DoSSiEr DE préparation à la viSitE MUSée TOMi UngeReR – 2, avenue de la Marseillaise MUSée d’ART MOdeRne eT COnTeMPORAin – 1, place Hans-Jean--Arp France/allemagne XiXe-XXe siècle Du Duel au Duo InterFérences/InterFerenzen Parcours PéDestre Dans la neustaDt Avenue de la Liberté Ville et CUS – Christophe Hamm Hansi (Jean-Jacques Waltz, dit) (1873-1951) « Le Kronprinz prince de sang », 1916 Lithographie 50 x 32,5 cm Collection privée © Musée Hansi, Riquewihr Photo : Musées de la Ville de Strasbourg / Mathieu Bertola Eckhard Schulze-Fielitz Stettin, 1929 Raumstadt, 1959, Maquette en plastique, carton, métal, bois et divers 62 x 125 x 59 cm Collection FRAC Centre, Orléans. Courtesy FRAC Centre. Photo : Philippe Magnon. Service éducatif des musées, 2013 Palais Rohan — 2, place du château — 67076 Strasbourg cedex — www.musees.strasbourg.eu réservations le matin 03 88 88 50 50 — renseignements l’après-midi 03 88 52 50 04 — FAX 03 88 52 50 41 dOSSieR de PRéPARATiOn à LA ViSiTe France/allemagne XiXe-XXe siècle 2 Sommaire Du Duel au Duo images satiriques du couple franco-allemand de 1870 à nos jours du 12 avril au 14 juillet 2013 présentation de l’exposition . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .P. 3 parcours de l’exposition . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .P. 4 InterFérences/InterFerenzen Architecture. Allemagne-France. 1800-2000 du 29 mars au 21 juillet 2013 présentation de l’exposition . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .P. 11 parcours dans l’exposition . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .P. 12 Chronologies . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .P. 19 atlas France/allemagne Cartes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .P. 23 Parcours PéDestre Dans la neustaDt L’axe impérial itinéraire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .P. 32 C e t t e e x p o s i t i o n e s t r e c o n n u e d ’i n t é r ê t na t i o nal p ar l e mini s t è r e d e la C ul t ur e e t d e la C o mmuni c a t i o n / D ir e c t i o n g é n é r al e d e s p a t r im o ine s / S e r v ic e d e s mu s é e s de Fr ance. Elle bénéficie à ce titre d’un soutien financier exceptionnel de l’ét at. E x p o s i t i o n r é ali s é e p ar l e s M u s é e s d e la V ill e d e S t r a s b o ur g e n p ar t e nar ia t ave c l e D e u t s c h e s A r c hi t e k t ur mu s e um d e Fr an c f o r t , qui la présenter a du 3 oc tobre 2013 au 12 janvier 2014. Cet te exposition bénéficie du soutien de l a C o m m u n au t é u r b a i n e d e S t r a s b o u r g dOSSieR de PRéPARATiOn à LA ViSiTe Du Duel au Duo images satiriques du couple franco-allemand de 1870 à nos jours du 12 avril au 14 juillet 2013 PrésentatIon De l’exPosItIon Quel autre domaine de l’art graphique que celui du dessin satirique, de la caricature au dessin de presse, ne saurait mieux refléter l’histoire du couple franco-allemand depuis 1870 jusqu’à nos jours ? Les illustrateurs se sont passionnés pour ce sujet en construisant dans le contexte des conflits entre les deux pays l’image d’un ennemi héréditaire, puis en restituant les hauts et les bas du nouveau couple qui s’est formé après 1945. Conçue en écho au cinquantième anniversaire du traité de l’élysée, cette exposition rassemble autant de dessinateurs français qu’allemands. C’est ainsi qu’aux revues satiriques allemandes Kladderadatasch, Pardon, Simplicissimus et Titanic, répondent les homologues en France La Baïonnette, La Caricature, Le Charivari, Charlie-Hebdo et Hara-Kiri. entre autres artistes et toutes époques confondues, Antonelli, Arnold, Bosc, Braunagel, Cabrol, Cabu, daumier, effel, Flora, Forain, gulbransson, Hanel, Hanitzsch, Hansi, Heartfield, Hermann-Paul, Hoppmann, Kroll, Léandre, Moisan, Plantu, Robida, Sauer, Sennep, Siné, Waechter, Willem, Zislin, ont croisé leurs crayons dans l’édition, l’affiche et la presse de part et d’autre du Rhin et ont donné de la question une vision caustique et parfois cruelle. Parmi eux, l’Alsacien Tomi Ungerer occupe une place à part en donnant du sujet une version décapante et sans concessions qui se démarque de celle de ses prédécesseurs. Un parcours d’environ 150 œuvres regroupant des dessins originaux, des revues et des livres, se propose de mettre en relief différents procédés du dessin satirique, notamment à travers l’iconographie symbolique des deux pays, ainsi que les moments forts des relations franco-allemandes. Une galerie de portraits-charges de tous les présidents français et chanceliers allemands, spécialement conçue pour l’exposition par le dessinateur Frank Hoppmann, complète avec un humour grinçant cette présentation. 3 dOSSieR de PRéPARATiOn à LA ViSiTe Du Duel au Duo Parcours Dans l’exPosItIon Section 1 de 1870 à 1945 : la construction des imaginaires L’histoire des genres satiriques et caricaturaux dans le dessin de presse, l’affiche et l’illustration s’est largement nourrie des conflits qui ont secoué le cœur de l’europe à l’époque contemporaine. Avec la formation des empires, le conflit franco-prussien, l’unification de l’Allemagne, les alliances internationales et les deux guerres mondiales, s’est forgé un discours majoritairement nationaliste. L’image de l’ennemi héréditaire s’est ainsi constituée de part et d’autre du Rhin, alimentant un répertoire de stéréotypes. Le langage de l’imagerie satirique, dont la presse d’opposition française des années 1830 a fourni le modèle, a cependant également longtemps ignoré les frontières. Les procédés et motifs ont connu une importante circulation à travers l’europe. Honoré daumier a constitué une référence pour de nombreux artistes allemands, et il est significatif que ces derniers l’aient redécouvert au moment où la tension entre les deux pays était à son comble. à l’inverse, l’historien français de la caricature John grand-Carteret a reconnu que des dessinateurs populaires comme Wilhelm Busch ont suscité un souffle nouveau dans la caricature française. La plupart des grands motifs et stéréotypes qui composent le répertoire visuel franco-allemand ont été formés dans les années du conflit de 1870-1871. à l’image d’un Otto von Bismarck velléitaire et agressif, flanqué de hordes porcines à casques à pointe, s’est opposée celle d’un napoléon iii grotesque et criminel. Les hebdomadaires populaires allemands comme Fliegende Blätter ou Kladderadatsch en ont fait un large usage. La Première guerre mondiale a radicalisé encore ce discours en désignant cette fois georges Clemenceau, Raymond Poincaré, guillaume ii et le Kronprinz. des revues, comme La Baïonnette en France, prônent un nationalisme intransigeant, associant l’Allemagne à la barbarie culturelle. Côté allemand, c’est davantage la rancœur liée au traité de Versailles et à l’annexion de la Ruhr qui déchaîne les dessinateurs du Simplicissimus. Mais de nombreux artistes et intellectuels ont aussi formé un front pacifiste dès les lendemains de la grande guerre. Cette opposition préfigure le courant antifasciste international des années 1930, dont le photomonteur berlinois John Heartfield est l’un des plus importants représentants. Ce dernier est parvenu, dans son œuvre, à une synthèse originale entre les enseignements de daumier et les techniques nouvelles de propagande, portées notamment par l’usage de la photographie. en France, plusieurs artistes ont suivi son modèle ou ont façonné, comme Raoul Cabrol, le nouveau langage de l’affiche politique. 4 dOSSieR de PRéPARATiOn à LA ViSiTe Du Duel au Duo Section 2 à partir de 1945, des images de réconciliation La création dans l’immédiat après-guerre de la CeCA (Communauté européenne du charbon et de l’acier), à l’initiative de Robert Schuman, marque le début d’une nouvelle amitié franco-allemande. à partir de cette date, le dessin de presse va se faire l’écho des hauts et des bas du couple francoallemand, scellé par des moments forts comme la signature du traité de l’élysée. Si quantité d’illustrateurs de l’actualité s’intéressent alors au sujet, ils sont plus nombreux chez les Allemands que chez les Français. L’hebdomadaire Der Spiegel consacre des dossiers importants au couple franco-allemand, que viennent illustrer des dessins satiriques commentant les premiers déplacements officiels des chefs d’état des deux pays. Le dessinateur autrichien Paul Flora a livré trois mille dessins politiques entre 1957 et 1971 à l’hebdomadaire hambourgeois Die Zeit, notamment pour accompagner les chroniques de Rudolf Walter Leonhardt. On lui doit entre autres l’image saisissante de la rencontre à reims en 1962 de Konrad adenauer et de Charles de Gaulle, dont les silhouettes monumentales tracées d’une ligne fine à l’encre de Chine forment les deux tours de la cathédrale. dans la nouvelle série du Simplicissimus, éditée de 1954 à 1964, des dessinateurs comme Manfred Oesterle et Josef Sauer mettent en scène le président français et le chancelier allemand dans des situations cocasses. Parmi les Allemands qui ont paul Flora (1922-2009) Reims, 1962 illustré les différentes encre de Chine, plume sur papier phases de l’actualité 21 x 30 cm Leihgabe der Landeshauptstadt Hannover im Museum Willhelm Busch franco-allemande figurent deutsches Museum für Karikatur und Zeichenkunst aussi Walter Hanel, dieter nachlassvertretung Paul Flora - www.paulflora-rechte.com Photo : Willhelm Busch Museum Hanitzsch, Wolfgang Hicks, Peter Leger, Josef Partykiewicz, Klaus Pielert, Louis Rauwolf et Jupp 5 dOSSieR de PRéPARATiOn à LA ViSiTe Du Duel au Duo Wolter. La revue Pardon, créée en 1962 par les artistes fondateurs de la nouvelle école de Francfort, dont Friedrich Karl Waechter faisait partie, et à partir de 1979 la revue Titanic, se démarquent de la pure tradition du dessin de presse de cette époque par des illustrations graphiques et photographiques d’un style caustique très proche de celui de la revue Hara-Kiri en France. elles ne ménagent ni la politique française, ni de gaulle, qu’elles brossent en empereur tyrannique qui veut régner sur l’europe. en France, la génération d’après-guerre des dessinateurs de presse, incarnée par Roland Moisan et Jean-Jacques Sennep, puis par Jean effel, illustre les premiers pas hésitants du couple franco-allemand et de l’europe. Leurs dessins sont devenus de véritables éditoriaux. Leur style graphique est caractéristique de l’époque, en particulier par une certaine rondeur du trait et le côté « achevé » du dessin. Les atrocités de la guerre et du nazisme marquent cependant encore les esprits, ce dont témoignent, d’un trait nerveux, Bosc, Siné ou Tim. à partir des années 1960, une nouvelle génération, représentée entre autres par Cabu, Plantu, Reiser, Willem, Wolinski, publie dans différents journaux comme Charlie mensuel, Charlie-Hebdo, Hara-Kiri, L’Enragé, SinéMassacre. à chaque moment fort de l’actualité franco-allemande, leurs dessins expriment l’ambivalence qui règne encore en France : en effet, les clichés sont prompts à ressurgir à chaque faux pas des politiques. L’iconographie du sujet en cette fin du XXe siècle est notamment marquée par le dessin de Cabu, qui parodie la fameuse photographie d’Helmut Kohl et de François Mitterrand se tenant par la main devant le cimetière de Verdun en 1984. Section 3 « L’arsenal des caricaturistes » L’imagerie du couple franco-allemand est nourrie d’un répertoire iconographique historique et de procédés établis. ernst gombrich a souligné que la métaphore fait partie intégrante de « l’arsenal des caricaturistes ». Le bestiaire, souvent inspiré de l’héraldique, est l’une de ces sources, si usuelle même que l’historien de l’art a usé à son propos du terme de « ménagerie politique ». en effet, de très nombreux dessinateurs satiriques, depuis les artistes du Simplicissimus jusqu’à Tomi Ungerer, se sont largement servis des symboles que sont le coq pour la France et l’aigle pour l’Allemagne, et parfois l’ours pour la Prusse (dans les cartes caricaturales du XiXe siècle). Ainsi, l’artiste strasbourgeois, pour démontrer le contraste entre l’insouciance gauloise et le sérieux germanique, représente le coq qui fait tournoyer un globe terrestre miniature sur son bec, alors que l’aigle est solidement installé sur une Terre de grand format. André François innove en imaginant un audacieux dialogue entre la bête et l’homme, en l’occurrence le coq gaulois et le chancelier Konrad Adenauer, pour illustrer la difficulté de comprendre le voisin. 6 dOSSieR de PRéPARATiOn à LA ViSiTe Du Duel au Duo Marianne et Germania, définies par leurs attributs respectifs, figurent aussi au premier plan des symboles du couple francoallemand. de part et d’autre du Rhin, et selon les époques, les deux allégories féminines ne bénéficient pas du même traitement iconographique. durant la période de conflits, l’obscène germania urinant sur le Rhin et les bateaux qui y naviguent, dessinée par Charles Lucien Léandre, s’oppose à celle, nourricière et pacifique, de Thomas Theodor Heine dans Simplicissimus. Mais on les retrouve à l’ère de la réconciliation sous le crayon malicieux de Tomi Ungerer, en train de danser ou se livrant à un duo comique, l’une légère et insouciante entraînant l’autre, pesante et sérieuse, ou encore en se livrant à une bonne farce. Face à Marianne, un autre personnage prénommé Michel, d’apparence bonhomme, a été utilisé par les dessinateurs allemands, surtout après 1945, Jacques nam pour renouveler l’image du couple. La Baïonnette, volume 11 Les cartes allégoriques de l’europe 1918 sont un autre exemple d’imagerie Bibliothèque des Musées de la Ville de Strasbourg satirique, très en vogue depuis le XiXe siècle. Sur l’une d’elles, la guerre de 1870 est figurée par une pieuvre, coiffée du casque allemand, qui étale ses tentacules sur le continent européen et subit l’attaque simultanée d’un soldat français et d’un soldat russe ; sur d’autres, les deux nations sont imbriquées dans un enchevêtrement grotesque d’animaux, de soldats de l’armée ou de personnages pour figurer une europe en conflit. Outre ces différentes allégories, les emblèmes que représentent les différents accessoires tels le casque à pointe prussien, la coiffe de Walkyrie ou le bonnet phrygien, ainsi que les couleurs nationales, entrent de manière presque évidente dans l’iconographie symbolique du couple franco-allemand dont usent les dessinateurs en les détournant avec impertinence. 7 dOSSieR de PRéPARATiOn à LA ViSiTe Du Duel au Duo Section 4 Vu d’Alsace, une certaine vision du duo entre 1870 et 1945, de nombreux médias de l’illustration, l’imagerie d’épinal, les cartes postales, les dessins de presse, les livres et les affiches, ont véhiculé l’esprit revanchard et ses clichés corollaires qui ont régné en France et en Alsace. Hermann-Paul est l’un des artistes français qui ont osé illustrer la question si épineuse de l’Alsace. Parmi les auteurs alsaciens, bon nombre sont restés anonymes ou inconnus, tel le mystérieux auteur du nom de Sep, dont sont conservés deux dessins sur la gloire puis la défaite des Allemands avant et après 1918. Jean-Jacques Waltz dit Hansi et Jean Zislin, qui ont consacré une grande partie de leur talent à la satire politique de leur époque, sont pratiquement les seuls à être passés à la postérité. dans la seconde partie du XXe siècle, c’est essentiellement grâce à l’œil de Tomi Ungerer, dessinateur par ailleurs actif dans de nombreux registres graphiques, que la vision des rapports franco-allemands et de l’Alsace a été renouvelée. Sans doute d’avoir vécu à la fois l’époque du conflit et celle de la réconciliation a-t-il permis à l’artiste, né dans l’entre-deux-guerres en Alsace, de les aborder avec tant de lucidité. en effet, ses dessins n’occultent jamais le passé et frôlent même le cynisme quand ils pointent les atrocités de la guerre. il ose évoquer la situation difficile de l’Alsace, victime des conflits, et constate l’ambivalence de l’attitude alsacienne prise en étau entre les deux pays. il reste cependant convaincu que l’Alsace finira par faire « le raccord » entre la France et l’Allemagne et jouera « un rôle de Hansi (Jean-Jacques Waltz, dit) trait d’union, de point de rencontre, de (1873-1951) « Le Kronprinz prince de sang », 1916 marmite… » : il utilise pour symboliser cette Lithographie place si particulière qu’occupe la région 50 x 32,5 cm toute une série d’inhabituelles métaphores Collection privée graphiques. dans ce répertoire © Musée Hansi, Riquewihr émerge de manière Photo : Musées de la Ville de Strasbourg / Mathieu Bertola iconographique récurrente le thème de la capitale alsacienne, qu’elle soit représentée lors 8 dOSSieR de PRéPARATiOn à LA ViSiTe Du Duel au Duo d’événements historiques comme le siège de 1870 ou qu’elle constitue l’épicentre géographique de la réconciliation franco-allemande et de l’europe. Quant au couple franco-allemand, dont l’artiste suit avec passion l’évolution depuis les années 1980, il le traite sans ménagement. Selon lui, Allemands et Français restent très différents et ont encore beaucoup à apprendre les uns des autres avant de former un « couple » digne de ce nom qui assurera la pérennité de l’europe. Section 5 Quelques procédés graphiques actuels Si l’amitié franco-allemande s’affirme avec les années, le sujet reste d’une brûlante actualité pour les dessinateurs. Parmi eux, Plantu et dieter Hanitzsch peuvent être considérés par leur style et leur technique comme des représentants « classiques » du genre. Plantu, auteur de nombreux dessins éditoriaux sur les rapports franco-allemands, dont certains ont été publiés dans Le Monde, conçoit ses dessins comme des mises en scène, avec quantité de détails signifiants. Ses personnages sont aisément identifiables par leurs attributs, Plantu usant volontiers d’un comique de situation pour les tourner en dérision : au fil des parutions, on retrouve ainsi avec curiosité, un peu à la manière d’un feuilleton satirique, les différents couples des dirigeants francoallemands. Son style graphique rappelle dans une certaine mesure celui de ses prédécesseurs du dessin de presse dans la première moitié du XXe siècle : il peaufine soigneusement son trait, le relevant parfois de quelques lavis de couleur, ce qui donne à l’ensemble de son dessin un côté très « achevé ». de l’autre côté du Rhin, dieter Hanitzsch collabore depuis des décennies à différents journaux, tels que le Süddeutsche Zeitung, pour accompagner de son trait acéré la politique allemande. Ses caricatures, jouant de procédés graphiques traditionnels, sont pour certaines devenues très célèbres, comme celle du dirigeant bavarois Franz Josef Strauß. Son commentaire récent de la célébration du cinquantenaire du traité de l’élysée à la une du Monde se situe dans cette continuité. Christian Antonelli et Frank Hoppmann usent d’un procédé satirique identique, dans lequel ils excellent tous les deux, même si techniques et styles diffèrent. C’est celui des « grandes gueules », qui consiste à affubler les personnages d’une tête disproportionnée par rapport à leur corps. On retient particulièrement d’Antonelli son interprétation du couple franco-allemand formé par Helmut Kohl et François Mitterrand dans les années 1990, tracée d’une ligne fine et nerveuse, héritage de son admiration pour Saul Steinberg et Ralph Steadman. Hoppmann, quand il réalise une « galerie d’ancêtres » des différents dirigeants des deux pays, compose de véritables portraits psychologiques dans la tradition de david Levine, brossés avec vigueur avec 9 dOSSieR de PRéPARATiOn à LA ViSiTe Du Duel au Duo des techniques mixtes à base de crayon, d’acrylique et d’encre. Quant au Belge Pierre Kroll, dont l’illustration en direct des émissions télévisées est le procédé privilégié, il a été chargé de commenter graphiquement pour la chaîne de télévision franco-allemande ARTe une soirée Thema, « Les valeurs de l’europe », le 18 septembre 2012. Le thème de la construction européenne portée par le couple franco-allemand y a été notamment abordé. Contraint par la rapidité télévisuelle, il privilégie un trait rapide, presque schématique. Allant à l’essentiel, il caricature ses personnages jusqu’à l’extrême et n’hésite pas à les croquer avec insolence, tout spécialement lorsqu’il représente la chancelière Angela Merkel en porteuse de bières et dans son plus simple appareil. 10 dOSSieR de PRéPARATiOn à LA ViSiTe InterFérences/InterFerenzen Architecture. Allemagne-France. 1800-2000 du 29 mars au 21 juillet 2013 PrésentatIon De l’exPosItIon « interférences/interferenzen. Architecture. Allemagne–France, 1800–2000 », vaste exposition d’architecture, d’art et d’histoire, dresse un panorama inédit des interactions architecturales et urbaines entre France et Allemagne, des lendemains de la Révolution française et de l’empire à nos jours. elle propose une nouvelle manière d’aborder l’histoire franco-allemande au regard de l’architecture et de l’urbanisme. Les édifices et les territoires n’ont cessé d’être des enjeux dans les relations entre la France et l’Allemagne au cours des deux derniers siècles. L’exposition explore à travers le prisme des villes, monuments, débats et grandes figures intellectuelles, l’espace architectural européen tel qu’il a évolué au cours des deux derniers siècles. de Karl-Friedrich Schinkel à Jean nouvel, en passant par gottfried Semper, Viollet-le-duc, Le Corbusier ou Rudolf Schwarz, sont présentés les architectes, artistes et intellectuels qui ont œuvré à l’intersection des civilisations française et allemande. Une attention particulière est également portée aux relations en miroir entre les grandes villes comme Paris et Berlin, aux territoires frontaliers transformés par le jeu des annexions et des occupations, comme Strasbourg, Metz, la Rhénanie et la Sarre. Riche de plus de 400 œuvres et objets rarement ou jamais exposés, « interférences/interferenzen. Architecture. Allemagne–France, 1800–2000 » rend compte du dynamisme de ces échanges, ces regards croisés, ces « interférences », à travers une grande variété de supports : plans et dessins d’architectes, maquettes, photographies, films, livres et œuvres d’art parmi lesquelles des œuvres majeures de Victor Hugo, Fernand Léger, Marcel gromaire et gerhard Richter. Le parcours, qui suit un fil chronologique, ménage également un certain nombre d’approches thématiques tout en favorisant croisements et confrontations. Les neuf sections rythmant l’exposition mettent en lumière les débats à propos du gothique et du classicisme, les développements de l’âge industriel, la question des nouvelles urbanités et des nationalismes à la fin du XiXe siècle, les esthétiques de la réforme, la modernité dans l’entre-deux-guerres, l’occupation et la reconstruction, la spectacularisation de l’architecture, la crise du moderne 11 dOSSieR de PRéPARATiOn à LA ViSiTe InterFérences/InterFerenzen et le retour à l’urbanité dans les années 1960 à 1980 et enfin, les perspectives européennes depuis la chute du Mur de Berlin. La Ville de Strasbourg et ses architectures remarquables se situent au cœur de l’exposition. L’histoire de la neustadt (ou ville allemande) fait l’objet d’un développement particulier, inscrit dans la dynamique d’extension du périmètre du classement Unesco que la municipalité a initiée. Sont également représentés les cités-jardins et les plans d’urbanisme de Paul Schmitthenner datant de 1942. L’évocation de Strasbourg se clôt sur la passerelle de Marc Mimram (2004), qui relie Strasbourg à Kehl. Parcours Dans l’exPosItIon i. GotHiQUE Et ClaSSiQUE, paSSionS CroiSéES La période intense de transformations politiques qui conduit de la Révolution française à la monarchie de Juillet, pendant que l’Unité allemande s’ébauche, provoque une grande effervescence architecturale. deux mouvements de direction opposée voient au lendemain de 1789 les architectes français et allemands se croiser. Paris attire les jeunes architectes qui visitent ses édifices ou viennent s’y former. Ainsi Friedrich gilly, puis son disciple Karl-Friedrich Schinkel séjournent-ils à Paris. dans les départements que les armées de la Convention ont découpé en Allemagne, ingénieurs des Ponts et Chaussées et architectes conçoivent des infrastructures innovantes et des demeures pour les gouvernants, comme le palais de Kassel. Appréciées par le roi du Wurtemberg qui leur commandera une maison de plaisance, les compositions des architectes de la cour napoléonienne Percier et Fontaine seront reprises par Schinkel lorsqu’il concevra son Musée pour Berlin. Une vision romantique des châteaux et des cathédrales gothiques se fait jour. elle se cristallise à Cologne, où l’achèvement de la cathédrale devient une cause nationale. L’architecture médiévale devient un objet de discussion quant à la prééminence française ou allemande. est-il étonnant que la première église néo-gothique parisienne, Sainte-Clothilde, soit réalisée sur un projet de Franz Christian gau, né dans la ville rhénane ? ii. l’aUrorE DE l’ÂGE inDUStriEl Au cours des deux décennies qui séparent les révolutions européennes de 1848 de la guerre franco-prussienne de 1870, les développements de la politique architecturale sont déterminés par la question du rapport à l’histoire et par celle de l’extension des villes, dans le cadre de la révolution industrielle. Une nouvelle architecture prend forme, au service de la modernisation et de ses programmes, des usines aux marchés, aux magasins et aux gares. La 12 dOSSieR de PRéPARATiOn à LA ViSiTe InterFérences/InterFerenzen reconstruction de Paris intra-muros entreprise à partir de 1853 par le préfet Haussmann pour le compte de napoléon iii aboutit à la création d’un paysage urbain continu sur les ruines de la ville ancienne. Ce modèle sert de base aux stratégies d’extension des agglomérations allemandes, comme celle que James Hobrecht initie à Berlin dans les années 1860. Les programmes de formation des architectes, jusque là fondés exclusivement sur le modèle de l’école des Beaux-Arts et de l’école Polytechnique, que les élèves allemands continuent à fréquenter, se transforment en Prusse et dans les autres états, où des écoles sont ouvertes au sein des Technischen Hochschulen ou des académies. à l’initiative d’une poignée d’industriels et de philanthropes, la question du logement de la masse rapidement croissante des ouvriers conduit à des projets et parfois à des réalisations expérimentales. L’idéal du Phalanstère de Charles Fourier et Victor Considérant inspire aussi bien des projets comme l’Armenstadt de Wilhelm Stier à Berlin que des entreprises comme le Familistère, réalisé par l’industriel Jean-Baptiste godin à guise. iii. nationaliSME Et noUvEllES UrBanitéS La guerre de 1870-1871 aura des conséquences considérables sur la scène urbaine et l’architecture. Scellée symboliquement dans la galerie des glaces du château de Versailles, l’unité allemande renforce le rôle de Berlin, tandis qu’une croissance spectaculaire saisit les villes du nouvel état. dans les territoires annexés du Reichsland elsaß-Lothringen, des plans ambitieux sont élaborés pour la création de quartiers nouveaux, comme ceux de Strasbourg et Metz. L’ombre portée du conflit se projette sur les édifices commémoratifs. Auguste Bartholdi réalise le monument français le plus spectaculaire, le Lion de Belfort. en Allemagne, la KaiserWilhelm-gedächtniskirche, bâtie par Franz Schwechten à Berlin, se voit accompagnée otto Warth par la création de centaines de monuments Limbach (Rhénanie prussienne), 1845 – Karlsruhe, 1918 dédiés à guillaume ier et à son chancelier Université de Strasbourg, Vue du campus, vers 1884 impression, héliographie Bismarck. 48,1 x 64 cm L’architecture du nouveau Reich reste saai / Südwestdeutsches Archiv für Architektur und souvent marquée par le goût français. Mais ingenieurbau, Karlsruher institut für Technologie (KiT) le modèle de la modernisation haussmannienne, longtemps hégémonique dans beaucoup des villes de l’empire, est alors progressivement abandonné au profit 13 dOSSieR de PRéPARATiOn à LA ViSiTe InterFérences/InterFerenzen de figures plus libres dans la périphérie des agglomérations, au centre desquelles s’accumulent les Mietskasernen (« casernes à loyer »). Omniprésente dans la réflexion des architectes, l’histoire inspire des démarches plus globales aux conservateurs des monuments anciens. Viollet-leduc achève la restauration du château de Pierrefonds, qu’il entend ériger en leçon de rationalisme. Au Haut-Koenigsbourg, Bodo ebhardt restaure le château avec une fantaisie encore plus affirmée pour en faire un bastion symbolique de la présence impériale en Alsace. iv. CUltUrES Et EStHétiQUES DE la réForME Sous la pression conjuguée des mouvements sociaux et des aspirations d’une nouvelle génération d’intellectuels, d’artistes et d’architectes, les scènes urbaine et architecturale se transforment au tournant du XXe siècle, pendant que des échanges intenses s’engagent entre mouvements, formes et discours. Tandis que les écrits de Friedrich nietzsche sont lus en France, les idées du philosophe Henri Bergson connaissent un grand succès dans l’Allemagne d’avant 1914. en réaction à la congestion urbaine et en réponse à la question sociale, de nouvelles stratégies sont élaborées pour l’aménagement des villes. Les expositions permettent les expériences en matière de rhétorique monumentale. Ainsi la Jahrhunderthalle de Max Berg à Breslau répond-elle en 1913 à la galerie des Machines de 1889 et aux premiers rené Binet bâtiments en béton de François Chaumont-sur-Yonne (Yonne), 1866 – Ouchy (Suisse), 1911 Hennebique et Auguste Perret à Paris. Porte monumentale de l’exposition universelle à Paris (1900). Vue en perspective, s.d. Au même moment, le dispositif de la citéAquarelle sur papier jardin, élaboré en grande-Bretagne, 62 x 95 cm donne lieu à de premières réalisations Musées de Sens. Cl. Musées de Sens – e. Berry d’ampleur à Hellerau, non loin de dresde, au Stockfeld, dans la périphérie de Strasbourg, puis à Staaken, dans la banlieue de Berlin. des galeristes comme Siegfried Bing et des critiques comme Julius Meyergraefe transforment la culture artistique française au travers de leurs entreprises parisiennes. La participation des arts décoratifs allemands à l’exposition de 1900 à Paris, puis au Salon d’Automne de 1910, fait apparaître non seulement des formes hardies, en rupture avec l’historicisme, mais aussi des tentatives inédites pour associer art et industrie, comme le préconise le deutscher Werkbund, fondé en 1907. 14 dOSSieR de PRéPARATiOn à LA ViSiTe InterFérences/InterFerenzen v. MoDErnitéS En Miroir La Première guerre mondiale conduit à la construction d’ouvrages militaires dans lesquels le béton armé trouve de nouveaux débouchés, et à un développement rapide de la standardisation des bâtiments. La destruction de nombre de monuments historiques aiguise les polémiques nationalistes du côté français et transforme des villes comme Reims en laboratoires d’urbanisme. Les deux nations s’observent attentivement, alors que la modernité architecturale y prend des formes différentes. L’hégémonie de l’école des Beaux-Arts reste inébranlable à Paris, alors que le Bauhaus propose un nouveau modèle de formation. Absent de l’exposition des Arts décoratifs de 1925, le deutscher Werkbund obtient un grand succès à Stuttgart en 1927 avec la cité du Weissenhof, puis avec sa participation au Salon des Artistes décorateurs de 1930. en 1937, le pavillon allemand qu’Albert Speer édifie à l’exposition internationale de Paris, se mesure autant avec la tour eiffel qu’avec son vis-à-vis soviétique. Les engagements pris au lendemain de la guerre pour robert Mallet-Stevens loger la population conduisent à la diffusion des Paris, 1886 – 1945 ensembles d’habitation modernes dans l’Allemagne Pavillon des renseignements et du tourisme à des années 1920, tandis que la reconstruction l’Exposition internationale des arts décoratifs française fait une large place à la cité-jardin. il faudra et industriels modernes de Paris (1925). Perspective, 1925 plusieurs années pour que les Siedlungen de Francfort impression rehaussée de crayon, fusain et ou de Berlin inspirent les ensembles d’habitation de la gouache sur papier région parisienne. dans un contexte plus chauvin 128 x 100 cm qu’avant 1914, les publications professionnelles Union centrale des Arts décoratifs, Paris s’affirment comme le lieu privilégié de l’échange des Photo : Les Arts décoratifs, Paris. Tous droits réservés idées et des formes, grâce à la contribution de critiques engagés faisant parfois figure d’agents doubles. vi. oCCUpationS Et rEContrUCtionS Sous l’occupation nazie, la défaite française conduit à une nouvelle annexion de l’Alsace et de la Lorraine. Un concours est organisé pour la création d’un « grand Strasbourg » devenu capitale d’une région s’étendant sur les deux rives du Rhin. des modernes rhénans comme emil Steffann et Rudolf Schwarz élaborent des édifices et les plans régionaux pour une Moselle vidée de ses habitants francophones, et vouée à devenir une région agricole et industrielle moderne. Aussi brève historiquement que l’aura été l’occupation nazie, la période 15 dOSSieR de PRéPARATiOn à LA ViSiTe InterFérences/InterFerenzen séparant la capitulation du iiie Reich de la création des deux états allemands en 1949 est particulièrement riche en contacts et en projets. Les Français élaborent des projets démonstratifs pour la Rhénanie et la Sarre occupées. Le plan de Marcel Lods pour Mayence et celui de georges-Henri Pingusson pour Sarrebruck déploient les figures géométriques proposées pour Le Corbusier à Saint-dié. Contestés par certains militaires français, ces projets sont rejetés par les sociétés locales, pendant que les occupants mènent de vigoureuses campagnes pour diffuser les principes de l’urbanisme fonctionnaliste et s’attachent à organiser visites et voyages d’étude des architectes allemands sur les chantiers de la reconstruction française. Bien que la plupart des plans conçus pendant la décennie restent sur le papier, ils n’en produiront pas moins leurs effets pendant de longues années. vii. MoDErniSation, DialoGUES Et SpECtaClES Au cours des douze années séparant la création des deux Allemagnes en 1949 et l’érection du mur de Berlin en 1961, la République fédérale et la République démocratique engagent une relation parallèle avec la France dès lors que la question de l’industrialisation de la construction est posée. Comme leurs homologues les ZUP, ou zones à urbaniser en priorité, mises en place à partir de 1953 en France, les grossiedlungen des deux Allemagnes feront appel au système de construction préfabriqué Camus. en 1957, Berlin-Ouest organise l’interbau, ou exposition internationale de la construction. elle est surtout pensée comme une vitrine de l’urbanisme organique et discontinu du Monde « libre » face aux alignements de la Stalinallee. L’année suivante, la participation française au concours Haupstadt Berlin, organisé pour imaginer le centre de la capitale d’une hypothétique Allemagne réunifiée, est plus importante que celle de toute autre nation. Les trajectoires croisées ne manquent pas, des projets de Johannes Krahn pour les instituts français en Allemagne et pour le pavillon de la RFA à la Cité universitaire de Paris, à la bibliothèque universitaire de Bonn, réalisée par Vago et Fritz Bornemann, Fernand léger au centre d’études nucléaires de grenoble Les Constructeurs, 1950 d’erich Schelling. Mais l’épisode le plus Huile sur toile 126x143 singulier reste sans conteste la coopération Henie Onstad Kunstsenter, Høvikodden, norvège entre l’architecte Werner Ruhnau et le Photo: Øystein Thorvaldsen © AdAgP Paris 2013 16 dOSSieR de PRéPARATiOn à LA ViSiTe InterFérences/InterFerenzen peintre Yves Klein pour le théâtre de gelsenkirchen, dont le grand volume vitré est mis en valeur par les vastes surfaces bleues emblématiques du travail de l’artiste viii. CriSE DU MoDErnE Et rEtoUr à l’UrBanité dans la phase terminale de la guerre Froide, après le lancement de l’Ostpolitik par Willy Brandt et le début de la crise fatale du modèle de la RdA, des liaisons plus étroites s’établissent entre la France et les deux états allemands, qui suivent des voies parallèles, par exemple dans l’introduction des figures nostalgiques du postmodernisme. Le parallélisme constaté dans le domaine des grands ensembles se prolonge à l’heure de leur explosion quantitative. La recherche de solutions plus flexibles, mais encore fondées sur la production industrielle de masse, et la mise en cause générale du modèle dominant, se produisent presque simultanément en Allemagne et en France. Le succès du projet de Toulouse-Le Mirail de l’équipe de georges Candilis, Alexis Josic et Shadrach Woods est tel qu’ils sont invités à participer à plusieurs concours allemands, et obtiennent la commande de l’Université libre de Berlin. dans le même temps, l’Allemand Martin Schultz van Treeck conçoit à Paris, dans le cadre de la rénovation urbaine du 19e Eckhard Schulze-Fielitz arrondissement, l’opération des « Orgues de Stettin, 1929 Flandre ». Raumstadt, 1959 Avec l’apparition d’un souci renouvelé de Maquette en plastique, carton, métal, l’urbanité, le modèle d’une ville plus bois et divers 62 x 125 x 59 cm compacte et l’exigence de la diversité Collection FRAC Centre, Orléans. architecturale sont les fondements du Courtesy FRAC Centre. programme élaboré pour une nouvelle Photo : Philippe Magnon. exposition berlinoise, l’iBA, ou internationale Bau-Ausstellung, portant sur la construction d’édifices dans la ville, et dont les réalisations s’étirent entre 1979 et 1987. 17 dOSSieR de PRéPARATiOn à LA ViSiTe InterFérences/InterFerenzen iX. aU SEin D’UnE noUvEllE EUropE Les deux décennies écoulées depuis la réunification de l’Allemagne ont coïncidé avec un développement intense de la mobilité des architectes, des enseignants, des étudiants et des critiques dans toute l’europe. La modernisation du Berlin réunifié s’est effectuée grâce à l’intervention de plusieurs architectes parisiens, comme Jean nouvel ou dominique Perrault. Sur la base du succès du modèle berlinois, de nouvelles internationale Bauausstellungen ont été organisées, dont les effets sur les politiques urbaines françaises ont été significatifs. C’est le cas notamment pour celle de l’emscher Park, dans la Ruhr, qui a proposé le modèle du recyclage d’un territoire industriel considérable. Jean nouvel Fumel (Lot-et-garonne), 1945 Une porosité sans précédent se Galeries Lafayette, manifeste ainsi entre les milieux Berlin (1992-96) professionnels de l’architecture, Maquette en matière plastique et métal (?) de l’urbanisme et du paysage. Collection particulière, Berlin © AdAgP Paris 2013 L’œuvre du Berlinois Finn geipel, associé un temps avec le Français nicolas Michelin, en porte témoignage. Celle de l’agence TeR du paysagiste Henri Bava, engagée dans de nombreuses villes allemandes, en constitue une sorte de pendant. de nouveaux espaces interrégionaux d’échanges se manifestent depuis deux décennies. Les échanges dans les territoires frontaliers trouvent leur modèle dans les programmes pour l’extension de Strasbourg ou dans la consolidation de ses rapports avec Kehl à travers le Rhin. Le Jardin des deux Rives réalisé pour le Landesgartenschau de 2004, dont l’élément de liaison est une passerelle de Marc Mimram, les symbolise. 18 Église Notre-Dame du Raincy par Auguste Perret 1922 Arc de triomphe à Stuttgart pour Napoléon Ier par Nikolaus Friedrich Thouret 1806 Création de la Confédération du Rhin 1806 Les Siedlungen du Nouveau Francfort par Ernst May Église d’acier à Cologne par Otto Bartning Les troupes françaises évacuent la Rhénanie 1930 Début de la reconstruction de Paris intra-muros par le préfet Haussmann 1853 1928 Concours pour la cité ouvrière de Mulhouse remporté par Émile Muller 1851 1925 - 1930 Neues Museum à Berlin par Karl Friedrich Schinkel 1824 Début de la construction de la cité-jardin Ungemach à Strasbourg 1923 Evangelische Stadtkirche à Karlsruhe par Friedrich Weinbrenner 1807 - 1816 Congrès de Vienne pour la réorganisation de l’Europe après la chute de Napoléon 1er 1814 - 1815 Crise du Rhin entre la France et la Confédération Germanique provoquée par les prétentions françaises sur la rive gauche du Rhin 1840 Cité de la Muette à Drancy par Marcel Lods 1933 Hitler est nommé chancelier du Reich Charles Garnier emporte le concours de l’Opéra de Paris 1865 1871 Concours pour le Grand Strasbourg 1941 Exposition universelle à Paris 1889 Début de la construction de la Kaiser-WilhelmGedächtniskirche ou église du Souvenir à Berlin par Franz Schwechten 1891 1945 Projet non retenu de reconstruction de Saint-Dié par Le Corbusier L’armée allemande fait exploser le quartier du VieuxPort de Marseille Conférence de Potsdam qui définit les zones d’occupation de l’Allemagne 1945 1943 Capitulation de l’Allemagne 1945 Blocus de Berlin par Staline pendant la Guerre froide 1948 - 1949 Konrad Adenauer est élu premier Chancelier de la République fédérale d’Allemagne (RFA) 1949 Stalinallee (aujourd’hui Karl-Marx-Allee) à Berlin-Est 1951 - 1953 Cité Rotterdam à Strasbourg 1951 - 1953 Signature du traité instituant la Communauté européenne du charbon et de l’acier (CECA) avec entre autres la France et la RFA Chapelle Notre-Dame du-Haut de Ronchamp par Le Corbusier 1955 Interbau ou Exposition internationale de la construction à Berlin-Ouest Neue Nationalgalerie à Berlin par Mies van der Rohe 1965 Signature à Paris du Traité de l’Elysée par De Gaulle et Adenauer Église SainteBernadette-du-Banlay à Nevers par Claude Parent et Paul Virilio 1966 Les tours des « Orgues de Flandres » à Paris par Martin Schultz van Treeck 1974 - 1980 François Mitterrand et Helmut Kohl commémorent ensemble à Verdun le souvenir des soldats tombés pendant les deux guerres mondiales 1984 1918 Chute du Mur de Berlin érigé en 1961 Visite de François Mitterrand à Berlin et dans les nouveaux Länder de l’Allemagne réunifiée 1991 Walter Gropius fonde le Bauhaus 1919 Unification de l’Allemagne 1990 L’armistice est signé à Rethondes 1989 Abdication de Guillaume II et proclamation de la République 1918 Signature du Traité de Versailles dans la galerie des Glaces du château de Versailles 1919 Occupation de la Ruhr par la France et la Belgique pour accélérer le versement des réparations 1923 Parlement européen à Strasbourg par Architectural Studio 1998 Des soldats allemands de l’Eurocorps défilent pour la première fois sur les Champs-Élysées 1994 Première réunion à Paris du Conseil de la Société des Nations 1920 Exposition internationale d’urbanisme et d’architecture (IBA) EmscherPark pour la revitalisation de la Ruhr 1999 Mise en circulation de l’euro 2002 Les dernières troupes françaises et belges se retirent de la Ruhr et des territoires occupés en 1921 1925 Service éducatif des Musées, 2013 Passerelle entre les deux rives du Rhin entre Kehl et Strasbourg par Marc Mimram 2004 Cinquantenaire du Traité de l’Élysée 2013 Élection à la présidence du Reich de Paul von Hindenburg monarchiste et vainqueur de Tannenberg Bataille de la Somme qui opposa les Français et les Britanniques aux Allemands 1916 1925 Bataille de Verdun, victoire de l’armée française contre l’armée allemande Premiers obus allemands sur Reims et sa cathédrale 1916 1914 Pavillon de verre de Bruno Taut pour l’exposition de Cologne 1914 Attentat de Sarajevo, début de la Première Guerre mondiale 1914 1963 Début de la construction de la Jahrhunderthalle à Breslau par Max Berg 1911 Visite du Président De Gaulle en RFA 1962 Début de la construction de la cité-jardin du Stockfeld par Édouard Schimpf et de la Grande Percée 1910 1957 Concours pour le plan d’extension de Berlin 1910 Traité franco-allemand sur la Sarre qui devient un Land de la RFA 1956 Usine de montage pour AEG à Berlin par Peter Behrens 1909 Mise en place des ZUP (Zones à Urbaniser en Priorité) 1953 Création de la Deutscher Werkbund pour la promotion de l’innovation dans les arts appliqués et l’architecture Exposition universelle à Paris (porte monumentale de René Binet) 1951 1907 Crise de Tanger : rivalités pour le contrôle du Maroc entre la France et l’Allemagne 1905 1900 Déclaration de Robert Schuman qui propose de placer l’ensemble de la production franco-allemande de charbon et d’acier sous une haute autorité commune Plan Conrath pour la Neustadt à Strasbourg 1880 1950 Début de la construction de la basilique du Sacré-Cœur à Paris par Paul Abadie 1875 Libération de Paris par les Alliés Début de la construction du Lion de Belfort par Auguste Bartholdi 1875 Conférence de Berlin pour régler le partage colonial de l’Afrique 1884 LIGNE D’HISTOIRE ET LIGNE D’ARCHITECTURE 1944 Traité de Francfort : perte de l’Alsace et d’une partie de la Lorraine Entrevue entre Pétain et Hitler à Montoire : début de la collaboration 1940 Proclamation de l’Empire allemand, Guillaume Ier de Prusse devient empereur allemand sous le nom de Guillaume II 1871 L’armistice est signé à Rethondes où fut signé celui du 11 novembre 1918 1940 Exposition internationale de Paris avec notamment le pavillon de l’Allemagne nazie par Albert Speer 1937 Entrée en 1936 guerre de la L’armée allemande France se réinstalle sur la rive gauche du Rhin 1939 Défaite française de Sedan et Napoléon III prisonnier La France déclare la guerre à la Prusse suite à la dépêche d’Ems 1933 Début de la construction du familistère de Guise par l’industriel Jean-Baptiste Godin 1858 1870 1870 Bundesarchiv, B 145 Bild-F015892-0010 / Wegmann, Ludwig / CC-BY-SA Chronologie des relations franco-allemandes de 1800 à nos jours 2 septembre 1870 défaite française de Sedan et napoléon iii prisonnier première conférence internationale de la paix à La Haye 1801 Paix de Lunéville entre la République française et l’Autriche 18 janvier 1871 Proclamation de l’empire allemand, guillaume ier de Prusse devient empereur allemand. 1904 entente cordiale entre la France et l’Angleterre 1806 Bataille d’iéna : l’armée prussienne est battue 1806 Création de la Confédération du Rhin 1807 Rencontre sur la Memel entre napoléon ier, Alexandre ier et Frédéric guillaume iii 1807 Traités de paix de Tilsit qui placent la Prusse sous la dépendance de la France 1814-1815 Congrès de Vienne 10 mai 1871 Traité de Francfort : perte de l’Alsace et d’une partie de la Lorraine 1877 Publication du Tour de France par deux enfants un manuel scolaire de lecture qui entretient le souvenir des “ provinces perdues ” 20 mai 1882 Triple Alliance ou Triplice : alliance défensive entre l’empire allemand, l’empire austro-hongrois et l’italie 31 mars 1905 Crise de Tanger entre l’Allemagne et la France et qui traduit les rivalités coloniales 1907 Formation de la Triple entente : France, Angleterre, Russie Juin 1907 Ouverture de la conférence internationale de la paix à La Haye 1er juillet 1911 Coup d’Agadir, deuxième crise marocaine qui oppose Allemands et Français 1913 Loi de 3 ans en France qui porte de 2 à 3 ans le service militaire 1819 Congrès de Karlsbad qui interdit la quasi-totalité des organisations politiques, des associations d’étudiants, et place sous une étroite surveillance journalistes, professeurs d’université et autres réformateurs potentiels. Migration vers la France. 15 novembre 1884-26 février 1885 Conférence de Berlin réunissant 13 pays européens à l’initiative de Bismarck et qui tente de fixer les règles de la colonisation en Afrique 28 juin 1914 Attentat de Sarajevo, début de la Première guerre mondiale 19 mars 1890 guillaume ii écarte Bismarck du pouvoir 1er août 1914 L’Allemagne déclare la guerre à la Russie 1830 Voyage d’Hugo sur le Rhin 1890 guillaume ii annonce la Weltpolitik qui vise à accroître la présence économique et politique de l’empire allemand dans le monde 26-29 août 1914 Victoire allemande de Tannenberg contre la Russie 1834 instauration de l’union douanière allemande, le Zollverein (sans l’Autriche) 1840 Crise du Rhin entre la France et la Confédération germanique provoquée par les prétentions françaises sur la rive gauche du Rhin 1866 Victoire de Sadowa sur l’Autriche 13 juillet 1870 dépêche d’ems adressée par guillaume ier à Bismarck et qui marque le refus de recevoir l’ambassadeur de France 19 juillet 1870 La France déclare la guerre à la Prusse suite à cette dépêche 9 avril 1891 Création de la Fondation de la Ligue pangermaniste pour soutenir l’expansion allemande 4 janvier 1894 Signature d’une convention militaire secrète entre la France et la Russie qui sort la France de son isolement diplomatique 28 mars 1898 Loi-programme pour la construction d’une flotte de guerre allemande au service des ambitions coloniales de l’Allemagne et sous la direction de l’amiral von Tirpitz 18 mai 1899 Ouverture de la 4 septembre 1914 Premiers obus allemands sur Reims et sa cathédrale 6-12 septembre 1914 Première bataille de la Marne 21 février-19 décembre 1916 bataille de Verdun, victoire de l’armée française contre l’armée allemande 1er juillet-18 novembre 1916 Bataille de la Somme qui opposa les Français et les Britanniques aux Allemands janvier 1917 L’Allemagne lance la guerre sous-marine à outrance 3 mars 1918 Paix de BrestLitovsk entre l’Allemagne et la Russie 9 novembre 1918 Abdication de guillaume ii et proclamation de la République 11 novembre 1918 L’armistice est signé à Rethondes 5-12 janvier 1919 Soulèvement spartakiste à Berlin réprimé par les corps francs 28 juin 1919 Signature du traité de Versailles dans la galerie des glaces du château de Versailles 6 janvier 1920 Première réunion à Paris du Conseil de la Sdn 8 mars 1921 Les troupes françaises, belges et britanniques occupent à titre de sanctions la zone de dusseldorf, Ruhrort et duisbourg 11 janvier 1923 Occupation de la Ruhr par la France et la Belgique pour accélérer le versement des réparations 13 janvier 1923 Le gouvernement allemand appelle à la résistance passive contre cette occupation 1923 Union paneuropéenne fondée par Richard CoudenhoveKalergi qui publie la même année un livre-manifeste intitulé Paneuropa 1924 Plan dawes, un plan préparé par un expert américain qui adapte les réparations aux capacités de paiement de l’Allemagne 25 août 1925 Les dernières troupes françaises et belges se retirent de la Ruhr et des territoires occupés en 1921 26 avril 1925 élection à la présidence du Reich de Paul von Hindenburg, monarchiste et vainqueur de Tannenberg 15-16 octobre 1925 Accords de Locarno signés à l’initiative de l’Allemand Stresemann entre la France, la Belgique et l’Allemagne et qui garantissent les frontières belges et françaises fixées en 1919. Les relations internationales s’améliorent. 10 septembre 1926 L’Allemagne entre dans la Sdn 27 août 1928 Pacte Brian-Kellog avec les états-Unis et qui met la guerre hors-la-loi. Apogée de la sécurité collective et de “l’esprit de genève”. 7 septembre 1929 Aristide Briand, président du Conseil en France, propose de créer « une sorte de lien fédéral » entre les états européens. 1929 Plan Young qui apporte aux problèmes des réparations une solution définitive 30 juin 1930 Les troupes françaises évacuent la Rhénanie 30 janvier 1933 Hitler est nommé chancelier du Reich 14 octobre 1933 L’Allemagne quitte la Sdn 13 janvier 1935 Plébiscite de la Sarre 16 mars 1935 Hitler dénonce le traité de Versailles 7 mars 1936 L’armée allemande se réinstalle sur le rive gauche du Rhin 3 septembre 1939 entrée en guerre de la France 10 mai 1940 début de la percée des Ardennes par l’armée allemande 22 juin 1940 L’armistice est signé à Rethondes là où a été signé celui du 11 novembre 1918 24 octobre 1940 entrevue entre Pétain et Hitler à Montoire Juin 1941 Manifeste de Ventotene rédigé par des militants anti-fascistes italiens qui fait de la construction européenne la priorité de l’après-guerre 16-17 juillet 1942 Rafle du Vel d’Hiv’ à Paris 27-28 août 1943 Mouvement fédéraliste européen créé à Milan 10 juin 1944 Massacre d’Oradour-sur-glane 7 juillet 1944 déclaration des résistances européennes adoptée à genève plaidant pour « la création d’une Union fédérale entre les peuples européens » 25 août 1944 Libération de Paris 8 mai 1945 Capitulation de l’Allemagne 17 juillet - 2 août 1945 Conférence de Potsdam qui définit les zones d’occupation de l’Allemagne 20 juin 1948 Création du deutschmark 1948-1949 Blocus de Berlin par Staline 1949 Konrad Adenauer est élu premier Chancelier fédéral de la République fédérale d’Allemagne (RFA) 9 mai 1950 déclaration de Robert Schuman, ministre français des Affaires étrangères, qui propose de placer l’ensemble de la production franco-allemande de charbon et d’acier sous une Haute autorité commune européenne d’Allemagne 18 avril 1951 Signature du traité instituant la Communauté européenne du charbon et de l’acier (CeCA) avec entre autres la France et la RFA 13 mars 1979 création du Système Monétaire européen à l’initiative de Valéry giscard d’estaing, président de la République française, et du chancelier Helmut Schmidt 14 juillet 1994 des soldats allemands de l’eurocorps défilent pour la première fois sur les Champs-elysées 5 mai 1955 Les « accords de Paris » conclus entre l’Allemagne de l’Ouest, la France, le Royaume-Uni et les états-Unis restaurent la souveraineté de la RFA y compris le droit de disposer d’une armée 22 septembre 1984 François Mitterrand et Helmut Kohl commémorent ensemble à Verdun le souvenir des soldats tombés pendant les deux guerres mondiales 27 octobre 1956 Traité francoallemand sur la Sarre qui devient un Land de la RFA 10 octobre 1985 François Mitterrand et Helmut Kohl visitent ensemble Berlin-Ouest 5-8 juillet 1962 Visite officielle du Chancelier Adenauer en France 22 janvier 1988 signature à Paris des protocoles sur la création du Conseil francoallemand de défenses et de sécurité et du Conseil francoallemand économique et financier, d’un haut conseil culturel franco-allemand 4-9 septembre 1962 Visite du Président de gaulle en RFA 22 janvier 1963 Signature à Paris du Traité de l’elysée sur la coopération franco-allemande et d’une déclaration commune en matière de défense, de politique étrangère et d’économie 4-5 juillet 1963 Signature de l’accord portant sur la création de l’Office franco-allemand pour la Jeunesse (O.F.A.J.) 12-13 juillet 1967 Consultations franco-allemandes de Bonn, mise en place auprès de chaque gouvernement d’un coordinateur des relations franco-allemandes 1969 Création des premières sections bilingues francoallemandes dans les établissements scolaires du Bade-Wurtemberg, de Bavière et de Rhénanie du nord-Westphalie 2 octobre 1989 Création de la Brigade franco-allemande, une unité militaire interarmée binationale 9 novembre 1989 Chute du Mur de Berlin 1990 Le président Mitterrand annonce le retrait des troupes françaises stationnées en Allemagne à l’exception de Berlin 2 octobre 1990 Signature à Berlin du traité sur la création de la chaîne culturelle européenne de télévision, ARTe 3 octobre 1990 Unification de l’Allemagne 10 février 1972 Création du baccalauréat franco-allemand 18-20 septembre 1991 Visite de François Mitterrand à Berlin et dans les nouveaux Länder de RFA 21-22 juin 1973 déclaration commune franco-allemande relative à la politique sociale 15 mars 1993 installation de l’eurocorps à Strasbourg avec 40 000 soldats de France et 8 septembre 1994 les troupes des trois alliés occidentaux quittent Berlin 9 décembre 1996 adoption d’un concept franco-allemand en matière de sécurité et de défense 11 novembre1998 gerhard Schröder, élu Chancelier fédéral, ne participe pas à la commémoration de l’armistice de 1918 à laquelle il avait été convié par Jacques Chirac 5 mai 1999 création de l’Université franco-allemande, un réseau d’établissements d’enseignement supérieur 26-27 juin 2000 visite d’état en Allemagne de Jacques Chirac qui s’exprime devant le Bundestag sur l’avenir de la construction européenne 22 janvier 2003 40e anniversaire du traité de l’elysée et 80e sommet francoallemand, sommet désormais remplacé par des conseils des ministres communs ; le 22 janvier devient dans les deux pays la journée de l’amitié franco-allemande 6 juin 2004 cérémonies francoallemandes à la mémoire du 60e anniversaire du débarquement des forces alliées en normandie 10 mars 2005 lancement d’un projet relatif à l’élaboration d’un livre d’histoire franco-allemand 2010-2012 Le couple francoallemand lutte contre la crise de l’euro 22 janvier 2013 cinquantenaire du traité de l’elysée 74 1789 Nantes Bordeaux Paris Amiens Lille Reims Bruxelles Marseille Lyon Strasbourg Cologne Mayence Francfort Hambourg Munich Leipzig Dresde Berlin Prague Vienne Königsberg France Petites principautés et états membres du Saint-Empire Saint-Empire romain germanique 75 76 1812 Nantes Bordeaux Paris Amiens Lille Reims Marseille Lyon Bruxelles Strasbourg Cologne Karlsruhe Mayence Francfort Kassel Hambourg Munich Leipzig Dresde Berlin Prague Vienne Königsberg France Autriche Prusse Confédération du Rhin Nouveaux départements français 77 78 1820 Nantes Bordeaux Paris Amiens Lille Reims Marseille Lyon Mulhouse Strasbourg Cologne Karlsruhe Francfort Mayence Hambourg Munich Leipzig Dresde Berlin Prague Vienne Königsberg France Petits états membres de la Confédération germanique Confédération germanique 79 158 1871–1918 Nantes Bordeaux Paris Lille Reims Marseille Lyon Belfort Mulhouse Strasbourg Nancy Metz Cologne Verdun Bruxelles Karlsruhe Francfort Hambourg Munich Leipzig Dresde Berlin Vienne Breslau Posen Datzig Königsberg France Limite de l’avancée allemande à la fin 1914 Empire d’Allemagne 159 232 1918–1935 Nantes Bordeaux Paris Lille Reims Marseille Lyon Strasbourg Trèves Coblence Cologne Mulhouse Metz Verdun Bruxelles Stuttgart Mayence Wiesbaden Francfort Hambourg Munich Weimar Leipzig Dessau Dresde Berlin Breslau Königsberg e République) Rhénanie occupée République de Weimar 233 302 1940–1944 Brest Nantes Bordeaux Orléans Gien Paris Vichy Lille Lyon Marseille Nancy Boust Thionville Saint-Dié Strasbourg Sarrebourg Sarrelouis Cologne Mayence Hambourg Berlin Prague Vienne Varsovie Königsberg France Reich Territoires occupés par l’Allemagne e (zone libre jusqu’en 1942) 303 304 1945–1949 Nantes Bordeaux Le Havre Orléans Paris Lille Bonn Saint-Dié Strasbourg Sarrebourg Sarrelouis Marseille Lyon Maubeuge Cologne Francfort Baden-Baden Mayence Hambourg Berlin Sarre (sous mandat français jusqu’en 1955) Zone d’occupation soviétique Zone d’occupation britannique Zone d’occupation américaine Zone d’occupation française France 305 344 1949–1989 Nantes Bordeaux Toulouse Le Havre Paris Lille Lyon Marseille Ronchamp Strasbourg Boust Bonn Hambourg Munich Halle Leipzig Berlin République démocratique d’Allemagne République fédérale d’Allemagne e République à partir de 1958) 345 412 1990 Nantes Bordeaux Saint-Etienne Paris Lille Marseille Lyon Freiburg Strasbourg Cologne Herne Kehl Francfort Hambourg Berlin Allemagne France 413 dOSSieR de PRéPARATiOn à LA ViSiTe Parcours PéDestre Dans la neustaDt L’axe impérial Parcours construit par la Mission Patrimoine, direction de la Culture, Ville et Communauté urbaine de Strasbourg Objectifs Appréhender la structure urbanistique générale de cet ensemble à partir de quelques édifices, places et axes structurants. Repérer les principales caractéristiques architecturales des édifices publics construits à Strasbourg durant cette période. 1) Dans le jarDIn De la réPublIque (se placer devant le monument aux morts) Le plan d’extension Le 19 juillet 1870, le Second empire français (napoléon iii) et le royaume de Prusse (guillaume ier) entrent en guerre. La ville de Strasbourg, à la frontière des deux pays, est violemment bombardée. La France capitule et signe le 10 mai 1871 le Traité de Francfort, qui stipule le rattachement de l’Alsace et d’une partie de la Lorraine à l’empire allemand, proclamé dans la galerie des glaces du château de Versailles le 18 janvier de la même année. Après la guerre de 1870 et le rattachement de l’Alsace-Lorraine à l’empire allemand, Strasbourg devient la nouvelle capitale du Reichsland AlsaceLorraine. Afin d’en faire une ville moderne et prestigieuse, mais aussi pour réparer les torts causés par les destructions dues aux bombardements et pour accueillir un afflux de population allemande (fonctionnaires, professeurs d’Université, militaires, etc.) nécessaire à la germanisation de la ville, un projet d’extension de la ville est mis en œuvre. Un concours est lancé et deux projets sont présentés en 1878, celui de l’architecte berlinois August Orth et celui de l’architecte municipal Jean-geoffroy Conrath, qui est finalement choisi. entre autres dispositions, ce projet situe la place impériale dans l’axe de l’Université, déjà en projet. Cela permet de mettre en valeur plusieurs axes structurants : l’axe porte de Pierre – porte de Kehl (= avenues des Vosges, d’Alsace et de la Forêt-noire), qui relie la ville – et tout le Reichsland – à l’Allemagne, est doublé parallèlement d’un axe de représentation, aujourd’hui appelé axe impérial, qui met en regard le Palais du Rhin et le Palais universitaire. Perpendiculairement 32 dOSSieR de PRéPARATiOn à LA ViSiTe France/allemagne XiXe-XXe siècle à ces deux axes, l’avenue de la Paix, prolongée par une perspective vers la cathédrale, relie la nouvelle ville à l’ancienne. en 1880, le Bebauungsplan fixe les modalités du plan d’extension pour les années à venir et les premières constructions sont érigées peu après. La Neustadt, opération urbanistique d’envergure qui a permis de tripler la surface de la ville, encercle ainsi le centre historique de la gare à l’hôpital civil, en passant par les places de Haguenau et de la République, les parcs du Contades et de l’Orangerie, l’Université et le quartier « suisse ». La place de la République Le Kaiserplatz – place impériale – aujourd’hui place de la République est une place monumentale autour de laquelle sont implantés la plupart des édifices officiels. elle est située à proximité de la place Broglie, qui était déjà au XiXe s. le centre de la vie publique strasbourgeoise, avec l’hôtel de ville, le théâtre municipal et la préfecture à proximité. Au centre de la place, un jardin circulaire qui a conservé son aménagement d’origine répond au jardin de l’Université, auquel il est relié par les Vorgärten (jardinets de devant) constituant ainsi une continuité verte entre ces deux ensembles majeurs de la Neustadt, place impériale et Université. Certains arbres sont d’époque, comme les ginkgos biloba. Au départ, une statue équestre de guillaume ier se dressait dans l’axe de la Kaiser Wilhelm Strasse (avenue de la Liberté), un peu décalée par rapport au place de la république monument aux morts actuel pour ne pas Ville et CUS – F. Zvardon gêner la perspective vers la cathédrale que l’on avait en venant de la Koenigstrasse. La statue équestre de guillaume ier est inaugurée en 1911 et mise à bas en 1918. Le monument aux morts actuel, de Léon drivier, est implanté en 1936. Placé légèrement en contrebas de la place, le jardin permet en outre de magnifier les bâtiments situés autour de la place. Le Palais du Rhin (se placer en haut des marches du jardin) Le Palais du Rhin (son nom actuel lui vient de la Commission centrale pour la navigation du Rhin, qui s’y est installée en 1920) était l’ancien palais de l’empereur. Premier édifice à avoir été construit sur la Kaiserplatz, il est l’œuvre d’Hermann eggert, l’architecte berlinois qui avait déjà conçu le plan général de l’ensemble universitaire de Strasbourg et la plupart des instituts. Ce palais inauguré en 1889 devait mettre en exergue la grandeur et la légitimité de 33 dOSSieR de PRéPARATiOn à LA ViSiTe France/allemagne XiXe-XXe siècle l’empire allemand grâce à son architecture et à son décor. Ainsi, l’appareil à bossage et l’étage noble situé au premier étage sont inspirés de la Renaissance italienne, le décor intérieur est un rappel du baroque allemand, et les ornements du toit rappellent l’Antiquité, inscrivant ainsi le iie Reich dans la lignée des grands empires historiques (empire romain et Saintempire romain germanique). Le décor de la façade s’inscrit dans cette même démarche : palais du rhin symboles guerriers (clés de Ville et CUS – S. eberhardt fenêtres du premier étage), armoiries impériales (clés de fenêtres des pavillons d’angle), blasons des villes allemandes (cartouches au niveau du 2e étage), Alsace-Lorraine (armoiries de l’avant-corps central) s’épanouissant (allégories des richesses économiques sur les colonnes de la loggia) sous l’égide du pouvoir impérial (blasons de l’empire – martelé, couronne impériale, blasons, profils et devises des empereurs). Situé en face du Palais universitaire, il permet de faire dialoguer le pouvoir impérial et le pouvoir du savoir. Le TNS (se placer en haut des marches du jardin) L’actuel TnS a été conçu pour abriter la délégation du Reichsland, une assemblée parlementaire. il est édifié entre 1888 et 1892 selon les plans de l’architecte Skjold neckelmann (qui a également réalisé à Strasbourg le Palais de Justice et l’église Saint-Pierre-le-Jeune catholique) dans un style inspiré de la Renaissance française. La façade est ornée des blasons de 30 villes d’Alsace et de Lorraine ainsi que des blasons des deux régions. Comme sur tous les autres édifices, le blason allemand a en revanche été martelé. Les groupes statuaires au niveau du toit représentent Alsatia (raisins, quenouille et corne d’abondance) et Lotharingia (un marteau et une enclume, une faucille et des épis). 34 dOSSieR de PRéPARATiOn à LA ViSiTe France/allemagne XiXe-XXe siècle La BNU Lors des bombardements de 1870, les bibliothèques strasbourgeoises, situées dans l’ancienne église des dominicains (actuel Temple neuf) furent entièrement détruites, provoquant un profond émoi parmi les communautés intellectuelles européennes. Afin de reconstituer ce fonds exceptionnel, des négociations, collectes et appels aux dons sont lancés et, dès 1872, la Ville dispose d’un fonds riche de 200 000 volumes qu’elle ne sait où entreposer. La construction d’une nouvelle bibliothèque est donc Bibliothèque nationale Universitaire rendue nécessaire et celle-ci est Ville et CUS – d. Cassaz construite sur le Kaiserplatz entre 1889 et 1895 selon les plans de neckelmann à nouveau. Le décor est du même sculpteur (J. B. Riegger) et figure des allégories des arts, des sciences, de la littérature, de la philosophie ; des personnalités érudites de la région et de toute l’europe. Cette bibliothèque est longtemps restée la première bibliothèque française après Paris, et elle fait aujourd’hui l’objet de travaux devant permettre une modernisation de l’édifice, une meilleure mise en sécurité et une plus grande fonctionnalité pour les usagers (meilleur éclairage, plus de livres en libre-accès, etc.). La fin des travaux est prévue pour 2014. La Préfecture et la Direction régionale des finances publiques Ces deux bâtiments devaient abriter les différents ministères du Reichsland, agriculture, travaux publics, finances et industrie pour le bâtiment ouest (actuelle direction régionale finances publiques) ; intérieur et justice pour le bâtiment est (préfecture actuelle). ils sont construits dans la première décennie du XXe siècle à l’emplacement d’un ancien bastion de l’enceinte de Vauban. Le style néo baroque des édifices s’inspire du XViiie siècle strasbourgeois, une manière sans doute de rester en adéquation avec les bâtiments de la vieille ville qui leur font face (ex. Hôtel de Klinglin). Une passerelle, sorte d’arc de triomphe, devait relier les deux édifices, mais le projet a été abandonné car cela aurait caché la perspective vers la cathédrale. dans le même temps, un projet de clôture de la place par une extension dans la largeur du théâtre municipal (= opéra) fut également abandonné, confirmant ainsi la volonté de ne pas séparer la vieille ville et son extension, mais au contraire de chercher à les relier. 35 dOSSieR de PRéPARATiOn à LA ViSiTe France/allemagne XiXe-XXe siècle 36 2) DePuIs l’avenue schoelcher quI se Prolonge avec l’avenue De la lIberté L’Axe impérial Aujourd’hui appelée « axe impéria », cette avenue a été conçue dans un but de représentation du pouvoir (elle était notamment le lieu des défilés militaires). en reliant deux ensembles structurants de la Neustadt – l’Université, dont le plan d’ensemble est fixé avant même que ne soit établi le Bebauungsplan, et le Kaiserplatz, centre de la vie politique et institutionnelle – cet axe, qui s’étend du Palais impérial à l’Observatoire, constitue une sorte de colonne vertébrale de l’ensemble. La végétation (jardins, jardinets, arbres) contribue à assurer la continuité de cet axe d’une extrémité à l’autre. L’Hôtel des Postes Bâti à proximité du Kaiserplatz et des édifices officiels, l’Hôtel des Postes est érigé entre 1896 et 1899 entre la Königstrasse (avenue de la Marseillaise) et la Kaiser-Wilhelmstrasse (avenue de la Liberté). délocaliser la poste centrale de Strasbourg, auparavant située place de la cathédrale, permettait au gouvernement impérial d’affirmer une fois encore la Neustadt, avenue de la liberté et plus particulièrement le secteur dit « axe Ville et CUS – Christophe Hamm impérial », comme nouveau centre politique et administratif de la ville. Cet édifice est de style néo gothique, comme le bâtiment de la poste de Thann, construit à la même période, et celui de Cologne, aujourd’hui disparu. guillaume ii en personne a ainsi noté en 1895 que « [ce projet] représentera une interruption fort convenable du style Renaissance des autres bâtiments. » Comme pour les autres édifices officiels, le décor devait glorifier l’empire allemand. Ainsi, sur la façade principale (avenue de la Marseillaise), entre les fenêtres du premier étage de l’avant-corps central, se trouvaient des statues représentant trois empereurs du Saint-empire romain germanique (Frédéric Barberousse, Rodolphe de Habsbourg et Maximilien ier) et trois empereurs du iie Reich (guillaume ier, Frédéric iii et guillaume ii). Cette association d’empereurs du Saint-empire romain germanique et du iie Reich devait légitimer le rattachement de l’Alsace-Lorraine à l’empire allemand au nom de l’histoire. Cependant, en 1918, les Alsaciens ne décapitèrent que les statues des dOSSieR de PRéPARATiOn à LA ViSiTe France/allemagne XiXe-XXe siècle empereurs d’Allemagne, montrant ainsi qu’ils refusaient cette domination, mais qu’ils ne reniaient pas leur héritage au sein du Saint-empire romain germanique (mais Strasbourg était alors une ville libre). Ces statues ont disparu lors des destructions causées par les bombardements de la Seconde guerre mondiale, mais exceptées quelques pièces de décor, le bâtiment a été restauré quasiment à l’identique. La Direction régionale des Douanes depuis son édification en 1893, cet édifice abrite le siège de la direction des douanes. il a été conçu d’après les plans d’Otto Back, un architecte allemand qui réalisa de nombreux édifices à Strasbourg, dont l’hôtel des impôts (45 avenue des Vosges) et son hôtel particulier (place Brant). Aligné sur la KaiserWilhelmstrasse, cet édifice imposant en grès rose s’inspire des palais florentins de la Renaissance, notamment par l’emploi d’un appareil à bossage très saillant. à l’étage noble, les trois fenêtres centrales sont dotées d’un balcon et surmontées d’armoiries : Strasbourg, Metz, et un blason martelé, probablement celui du Reich. 3) sur le Pont D’auvergne Le Pont d’Auvergne Construit entre 1889 et 1892 selon les plans de Johann-Carl Ott, l’architecte de la Ville, ce large pont à trois travées formées d’arcs métalliques enjambe l’ill et l’Aar. Au XViiie siècle une passerelle munie d’un pont-levis permettait de traverser l’ill à mi-chemin entre l’actuel pont d’Auvergne et le pont Kennedy. à l’origine, le pont d’Auvergne était orné de réverbères en pierre et fonte sculptée, mais ils sont démolis après 1945 et remplacés par des lampadaires plus sobres. On remplace également à ce moment là les garde-corps en fonte par des rambardes modernes. Au milieu des arcs, on peut toutefois encore admirer des mascarons en fonte, visages allégoriques qui évoquent des divinités mythologiques. L’église Saint-Paul L’église Saint-Paul est située à la pointe de l’ile Sainte-Hélène, entre l’ill et l’Aar. elle a été bâtie entre 1892 et 1897 selon les plans de l’architecte Louis Muller, pour être l’église protestante de la garnison de Strasbourg (l’église de garnison catholique était Saint-Maurice, située place Arnold). elle pouvait accueillir plus de 2000 fidèles. Cette église de style néo gothique comprend deux flèches jumelles de 76 m. de haut et une grande rose de 8 m. de diamètre. elle a conservé une partie de ses vitraux d’origine, qui représentent notamment des allégories de l’empire et les armes des régions qui le composent. Certains d’entre eux ont cependant été soufflés pendant la Seconde guerre mondiale et remplacés par des compositions modernes. 37 dOSSieR de PRéPARATiOn à LA ViSiTe France/allemagne XiXe-XXe siècle La Gallia La gallia a été réalisée entre 1883 et 1885 par deux architectes berlinois pour le compte d’une compagnie d’assurances de Hambourg, les assurances Germania, qui lui ont donné son nom initial. en 1918, le nom du bâtiment est donc traduit en Gallia. Habillé de briques rouges et flanqué de tourelles, l’édifice évoque par son style la Renaissance en Allemagne du nord. depuis les années 1920, il abrite les associations des œuvres étudiantes de Strasbourg, l’actuel CROUS, et le restaurant universitaire qui porte le nom du bâtiment. On peut y admirer des hauts plafonds et boiseries remis au jour. 4) sur la Place De l’unIversIté Devant le PalaIs unIversItaIre Au lendemain de la guerre de 1870, l’empire allemand décide de la création d’une nouvelle Université. dans un premier temps, elle est installée dans les locaux affectés à l’Université française avant 1870, répartis sur différents sites de la ville, mais cette solution n’est guère adaptée. en 1875, un jeune architecte berlinois, Hermann eggert, est chargé de la conception d’un projet d’ensemble visant à réunir sur un site unique l’ensemble des instituts universitaires, excepté la faculté de médecine, qui souhaite rester à proximité de l’hôpital. Le site choisi pour le nouvel ensemble universitaire est situé dans la future Neustadt, dont le plan est encore à l’étude, au lieu-dit « près de la porte des Pêcheurs ». L’absence de contrainte physique et l’important budget affecté par l’empire à ce projet (près de 9 millions de marks) permettent l’élaboration d’un projet fastueux. Le plan arrêté en 1877 prévoit un ensemble organisé autour de jardins et dominé par le Bâtiment collégial (actuel Palais Universitaire). Les premiers bâtiments universitaires s’élèvent sur des terrains alors complètement vierges ; ce sont les premiers édifices de la Neustadt. Le Palais universitaire constitue le pôle majeur de la nouvelle université. érigé entre 1879 et 1884, il est conçu non pas par l’architecte de l’Université, Hermann eggert, mais par un architecte de Karlsruhe Otto Warth suite à un concours. il était palais universitaire destiné à abriter les services Ville et CUS – F. Zvardon administratifs ainsi que les facultés 38 dOSSieR de PRéPARATiOn à LA ViSiTe France/allemagne XiXe-XXe siècle qui ne nécessitaient pas d’installation particulières (laboratoires, etc.) : les mathématiques, le droit, la philosophie, les lettres, la théologie, l’archéologie, l’histoire et l’histoire de l’art. il accueille toujours aujourd’hui les facultés de sciences historiques et de théologies protestante et catholique. Le style et le décor sont inspirés par la Renaissance italienne et le décor extérieur fait référence au savoir mais aussi au prestige de l’Allemagne, à l’image des statues des savants sur les pavillons d’angle. à noter cependant que l’inscription Litteris et Patriae fut préférée à celle de Kaiser-WilhelmsUniversität. Le secteur dit de « l’axe impérial », de la place impériale, nouveau centre du pouvoir, à l’Université est le premier à avoir été construit après l’établissement du plan d’urbanisme de la Neustadt et il y joue un rôle important, étant tout à la fois une vitrine du prestige de l’empire allemand, et un secteur structurant du point de vue urbanistique pour l’ensemble de l’extension urbaine. Si on dispose de plus de temps : 5) sur le boulevarD De la vIctoIre Devant les baIns munIcIPaux à l’origine Nikolausring, il prend le nom de boulevard de la Victoire en 1918. Les Bains Municipaux sont un des fleurons de la politique sociale et hygiéniste de la Ville. Construit entre 1905 et 1908 d’après les plans de Fritz Beblo, l’édifice dispose de nombreux bassins chauds et froids, de saunas et de bains romains (initialement appelés bains irlando-russo-romains), tous richement décorés, qui étaient alors des modèles de modernité. depuis 2010, l’édifice est inscrit sur la liste supplémentaire des monuments historiques. Sa façade en rotonde monumentale et la noblesse des matériaux à l’intérieur (marbre, cuivre, laiton, faïence, bois) en font encore un bâtiment remarquable et un lieu de détente prisé des Strasbourgeois. 6) remonter la rue FrItz KIener PuIs Dans la rue De l’acaDémIe jusqu’à l’ésaDs Construit dans un style purement fonctionnel, avec un matériau non noble, la brique, l’école des Arts décoratifs est un des premiers édifices officiels qui échappe au style historiciste. inaugurée en 1892, elle est réalisée par Johann Carl Ott, l’architecte de la Ville, et Anton Seder, directeur de l’école, qui dessine le décor. Celui-ci est ensuite réalisé en céramique polychrome par un élève de l’école. Autour de la travée centrale, le programme iconographique exalte l’Alsace et la Lorraine. Les travées latérales représentent des allégories des enseignements dispensés par l’école (architecture, peinture, sculpture) aux 3e 39 dOSSieR de PRéPARATiOn à LA ViSiTe France/allemagne XiXe-XXe siècle et 4e niveaux, reposant sur l’étude de la science, de l’archéologie et de la géométrie, symbolisés au 2e niveau. Les allèges des fenêtres présentent un décor d’inspiration végétale révélateur de l’orientation Jugendstil donnée par Seder, qui était acquis aux nouvelles formes artistiques diffusées par l’école de nancy. dans le parc, un monument aux morts de Roederer (1874) commémore les victimes du siège de 1870. Les cimetières municipaux étant à cette date hors les murs et inaccessibles, le maire décida d’inhumer les morts dans le jardin botanique de l’époque. C’est en effet à cet endroit que l’on situe le premier jardin botanique de Strasbourg, remontant au XViie siècle et remplacé ensuite par le jardin botanique de l’Université (1884). 40