantenaire
du traité de l’elysée
74
1789
Nantes
Bordeaux
Paris
Amiens
Lille
Reims
Bruxelles
Marseille
Lyon
Strasbourg
Cologne
Mayence
Francfort
Hambourg
Munich
Leipzig
Dresde
Berlin
Prague
Vienne
Königsberg
France
Petites principautés
et états membres
du Saint-Empire
Saint-Empire romain
germanique
75
76
1812
Nantes
Bordeaux
Paris
Amiens
Lille
Reims
Marseille
Lyon
Bruxelles
Strasbourg
Cologne
Karlsruhe
Mayence
Francfort
Kassel
Hambourg
Munich
Leipzig
Dresde
Berlin
Prague
Vienne
Königsberg
France
Autriche
Prusse
Confédération du Rhin
Nouveaux départements
français
77
78
1820
Nantes
Bordeaux
Paris
Amiens
Lille
Reims
Marseille
Lyon
Mulhouse
Strasbourg
Cologne
Karlsruhe
Francfort
Mayence
Hambourg
Munich
Leipzig
Dresde
Berlin
Prague
Vienne
Königsberg
France
Petits états membres
de la Confédération
germanique
Confédération germanique
79
158
1871–1918
Nantes
Bordeaux
Paris
Lille
Reims
Marseille
Lyon
Belfort
Mulhouse
Strasbourg
Nancy
Metz
Cologne
Verdun
Bruxelles
Karlsruhe
Francfort
Hambourg
Munich
Leipzig
Dresde
Berlin
Vienne
Breslau
Posen
Datzig
Königsberg
France
Limite de l’avancée
allemande à la fin 1914
Empire d’Allemagne
159
232
1918–1935
Nantes
Bordeaux
Paris
Lille
Reims
Marseille
Lyon
Strasbourg
Trèves
Coblence
Cologne
Mulhouse
Metz
Verdun
Bruxelles
Stuttgart
Mayence
Wiesbaden
Francfort
Hambourg
Munich
Weimar
Leipzig
Dessau
Dresde
Berlin
Breslau
Königsberg
e
République)
Rhénanie occupée
République de Weimar
233
302
1940–1944
Brest
Nantes
Bordeaux
Orléans
Gien
Paris
Vichy
Lille
Lyon
Marseille
Nancy
Boust
Thionville
Saint-Dié
Strasbourg
Sarrebourg
Sarrelouis
Cologne
Mayence
Hambourg
Berlin
Prague
Vienne
Varsovie
Königsberg
France
Reich
Territoires occupés par
l’Allemagne
e
(zone libre jusqu’en 1942)
303
304
1945–1949
Nantes
Bordeaux
Le Havre
Orléans
Paris
Lille
Bonn
Saint-Dié
Strasbourg
Sarrebourg
Sarrelouis
Marseille
Lyon
Maubeuge
Cologne
Francfort
Baden-Baden
Mayence
Hambourg
Berlin
Sarre (sous mandat
français jusqu’en 1955)
Zone d’occupation
soviétique
Zone d’occupation
britannique
Zone d’occupation
américaine
Zone d’occupation
française
France
305
344
1949–1989
Nantes
Bordeaux
Toulouse
Le Havre
Paris
Lille
Lyon
Marseille
Ronchamp
Strasbourg
Boust
Bonn
Hambourg
Munich
Halle
Leipzig
Berlin
République démocratique
d’Allemagne
République fédérale
d’Allemagne
e
République
à partir de 1958)
345
412
1990
Nantes
Bordeaux
Saint-Etienne
Paris
Lille
Marseille
Lyon
Freiburg
Strasbourg
Cologne
Herne
Kehl
Francfort
Hambourg
Berlin
Allemagne
France
413
dOSSieR de PRéPARATiOn à LA ViSiTe
Parcours PéDestre
Dans la neustaDt
L’axe impérial
Parcours construit par la Mission Patrimoine, direction de la Culture, Ville et
Communauté urbaine de Strasbourg
Objectifs
Appréhender la structure urbanistique générale de cet ensemble à partir de
quelques édifices, places et axes structurants.
Repérer les principales caractéristiques architecturales des édifices publics
construits à Strasbourg durant cette période.
1) Dans le jarDIn De la réPublIque (se placer devant le
monument aux morts)
Le plan d’extension
Le 19 juillet 1870, le Second empire français (napoléon iii) et le royaume de
Prusse (guillaume ier) entrent en guerre. La ville de Strasbourg, à la frontière
des deux pays, est violemment bombardée. La France capitule et signe le 10
mai 1871 le Traité de Francfort, qui stipule le rattachement de l’Alsace et d’une
partie de la Lorraine à l’empire allemand, proclamé dans la galerie des glaces
du château de Versailles le 18 janvier de la même année.
Après la guerre de 1870 et le rattachement de l’Alsace-Lorraine à l’empire
allemand, Strasbourg devient la nouvelle capitale du Reichsland AlsaceLorraine. Afin d’en faire une ville moderne et prestigieuse, mais aussi pour
réparer les torts causés par les destructions dues aux bombardements et pour
accueillir un afflux de population allemande (fonctionnaires, professeurs
d’Université, militaires, etc.) nécessaire à la germanisation de la ville, un projet
d’extension de la ville est mis en œuvre. Un concours est lancé et deux projets
sont présentés en 1878, celui de l’architecte berlinois August Orth et celui de
l’architecte municipal Jean-geoffroy Conrath, qui est finalement choisi. entre
autres dispositions, ce projet situe la place impériale dans l’axe de l’Université,
déjà en projet. Cela permet de mettre en valeur plusieurs axes structurants :
l’axe porte de Pierre – porte de Kehl (= avenues des Vosges, d’Alsace et de la
Forêt-noire), qui relie la ville – et tout le Reichsland – à l’Allemagne, est doublé
parallèlement d’un axe de représentation, aujourd’hui appelé axe impérial, qui
met en regard le Palais du Rhin et le Palais universitaire. Perpendiculairement
32
dOSSieR de PRéPARATiOn à LA ViSiTe
France/allemagne XiXe-XXe siècle
à ces deux axes, l’avenue de la Paix, prolongée par une perspective vers la
cathédrale, relie la nouvelle ville à l’ancienne. en 1880, le Bebauungsplan fixe
les modalités du plan d’extension pour les années à venir et les premières
constructions sont érigées peu après. La Neustadt, opération urbanistique
d’envergure qui a permis de tripler la surface de la ville, encercle ainsi le centre
historique de la gare à l’hôpital civil, en passant par les places de Haguenau et
de la République, les parcs du Contades et de l’Orangerie, l’Université et le
quartier « suisse ».
La place de la République
Le Kaiserplatz – place impériale – aujourd’hui place de la République est une
place monumentale autour de laquelle sont implantés la plupart des édifices
officiels. elle est située à proximité de la place Broglie, qui était déjà au XiXe s.
le centre de la vie publique strasbourgeoise,
avec l’hôtel de ville, le théâtre municipal et la
préfecture à proximité. Au centre de la place,
un jardin circulaire qui a conservé son
aménagement d’origine répond au jardin de
l’Université, auquel il est relié par les
Vorgärten (jardinets de devant) constituant
ainsi une continuité verte entre ces deux
ensembles majeurs de la Neustadt, place
impériale et Université. Certains arbres sont
d’époque, comme les ginkgos biloba.
Au départ, une statue équestre de
guillaume ier se dressait dans l’axe de la
Kaiser Wilhelm Strasse (avenue de la
Liberté), un peu décalée par rapport au
place de la république
monument aux morts actuel pour ne pas
Ville et CUS – F. Zvardon
gêner la perspective vers la cathédrale que
l’on avait en venant de la Koenigstrasse. La
statue équestre de guillaume ier est inaugurée en 1911 et mise à bas en 1918.
Le monument aux morts actuel, de Léon drivier, est implanté en 1936.
Placé légèrement en contrebas de la place, le jardin permet en outre de
magnifier les bâtiments situés autour de la place.
Le Palais du Rhin (se placer en haut des marches du jardin)
Le Palais du Rhin (son nom actuel lui vient de la Commission centrale pour la
navigation du Rhin, qui s’y est installée en 1920) était l’ancien palais de
l’empereur. Premier édifice à avoir été construit sur la Kaiserplatz, il est l’œuvre
d’Hermann eggert, l’architecte berlinois qui avait déjà conçu le plan général de
l’ensemble universitaire de Strasbourg et la plupart des instituts. Ce palais
inauguré en 1889 devait mettre en exergue la grandeur et la légitimité de
33
dOSSieR de PRéPARATiOn à LA ViSiTe
France/allemagne XiXe-XXe siècle
l’empire allemand grâce à son
architecture et à son décor.
Ainsi, l’appareil à bossage et
l’étage noble situé au premier
étage sont inspirés de la
Renaissance italienne, le
décor intérieur est un rappel
du baroque allemand, et les
ornements du toit rappellent
l’Antiquité, inscrivant ainsi le
iie Reich dans la lignée des
grands empires historiques
(empire romain et Saintempire romain germanique).
Le décor de la façade s’inscrit
dans cette même démarche :
palais du rhin
symboles guerriers (clés de
Ville et CUS – S. eberhardt
fenêtres du premier étage),
armoiries impériales (clés de
fenêtres des pavillons d’angle), blasons des villes allemandes (cartouches au
niveau du 2e étage), Alsace-Lorraine (armoiries de l’avant-corps central)
s’épanouissant (allégories des richesses économiques sur les colonnes de la
loggia) sous l’égide du pouvoir impérial (blasons de l’empire – martelé,
couronne impériale, blasons, profils et devises des empereurs).
Situé en face du Palais universitaire, il permet de faire dialoguer le pouvoir
impérial et le pouvoir du savoir.
Le TNS (se placer en haut des marches du jardin)
L’actuel TnS a été conçu pour abriter la délégation du Reichsland, une
assemblée parlementaire. il est édifié entre 1888 et 1892 selon les plans de
l’architecte Skjold neckelmann (qui a également réalisé à Strasbourg le Palais
de Justice et l’église Saint-Pierre-le-Jeune catholique) dans un style inspiré de
la Renaissance française.
La façade est ornée des blasons de 30 villes d’Alsace et de Lorraine ainsi que
des blasons des deux régions. Comme sur tous les autres édifices, le blason
allemand a en revanche été martelé. Les groupes statuaires au niveau du toit
représentent Alsatia (raisins, quenouille et corne d’abondance) et Lotharingia
(un marteau et une enclume, une faucille et des épis).
34
dOSSieR de PRéPARATiOn à LA ViSiTe
France/allemagne XiXe-XXe siècle
La BNU
Lors des bombardements de 1870,
les bibliothèques strasbourgeoises,
situées dans l’ancienne église des
dominicains (actuel Temple neuf)
furent
entièrement
détruites,
provoquant un profond émoi parmi
les communautés intellectuelles
européennes. Afin de reconstituer ce
fonds
exceptionnel,
des
négociations, collectes et appels aux
dons sont lancés et, dès 1872, la
Ville dispose d’un fonds riche de
200 000 volumes qu’elle ne sait où
entreposer. La construction d’une
nouvelle bibliothèque est donc
Bibliothèque nationale Universitaire
rendue nécessaire et celle-ci est
Ville et CUS – d. Cassaz
construite sur le Kaiserplatz entre
1889 et 1895 selon les plans de
neckelmann à nouveau. Le décor est du même sculpteur (J. B. Riegger) et
figure des allégories des arts, des sciences, de la littérature, de la philosophie ;
des personnalités érudites de la région et de toute l’europe.
Cette bibliothèque est longtemps restée la première bibliothèque française
après Paris, et elle fait aujourd’hui l’objet de travaux devant permettre une
modernisation de l’édifice, une meilleure mise en sécurité et une plus grande
fonctionnalité pour les usagers (meilleur éclairage, plus de livres en libre-accès,
etc.). La fin des travaux est prévue pour 2014.
La Préfecture et la Direction régionale des finances publiques
Ces deux bâtiments devaient abriter les différents ministères du Reichsland,
agriculture, travaux publics, finances et industrie pour le bâtiment ouest
(actuelle direction régionale finances publiques) ; intérieur et justice pour le
bâtiment est (préfecture actuelle). ils sont construits dans la première
décennie du XXe siècle à l’emplacement d’un ancien bastion de l’enceinte de
Vauban. Le style néo baroque des édifices s’inspire du XViiie siècle
strasbourgeois, une manière sans doute de rester en adéquation avec les
bâtiments de la vieille ville qui leur font face (ex. Hôtel de Klinglin).
Une passerelle, sorte d’arc de triomphe, devait relier les deux édifices, mais le
projet a été abandonné car cela aurait caché la perspective vers la cathédrale.
dans le même temps, un projet de clôture de la place par une extension dans
la largeur du théâtre municipal (= opéra) fut également abandonné, confirmant
ainsi la volonté de ne pas séparer la vieille ville et son extension, mais au
contraire de chercher à les relier.
35
dOSSieR de PRéPARATiOn à LA ViSiTe
France/allemagne XiXe-XXe siècle
36
2) DePuIs l’avenue schoelcher quI se Prolonge avec
l’avenue De la lIberté
L’Axe impérial
Aujourd’hui appelée « axe impéria », cette
avenue a été conçue dans un but de
représentation du pouvoir (elle était notamment
le lieu des défilés militaires). en reliant deux
ensembles structurants de la Neustadt
– l’Université, dont le plan d’ensemble est fixé
avant même que ne soit établi le
Bebauungsplan, et le Kaiserplatz, centre de la
vie politique et institutionnelle – cet axe, qui
s’étend du Palais impérial à l’Observatoire,
constitue une sorte de colonne vertébrale de
l’ensemble. La végétation (jardins, jardinets,
arbres) contribue à assurer la continuité de cet
axe d’une extrémité à l’autre.
L’Hôtel des Postes
Bâti à proximité du Kaiserplatz et des édifices
officiels, l’Hôtel des Postes est érigé entre 1896
et 1899 entre la Königstrasse (avenue de la
Marseillaise) et la Kaiser-Wilhelmstrasse
(avenue de la Liberté). délocaliser la poste
centrale de Strasbourg, auparavant située place
de la cathédrale, permettait au gouvernement
impérial d’affirmer une fois encore la Neustadt,
avenue de la liberté
et plus particulièrement le secteur dit « axe
Ville et CUS – Christophe Hamm
impérial », comme nouveau centre politique et
administratif de la ville. Cet édifice est de style
néo gothique, comme le bâtiment de la poste de Thann, construit à la même
période, et celui de Cologne, aujourd’hui disparu. guillaume ii en personne a
ainsi noté en 1895 que « [ce projet] représentera une interruption fort
convenable du style Renaissance des autres bâtiments. » Comme pour les
autres édifices officiels, le décor devait glorifier l’empire allemand. Ainsi, sur la
façade principale (avenue de la Marseillaise), entre les fenêtres du premier
étage de l’avant-corps central, se trouvaient des statues représentant trois
empereurs du Saint-empire romain germanique (Frédéric Barberousse,
Rodolphe de Habsbourg et Maximilien ier) et trois empereurs du iie Reich
(guillaume ier, Frédéric iii et guillaume ii). Cette association d’empereurs du
Saint-empire romain germanique et du iie Reich devait légitimer le
rattachement de l’Alsace-Lorraine à l’empire allemand au nom de l’histoire.
Cependant, en 1918, les Alsaciens ne décapitèrent que les statues des
dOSSieR de PRéPARATiOn à LA ViSiTe
France/allemagne XiXe-XXe siècle
empereurs d’Allemagne, montrant ainsi qu’ils refusaient cette domination,
mais qu’ils ne reniaient pas leur héritage au sein du Saint-empire romain
germanique (mais Strasbourg était alors une ville libre). Ces statues ont
disparu lors des destructions causées par les bombardements de la Seconde
guerre mondiale, mais exceptées quelques pièces de décor, le bâtiment a été
restauré quasiment à l’identique.
La Direction régionale des Douanes
depuis son édification en 1893, cet édifice abrite le siège de la direction des
douanes. il a été conçu d’après les plans d’Otto Back, un architecte allemand
qui réalisa de nombreux édifices à Strasbourg, dont l’hôtel des impôts (45
avenue des Vosges) et son hôtel particulier (place Brant). Aligné sur la KaiserWilhelmstrasse, cet édifice imposant en grès rose s’inspire des palais florentins
de la Renaissance, notamment par l’emploi d’un appareil à bossage très
saillant. à l’étage noble, les trois fenêtres centrales sont dotées d’un balcon et
surmontées d’armoiries : Strasbourg, Metz, et un blason martelé,
probablement celui du Reich.
3) sur le Pont D’auvergne
Le Pont d’Auvergne
Construit entre 1889 et 1892 selon les plans de Johann-Carl Ott, l’architecte
de la Ville, ce large pont à trois travées formées d’arcs métalliques enjambe l’ill
et l’Aar. Au XViiie siècle une passerelle munie d’un pont-levis permettait de
traverser l’ill à mi-chemin entre l’actuel pont d’Auvergne et le pont Kennedy. à
l’origine, le pont d’Auvergne était orné de réverbères en pierre et fonte
sculptée, mais ils sont démolis après 1945 et remplacés par des lampadaires
plus sobres. On remplace également à ce moment là les garde-corps en fonte
par des rambardes modernes. Au milieu des arcs, on peut toutefois encore
admirer des mascarons en fonte, visages allégoriques qui évoquent des
divinités mythologiques.
L’église Saint-Paul
L’église Saint-Paul est située à la pointe de l’ile Sainte-Hélène, entre l’ill et l’Aar.
elle a été bâtie entre 1892 et 1897 selon les plans de l’architecte Louis Muller,
pour être l’église protestante de la garnison de Strasbourg (l’église de garnison
catholique était Saint-Maurice, située place Arnold). elle pouvait accueillir plus
de 2000 fidèles. Cette église de style néo gothique comprend deux flèches
jumelles de 76 m. de haut et une grande rose de 8 m. de diamètre. elle a
conservé une partie de ses vitraux d’origine, qui représentent notamment des
allégories de l’empire et les armes des régions qui le composent. Certains
d’entre eux ont cependant été soufflés pendant la Seconde guerre mondiale et
remplacés par des compositions modernes.
37
dOSSieR de PRéPARATiOn à LA ViSiTe
France/allemagne XiXe-XXe siècle
La Gallia
La gallia a été réalisée entre 1883 et 1885 par deux architectes berlinois pour
le compte d’une compagnie d’assurances de Hambourg, les assurances
Germania, qui lui ont donné son nom initial. en 1918, le nom du bâtiment est
donc traduit en Gallia. Habillé de briques rouges et flanqué de tourelles,
l’édifice évoque par son style la Renaissance en Allemagne du nord. depuis les
années 1920, il abrite les associations des œuvres étudiantes de Strasbourg,
l’actuel CROUS, et le restaurant universitaire qui porte le nom du bâtiment. On
peut y admirer des hauts plafonds et boiseries remis au jour.
4) sur la Place De l’unIversIté Devant le PalaIs
unIversItaIre
Au lendemain de la guerre de 1870, l’empire allemand décide de la création
d’une nouvelle Université. dans un premier temps, elle est installée dans les
locaux affectés à l’Université française avant 1870, répartis sur différents sites
de la ville, mais cette solution n’est guère adaptée. en 1875, un jeune
architecte berlinois, Hermann eggert, est chargé de la conception d’un projet
d’ensemble visant à réunir sur un site unique l’ensemble des instituts
universitaires, excepté la faculté de médecine, qui souhaite rester à proximité
de l’hôpital. Le site choisi pour le nouvel ensemble universitaire est situé dans
la future Neustadt, dont le plan est encore à l’étude, au lieu-dit « près de la
porte des Pêcheurs ». L’absence de contrainte physique et l’important budget
affecté par l’empire à ce projet (près
de 9 millions de marks) permettent
l’élaboration d’un projet fastueux. Le
plan arrêté en 1877 prévoit un
ensemble organisé autour de jardins
et dominé par le Bâtiment collégial
(actuel Palais Universitaire). Les
premiers bâtiments universitaires
s’élèvent sur des terrains alors
complètement vierges ; ce sont les
premiers édifices de la Neustadt.
Le Palais universitaire constitue le
pôle majeur de la nouvelle université.
érigé entre 1879 et 1884, il est conçu
non pas par l’architecte de
l’Université, Hermann eggert, mais
par un architecte de Karlsruhe Otto
Warth suite à un concours. il était
palais universitaire
destiné à abriter les services
Ville et CUS – F. Zvardon
administratifs ainsi que les facultés
38
dOSSieR de PRéPARATiOn à LA ViSiTe
France/allemagne XiXe-XXe siècle
qui ne nécessitaient pas d’installation particulières (laboratoires, etc.) : les
mathématiques, le droit, la philosophie, les lettres, la théologie, l’archéologie,
l’histoire et l’histoire de l’art. il accueille toujours aujourd’hui les facultés de
sciences historiques et de théologies protestante et catholique. Le style et le
décor sont inspirés par la Renaissance italienne et le décor extérieur fait
référence au savoir mais aussi au prestige de l’Allemagne, à l’image des
statues des savants sur les pavillons d’angle. à noter cependant que
l’inscription Litteris et Patriae fut préférée à celle de Kaiser-WilhelmsUniversität.
Le secteur dit de « l’axe impérial », de la place impériale, nouveau centre du
pouvoir, à l’Université est le premier à avoir été construit après l’établissement
du plan d’urbanisme de la Neustadt et il y joue un rôle important, étant tout à
la fois une vitrine du prestige de l’empire allemand, et un secteur structurant
du point de vue urbanistique pour l’ensemble de l’extension urbaine.
Si on dispose de plus de temps :
5) sur le boulevarD De la vIctoIre Devant les baIns
munIcIPaux
à l’origine Nikolausring, il prend le nom de boulevard de la Victoire en 1918.
Les Bains Municipaux sont un des fleurons de la politique sociale et hygiéniste
de la Ville. Construit entre 1905 et 1908 d’après les plans de Fritz Beblo,
l’édifice dispose de nombreux bassins chauds et froids, de saunas et de bains
romains (initialement appelés bains irlando-russo-romains), tous richement
décorés, qui étaient alors des modèles de modernité. depuis 2010, l’édifice est
inscrit sur la liste supplémentaire des monuments historiques. Sa façade en
rotonde monumentale et la noblesse des matériaux à l’intérieur (marbre,
cuivre, laiton, faïence, bois) en font encore un bâtiment remarquable et un lieu
de détente prisé des Strasbourgeois.
6) remonter la rue FrItz KIener PuIs Dans la rue De
l’acaDémIe jusqu’à l’ésaDs
Construit dans un style purement fonctionnel, avec un matériau non noble, la
brique, l’école des Arts décoratifs est un des premiers édifices officiels qui
échappe au style historiciste. inaugurée en 1892, elle est réalisée par Johann
Carl Ott, l’architecte de la Ville, et Anton Seder, directeur de l’école, qui dessine
le décor. Celui-ci est ensuite réalisé en céramique polychrome par un élève de
l’école. Autour de la travée centrale, le programme iconographique exalte
l’Alsace et la Lorraine. Les travées latérales représentent des allégories des
enseignements dispensés par l’école (architecture, peinture, sculpture) aux 3e
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dOSSieR de PRéPARATiOn à LA ViSiTe
France/allemagne XiXe-XXe siècle
et 4e niveaux, reposant sur l’étude de la science, de l’archéologie et de la
géométrie, symbolisés au 2e niveau. Les allèges des fenêtres présentent un
décor d’inspiration végétale révélateur de l’orientation Jugendstil donnée par
Seder, qui était acquis aux nouvelles formes artistiques diffusées par l’école de
nancy. dans le parc, un monument aux morts de Roederer (1874) commémore
les victimes du siège de 1870. Les cimetières municipaux étant à cette date
hors les murs et inaccessibles, le maire décida d’inhumer les morts dans le
jardin botanique de l’époque. C’est en effet à cet endroit que l’on situe le
premier jardin botanique de Strasbourg, remontant au XViie siècle et remplacé
ensuite par le jardin botanique de l’Université (1884).
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